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 le cas Seknaji

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MessageSujet: le cas Seknaji   le cas Seknaji Icon_minitime17.03.22 12:10


“Euthanasie et obstination déraisonnable ne sont que les deux faces d’une même illusion”
Publié le 17 Mar, 2022
Depuis plusieurs semaines, la famille de Jean-Claude Seknagi s’oppose à la décision des médecins « de ne pas procéder à une réanimation active de cet homme de 70 ans si son état de santé venait à se dégrader »[1].

Admis en janvier au centre hospitalier Robert Ballanger à Aulnay, Jean-Claude Seknagi souffre d’infections à répétition, et « présenterait des signes de paralysie des quatre membres ». « Il n’a pas de maladie incurable, il n’est pas en phase terminale » déclare un de ses fils. « Et il est conscient. Il suit du regard les mouvements et se réveille quand on l’appelle » complète un autre de ses enfants. Mais l’équipe médicale s’accorde sur une limitation ou arrêt des traitements en cas de rechute, pour éviter une « escalade thérapeutique qui confinerait à une obstination déraisonnable ».

Pour sa famille, il s’agit d’une euthanasie. Le patient ayant en outre « fait connaitre son ‘envie de vivre’ dans une vidéo tournée le 22 décembre et authentifiée par huissier ». La femme et les enfants de Jean-Pierre Seknagi ont donc déposé une requête en janvier. Un médecin-expert a été nommé, qui vient de rendre ses recommandations : il conclut à la « validité de la limitation ou de l’arrêt des traitements en cas de rechute du patient ». Dans un but « compassionnel », il préconise trois examens complémentaires. Désormais, le tribunal administratif doit trancher. De son côté, la famille se dit prête à saisir le Conseil d’Etat.

La situation de cette famille n’est pas isolée. Des situations complexes, que le Professeur Xavier Ducrocq décrypte pour Gènéthique.

Gènéthique: Le cas délicat de cet homme repose la question de la définition de l’obstination déraisonnable. Aussi appelée « acharnement thérapeutique », l’obstination déraisonnable est définie et interdite par la loi Leonetti de 2005, qui autorise en son nom l’arrêt des traitements sous certaines conditions. Quels éléments prennent en compte les médecins pour une telle décision ?

Professeur Xavier Ducrocq: L’obstination déraisonnable (terme déontologique qui correspond à l’acharnement thérapeutique, expression plus couramment utilisée par le public) est définie dans le Code de déontologie médicale comme l’instauration ou la poursuite « de traitements inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le maintien artificiel de la vie »[2]. L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques la définit comme « une attitude qui consiste à poursuivre une thérapie lourde à visée curative alors même qu’il n’existe aucun espoir réel d’obtenir une amélioration de l’état du malade et qui a pour résultat de prolonger simplement la vie »[3]. Cette définition introduit une notion de « lourdeur » du traitement permettant de prolonger artificiellement la vie. D’autres pays parlent de traitements ordinaires versus traitements extraordinaires.

On le voit donc, la notion d’obstination déraisonnable réunit une situation médicale désespérée, et des traitements contraignants à visée curative et non palliative. Ceci pour le point de vue médical, avec les marges d’incertitude de tout pronostic et les marges d’appréciation du « poids » des traitements engagés. Mais il faut aussi prendre en considération le point de vue du patient, et celui de ses proches, surtout si le patient lui-même n’est plus en état de s’exprimer et n’a jamais fait connaitre ses volontés par anticipation.

Il est regrettable que la révision de la loi d’avril 2005 en 2016 n’ait pas mieux précisé ces notions de « inutiles », « disproportionnés », ou encore « maintien artificiel de la vie ». D’autant que le législateur a très clairement – cette clarté n’a pas sauté aux yeux de beaucoup en 2005 – souhaité que cette loi puisse avoir une portée assez générale et pas seulement pour les personnes en fin de vie. Autrement la loi se serait intitulée, comme prévu initialement semble-t-il, « loi relative aux droits des personnes en fin de vie » et non « aux droits des personnes et à la fin de vie ».

Enfin, la loi, si elle oblige les médecins à prendre en considération la volonté du patient ou, à défaut, celle de sa « personne de confiance », ou de ses proches, laisse le médecin souverain dans sa décision. Elle lui laisse l’entier pouvoir de décider, à l’encontre de l’esprit de la loi relative aux droits des patients de mars 2002 – nous en fêtons les 20 ans – qui visait à conférer à ces derniers une part non négligeable dans toute décision médicale.

