Ayrault annonce une réforme de longue haleine du système de santéPublié le 08.02.2013, 13h43
Le gouvernement va engager
"une réforme structurelle du système de santé" a annoncé vendredi à
Grenoble (Isère), le Premier ministre Jean-Marc Ayrault qui a nommé un
comité des sages pour l'épauler dans cette tâche de longue haleine qui
pourrait durer dix ans. | Jean-Pierre Clatot
Le
gouvernement va engager "une réforme structurelle du système de
santé"
a annoncé vendredi à Grenoble (Isère), le Premier ministre Jean-Marc
Ayrault qui a nommé un comité des sages pour l'épauler dans cette tâche
de longue haleine qui pourrait durer dix ans.
"D'ores et déjà, le
gouvernement a pris de premières mesures pour améliorer l'accès aux
soins de tous les patients" mais "il faut aller plus loin et engager une
réforme structurelle de notre système de santé", a déclaré M.
Ayrault.
"Ce ne sera pas l'oeuvre de
quelques mois, mais des cinq ans, voire des dix ans à venir", a-t-il
prévenu, entouré des ministres de la Santé, Marisol Touraine, et de la
Recherche, Geneviève Fioraso.
Après avoir visité plusieurs services
du CHU de Grenoble, très en pointe notamment dans le domaine de la
périnatalité et du traitement de la maladie de Parkinson, et rencontré
des médecins de ville regroupés en pôle de santé, il a défini ce qu'il
appelle une "stratégie nationale de santé".
Cette stratégie repose
sur une "médecine de parcours" en organisant le parcours de soins des
patients. "Cela signifie que ce n'est pas au patient de coordonner
lui-même la série d'actes ou d'interventions dont il a besoin", a-t-il
expliqué, une allusion au "nomadisme médical" de certains patients qui
consultent beaucoup de praticiens, une pratique coûteuse pour la
Sécurité sociale.
Cette médecine de parcours "doit reposer sur la
coopération des professionnels" de la médecine de ville et de l'hôpital,
a dit le Premier ministre qui avait entendu auparavant des témoignages
de médecins libéraux regrettant le cloisonnement entre les deux
médecines.
Pour cette grande réforme "nous nous appuierons sur un
comité des sages, composé de hautes personnalités du monde de la santé
et de la recherche", a-t-il précisé, confiant la coordination de ces
travaux à Alain Cordier, inspecteur général des finances et ancien
directeur général de l'Assistance Publique-Hôpitaux de
Paris (AP-HP).
"Demain,
si nous ne faisons rien, nous risquons de voir se développer une
médecine à deux vitesses: une offre pointue et complète pour ceux qui
auront les moyens de payer, et le service minimum pour tous les autres",
a mis en garde Jean-Marc Ayrault.
Une réforme sous la pression budgétaire
Mais
la réforme devra se faire en tenant compte des contraintes budgétaires,
le chef du gouvernement réaffirmant sa volonté "d'assurer le retour à
l'équilibre des comptes de l'assurance maladie". "Pour cela, il faut
apprendre à dépenser mieux", a-t-il souligné.
Dans ce but, les moyens
des ARS (agences régionales de santé) seront renforcés, a-t-il dit,
souhaitant aussi une restructuration de la "myriade d'agences sanitaires
et de caisses".
Il a appelé à la poursuite des "efforts contre les
déserts médicaux", souhaitant qu'une "réflexion" s'engage sur la
formation de tous les professionnels de santé.
Quant à la recherche médicale, elle sera "l'une des priorités du prochain agenda stratégique de la recherche".
Il
a mis l'accent sur la prévention, qui représente seulement "2% des
dépenses de santé" et la santé mentale: "Ces réformes trouveront leur
place dans la loi de santé publique qui sera votée l'an prochain", a
indiqué le Premier ministre.
Les patients ne seront pas oubliés, a
également indiqué M. Ayrault, appelant de ses voeux un bilan de la loi
Kouchner du 4 mars 2002 sur les droits des malades pour "prendre en
compte l'attente de nouveau droits individuels et collectifs pour les
patients".
M. Ayrault a profité de sa visite grenobloise pour
rencontrer les urgentistes du CHU de cette ville qui menacent de
démissionner si davantage de moyens ne leur sont pas accordés.