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| Christine Malèvre | |
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| Sujet: Christine Malèvre 29.08.19 18:08 | |
| Christine Malèvre, “madone de l’euthanasie”JUSTICE L’ex-infirmière de Mantes-la-Jolie a été condamnée en 2003 à douze ans de prison. Elle en est depuis sortie et tente de refaire sa vie.
Christine Malèvre en 2003 Christine Malèvre en 2003 MaxPPP Après quatre années passées derrière les barreaux, Christine Malèvre a été libérée en 2007. En prison, l’ex-infirmière de l’hôpital François-Quesnay de Mantes-la-Jolie s’est mariée et a repris ses études. N’ayant plus le droit d’exercer la médecine, elle s’est orientée vers la comptabilité. « Je me souviens d’une jeune femme extrêmement sensible, gentille, intelligente, très à l’écoute des gens malades », raconte Me Charles Libman, célèbre pénaliste parisien, qui a été le conseil de la jeune femme. Pourtant, aux yeux de la justice, Christine Malèvre est une tueuse en série, coupable d’avoir assassiné, entre février 1997 et mai 1998, six patients placés en soins palliatifs. Elle a, pour cela, été condamnée par la cour d’appel de Paris à douze ans de réclusion criminelle. Selon ses soutiens, Christine Malèvre est, au contraire, une femme qui a rendu service à des malades en fin de vie. Une femme dont les actes ont amené le pays à ouvrir le débat sur le droit de mourir dans la dignité. « Toute cette affaire est une immense hypocrisie. Tout le monde sait qu’un grand nombre de médecins procèdent à l’euthanasie, ce qui est encore interdit par la loi. Je crois qu’elle avait conscience qu’elle devait faire cesser les douleurs atroces de ces malades », poursuit l’avocat.
" J’ai dû agir sur des dizaines de personnes " L’affaire débute le 3 mai 1998. Christine Malèvre, 28 ans, infirmière au service de neurologie et de pneumologie de l’hôpital François-Quesnay, constate le décès de Jacques Gutton, 71 ans. Bien qu’il souffrît d’un cancer des poumons en phase terminale, sa mort n’était pas attendue avant plusieurs semaines par l’équipe médicale. Prise d’une doute, l’infirmière en chef, Françoise Leprêtre, se confie à son chef de service, le Dr Olivier Ille. Ce dernier alerte le directeur de l’hôpital, Henri Gosset, qui à son tour prévient le procureur de la République des soupçons qui pèsent sur l’infirmière. Le 5 mai, Christine Malèvre est suspendue de ses fonctions. Dans la nuit du 6 au 7 mai, elle tente de mettre fin à ses jours en avalant cinq boîtes de Lexomil et en s’allongeant dans sa baignoire, vêtue de son maillot de bain. Elle est admise en réanimation dans un hôpital de la région, puis placée en psychiatrie. Le 6 juillet, l’enquête judiciaire commence. Les policiers viennent la chercher et la place en garde en vue dans les locaux du commissariat de Versailles. Durant son audition, Christine Malèvre craque et passe aux aveux. « J’ai du mal à me remémorer. J’ai dû agir sur des dizaines de personnes, je n’ai jamais agi à la demande de la famille. C’est moi qui décidais de mettre fin à leurs jours », déclare-t-elle aux enquêteurs. Elle est mis en examen le 7 juillet. L’affaire sort enfin dans la presse. Immédiatement, l’hôpital reçoit de nombreuses lettres de personnes qui expriment leur soutien à l’égard de l’infirmière. Beaucoup considèrent qu’elle s’est contentée d’accomplir la dernière volonté de ses patients, qu’elle s’est montrée humaine. Bernard Kouchner, alors secrétaire d’Etat à la Santé, prend même sa défense sur la plateau du 20 heures de France 2, le 25 juillet 1998.
Une hausse de 150 % du nombre de décès Christine Malèvre devient une icône, la « madone de l’euthanasie ». Elle publie, en mars 1999, un livre au titre évocateur : Mes aveux. « J’avais franchi une frontière invisible, et je l’avais franchie en silence, dans une solitude totale, puisqu’elle est interdite. J’avais aidé un être humain à mourir, parce qu’il me l’avait demandé. Courage ou faiblesse de ma part ? Qui étais-je, moi, petite infirmière diplômée, pour oser tenir la main de ce mourant, et abréger sa souffrance ? J’étais celle à qui le mourant avait fait promettre. J’étais celle qui regardait la mort arriver du même regard que lui, et accompagnait son angoisse », confesse-t-elle dans l’ouvrage. La même année, elle est invitée sur le plateau de l’émission La Marche du siècle et reçoit le soutien de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).
