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 Le sexe et le handicap

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MessageSujet: Le sexe et le handicap   Le sexe et le handicap Icon_minitime08.03.13 15:30

La stérilisation des personnes handicapées

Le journal La Croix consacre un dossier spécial à la question de la stérilisation des personnes handicapées.

Dans un ouvrage intitulé Stériliser le handicap, Nicole Diederich, chercheuse à l'Inserm, décrivait en 1998 les stérilisations forcées de jeunes filles handicapées. Le 4 juillet 2001, dans le cadre de la loi sur l'allongement du délai légal de l'interruption volontaire de grossesse, a été voté un article sur la stérilisation des personnes handicapées visant à encadrer de telles pratiques. Les évêques avaient dénoncé à l'époque une atteinte à l'intégrité des personnes.

D'après le texte, "la ligature des trompes ou des canaux déférents à visée contraceptive" est interdit sur les mineurs mais autorisée sur les majeurs lorsqu'ils ont exprimé "une volonté libre et motivée". Pour les majeurs protégés, la décision est confiée au juge des tutelles.

Pour résumer "le principe reste celui d'une interdiction de la stérilisation, sauf lorsqu'il existe une contre-indication médicale absolue aux méthodes de contraception, ou une impossibilité avérée de les mettre en oeuvre efficacement" explique Anne Caron, membre de l'Association nationale des juges d'instance.

Depuis le vote de cette loi, aucun bilan n'a été fait. Certains estiment que des stérilisations illégales, en clinique ou à l'étranger continuent à être pratiquées. "Dans tous les établissements, les questions de la sexualité, de la contraception, voire de l'IVG, se posent. Comment sont-elles résolues ?" s'interroge Anne Caron. De son côté, Guy-Marie Cousin, président du Syndicat national des gynécologues et obstétriciens, estime peu probables ces stérilisations hors-la-loi : "fréquemment mis en cause aujourd'hui, les médecins sont devenus plus soucieux du respect des procédures" explique-t-il.

La Croix revient sur le cas de Nathalie, infirme moteur et cérébral qui, alors qu'elle vivait avec son compagnon, a été contrainte à l'âge de 23 ans de se faire stériliser. Sa famille, notamment sa mère, lui a expliqué qu'avec son handicap, elle ne saurait pas s'occuper convenablement d'un enfant. Elle a vécu cette stérilisation comme "un deuxième handicap". Nathalie ignorait que cette pratique était illégale mais vivant sous l'emprise de sa mère, elle s'est laissée faire. Par la suite, la jeune fille a fait une dépression et des tentatives de suicide. Aujourd'hui alors qu'elle a coupé tous liens avec sa famille, elle a reconstruit sa vie malgré ce "quelque chose de cassé" et a décidé de porter l'affaire devant la justice. Le procès devrait avoir lieu l'année prochaine.

Pour Danielle Moyse, chercheuse à l'Inserm, les conditions visant à encadrer ces pratiques étaient déjà énoncées avant la loi de 2001 et ne nécessitaient pas l'intervention d'une nouvelle loi. Elle estime que la dépénalisation de la stérilisation est d'autant plus paradoxale que les moyens contraceptifs sont de plus en plus nombreux. Elle craint que cette loi n'"écrase une certaine éducation à la sexualité, voire à la parentalité, quand elle est possible". Elle se demande si cette loi n'a pas favorisé les stérilisations des personnes handicapées. Elle dénonce le fait que l'on justifie ces stérilisations derrière un motif thérapeutique alors qu'à ses yeux se cache souvent une raison plus "sociale", comme les interruptions médicales de grossesse censées être réservées aux cas "d'une exceptionnelle gravité" et que certains comités d'experts avalisent sur des critères de détresse psychologique ou sociale des parents.