En somme la décision n’appartient totalement ni à l’un ni à l’autre. Elle doit se construire ensemble, dans la vérité et dans le temps. Penser préserver la conscience morale du patient ou de ses proches en conférant le pouvoir totalement au médecin constitue un reliquat de « paternalisme » médical exacerbé, se substituant à la confrontation, dans le dialogue intelligent, éclairé, de deux « autonomies ».

G: La famille est ici unanime, et la volonté du patient est connue par le biais de cette vidéo. Nous venons de fêter début mars les 20 ans de la loi Kouchner, sur les droits des malades. Le respect de la volonté du patient ne vaudrait-il que si celui-ci refuse des traitements de maintien en vie ? Souveraineté de la décision médicale ou de la volonté du patient, quelle ligne de crête ?

XD: Cette situation illustre bien ce que je viens de dire. L’unanimité de la famille autour de la volonté claire du patient devrait largement compenser le point de vue médical qui est opposé. Souhait de vie d’un côté, refus de cette vie de l’autre. Si le patient avait demandé à mourir, il est fort probable qu’il aurait été immédiatement entendu. On ne peut que s’interroger sur les fondements d’une décision médicale très clairement ordonnée à la mort plutôt qu’à la vie. Il est courant d’observer que le point de vue médical ou celui des proches s’avère plus pessimiste, impressionné et souffrant que celui du patient lui-même. J’ai souvent été confronté à ce décalage de point de vue. Or, c’est bien au patient de dire la vie qu’il souhaite, le handicap qu’il est prêt à porter, à accepter, lui qui est dans la situation. Et il est tout aussi frappant de voir évoluer le point de vue du patient lui-même selon qu’il anticipe une situation, encore théorique car éloignée du moment présent, et lorsqu’il se trouve, ici et maintenant, dans cette situation. Le curseur, le référentiel, le point de vue ne cesse d’évoluer au fur et à mesure que la situation évolue. Accompagner, pour le soignant, c’est marcher à côté du patient, ni devant, ni derrière. C’est s’adapter, à tout moment, à son pas. C’est alors qu’il est possible de parler de « soins centrés sur la personne », sur toute la personne, avec ses ambivalences, ses hésitations, ses interrogations, ses états d’âme ; lesquels ont bien le droit de fluctuer.

G: Cette affaire n’est pas isolée, même si toutes ne sont pas médiatisées. Selon vous, que révèlent ces oppositions entre familles et équipes médicales sur la fin de vie ?

XD: Ces situations sont quotidiennes. Elles ne sont pas l’exception. Et c’est normal. Les décisions ne sont jamais simples, il en va de la vie et de la mort. Ce qui n’est jamais banal.

Plusieurs états de faits sont à prendre en compte.

La technique médicale s’avère de plus en plus performante et repousse les limites de la vie, de la douleur, de la souffrance, de la mort toujours plus loin. Ce qui, de fait, inscrit dans l’inconscient collectif l’idée de sa toute-puissance – toute puissance attendue, pour guérir, tout autant que méprisée si elle semble abuser de son pouvoir. Et la survenue de la mort peut facilement apparaitre comme un échec, une erreur, une insuffisance, une démission de la médecine et de ses médecins. Or nous ne sommes pas éternels sur cette terre. Et la Médecine doit savoir renoncer quand la nature, à un moment, reprend le dessus sur elle. Elle doit renoncer et s’effacer pour ne plus assurer que le confort du patient, juste s’appliquer à « faire ce qu’il reste à faire quand il n’y a plus rien à faire ».

Euthanasie et obstination déraisonnable ne sont que les deux faces d’une même illusion, ou dérive : maitrise de la vie à tout prix justifiant l’obstination déraisonnable, maitrise de la mort, à tout prix, justifiant l’euthanasie et le suicide assisté.

