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| | Chantal Sébire | |
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| Sujet: Chantal Sébire 27.09.11 9:35 | |
| Chantal Sébire, née le 28 janvier 1955 et morte le 19 mars 2008 à Plombières-lès-Dijon, est une enseignante française. Elle était atteinte d'une tumeur rare de la face, et la médiatisation de ses souffrances puis le décès ont ravivé le débat sur l’ euthanasie en France. Chantal Sébire était atteinte d'un esthésioneuroblastome, une tumeur très rare des sinus et de la cloison nasale. Cette tumeur, devenue incurable, entraînait des douleurs atroces et lui avait fait perdre l' odorat, le goût, puis enfin la vue six mois avant sa mort. Étant contre l'idée du suicide [1], elle demande à la justice ainsi qu'au Président de la République française, Nicolas Sarkozy, « le droit de mourir dans la dignité ». Elle explique sa démarche dans un entretien à l' AFP le 26 février 2008, en racontant la douleur physique intense que lui cause sa maladie et l'avancée de cette maladie. Son cas ravive le débat sur l’ euthanasie en France, où l' euthanasie active est interdite, débat qui sera relayé par les médias en Europe, en Asie et en Amérique. Plusieurs médias français et internationaux s'y intéressent comme la BBC[2] ou Time[3], mais Chantal Sébire, soucieuse de ne pas voir ses paroles déformées, et son image utilisée, va fermer la porte à la plupart des médias, réservant sa confiance à la journaliste de France 3 dont elle avait apprécié le commentaire lors d'un premier reportage, les 1er et 2 février[4]. Chantal Sébire a, par ailleurs, fait des demandes auprès de Nicolas Sarkozy et de la justice pour obtenir « le droit de mourir dignement », et en pleine conscience. Bernard Kouchner, ancien médecin et ancien ministre de la Santé et ministre des Affaires étrangères à ce moment prend position pour le droit de Chantal Sébire de mourir [5], au contraire des positions prises par Rachida Dati, ministre de la Justice, ou de Christine Boutin, ministre du Logement et de la ville. Les propos de Christine Boutin invoquant l'apparence physique de Chantal Sébire [6] seront dénoncés comme « scandaleux » et « mensongers » par Jean-Luc Romero, président de l' Association pour le droit de mourir dans la dignité[7]. Sa requête est rejetée le 17 mars 2008 par le tribunal de grande instance de Dijon. Celui-ci applique la loi dite Leonetti, qui ne permet que la limitation des thérapeutiques futiles et la mise en route de thérapeutiques de confort en fin de vie qui bien que permettant l'accélération du décès, n'en font pas un objectif thérapeutique. Chantal Sébire est retrouvée morte suite à une ingestion massive de barbituriques[8], deux jours plus tard, le 19 mars, à son domicile de Plombières-lès-Dijon, en Côte d'Or (le même jour que l'écrivain belge Hugo Claus dont la loi belge avait permis l'euthanasie [9]). Son décès, précédé d'un combat médiatique, a relancé un débat sur la délicate question de l'euthanasie, qui s'est multiplié sur de nombreux sites et forums Internet, en particulier ceux consacrés au livre de Marie de Hennezel, Peut-on légaliser l’euthanasie ?[10]. |
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| Sujet: Chantal Sébire 20.02.12 18:40 | |
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Dernière édition par Admin le 12.12.13 12:14, édité 1 fois |
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| Sujet: Chantal Sébire 26.07.13 19:26 | |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 26.07.13 19:33 | |
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| Sujet: vidéo 17.11.14 0:07 | |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 05.12.14 22:43 | |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 17.06.19 13:14 | |
| [size=38]La demande de suicide assisté, une impasse juridique ?[/size] Chantal Sébire demande à un juge d'autoriser un médecin à lui prescrire des médicaments mortels, ce qui n'est pas autorisé par la loi
- Pierre BIENVAULT, Marianne GOMEZ, Claire LESEGRETAIN, Gwenaëlle MOULINS,
- le 13/03/2008 à 18:07
- Modifié le 13/03/2008 à 18:07
Chantal Sébire, qui a demandé à la justice le droit d'obtenir une aide au suicide, a été contactée par le conseiller de Nicolas Sarkozy pour les questions de santé, le professeur Arnold Munnich. Celui-ci lui a proposé de rencontrer «un collège de professionnels de santé du plus haut niveau pour s'assurer que toutes les ressources de la médecine sont épuisées». De quoi souffre Chantal Sébire et pourquoi s'adresse-t-elle à la justice ? L'esthésioneuroblastome est une tumeur très rare. Au cours des vingt dernières années, moins de 1 000 cas ont été recensés dans le monde. Cette tumeur, dont les causes restent inconnues, se développe aux dépens du nerf olfactif dans la cavité nasale. Le traitement démarre souvent par une chimiothérapie visant à réduire la taille de la tumeur pour la rendre opérable. « Mais l'intervention chirurgicale est souvent très délicate, voire parfois impossible car il y a un risque de faire des dégâts au niveau du cerveau », explique le docteur François Pein, oncologue-pédiatre. La maladie peut être soignée quand elle est prise assez tôt. Si la tumeur s'est disséminée, avec des métastases, le pronostic est plus défavorable. Deux raisons principales ont incité Chantal Sébire à demander une aide au suicide : les souffrances occasionnées par la maladie, qui ne peuvent même plus être soulagées par les antalgiques majeurs (morphiniques). Et la dégradation de son état physique : visage déformé, perte du goût, de l'odorat, de la vue
« Aujourd'hui, je suis allée au bout de ce que je peux supporter et mon fils et mes filles n'en peuvent plus de me voir souffrir », a-t-elle déclaré le 27 février à l'AFP. La loi sur les droits des malades et la fin de vie n'offre-t-elle aucune solution ? La loi du 22 avril 2005, dite « loi Leonetti », comporte deux grands points. Un, le refus de l'acharnement thérapeutique et le droit au refus de soins : les actes médicaux inutiles ou disproportionnés peuvent être interrompus à l'initiative du médecin ; le patient peut aussi refuser un traitement, même si cela met sa vie en péril. Chantal Sébire n'est pas dans ces cas-là, n'étant pas artificiellement maintenue en vie. Deux, le soulagement de la douleur : le médecin peut, dans le but de soulager la souffrance d'une personne, lui appliquer un traitement qui risque d'abréger sa vie. Cette disposition pourrait s'appliquer à Chantal Sébire : on lui a proposé une sédation profonde, un sommeil artificiel et réversible qui l'empêcherait de souffrir. Mais elle refuse cette solution, explique son avocat, Me Gilles Antonowicz : « Ma cliente ne veut pas d'une agonie qui dure, c'est contraire à sa conception de l'existence. Et étant soignée chez elle, parmi les siens, elle ne veut pas imposer cela à ses enfants. » Le juge peut il répondre favorablement à la demande d'assistance au suicide ? Me Antonowicz a demandé au tribunal de grande instance de Dijon « d'autoriser le docteur Bernard Senet », membre de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité, « à lui prescrire dix grammes de pentothal », que Chantal Sébire pourra absorber « sous sa surveillance ». Dans cette requête, l'avocat affirme que « l'aide et l'assistance au suicide ne font pas l'objet d'une prohibition pénale ». Il en veut pour preuve le fait que la loi autorise, par exemple, le retrait d'une sonde gastrique. Mais le législateur a précisément fait la différence entre le refus ou le retrait d'un traitement, et le fait de donner la mort. Marie Humbert, avant de bénéficier d'un non-lieu, avait ainsi été poursuivie pour administration de substances toxiques. On voit donc mal comment la justice pourrait se rendre à cet argument. L'avocat fait aussi valoir que le code de la santé publique enjoint aux médecins de « tout mettre en oeuvre pour préserver la dignité ». « Je ne demande pas le droit de donner la mort, mais celui de préserver la dignité », explique-t-il. Mais là encore, si le respect de la dignité doit passer par le fait de donner la mort, il est peu probable que la justice l'accepte, puisque la loi ne l'autorise pas.
La loi est-elle susceptible d'évoluer ? Pour le député (UMP, Alpes-Maritimes) Jean Leonetti, à l'origine de la loi sur la fin de vie, « celle-ci est suffisamment large pour permettre à chaque malade de gérer les problèmes qui se posent. Cette patiente pourrait voir ses souffrances soulagées, si elle l'acceptait. Il ne faut pas reposer le problème de la loi à chaque fois que surgissent des drames particuliers. » Le gouvernement semble sur la même ligne. Hier, la garde des sceaux Rachida Dati s'est ainsi montrée hostile à un changement de la loi, estimant que « la médecine n'est pas là pour administrer des substances létales ». François Fillon a admis que l'on était, avec cette affaire, « aux limites de ce que la loi peut faire ». Quant à Nicolas Sarkozy, il avait déclaré le 26 avril 2007 sur France 2 : « Nous n'avons pas le droit d'interrompre volontairement la vie », avant de demander à une mission d'évaluer la loi Leonetti. Pour l'heure, rien ne laisse donc présager une nouvelle révision législative. Quelle est la position de l'Église catholique ? La déclaration Iura et bona, publiée par la Congrégation pour la doctrine de la foi en 1980, s'appuie sur « le principe de l'inviolabilité de la vie humaine » et conteste les deux postulats anthropologiques avancés pour fonder l'euthanasie : « d'une part, l'idée qu'en certaine circonstance mourir serait un bien et vivre un mal ; d'autre part, la prétention de soutenir qu'un homme a le droit de donner la mort à d'autres ». Dans l'encyclique Evangelium vitæ (1995), Jean-Paul II confirmait que « l'euthanasie est une violation grave de la Loi de Dieu, en ce que le meurtre délibéré est moralement inacceptable ». Et dans sa Lettre apostolique aux personnes âgées (1999), il rappelait que l'euthanasie « demeure un acte intrinsèquement mauvais ». Même s'«il peut arriver que, dans les cas de maladies graves accompagnées de souffrances insupportables, les personnes éprouvées et leurs proches se sentent enclins à tenir pour raisonnable la solution de la "mort douce". Mais malgré les intentions et les circonstances, l'euthanasie demeure une violation de la loi divine, une offense à la dignité de la personne humaine.» Que disent les législations européennes ? Seuls trois pays européens ont légalisé l'euthanasie. Le 12 avril 2001, les Pays-Bas ont été le tout premier pays au monde à autoriser cette pratique, déjà tolérée depuis 1997, à condition que le médecin respecte certains critères (demande « libre, réfléchie et constante » du patient, « conviction » qu'aucune autre solution n'est envisageable et la consultation d'au moins un autre confrère médecin indépendant). La Belgique, en 2002, puis le Luxembourg il y a un mois, ont à leur tour légiféré dans le même sens, suivant des définitions quasi similaires. Ces pays reconnaissent aussi les « testaments de vie », des documents qui permettent à toute personne majeure et capable d'exprimer par avance son refus d'être soignée en cas de maladie grave et incurable. En Suisse, en revanche, il n'y a ni loi spécifique ni autorisation de l'euthanasie active, mais l'assistance au suicide est considérée comme légale. |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 17.06.19 13:37 | |
| [size=49]Chantal Sébire, "littéralement mangée par la douleur", réclame le droit d'anticiper sa mort Atteinte d'une tumeur incurable au visage, cette femme de 52 ans a sollicité auprès de la justice, mercredi, l'autorisation exceptionnelle de se procurer une potion létale.[/size]
Propos recueillis par Propos recueillis par Cécile Prieur Publié le 12 mars 2008 à 15h36 - Mis à jour le 26 janvier 2011 à 11h52
Temps de Lecture 3 min.