Quant à Philippe de Lachapelle, Président de l'Office chrétien des personnes handicapées, il se dit choqué par cette loi. A ses yeux, ces dispositions sont venues sans débat, sans réflexion et sans évaluation de ses conséquences humaines et psychologiques. Il s'interroge sur le recueillement du consentement de la personne et explique que des manipulations sont toujours possibles sur les personnes fragiles.
Il craint qu'une fois les jeunes filles stérilisées, on soit moins attentif à leur épanouissement humain et affectif et qu'elles soient plus vulnérables à d'éventuels abus sexuels. Il estime enfin que l'on dissocie chez ces personnes ce qui est sexuel de ce qui est amoureux et que l'on ne considère la question du plaisir des personnes handicapées que sous l'angle génital. Dans ce cadre, explique-t-il "plus on ira dans cette direction, plus la tendance sera de stériliser ceux qui nous font peur".
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MessageSujet: Re: Le sexe et le handicap   Le sexe et le handicap Icon_minitime08.03.13 15:40

Des assistants sexuels pour oublier le handicap
Publié le : 8 Mars 2013 par Philippe Berrebi


Parce que la France a jeté un voile sur ce sujet, Libération a décidé de le mettre en couverture. « Handicap, du sexe pour tous », titre le quotidien à propos de la sortie en salle cette semaine de « The Sessions ». Ce film aborde le sujet « casse-gueule », écrivent Eric Favereau et Anne-Claire Genthialon, des assistants sexuels pour les personnes handicapées. Un récit tiré de l’histoire vraie d’un journaliste américain qui a passé une grande partie de sa vie dans un poumon d’acier à cause d’une infection polyomyélitique contractée pendant l’enfance. A 38 ans, Marc O’Brien décide de perdre sa virginité en faisant appel à une sexual surrogate. « Je voulais être aimé, que l’on me prenne dans les bras, qu’on me caresse et qu’on m’apprécie, confie l’Américain dans une interview.

Si les Etats-Unis et plusieurs pays européens reconnaissent cette activité et ont donné un statut aux assistants sexuels, les élus français préfèrent regarder ailleurs. De rares colloques rappellent la réalité du sujet mais, comme le résume Julia Tabath, responsable de l’association CH(s)OSE, « nous avons le droit de recevoir beaucoup d’aides, mais aucune pour notre sexualité ».

En France, écrivent les journalistes, faire l’intermédiaire entre une personne qui a des rapports sexuels rémunérés et une autre qui paie est considéré comme du proxénétisme. Si les assistants sont payés, rectifie Julia Tabath, c’est pour éviter toute confusion entre assistance sexuelle et relation amoureuse.
L’association demande une exception à la loi pénale pour ce type d’exercice. « Il n’y pas de droit à la sexualité », réfute une autre association qui s’oppose à « cette marchandisation des corps ». Selon le collectif Handicap, Sexualité, Dignité, « l’assistance sexuelle ne ferait que renforcer la ghettoïsation des personnes en situation de handicap ».

Alors, faute de cadre légal, l’activité se pratique de manière clandestine, explique le quotidien. Une directrice d’un établissement spécialisé envisage d’affréter un car pour les Pays-Bas pour permettre à des myopathes de rencontrer des assistants sexuels. Un père de famille accompagne son fils adulte paralysé à Genève pour qu’il puisse vivre son initiation sexuelle.

Selon les informations recueillies par le quotidien auprès du gouvernement, cette question n’est toujours « pas à l’ordre du jour ». Un million d’handicapés mentaux et plus de deux millions d’handicapés moteurs vivent en France.
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MessageSujet: Re: Le sexe et le handicap   Le sexe et le handicap Icon_minitime08.03.13 15:54

François Hollande interpellé sur l'assistance sexuelle aux personnes handicapées


L’association CH(s)OSE interpelle François Hollande, dans une lettre ouverte sur l’assistance sexuelle pour les personnes lourdement handicapées.

L'association CH(s)OSE en colloque à Strasbourg sur l'assistance sexuelle des personnes handicapées.
L'association CH(s)OSE en colloque à Strasbourg sur l'assistance sexuelle des personnes handicapées.