J’ai déjà abordé la question d’une « lutte » de pouvoir. Cette ‘guerre de pouvoir’ ne représente pas la bonne voie. Elle ne peut que favoriser les conflits. L’apaisement ne peut naitre que dans le dialogue, dans le respect les uns des autres, des compétences et des histoires, convictions, croyances, de chacun, chacun devant s’efforcer de comprendre le point de vue de l’autre. Cette équilibration d’une relation a priori déséquilibrée – le médecin étant le sachant, sain ; le malade étant l’ignorant, affaibli par sa maladie -, suppose humilité, écoute attentive et disponible, compétence, temps, respect réciproque, confiance, … Malheureusement, l’hôpital, les EHPAD et autres établissements de soins, sans oublier les soins à domicile, ne sont actuellement pas les mieux pourvus en ressources humaines soignantes pour répondre aux véritables attentes des personnes en fin de vie : une présence, une écoute, une attention, et non une surenchère technique, ou un abandon. Il est grand temps que les décideurs politiques agissent dans ce sens, les soins palliatifs n’en étant qu’un aspect. Cette grave et dramatique carence en effectifs soignants, privant les patients de l’attention humaine qu’ils requièrent, et volant aux soignants le cœur, l’âme de leur métier, de leur vocation, appelle un sursaut sociétal sous peine d’aggraver encore la situation et favoriser les conflits et légalisations inutiles.

Notre société, notre génération se trouve très mal à l’aise avec la question de la mort, comme du handicap, de la fragilité, de la vulnérabilité, de la précarité, de l’incertitude. Croire qu’il est possible et souhaitable de tout maitriser est une illusion dramatique, source de bien des incompréhensions. A ce propos je voudrais citer le philosophe Fabrice Hadjadj : « Le danger d’un prétendu art de mourir est de prendre la mort pour un être bien défini, tout à fait pensable, que l’on pourrait manier à sa guise. C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Ce ne peut donc être qu’en mourant que l’on apprend l’art de mourir. La plus grave méprise est de croire que l’on peut savoir à l’avance celui que l’on sera dans l’épreuve, alors que c’est précisément le propre de l’épreuve de nous le révéler.

(…) Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas d’apprendre à mourir, mais que cet apprendre consiste plutôt en un certain désapprentissage : l’ouverture à ce qui nous dépasse et qui vient à chaque instant. (…)

Apprendre vraiment à mourir consiste à s’ouvrir à cette dimension de mystère, à la laisser traverser notre existence de part en part. »[4]

Je le vois dans mon Service hospitalier. Des familles se trouvent totalement démunies, perdues, à la perspective de la mort prochaine, attendue ou non, de leur proche. Ce refus peut déboucher autant sur des demandes d’en finir rapidement ou, au contraire, et c’est bien plus souvent le cas, sur une demande d’obstination très clairement déraisonnable.

Il faut que notre génération se réapproprie la réalité de la mort comme une étape attendue de l’existence qui a toute sa raison d’être. Et se réapproprie pour elle-même l’accompagnement d’un mourant, qui n’attend que cela : restez-là, soyez-là, ne m’abandonnez pas au moment de nous quitter. Laissez-moi le temps de partir.

[1] Le parisien, Alexandre Arlot (7 et 10/03/2022)

[2] Art. R 4127-37 du CSP

[3] Rapport sur les sciences de la vie et les droits de l’homme. Fasc n°7, p. 360

[4] F. Hadjadj. Réussir sa mort. Anti-méthode pour vivre. Presses de la Renaissance, Paris 2005
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MessageSujet: Re: le cas Seknaji   le cas Seknaji Icon_minitime09.06.22 16:37

Publié le 09/06/2022
En pleine bataille judiciaire sur l’arrêt des soins, un patient se réveille de son coma

Paris, le jeudi 9 juin 2022 - C’est un dénouement heureux qui alimentera sans doute les passions autour du débat sur l’accompagnement de la fin de vie et l’acharnement thérapeutique.

Pendant plusieurs mois, le sort de Jean-Claude S., 70 ans, s’est retrouvé au cœur d’une procédure judiciaire opposant sa famille aux équipes médicales du centre hospitalier intercommunal Robert-Ballanger d’Aulnay-sous-Bois.

Admis en novembre dernier à l’hôpital Jean Verdier pour une suspicion de maladie d’Alzheimer, le patient a enchainé les hospitalisations en raison de multiples infections au sein de plusieurs hôpitaux, avant d’être accueilli par le CHI Ballanger.