Le 8 avril 1999, le vent tourne pour Christine Malèvre. Le juge d’instruction Richard Pallain l’auditionne de nouveau. Depuis sa première garde à vue, Christine Malèvre a modifié sa version des faits. Finalement, elle ne reconnaît plus que l’euthanasie de quatre patients. Pourtant, le juge Pallain a demandé aux enquêteurs d’établir des statistiques. Les chiffres sont édifiants. Par exemple, il y eut dans le service, en 1997, 83 décès. Or, chaque fois qu’elle était en service, le taux de décès augmentait de 150 %. De plus, les collègues de Christine ont affirmé aux enquêteurs qu’elle avait une fascination pour le morbide, qu’elle était la seule infirmière à faire la toilette des morts et qu’elle se rendait aux enterrements des patients, contrairement aux pratiques du milieu. En outre, elle a entretenu une relation avec un malade qui souffrait de sclérose en plaques. Pour les psychiatres qui l’ont expertisée, « Mlle Malèvre, quoique jeune, ne s’étonne pas d’être fascinée et très attirée par les services où se trouvent des patients en fin de vie. Il semble que cette situation lui permette d’exercer sa mégalomanie, de transgresser la loi et d’avoir une totale inconscience de la portée de ses actes ». Le juge d’instruction décide de l’incarcérer, mais elle est libérée sept jours plus tard.
Coupable de six assassinats Christine Malèvre, 33 ans, comparaît en 2003 devant les assises de Versailles, accusée de sept assassinats. Quatre familles se sont portées parties civiles. Celles de Jacques Baudet, d’Hubert Bruyelle, de Denise Le Maout et de Jacques Gutton. L’hôpital de Mantes-la-Jolie s’est également constitué partie civile. Après quinze jours de procès, le tribunal la reconnaît coupable de six assassinats et la condamne à une peine de dix ans d’emprisonnement. La cour d’appel de Paris se montre plus sévère, puisqu’elle condamne l’infirmière à douze ans de prison. Durant l’audience, Christine Malèvre explique à la cour : « J’ai envie de vivre, de vivre ma vie de femme, de fonder une famille. » Ce qu’elle fera quatre ans plus tard.
REPÈRES 3 mai 1998 Décès de Jacques Gutton. 5 mai 1998 Elle est suspendue de ses fonctions. 6 mai 1998 Elle tente de se suicider en avalant des barbituriques. 6 juillet 1998 Elle est placée en garde à vue. 7 juillet 1998 Elle est mise en examen. 25 juillet 1998 Bernard Kouchner prend sa défense sur le plateau de France 2. Mars 1999 Publication du livre Mes aveux. 8 avril 1999 Audition du juge d’instruction Richard Pallain. Elle et incarcérée. 30 janvier 2003 Elle est condamnée à dix ans de prison par la cour d’assises de Versailles. 15 octobre La cour d’appel de Paris la condamne à douze ans. 2007 Elle est libérée de prison. |
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| Sujet: Re: Christine Malèvre 29.08.19 18:39 | |
| Le procès de Christine Malèvre : les euthanasies criminelles d'une jeune infirmière Douze ans de réclusion pour l'assassinat de six patients.
Par Marion Van Renterghem Publié le 25 août 2006 à 15h30 - Mis à jour le 25 août 2006 à 15h30
Au service de neuro-pneumologie de l'hôpital de Mantes-la-Jolie (Yvelines), le médecin-chef avait dit à l'infirmière : "Christine, je suis un peu étonné, je trouve que le patient décédé hier est parti un peu vite." Ce jour-là, Christine Malèvre avait paniqué. Elle n'avait pas osé lui dire la vérité, ce "petit doute" qui la rongeait. Ce patient en fin de vie, raconte-t-elle dans Mes aveux (Fixot, 1999), "il avait fallu l'aspirer régulièrement, toutes les heures. Il pleurait, étouffait et pleurait encore". Alors, elle avait pris seule la décision d'avancer la prise du tranquillisant. Et d'en augmenter la dose. "C'est là que j'ai fait quelque chose que je n'ai pas le droit de faire."
Infirmière modèle ou tueuse en série ? Empathique avec les malades incurables dont elle ne supportait pas la souffrance, ou fascinée par le pouvoir dont elle disposait sur leur vie ? Le 15 octobre 2003, Christine Malèvre, 33 ans, est interdite à vie d'exercer le métier d'infirmière et condamnée à douze ans de réclusion criminelle par la cour d'assises d'appel de Paris (deux ans de plus que devant les assises des Yvelines, en janvier). Reconnue coupable de l'assassinat de six patients, en 1997 et 1998, dans ce service où se concentraient les malades en fin de vie. Un spécialiste en statistiques diligenté pendant l'instruction avait établi que la densité des décès était de 2,5 à 4 fois supérieure quand Christine Malèvre était à son poste. "Elle nous a volé les derniers instants", se sont indignées les parties civiles.
