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 Docteur Bernard Senet

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MessageSujet: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime24.03.12 8:10

Bernard Senet
 
 
Médecin, membre de l'ADMD
 
 
 
 
Euthanasie: pour une amélioration de la loi Léonetti
 
 
Publication: 24/03/2012 05h00
 
 
 
La Suisse commence à manquer de médecins prêts à aider au suicide assisté car ils sont sollicités apparemment trop tardivement et ne sont alors considérés que comme des médecins "pousse seringue" leur rôle se limite alors à confirmer aux associations d'entraide la réalité de l'issue fatale à court terme qui justifie une aide à mourir.
 
 
Il est évidement impossible de demander à un médecin de n'être qu'un contrôleur de mauvais diagnostic et un prescripteur de produits à objectif létal alors que, si la loi le permettait, la plupart des médecins accompagneraient les patients avec lesquels ils ont des relations de confiance. Cela justifierait donc moins souvent l'appel à une association et à l'un de ces médecins "dévoués".
 
Une loi qui encadrerait la volonté du patient et l'intervention du médecin permettrait à chacun d'être entendu et d'assumer ses responsabilités; cela ne représenterait pour les médecins qu'une petite part de leur activité, il n'y aurait donc pas de fatigue, pas d'usure à ne faire que cela. En pratique, tout le monde sait que beaucoup de médecins, suisses ou français, accompagnent et aident leurs patients demandeurs, mais l'absence de textes autorisant cette pratique provoque souvent des refus, exprimés ou non, et obligent, particulièrement en Suisse, les malades à se retourner vers les associations. C'est un peu le cas en France, même si l'ADMD a bien entendu officiellement refusé d'être une association d'aide à mourir, même si elle en revendique la légalisation.
 
Un peu comme dans le cas de l'IVG, avant sa légalisation, certains médecins ou infirmières ou sages femmes étaient complètement débordés par les demandes car ils étaient peu nombreux à accepter de réaliser ce geste illégal; ce qui en a découragé, ou plus exactement surmené, un grand nombre.
 
La légalisation aurait au moins l'intérêt de sécuriser les médecins qui pourraient intégrer l'aide en fin de vie au reste de leur activité sans risque judiciaire et sans que cela déborde sur le reste de leurs activités auprès des patients. De plus, aider quelqu'un que l'on a accompagné n'a rien à voir avec aider quelqu'un qui arrive au dernier moment et dont la trajectoire personnelle, et l'histoire relationnelle avec la maladie nous sont inconnues. C'est pourquoi la France et la Suisse au moins ont besoin d'une loi légalisant l'euthanasie volontaire et pas seulement le suicide assisté.
 
La loi Léonetti n'apporte aucune garantie aux citoyens d'être respectés dans leurs volontés au moment venu, car elle laisse l'avis médical s'imposer à tout autre avis non-médical, écrit par le patient, ou exprimé par son mandataire.
 

Deux notions doivent figurer dans la prochaine loi:


  • L'autorisation de l'aide active à mourir par un médecin, en surmontant les résistances du monde médical et des intégristes divers.

  • Le respect de la volonté individuelle s'imposant aux soignants, équipes et médecins, qui doivent accepter d'être des accompagnants efficaces et présents,... mais respectueux.



Dernière édition par Admin le 12.08.13 9:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime05.02.13 23:12

Les citoyens atteints de graves maladies deviennent-ils des mineurs incapables de décider ?
Par le Dr Bernard Senet


Atteinte d'une sclérose latérale amyotrophique, Jeanine s'est battue, elle a suivi les traitements peu efficaces, elle a aménagé sa vie, son mobilier, les instruments du quotidien. Bien soutenue par son mari et sa fille, elle a profité au mieux des capacités qui la quittaient inéluctablement. Entièrement paralysée, respirant et déglutissant difficilement, elle a refusé les sondes proposées par les médecins et a convaincu ses proches, qu'elle avait préparés, de partir avant le terme. Compte-tenu des risques de fausse-route douloureuse, une perfusion a été posée pour lui injecter un anesthésiant à forte dose et l'aider ainsi à cesser de vivre.

Quand Christian a appris qu'il était atteint d'un cancer du poumon d'emblée métastasé, il a réglé ses affaires, réuni les siens et annoncé qu'il allait profiter des semaines qui lui restaient avant de partir quand il le déciderait, pour ne pas vivre les douleurs, l'hospitalisation et sa déchéance. Après des voyages riches de souvenirs mais de plus en plus difficiles, des retrouvailles émouvantes avec un fils et malgré un traitement morphinique efficace, il a avalé un matin du Valium et des Bêta-bloquants. Quatre heures plus tard, son frère appelle car le coma se prolonge; l'injection par le port-à-cath d'une forte dose de sédatifs permet de l'aider à réaliser sa volonté.

Ces deux personnes connaissaient leur maladie et se savaient condamnées; elles ont voulu rester maîtres de leur vie et de leur mort. En les aidant il y a quelques mois à mourir, je les ai accompagnées dans le respect de leur volonté. Dans les pays où l'aide active à mourir est légalisée, donc encadrée et contrôlée, ces deux personnes auraient été ouvertement accompagnées. Ainsi, un suicide raté, avec des séquelles, est moins fréquent et l'entourage qui a le courage de les soutenir ne risque pas en plus des poursuites pour « non-assistance ». Les médecins, qui donnent ainsi le dernier soin, ne risquent pas la cour d'assises comme encore en France à ce jour.

Une réflexion sur la fin de vie a été confiée au Pr Sicard qui s'est entouré d'une équipe de « spécialistes » de la fin vie. Ils ont bien évoqué la question du suicide assisté mais ne sont pas allés au bout de leur réflexion: puisque le suicide est accepté par la société, pourquoi le refuser à ceux qui n'ont pas les moyens physiques d'y parvenir ? Ces citoyens atteints de graves pathologies perdent-ils leur capacité de décision ? Ils ont aussi le droit d'épargner à leur entourage la dissimulation liée à l'interdit, voire l'horreur du coup de fusil ou de la pendaison.

