Bruit à Paris : l'enfer, c'est les autres
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] 17 avril 2017
(mise à jour : 17 avril 2017)
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]Des lignes comme des couloirs d'enfer dans Paris ? Source : Mairie de Paris.
Madame Hidalgo, Madame Pécresse, pitié contre le bruit à Paris et en Ile-de-France ! Inacceptable soumission à ces décibels qui nous arrachent le bonheur de vivre dans cette ville et cette région devenues un enfer.
Paris est une ville magnifique et enviée, mais on la déteste parce qu’y vivre coûte cher et, surtout, parce qu’elle est très bruyante. Trop bruyante, notamment pour les piétons. Près de 250 000 Parisiens (plus d’un sur dix) est exposé à des niveaux sonores qui dépassent le seuil limite réglementaire (68 décibels) par jour ! Dans plus d’une centaine d’écoles, plusieurs dizaines d’hôpitaux et de cliniques, des milliers d’appartements situés sur les grands axes, sur nos places où les terrasses deviennent un enfer, les Parisiens et Franciliens sont agressés par le bruit des deux-roues. Laissons de côté les sirènes de la police, des pompiers et des ambulanciers dont on a remarqué qu’elles sont moins fréquentes et un peu plus respectueuses des piétons depuis quelques années.
Impunité
Mais dans quelle ville un motard peut, en pleine nuit, réveiller plusieurs dizaines de milliers de personnes par son seul plaisir d’accélérer pour le vertige d’une vitesse sans doute dépassée ? Dans quelle ville qui vise l’excellence écologique peut-on laisser des deux-roues aux moteurs lâchant plus de 150 décibels déchirer impunément nos tympans ? Dans quelle ville où l’on vante le bonheur des terrasses, un de nos arts de vivre issus de notre latinité, devons-nous subir le vrombissement de moteurs qui pourraient être, comme à Pékin et dans bien d’autres villes du monde, convertis à l’énergie électrique ?
Source : Lesfurets.com A-t-on jamais vu des deux-roues à l’amende pour leur nuisance sonore ?
Paris est consciente de l’exposition au bruit. Elle a déployé un « plan » pour éviter les troubles comportementaux, les problèmes vasculaires, les décès prématurés, et amoindrir l’impact des coûts sanitaires. Mais qu’est devenu le baromètre de l’environnement sonore promis en 2015 ? Pourquoi reste-t-il tant de chaussées avec des pavés sans couverture phonique ? Pourquoi la vitesse de circulation au démarrage des deux-roues aux feux n’est-elle jamais contrôlée, donc jamais punie ? Pourquoi la musique amplifiée dans les bars, discothèques, karaokés, cafés musicaux, n’est-elle pas plus systématiquement combattue ? Pourquoi les soirées privées, principalement des jeunes et quelques touristes indélicats, ne sont-elles pas strictement interdites dans les immeubles d’habitation avec des sanctions immédiates – comme sur la route –, suffisamment dissuasives pour le respect des voisins ? Pourquoi, enfin, les rues devenues l’extension des bars aux beaux jours ne sont-elles pas dégagées de leurs clientèles stationnant sur les trottoirs et rendant la vie infernale au voisinage ?
Le bruit qu’on accepte
La géographie du bruit à Paris est une construction culturelle très originale. Sur des boulevards très bruyants mais traversant des quartiers chics, les terrasses des cafés ne désemplissent pas. A Saint-Germain-des-Prés, le Café de Flore et les Deux-Magots comme à Saint-Michel ou Maubert d’autres cafés sont sur une artère quasi-autoroutière avec des feux accroissant le bruit au démarrage des voitures. Et pourtant, les clients n’en sont pas dissuadés de préférer les terrasses. Ici, le bruit est consenti, au pire toléré. Certes, il gêne, mais on peut s’en affranchir. Toute la différence est là. Une carte du bruit ne dirait rien de juste si on ne tenait pas compte de certains facteurs… culturels.
Mais si l’on s’en tient au coût économique du bruit, il est considérable. Jusqu’à deux années de vie en bonne santé, en cas de forte exposition, selon Bruitparif. Plus de 16 milliards d’euros pour la seule Ile-de-France. Et près de 4 milliards par an pour les seuls bruits de voisinage.
Madame Hidalgo, Madame Pécresse, qu’attendez-vous ?