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 Pourquoi le débat sur l'euthanasie persiste?

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Pourquoi le débat sur l'euthanasie persiste?
Par Solène Godin, publié le 07/06/2012 à 09:35
L'Express


EUTHANASIE - Alors que le gouvernement se refuse à employer le terme "euthanasie", un sondage révéle que 91% des Français seraient favorables au "suicide assisté".

AFP
Entre pro et anti-euthanasie, la question du "suicide assisté" continu d'agiter les consciences. Pourtant une loi encadrant la fin de vie existe déjà en France. Pourquoi l'euthanasie est toujours discutée? Quels arguments animent le débat?  

Le mot "euthanasie" fait peur. Et cette pratique demeure controversée. Lundi, Jean-Marc Ayrault indiquait vouloir renforcer la loi sur les soins palliatifs mais se refusait à employer le terme "euthanasie". Pourtant, un sondage d'Harris Interactive révéle que 91% des Français approuvent l'idée de la légalisation de cette pratique, ce que réclame depuis des années l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).  

Il existe déjà un texte sur la fin de vie. C'est la loi de 2005, dite Leonetti, du nom de son initiateur, le député UMP Jean Leonetti. Elle garantit le droit à l'accès aux soins palliatifs et l'interdiction de l'acharnement thérapeutique. Si cette loi répond à la demande des personnes en fin de vie, elle n'ouvre pas la voie au "suicide assisté". Ce procédé, déjà autorisé aux Pays-Bas, en Belgique ou encore en Suisse, est, selon les associations de défense de l'euthanasie active, déjà appliqué en France mais illégalement.  

"Mettre fin à l'hypocrisie ambiante"

L'objectif d'un nouveau texte de loi serait donc de respecter la volonté de certains malades de mourir. "Le principe d'euthanasie est une réponse complète aux différents choix des malades, estime Jean-Luc Romero, président de l'ADMD. D'une part, parce qu'il mettrait fin à l'hypocrisie ambiante en faisant sortir de la clandestinité les malades et leurs proches qui pratiquent l'euthanasie; d'autre part, parce que ce procédé respecterait la volonté des malades et primerait sur l'avis des médecins."  

Comment expliquer cette réticence à pratiquer l'euthanasie? Pour le Dr Vinant, responsable de l'unité de soins palliatifs de l'Hôtel Dieu à Paris, le problème en France ne relève pas tant d'un corps médical réfractaire mais d'un réel manque d'intégration de la culture palliative chez certains praticiens. "Loi ou pas, la société occidentale et sa médecine restent centrées sur les soins curatifs. Ainsi, certains médecins manquent encore de connaissances sur les soins palliatifs. La loi Leonetti est suffisante dans sa conception de l'accompagnement en fin de vie. Il faut lui laisser le temps de se mettre en place", analyse-t-elle.  

Pour Jean Leonetti, la loi de 2005 permet déjà une plus grande souplesse. "Depuis l'amendement de 2008, ce texte prévoit pour les médecins l'obligation de prendre connaissance des directives anticipées de leurs patients et de justifier en collégialité du refus de les mettre en oeuvre", explique le député. Et d'ajouter que la loi offre une grande possibilité de choix pour les patients.  

Pour le Dr Vinant, la question est de savoir si la société autorise ou non les médecins à donner la mort ou si elle privilégie un accompagnement de la fin de vie. Il s'agit donc plus d'une question de philosophie que pûrement médicale. Selon elle, la problématique de l'euthanasie ne doit donc pas seulement se poser à l'échelle de l'individu, mais à celle de la société toute entière. D'où le débat sur la mise en place d'une loi autorisant sur l'euthanasie active.  

L'absence de choix pour les malades qui ne sont pas en phase terminale

Quid des patients atteints d'une maladie incurable et qui ne sont pas en phase terminale? Ils ne peuvent pas bénéficier de la loi Leonetti. Sur ce point, "certains médecins ont une vision arbitraire, estime le président de l'ADMD, mais la majorité des praticiens demeurent favorables à l'euthanasie, qui garantit une protection des malades et de leur entourage". Chaque année, des personnes en fin de vie font appel à des associations suisses pour mourir, rappelle Jean-Luc Romero. "C'est terrible d'être obligé de fuir son pays pour mourir et ce n'est pas sans rappeler les femmes qui partaient avorter à l'étranger avant que la loi ne l'autorise en France", souligne-t-il encore.  

Mais la pratique de l'euthanasie pourrait entraîner des dérives, met en garde Jean Leonetti. Le député affirme "qu'aux Pays-Bas et en Belgique, 30% des personnes euthanasiées l'auraient été sans l'avoir demandé dans des directives anticipées". Et d'ajouter qu'en Suisse, quelques personnes y ont recours 'sans être atteints d'une maladie incurable". Des affirmations qui rappellent le cas français du Dr Bonnemaison, à Bayonne, poursuivi pour l'empoisonnement de quatre personnes après leur arrivée aux urgences et diagnostiquées en fin de vie.  