Les opposants à la légalisation de l'euthanasie avancent plusieurs arguments :
 les demandes sont rares, même inexistantes : dans les pays où la loi existe, l'aide active à mourir représente 1,5 à 1,8 % des décès, chiffre constant d'un pays à l'autre. En France, la pratique est reconnue par de nombreux médecins, mais personne n'ose le dire, par peur des poursuites judiciaires mais aussi par respect des malades et de leur famille. En projection, cela représenterait 10 000 euthanasies par an, à comparer aux 10 500 suicides déclarés.
 la multiplication des lits de soins palliatifs diminuerait les demandes d'euthanasie : si nous manquons effectivement de structures d'accueil de fin de vie, les études dans les pays mieux dotés montrent que les demandes demeurent les mêmes. Les patients ayant bénéficié de l'intervention d'une équipe palliative spécialisée ont autant recours que les autres à l'euthanasie. Ils ont d'ailleurs aussi eu plus recours à une assistance spirituelle !
 donner aux médecins le pouvoir de tuer créerait un précédent et ouvrirait la porte à des dérives : les Néerlandais et les Belges n'ont évidemment pas vu d'augmentation de leur mortalité. Les instances de contrôle mises en place fonctionnent et l'application stricte des principes de minutie par le corps médical ne pose pas de problème à des professionnels responsables. Les rapports annuels en témoignent.
 la loi Léonetti répond à toutes les situations : en fait, elle a rendu aux médecins un pouvoir que la loi Kouchner sur les droits du malade de 2002 leur avait enlevé. Dans la loi de 2005, l'avis médical est clairement désigné comme prédominant sur tout autre avis « non médical ». Alors que cette loi insiste sur le refus d'acharnement thérapeutique et sur le droit au « laisser mourir », si possible à domicile, le principal médicament utilisé en sédation est devenu inaccessible dans les pharmacies de ville fin 2005, au cas où des généralistes irresponsables l'utiliseraient abusivement !
 la vie ne nous appartient pas, c'est le cadeau d'un dieu : comme pour l'interruption volontaire de grossesse, il n'est pas question d'obliger un patient à être aidé à mourir, ni à un médecin de le faire... Reprendre un cadeau n'est d'ailleurs pas très élégant.

La vraie difficulté est d'accepter que chaque citoyen puisse disposer de son corps en toute liberté, particulièrement quand la mort se fait proche, mais aussi quand la perte d'autonomie est intolérable pour lui. En confiant la mission à un professeur de médecine entouré de spécialistes, notre président de la République avait pris un risque; du coup, il engagera un débat parlementaire dont nous verrons l'issue, en espérant que la loi adoptée ne sera pas trop minimale. Nous savons bien que le corps médical qui est proche du pouvoir ne désire pas voir les patients-citoyens prendre en main leur santé ou la gestion de leurs soins, alors que les praticiens de base l'encouragent (la radiation du Dr Bonnemaison par l'ordre national des médecins avant tout procès devant la justice des citoyens vient nous rappeler ce pouvoir).

A pathologie comparable, le patient qui a écrit ses directives anticipées a une meilleure espérance de vie que celui qui fait simplement confiance aux soignants. En refusant le vote d'une loi, ou en la rendant inapplicable par des contraintes irréalistes, nos députés iraient contre notre principe d'égalité; parmi eux, nombreux sont ceux qui disent avoir des connaissances leur permettant d'accéder plus facilement à l'aide à mourir si besoin, c'est évidemment aussi vrai pour tous les médecins. C'est faire peu de cas de la solidarité pratiquée par ceux qui aident actuellement dans la clandestinité.

Dans ma pratique, aider une personne à partir est toujours un acte difficile, émouvant et éprouvant, c'est un « dernier soin » dans la suite d'un accompagnement souvent complexe sur les plans techniques et psychologiques face à la maladie; il ne peut se faire sans l'engagement responsable du sujet, sans être dans la vérité du diagnostic et de son pronostic. Ce respect de la volonté de l'autre par les soignants et par notre société, ne serait-ce pas sa dignité ?
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MessageSujet: Re: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime12.08.13 9:06


Mis à jour : 19-03-2008 00:11
- Créé : 13-03-2008 17:29
"On est à la limite entre le suicide assisté et l’euthanasie"

Bernard Senet, médecin généraliste à Velleron, dans le Vaucluse, a accepté d’aider Chantal Sebire à mourir

Bernard Senet.

Bernard Senet, médecin généraliste à Velleron, dans le Vaucluse, a accepté d’aider Chantal Sebire à mourir. Si du moins la justice l’autorise, dans son jugement prévu lundi, à se procurer une dose létale.

Pourquoi vous êtes-vous porté volontaire ?
Cela fait plus de vingt ans que je milite à l’association pour le droit à mourir dans la dignité pour l’IVV : le droit à l’interruption volontaire de la vie. Comme le médecin traitant de Mme Sebire n’a pas souhaité être sa caution, j’ai accepté, bien que nous habitions à 600 km de distance, d’être le médecin qui – si la justice le permet – se procurera le produit et l’aidera à le prendre.

Avez-vous déjà aidé quelqu’un à mourir ?
Quand on est médecin généraliste et qu’on s’occupe de patients graves, on est parfois amené à les accompagner en fin de vie. Et une à deux fois par an, il m’arrive d’aider des gens à partir avant l’heure « naturelle ». L’ADMD reçoit de nombreuses demandes de ce type. Elle y répond rarement car le geste, en France, est interdit. Mais aussi parce qu’en aucun cas on ne veut se spécialiser dans le « pousse seringue ».

Chantal Sebire réclame-t-elle l’euthanasie ou le suicide assisté ?
D’après la définition juridique, elle réclame un suicide assisté, c’est-à-dire que je lui prescrive et lui procure une dose létale, qu’elle prendra quand elle le voudra, et sous mon contrôle. Mais, en réalité, Mme Sebire est aveugle, de plus en plus handicapée et affaiblie par la maladie. Elle a besoin d’être aidée. On est donc à la limite entre le suicide assisté, tel qu’il se pratique en Suisse, et l’euthanasie –comme en Belgique. Mais, dans le fond, même si la symbolique de la seringue est très lourde, le suicide assisté et l’euthanasie sont guidés par la même intention. Pour moi, c’est pareil. Ce qui compte, c’est que les deux parties –médecin et patient- sachent que le produit ingéré va entraîner la mort.

Le député UMP Jean Leonetti, rapporteur de la loi sur la fin de vie d’avril 2005, s’oppose à la demande de Chantal Sebire.
La loi Leonetti est hypocrite. Elle dit qu’on peut placer une personne sous coma artificiel et cesser de lui donner à boire et à manger, pour abréger sa vie. On peut donc laisser des personnes mourir de faim et de soif en leur tenant la main pendant cinq à quinze jours, mais on n’est pas autorisé à aider un patient, qui le demande et qui est de toute façon condamné par la maladie, à boire une potion chez lui, qui va lui donner la possibilité de mourir en vingt minutes ! La loi Leonetti protège les médecins contre les poursuites. Elle ne prend en compte ni la volonté du patient, ni son entourage.