[*]Chantal Sébire, 52 ans, souffre d'un esthésioneuroblastome, une tumeur évolutive des sinus et de la cloison nasale, qui lui déforme cruellement le visage. Cette maladie rarissime et incurable, au très mauvais pronostic vital, lui a fait perdre la vue il y a quelques mois, après le goût et l'odorat. La tumeur prenant des "proportions insupportables", sans rémission possible, Mme Sébire a écrit, le 6 mars, au président de la République, Nicolas Sarkozy, pour lui réclamer le droit de mourir.
Assistée de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), Mme Sébire devait par ailleurs déposer, mercredi 12 mars, une requête exceptionnelle devant le président du tribunal de grande instance de Dijon. Invoquant la Convention européenne des droits de l'homme, qui protège le droit à la liberté et au respect de la vie privée, elle souhaite obtenir de la justice l'autorisation, pour un de ses médecins, de se procurer en pharmacie une potion létale, soit "le traitement nécessaire pour lui permettre de terminer sa vie dans le respect de sa dignité".
Depuis quand êtes-vous certaine de vouloir mettre fin à vos jours ?
Je le demande vraiment depuis la Toussaint 2007, au moment où j'ai perdu la vue. Mais j'y pense depuis bien plus longtemps, quand j'ai réalisé que je ne pouvais plus rien, et que, quoi que je fasse, je ne pourrais jamais arrêter la tumeur. Il n'y a ni solution chirurgicale ni solution médicamenteuse pour stopper ma maladie, qui évolue toute seule, comme un liseron autour du nerf olfactif. Aujourd'hui, je n'en peux tout simplement plus, ma situation se dégrade de jour en jour, la souffrance est atroce. Je me sens littéralement mangée par la douleur.
Pourquoi avoir décidé d'interpeller les pouvoirs publics pour demander la légalisation de l'euthanasie ?
Ce qui motive ma démarche, c'est l'incurabilité de ma maladie. J'ai rendu publique ma maladie pour faire valoir qu'il y a des gens qui sont dans des souffrances qu'on ne peut pas résoudre. C'est le dernier combat que je peux mener, s'il ne me sert pas directement, qu'il serve au moins à d'autres après moi.
La loi, aujourd'hui en France, ne permet pas, dans mon cas, de pouvoir décider du moment et des circonstances de mon départ. Elle a certes ouvert une voie, en permettant le "laisser mourir", mais n'a pas été au bout de son raisonnement.
Ce que je revendique, c'est que le patient, qui est comme moi en situation d'incurabilité et est encore conscient, puisse décider de sa mort, en accord avec son médecin traitant et après décision d'un comité médical.
Vous vivez chez vous, avec l'assistance d'infirmiers dans le cadre d'une hospitalisation à domicile, et un suivi par votre médecin traitant. Pourquoi ne pas accepter d'être hospitalisée, ce qui pourrait soulager votre douleur ?
Car dans ce cas, je perdrais toute conscience. Ce que la médecine peut me proposer actuellement c'est d'être plongée dans un état comateux ou semi-comateux pour essayer enfin d'abréger ma douleur, avec des antalgiques à haute dose, en tenant compte du fait que je ne supporte pas la morphine.
Je serais donc allongée et alitée, et j'attendrais ainsi la mort. Je refuse cette situation, car elle n'est ni adaptée à mon tempérament ni à ce que je subis.
Je ne veux pas que la société m'oblige à passer par cette étape, c'est une question de dignité. Je ne veux pas me présenter ainsi à mes trois enfants, dont ma petite dernière qui n'a que 12 ans et demi.
C'est moi la seule souffrante, c'est à moi de décider. J'attends déjà la mort au jour le jour, elle peut venir à tout moment, c'est comme une épée de Damoclès. Je réclame simplement le droit de pouvoir l'anticiper.
Que répondez-vous aux opposants à l'euthanasie, qui craignent les dérives potentielles d'une légalisation ?
Que c'est au législateur de s'assurer, dans la formulation de la loi, qu'aucune dérive ne soit possible. En Belgique et aux Pays-Bas, et depuis peu au Luxembourg, cette possibilité laissée aux malades en situation d'incurabilité n'a concerné que très peu de personnes, sans entraîner une augmentation suspecte du nombre de morts.
Il ne s'agit donc bien évidemment pas de faire des euthanasies à tour de bras, ni d'étendre cette possibilité à tous les cas de fin de vie, la plupart des personnes ne demandant nullement la mort. Il ne s'agit nullement de tuer, mais de poser un geste d'amour envers l'humain en souffrance en face de soi, d'accompagner vers ce dernier cap. Nous ne sommes pas des éternels vivants, ni vous ni moi. Je demande simplement que ce calvaire s'arrête.
Propos recueillis par Cécile Prieur |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 17.06.19 13:49 | |
| [size=33]Les propos de Christine Boutin sur l'euthanasie font «scandale»[/size] SANTE La ministre de la Ville et du Logement a invoqué «l'esthétique» au sujet de Chantal Sébire...C. F. (avec agence) Publié le 14/03/08 à 00h00 — Mis à jour le 14/03/08 à 11h59
La justice a été saisie mercredi d'une "demande exceptionnelle mais néanmoins légitime" d'euthanasie de la part d'une mère de famille de 52 ans, Chantal Sébire, défigurée par une maladie orpheline, incurable et évolutive, a-t-on appris auprès de son avocat, Me Gilles Antonowicz. — Jeff Pachoud AFP/archives La polémique dans la polémique. Le président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), Jean-Luc Romero, a dénoncé ce vendredi dans un communiqué les «propos scandaleux» de Christine Boutin sur le cas de Chantal Sébire, et demandé que «le gouvernement se passe de ses services» en cas de remaniement ministériel.
A la question «vous ne reconnaissez pas le droit de mourir à Chantal Sébire parce qu'elle ne peut plus vivre?», la ministre de la Ville et du Logement a répondu jeudi sur RMC: «Mais pourquoi ne peut-elle plus vivre? Parce qu'elle dit qu'elle souffre mais il y a les médicaments qui peuvent empêcher cette souffrance, parce qu'elle est difforme mais la dignité d'une personne va au-delà de l'esthétique de cette personne.»
Pour le président d'ADMD, «oser qualifier Chantal de personne “difforme” est indigne de la part d'un ministre de la République, comme oser prétendre que l'esthétique de Chantal la pousse à demander la mort est aussi scandaleux que mensonger».
En conclusion, Jean-Luc Romero «demande que le gouvernement se passe des services de celle qui montre aujourd'hui son vrai visage (...) et qui n'est en fait que la représentante d'une droite méprisante, insensible à la détresse des hommes et des femmes de ce pays et à leur douleur».
Marie Humbert «choquée»
Interrogée par 20minutes.fr jeudi, Marie Humbert s'est également dite «très choquée» par les propos de Christine Boutin. Contactée, la ministre n'a pas souhaité réagir ce vendredi matin.
Chantal Sébire, une mère de famille de 52 ans défigurée par une maladie incurable, a demandé mercredi à la justice le droit d'être euthanasiée par un de ses médecins. Le président du tribunal de Grande Instance de Dijon a mis son ordonnance en délibéré à lundi. |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 17.06.19 14:08 | |
| [size=46]Euthanasie : Chantal Sébire retrouvée morte chez elle[/size] Cette femme de 52 ans, qui souffrait d'une tumeur incurable et avait sollicité en vain auprès de la justice française le droit de recourir à l'euthanasie, a été retrouvée morte à son domicile. (Radio France France Info) franceinfoRadio FranceMis à jour le 07/05/2014 | 16:22 publié le 01/11/2011 | 23:00La justice avait rejeté lundi la demande de Chantal Sébire qui, défigurée par une tumeur incurable la faisant souffrir "atrocement", selon ses propres déclarations, avait demandé le droit d'être euthanasiée par un de ses médecins. Cette ancienne institutrice, mère de trois enfants, souffrait d'une "esthesioneuroblastome", une tumeur évolutive des sinus et de la cavité nasale. Cette maladie très rare - 200 cas recensés dans le monde en 20 ans - est incurable et provoque une déformation irréversible du visage et des souffrances décrites comme "atroces" par Mme Sébire. Dans sa demande, Chantal Sébire faisait état de ses "souffrances intenses et permanentes", du "caractère incurable des maux dont elle est atteinte" et de son "refus de devoir supporter l'irréversible dégradation de son état". Elle demandait à la justice d'"autoriser l'un de ses médecins à lui prescrire le traitement nécessaire pour lui permettre de terminer sa vie dans le respect de sa dignité". Cette affaire a soulevé ces derniers jours un nouveau débat en France, où une loi de 2005 instaure, dans certains cas, une sorte de droit au "laisser mourir" par l'arrêt de tout traitement, mais ne permet pas aux médecins de pratiquer une euthanasie active. Le décès de Chantal Sébire intervient le même jour que celle de l'écrivain belge Hugo Claus qui, atteint de la maladie d'Alzheimer, a choisi de mourir en Belgique par euthanasie mercredi à l'âge de 78 ans. La Belgique fait partie depuis 2002 des rares pays au monde à avoir légalisé l'euthanasie sous certaines conditions. |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 17.06.19 14:14 | |
| Publié le 27/03/2008 à 15:03 , mis à jour à 17:42
Chantal Sébire, atteinte d'une tumeur incurable au visage et dont le corps a été retrouvé le 19 mars à son domicile, a absorbé une "dose mortelle" de barbiturique, selon le parquet de Dijon, ce qui accrédite la thèse du suicide.