CH(s)OSE est une association qui défend le droit des personnes handicapées à disposer d’une vie affective et sexuelle comme les autres. Elle a adressé, le 8 février 2013, une lettre ouverte au Président de la République, lui demandant de respecter son engagement. En effet, François Hollande s’était dit prêt lors de sa campagne présidentielle à ouvrir le débat sur la possibilité d’autoriser la création de services d’accompagnement sexuel pour les personnes lourdement handicapées. Jusque là, les demandes d’audience de l’association auprès des ministres concernés, Marisol Tourraine pour la santé, Marie-Arlette Carlotti pour le handicap et Najad Vallaud-Belkacem pour le droit des femmes, sont restées sans suite.
La santé sexuelle reconnue par l'OMS

La présidente de CH(s)OSE, Pascale Ribes, rappelle que "la sexualité, telle que définit par l’OMS, est une composante de la santé, du bien-être et de la qualité de vie dans son ensemble". Elle souligne également que "la Convention internationale des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées prône l’accès à tous les droits de l’homme et libertés fondamentales sur base d’égalité avec les autres ; et que parallèlement la loi de 2005 affirme le droit à compensation de toutes les conséquences quelles que soient l’origine et la nature de la déficience". Selon elle, la vraie question est de savoir si "l’on peut encore se satisfaire d’une telle discrimination". Elle attend du Président, par ce courrier, qu’il réunisse toutes les parties prenantes pour lancer un véritable débat sur le sujet.

Xavier Durand
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MessageSujet: Re: Le sexe et le handicap   Le sexe et le handicap Icon_minitime08.03.13 16:15

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Lettre ouverte à François Hollande contre l'assistance sexuelle
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MessageSujet: Re: Le sexe et le handicap   Le sexe et le handicap Icon_minitime08.03.13 16:26

L'allergie française aux assistants sexuels pour handicapé(e)s
«The Sessions», un film américain sorti ce mercredi, aborde un sujet qui demeure un tabou tricolore. A la différence de nombreux pays, la France interdit cet accompagnement érotique aux handicapés moteurs et mentaux. Pourquoi? Le Comité national d’éthique va rendre son avis dans quelques jours. Le gouvernement ignore la question.
Helen Hunt et et John Hawkes dans The Sessions. FOX

- Helen Hunt et et John Hawkes dans The Sessions. FOX -

The Sessions. C’est le titre d’un film hors du commun actuellement projeté en France (1). Il traite avec intelligence, humour et pragmatisme de la sexualité des handicapés. Ou plus précisément du droit des personnes handicapées d’avoir accès à l’exercice organique de leur fonction sexuelle (à un «accompagnement érotique»). Souvent le sujet effraie. Il est certes complexe. Il l’est plus encore quand on ferme les yeux. C’est précisément le cas en France où il demeure tabou.

Plusieurs associations et professionnels de santé se mobilisent toutefois pour que les choses changent, comme elles ont progressivement changé aux Etats-Unis et dans différents pays européens. Il s’agit ici de faire en sorte que les personnes handicapées qui le souhaitent puissent pouvoir rencontrer non des prostitué(e)s mais bien des professionnels de santé spécialisés dans l’aide corporelle qui peut être apportée à l’exercice de leur sexualité.
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The Sessions reprend l’histoire (véridique) du poète et journaliste Mark O'Brien gravement handicapé après avoir contracté une infection poliomyélitique dans son enfance. Il est tiré de son roman On Seeing a Sex Surrogate. Condamné à demeurer presque en permanence dans un «poumon d’acier», ce tétraplégique découvrira la réalité charnelle de la sexualité grâce aux quelques séances (sessions) durant lesquelles il rencontre une «assistante sexuelle». Puceau jusqu’à la trentaine, il découvre alors son corps et s’ouvre à une nouvelle vie.

Cela pourrait être sordide et/ou graveleux. C’est très précisément le contraire. Ce qui ne va pas sans remuer les (in)consciences. La projection en avant-première en a témoigné avec, dans la salle, de nombreuses manifestations sonores de désinhibition comportementale.

The Sessions n’est pas le premier des films traitant spécifiquement de cette question. Il existe notamment Nationale 7 (sorti en 2000) posant le cas d’une personne souffrant d’une myopathie et Yo también (2010) qui soulève la même question avec une personne trisomique. Et encore la production sud coréenne Sex Volunteer (2009) qui traite le sujet sous un angle moins personnel. Dans les quatre cas, la même question de fond: celle du droit à disposer de son corps, qu’il soit ou ne soit pas réduit dans son autonomie.