Dans le cas de Mme Sebire et de la requête qu’elle a déposée au tribunal, les rôles s’inversent : c’est la patiente qui protège le médecin, qui veut lui éviter des poursuites pénales. C’est très louable de sa part.

Un conseiller de Nicolas Sarkozy propose à Mme Sébire un nouvel avis médical…
C’est scandaleux. Cette dame se bat depuis huit ans contre une tumeur très rare, qu’on ne peut atteindre ni pas la chimio, ni par le laser, ni par une opération. Elle a de fréquentes hémorragies, sa tumeur n’est plus qu’à deux millimètres de sa narine. Elle est au-delà de toute ressource thérapeutique et on veut revoir ce diagnostic ? Cette manière de botter en touche constitue un véritable mépris de sa personne.
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MessageSujet: Re: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime12.08.13 9:18


L'entrevue - Pour le droit d'aider la mort

14 avril 2009 | Lisa-Marie Gervais | Actualités en société
Le Dr Bernard Senet est un des rares médecins à avouer qu’il a aidé des patients à mourir. Photo : Le Dr Bernard Senet est un des rares médecins à avouer qu’il a aidé des patients à mourir.
Bernard Senet l'avoue sans aucun regret: il a déjà aidé des mourants à «partir». Un cocktail létal, une dose de morphine légèrement trop forte. Les yeux se ferment, le souffle s'arrête, l'âme se rend. Tout doucement, sans souffrance. «C'était toujours à la demande du patient», insiste ce médecin français, généraliste dans le Vaucluse. Oui, bien sûr. N'empêche, le cofondateur de l'unité de soins palliatifs à l'Hôpital de l'Isle-sur-la-Sorgue est un hors-la-loi. Légalisée en Belgique, aux Pays-Bas et dans l'État américain de l'Oregon, l'euthanasie est encore interdite en France, tout comme au Canada. Pire: elle est jugée comme un meurtre au premier degré.

«Je suis un des rares médecins et peut-être le seul en activité qui a aidé des gens à mourir et qui le dit ouvertement», avance le Dr Senet, qui sera en tournée au Québec cette semaine comme conférencier. Selon M. Senet, ne pas reconnaître que, chaque jour, des médecins abrègent à jamais les souffrances de leurs patients relève de la pire hypocrisie.

L'ancien président François Mitterrand aurait été aidé à mourir, de même que des auteurs français célèbres. «Je reçois beaucoup de témoignages de médecins qui m'appuient. Plusieurs d'entre eux aident des gens à mourir, mais ne le diront jamais. Ils ont peur de la loi.»

Il est vrai que des médecins ont déjà été cités à procès, sans toutefois avoir été condamnés à des peines de prison ou à des amendes. Pour ce faire, il faut d'abord qu'il y ait une plainte. Et dans le système de justice français, tout le monde est habilité à le faire, y compris le procureur.

L'État réfractaire

Très actif au sein de l'Association pour le droit à mourir dignement (ADMD), Bernard Senet s'estime plutôt «blindé». Malgré les gestes qu'il a pu effectuer, la prison à vie, ce n'est pas pour demain. Il profite d'ailleurs de la tribune qu'il a depuis l'affaire Sébire pour livrer son plaidoyer sur ce droit fondamental, «un pur geste de solidarité». Chantal Sébire était une institutrice mère de trois enfants ravagée par un cancer des sinus qui lui dévorait le visage. En février 2008, elle avait réclamé à l'État le droit de pouvoir mourir. En cas de réponse positive, Bernard Senet était le médecin qui devait lui administrer la potion létale. Mais les tribunaux ont rejeté sa requête qui était jugée «irrecevable» en regard de la loi Leonetti sur la fin de vie, qui écarte l'exception d'euthanasie et de l'assistance au suicide. Mme Sébire s'est elle-même chargée de son destin. On l'a retrouvée morte un mois plus tard d'un empoisonnement aux barbituriques.

«Au même moment, les Belges aidaient à mourir Hugo Claus, un écrivain célèbre qui était atteint d'une maladie évolutive au cerveau», souligne le Dr Senet. La France, pourtant voisine, était à des lieues de cette réalité. Pourquoi? «En France, le pouvoir médical est très hiérarchisé. Les médecins n'ont pas nécessairement envie que ce soient les malades qui décident», croit le Dr Senet. Le milieu des soins palliatifs relevait autrefois du domaine de la charité et était sous la gouverne de l'Église, avance-t-il comme autre hypothèse. «C'est plus conservateur. Il y a une résistance de ce côté-là», constate M. Senet. «Pourtant, les derniers sondages démontrent que plus de 80 % de la population veut une loi.» Au Canada, près des deux tiers des patients aux soins palliatifs souhaiteraient que l'euthanasie ou le suicide assisté soient légalisés, selon une étude des Instituts de recherche en santé du Canada.

Donner le droit à quelqu'un de décider du moment de sa mort fait toutefois craindre les dérives. «Dans les pays où la loi est appliquée depuis longtemps, il n'y a pas de dérives. Les requêtes sont rigoureusement étudiées par une commission», explique le médecin âgé de 60 ans. L'aide à mourir ne concerne à l'heure actuelle qu'une infime partie de la population, et les sondages ont montré qu'on n'y a pas davantage recours dans les pays où l'euthanasie est légale. Aux Pays-Bas, par exemple, 10 % des gens en fin de vie réclament le droit à mourir. Mais, en réalité, étant donné la lenteur des procédures, entre 1 % et 3 % de ces personnes obtiennent véritablement ce privilège, note le médecin français. «Légiférer sur une telle pratique nous permettrait justement d'y voir plus clair. De protéger les patients et les médecins aussi.» Car selon lui, les soins palliatifs ne règlent pas tout.

L'interruption volontaire de la vie

Il se plaît à le répéter: Bernard Senet ne mène pas une lutte pour l'«euthanasie», mais plutôt pour «l'IVV» (interruption volontaire de la vie), en référence à l'IVG (interruption volontaire de la grossesse). IVV, IVG, même combat. Il est question ici du droit à disposer de son corps. «À la différence que [celui de l'IVV] est mené par des vieux et des gens malades plutôt que par de jeunes femmes. Ça a moins de poids», déplore-t-il. «Pourtant, c'est une lutte pour les droits de l'homme, au même titre que celui de la liberté d'expression et de circulation des idées», ajoute le médecin qui s'étonne que, dans une société «aussi individualiste», on n'en soit pas rendu à octroyer ce droit fondamental.