Toutefois l'interrogation demeure sur les conditions exactes du décès de Mme Sébire - suicide ou suicide assisté- et le procureur de Dijon Jean-Pierre Alacchi a annoncé l'ouverture d'une enquête pour savoir comment la malade avait pu se procurer un barbiturique très puissant qui "n'est pas disponible en pharmacie".
Il s'agit du Pentobarbital, "un barbiturique d'action rapide non utilisé ou d'une façon tout à fait marginale en milieu médical" et surtout "utilisé en milieu vétérinaire", a indiqué M. Alacchi lors d'un point presse jeudi à propos des conclusions des analyses toxicologiques pratiquées sur le corps de Mme Sébire.
Le produit, a poursuivi M. Alacchi, a été retrouvé en "grande quantité dans l'estomac de Mme Sébire, ce qui signifie qu'il a été absorbé par voie orale. Des traces (du même produit) ont été retrouvées dans un verre et sur une cuillère" au domicile de la défunte, à Plombières-lès-Dijon (Côte d'Or).
"Les concentrations observées sont de près de trois fois la dose mortelle de ce produit", a-t-il ajouté, indiquant que "le surdosage de Pentobarbital constaté dans le sang de Chantal Sébire (était) donc compatible avec son décès".
"Il est (ainsi) possible de dire que Mme Sébire n'est pas décédée de mort naturelle, ce qui a été démontré par l'autopsie (pratiquée le 20 mars) mais par suite de l'absorption d'une dose mortelle d'un barbiturique", a souligné M. Alacchi.
Chantal Sébire "a mis fin à ses souffrances elle-même, elle s'est +autodélivrée+, mais je ne veux pas parler de suicide car ce n'était pas la démarche de Mme Sébire", a pour sa part estimé l'ancien avocat de Mme Sébire, Me Gilles Antonowicz, ajoutant que l'enquête annoncée par M. Alacchi ne "(paraissait) pas du tout adaptée à la situation".
"Il faudrait refermer le dossier de Mme Sébire et ouvrir celui de l'euthanasie pour en discuter dans le cadre d'un débat de niveau national", a-t-il insisté.
Chantal Sébire souffrait depuis plusieurs années d'une tumeur incurable qui lui déformait cruellement le visage et avait sollicité en vain de la justice le droit d'être euthanasiée.
Conformément à la législation en vigueur, la justice avait rejeté le 17 mars sa requête. Deux jours après son corps sans vie était retrouvé à son domicile de Plombières-les-Dijon.
Le cas de Chantal Sébire a semé le trouble et suscité un débat intense en France, incitant le gouvernement à demander une évaluation de la loi Leonetti sur la fin de vie, adoptée en 2005, qui instaure le droit au "laisser mourir" mais pas à l'euthanasie active.
Interrogé par ailleurs sur l'incinération du corps de la défunte, dont ont fait état mercredi plusieurs médias, le procureur de Dijon n'a pas souhaité confirmer l'information.
"J'ai autorisé vendredi sans réserve la remise du corps de Chantal Sébire à sa famille. (...) Le reste, a-t-il affirmé, relève de la sphère privée". |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 17.06.19 14:42 | |
| [size=62]La demande de Chantal Sébire "n'entre pas dans le cadre de la loi"[/size] C'est ce que déclare le député UMP, Jean Léonetti, l'auteur de la loi en vigueur sur la fin de vie qui instaure un droit au "laisser mourir". La garde des Sceaux, Rachida Dati, s'est dite, de son côté, opposée à une légalisation de l'euthanasie. Par L'Obs Publié le 18 mars 2008 à 15h07
La demande d'euthanasie de Chantal Sébire, une mère de famille de 52 ans défigurée par une maladie orpheline, "n'entre pas dans le cadre de la loi" de 2005 sur la fin de vie, a estimé, jeudi 13 mars, son auteur, le député UMP Jean Léonetti. "La demande formulée n'entre pas dans le cadre de la loi. C'est une demande de suicide assistée, pas une demande d'accompagnement de fin de vie", a déclaré à l'AFP le député des Alpes-Maritimes. La loi sur la fin de vie du 22 avril 2005 tend à instaurer un droit au "laisser mourir", sans permettre aux médecins de pratiquer une euthanasie active. "La loi autorise l'utilisation de sédatifs, de calmants et d'antalgiques à des doses nécessaires pour supprimer toutes douleurs physiques ou morales, même si l'utilisation de ces médicaments abrègent la vie. Or, Mme Sébire refuse les sédatifs. Elle demande qu'on lui donne la mort", souligne Jean Léonetti.
"Le suicide est une liberté, pas un droit revendiqué"
Le député estime que cette demande "confine à une impasse, car en réalité elle rompt le dialogue entre le corps médical et le malade". "S'il y avait un dialogue apaisé avec les médecins, on devrait trouver une solution apaisée", estime Jean Leonetti, par ailleurs cardiologue. "On peut lui proposer tous les médicaments nécessaires pour calmer ses souffrances, même si leur utilisation raccourcissent" la vie. "Je suis prêt de manière apaisée, et non pas à partir de cas individuels, à réfléchir sur des problèmes majeurs de société, sans présager de la décision législative", a indiqué Jean Léonetti. "Le débat sur le suicide assisté est beaucoup plus complexe et large. Le suicide est une liberté, pas un droit revendiqué", ajoute-t-il.
"Ce n'est pas notre droit"
La ministre de la Justice Rachida Dati s'est, de son côté, dite opposée à une loi qui légaliserait l'euthanasie active en France, après qu'une femme atteinte d'une tumeur incurable a saisi la justice pour demander que son médecin lui donne la mort. Interrogée sur France Inter, Rachida Dati a déclaré que le juge de Dijon qui statuera le 17 mars ne pouvait que répondre négativement à cette demande, en l'état actuel du droit français. "Cette dame demande à la justice de pouvoir exonérer de la responsabilité pénale le médecin pour lui administrer une substance létale, pour l'aider à mourir", a dit la ministre. "Ce n'est pas notre droit. Nous avons fondé notre droit, et aussi bien la Convention européenne des droits de l'homme, sur le droit à la vie." Rachida Dati ajoute que la médecine a d'abord pour vocation de sauver la vie.
La loi Leonetti "assez équilibrée"
Selon elle, la loi Leonetti de 2005 est "assez équilibrée" et il ne faut pas aller plus loin. Ce texte permet l'arrêt des traitements des malades agonisants et l'administration massive de médicaments anti-douleur même s'ils risquent d'entraîner la mort. Le fait de provoquer la mort directement reste illégal. "A titre personnel, je considère que la médecine n'est pas là pour administrer des substances létales", a souligné la ministre. Une législation autorisant l'euthanasie dite "active" existe actuellement en Belgique et aux Pays-Bas. Par ailleurs, la Suisse a légalisé le suicide assisté pour toutes les personnes qui le demandent, même celles qui ne sont pas atteintes d'une affection incurable.
Ecouter l'intervention de Rachida Dati :
Fillon : "On est là aux limites de l'intime"
"C'est une demande qui provoque chez beaucoup de Français -en tout cas chez moi- beaucoup d'émotion comme en avait provoqué beaucoup la demande de Marie Humbert, il y a quelques années. Il y a un texte qui a été voté par les parlementaires il y a deux ans, la loi Léonetti", a rappelé, de son côté, François Fillon sur RTL. "La demande est faite au juge d'interpréter ce texte. On va voir ce que le juge va dire. La difficulté dans cette affaire c'est qu'on est là aux limites de ce que la société peut dire, de ce que la loi peut faire (...) On est là aux limites de l'intime. Il faut avoir la modestie de reconnaître que la société ne peut pas répondre à toutes ces questions", a-t-il souligné.
"Avancée considérable" avec la loi Léonetti
Pour François Fillon, "il y a une avancée considérable qui a été faite avec cette loi [la loi Léonetti, ndlr] qui permet d'accompagner" Chantal Sebire à qui "des propositions médicales ont été faites". "Si la justice répond négativement" à sa demande d'euthanasie, a précisé le Premier ministre a rappelé qu'il restait à Chantal Sebire "la solution qui lui a été proposée qui, de mon point de vue, est acceptable", c'est-à-dire une hospitalisation avec une mise en coma. Ce que refuse cette ancienne professeur des écoles, âgée de 52 ans et mère de trois enfants, atteinte depuis près de huit ans d'un esthésioneuroblastome, une tumeur évolutive des sinus et des cavités nasales. "Je ne peux pas apporter une réponse péremptoire à une question qui touche au plus profond de nos consciences", demandant à ce que le débat se poursuive sur cette question. "Il faut que la société toute entière prenne en charge cette question et mûrisse", a encore dit François Fillon. (avec AP) |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 17.06.19 15:16 | |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 17.06.19 15:43 | |
| [size=62]Affaire Chantal Sébire : y a-t-il eu « provocation au suicide » ?[/size] Une enquête est ouverte pour déterminer si l’entourage de la malade, atteinte d’un cancer incurable, l’a poussée au suicide. Par Chloé Leprince Publié le 26 juin 2008 à 18h42
Seringue sous scellés (Philippe Wojazer/Reuters). Le 19 mars dernier, Chantal Sébire mourait chez elle, en Côte-d’Or. Deux jours plus tôt, la justice lui refusait le droit à l’euthanasie, que cette femme de 52 ans atteinte d’une tumeur incurable, qui lui déformait le visage, réclamait depuis plusieurs mois. L’autopsie avait conclu à l’absorption de barbituriques. C’était il y a trois mois. Or cette affaire vient de connaître plusieurs rebondissements qui rouvrent le débat sur l’euthanasie. Un débat que Chantal Sébire elle-même avait d’ailleurs voulu le plus vaste et le plus médiatique possible, en réclamant une modification de la législation sur la fin de vie.