Christine Malèvre est sortie major de sa promotion, à l'école d'infirmières de Mantes, en 1995. Un an plus tard, à 26 ans, elle est affectée dans ce service de neuro-pneumologie. C'est une petite femme boulotte et tonique, au visage d'enfant et à la voix mal assurée, qui a horreur de la saleté et du désordre. A l'école d'infirmières, elle recopie toujours ses notes au propre. A l'hôpital, elle range sans cesse les chariots de médicaments. "Perfectionniste" et "idéaliste", se décrit-elle elle-même. Dévouée aux malades, au point d'oublier qu'elle travaille en équipe, et son zèle énerve ses collègues. Elle va aux enterrements de ses anciens patients. Débordée par la souffrance des autres, s'y perdant elle-même.
"Dans mon combat entre ma conscience et la loi, dira-t-elle, c'était le malade le plus important." Elle reconnaît avoir commis une faute en ayant agi en solitaire, mais affirme l'avoir fait à la demande des patients. Ses conseils évoquent l'absence d'écoute de sa hiérarchie. L'avocat général s'ingénie à ruiner "l'image de la pauvre infirmière compatissante". La personnalité ambiguë de Christine Malèvre laisse de côté la difficile question de l'euthanasie des patients en fin de vie, ceux dont le souffle n'est plus que souffrance. |
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| Sujet: Re: Christine Malèvre 30.08.19 11:16 | |
| Christine Malèvre définitivement condamnée Christine Malèvre définitivement condamnée Christine Malèvre au tribunal (AP) L'ex-infirmière a été reconnue coupable en appel de l'assassinat de six de ses sept patients morts en 1997 et 1998 à l'hôpital de Mantes-la-Jolie. Elle ne s'est pas pourvue en cassation. Par L'Obs
Publié le 22 octobre 2003 à 08h15 SUR LE MÊME SUJET Le meurtre (art 221-1 du code pénal) Le meurtre (art 221-1 du code pénal) Une fiche de lecture sur le livre de Christine Malèvre intitulé "Mes aveux" (1999) Une fiche de lecture sur le livre de Christine Malèvre intitulé "Mes aveux" (1999) Rôle des différentes cours dans la justice française (site du ministère) Rôle des différentes cours dans la justice française (site du ministère) Les compétences de la cour d'assises Les compétences de la cour d'assises L'euthanasie en France et en Europe (site du Sénat) L'euthanasie en France et en Europe (site du Sénat) Christine Malèvre, 33 ans, l'ex-infirmière de l'hôpital de Mantes-la-Jolie (Yvelines) condamnée mercredi 15 octobre à 12 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Paris pour l'assassinat de six de ses patients, ne s'est pas pourvue en cassation, a-t-on appris mardi de source judiciaire. La condamnée avait jusqu'à lundi soir pour déposer cet ultime recours. Sa condamnation est donc définitive. Christine Malèvre s'est vu interdire à vie d'exercer la profession d'infirmière. Elle était restée impassible à l'énoncé du verdict, rendu après plus de sept heures de délibérations. "Infirmière, c'était toute ma vie", avait-elle déclaré dans la journée au terme des plaidoiries de ses trois avocats qui ont demandé son acquittement pour cinq des sept assassinats pour lesquels cette ancienne infirmière est jugée par la cour d'assises d'appel de Paris. La veille, l'avocat général avait demandé au jury de la condamner à une peine de réclusion criminelle comprise entre 15 et 18 ans. Elle était accusée d'avoir assassiné sept patients du service de neuro-pneumologie de l'hôpital de Mantes-la-Jolie entre 1997 et 1998.
Des regrets
Les deux avocats de Chritine Malèvre ont immédiatement réagi à l'annonce du verdict. Maître Michel Zaoui a estimé que "pour elle, c'est une décision difficile, lourde. Elle essaye de se dire qu'elle ne s'en tire pas trop mal... Elle ne regrette pas d'avoir fait appel. Elle regrette de ne pas avoir été totalement comprise". Me Charles Libman considère que «les douze ans de réclusion infligés à Christine Malèvre constituent une peine effroyable... Elle est effondrée». Me Libman s'est demandé si la Justice n'a pas «voulu faire un exemple» avec cette décision. En janvier 2003, la cour d'assises des Yvelines à Versailles l'avait condamnée à dix ans de réclusion criminelle pour six des sept assassinats. «Je croyais en venant devant vous que j'allais être différente, que j'allais faire tomber ce masque. Je m'aperçois que c'est encore difficile», avait-elle expliqué mercredi avant que la cour ne se retire délibérer dans l'après-midi. Une Christine Malèvre que le ministère public avait décrit comme menteuse et manipulatrice.