Selon Bernard Senet, ne pas écouter la volonté de ceux qui souffrent est un affront pour ces courageux malades qui veulent «mourir droit dans leurs bottes». «Il faut que le médecin accepte qu'il ne peut pas guérir tout le monde. Il y a un moment où c'est foutu pour le patient. Alors, pourquoi lui lâcher les mains?» demande le généraliste. «C'est une chose terrible et très lourde à porter. Mais si la personne est dans cette démarche et veut mourir, alors pourquoi ne pourrait-elle pas avoir ce privilège-là?»

Parmi ces personnes qu'il a aidées à «partir», une jeune fille dont il n'oubliera jamais la détermination à ne plus vouloir souffrir. C'était au début des années 1980. La fillette avait 12 ans lorsqu'on lui a diagnostiqué un cancer. Malgré tous les traitements pour qu'elle recouvre la santé, les métastases se sont répandues. Le corps de cette jeune fille dans la fleur de l'âge est vite devenu frêle et fragile. Mais son esprit, lui, n'avait rien perdu de sa vivacité. «Le jour de ses 14 ans, elle m'a dit qu'elle ne voulait pas aller plus loin. Elle ne voulait plus maigrir et rester dans un lit. Elle voulait que je l'aide à mourir. Elle avait mûri», se souvient le Dr Senet. «J'en avais alors parlé avec sa mère qui était plus ouverte. Et je l'ai fait.» Aidée du médecin, entourée de ses proches, la jeune fille s'est finalement endormie pour l'éternité. Tout doucement, sans souffrance.
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MessageSujet: Re: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime12.08.13 9:30

Lettre ouverte à : Marie de Hennezel, Jean Léonetti, Bernard Devallois et Jean-Michel Boles

Madame, Messieurs

Lors de la séance publique organisée par la SFAP le jeudi 15 juin à Montpellier, je suis intervenu dans le débat pour vous interroger sur trois cas concrets

Le premier est un patient atteint d’une maladie de Charcot, compliquée de métastases osseuses d’un cancer de la prostate, demandant d’être aidé à partir, au moment où il le décidera, pour éviter la mise en place de techniques qu’il refuse par avance (trachéotomie ou intubation, sonde gastrique, etc..) ; la réponse apportée par Mr Devallois est la possibilité de le laisser se déshydrater, en application de la loi, permettant de considérer l’apport d’eau comme une « obstination déraisonnable ». Il me semble très difficile de proposer au patient et à son entourage « une mort de soif », qui peut intervenir entre trois et neuf jours, selon vos propres dires, sans l’aider activement auparavant, par l’administration de sédatifs abrégeant cette période de souffrance pour tous, même si vous affirmez que mourir dans un état de déshydratation n’est pas particulièrement difficile pour le patient.

Le deuxième cas est celui d’une femme de 103 ans qui voit venir sa dépendance physique et refuse, en dehors de tout état dépressif, et de façon répétée, l’éventualité d’une dépendance psychique dont elle se sent menacée à juste titre. Vous n’avez apporté aucune réponse à cette question : c’est celle de nombreuses personnes âgées qui savent que leur fin proche, qui ont accepté leur mort et ne veulent pas imposer à leur entourage familial ou institutionnel un état de dégradation neuropsychique qu’elles considèrent comme indigne. Peut-on imaginer l’autorisation du suicide assisté, encadré sur tous les plans, médical mais aussi juridique et éthique ? Vous semble-t-il vraiment impossible d’accompagner activement dans la mort une personne âgée, demandeuse, consciente et responsable ?

Le troisième cas est celui d’une femme de 60 ans, dans un coma profond irréversible depuis un an suite à un trauma crânien. Avant son accident elle avait pris ses précautions en rédigeant des directives anticipées, en nommant plusieurs mandataires à l’intérieur et à l’extérieur de sa famille. Ils n’ont actuellement qu’une réponse des responsables du services des cérébro-lésés dans lequel elle se trouve : le médecin et son équipe refusent la « traversée du désert » que lui (ou leur) imposerait l’arrêt de l’hydratation, seule possibilité offerte par la loi Léonetti. Ses mandataires doivent-ils aller jusqu’à une intervention devant la justice pour faire appliquer les volontés de cette femme, conformément au décret de février 2006 de la loi d’avril 2005, ou peuvent-ils espérer une intervention de personnes aussi responsables que vous pour convaincre les soignants.

Lors de ce débat, vous avez reconnu qu’il existait une faille importante dans la loi : la décision d’une discussion collégiale pour obtenir de l’équipe soignante un consensus sur la conduite à tenir émane toujours de la demande d’un médecin et ne peut être déclenchée par l’entourage ou le mandataire (personne de confiance) du patient. Vela confirme la réalité du pouvoir médical ; comme l’a rappelé Mr Boles, un décès sur deux dans un service de réanimation est consécutif à la décision de l’équipe soignante.

J’y vois aussi une autre faille : peut-on accepter l’idée que la mort par déshydratation soit plus humaine que l’aide à mourir active par l’injection d’un produit à forte dose ? Me Devallois a évoqué le chlorure de potassium qu’aurait utilisé le Dr Chaussoy pour aider Vincent Humbert ( en lui faisant « exploser le cœur ») mais il sait pertinemment que nous utilisons le double effet des morphiniques et surtout des benzodiazépines (Hypnovel), ce qui peut éventuellement satisfaire sur le plan intellectuel, mais personne n’est dupe de o’effet du surdosage de tels produits. La plupart des médecins accélèrent le décès plutôt que d’attendre le « dessèchement » de leur patient, comme les bourreaux préféraient étrangler les condamnés au bûcher pour leur éviter un long calvaire. Aux confins entre la dignité des patients et l’humanité des soignants, ne serait-il pas plus clair d’arriver un jour à rédiger un texte encadrant des pratiques connues et acceptéespar la majorité des professionnels, et dont la population nous remercie souvent ?

En espérant de votre part, Madame, Messieurs, une réponse simple et honnête, veuillez croire en mes pensées attentives

Dr Bernard SENET
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MessageSujet: Re: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime12.08.13 9:43


« J'ai aidé au moins 60 patients à mourir »

Dr BERNARD SENET de l'association pour le droit de mourir dans la dignité

Publié le 14.08.2011

Membre actif de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), Bernard Senet est aussi médecin généraliste à l'hôpital de Carpentras (Vaucluse). En 2008, à sa demande, il a aidé à mourir Chantal Sébire, défigurée par un cancer des sinus en phase terminale.

Le rôle d'un médecin est-il d'aider ses patients à mourir?
BERNARD SENET. S'ils sont atteints d'une pathologie irréversible, s'ils le lui demandent, si la famille et l'équipe médicale sont d'accord : oui.

L'aide à mourir, dans certains cas, c'est l'ultime soin que le médecin peut prodiguer à ses patients.