Le parquet de Dijon vient de confirmer qu’il a ouvert une enquête préliminaire, en fin de semaine dernière, pour « provocation au suicide ». Une procédure destinée à savoir si un tiers a encouragé Chantal Sébire à passer à l’acte, sachant que le Pentobarbital, le médicament qu’elle a absorbé, n’est pas délivré en pharmacie. La « provocation au suicide » est un délit passible de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende en France. L’aide au suicide, par contre, n’existe pas au regard de la loi. L’enquête devrait aussi se pencher sur un autre épisode, révélé par Le Parisien mercredi. Les scellés, des prélèvements biologiques effectués sur le corps de Chantal Sébire après sa mort, auraient disparu. Selon le journal : « Les scellés se sont mystérieusement volatilisés de l’hôpital de Dijon, où ces pièces à conviction étaient conservées. » Rue89 a rencontré l’avocat de Chantal Sébire le jour de la publication de l’article du Parisien. Me Gilles Antonowicz affirme avoir découvert par la presse la disparition des scellés. Il doute toutefois de cette hypothèse, mais se dit beaucoup plus préoccupé par l’ouverture de cette enquête pour « provocation au suicide ». Chantal Sébire avait largement fait connaître son souhait d’en finir Pour Me Antonowicz, cette initiative du parquet de Dijon, qu’il attribue directement à la chancellerie, relève du « délire judiciaire » puisque Chantal Sébire avait largement fait connaître son souhait d’en finir, se sachant condamnée :
Même son de cloche du côté de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Son président, Jean-Luc Romero, par ailleurs conseiller régional (UMP) en Ile-de-France, fait part de sa « stupéfaction » :
Cette initiative de la justice ne devrait pas manquer de relancer le débat sur l’euthanasie. Elle intervient alors que Me Gilles Antonowicz vient de claquer la porte de l’ADMD, dont il était devenu vice-président il y a trois ans. Avocat inscrit au barreau de Grenoble, Me Antonowicz est installé dans le Vercors. D’ordinaire, il est plutôt spécialisé dans le domaine des crimes sexuels. S’il a été mis en relation avec Chantal Sébire pour assurer sa défense, c’est du fait de son activité associative au sein de l’ADMD. Il explique qu’il avait rejoint l’association au début des années 90, mobilisé par l’histoire de ses propres parents « parce qu’à 40 ans, on n’y vient pas par hasard ». Ayant pris des responsabilités il y a peu au sein de la structure, il affirme être désormais en profond désaccord idéologique avec l’ADMD. Selon lui, l’association serait aujourd’hui sous la coupe de militants d’une ligne dure, favorables au « suicide assisté ». Là où lui réclame plutôt un aménagement de la loi Léonetti sur la fin de vie, adoptée en 2005. A la manière belge : « Il faut populariser cette loi et demander des aménagements, ce qui implique que la société s’interroge sur ce qu’elle fait de l’agonie. Mais, dans les faits, la loi a déjà légalisé l’euthanasie passive. Il faut maintenant s’interroger sur la reconnaissance du suicide médicalement assisté, mais seulement pour les personnes en fin de vie. Et en prévoyant, comme le fait la Belgique, un contrôle a posteriori du médecin qui aura accompagné le malade. Ce ne doit pas être l’affaire des juges. » Avocat de la défunte et ADMD : querelle de clochers ou iatus idéologique ? Me Antonowicz reproche à l’ADMD, qui compte 45 000 membres, de décrédibiliser le discours sur l’aide à mourir. Notamment du fait des liens de certains membres avec Dignitas, une association suisse de Zurich qui propose une assistance au suicide. L’avocat grenoblois se base pour cela sur les propos que tenait par exemple Claude Hury sur le blog de l’association. Claude Hury se trouve être à la fois administratrice de l’ADMD et accompagnante bénévole chez Dignitas. Après la diffusion d’un reportage à charge sur M6, elle prend la défense de Dignitas… quitte à faire l’apologie du « suicide assisté » sans discernement, dénonce Gilles Antonowicz :
Sollicité alors que la démission de Me Antonowicz commence à faire du bruit, Jean-Luc Romero rétorque qu’il s’agit d’un faux procès et que « toutes les opinions peuvent s’exprimer au sein de l’ADMD » :
Pour le président de l’ADMD, c’est davantage une histoire d’argent que des préoccupations philosophiques qui ont éloigné l’avocat de sa structure. Jean-Luc Romero reproche ainsi à Gilles Antonowicz d’avoir facturé à l’ADMD la défense que l’association avait promise à Chantal Sébire. Soit 5000 euros d’honoraires, plus 1000 euros de frais, là où il voyait du « strict bénévolat » :
Me Antonowicz, lui, hausse les épaules et réplique qu’il ne s’est nullement enrichi en consacrant de son temps à l’association et qu’il a dispensé de nombreux conseils bénévolement dans le passé, lorsqu’il n’y avait pas de travail contentieux. En avril, sortait par exemple un livre consacré à l’affaire Hervé Pierra. Les parents de ce jeune resté dans un état végétatif durant huit ans après une tentative de suicide à l’âge de 20 ans voulaient poursuivre la justice pour n’avoir pas accepté qu’on supprime la sonde gastrique de leur fils. Il les a plutôt dissuadés d’une longue procédure et a préféré en faire un livre. Réponse du berger à la bergère : alors que la polémique enfle, l’avocat compare aujourd’hui Jean-Luc Roméro à Edgar Faure… « le talent en moins ». Une référence à l’ancien président du Conseil qui professait autrefois : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. » |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 17.06.19 16:00 | |
| Une mort qui brouille l'image des soins palliatifs
- Par Le Figaro
- Publié le 21/03/2008 à 21:14
[size=16]Par Olivier Jonquet , réanimateur, professeur à la faculté de médecine de Montpellier, porte-parole de l'association Convergence soignants-soignés, Xavier Mirabel,cancérologue, président de l'Alliance pour les droits de la vie et Tugdual Derville, délégué général de l'Alliance pour les droits de la vie.Le décès de Chantal Sébire nous émeut profondément. Nous avons été touchés par le processus d'emballement qui s'est emparé de notre société autour de son cas douloureux et spectaculaire. Sa prise de parole courageuse méritait le respect. Mais sa souffrance et sa mort devraient-ils rendre cette parole indiscutable ? Le retentissement et les conséquences de ce deuil nous concernent tous. Engagés auprès de personnes éprouvées, dépendantes ou en fin de vie, nous ne pouvons taire aujourd'hui notre triple malaise. Premier malaise, sur l'impasse dans laquelle semble s'être enfermée Chantal Sébire. Nous entendions qu'elle ne soignait ses douleurs physiques qu'avec de l'aspirine. On nous a fait part d'une allergie à la morphine, mais, surtout, d'un refus des soins palliatifs dont la nécessité semblait évidente. Comme pour l'affaire Humbert, nous n'avions du dossier médical qu'un son de cloche qui laissait perplexe. Est-il indécent de s'interroger sur les conditions du parcours soignant qui a abouti à ce refus et à c e qui pourrait être un suicide , au moment même où le médecin traitant présentait à l'Élysée le dossier à un spécialiste ? Chantal Sébire disait agir en pleine possession de ses moyens. Mais l'idée qu'elle se faisait des soins palliatifs nous atterre. Quelle image lui en avait-on donnée ? Par ailleurs, quel fut véritablement le sens d'une demande qui récusait le suicide tout en réclamant qu'il soit médicalement administré ? On a enjoint la médecine non plus à soigner mais à tuer, comme si tuer pouvait vaincre la maladie. Second malaise, sur le rôle des personnes qui se pressaient depuis quelques semaines autour de cette femme. Nul doute que le caractère spectaculaire de la tumeur dont elle souffrait en faisait, malgré elle, un symbole du combat pour l'euthanasie. Nous n'avons pas la naïveté de croire que cette image fut innocente. Le mouvement qui l'entourait ne fait pas mystère d'une revendication bien plus large que celle de traiter les exceptions. Chantal Sébire ne fut-elle pas l'instrument d'un enjeu qui la dépassait ? Avait-elle les moyens de se libérer de ceux qui en ont fait leur porte-parole ? Ils savaient avoir trouvé un cas capable de faire « bouger les lignes ». Ils ont feint de croire que la justice pourrait permettre son euthanasie. L'émotion entretenue par ce suspense factice s'est faite totalitaire. Comment ne pas voir que celle qui s'est emparée des esprits leur a fait abdiquer la raison et le sens critique ? Interroger la réalité de la situation de Chantal Sébire risque d'apparaître comme une insulte à sa mémoire. Troisième malaise, sur la façon dont l'opinion a vu traiter ce cas. Nous l'avons lu ici ou là dans les titres : « Chantal Sébire ne pourra pas mourir en France » ; « La justice refuse la mort douce à Chantal Sébire. » Comme si elle était condamnée à l'exil. Comme si l'euthanasie était douce. Des années d'explication sur le sens des soins palliatifs ont été pulvérisées par ces slogans mensongers. Déjà nous constatons la terreur que provoquent chez nos patients l'idée de la défiguration et celle des douleurs irrépressibles qui lui sont attachées. L'éventail des moyens analgésiques et d'accompagnement est méconnu. Déjà nous mesurons les effets néfastes d'un prétendu « droit au suicide » avancé ici ou là. Tous les efforts de la société pour sauver et consoler les désespérés et garantir leur place aux personnes dépendantes, sans les juger sur l'apparence, ont été contredits. Quel type de pitié poussait à croire qu'il valait mieux que Chantal Sébire meure vite ? N'a-t-elle pas témoigné jusqu'à ces derniers jours d'une vitalité admirable malgré la lourdeur de son handicap, sa peur et sa solitude ? Nous le savons tous, la mort est une voleuse à laquelle on est obligé de consentir. Les moments qui la précèdent sont parmi les plus intimes, les plus intenses, les plus respectables aussi. Ils n'ont rien d'un spectacle. C'est un chemin personnel à parcourir. Ce qui explique que l'agonie soit réservée aux plus proches, tandis que les badauds en sont écartés par dégoût du voyeurisme et de l'obscénité. Cette chronique d'une mort annoncée nous attriste. Nous aurions aimé que Chantal Sébire en soit protégée.[/size] |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 17.06.19 23:00 | |
| L'affaire Chantal Sébire : l'analyse de Martine Perez Par Le Figaro Mis à jour le 14/03/2008 à 15:29 Publié le 14/03/2008 à 15:28
Pour la chef du service science au Figaro, «l'affaire Chantal Sébire est un nouvel appel à la légalisation de l'euthanasie en France».