Légalisation ou pas, la loi Leonetti sera certainement amendée sous le quinquennat de François Hollande. Le Premier ministre a annoncé lundi l'intention du gouvernement de modifier le texte afin que "toute personne majeure en phase avancée ou terminale d'une maladie incurable puisse demander dans certaines conditions une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité". Mais il ne s'agira pas de "suicide assisté", a précisé Jean-Marc Ayrault.
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Fin de vie, pourquoi une nouvelle loi

LE MONDE | 05.01.2013 à 15h32Par Laetitia Clavreul (Service Société)

Drôle de journée que celle qui a vu, le 18 décembre, le Pr Didier Sicard, président d'honneur du Comité consultatif national d'éthique, remettre au chef de l'Etat, François Hollande, son rapport sur la fin de vie, dans lequel il ne jugeait pas souhaitable de légiférer de nouveau sur la question, et dans la foulée l'Elysée annoncer un projet de loi en juin. Le même jour, le Comité consultatif national d'éthique a été saisi sur trois points : les directives anticipées, le moyen de rendre les derniers instants d'un patient "plus dignes" et, plus inattendu, le suicide assisté.


L'"incohérence" entre les préconisations du rapport et la volonté de l'Elysée a été immédiatement relevée par le député UMP Jean Leonetti, toujours prompt à défendre la loi votée en 2005, qui porte son nom. Le Pr Sicard se montrait néanmoins critique envers le principe du "laisser mourir" qu'elle a instauré. Car ce qu'il a constaté, au travers des débats publics organisés par la mission qu'il présidait et des sondages, c'est l'angoisse des Français, malgré la loi actuelle, de vivre des instants insupportables à l'extrême fin de leur vie.

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Alors, pour les rassurer, faut-il ou non légiférer ? Le débat est lancé. La mission Sicard ne le juge pas nécessaire. Elle s'est prononcée contre la notion d'euthanasie telle qu'entendue en Belgique ou aux Pays-Bas, qui consiste à provoquer par injection de barbituriques une mort quasi soudaine. Elle n'a pas recommandé le suicide assisté, mais a tenu à indiquer, si le législateur décidait de l'autoriser, que l'Etat devrait assumer ses responsabilités et ne pas laisser le soin à une association de s'en charger. "La priorité est de changer de regard sur la fin de vie, et de la penser solidairement", estime M. Sicard, plutôt que de répondre par la loi à des revendications "sources de clivages dans la société". D'autant que les demandes d'euthanasie ou de suicide assisté là où ils sont dépénalisés sont restées rares.

La mission estime cependant qu'il faut aller plus loin, par le biais de la sédation terminale. "Lorsqu'une personne en situation de fin de vie (...) demande expressément à interrompre tout traitement (...), il serait cruel de la "laisser mourir" ou de la "laisser vivre" sans lui apporter la possibilité d'un geste accompli par un médecin, accélérant la survenue de la mort", souligne le rapport. "Dans son application actuelle, la loi Leonetti peut exclure la possibilité d'une sédation terminale lucide à la demande du malade", estime le professeur.

L'idée qu'il défend est donc de demander un changement de pratique des médecins pour garantir l'écoute des patients. Et, concrètement, pour les personnes atteintes de maladie grave et incurable, et après avis collégial, de permettre une mort en quelques heures, après endormissement, et non plus en quelques jours comme cela peut être le cas.

Pour lui cependant, une simple modification du code de déontologie, le médecin obéissant au précepte de ne pas tuer, permettrait de poser un cadre. Pas besoin d'une clause de conscience que le médecin pourrait opposer, c'est la définition de "bonnes pratiques médicales" appliquées par l'ensemble des praticiens qu'il prône.

Les mots qui pourraient fâcher ne sont pas prononcés. Dans le rapport, pas d'"aide active à mourir", pas plus d'"assistance médicalisée à mourir dans la dignité" - les termes de l'engagement 21 du candidat Hollande -, même si cela y ressemble fortement. Pas question non plus de "donner" la mort, juste de l'"accélérer".

Les médecins n'ont pu se montrer mécontents. "Il n'est pas sûr qu'il faille modifier la loi, il suffit de l'appliquer", explique ainsi Vincent Morel, président de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs. Il se dit néanmoins ouvert au débat lancé par M. Hollande, notamment sur le suicide assisté. Une solution qui pourrait, de fait, davantage satisfaire les médecins, puisque c'est le patient qui accomplit l'acte.

Mais la subtilité indispensable aux soignants est-elle compréhensible par les Français ? On peut en douter. La loi Leonetti, toujours mal connue, en est d'ailleurs la preuve. "Il ne faut pas s'abriter derrière des mots, si l'on veut avancer sur cette question de la mort, il faut tenir un langage de clarté et de vérité", reconnaît-on dans l'entourage du président. Autrement dit, par la loi, permettre que les médecins sachent clairement ce qu'ils sont autorisés à faire, que le geste létal ne soit pas pénalisé et qu'une légitime clause de conscience soit opposable. La clarté a cependant des limites, puisque le mot "euthanasie" reste proscrit, ce qui a été reproché à M. Hollande pendant la campagne, et que l'Elysée parle d'"assistance dans la volonté de mettre soi-même un terme à sa vie", mais pas de suicide assisté.

"Il paraît peu probable de faire l'économie d'une loi. Car la loi Leonetti s'inscrivant dans le cadre de l'irresponsabilité pénale, son extension d'application mérite une adhésion de la société au travers du Parlement", juge aussi Denis Berthiau, maître de conférences en droit de la biomédecine (Paris-Descartes). "Les droits du patient viennent de la loi, rappelle pour sa part le sociologue Philippe Bataille. Une reconnaissance du droit à mourir serait plus claire, sans que cela doive déboucher sur une loi euthanasique."

Légiférer, et donc engager un débat public, en tout cas, aurait l'intérêt d'associer pleinement les Français, quand la définition de bonnes pratiques par les médecins et pour les médecins les exclurait. Un reproche déjà fait à la loi Leonetti, qu'ils perçoivent comme faite pour les médecins.

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