Ce n'est pas ce que dit la loi Leonetti…
Non. Cette loi n'autorise pas le médecin à administrer la mort à son patient mais à le laisser mourir, ce qui est pire. Il y a beaucoup d'hypocrisie là-dedans. Tout le monde sait bien, y compris Jean Leonetti, que, dans ce type de situations certains médecins finissent par pousser la seringue…

Vous-même, avez-vous donné la mort à des patients?
Bien sûr! En trente ans de pratique, j'ai bien dû aider au moins soixante d'entre eux à mourir. Je ne suis pas le seul, d'ailleurs. Tous les médecins dignes de ce nom sont amenés, un jour ou l'autre, à aider des gens à partir. Mais nous sommes très peu nombreux à oser le dire. En ce qui me concerne, j'ai aidé des malades qui étaient lucides, absolument pas dépressifs : simplement décidés à ne pas s'infliger une fin de vie indigne.

Ce faisant, vous enfreigniez la loi!
Je l'assume. C'est malheureusement le seul moyen de la faire évoluer.

Soutenez-vous votre confrère de Bayonne?
Non s'il a agi seul et sans concertation avec le malade ou ses proches. Donner la mort est un geste extrêmement grave. J'ai toujours agi à la demande expresse, réitérée et écrite du malade. Comme cela se pratique, depuis des années, en Belgique, en Suisse ou aux Pays-Bas.
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MessageSujet: Re: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime12.08.13 10:11


Publié le 15 avril 2009 à 09h39 | Mis à jour le 15 avril 2009 à 09h46

Le docteur Bernard Senet plaide pour l'aide active à mourir

Le droit de choisir

Le médecin français Bernard Senet, invité par l'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité (AQDMD), a prononcé hier une conférence sur le rôle du médecin dans l'accompagnement des malades en fin de vie.

Marie-Josée Montminy
Le Nouvelliste

(Trois-Rivières) Qu'on l'appelle euthanasie, suicide assisté ou aide active à mourir, l'idée d'abréger les souffrances des malades qui en expriment la volonté suscite les débats. Dans un contexte où des cas médiatisés alimentent les discussions, le docteur Bernard Senet a partagé hier sa vision du rôle du médecin dans l'accompagnement des malades en fin de vie.

Le docteur Senet est un médecin généraliste du Sud de la France qui pratique les soins palliatifs en milieu hospitalier depuis 1977. Actif au sein de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité en France, il a été invité à prononcer une conférence à l'Université du Québec à Trois-Rivières par l'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité.

Quatre enjeux sont au coeur de l'argumentation du docteur Senet. Premier principe, le médecin ne doit pas négliger le traitement et la prise en charge de la douleur. Le docteur Senet encourage ses collègues à soulager leurs patients en leur fournissant des médicaments susceptibles de faire une différence dans leur perspective.

Le patient dominé par la douleur peut voir son état s'améliorer si on lui procure les médicaments apaisant sa souffrance physique; sa fin de vie peut alors se dérouler plus sereinement.

En second lieu, souscrivant aux valeurs de l'ADMD, le docteur Senet s'oppose à l'acharnement thérapeutique, acharnement qui peut se traduire par plusieurs pratiques allant jusqu'à l'hydratation «forcée» d'un patient.

Le troisième principe prôné par l'ADMD appelle au respect des volontés écrites des patients qui revendiquent le droit de se prévaloir d'une «interruption volontaire de vie» comme les femmes ont maintenant le droit de procéder à une interruption volontaire de grossesse.

«Il faudrait que le citoyen puisse disposer de son corps via ses écrits qui parlent pour lui», souhaite M. Senet en comparant les volontés de fin de vie aux clauses testamentaires prévoyant les dispositions d'héritage.

Enfin, et c'est là le point qui génère le plus de controverse, le docteur Senet plaide pour l'autorisation d'aider activement un patient à mourir, à sa demande. «En France comme ailleurs, ça bloque pour obtenir cette dernière étape dans le respect des volontés des citoyens», fait-il remarquer.

«Pourquoi on demande cette capacité d'aide? Parce que ça se fait. Des médecins le font mais ne le disent pas pour ne pas aller en prison! Le fait que ce soit pratiqué et pas dit, ça ne va pas, dans une société démocratique et transparente», commente le médecin de 60 ans.

Cette autorisation des médecins à accélérer la mort des patients qui le demandent passe par la décriminalisation du geste. M. Senet rappelle que des pays comme les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark, le Luxembourg ainsi que les États de l'Oregon et de Washington ont déjà légalisé la pratique.

«Aux Pays-Bas, où on a plus de recul, on n'a pas vu d'inflation du taux de décès. On n'a pas vu non plus de conflits ou d'opposition au sein du corps professionnel», témoigne le médecin.

Ouvert aux arguments de membres de son auditoire moins à l'aise avec le concept de l'aide active à la mort, le docteur Senet a insisté sur la primauté de la volonté du patient. «Jusqu'à quel point une période de fin de vie n'est-elle pas une période de vie? a demandé une intervenante à la Maison Albatros. «Oui, mais le citoyen a le droit d'abréger cette période», a rétorqué le conférencier.

L'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité a été fondée en 2007, et sa section mauricienne est née il y a un an. La conférence du docteur Senet s'est insérée dans la programmation des dîners gérontologiques mensuels du Laboratoire de gérontologie de l'UQTR.
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Le combat du docteur Senet