"Point de convergence"
Ce dossier, a estimé Me Michel Zaoui, dernier des trois avocats à intervenir, est "une sorte de point de convergence entre une personnalité fragile et un environnement qui a failli". Une infirmière "qui a commis des actes pour lesquels elle va être sanctionnée", explique-t-il. Mais, a-t-il plaidé, cette décision doit revêtir "le caractère d'une profonde humanité". L'avocat a dénoncé "l'inertie d'un service qui a laissé faire" tout en connaissant le danger potentiel qu'elle pouvait représenter. Elle n'est pas la seule à avoir failli. «Les témoins ont essayé de se couvrir, c'est normal. Cela ne doit pas avoir pour conséquence que Christine Malèvre paye pour tout le monde». Le Dr Olivier Ille, responsable du service dans lequel elle travaillait, a affirmé lors du procès avoir été prévenu en mai 1998 des agissements de Christine Malèvre. Une version démentie par plusieurs médecins et infirmières. Elle est donc devenue un bouc-émissaire, selon Me Zaoui. Une infirmière qui a commis des fautes et que l'on charge de toutes les fautes commises par le service. Car cette jeune femme s'est «laissée déborder par la souffrance des patients et sa propre souffrance», assure-t-il. Me Sandra Zemmour expliquera qu'elle «s'est noyée avec ses malades».
Toujours suspecte
Chacun des faits et gestes s'est retourné contre Christine Malèvre, ont affirmé les deux avocats. «Quand elle tient la main d'un patient, c'est suspect. Quand elle ne lui tient pas la main, c'est suspect», a insisté Me Zemmour. «On a reproché à Christine Malèvre d'être grosse. Aujourd'hui, sa voix chevrotante en fait une criminelle», s'est énervé Me Zaoui. Le mobile de Christine Malèvre n'est pas animé par une volonté de tuer. Plutôt une «pitié dangereuse». Elle a agi pour abréger la souffrance et non pour abréger la vie, a analysé Me Michel Zaoui. «Son envie de faire cesser la tragédie de l'autre devenait dangereuse». (AP) |
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| Sujet: Re: Christine Malèvre 30.08.19 11:21 | |
| CHRISTINE MALÈVRE FACE AUX FAMILLES DE SES VICTIMES Mardi, 21 Janvier, 2003 Le procès de l'infirmière accusée de sept assassinats s'est ouvert hier devant la cour d'assises de Versailles. Les familles attendent " la vérité ".
Physique tout en rondeur, mains jointes reposant sur les jambes, large frange blonde barrant un visage empreint de douleur, Christine Malèvre écoute, apathique, la lecture des faits qui l'ont renvoyée, depuis hier, devant la cour d'assises de Versailles. Sept " assassinats " pour lesquels l'ancienne infirmière, âgée de trente-trois ans, aujourd'hui " technicienne " sous contrôle judiciaire dans une entreprise près de Laval, encourt la réclusion à perpétuité. Sept malades incurables dont elle a eu la charge au sein du service neuro-pneumologie du centre hospitalier de Mantes-la-Jolie (Yvelines) en 1997 et 1998. Sept patients parmi lesquels elle a reconnu, devant le juge d'instruction, dans les médias puis dans un livre confession, en avoir " aidé " quatre à mourir parce que, prétend-elle, elle ne supportait pas de les voir souffrir. Une première dans l'histoire de la justice française, qui va se pencher durant deux semaines sur des actes d'euthanasie active que cette pratique illégale dans le pays assimile à des crimes (lire l'Humanité d'hier).
Face à l'accusée, quatre familles de victimes se sont portées parties civiles, ainsi que l'hôpital où elle officiait. Denise Le Maout, quarante-huit ans, atteinte d'un cancer des bronches inopérable et pour laquelle les médecins avaient pronostiqué une espérance de vie de six mois, est morte le 9 novembre 1997 dans les bras de son époux, Alain, Christine Malèvre à leurs côtés. " C'était comme dans une mise en scène, elle a dirigé chacun de mes mouvements, a enlevé l'aide respiratoire pour que je puisse enlacer Nisou qui, dans un dernier sourire, m'a dit " je t'aime " ", se remémore son mari, une larme glissant sur la joue. Contenant tant bien que mal une émotion ravivée par ce premier jour de procès, Alain Le Maout revient sur sa " quête de cinq années ", qui l'a poussé le premier parmi les proches des victimes à questionner la justice, à monter, un temps, une association, avant de tout stopper par peur qu'elle ne soit cataloguée d'" anti-euthanasie ". " Un débat qui ne doit pas polluer l'affaire Malèvre. "
Ses doutes personnels sur les circonstances du décès de son épouse sont devenus " des certitudes au fil de l'instruction ". Il attend maintenant " d'être au plus proche de la vérité ", tout en sachant que Christine Malèvre nie avoir tué Denise Le Maout. " Elle a essayé de me joindre dès 9 heures, le jour où ma femme est morte, pour que je vienne vite à l'hôpital, alors que dans le même temps, le service de réanimation estimait que Nisou, victime d'une crise d'épilepsie, allait mieux. Que savait donc Christine Malèvre de plus que les médecins ? " interroge-t-il. Ses deux fils, il l'a appris ce dimanche, l'ont rejoint dans ce rendez-vous judiciaire en tant que partie civile, " c'est un peu comme une famille qui se reconstitue ". " Ce matin, j'ai gagné mon premier combat, quand j'ai vu Christine Malèvre, je n'ai pas eu de rejet, plutôt même une forme de compassion. Je sais qu'elle a pleuré avant l'audience ", confie un homme qui souhaite que les débats se déroulent dans " une dignité " dont il ne se départit jamais.
