"Les Infiltrés" : la sphère politique bordelaise en ébullition Sur Internet, la gauche bordelaise s'indigne et demande aux autorités locales et nationales une réponse aux problèmes soulevés par le reportage sur les traditionalistes de la villeUne semaine après la diffusion du reportage "
A l'extrême droite du Père" sur France 2, l'opposition bordelaise est en émoi. Sur Internet, elle multiplie
critiques et remises en question de la politique menée par Alain Juppé ces dernières années à propos de l'église Saint-Eloi.
Michèle Delaunay, députée PS de la 2ème circonscription de Bordeaux depuis 2007, s'étonne elle-même du nombre de billets (cinq) qu'elle a consacré à l'affaire depuis le 28 avril. Elle se rappelle ce conseil municipal du 28 janvier 2002 (
lire la convention de mise à disposition) où, avec Gilles Savary, elle s'était
opposée à la dévolution de l'église Saint-Eloi aux traditionalistes:
"Alors conseillère municipale, j'ai partagé avec Gilles Savary une réelle indignation à l'occasion de la dévolution de l'Eglise Saint Eloi aux traditionalistes, alors excommuniés. Et ceci pour deux raisons :
- la Municipalité nous a présenté une délibération ou, sciemment, les mots "association culturelle" étaient utilisés à la place d' "association cultuelle". Il y avait clairement
volonté de cacher.
- l'église Saint Eloi n'était pas désaffectée (officiellement rendue à un usage laïc), ce que le Préfet d'alors n'a pas voulu dans un premier temps attester. L'évêque de Bordeaux était d'ailleurs
opposé à ce transfert.
Le problème n'est plus exactement le même. La coïncidence de lieu entre les salles de réunion du groupuscule Dies Irae et l'église Saint Eloi ne peut être tolérée."
La députée met ensuite en ligne
deux lettres, envoyées à l'Archevêque de Bordeaux et au préfet de la Gironde pour déterminer si les locaux de Dies Irae sont bien contigus à ceux de Saint-Eloi. Si c'est le cas, elle demande qu'une
action en justice soit entreprise par les Autorités.
Après un billet demandant un contrôle plus effectif sur l'
école Saint-Projet, elle se repose la question de l'installation des traditionalistes : "La première question est de savoir pourquoi en 2002, alors que les intégristes de Mgr Lefèvre étaient en dehors de l'église catholique, Alain Juppé leur a attribué une église non désaffectée contre l'avis de l'Archevèque de Bordeaux ; pourquoi, après 3 jugements, le dernier issu du conseil d'Etat déclarant cette dévolution illégale, l'exécution de la décision de justice n'a jamais été demandée par le Ministre de l'intérieur d'alors (Nicolas Sarkozy) et pourquoi, depuis lors,
aucune vigilance n'a été exercée sur les agissements, rassemblements, propos, dans la proximité de cette église." (
lire le jugement du tribunal administratif)
Gilles Savary, vice-président PS du conseil général de la Gironde depuis mars 2004, confie le 27 avril : " L'émission "Les infitrés" de ce soir n'a pas dû être de tout repos pour son producteur ces derniers jours. Sans doute ne soupçonnait-il pas que l'infiltration d'un groupuscule d'intégristes catholiques bordelais, Dies Irae, le mènerait à
une obscure affaire d'Etat." Et de continuer à propos des recours administratifs qu'il avait lancé, avec le concours de Mgr Ricard, l'archevêque : " Alain juppé refusait d'appliquer la décision de justice, le préfet se refusait à se substituer à la défaillance municipale. Alors j'en saisissais par courrier le Premier Ministre de l'époque Jean-Pierre Rafarin et surtout son ministre de l'Intérieur seul à même de réquérrir la force publique pour récupérer l'église usurpée, un certain..Nicolas Sarkozy. Rien n'y fit: par un incroyable et granitique déni de Droit, la majorité politique nationale persistait à installer illégalement un intégrisme religieux connu et patenté dans un édifice municipal brutalement soustrait à l'église catholique romaine.
L'homme politique
s'indigne ensuite de la censure effectuée par France 2 sur son témoignage à propos de la dévolution de l'église Saint-Eloi aux traditionalistes. Pour demander le 1er mai,
une commission d'enquête parlementaire sur Dies Irae, justifiant : "Si la République est conséquente, elle doit constituer une Commission d'enquête Parlementaire sur Dies Irae, précisémment pour
séparer le bon grain de l'ivraie et prononcer la dissolution de ce mouvement, comme elle l'avait fait, dans un autre registre, de l'officine gaulliste du SAC en 1981, après la tuerie d'Auriol."
Mathieu Rouveyre, conseiller municipal PS de Bordeaux depuis octobre 2006, propose des alternatives au maire de la ville : "Dans la mesure où la délibération du 28 janvier 2002 a été annulée par la justice administrative, la convention en annexe qui règlementait l'octroi aux extrémistes est également caduque. En conséquence, l'occupation de l'église est illégale et le Maire de Bordeaux
peut demander son évacuation (avec l'accord de l'Église catholique puisque la désaffectation n'a pas été reconnue). Si l'Église catholique refusait de le suivre, il a également l'opportunité d'
user de son pouvoir de police en vertu duquel il doit prévenir ou faire cesser les atteintes à l'ordre public. S'il décidait de rester droit dans ses bottes en refusant de prendre cette disposition, il finira de convaincre les plus sceptiques de son attachement à l'enracinement de cette dangereuse mouvance dans notre ville.
L'homme vient d'ailleurs de créer un
Comité de vigilance contre l'intégrisme à Bordeaux sur Facebook, et qui compte déjà plus de 600 membres.
Sur
son blog, Alain Juppé ne pipe mot à propos de l'affaire. Après avoir envoyé
une lettre au recteur de Bordeaux le 28 avril lui demandant d'ouvrir des procédures judiciaires envers l'école Saint-Projet, "une fois les faits avérés", il ne s'est plus exprimé sur le sujet.