Avec les questions annexes que l’on imagine aisément. A commencer par celle des différences entre la pratique de la prostitution et celle de «l’assistance sexuelle». Aussitôt suivie par celle, taboue, de l’existence de relations sexuelles à visée thérapeutique entre des soignants et leurs patients. Sans parler des tarifs pratiqués et de leur prise en charge ou non par la collectivité.

Au-delà des images, le jeune et tonique magazine Causette a consacré fin 2011 un riche dossier soulevant la question de la création d’un statut français d’«assistant sexuel». Pourquoi la France interdit-elle de facto la pratique de cette activité? Après les Etats-Unis dans les années 1980, cette activité professionnelle a progressivement été autorisée dans plusieurs pays du Vieux Continent. D'abord aux Pays-Bas dans les années 1990 et dans le nord de l’Europe. Elle l’est aujourd'hui en Belgique, en Allemagne (Sexualbegleiter), en Autriche (Sexualassistenz) mais aussi en Suisse et en Italie.

En Suisse romande, c’est l’association novatrice Sexualité et Handicaps pluriels (SEHP) qui assure la formation des assistant(e)s sexuel(le)s. Une association dont la représentante a déclaré, lors de la projection en avant-première de The Sessions à Paris, qu’elle avait bon espoir de voir la société française progresser dans un sens comparable à ce qui se réalise dans son pays. Rien ne semblait jusqu’ici songer à une évolution des mentalités et des pratiques.
Quel politique défendra cette cause?

D’abord parce que les positions ne sont pas unanimes sur le sujet chez les responsables du monde associatif qui défendent les droits et les intérêts des personnes handicapées. Ensuite parce que certains font valoir que des solutions pragmatiques sont ici ou là trouvées dans le huis-clos des établissements spécialisés ou au domicile des personnes handicapées. A la condition de ne pas en faire publiquement état.

A de très rares exceptions, aucun responsable politique (quel que soit son sexe ou son parti) ne semble disposé à défendre cette cause. Lorsqu’elle était ministre de la Santé, Roselyne Bachelot avait commenté un rapport (demandé par François Fillon) et une proposition de loi alors déposée sur ce thème par le député (UMP, Loire) Jean-François Chossy. Roselyne Bachelot avait alors déclaré être «rigoureusement, formellement, totalement opposée» à la création d’un statut d’ « assistant sexuel » pour personnes handicapées. Elle s’était néanmoins engagée à saisir le Comité consultatif national d’éthique de cette question (2).

Selon le Quotidien du médecin, ce Comité, désormais présidé par le Pr Jean-Claude Ameisen, devrait rendre son avis dans les prochains jours. La question va-t-elle enfin devenir ouvertement politique? Rien ne permet de l’espérer. «Ce n’est du tout inscrit dans les priorités gouvernementales, a déclaré à Slate.fr Agnès Marie-Egyptienne, secrétaire générale auprès du Premier ministre du Comité interministériel au handicap (CIH). C’est un sujet délicat et difficile. D’une part, la personne handicapée doit être prise en compte et aidée dans toutes ses dimensions. D’autre part, avancer sur cette question conduit à soulever des questions relatives à la législation sur la prostitution et le proxénétisme. Il nous faudrait dans un premier temps faire un travail de droit comparé avec les pays où cette activité est officiellement reconnue. Le film The Sessions pourra nous aider à progresser.»

Les responsables de CH(S)OSE ne demandent pas une légalisation du proxénétisme mais une simple exception à la loi pénale pour ce type de «service». Ceux de l’association des paralysés de France (APF) on lancé un appel

sur le site de leur mensuel d’information «Faire Face». Tous entendent mener un combat pour que la vie handicapée ne soit pas une vie désincarnée car asexuée. Le Dr Philippe Brénot, psychiatre, anthropologue et responsable des enseignements de sexologie à l’université Paris-Descartes, fait ici le parallèle avec le mariage pour tous et réclame la possibilité d’un «accompagnement érotique» pour les handicapés qui en expriment le désir, quelle que soit la nature de leur handicap.

