La retraite tardive protègerait contre la maladie d'Alzheimer
Mots clés : Alzheimer
Par figaro iconMartine Perez - le 16/07/2013
En repoussant l'âge de la retraite de 60 à 65 ans, le risque de maladie d'Alzheimer diminue de 15%.
Et si l'adage selon lequel «moins on en fait et mieux on se porte» était -en partie- erroné? Une enquête française présentée lundi lors de la Conférence internationale de l'Association Alzheimer à Boston (États-Unis) pourrait remettre en cause notre perception souvent négative du travail.
L'analyse menée par l'Inserm, à l'initiative du Centre international sur la longévité (CIL), révèle que chaque année de travail en plus, après 60 ans, réduit de 3% le risque de souffrir un jour de la maladie d'Alzheimer. Alors que toutes les sociétés occidentales se voient contraintes de retarder l'âge de la retraite du fait d'une augmentation importante et linéaire de l'espérance de vie jamais vue dans l'histoire de l'humanité, cette étude apporte une sorte de lot de consolation aux salariés d'aujourd'hui qui travailleront plus longtemps que leurs parents. «C'est un travail très importantqui doit inciter aussi les salariés à réfléchir sur le moment où ils prendront leur retraite», insiste le Pr François Forette, président du CIL-France.
L'enquête porte sur 429.000 personnes cotisant au RSI, une caisse qui gère à la fois les assurances-maladie et vieillesse des indépendants. Ce qui a permis aux chercheurs d'avoir accès à des données concernant à la fois l'âge au moment du départ à la retraite, mais aussi l'état de santé et en particulier l'existence ou non d'une maladie d'Alzheimer. L'analyse a porté sur l'année 2010, pour un groupe de personnes retraitées depuis douze ans en moyenne.
Recherches supplémentaires nécessaires
Il s'agissait de comparer le risque de souffrir d'une démence en fonction de l'âge au moment de la retraite. «Cela nous a permis d'observer que chaque fois qu'une personne travaille un an de plus, elle réduit le risque d'Alzheimer de 3%, ajoute le Pr Forette. Quand on repousse l'âge de départ de 60 à 65 ans, on réduit de 15% le risque de souffrir d'une maladie d'Alzheimer. C'est très important. Et si l'on va au-delà de 65 ans, la baisse du risque continue.» Ce travail qui devrait être publié en détail dans une revue scientifique ouvre de nouvelles perspectives dans la lutte contre cette maladie.
«Nos données montrent avec de fortes preuves une baisse du risque de démence avec un âge tardif de retraite, note l'auteur de l'étude, Carole Dufouil (Inserm), dans la ligne de use it or lose it.» Comment le travail peut-il exercer un effet protecteur? Pour Dean Hartley, directeur des initiatives scientifiques pour l'Association Alzheimer, des recherches supplémentaires sont nécessaires, à la fois pour vérifier cet effet, et aussi pour en comprendre tous les déterminants.
«Cette étude prolonge une croyance bien établie parmi les professionnels de santé selon laquelle l'activité physique et intellectuelle aide à réduire la détérioration mentale chez les personnes âgées, ajoute-t-il. Il faut que nous identifions maintenant aussi ce qui change dans le cerveau, au moment de la retraite.»