Exclusif : la majorité des professionnels de santé désormais favorable à l’euthanasie
Publié le 09/10/2012
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Paris, le mardi 9 octobre 2012 – Si les associations militant pour la reconnaissance d’un « droit de mourir dans la dignité » ne cessent de répéter que l’opinion publique est désormais largement favorable à l’autorisation encadrée de l’euthanasie, certaines catégories de la population paraissaient encore récemment difficiles à convaincre. Professionnels de santé et notamment les médecins et catholiques pratiquants semblaient il y a quelques années encore nourrir une sainte hostilité à l’égard de cette mesure : les premiers parce que l’idée d’euthanasie ébranlait leur sacerdoce premier qui est de soigner et les seconds parce que l’euthanasie ébranlait leurs convictions religieuses les plus profondes.
De l’hostilité à générale à une adhésion faiblement majoritaire
Désormais pourtant, ces deux « bastions », dont l’influence n’est plus à démontrer dans ce débat (en particulier en ce qui concerne les praticiens) pourraient avoir vécu. C’est ce que nous enseignent plusieurs sondages réalisés ces dernières semaines. Interrogés sur le JIM du 23 septembre au 4 octobre sur ce sujet, les professionnels de santé ont en effet été 53 % à se déclarer « favorables à une loi encadrant la pratique de l’euthanasie », tandis que 44 % s’y affirment opposés et 3 % estiment difficile de se prononcer. Ces résultats sont très différents de ceux enregistrés sur ce même site il y a douze ans alors que les Pays-Bas devenaient le premier état au monde à adopter une loi autorisant la pratique de l’euthanasie active. Les professionnels de santé avaient été à l’époque 74 % à se déclarer hostiles à l’entrée en vigueur d’une législation similaire dans notre pays. Deux ans plus tard, alors que Bernard Kouchner, ministre de la Santé, venait de formuler des propositions dans le sens d’une légalisation de cette pratique, la position du corps médical paraissait moins tranchée mais demeurait cependant hostile à une telle évolution : 52 % des professionnels ayant participé à un second sondage du Jim se déclaraient « contre l’euthanasie ».
Sondage réalisé du 23 septembre au 4 octobre auprès de 490 professionnels de santé internautes
Deux ans passèrent encore avant que le député Jean Léonetti présente une proposition de loi adoptée à l’unanimité qui permet de limiter le risque d’acharnement thérapeutique et de soulager les souffrances d’un patient par tous les moyens, même lorsque ces derniers sont susceptibles d’entraîner la mort. Le dispositif avait été considéré à l’époque par une courte majorité de lecteurs du JIM comme insuffisant : 49 % regrettaient que le texte n’aille « pas assez loin vers la libéralisation de l’euthanasie ». Nous assistions alors aux prémices d’un changement historique de la position des professionnels de santé sur ce sujet, qui semble aujourd’hui totalement acté comme le mettent en évidence les résultats de notre enquête.
Un sujet pas si simple
A l’instar de cette lente évolution observée chez les professionnels de santé, une nouvelle perception de l’euthanasie paraît également devoir s’imposer chez les catholiques fervents. Un sondage réalisé par l’IFOP publié la semaine dernière par le Pèlerin magazine révèle en effet que 59 % des Français se déclarant catholiques pratiquants sont désormais favorables à une légalisation de l’euthanasie. Faut-il cependant voir dans ces différentes enquêtes la confirmation d’un « plébiscite » désormais entier en faveur de cette pratique ? De nombreux éléments invitent à nuancer la portée de ces résultats. D’une part en 2011, un sondage réalisé par Opinion Way pour la Société française d’accompagnement des soins palliatifs (SFAP) avait révélé que pour une majorité de Français (60 %) la priorité en terme de fin de vie n’est pas la légalisation de l’euthanasie mais le développement des soins palliatifs. Par ailleurs, l’enquête mettait en évidence que si l’autorisation de cette pratique était attendue, 52 % des sondés s’inquiétaient des « risques de dérives » qu’elle représentait. Outre les « disparités » que peuvent déceler les enquêtes d’opinion (et qui rappellent leur caractère faillible) on pourra rappeler enfin les observations d’une enquête menée par le centre d’éthique clinique (CEC) de l’hôpital Cochin auprès de 167 personnes âgées de plus de 75 ans en 2011 qui avait mis en évidence comment chez les aïeux l’euthanasie n’est que rarement considérée comme une issue enviable.