«Il faut tout de même rappeler qu'il existe en France un million d'handicapés mentaux et plus de deux millions d'handicapés moteurs, écrit-t-il sur son blog. Pour eux la relation au monde et aux autres est limitée, voire parfois impossible, sans l'aide d'autrui Comment entrer en contact avec les autres, partenaires potentiels, lorsqu'on ne peut se déplacer... et comment, dans ces conditions, parvient-on à l'épanouissement sexuel ? La réponse la plus hypocrite, mais trop fréquente, est qu'il faudrait aux handicapés accepter leur handicap et ne rien demander de plus.»

L’heure semble venue qui voit, précisément, les personnes handicapées «demander plus». La France du «mariage pour tous» entendra-t-elle leur voix ?

Jean-Yves Nau

(1) The Sessions de Ben Lewin, avec John Hawkes, Helen Hunt, William H. Macy, Moon Bloodgood. Sortie le 6 mars. Slate.fr est partenaire de ce film.

(2) Le Comité consultatif national d’éthique a déjà émis un avis relatif à la médicalisation de la sexualité. C’était en novembre 1999 (avis 62). Saisi par Bernard Kouchner, alors secrétaire d’Etat à la Santé, de la question du Viagra le CCNE avait estimé que le coût de ce «médicament innovant remédiant à des défaillances de la fonction érectile chez l'homme» devrait, dans certains cas pathologiques être pris en charge par la collectivité. Cet avis est, depuis, resté lettre morte.
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MessageSujet: Re: Le sexe et le handicap   Le sexe et le handicap Icon_minitime23.03.13 15:08

Rue 89 le Nouvel Observateur
Témoignage 21/03/2013 à 10h11

Je ne veux pas d’assistante sexuelle qui ne tremblerait pas de plaisir


Rémi Gendarme | Blogueur

J’ai 30 ans cette année, je suis réalisateur de films documentaires, et j’ai un handicap moteur. Mais pas un petit ; je suis même carrément lourdement dépendant. Je parle, je respire, un peu, je bouge un peu ma main droite, assez pour déplacer mon fauteuil, et c’est tout.

Pour plusieurs raisons, je m’intéresse depuis longtemps aux questions de sexualité. J’ai d’abord été militant au Planning familial quelques années, et j’ai, entre autres passé un an à travailler sur les questions sociales relatives au
handicap et à la sexualité.

Un peu comme beaucoup de gens, pendant ces trente années, j’ai connu des joies, des peines, des plaisirs, des déceptions, des erreurs, des coups de chance, de la déprime et tout et tout, sur différents sujets, y compris, comme tout le monde, sur le plan sexuel et affectif.

Mon handicap y est sûrement pour quelque chose, autant que mon don pour les mathématiques, ou mon plaisir à aller au cinéma pour voir des films, parfois très mauvais.

Un droit clairement exprimé dans la loi

J’habite en France et je constate que, dans ce pays, le gouvernement se prépare, d’un côté, à inculper les clients et clientes de personnes prostituées en rendant une vie de plus en plus impossible et dangereuse à celles-ci, et, de l’autre, à aménager la législation pour permettre l’exercice des assistants sexuels.

C’est qu’aujourd’hui on entend justement tout le contraire. Les assistantes sexuelles représenteraient ce dernier outil de compensation, si tabou, capable de permettre l’accès à un droit clairement exprimé dans la loi du 11 février 2005.

Les partisans de la mise en place d’un tel métier prennent ainsi une posture d’avant-garde, une histoire de « nous, on ose parler des problèmes », une histoire de « handicap et sexualité ça choque, il faut en finir avec les idées reçues et clamer haut et fort que, oui, les “handis” peuvent avoir une sexualité ».

J’ai déjà entendu une cohorte d’arguments que je trouve répugnants. Du « devoir d’humanité » de certains, aux mièvres « apporter un peu de réconfort » d’autres, tous ces arguments moralistes désignent les individus en situation de handicap comme des sous-humains, incapables d’accéder à une vie affective et sexuelle.