Le Point - Publié le 24/01/2007 à 16:52


La cinquantaine entamée depuis un an, une femme avec laquelle il se dit « marié à l'ancienne », une maison, quatre grands enfants, un cabinet de médecin généraliste et une ligne de téléphone qu'il fait basculer le soir. Il dîne tard, consultations et visites à domicile achevées, s'octroie un bref bavardage conjugal suivi de deux cafés brûlants, puis repart en réunion. Bernard Senet est médecin de campagne à L'Isle-sur-la-Sorgue. Il passe ses journées « entre angine et certificat d'aptitude au sport », prend des pouls, tâte des fronts fiévreux, rassure des bambins à l'heure du vaccin.
Né dans une famille ouvrière de la région parisienne, il est passé par le PSU, a joué des coudes aux manifs pour les droits de l'homme, nombreuses à l'époque de ses années de carabin. Installé dans le Vaucluse, « pour raisons conjugales », Bernard Senet a continué l'activisme militant. Côté soins de l'homme. Il préside une association de lutte contre la maladie d'Alzheimer, anime des stages sur la douleur, installe un service de soins infirmiers à domicile, ouvre une association d'auxiliaires de vie, organise quelques débats sur les soins palliatifs. Le docteur est infatigable. « C'est vrai que je ne suis pas manchot en politique et en associatif. » Pas manchot, et pas muet.
Bernard Senet reconnaît - sans se réfugier derrière un confortable anonymat - pratiquer l'euthanasie « une ou deux fois par an ». Dans sa clientèle, banale clientèle, des cancers incurables, des maladies neurologiques dégradantes, des scléroses en plaques, des maladies de Charcot, « des choses qui ne vous laissent pas très beau à la fin, raconte-t-il, et moi, je réponds aux questions de mes malades, ce qui implique de dire la mort, la vérité et mon incapacité à tout guérir ». La première fois, ce fut une très jeune fille. Une gamine du coin, qu'il nomme encore par son prénom. A 16 ans, J... agonise d'un cancer, et ses parents, impuissants, lui tiennent la main pendant qu'elle se consume. Elle a demandé au docteur Senet de l'aider à en finir. « Cette gamine, je la connaissais depuis toujours, depuis la première seconde de son diagnostic. J'ai beaucoup, beaucoup parlé avec elle, avec ses parents, nous avons cheminé, et un jour, oui, je l'ai aidée à mourir. »
Bernard Senet refuse catégoriquement de pratiquer l'euthanasie à l'hôpital où il travaille quelques heures par semaine. « Non qu'on ne me le demande pas, mais ce sont des patients que je ne connais pas. Or l'euthanasie ne peut être donnée que lorsqu'on a suivi intimement ses patients. » Dans le privé, donc, il l'a fait. Et le fait encore. « Je suis là pour offrir toutes les possibilités aux malades, dont celle de mourir dignement, car crever d'un cancer ORL qui vous fait cracher du pus et vous achève par une hémorragie générale, c'est indigne. » Bernard Senet est un partisan convaincu des soins palliatifs, « même si ces soins soulagent neuf patients sur dix, il reste un malade, un malade qui n'en peut plus, n'en veut plus ». Le médecin prend toujours du temps pour évaluer la demande, s'assurer que telle est la volonté personnelle et déterminée du patient, et que son entourage partage ce souhait. « J'ai eu un patient, un boulanger, qui mourait d'un cancer. La chimiothérapie ne pouvait plus rien. Il me demandait instamment d'en finir, mais je sentais que sa femme, qui l'adorait, ne pouvait se résoudre à le laisser partir. Alors, j'ai insisté pour qu'ils discutent entre eux, qu'ils s'accordent. » Son patient est mort sans y avoir été aidé.
Bernard Senet ne se couvre pas juridiquement. « Je n'ai que quelques lettres, laissées par certains, mais elles n'ont aucune valeur légale. Je ne suis pas protégé, je suis seul dans mon coin ; mais, à ce jour, aucune famille ne m'a adressé de reproche », dit-il. A-t-il peur du Conseil de l'ordre ? « La dernière fois que j'en ai entendu parler, c'est parce qu'ils me reprochaient de prescrire trop d'antalgiques [médicaments antidouleur]. Alors qu'ils viennent donc, et je leur dirai la douleur, les cris, l'agonie. C'est trop facile d'interdire sans écouter. » Ses confrères ? « Beaucoup ne pratiquent pas l'euthanasie. Ils repoussent le problème. Lorsqu'un de leurs malades est incurable, ils l'envoient à l'hôpital, pour que cela se finisse là-bas. » Loin de chez eux, de leur lit, de leur famille. Pour donner la mort douce, Bernard Senet peine parfois à trouver les produits adéquats. Alors, il s'arrange. Avec un préparateur en pharmacie, qui met plus de morphine qu'il n'en faudrait dans la fiole. Avec les pompiers, qu'il accompagne sur des interventions urgentes, et dont la pharmacie contient une substance pour les grands accidentés de la route ou les grands brûlés. Une substance qui, à fortes doses, permet de s'endormir pour toujours. Parfois, il se sert un peu à l'hôpital. « Mon pouvoir, c'est de redonner le pouvoir aux patients, de leur donner la liberté soit de continuer en étant soignés autant qu'il est possible, soit d'en finir dignement. » Bernard Senet aime beaucoup le mot « dignité ». Dans le gros bourg du sud de la France où il exerce depuis un quart de siècle, la vie, comme ailleurs, passe. Et puis s'en va. E. L.
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MessageSujet: Re: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime12.08.13 10:53

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MessageSujet: Re: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime12.08.13 10:56

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MessageSujet: Re: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime12.08.13 11:02

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MessageSujet: Re: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime21.11.13 11:32

Voici la lettre que j’ai envoyée en février 2013 aux parlementaires :


LETTRE OUVERTE AUX PARLEMENTAIRES


Madame, Monsieur le (la) sénateur(trice),
Madame, Monsieur le (la) député(e),

Le gouvernement va d'ici quelques semaines vous proposer d'adopter une nouvelle loi sur l'accompagnement des personnes en fin de vie, loi de laquelle le mot « euthanasie » sera sans doute absent. Depuis la remise du « rapport Sicard » et suite aux écrits de proches du président Hollande, dont son chef de cabinet, il apparaît que c'est seul le suicide médicalement assisté qu'il vous sera proposé de légaliser, (ou décriminaliser ?).

La récente déclaration du conseil national de l'ordre des médecins concernant la sédation met fin à un déni, mais elle n'a rien d'une ouverture. Depuis longtemps, les médecins qui pratiquent un arrêt de traitement l'accompagnent d'une sédation en espérant que le patient décède sans ressentir le manque (soif, faim, douleur, asphyxie...). C'est au contraire une fermeture à l'éventuelle volonté d'un malade condamné de vouloir partir quand il le veut avec l'aide d'un médecin. Ce qui doit être légalisé est bien le droit d'aider une personne à mourir, soit en lui procurant de quoi mettre fin à ses jours, soit en l'aidant par l'administration de produits assurant une mort douce, c'est la définition de l'euthanasie.

Si vous votez une loi limitée au seul suicide médicalement assisté, les malades n'étant pas assurés d'être aidés s'ils ne peuvent le pratiquer eux-mêmes, envisageront un suicide anticipé. Vous auriez alors satisfait le désir des représentants des médecins de ne pas s'impliquer jusqu'au bout dans l'accompagnement des patients. Vous seriez alors à l'origine de suicides dus à la légalisation de la démission d'une partie du corps médical face à la mort.