Alors que le patient souffrait d’une septicémie, les médecins réanimateurs de l’hôpital de Montreuil s’étaient déjà accordés sur une limitation ou arrêt des traitements en cas de rechute. Puis à Ballanger, où le septuagénaire est alors soigné pour une pneumopathie, les équipes médicales ont fait le choix de prendre une orientation similaire. La famille est donc informée de la décision « d’arrêt des thérapeutiques actives » le 15 février 2022.

Victoire de la famille devant les juridictions
Cette dernière est contestée par la famille du patient qui assure que ce dernier veut continuer à vivre. Un recours a donc été exercé devant le Tribunal administratif qui a missionné un expert pour se pencher sur la réalité de l’état de santé de Jean-Claude S.

La préconisation du corps hospitalier avait été confortée par cet expert, mais l’amélioration sensible de l’état du patient, quelques jours avant l’audience, semble avoir exercé une influence sur la décision des juges. Par une ordonnance rendue le 11 avril, le Tribunal administratif de Montreuil avait en effet fait droit à la demande de la famille en annulant la décision d’arrêt des traitements.

Cependant, le Tribunal avait indiqué à l’époque que « la présente injonction ne fai(sait) toutefois pas obstacle à ce qu’une nouvelle décision soit prise (…) par le médecin en charge du patient en prenant en considération l’évolution (…) de son état de santé ».

Sortie du coma et amertume de la famille
Mais c’est un dénouement tout autre qui a attendu la famille. Désormais sorti de son coma, le patient a retrouvé la parole à l’issue de quatre longs mois et est sur le point de quitter le service de réanimation.

Aussi heureuse soit-elle, cette fin laisse toutefois une certaine amertume pour la famille ainsi que des questions qui vont au-delà de ce cas particulier. Interrogé par France Info, le fils du patient ne parvient pas à se réjouir pleinement : « Le médecin expert judiciaire a même dit que jamais, à travers le monde, une personne dans son cas n'était sortie de réanimation. Pourtant mon père nous a montré le contraire ».

Si cet exemple permet de rappeler qu’une expertise médicale ne doit jamais être confondue avec une « prédiction » et que la prudence doit toujours s’imposer dans les formulations, il confirme également l’extrême difficulté du travail d’appréciation des juges dans les affaires où une décision médicale d’arrêt des soins est contestée.

Par ailleurs, les partisans d’une nouvelle loi sur l’accompagnement de la fin de vie y verront un nouvel argument pour défendre que les décisions d’arrêt des soins doivent d’abord relever de l’individu (et non pas d’abord des équipes médicales), tandis que les opposants à la légalisation de l’euthanasie ne manqueront pas d’utiliser cet exemple pour rappeler l’extrême difficulté de définir ce qu’est la « fin de vie ».
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MessageSujet: Re: le cas Seknaji   le cas Seknaji Icon_minitime09.06.22 16:57

Condamné par la médecine, un homme se réveille après quatre mois de coma
Un homme de 70 ans a repris conscience après quatre mois de coma, à l'hôpital Robert-Ballanger d'Aulnay-sous-Bois, près de Paris. Sa famille dénonce aujourd'hui l'attitude des médecins.

Article rédigé par

Farida Nouar - franceinfo
Radio France
Publié le 09/06/2022 08:03
Mis à jour le 09/06/2022 08:14
Temps de lecture : 1 min.
L'entrée de l'hôpital Robert-Ballanger à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), août 2019 (HAJERA MOHAMMAD / FRANCEBLEU PARIS / RADIO FRANCE)
L'entrée de l'hôpital Robert-Ballanger à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), août 2019 (HAJERA MOHAMMAD / FRANCEBLEU PARIS / RADIO FRANCE)
En janvier dernier, Jean-Claude Seknagi est admis en réanimation à l'hôpital Robert-Ballanger à Aulnay-sous-Bois. Hospitalisé initialement pour une suspicion d'Alzheimer, l'homme fait de nombreuses complications puis c'est le coma. L'équipe médicale est très pessimiste, et explique à la famille sa décision d'arrêter ou de limiter le suivi thérapeutique, si l'état du patient venait à empirer.

La famille, elle, veut croire que ce père et mari se réveillera et qu'il faut continuer les soins. Elle se bat contre la décision médicale et obtient la poursuite des soins, après une victoire judiciaire. Et le miracle se produit. Mais aujourd'hui, même si son père est réveillé, Ilan Seknagi n'arrive pas à se réjouir pleinement : "Le médecin expert judiciaire a même dit que jamais, à travers le monde, une personne dans son cas n'était sortie de réanimation. Pourtant mon père nous a montré le contraire."