Il n’y a pas de prostitués en soi

On me dit alors que j’ai tout loisir de dire ça, puisque moi, j’ai eu la chance d’avoir une éducation, une vie la plus normale possible, qui ne m’a isolé de rien du tout. Et que je fais partie de ceux qui n’ont, a priori, pas besoin de faire appel à des assistantes sexuelles.

Que ma vie m’a permis suffisamment d’autonomie pour m’affirmer citoyen, être pensant, capable de séduction, mais que ce n’est pas parce que quelques-uns s’en sortent qu’il faut empêcher les autres d’accéder à ce dont ils ont besoin. Il serait donc important de permettre à ceux qui veulent simplement connaître le corps, la relation sexuelle, de pouvoir le faire.

J’acquiesce, mais dans ce cas, nous sommes à mon avis en train de parler
d’actes prostitutionnels, rien d’autre, et je répète que d’après moi, il n’y a aucun problème à ça. Je suis de ceux qui considèrent qu’il n’y a pas de prostitués en soi, que la prostitution est une affaire d’actes exercés contre rémunération, par un individu, à un moment donné de sa vie, pour des raisons précises et pendant une période donnée de sa vie.

Beaucoup de femmes, et quelques hommes, sont forcés à la prostitution. Ces
situations intolérables représentent pour moi des formes extrêmes et particulièrement dangereuses d’un système de travail reposant sur l’exploitation.

Ce n’est qu’en accordant à tous des droits à la retraite, à la protection sociale, à la protection sanitaire, à la régularisation, à vivre décemment, que l’on peut permettre à des personnes exploitées de se libérer et de choisir leur vie.

« Caresse » : tant de précautions...

Mais je me demande pourquoi tant de voix veulent rassurer sur l’infinie différence qui existerait entre l’acte prostitutionnel et l’accompagnement sexuel.

J’ai entendu des tas de définitions et de précautions à propos de l’accompagnement sexuel : massage, caresse, attention au corps, aide à la
masturbation, absence de pénétration, pénétration seulement au terme d’un
travail préliminaire, assurance que l’assistante sexuelle est en couple, etc.

L’assistante sexuelle aurait même un autre travail pour s’assurer que son « métier » ne déborde pas sur sa vie personnelle, ou encore pire, qu’elle n’y prenne pas elle-même du plaisir.

J’affirme que toutes ces garanties ne sont là que pour affirmer que le corps
handicapé est un corps différent, qui ne peut combler personne et que ceux qui auraient le malheur de ressentir du plaisir ou des envies pour un corps ou pour un être handicapé seraient des pervers, vicieux, obsédés, nymphomanes ou autres.

Les putes versus les êtres au cœur d’or

Je fais l’aveu que, comme beaucoup, j’ai connu dans ma vie de grandes périodes de désir, éventuellement purement sexuel. Et je crois me souvenir qu’à l’époque, je n’aurais accepté aucune assistante sexuelle si lui faire l’amour ne la faisait pas elle-même trembler de plaisir.

Il y aurait donc les prostitués, toujours bannis et rabaissés au rang de salopes, putes et gigolos malsains à jeter au caniveau, dangereux même pour les personnes handicapées, et les autres, les êtres au cœur d’or, prêts à se sacrifier, à se purifier même, au contact aseptisé de handicapés monstrueux.

Mais en parlant de certaines personnes handicapées comme des seules personnes dont la situation serait si grave qu’elle suffirait à légitimer un métier à part entière, on sous-entend aussi que jamais personne ne voudra d’elles. Je veux dire : jamais personne ne sera susceptible d’avoir envie d’elles.

C’est présumer qu’aucun avenir ne leur permettra une rencontre, un malentendu, un excès, un désir fou, incontrôlé, ou au contraire, réfléchi et pensé. Si elles ont « le droit à », c’est bien parce qu’« elles n’ont aucun espoir ».

Qu’en est-il des essais, des excès ?