Comme vous le savez, des pays voisins ont légalisé l'euthanasie en l'encadrant pour éviter les dérives. Les chiffres montrent que cela concerne entre 1,5 et 1,7 % des décès (ce qui représenterait environ 10 000 par an en France sur 550 000 décès). Les études étrangères montrent que les patients qui savent que leurs directives anticipées de fin de vie seront respectées, y compris l'aide à mourir, vivent mieux et plus longtemps car leur confiance dans le corps médical est meilleure; la dignité et la sérénité sont alors présentes. Vous savez aussi que l'euthanasie est pratiquée clandestinement en France, avec les risques d'abus, avec la sélection par le niveau socio-culturel, avec les séquelles en cas d'échec et avec le manque de soutien pour l'entourage tenu au secret.

Voter une loi incomplète, c'est encourager l'inégalité devant le mourir et c'est aggraver la défiance des patients envers leurs soignants.

En me tenant à votre disposition pour plus de précisions, veuillez croire, Madame, Monsieur, en mes sentiments les plus républicains,

Dr Bernard SENET
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MessageSujet: Re: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime21.11.13 11:39

CLAP  DANCE  JOY  KING  HEART2 
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MessageSujet: Re: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime03.01.15 16:25


Docteur Bernard Senet : "Certains malades en fin de vie m'ont demandé d'abréger leur vie ; je les ai aidés."

Fin de vie : "Comme médecin généraliste, j'ai accompagné de nombreux patients dans leur combat contre des maladies graves y compris quand il n'y avait plus d'espoir de guérison."

Docteur Bernard Senet : "Certains malades en fin de vie m'ont demandé d'abréger leur vie ; je les ai aidés."

Certains m'ont demandé d'abréger leur vie car ils (elles) avaient atteint un état qu'ils ne pouvaient plus supporter ; je les ai aidés.
Comme médecin de soins palliatifs dans un hôpital local, j'ai vu arriver des patients dont les douleurs étaient mal prises en charge. Après mise en place d'un traitement, la grande majorité était soulagées. Certains, impossibles à soulager sans sédation ou depuis longtemps décidés à ne pas dépasser certaines limites, nous demandaient de les aider. En l'absence de loi et pour ne faire courir aucun risque à l'équipe, nous n'avons pu que les "endormir".
Comme étudiant en médecine, j'ai pratiqué des IVG avant la loi et aidé des patients avec le "cocktail lytique" (DLP), parfois sous la pression des soignants et sans l'accord éclairé du patient. L'aide médicalisée à mourir est une réalité, elle est issue de notre humanisme.
Une loi est indispensable pour protéger les citoyens et les médecins, dans le respect de la volonté de chacun et avec l'aide, si besoin, d'un médecin.

Docteur Bernard SENET
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MessageSujet: Re: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime03.01.15 16:38

Dolosal + Largactil +. Phénergan (DLP )

actuellement, ce serait Morphine + Hypnovel ( en France )

mon commentaire =

bizarre, comme cocktail lytique, cela me semble relever du palliatif !

A mon avis, ils ne le diront pas, ils ne l'écriront pas, mais ils ont pratiqué l'injection de chlorure de potassium ( qui provoque l'arrêt cardiaque ), après avoir fait une petite sédation
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MessageSujet: Re: Docteur Bernard Senet   Docteur Bernard Senet Icon_minitime19.02.15 10:02

Interview exclusive : Bernard Senet, médecin qui pratique l'euthanasie en France


La fin de vie reste une question de société très controversée en France. Depuis l’adoption de la loi Leonetti de 2005, les associations se mobilisent pour faire évoluer la loi mais le sujet reste tabou et les parlementaires sont divisés. Dimanche 25 janvier, le mouvement « Soulager mais pas tuer » rassemblant plusieurs associations anti-euthanasie a manifesté à Paris pour s’insurger contre toute évolution de la loi. Quelques jours plus tard, le 29 janvier, l’Assemblée Nationale rejetait la proposition de loi de Véronique Massonneau, députée EELV, souhaitant une légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Pourtant, près de 90 % des Français seraient favorables à l'euthanasie, dans les cas rares et médiatisés des personnes en état végétatif, selon un sondage du Parisien/Aujourd’hui en France réalisé en Novembre 2014. Actuellement, les directives anticipées, cette lettre manuscrite dans laquelle toute personne majeure et en pleine conscience peut exprimer ses souhaits quant à sa fin de vie, ne sont pas toujours respectées par le médecin. Dans les faits, il peut aller à l’encontre de la volonté du patient. Cependant, les députés devraient étudier en mars la proposition de loi d’Alain Claeys et de Jean Leonetti. Ces derniers ont rendu un rapport sur la fin de vie le 12 décembre dernier et ont obtenu le soutien du Président de la République. Ils souhaitent aboutir à un droit à une sédation « profonde et continue » et rendre les directives anticipées opposables, ce qui contraindrait les médecins à respecter la volonté du patient.


Bernard Senet, médecin généraliste retraité et membre de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) se bat pour faire avancer le débat.


Chloé Marriault (Modern-Paper) : Que pensez-vous de la législation actuelle ?


Bernard Senet : La législation actuelle est largement insuffisante. La loi de 2002 relative aux droits des malades a été incomplètement décrétée puisque la volonté d'être aidé à mourir n'y est pas clairement écrite. Kouchner, ministre de la santé à l’époque, s'était heurté aux députés médecins et avait dû faire marche arrière. Le volet « accès au dossier médical » avait alors prévalu sur les directives anticipées et la personne de confiance. La loi de 2005 a fait marche arrière en disant que les directives anticipées étaient respectables sous réserve de l'accord médical, ce même texte excluant totalement l'euthanasie. Cette loi introduisait la notion d'obstination déraisonnable et le droit du refus d'acharnement thérapeutique, ce qui prouve que la loi de 2002 était peu appliquée. La loi de 2005 est très mal connue (hier un responsable de soins palliatifs d'Angers m'a dit qu'il allait la relire à propos d'une situation que je défendais !). Ceux qui la respectent acceptent de cesser l'apport alimentaire et hydrique et pratiquent une sédation pour que le patient ne meure pas de soif les yeux ouverts. D'ailleurs, même dans le coma, on ignore ce qu'ils peuvent ressentir. On devrait légaliser l'aide médicalisée à mourrir, le suicide assisté ou l’euthanasie selon la capacité du patient à déglutir, ou l’IVV (interruption volontaire de la vie en référence à l’IVG, ndlr). Ainsi, chacun saurait que ses volontés seront respectées et les médecins pourraient accompagner les rares malades qui le leur demandent sans risque de poursuites judiciaires.


Modern-Paper : Vous avez aidé une cinquantaine de personnes à mourir. Pourquoi avez-vous décidé de rendre cela public ?