"Je ne comprends pas le décalage entre ce qui nous a été dit et la réalité."

Ilan Seknagi, fils du patient à franceinfo
Une question légitime que comprend Bruno Mégarbane. Mais la décision du corps médical s'explique aussi, décrypte le chef du service de réanimation de l'hôpital Lariboisière à Paris : "Décider de limiter le niveau d'engagement thérapeutique ne veut pas dire nécessairement que le patient va décéder à l'issue de cette décision. Simplement, une telle procédure permet d'encadrer le niveau d'agressivité des soins. Elle n'empêche pas la mise en place de thérapeutiques plus conventionnelles, avec des traitements médicaux pour l'amélioration éventuelle de l'état du patient."

Le patient lui devrait bientôt quitter le service de réanimation indique son fils. Contacté, l'hôpital Robert-Ballanger n'a pas répondu à nos sollicitations.
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MessageSujet: Re: le cas Seknaji   le cas Seknaji Icon_minitime09.06.22 17:09

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Le droit de vivre pour Jean Claude Seknagi


Ilan SEKNAGI a lancé cette pétition adressée à Aux hopitaux
Bonjour à tous,
Je m’appelle Ilan Seknagi.

Cela fait 4 mois que je vis un enfer.
Mon père est rentré à l’hôpital pour un début d’alzaimer présumé. Il est âgé d’à peine 70 ans pourtant.

En rentrant dans son premier hôpital à Jean Verdier (93), il est en pleine forme. Le corps médical l’attache et lui donne un traitement psychiatrique non pas parce qu’il  est fou mais car il ne supporte pas les hôpitaux.

Il commence à s’affaiblir, perdre conscience de plus en plus et contracter des infections.

Quelques jours après il est transféré à l’hôpital Rene Muret à Aulnay Sous bois. Il reprend des forces et commence peu à peu son sevrage médicamenteux.
Ma mère est présente à ses côtés tous les jours pour le nourrir, il est toujours en surpoids, qu’importe, il est heureux et reprend goût à la vie.

Deux semaines plus tard l’hôpital rentre en plan Covid, ma mère n’a plus le droit d’aller le voir. Il reste ainsi 10 jours sans manger et boire ou très peu.
Le corps médical annonce déjà qu’en cas de soucis mon père n’irait pas en réanimation car son dossier médical  n’est pas bon (antécédent cancer estomac avc et prostate).

Quelques jours plus tard c’est le drame, mon père arrache sa sonde urinaire. Cela associé à une sous nutrition, il fait une septicémie. Contre toute attente il est admis en réanimation à l’hôpital de Montreuil. Il guérit rapidement alors que le conseil médical ne lui laissait aucun espoir.
A ce moment là il signe son arrêt de mort, les médecins statuent sur sa future non admission en réanimation en cas de rechute. Nous ne le savions pas, mais à ce moment là il vivait avec une épée de Damoclès au dessus de la tête, une sorte de condamnation à mort.

Le service de réanimation l’envoie par la suite à Forcy dans un centre de rééducation. Il reprend des forces mais saigne régulièrement de la prostate.
Il reste à cet hôpital pendant 2 semaines.

J’arrive à décrocher un rdv avec un urologue pour simplement soigner sa prostate à l’hôpital Robert Ballanger.
Je réussis ainsi à convaincre cet urologue de le faire hospitaliser ici à Ballanger dans ce grand hôpital.

Il y reste quelques jours jusqu’en Janvier 2022 ou une nouvelle infection l’envahît. Une infection pulmonaire cette fois.

Nous sommes le 10 Janvier, par une nuit glaciale mon père est en train de perdre la vie. Les médecins décident de suivre la décision de Montreuil et de ne pas le réanimer. De mon côté et ayant anticipé cette décision je saisi la veille le juge des référés.
Sauf que le délai pour obtenir une audience est de 48h or nous ne sommes qu’à 24h de celle-ci.

Je supplie le service de réanimation de prendre mon père en attendant le verdict du juge, ils refusent, ne prennent même pas la peine de me recevoir, ils me parlent par l’intermédiaire d’un interphone, ils sont prêt à laisser mourrir notre père sous nos yeux!
Je m’adresse alors aux anesthésistes qui contre toute attente décident de sauver notre père en créant une réanimation dans leur propre service!
Incroyable dénouement, avaient-ils peur du procès où ont-ils fait preuve d’humanité devant nos supplications?
Cette réponse nous ne l’a connaîtrons malheureusement jamais.

