Le "Quotidien du médecin" veut "ligaturer" Trump !
Les psys sont formels : au vu de ses déclarations, le candidat républicain à la Maison-Blanche souffre d'un "trouble de la personnalité narcissique".
Par Anne Jeanblanc
Publié le 01/07/2016 à 11:53 | Le Point.fr
Pour son médecin, « Donald Trump sera l’individu en meilleure santé jamais élu à la présidence ».
i Pour son médecin, « Donald Trump sera l’individu en meilleure santé jamais élu à la présidence ». © Keith Srakocic/AP/SIPA
Doit-on ligaturer Trump ? Derrière le jeu de mots de carabins, la charge lancée par le Quotidien du médecin contre Donald Trump est très sévère. Pour rédiger un dossier passionnant sur le candidat républicain à la présidentielle américaine, le journal (réservé au corps médical) a interrogé des spécialistes connus. « Ils ne l'ont pas examiné en direct », peut-on lire, mais les psychiatres et psychanalystes sollicités « ont décrypté le tableau clinique offert par le festival Trump, depuis que le milliardaire à l'improbable système capillaire jaunâtre arpente la campagne américaine, à coup de déclarations fracassantes : complotisme délirant, racisme invétéré, égotisme exacerbé, machisme débridé, mépris compulsif des données scientifiques… »
Pour définir les pathologies auxquelles ils sont confrontés, les psychiatres ont leur « bible » : le DSM. Nous en sommes actuellement à la 5e version de ce Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Diagnostic and statistical of mental disorders) et c'est en s'appuyant sur les critères de cet ouvrage que les spécialistes ont rendu leur diagnostic. « Nous avons là assurément plus de trois des quatorze symptômes requis pour poser un diagnostic de trouble de la personnalité narcissique », constate le Pr Sebastian Dieguez, chercheur en neurosciences cognitives (université de Fribourg). Pour lui, cet homme est totalement – anormalement ? – décomplexé.
Donald Trump n'a que lui pour centre d'intérêt, ajoute le Dr Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste (CHRU La Pitié-Salpêtrière, auteur de La Sarkoze obsessionnelle). « Ce narcissisme atteint un degré histrionique paroxystique : son goût de lui-même s'exprime dans son dégoût des femmes, qu'il juge inférieures, des pauvres, qu'il méprise, des émigrés auxquels il voue sa haine et même des handicapés, dont il n'hésite pas à se moquer, avec une effrayante absence d'empathie. »
Une excellente santé physique
Le Quotidien du médecin publie également le bulletin de santé du candidat à la présidence des États-Unis, âgé de 70 ans. Elle est excellente ! Pour le Dr Harold Bornstein, son médecin depuis 1980, « Donald Trump sera l'individu en meilleure santé jamais élu à la présidence ». Il a perdu sept kilos en douze mois de campagne. « Sa santé cardiovasculaire est excellente, il ne boit pas d'alcool et ne fume pas. Il a subi un examen médical complet qui n'a montré que des résultats positifs. » Est-ce une des raisons pour lesquelles il n'est guère sensibilisé à la maladie et il veut libérer l'Amérique de l'Obamacare, qui représente, selon lui, « un épouvantable fardeau économique » ? Par exemple, il chiffre à quelque 11 milliards de dollars (9,68 milliards d'euros) par an le coût des soins de santé dispensés aux immigrants illégaux et il promet de soulager la pression qu'ils représentent sur les budgets des États en s'attaquant à l'immigration.
Enfin, une excellente question est soulevée : et si le véritable sujet d'étude psychiatrique n'était pas Donald Trump lui-même, mais ses partisans ? C'est l'analyse que propose Ali Magoudi (auteur de « psychanalyses » de François Mitterrand, Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen). Pour lui, le populisme qui connaît un essor mondial, en France avec Le Pen, et dans tout l'Occident, traduirait les fractures internes des identités culturelles, sur fond de racisme. « De ce point de vue, Trump surjoue sans faire dans la dentelle une partition qui menace aujourd'hui d'être gagnante un peu partout », regrette-t-il.