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 Société civile et fin de vie

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MessageSujet: Société civile et fin de vie   Société civile et fin de vie Icon_minitime17.12.13 12:23

La société civile s'empare du débat sur la fin de vie

LE MONDE | 17.12.2013 à 11h43 | Par Laetitia Clavreul


Se moquant des habituels débats sémantiques, prenant moins de précautions aussi, l'avis du panel de citoyens sur la fin de vie, publié lundi 16 décembre, va plus loin que ceux de la commission Sicard (décembre 2012), de l'Ordre des médecins (février 2013) et du Comité consultatif national d'éthique (CCNE, juillet 2013).

Eux préconisaient des avancées, par exemple en matière de sédation terminale, mais surtout une grande prudence. Plus pragmatique, l'avis des citoyens, qui s'inscrit dans le cadre des états généraux lancés par le CCNE, n'hésite pas à recommander suicide assisté et exception d'euthanasie. Le signe que les lignes bougent en faveur du droit à l'autonomie de l'individu ?

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Certes, ils n'étaient que 18 autour de la table ; certes, leur propos est parfois ambigu, mais le fruit de leur réflexion doit amener à s'interroger sur les évolutions de notre société. Car il vient s'ajouter à des témoignages de Français n'hésitant plus à raconter qu'ils ont accompagné un proche dans la mort.

UNE TRÈS LARGE MAJORITÉ DE FRANÇAIS POUR L'EUTHANASIE

De fait, si François Hollande a souhaité un débat public sur la fin de vie, et si le CCNE et, avant lui, la mission Sicard s'y sont attelés, force est de constater que la discussion a déjà lieu, hors son organisation officielle. La parole se libère. Une façon sans doute de signifier que les seuls avis d'experts ou d'associations militantes ne pourront suffire.

Les sondages ne le pourront pas plus. Certes, ils relèvent qu'une très large majorité de Français est pour l'euthanasie, mais de manière trop simpliste. Alors, de ces cas concrets il faut s'emparer. Il faut les analyser, parce que c'est sûrement davantage à partir de cette matière que chaque Français se positionne, que du débat entre « laisser mourir » et « faire mourir », sur lequel la France s'est focalisée.

On pense au livre d'Emmanuèle Bernheim qui, dans Tout s'est bien passé (Gallimard, 208 p., 18 €), raconte les conséquences pour elle et sur sa relation avec son père de la demande d'aide à mourir que le vieil homme malade lui avait faite, et les risques qu'elle a dû prendre.

COMME POUR L'IVG, LA SOCIÉTÉ PREND LES DEVANTS

Toute récente, l'histoire de l'élue EELV Sandrine Rousseau, qui raconte l'agonie de sa mère atteinte d'un cancer en phase terminale, dont elle a vécu chaque instant, marquera aussi les esprits. Après avoir absorbé des médicaments en cachette, elle avait laissé la consigne de ne pas l'emmener à l'hôpital. Sa fille a souhaité tout en dire, pour faire avancer le débat, au risque de poursuites pour non-assistance à personne en danger.

Des témoignages, des histoires, il y en a eu bien d'autres dans les médias, et cela ne devrait pas s'arrêter là. Certains servent une cause ou une autre. C'est le cas de celui de Mme Rousseau, arrivé la veille de la publication de l'avis des citoyens. Il en est de même de l'affaire Vincent Lambert, jeune homme en état végétatif chronique pour lequel la justice a ordonné, sur demande de ses parents et contre l'avis de son épouse, la reprise des traitements arrêtés par les médecins. Alors que des personnalités extérieures ont été appelées à rendre chacune un rapport, son histoire, malgré lui, continue à entretenir le débat.

La société est-elle mûre pour une évolution ? Peut-être. « Il est un point sur lequel la mise en parallèle de l'IVG et de la fin de vie aboutit à des similitudes incontestables : le parcours suivi par la société dont a émané la demande », écrivent la juriste Valérie Depadt-Sebag et la philosophe Mireille Depadt sur le site Internet Plus digne la vie.

EN BELGIQUE, LE DÉBAT EST SEREIN

Elles rappellent que, pour l'IVG, la montée de la revendication de la rue jusqu'à la scène politique et juridique fut « accompagnée d'un phénomène de publicisation ». Elles font aussi un parallèle en rappelant le sentiment d'alors des magistrats d'inadaptation de la loi face à l'évolution des esprits et d'injustice à sanctionner, alors que les plus aisées se faisaient avorter à l'étranger, à l'abri du droit français. Autant de points qui rappellent la situation actuelle.

Reste à savoir ce que la France fera de ce débat, qui mérite la sérénité. Ce qu'en fera le chef de l'Etat, qui a annoncé un projet de loi et avait fait de l'aide médicalisée à mourir dans la dignité un engagement de campagne. Mais qui n'a jamais précisé son point de vue. Ce qu'en feront, aussi, les pro et les anti, hyperactifs et rôdés à la guerre des communiqués.

Fin novembre, alors que la Belgique débattait de l'opportunité d'ouvrir l'euthanasie aux mineurs, le quotidien Le Soir se félicitait que les questions éthiques y échappent aux fractures politiques et idéologiques. Et glissait : « C'est là toute la sagesse de notre démocratie, différant en cela de l'affrontement meurtrier sur ces thèmes de la société française. »
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