Nous nous retrouvons donc face au juge des référés, qui est outré par le comportement de l’hôpital et obligé le corps médical à reprendre les soins. Les médecins prônent les mauvais antécédents médicaux de notre père qui a eu notamment un AVC. Le juge tourne cela en dérision en disant notamment qu’un ami à lui en avait fait un 20 ans plus tôt, que les médecins lui laissaient 2 mois à vivre et qu’à ce jour il était toujours là.
Pourquoi se baser sur les antécédents médicaux d’un patient alors qu’il est actuellement en rémission et que ses soucis de santé font parti du passé ? Devons-nous condamner à mort chaque patient ayant eu un cancer ou un AVC? Cela n’a pas de sens !


Notre père est donc sauvé et est admis en réanimation. S’en suis pendant 1 mois un harcèlement continue de l’équipe de réanimation avec des phrases du type : «  vous savez votre père on n’a pas envie de le soigner, si on le fait c’est parce que le juge nous l’a demandé »

Devant ces propos inhumains et ce harcèlement quotidien il est de plus en plus difficile de soutenir notre père et notre mère alors que ce sont eux qui ont besoin d’aide! Durant cette triste période nous appréhendons à chaque instant de demander des nouvelles par peur de leur réflexion et de leur manque d’humanité. Impossible par ailleurs de prendre des nouvelles car selon la procédure seul le référent peut en avoir.
Sauf que nous sommes 4 (2 frères, 1 sœur et la maman) à visiter notre père à tour de rôle. Et les visites sont limites à 30 mn par personne et par jour.
Nous ne pouvons donc avoir des nouvelles que 2 fois par semaines au mieux. Rien de plus horrible que de ne pas avoir d’informations sur l’état de santé de son père.
On ressent un certain plaisir de vengeance de l’équipe médicale, qui n’a pas l’air d’avoir apprécié qu’on remette en question leur jugement, après tout les médecins sont censés être tout puissant. Je pensais que leur ego allait être mis de côté, en vain…

Plus le temps passe, plus l’étau se resserre, on sent qu’ils vont finir par se réunir une nouvelle fois et enfin réaliser leur désir en débranchant notre père.

Le verdict tombe, ce jour le 14 Février (triste Saint Valentin) où le chef de service me remet une enveloppe disant que le 15 ils ont une réunion de prévue pour statuer sur l’état de mon père et ce qu’ils feront de lui. Nous prenons nos dispositions et contactons notre avocat.

Le lendemain 15 Février et sans surprise les médecins décident une nouvelle fois d’arrêter de traiter notre père et nous disent qu’ils ont l’intention de le débrancher.

Notre père à ce jour n’a plus d’infections, des constantes vitales très bonnes mais des escarres et est dans le coma depuis 1 mois. Ses organes sont en très bon état et n’a pas de maladies incurables. Car ses perspectives de survies sont minces alors les médecins prennent la décision de lui ôter la vie et ce contrairement à la volonté de la famille et du patient , qui a exprimé pourtant son envie de vivre dans le cadre d’une vidéo authentifié par un huissier lors de sa première réanimation.
Et tout ça malgré l’ordonnance que le juge a rendu 1 mois plus tôt sommant les médecins de continuer de le traiter.
Pourquoi s’acharner autant à vouloir débrancher notre père, cela dépasse toute forme de rationalité.

En 2022 ce ne sont plus les familles qui décident mais les médecins qui enlèvent à toute famille l’espoir de croire en un miracle ou tout simplement en la vie, en la possibilité qu’elle a de reprendre ses enfants au moment où elle en a décidé.

Nous souhaitons ainsi partager avec vous notre profonde tristesse car ce qui nous arrive aujourd’hui peut vous arriver à vous demain. En effet, depuis la loi Leonetti, notre vie dépend de la décision d’hommes qui n’ont pourtant  pas la science infuse et qui peuvent décider de vie ou de mort sur chaque être humain et ce de façon totalement arbitraire.

Merci de m’avoir lu, j’irai au bout de mon combat, au nom de mon père. Pour la vie de manière générale.
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