"A la lumière du crépuscule" de Jean Leonetti : la fin de vie à petites touches
- Publié le 19/11/2008 à 16:18 - Modifié le 19/11/2008 à 16:30 Le Point
Jean Leonetti, auteur de la loi instaurant un droit au "laisser mourir", publie, en marge de la mission parlementaire d'évaluation de cette loi, un recueil de "témoignages et impressions sur la fin de vie".
"J'ai voulu me replonger dans la réalité vécue de la mort de telle ou telle personne pour montrer que chaque histoire est une histoire compliquée", a indiqué Jean Leonetti à l'AFP.
Loin de "l'émotion médiatique de certains cas particuliers", le livre présente des témoignages d'inconnus. Telle cette jeune femme dont le mari se sachant atteint d'une maladie incurable a d'abord cherché à se suicider, puis à bénéficier d'un suicide assisté à l'étranger. Il s'est finalement éteint dans un service de soins palliatifs. "Ambiguïté, hésitation, doute, projet de mort, renoncement, espoir, soulagement du départ, la difficulté du problème de la mort apparaît dans sa complexité".
Au fil des chapitres, on identifie aussi les acteurs médiatisés du débat sur l'euthanasie.
En premier lieu Chantal Sébire, atteinte d'une tumeur qui lui déformait cruellement le visage, retrouvée morte le 19 mars dernier après une prise massive de barbiturique et après avoir vainement sollicité de la justice le droit de recourir à l'euthanasie.
Sa fin dramatique a été à l'origine de la mission d'évaluation conduite par le député UMP. "J'ai contenu comme d'autres ma révolte devant cette instrumentalisation médiatique du malade filmé au jour le jour sans pudeur", écrit-il.
Marie Humbert avait aidé son fils tétraplégique à mourir. "Elle parle peu, enfermée dans son drame et recherchant l'issue dans une loi qui lui confirmerait que ce qu'elle a fait est juste".
Hervé Pierra, ce jeune homme réanimé après une tentative de suicide et "laissé mal mourir" après plus de huit années dans un état végétatif. "L'arrêt d'un traitement inutile de survie ne dispense pas (...) d'un traitement d'accompagnement", estime l'auteur.
Jean Leonetti ne laisse pas attendre une évolution de la loi dans le sens d'une légalisation de l'euthanasie ou du suicide assisté.
"Une loi votée à l'unanimité et dont on constate qu'elle est mal connue mérite surtout d'être appliquée avant d'être modifiée", écrit-il.
La mission parlementaire a achevé ses auditions et devrait remettre son rapport début décembre.
"On va essayer avec les trois autres députés de faire des propositions concrètes et efficaces", a indiqué Jean Leonetti. "Je me pose des questions sur plusieurs points, sur les directives anticipées, sur le déclenchement de la collégialité, sur la sédation terminale, sur le congé de fin de vie, sur les médiations entre familles et équipes médicales", a-t-il ajouté.