Sophie Bouniot |
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| Sujet: Re: Christine Malèvre 30.08.19 14:42 | |
| Mots-clés : hôpital justice POLSAN - ETABLISSEMENTS VERSAILLES, 20 janvier (APM-Reuters) - Le procès de Christine Malèvre, ancienne infirmière de l'hôpital de Mantes-la-Jolie (Yvelines), accusée de 7 assassinats sur des patients entre février 1997 et mai 1998, a débuté lundi matin devant une salle comble. Christine Malèvre, assise en face des parties civiles est apparue très pâle et fatiguée. Les yeux rougis, elle a réussi avec difficulté à maîtriser ses larmes. Les cheveux courts et colorés de mèches blondes, habillée de blanc et de couleurs sombres, la tête appuyée sur ses bras, elle a adressé à plusieurs reprises des regards aux quelque soixante journalistes, venus rendre compte de son procès. Interrogé par le président de la Cour d'assises sur son identité, Christine Malèvre a répondu d'une voix éteinte. Après la lecture de la volumineuse ordonnance de renvoi, l'audition des témoins de personnalité va commencer lundi après-midi et doit se prolonger mardi matin. La mère de Christine Malèvre, souffrante, ne témoignera pas mais son père et sa sour viendront à barre. Une première passe d'armes a eu lieu entre Me Charles Libman, avocat de l'ex infirmière et les avocats de la partie civile, Me Olivier Morice et Me Benoît Chabert au sujet d'une pièce supplémentaire à joindre au dossier. Me Morice a souhaité que le script de l'intervention de Christine Malèvre à l'émission de la Marche du siècle, diffusée le 23 septembre 1998, puisse être retenu estimant que l'interview de la jeune femme par Jean-Marie Cavada pouvait "être importante pour la recherche de la vérité". Me Libman a souhaité pour sa part que l'ensemble de l'émission soit visionné au procès estimant "qu'on ne pouvait par sortir un texte de l'ensemble de son contexte." L'avocat général a considéré que l'on pouvait accepter le script de façon isolée puisque Christine Malèvre avait été interrogée de façon isolée par Jean-Marie Cavada et n'avait pas pris part aux débats. Le président de la Cour d'assises a mis fin à l'altercation, invitant à trancher plus tard sur cette question. L'interrogatoire sur le fond de l'accusée devrait débuter mardi. Puis, chacun des cas qui lui sont reprochés sera présenté en détail. L'ex infirmière est accusée d'homicides volontaires sur sept patients commis tous avec préméditation. Jacques Baudet décédé le 21 février 1997 à l'âge de 64 ans, avait été hospitalisé pour un cancer du poumon. Hubert Bruyelle qui avait également un cancer du poumon est mort à l'âge de 75 ans le 6 novembre 1997. Denise Le Maout atteinte d'un cancer des bronches est décédée le 9 novembre 1997 à l'âge de 48 ans et Dominique Kostmann, mort à l'âge de 47 ans le 17 novembre 1997, avait une lésion tumorale du tronc bronchique inférieur et se trouvait en phase de thérapie palliative. Patrick Hauguel qui est décédé le 12 mars 1998 souffrait d'un cancer laryngé avec nécrose de l'oreille gauche. Patrice Collin mort le 27 avril 1998 était en thérapie palliative. Enfin, Jacques Gutton dont le décès le 3 mai 1998 a déclenché l'affaire est mort à l'âge de 71 ans. Quatre familles se sont portées parties civiles. Il s'agit des familles de Jacques Baudet, d'Hubert Bruyelle, de Denise Le Maout qui sont représentées par Me Olivier Morice, et de la famille de Jacques Gutton défendue par Me Benoît Chabert. L'HOPITAL AUSSI PARTIE CIVILE L'hôpital de Mantes-la-Jolie s'est également porté partie-civile. Son avocat Me Christian Raoult a souligné avant l'ouverture du procès que les personnels de l'établissement avaient été très choqués par cette affaire. "Il est important pour eux que la justice se fasse parce qu'il faut que l'on sache que cette manière de prendre en charge les patients est indigne dans un l'hôpital", a-t-il indiqué aux journalistes. Le chef du service de neurologie-pneumologie dans lequel travaillait l'infirmière, le Dr Olivier Ille, et le Dr Laurence Kouyoudmjian spécialiste en pneumologie, seront entendus mardi à l'occasion de l'interrogatoire sur le fond de Christine Malèvre puis lors des auditions relatives aux victimes qui vont débuter mercredi. Véronique Raff, surveillante générale, et Françoise Leprêtre, infirmière générale, interviendront également à l'occasion de l'interrogatoire sur le fond. Le Dr Olivier Ille et Véronique Raff ont été les premiers à mettre officiellement en cause l'infirmière en faisant part de leurs soupçons d'euthanasie active à la suite du décès de Jacques Gutton au directeur de l'hôpital. Ce dernier avait alors alerté le procureur de la République le 6 mai 1998. Le procès où 80 témoins et experts doivent s'exprimer est prévu pour durer jusqu'au 31 janvier, rappelle-t-on. |