Cette affaire douloureuse est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. La vie est parfois cr»e de Chantal Sébire, cette femme de 52 ans défigurée par un cancer des sinus incurable et douloureux, en est une illustration et inspire notre respect. Cette malade réclame la mort à cor et à cri et, dans ce but, a sollicité le tribunal de grande instance de Dijon afin qu'il autorise un médecin à lui délivrer les médicaments qui la feront mourir.
Elle refuse tout traitement sédatif qui la plongerait dans un semi-coma et soutient que seule une potion léthale prescrite par un praticien lui offrirait le repos éternel qu'elle appelle de ses vœux. Si cette situation tragique suscite une véritable émotion, si cette demande de mort peut sembler légitime à première vue, cette affaire est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord.
Elle s'inscrit en réalité dans le combat mené depuis des années par l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) qui vise à légaliser l'euthanasie dans notre pays, en interpellant au fil des années, la justice, la médecine et les médias sur des cas particuliers. Un combat qui gagne du terrain petit à petit, surfant sur des drames humains qui seront toujours légion, tant que l'homme sera fait de chair et de sang. Déjà, en 2006, le procureur de la République avait fait un petit pas dans ce sens, en offrant un non-lieu à Marie Humbert et au docteur Chaussoy, qui avaient mis fin aux jours de Vincent Humbert, paraplégique, sourd et aveugle à la suite d'un accident. C'était une première brèche dans l'article 221 du Code pénal qui criminalise l'euthanasie en affirmant que le fait de «donner volontairement la mort à autrui constitue un meurtre puni de 30 ans de réclusion criminelle.»
Cette nouvelle affaire, comme celles du même acabit qui ont défrayé la chronique ces dernières années, mérite plusieurs niveaux de réflexion. Le premier n'est d'ailleurs pas une réflexion, mais c'est l'empathie qui nous étreint, lorsque l'on regarde la photo de Chantal Sébire au visage difforme et que l'on reçoit de plein fouet l'ampleur de son malheur. La souffrance de Chantal Sébire est incontestable, mais pourrait pourtant tirer bénéfice de soins médicaux, même s'ils sont imparfaits. Il est possible en effet de la plonger dans un semi-coma pour abréger ses douleurs et lui faire perdre conscience jusqu'à la fin. Elle refuse ces soins pour choisir de transformer cette ultime bataille personnelle en un combat emblématique pour l'euthanasie. Pourtant, la loi Leonetti votée en 2006 va déjà assez loin, en affirmant que tout doit être fait pour soulager la douleur, y compris l'usage de fortes doses d'antalgiques, même si elles risquent de provoquer la mort.
Le second niveau de réflexion porte sur le rôle du médecin face à la demande de mort, alors que sa seule mission est de défendre la vie ou de soulager, à défaut de guérir. Comme le répète le Pr Louis Puybasset, chef de service de réanimation à l'hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris), le débat sur l'euthanasie ou le suicide assisté, n'est pas un problème médical : «Ce n'est pas parce qu'un malade va dire à son médecin : “Donnez-moi la mort”, que celui-ci va s'exécuter. À quoi cela sert-il de faire des lois sur le handicap ou la dépendance, si l'on pense que l'euthanasie est aussi une solution dans ces situations douloureuses ? Pourquoi cette femme en appelle-t-elle à la justice et à la médecine pour en finir avec la vie, alors qu'elle pourrait aussi faire le choix personnel du suicide ?»
Le troisième niveau de réflexion s'interroge sur la possibilité pour la justice vers laquelle Chantal Sébire s'est tournée d'imposer une décision d'euthanasie au corps médical, décision qui serait contredite par le code de déontologie. La réponse du tribunal de grande instance de Dijon va être intéressante. En supposant ce qui est improbable que le tribunal donne une suite favorable à la requête de M me Sébire, se trouvera-t-il un seul médecin pour l'exécuter et se mettre aussi en contradiction avec la loi qui pénalise l'euthanasie ?
Enfin, le quatrième niveau de réflexion est à la fois le plus philosophique et le plus essentiel, car il dépasse le cas particulier qui nous émeut ici, pour nous interroger sur notre humanité. Car comment transmettre la puissance de la vie, son caractère plus fort que tout, aux générations à venir, si l'homme descend de son piédestal et accepte de banaliser la mort en légalisant le droit à se la donner ? L'être humain, qui combat l'adversité depuis des millénaires, peut-être pour retrouver le «jardin d'Éden, peut-il abdiquer désormais face aux difficultés qu'il a jusqu'à présent affrontées de face ? Dans quel engrenage mettons-nous le doigt, si on légifère sur l'euthanasie en autorisant des hommes à en finir avec les plus faibles, les plus malades, les plus difformes, même à leur demande ? Alors qu'un nombre croissant de pays bannissent la peine de mort, au nom du respect absolu de la vie, la demande d'élimination des malades incurables et qui souffrent fait paradoxalement le chemin inverse. |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 18.06.19 0:23 | |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 26.08.19 17:43 | |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 26.08.19 18:29 | |
| [size=62]Verbatim : quand Chantal Sébire parlait de sa maladie[/size]
Par L'Obs Publié le 27 mars 2008 à 15h04
Voici des extraits des témoignages de Chantal Sébire, lorsqu'elle s'exprimait sur sa maladie.
Le 26 février, lors de son témoignage sur France-2 : "En 2000, j'ai perdu l'odorat et le goût, puis la tumeur a évolué et mangé les mâchoires, avant de s'attaquer aux orbites des yeux. J'ai perdu la vue en octobre 2007, le tout dans des douleurs atroces qui peuvent durer quatre heures". Sur les "huit neuro-chirurgiens consultés, deux seuls" ont accepté de la recevoir, avant de lui déclarer que "cette tumeur (était) incurable" et rare, "seuls 200 cas ont été recensés dans le monde depuis 20 ans". Refusant d'être "mise dans un état second avec la médication qui n'améliore pas la souffrance", elle ne demande "qu'à partir sereinement". "On ne permettrait pas à un animal d'endurer ce que j'endure", affirme-t-elle, en dénonçant une "loi Léonetti incomplète" qui ne permet pas l'euthanasie. "Je l'ai combattue pendant sept ans, je ne veux pas que cette tumeur ait le dernier mot, aidez-moi à partir dignement". Elle exhorte l'Etat à abréger ses "atroces" souffrances malgré, dit-elle, son "amour de la vie à 200 pour cent". "J'avais des projets jusqu'à mes 100 ans, à 50 ans je recommençais des études et je marchais vers un DESS". L'évolution de la maladie, "je la sens, elle devient périlleuse, cette énorme masse qui envahit les sinus ne s'arrêtera pas". "Les médecins ne savent pas toujours écouter les patients et face à cette maladie, ils sont acculés à une impuissance révoltante pour eux". De la douleur, calmée provisoirement par de "simples aspirines", elle en parle comme "des coups d'aiguille qui rentrent dans l'oeil de façon intense pendant six à sept secondes" et peuvent perdurer "trois ou quatre heures", qui "rentrent dans tous les vaisseaux de la tête" et qui lui "font perdre le sommeil" et la volonté de poursuivre le combat contre la maladie. "Aujourd'hui, je suis allée au bout de ce que je peux supporter et mon fils et mes filles n'en peuvent plus de me voir souffrir". "C'est trop dur de ne plus voir les choses, même si je salue encore chaque matin le canard qui chante sur le canal de Bourgogne". Elle parle "de partir dignement dans la mort".
Le 6 mars, lorsqu'elle confie son dossier à l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) : "Je rencontre vendredi Jean-Luc Romero responsable d'ADMD, je lui ai envoyé mon dossier et il m'a immédiatement répondu". "Aujourd'hui je suis arrivée au bout du rouleau", "[je me bats] de toutes mes forces depuis des années" contre cette tumeur, et "[je suis] prête" maintenant à partir en Suisse pour y "mourir dignement". Au sujet de l'envoi à Nicolas Sarkozy, d'une lettre accompagnée d'une cassette vidéo de FR3 Bourgogne, à l'origine de son premier témoignage, pour qu'il complète la loi sur le droit des malades : "Ca peut avancer vite mais pour moi ce sera trop tard".