On proclame en fait la supériorité du corps valide, qui serait alors le seul corps valable. Le seul corps capable de faire plaisir et de satisfaire. Ainsi, toutes les définitions des assistantes sexuelles proposent des modèles de désir et de relation inspirés des séries télévisées. Si on parle de pénétration éventuellement possible, on ne parle que d’une catégorie de pénétration.

Et qu’en est-il de ceux et celles qui, comme beaucoup, envisagent de se retrouver chaque soir avec un partenaire différent ? Qu’en est-il des périodes de trouble totalement indéterminées sur le plan sexuel ? Qu’en est-il des désirs homophiles ? Qu’en est-il des écarts, des essais, des excès ?

On normalise en fait, on aseptise et, loin de briser les tabous, on renforce l’idée du corps parfait, du corps de magazines sans aucun défaut. On moralise enfin en imposant une catégorie de désirs légitimes, un politiquement correct dont on parlera jusque dans notre intimité.

J’ai déjà rencontré un homme handicapé tellement affligé du discours sur
l’accompagnement sexuel qu’il m’a demandé de le mettre en contact avec des
personnes prostituées, en prenant bien soin qu’elles ne soient pas spécialisées dans le handicap...

L’exemple des mères incestueuses

J’entends les arguments les plus obscènes et les déballages les plus impudiques pour légitimer de plein droit et dans l’urgence l’accompagnement sexuel. On convoque alors l’exemple de ces mères rendues au point de pallier elles-mêmes le besoin sexuel de leur enfant dans la détresse.

Et je ne tolère plus de les entendre aujourd’hui. Aucune situation ne saurait tolérer et légitimer l’inceste. Et cette pratique est bien un acte incestueux, dont les conséquences sur l’adulte en devenir sont, on le sait, désastreuses.

On me dira encore que je suis une exception et que moi, j’ose aller vers les autres, je suis capable de me montrer, de draguer. Les histoires que j’ai vécues ne seraient qu’affaire d’êtres exceptionnels, au cœur d’or, ou de personnes très ouvertes et suffisamment intelligentes pour voir le prince derrière le crapaud ? Je ne laisserai pas dire ça de mes amant(e)s.

M’essuyer les fesses, décalotter mon sexe...

Il me faut à présent parler de gestes et de corps. Un corps comme le mien a besoin, pour vivre autonome et libre, de plusieurs personnes valides pour s’occuper de lui. J’ai aujourd’hui des auxiliaires de vie pour me lever, m’habiller, m’aider à manger et même taper ce texte au clavier.

Lorsque j’étais étudiant, j’ai vécu trois ans en internat. Lorsque je vais à l’hôpital, des infirmiers et aides-soignants s’occupent de moi. C’est l’idée de compensation : des aides, humaines, techniques, qui permettent de compenser les incapacités liées au handicap afin que le handicap ne soit plus un handicap.

Je réfléchis : quels gestes, que ne pourrait pas faire un aide-soignant, légitimeraient l’intervention d’une assistante sexuelle ? Il y a bien une histoire de sexualité. Pourtant, ce sont des aides médico-psychologiques (AMP) qui m’essuyaient les fesses après que je fus allé aux toilettes, ce sont mes auxiliaires de vie qui décalottent mon sexe lorsque je me lave.

Le soignant est déjà loin dans l’intimité

Beaucoup de personnes handicapées dont la pathologie impose le geste de toucher rectal revendiquent celui-ci comme un geste simple et quotidien, ne relevant pas du secteur infirmier. La fonction de soignant peut donc aller très loin dans l’intimité. A quel moment la compensation du handicap reste-t-elle impossible, et pourquoi ? Sur quels gestes ?

Il y a bien quelque chose de l’ordre de l’implication du corps de l’aidant, qui reste impossible dans le cadre d’une relation saine soignant/soigné. Cette non-implication du corps de l’aidant me permet d’ailleurs de dire « je » pour des gestes que je n’effectue pas moi-même. L’acte sexuel, par exemple, est impossible à penser comme un acte de compensation du handicap.

C’est bien la relation de deux personnes qui est en jeu lors d’un rapport sexuel. Et sur ce fameux accès au plaisir, cette capacité à pouvoir se masturber ? Je dirai d’abord que l’un des intérêts de la masturbation, pour quiconque, est bien, non seulement la solitude, mais en plus l’autonomie et éventuellement le secret : faire soi-même, quand on veut et où on veut.