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| Sujet: Re: Christine Malèvre 30.08.19 14:47 | |
| Christine Malèvre, 28 ans, infirmière. Mise en examen pour euthanasie, elle affirme un dévouement sans limites. Le passage. Par Stéphane LINO — 31 octobre 1998 à 11:53 Christine Malèvre, 28 ans, infirmière. Mise en examen pour euthanasie, elle affirme un dévouement sans limites. Le passage. Elle est «trop» et «pas assez». C'est son problème. «Trop humaine»,
«pas assez égoïste». «Trop sensible», «pas assez détachée». «Une femme trop grosse, trop petite», «une infirmière pas assez parfaite». Qui ne s'aime pas. Mais qui a choisi de se montrer «pour que des gens puissent peut-être mourir sans souffrir». Les yeux, agiles et noirs, à l'abri derrière les joues. Cet automne, Christine Malèvre, 28 ans, infirmière suspendue de sa fonction a accepté d'affronter l'opinion publique, la justice, ses pairs. Et ses actes: plusieurs patients euthanasiés par ses soins au service de pneumologie-neurologie de l'hôpital de Mantes-la-Jolie. Comme si elle rattrapait un débat qu'elle a bien involontairement suscité cet été. Tâtonnant pour l'incarner, elle si enveloppée, si lisse. Continuant à brandir sa compassion qui lui a tenu lieu de raison. Cherchant dans les médias une contrepartie à la sanction qui la laisse nue, la privant du sens de sa vie: son métier. Cela fait cinq mois que Christine Malèvre, inculpée pour homicide, n'a plus le droit d'enfiler sa blouse. Jusqu'à son procès. Devenir infirmière: la petite Mantoise du Val Fourré a toujours voulu ressembler à la dame «si douce, si gentille, si jolie», qui venait régulièrement soigner les otites de sa petite soeur Céline. Christine traîne cette idée fixe toute sa jeunesse, malgré les mises en garde de son père, contremaître chez Renault, qui avait souffert des absences du grand-père boulanger. En terminale, elle passe outre, présente le concours d'infirmière en même temps que le bac, est reçue au premier, échoue au second à la surprise générale. S'y recolle l'année suivante. Et réalise enfin le rêve de sa vie. «J'étais comblée. Je faisais ce que j'avais toujours voulu faire.» Pourtant, son métier va la projeter contre une réalité qui lui a toujours fait peur: la mort. Du plus loin du néant, des images la hantent. Le décès de sa grand-mère qu'elle a vécu comme un «gouffre» à l'âge de 18 ans. Le corps d'un jeune garçon abandonné comme un chien sur le bas-côté d'une route au Pérou. En évoquant sa première rencontre physique avec un cadavre, elle parle de «traumatisme». Alors qu'elle participait à un examen pendant ses études d'infirmière, un homme «encore jeune» meurt. «J'ai voulu faire la courageuse, je suis entrée dans la chambre.» Elle a été prise de panique.
Christine Malèvre égrène ses souvenirs nécrologiques comme autant de jalons de sa courte vie d'infirmière. Evoque ce malade retrouvé décédé le téléphone à la main. «J'ai pensé qu'il avait cherché à nous appeler, je me suis dit qu'on ne devait pas laisser les gens mourir seuls.» La fréquentation de la mort ne la lui a pas rendue moins mystérieuse. Ces confrontations ne la découragent pas, renforcent même son amour d'un métier qu'elle magnifie. Son idéal: Mère Teresa. Son objectif professionnel: les soins palliatifs. Pour aider «à vivre sa fin». «Ce passage d'un monde à l'autre, je ne le comprends pas. On ne s'habitue pas. On peut juste se rassurer en se disant qu'une personne ne souffre plus.» Ce qui la fait vivre Christine Malèvre, c'est «d'aider les autres». Les autres: un mot qui lui sert de leitmotiv, d'étai, de parapluie et de ligne d'horizon. C'est pour eux, «les autres», qu'elle se lève le matin. Elle a «toujours envie de leur faire plaisir», elle veut «leur rendre service». Dans sa pratique professionnelle, elle était «plus relationnelle que technicienne». A réconforter. A écouter. A soulager «ses» patients. A préférer les basses oeuvres aux actes médicaux sophistiqués. Souvent, par plaisir, elle donnait un coup de main aux aides-soignantes chargées de tâches ingrates. «Le malade, quand on lui donne à manger ou qu'on lui fait sa toilette, il se confie. C'est un moment privilégié.» Christine Malèvre se nourrit tellement «des autres» qu'elle en a pris 30 kilos en trois ans. Elle a tant besoin qu'on ait besoin d'elle. Ne se sent pas le droit d'exister pour elle-même. Désormais privée d'hôpital, elle fait de gros efforts le matin, à la demande du psychiatre qui la suit, pour s'habiller, se lever. Pour rien. Pour elle. C'est compliqué. «La seule chose que j'aimais chez moi, c'était ma façon d'exercer mon métier.» Et quand, enfin, elle se trouve une occupation, elle n'en est pas la destinatrice. En ce moment, elle tricote au point mousse. Des pulls pour des enfants, un gilet pour sa soeur. «Je sais donner mais je ne sais pas recevoir.»