Le 15 mars, dans l'émission "revu et Corrigé" de France-5, après avoir demandé à la justice le droit d'être euthanasiée : "Si le vice-président du Tribunal de Dijon dit effectivement qu'il confirme l'avis du procureur, je respecte sa décision". "Qu'est-ce que vous voulez, je peux faire appel après (mais) ça me servirait à quoi ? Je voulais simplement montrer que je menais un combat pour alerter et que derrière ce combat j'allais dans la légalité jusqu'au bout". "Je sais maintenant comment me procurer ce dont j'ai besoin, et si je ne me le procure pas en France, je me le procurerai ailleurs", tout en soulignant que si elle n'obtenait pas le droit à l'euthanasie dans la légalité, elle ne "(partira) pas en paix". |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 26.08.19 20:23 | |
| [size=62]Les caractéristiques de l'esthesioneuroblastome[/size] Par L'ObsPublié le 27 mars 2008 à 15h04Voici les principales caractéristiques de la maladie dont souffre Chantal Sébire, l'esthesioneuroblastome ou neuroblastome olfactif, tumeur très rare qui se développe aux dépens du nerf olfactif dans la cavité nasale.Causes inconnues
"Il existe deux pics de fréquence pour l'âge de survenue de cette tumeur, l'un situé vers 20 ans et l'autre vers 50 ans. Les causes de cette tumeur ne sont pas connues", écrit le cancérologue Jacques Grill (Institut Gustave Roussy, Villejuif, région parisienne) dans un point sur le site des maladies orphelines. Diagnostic et développement
L'intervalle entre le premier signe et le diagnostic est en général de 6 mois. Cette tumeur se développe lentement, surtout localement, mais peut métastaser au niveau des ganglions cervicaux, des poumons, des os ou des méninges du cerveau. Traitement
Le traitement repose sur une chirurgie suivie d'une radiothérapie. La chimiothérapie peut être utilisée pour permettre une réduction tumorale avant la chirurgie ou pour traiter les métastases mais son rôle n'est pas fermement établi, explique le Dr Jacques Grill. Après la chirurgie, l'odorat peut être altéré voire perdu. "La plupart des séries récentes (ndlr :de cas de malades) rapportent des survies à 5 ans de l'ordre de 60 à 70%", poursuit ce spécialiste. Les récidives locales peuvent être rattrapées par un traitement de deuxième ligne, ajoute-t-il. Dès la phase de diagnostic et de chirurgie initiale, le traitement doit être confié à des équipes multidisciplinaires et, si possible, dans le cadre d'études prospectives pour augmenter les chances de guérison et la qualité de vie des patients, écrit-il encore.[/size] |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 28.08.19 14:15 | |
| L’euthanasie et le droit Simon de CHARENTENAY
Le décès de Chantal Sébire relance le débat juridique sur la fin de vie. Les demandes répétées qu’elle avait adressées aux pouvoirs publics afin de l’assister dans une démarche d’euthanasie étaient restées sans suite. L’entourage du Président de la République, auquel Mme Sébire s’était directement adressée, s’était montré embarrassé face à la question et renvoyait aux solutions préconisées par la loi Leonetti de 2005, adoptée suite à l’affaire Vincent Humbert. La loi Léonetti prévoit, sans entrer dans les détails médicaux, une sorte de « droit de laisser mourir », c'est-à-dire ne pas forcer un corps à vivre, sans pour autant légaliser l’euthanasie, qui reviendrait à autoriser la provocation prématurée de la mort. En France donc, ni Vincent Humbert ni Chantal Sébire, ni les 15000 morts par euthanasie clandestine évalués chaque année, ne peuvent se prévaloir d’un dispositif juridique pour mourir dignement. Le manque de dignité de ces personnes malades qui demandent à être euthanasiées, est en effet le principal argument que défend l’association pour le droit de mourir dans la dignité. Il faut par ailleurs mentionner que l’Europe n’est pas à l’unisson en la matière dans la mesure où le Danemark, le Luxembourg, certains cantons suisses et surtout les Pays-Bas et la Belgique sont particulièrement avancés dans la reconnaissance, au moins pour les deux derniers pays, d’un véritable droit à l’euthanasie médicalement assistée.
La question récurrente, dans toutes les rédactions et dans toutes les têtes qui s’interrogent, est celle de savoir si oui ou non il faut légaliser l’euthanasie ? Faut-il donner une réponse juridique à une problématique éthique ? Comment et laquelle ?
Il est significatif de voir que les résistances à la reconnaissance de l’euthanasie dans la loi, autrement dit à la consécration d’un « droit de mourir », se concentrent sur une question de principe. A l’écoute de chaque débat, à la lecture de chaque entretien, il devient indéniable de constater que c’est le principe de la reconnaissance juridique de l’euthanasie qui pose problème. En effet, tous les adversaires d’un droit de mourir estiment incidemment que si Chantal Sébire s’est elle-même donné la mort, elle avait certainement ses raisons personnelles d’agir ainsi. Mais pour eux, si les faits – privés – sont acceptables, le principe – public – d’une loi ne l’est pas. La loi collective ne doit pas autoriser la mort.
En revanche, il y a plusieurs arguments qui militent en faveur de l’euthanasie. Le principe de réalité conduit à accepter une évidence et à encadrer juridiquement l’assistance jusqu’ici illégale des 15000 morts volontaires annuels. En outre, le respect de la liberté individuelle force à laisser librement disposer de leur corps ces personnes, a fortiori si la souffrance est insupportable. Le fait de pouvoir mourir « dignement » c'est-à-dire de mettre fin à sa vie sans subir l’horreur de la déchéance physique, peut aussi être mentionné. Enfin, il est aussi possible de constater que les néerlandais et les belges ne semblent pas subir un traumatisme collectif après avoir légalisé l’euthanasie.
Et puis il y a un argument de théorie du droit. Ce dernier vise à faire sauter le verrou naturaliste qui se dissimule derrière le refus de l’encadrement juridique de l’euthanasie. En effet, force est d’admettre que c’est le principe même de la reconnaissance dans la loi, davantage que les faits réels pratiqués illégalement qui heurtent la conscience de ceux qui préconisent le statu quo législatif. L’euthanasie maquillée de Mme Sébire, qui a absorbé un produit dont la commercialisation est interdite en France, n’est pas condamnée par ces derniers qui ont même de la compassion pour la patiente tout en refusant que les principes subissent l’évolution d’une nouvelle évaluation des faits. L’hostilité à la reconnaissance du droit à la mort est un combat idéologique qui consiste à refuser une loi autorisant l’euthanasie au nom de certains principes qui l’interdiraient. En somme, alors que les défenseurs de l’euthanasie invoquent une révision de l’évaluation des faits, ses adversaires récusent cette nouvelle évaluation en se situant au niveau des principes. Autrement dit, les uns demandent à ce que l’on change de position sur des faits et que l’on en tienne compte dans la loi, confirmant la relativité de la valeur qu’on accorde aux faits, alors que les autres voilent leur jugement d’une immuabilité dogmatique soutenant l’objectivité de la valeur conférée à la mort.
Contre cette position dogmatique, il convient de rappeler qu’aucun principe intangible ne peut être inexorablement fondu dans la matière juridique. Le droit ne réifie pas les valeurs qu’il véhicule sauf à penser indûment qu’il serait envisageable d’opposer, en se servant de la commode plasticité du droit naturel, la fixité de certains principes à l’évolution de l’évaluation de la mort volontaire (autrement dit à sa reconnaissance). Il est impossible d’affirmer que le droit ne peut pas reconnaître l’euthanasie sous une forme législative. Il faut donc bien voir que la technique rhétorique des adversaires de l’euthanasie consiste à déplacer le débat sur un terrain qui leur est favorable. Par là même, ils assimilent le droit au principe de la protection de la vie et le confrontent à l’euthanasie. En effet, dans chaque discussion, ils éludent la question de l’évaluation éthique des faits pour réduire le débat à l’opposition entre le principe du respect de la vie et celui qui porte atteinte à celle-ci. Leur argumentation vise à confronter deux principes et à résoudre le problème en affirmant que l’un est plus juridique que l’autre. Or, toute question de reconnaissance d’un nouveau droit place en réalité la discussion au niveau de l’évolution ou non de l’appréciation éthique des faits et non pas dans la confrontation d’un principe au droit. Il faut admettre que les principes sont relatifs par essence, comme le contenu du droit, et qu’il est donc impossible de trouver une solution juridique dans leur confrontation. En revanche, une nouvelle évaluation éthique des faits permet de trouver une solution politique. Or, au sujet de l’euthanasie, les faits sont si criants de désespoir que seul un repli idéologique dans le domaine des principes permet à ceux qui refusent sa reconnaissance juridique de tenir leur position. C’est d’ailleurs la méthode récurrente de tous les jusnaturalismes que d’assimiler l’évaluation éthique du droit (position dogmatique) à l’évaluation éthique des faits (position critique en laquelle gît le véritable lieu du débat). Ils font passer le premier jugement pour le second alors que seule l’évaluation éthique des faits offre une solution politique. Ainsi les questions politiques ne se tranchent pas dans l’évaluation éthique du droit, qui ne mène à rien sinon à des solutions péremptoires, mais dans la discussion éthique autour de l’évaluation des faits. Les faits et le droit ne sont pas assimilables dans leur évaluation. Ce n’est pas l’évaluation du droit qui fait évoluer le débat, mais la discussion incessante autour de l’évaluation éthique des faits laquelle, chemin faisant, met en lumière le contenu perpétuellement transitoire du droit.
A l’heure actuelle, il est donc certainement temps de réévaluer les souffrances que subissent ces personnes en fin de vie, et d’en tirer les conclusions politiques au sein d’une loi. Suivant cette méthode, l’avis subjectif (partagé par 88% des français selon un sondage IFOP) issu d’une évaluation éthique – néanmoins personnelle – des faits subis par Chantal Sébire et des 15000 autres décès volontaires clandestins annuels, est celui d’une reconnaissance juridique de l’euthanasie.
LE DILEMME SANS FIN DE L'EUTHANASIE
Entretien avec Jean-Yves Goffi, professeur de philosophie à l'université Pierre-Mendès-France à Grenoble et spécialiste des questions de bioéthique.
A la suite du cas de Chantal Sébire, cette patiente qui réclamait un droit à mourir, on parle beaucoup d'euthanasie. Comment peut-on définir ce concept ?