Sortir du tiroir un sex-toy adapté

Evidemment, la vie en société comme le handicap imposent une certaine négociation, un aménagement de ces libertés. Il me semble donc que les gestes impossibles dans le cadre d’un rapport soignant/soigné restent bien les gestes limites qui impliquent le plaisir du soigné d’une part, la présence et le corps du soignant d’autre part.

Impossible dès lors de demander à un soignant de pratiquer des gestes masturbatoires. Cela dit, un ergothérapeute est formé à adapter du matériel pour le rendre utilisable à une personne handicapée de manière autonome : une maison, une douche, une fourchette. Alors pourquoi pas un sex-toy ? Aucune implication du corps de l’ergothérapeute là-dedans.



Un jouet dans un tiroir (Nomadic_lass/Flickr/CC)

Pourquoi un AMP ne pourrait-il pas sortir un tel sex-toy adapté d’un tiroir avant que la personne concernée ne passe une soirée d’extase ? Il s’agirait alors que le personnel soignant accepte simplement de nettoyer l’objet quelques heures plus tard. J’affirme donc que l’accès à son propre corps entre bien dans le cadre très large de la compensation.

Aujourd’hui même, lorsque je partage une nuit avec quelqu’un, je souhaite pouvoir réveiller mon auxiliaire de vie plusieurs fois pour changer de position : décaler mon bassin, avancer un bras, une jambe, pousser ma tête dans le cou de ma partenaire, qu’elle soit handicapée ou valide. Quelles sont les différences avec les gestes de toilette que mes auxiliaires de vie effectuent tous les matins ? Aucune.

Vieux veilleurs de nuit et blagues homophobes

Alors oui ! Il y a du boulot. Il faut de la formation pour le personnel des établissements, et pour les parents. Les situations dont je viens de parler éveilleront sûrement des réticences. De ce que les établissements, les institutions, les structures, les accompagnateurs et accompagnatrices peuvent faire et ne pas faire.

Du débat, il en faut. Mais les personnes concernées refusent que celui-ci leur échappe. Rien ne doit se faire sans nous... Il faut permettre à deux personnes du même internat de dormir ensemble. Il ne faut pas interdire à un usager d’inviter son amant à partager une nuit. J’ai connu des amis obligés de prendre une nuit d’hôtel pour cela.

Il faut absolument que les vieux veilleurs de nuit, usés, blasés, arrêtent toute blague homophobe et que tous les établissements respectent une liberté de circulation totale. Un soir de déprime, un aide-soignant qui se croyait drôle, m’a même conseillé « d’aller voir les putes ».

Le B.A.BA des libertés

Alors avant de se permettre de dire tout et n’importe quoi au sujet des principaux intéressés, assurons-nous d’abord qu’ils disposent bien du B.A.BA des libertés énoncées ci-dessus et que l’accès à l’information est bien effectif. J’ai même rencontré des individus porteurs du même handicap que moi, incapables d’expliquer comment ils souhaitaient qu’on leur fasse la toilette.

Et ce n’est pas avec un nombre de soignants réduit au minimum, obligés de faire les toilettes en dix minutes, que l’on va permettre à des enfants qui grandissent en internat de connaître leur corps et de demander autre chose, l’âge venu, confrontés à la pornographie soft de la télévision, qu’une prostituée spéciale personnes à mobilité réduite (PMR)...

Alors oui ! La misère sexuelle existe, elle est même omniprésente et intolérable. Mais c’est finalement à l’échelle de toute une société qu’il faut défendre et revendiquer les idées de liberté, d’éducation et de santé sexuelle.

Ce n’est sûrement pas en déléguant le problème à quelques experts spécialement formés, que l’on permettra à un établissement ou à des parents autre chose que de s’en « laver les mains » en estimant que tout est compensé, que le problème est réglé. Il faut une attention et une liberté un peu plus assumées que ça pour rendre les gens autonomes et libres.

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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Le sexe et le handicap
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