Les malades ont apprécié qu'on s'occupe ainsi d'eux. En pneumo, beaucoup l'appelaient par son prénom; quand ils quittaient le service, ils lui écrivaient régulièrement, pas avares de «mercis». Enfin soulagés de trouver quelqu'un à qui se confier. Jusqu'à demander ce qui officiellement ne se fait pas. Au cours de sa garde à vue devant la police judiciaire, Christine Malèvre a parlé d'une trentaine «d'euthanasies», sous l'effet des anxiolytiques, elle était confuse, en état de choc. Aujourd'hui, devant le juge d'instruction, elle reconnaît quatre cas. «Pour ces patients, je ne regrette pas, ils ont eu ce qu'ils ont voulu.» Son seul remord: que le secret qui la liait à ces malades ait été déchiré. Pour les familles aussi, elle a de la peine. «Elles vont avoir un deuil à refaire. Leur malade a voulu partir, et c'est à moi qu'il en a parlé. Pas aux femmes, pas aux enfants. C'est un nouveau coup pour eux, c'est une brèche qu'on ouvre.» A l'hôpital, on refuse de parler de «problème de société»: «Dans ce cas particulier, il ne s'agit que d'un fait divers.» Elle n'avait rien dit à l'équipe soignante qui assure que des soins palliatifs étaient bien dispensés dans le service et qui lui en veut de son silence. De quel droit, s'est-elle tue? Elle avance qu'elle n'avait pas «confiance» et se sentait marginalisée. Elle n'a rien confié non plus à l'homme qui partageait alors sa vie, lui-même malade, dépendant d'elle, et qui depuis cet été a pris ses distances. Elle n'a rien soufflé à ses amis, à sa soeur, à ses parents. Portant seule le poids de ces serments qu'elle seule connaît. Et quand elle a été sommée de s'expliquer par la direction de l'hôpital, acculée, elle a préféré faire une tentative de suicide. Plutôt que de dire. Ses parents ont tout découvert en regardant le journal télévisé. «Aujourd'hui, je pense que cette affaire va faire avancer les choses. Je reçois des lettres où l'on écrit: "Vous êtes la lumière de cette profession.» Christine Malèvre, encouragée par le soutien qu'on lui manifeste, s'est emparée de l'oriflamme. Celle qui, cet été, ne sortait pas son chéquier pour faire ses courses, qui prenait rendez-vous chez l'esthéticienne sous un faux nom pour ne pas être découverte, a accepté de se confier sur le plateau de la Marche du siècle. Quitte à être reconnue dans la rue. Un drôle de bouleversement pour cette «timide rougissante qui ne se met jamais en avant». Mais qui se faisait remarquer par son sens aigu d'une certaine perfection. Ainsi, à l'école d'infirmières, où elle prenait tous ses cours au brouillon et les recopiait au propre chez elle. A l'hôpital encore, où elle passait son temps à ranger les chariots de médicaments. «Je ne supportais pas qu'ils soient en bazar.» Comme ce fatras de la vie qu'elle conjure dans le dévouement. Indispensable. En quête de toute-puissance? «Je m'occupe des autres comme j'aimerais qu'on s'occupe de moi.» Jusque dans la mort.
photo JEAN-FRANÇOIS JOLY
CHRISTINE MALEVRE EN 6 DATES.
10 janvier 1970: Naissance à Mantes-la-Jolie.
Juillet 1991: Reçue au concours de l'école d'infirmières.
Juillet 1995: Intègre le service de pneumologie et de neurologie de l'hôpital François-Quesnay de Mantes-la-Jolie.
Mai 1998: L'hôpital est alerté par un nombre plus important de décès chez les malades incurables en pneumo. Tentative de suicide de Christine Malèvre. 7 juillet: Mise en examen pour une trentaine d'«homicides volontaires». Elle est laissée en liberté mais soumise à une obligation de soins.
Octobre: Le mari d'une femme de 48 ans décédée en novembre 1997 se constitue partie civile. |
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| Sujet: Re: Christine Malèvre 30.08.19 14:52 | |
| Christine Malèvre retrouve la liberté. L'infirmière de Mantes, qui a reconnu quatre cas d'euthanasie, avait été écrouée le 8 avril. Par Eric Favereau — 17 avril 1999 à 00:46 Christine Malèvre retrouve la liberté. L'infirmière de Mantes, qui a reconnu quatre cas d'euthanasie, avait été écrouée le 8 avril.