Bernard Senet : Ma décision est consécutive à l'aide que j'ai apportée à une jeune fille de 14 ans atteinte d'un cancer très évolutif. Elle était demandeuse et les parents d'accord, cela m'a fait prendre conscience de la nécessité d'une loi. J’avais auparavant déjà participé à des euthanasies en milieu hospitalier en tant qu’étudiant, avec le "cocktail lytique DLP", que tous les médecins connaissent. La première fois, je l'ai dit dans une émission de Mireille Dumas "Bas les masques" dans les années 90. A l'époque, c'était Henri Caillavet, le porteur de la loi sur le don d'organe, qui bataillait au Sénat pour faire avancer la loi. Ce serait présomptueux de dire que cela a fait avancer les choses puisque presque rien n'a changé. Cependant, l’opinion publique n'a pas cessé d'évoluer en faveur d'une loi, notamment à l'occasion d’affaires médiatisées (Vincent Imbert, Chantal Sébire, le couple Quillot, etc..). Dans le corps médical, beaucoup me témoignent de la reconnaissance de le dire mais peu me rejoignent dans les médias. Par contre, de plus en plus de soignants signent des pétitions affirmant avoir aidé des patients.


Modern-Paper : Dans quels cas pouvez-vous décider de pratiquer une euthanasie ?


Bernard Senet : L'aide à mourir s'applique si le patient en a fait la demande écrite et répétée, et s’il persiste dans sa décision. S’il n’est plus en mesure d’exprimer sa volonté, la personne de confiance antérieurement nommée doit le demander à sa place (pas de personne de confiance de dernier moment, qui pourrait avoir un intérêt affectif pour que cesse une souffrance, ou pire vènal). Il faut qu'il présente une maladie évolutive incurable ou un état stable de dépendance rendant sa vie insupportable. Si le patient est inconscient et n'a pas de directives anticipées, c'est plus compliqué (on le voit avec le cas de Vincent Lambert par exemple), sauf si on obtient un accord de toute la famille sur ses volontés antérieures. C’est pour cette raison qu'il faut généraliser la rédaction des directives anticipées, d'autant que cela ne fait pas mourir. Dans certains cas, les gens sont même plus confiants et se battent mieux. Actuellement, des aides actives sont pratiquées mais leur clandestinité ouvre la porte à toutes dérives. En pratique, la majorité des médecins sont consciencieux et agissent en s'entourant d'un maximum de précautions, mais beaucoup reculent devant le risque juridique et laissent des patients souffrir.


Modern-Paper : Quelles solutions ont les médecins pour pouvoir donner la mort de la meilleure façon possible ?


Bernard Senet : Si le patient est hospitalisé, la sédation dite terminale est pratiquée avec de l'Hypnovel; c'est un hypnotique et un sédatif à action rapide aussi utilisée en anesthésie, notamment dans les analgésies de courte durée. En augmentant les doses, on obtient un coma puis un décès par arrêt respiratoire; cela semble très confortable pour le patient et son entourage s'il est présent. En ville, ce produit a été supprimé des pharmacies en Décembre 2005 (année de la loi Léonetti), il n'y a pas de hasard ! Du coup, il faut bricoler avec d'autres benzodiaépines comme le valium. Certains endorment puis injectent du chlorure de potassium qui agit sur le coeur, c'est très imprécis et stressant. De toute façon, c'est un geste qui marque, même s'il est toujours fait dans les règles éthiques.


Modern-Paper : Cela se passe t-il à l'hôpital ou à leur domicile ?


Bernard Senet : Quand le service hospitalier reste sourd aux demandes, certains patients, avec l'aide de leur famille et du généraliste, reviennent chez eux pour être accompagnés; c'est toujours compliqué car clandestin, avec les risques de dénonciation ou pire d'échec. Aux Pays-Bas et en Belgique, les médecins sont accompagnés d'un deuxième médecin, qui peut participer au geste, qui le cautionne de toute façon. Ils disposent de ce qu'il faut, donc des barbituriques et du curare.


Modern-Paper : Cela peut-il aboutir à des problèmes au niveau législatif ?


Bernard Senet : Oui, bien entendu. Soit la personne se suicide, et les autorités peuvent tout de même rechercher qui lui a procuré le produit, soit il y a eu injection, donc il reste des traces. Peu d'enquêtes ont lieu car les personnes sont souvent bien entourées. Elles font en sorte que le médecin qui signe le décès soit informé et discret ou que la mort naturelle soit très probable, ce qui est le cas pour les maladies évolutives. Cela veut dire que les personnes isolées ou mal entourées sont plus démunies devant la mort. Les plus riches partent, eux, en Suisse... Une loi redonnerait aussi une certaine égalité devant la mort.


Modern-Paper : Selon vous, est-ce acceptable d'aider des patients qui souhaitent mourir mais qui ne sont pas en situation de fin de vie, ou de phase terminale d’une maladie incurable ?


Bernard Senet : Dans les pays qui ont autorisé l’euthanasie ou le suicide assisté, les débats continuent autour de la question de la souffrance psychique. La schizophrénie, les pathologies dissociatives (PMD), les psychoses, la déréalisation ou encore le trouble dissociatif de l’identité sont parfois très difficiles à supporter, pas les syndromes dépressifs réactionnels. En pratique, l'avis d'un ou deux psychiatres est toujours requis. Certaines personnes âgées veulent partir car elles ressentent leur vie comme ralentie et inutile. Il y a aussi l'Alzheimer, le problème des mineurs (cf mon premier cas) et les nouveaux nés polymalformés. C'est un débat de société dont les citoyens doivent s'emparer pour que les médecins ne soient pas les seuls à décider, même s'ils ont les compétences techniques. Comme pour la GPA, il faut trouver la limite entre liberté individuelle et risque de dérives vers des idéologies totalitaires: "euthanasie=nazis" m'a souvent été dit !


Modern-Paper : Pensez-vous que tous les médecins devraient tous être en mesure d'aider leurs patients jusqu'à la mort ?


Bernard Senet : Les médecins devraient être mieux formés à accepter que leurs patients meurent. Il y a un véritable problème de la toute puissance médicale. On devrait aussi leur apprendre à respecter les volontés des malades en les accompagnant dans la vérité de leur maladie (il n'y a pas que des "petites boules"), de leur gravité et de leur évolution. Cela permettrait certainement d’accroître la confiance envers les soignants. Si les médecins se sentent incompétents, ils devraient pouvoir être capables de déléguer la tâche à un autre médecin. Les médecins devraient aussi être formés à bien savoir utiliser les antalgiques ainsi que les produits de sédation, éventuellement pour aider à partir. Actuellement, c’est loin d’être le cas.
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