La difficulté, c'est que le terme "euthanasie" ne recouvre pas le même sens, selon qu'on l'envisage comme un droit ou comme un danger à proscrire. Pour faire simple, on pourrait dire que l'euthanasie recouvre les situations où une tierce personne utilise des procédés qui permettent soit d'anticiper, soit de provoquer la mort d'un malade incurable qui en a fait la demande, et ce pour abréger ses souffrances ou lui épargner une situation de déchéance et d'indignité extrêmes. Cette définition est neutre quant aux moyens utilisés : elle tient pour euthanasique la mort qui résulte d'une action (administrer un produit létal) ou d'une omission d'agir (arrêt des traitements), dès lors que les autres conditions sont satisfaites.
Quel sens a recouvré le terme "euthanasie" dans l'histoire ?
L'étymologie du mot "euthanasie" est grecque ; il signifie "bonne mort" ou "belle mort". Dans l'Antiquité, c'est un adjectif utilisé pour qualifier une mort réussie : par exemple, un homme qui meurt sans souffrir tout en laissant une progéniture nombreuse et prospère, après avoir bien vécu. Il pouvait aussi être appliqué à celui qui "part en beauté", après une mort glorieuse au combat. Le terme est employé par l'historien latin Suétone pour relater la mort de l'empereur Auguste : après avoir réglé les affaires de l'Empire et s'être consacré à lui-même une dernière fois, il meurt sans souffrance, s'étant acquitté de ce qu'il avait à faire.
La question de l'euthanasie se "médicalise" à partir de la Renaissance. Dans L'Utopie (1516), Thomas More imagine des hôpitaux où les médecins ayant affaire aux malades incurables leur donnent la possibilité de mourir sans souffrance par l'administration de drogues qui atténuent leur agonie. Le philosophe anglais Francis Bacon (1561-1626) affirme ensuite que l'euthanasie ne constitue pas un corps étranger à l'art médical, mais en fait intégralement partie.
A partir de quel moment, le terme "euthanasie" a-t-il endossé une connotation négative, jusqu'à être assimilé à l'eugénisme ?
Ce tournant a eu lieu dans les années 1930, avec la politique d'élimination des "indésirables" mise en place par les nazis. Ainsi les mesures connues sous le nom d'"Aktion T4 ": les malades mentaux étaient examinés par des commissions ayant le pouvoir de décider de leur mise à mort, si leur état était jugé incurable. Ces personnes n'avaient, évidemment, rien demandé, et ce n'est pas pour abréger leurs souffrances qu'on agissait de la sorte ; néanmoins, pour camoufler ces actes criminels, les nazis ont parlé de mesures euthanasiques, et le terme a gardé une sinistre connotation.
Ce précédent a donné des arguments aux adversaires de l'euthanasie, qui arguent de l'existence d'un risque de pente fatale en cas de dépénalisation. Ils affirment qu'à partir du moment où on accepte le fait que des gens puissent mourir avec l'aide de médecins, l'interdit du meurtre est levé : cela conduira forcément à des pratiques de masse où ceux qui n'auront rien demandé seront mis à mort. Cette argumentation est très discutable d'un point de vue logique. En revanche, il faut lui reconnaître une fonction pragmatique d'avertissement. Dans ces questions, il faut toujours rester attentif aux dérives et aux détournements possibles.
Sur quels principes moraux ou philosophiques s'appuient les adversaires de l'euthanasie ?
Leur principal argument repose sur le principe de la dignité ontologique : l'existence humaine est par elle-même revêtue d'une dignité éminente, opposable non seulement aux autres, mais aussi à l'individu lui-même. Selon ce principe, d'inspiration kantienne, la vie humaine est revêtue d'une dignité telle que l'individu ne peut pas en disposer. Souvenez-vous de l'affaire du "lancer de nains", qui avait défrayé la chronique il y a quelques années. La justice avait tranché en disant que cette pratique, même si elle était volontairement acceptée par la personne naine, était attentatoire à sa dignité. Si on rapporte ce principe à l'euthanasie, on peut dire qu'un malade souhaitant mettre fin à ses jours agirait contre sa propre dignité.
Il y a aussi l'argument de la sacralité de la vie, explicitement religieux et avancé par les croyants. C'est l'idée que Dieu seul est maître de la vie et de la mort. Il donne la vie et est seul habilité à la reprendre.
A l'inverse, sur quels arguments se fondent les partisans de l'euthanasie ?
Il y a un argument informulé, car non admissible, c'est l'argument de type économique. Certains ne le disent pas ouvertement, mais pensent qu'un système de santé qui connaît de graves problèmes de financement ne peut pas se permettre de dépenser des fortunes pour des malades incurables ou dans un coma irréversible.
Le principal argument des partisans respectables de l'euthanasie est encore, paradoxalement, celui de la dignité. Il s'agit cependant d'une conception radicalement différente de la dignité, liée à la qualité de la vie humaine. Les militants de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) affirment, par exemple, que la maladie peut faire perdre son autonomie au malade, le rendant dépendant des autres de façon humiliante, l'enfermant dans la souffrance et lui faisant perdre l'estime qu'il a de lui-même. Dans ces cas-là, si l'individu estime qu'il ne peut préserver ce qui lui reste de dignité qu'en choisissant la mort, il faut lui permettre de mettre en oeuvre un tel choix.
La différence fondamentale entre les uns et les autres se situe-t-elle sur le droit ou non de disposer de sa vie ?
Oui. C'est l'argument libéral de la souveraineté sur soi-même. C'est une idée qu'on trouve formulée chez John Stuart Mill, philosophe britannique du XIXe siècle. Il affirme, dans On Liberty, que tout individu a un pouvoir souverain sur sa propre existence ; on ne peut aller contre ce pouvoir qu'en raison des dommages qu'il pourrait causer aux autres, non en raison des dommages qu'il pourrait se causer à lui-même. Dans une telle perspective, il est tyrannique de limiter la liberté d'action d'un individu qui, agissant en toute connaissance de cause, ne fait aucun tort aux autres, même si l'on est persuadé qu'il s'en fait à lui-même. C'est le cas, par exemple, de quelqu'un qui choisirait rationnellement de se suicider. Mais l'euthanasie fait intervenir une tierce personne. La question peut donc être formulée ainsi : les individus ont-ils, sur eux-mêmes, une souveraineté limitée ou une souveraineté absolue ? Si cette souveraineté est absolue, ce que je crois, peut-elle s'étendre au point d'impliquer certains actes d'autrui comme une prestation obligatoire ? C'est beaucoup moins évident.
En 2005, la France a adopté une nouvelle législation aboutissant au "laisser mourir". Les partisans de la légalisation de l'euthanasie dénoncent une loi hypocrite en disant qu'il s'agit d'euthanasie masquée, et qu'il faut permettre les gestes actifs. Peut-on parler d'euthanasie passive et active ?
Les adversaires de l'euthanasie récusent la distinction entre euthanasie passive et active, au motif qu'une euthanasie est toujours active : pour eux, la conduite d'un médecin qui se limite à prescrire des thérapies de confort à un malade en fin de vie ou à lui administrer des antalgiques, en sachant que cela entraînera sa mort prématurée, n'est pas euthanasique. Mais cela pose des difficultés relatives à la responsabilité morale de celui qui agit. Peut-on sérieusement dire qu'on n'est pas responsable de toutes les conséquences prévisibles et connues de ses actes ? Si la mort du malade est prévue par le médecin comme une conséquence inévitable de l'arrêt des traitements, on est tenté de penser qu'il en est responsable et que c'est une euthanasie passive, même si son intention n'était pas de le faire mourir. La distinction entre faire mourir et laisser mourir soulève toutes sortes de problèmes en philosophie de l'action. Elle est sans doute moins facile à justifier qu'il ne le semble.
En 2000, le Comité national consultatif d'éthique (CCNE) s'était prononcé contre la légalisation de l'euthanasie tout en admettant la possibilité d'une "exception d'euthanasie", laissant à la justice la responsabilité de poursuivre ou non en cas d'aide active à mourir. Qu'en pensez-vous ?
J'ai du mal à comprendre cette position. Elle reflète peut-être une formule de compromis, une façon de dire sans dire, au sein d'un organisme par définition pluriel. Il me semble que la position défendue à titre personnel par Nadine Morano, ministre de la famille, est plus claire. Elle propose, si j'ai bien compris, l'instauration d'une commission nationale d'euthanasie chargée d'examiner les cas exceptionnels graves pour donner ou non son accord. C'est sans doute ce vers quoi il faudrait aller ; mais c'est, dans les grandes lignes, la législation des Pays-Bas, si décriée chez nous.
A titre personnel, je pense qu'il est difficile d'en rester au statu quo. La loi Leonetti a indiscutablement clarifié les choses, notamment en confortant les médecins dans une pratique d'arrêt des traitements quand ceux-ci n'ont plus de sens. Mais cette loi ne répond pas à tous les cas de figure. N'autoriser que "le laisser mourir" et non "le faire mourir" nous conduit à voir surgir périodiquement d'autres drames qui susciteront des controverses enflammées. Malgré le travail admirable des équipes de soins palliatifs, qui demande à être développé et soutenu, il y aura toujours des cas où on pourra dire "c'est une demande de mort qui a un sens et à laquelle il est légitime d'accéder". |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 23.09.19 14:41 | |
| Affaire Sébire - Débat sur l'euthanasie - Point de vue du docteur Michel Cavey
Affaire Sébire - Débat sur l'euthanasie - Point de vue du docteur Michel Cavey | AgeVillageProLa mort de Chantal Sébire relance le débat sur l’euthanasie. C’est du moins ce qu’on nous raconte.
Car il faut rappeler la réalité. Il y a deux notions à distinguer soigneusement :
- Il y a l’euthanasie, acte par lequel on mettrait fin à la vie d’un malade en proie à des souffrances insupportable.
- Il y a l’aide à mourir, ou le suicide (assisté ou non) actes par lesquels un patient décide d’échapper à sa fin de vie.
Le cas de Chantal Sébire ne relevait en rien de l’euthanasie : il y avait des moyens de la soulager, mais elle ne voulait pas y recourir. Ce qu’elle réclamait, c’était un suicide assisté.
Personne n’a le droit de juger de ses raisons.
Mais pourquoi y a-t-il autant de gens pour entretenir la confusion ? Pourquoi ne peut-on débattre sur des notions claires ? A qui profite le mensonge ?
S’il s’agit d’euthanasie, alors disons-le : il faut pratiquer résolument toutes les euthanasies qui seront nécessaires. C’est-à dire aucune, car les techniques dont nous disposons rendent ce débat complètement dépassé. Par contre il y a encore beaucoup à faire pour que ces techniques soient utilisées.
S’il s’agit de suicide assisté ou d’aide à mourir, alors disons-le : le suicide est un acte de liberté individuelle, sur lequel la société n’a rien à dire.
Mais ne faut-il pas organiser les choses ? Ce n’est pas certain. Car le droit est là pour organiser la vie des humains ; il n’est pas prudent de lui demander d’organiser la mort.
Mettre en place au moins une procédure ? Il vaut mieux ne pas trop faciliter le suicide. D’autant qu’il n’est pas bien difficile de se suicider (dans de bonnes conditions de confort s’entend) ; c’est là encore mentir que prétendre qu’il faut des connaissances particulières.
Chantal Sébire semble avoir su parvenir à ses fins. On ne se risque guère à présumer qu’en réalité tout était prêt d’avance.
La sagesse n’est-elle pas de constater que, pour elle comme pour d’autres, le problème en réalité ne se posait pas, et de laisser ces choses dans le secret des cœurs ? Hypocrisie ? Non. Simple constat : il s’agit à chaque fois de cas particuliers. La loi n’a rien à dire sur les cas particuliers.
On réclame de pouvoir « mourir dans la dignité ». Mais la dignité n’est pas sortie grandie de cette mascarade.
Dr. Michel Cavey |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 28.09.19 19:28 | |
| Un observatoire des fins de vie, par Bernard Devalois et Gilles Antonowicz Que l'on veuille ou non modifier la loi Leonetti, il est urgent de mettre en place une politique sérieuse d'évaluation des pratiques médicales, expliquent M. Devalois, médecin à l'unité de soins palliatifs de Puteaux et M. Antonowicz, avocat de Chantal Sébire.
Publié le 21 mars 2008 à 08h25 - Mis à jour le 21 mars 2008 à 11h01
Le rapprochement de nos deux signatures au bas d'un texte commun était a priori hautement improbable. En effet, nous avons, sur les questions de fin de vie, des conceptions très opposées. L'un est médecin dans une unité de soins palliatifs et ancien président de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP). Il est opposé à une légalisation de l'euthanasie et-ou à l'instauration d'un droit au suicide médicalement assisté. L'autre est l'avocat de Chantal Sébire et le vice-président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Cette association milite en faveur de la légalisation d'une aide active à mourir, sous contrôle médical, à la demande expresse de patients "en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable".
Nous avons notamment une analyse très opposée concernant la situation de Mme Sébire. L'un dénonce l'hypocrisie du code de la santé publique et considère, au nom du respect de la dignité du malade, qu'elle aurait dû pouvoir bénéficier de l'aide du médecin acceptant de mettre définitivement fin à ses souffrances selon un protocole autre que celui dit de la "sédation terminale".
L'autre soutient que, comme pour des milliers de situations toutes aussi tragiques, il convient de déployer les moyens nécessaires au contrôle de la douleur physique, d'entendre et d'accompagner la souffrance psychologique de la patiente et de ses proches, pour leur apporter une réponse adaptée. Pour lui, un "droit au suicide assisté" ne saurait se substituer à la liberté de se suicider, et la société ne peut pas confier cette mission aux médecins.
Néanmoins, nous pensons tous les deux que la loi d'avril 2005 – dite loi Leonetti – est une avancée considérable en faveur du respect des droits des patients. Elle met la question du sens des actes médicaux au cœur de son dispositif. Elle reconnaît à chaque patient le droit de refuser toute forme de traitement. Elle permet aux médecins de ne pas prolonger sans raison la vie artificielle de certains patients en coma végétatif. Pour soulager les souffrances, elle autorise l'utilisation de traitements pouvant avoir pour effet secondaire d'abréger la vie.
Le problème majeur que pose aujourd'hui cette loi est qu'elle est très mal connue par nos concitoyens et même par une partie importante des professionnels de santé. Combien de personnes à ce jour ont désigné une personne de confiance ? Combien de personnes ont rédigé des directives anticipées permettant, en cas d'inconscience, de faire connaître leurs souhaits en matière de limitation ou d'arrêt des traitements ? Combien de patients se heurtent aujourd'hui au refus de certains médecins d'appliquer la loi ? Combien de familles, de proches, ne peuvent obtenir une délibération collégiale pour examiner la question d'une éventuelle situation d'obstination déraisonnable pour un patient en état végétatif chronique ? Combien de patients cancéreux acquiescent à une énième ligne de chimiothérapie "palliative" par crainte d'un abandon en cas de refus ?
Malgré nos opinions fort divergentes sur la nécessité de faire ou non évoluer la loi, nous nous accordons sur un point fondamental : la nécessité – urgente – d'une évaluation rigoureuse des conditions dans lesquelles se déroulent les fins de vie en France. A quelques exceptions près, comme celle d'Edouard Ferrand [anesthésiste-réanimateur à l'hôpital Henri-Mondor, à Créteil], les études en ce domaine sont trop rares pour ne pas laisser la place à des convictions assénées avec passion plutôt qu'à l'analyse rationnelle de la réalité.
Nous insistons donc sur la nécessité de mettre en place un observatoire national des pratiques médicales en fin de vie. Sa mission pourrait être de faire connaître auprès des professionnels et du grand public la loi et les droits des patients, mais aussi de promouvoir et soutenir des recherches pluridisciplinaires sur ces sujets. Il pourrait être un outil de médiation et de recours pour tous ceux qui se sentent éventuellement concernés par une situation d'obstination déraisonnable, voire, si nécessaire, exercer des missions d'expertise de manière à éviter tout risque de judiciarisation de ces questions.
Si la loi venait à être modifiée (ce que l'un souhaite et l'autre pas), cet observatoire pourrait éventuellement préfigurer la haute autorité qui, en Belgique comme aux Pays-Bas, contrôle et évalue les actes d'euthanasie. Il permettrait de recueillir les paramètres nécessaires à une véritable politique d'évaluation des pratiques médicales en fin de vie afin d'offrir des outils validés pour alimenter la réflexion des citoyens et de leurs représentants. Seule une évaluation précise de la situation nous semble pouvoir permettre d'éclairer le nécessaire débat citoyen et politique qui s'impose à nous.
Bernard Devalois est médecin à l'unité de soins palliatifs de Puteaux (Hauts-de-Seine). Gilles Antonowicz est avocat, vice-président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité |
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| Sujet: Re: Chantal Sébire 19.08.20 11:18 | |
| [size=33]Leonetti : "Chantal Sébire a fait une demande de suicide assisté"[/size] Par Cyriel Martin (avec agence) Modifié le 13/03/2008 à 15:28 - Publié le 13/03/2008 à 13:39 | Le Point.frLa demande d'euthanasie de Chantal Sébire , une mère de famille de 52 ans défigurée par une maladie orpheline, "n'entre pas dans le cadre de la loi" de 2005 sur la fin de vie, a estimé jeudi son auteur, le député UMP Jean Leonetti. "C'est une demande de suicide assisté, pas une demande d'accompagnement de fin de vie."
La loi sur la fin de vie du 22 avril 2005, votée à l'initiative de Jean Leonetti, tend à instaurer un droit au "laisser mourir", sans permettre aux médecins de pratiquer une euthanasie active. "Ce texte autorise l'utilisation de sédatifs, de calmants et d'antalgiques à des doses nécessaires pour supprimer toute douleur physique ou morale, même si l'utilisation de ces médicaments abrège la vie. Or, Mme Sébire refuse les sédatifs. Elle demande qu'on lui donne la mort", souligne Jean Leonetti.
Le député des Alpes-Maritimes fait remarquer que cette demande "confine à une impasse car, en réalité, elle rompt le dialogue entre le corps médical et le malade". Pour Jean Leonetti, par ailleurs cardiologue, "s'il y avait un dialogue apaisé avec les médecins, on devrait trouver une solution apaisée. On peut lui proposer tous les médicaments nécessaires pour calmer ses souffrances, même si leur utilisation raccourcit la vie."
"Il faut s'assurer que toutes les ressources de la médecine sont épuisées. Ce qui reste à prouver." (Élysée)
Concernant un éventuel précédent que constituerait la décision sur le cas de Chantal Sébire, le député explique qu'il est "prêt de manière apaisée, et non pas à partir de cas individuels, à réfléchir sur des problèmes majeurs de société, sans présager de la décision législative". Avant de conclure : "Le débat sur le suicide assisté est beaucoup plus complexe et large. Le suicide est une liberté, pas un droit revendiqué."
Par ailleurs, le conseiller de Nicolas Sarkozy pour les questions de santé, le professeur Arnold Munnich - chef de service à l'hôpital Necker - a contacté Chantal Sébire, à la demande du Président. Il lui a proposé qu'un "nouvel avis médical" soit donné par un collège de professionnels. Selon le porte-parole de l'Élysée, David Martinon, "le Pr Munnich et Mme Sébire se sont parlé un certain nombre de fois ces derniers temps. Le professeur s'est plus exprimé en tant que médecin que conseiller du président. Il faut s'assurer que toutes les ressources de la médecine sont épuisées. Ce qui reste à prouver". Selon lui, un "rendez-vous médical multidisciplinaire aura lieu dans quelques jours si Mme Sébire en accepte le principe". "Nous restons dans le cadre de la loi Leonetti" qui est une bonne loi, une loi d'équilibre", a-t-il affirmé. Jeudi, François Fillon et Rachida Dati se sont montrés réservés sur une nouvelle loi . |
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