Christine Malèvre n'aura passé qu'une semaine en prison. La chambre d'accusation de la cour d'appel de Versailles a prononcé, vendredi, la remise en liberté de l'infirmière de l'hôpital de Mantes qui avait été mise en examen pour plusieurs «homicides volontaires», en juillet 1998, laissée en liberté puis écrouée, le 8 avril dernier.
La chambre d'accusation n'a pas suivi les réquisitions de l'avocat général qui avait demandé le maintien en détention de Christine Malèvre. Ce dernier invoquant notamment le «trouble exceptionnel à l'ordre public» suscité par les derniers développements de ce dossier. «Nous sommes passés de l'histoire d'une infirmière compatissante, souhaitant soulager la détresse de ses malades, à un dossier de meurtres caractérisés», avait expliqué de son côté Olivier Morice, avocat de trois parties civiles.
De fait, l'incarcération inattendue, la semaine dernière, de Christine Malèvre reposait sur «une appréciation différente du dossier» par le juge d'instruction Richard Pallain. Quand l'affaire avait éclaté, l'été dernier, Christine Malèvre se présentait alors comme une infirmière victime de son dévouement, n'ayant pas pu, ni su, résister devant la douleur de patients au stade terminal de leur maladie. Certes, lors de sa garde à vue, l'infirmière avait endossé une trentaine de cas d'euthanasie, mais quelques jours plus tard, devant le juge, elle revenait sur ses premières déclarations, pour ne reconnaître que quatre cas. Et elle était restée sur ce chiffre. Le 8 avril, lors d'une audition prévue de longue date, le juge d'instruction s'est montré ferme. Il avait devant lui des expertises psychiatriques très défavorables à Christine Malèvre (Libération du 14 avril), mais aussi des statistiques inquiétantes de décès dans le service de pneumo-neurologie quand l'infirmière était de service. Enfin, il gardait en mémoire plusieurs déclarations publiques de l'infirmière qui l'avaient fortement agacé. En outre, ce jour-là, le juge a voulu vérifier un point du dossier. Christine Malèvre a toujours affirmé que c'était une erreur technique qui l'avait conduite à accélérer le passage de morphine dans une seringue, pour une malade X. Cette supposée erreur avait néanmoins choqué une de ses collègues présentes, qui n'y avait pas cru. L'argument de Christime Malèvre n'a pas résisté devant la reconstitution, effectuée dans le bureau du juge, ce 8 avril. Devant cet ensemble de faits, il décidait son incarcération. «Cette décision est injustifiée. Que tout le dossier ne nous soit pas favorable est une chose. Qu'il y ait des points à expliciter, c'est certain. Mais rien ne permet de l'incarcérer plus aujourd'hui qu'hier. A moins de prendre son incarcération pour une vengeance», a développé son avocat, Olivier Fontibus, devant la chambre d'accusation. Il a donc été entendu. |
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| ARCHIVE La dérive meurtrière d'une infirmière Par Casteret Anne-Marie, publié le 24/06/1999 à 00:00
En deux ans, à l'hôpital de Mantes-la-Jolie, Christine Malèvre a «abrégé les souffrances» de nombreux malades. Souvent à leur insu. Les partisans de l'euthanasie en ont fait une héroïne. Histoire d'un contresens Elle pourrait être la petite soeur de Modiano. Même oeil très noir. Même timidité. Même geste de la main pour happer dans l'air le mot précis qui se dérobe. «Je croyais que cette affaire se dégonflerait avec le temps. C'est le contraire. Aujourd'hui, Christine est accusée d'assassinat, on la traite de Barbe-Bleue et je ne comprends plus très bien ce qui se passe.» Béatrice Piccini vient d'écrire un petit livre concis, tendre et cru sur la solitude et la détresse d'une infirmière face à la vieillesse et à la mort de ses malades. Euthanasie: l'hôpital en question (Michalon) est un plaidoyer vibrant pour Christine Malèvre, pour toutes les infirmières à qui il peut arriver un jour de se retrouver «montrée du doigt par tout un hôpital, jetée en pâture à l'opinion publique, abandonnée en invoquant le dérapage».
Depuis que l'affaire Malèvre a éclaté dans les journaux, en juillet 1998, Béatrice Piccini est devenue l'un des plus fidèles soutiens de la jeune infirmière de Mantes-la-Jolie, suspendue de ses fonctions et mise en examen pour avoir euthanasié plusieurs de ses patients. «J'ai vu le gros titre de France-Soir: ?Ne tirez pas sur l'infirmière.'' J'ai lu l'article, raconte-t-elle. C'était terrifiant, cette femme seule et toute cette équipe médicale soudée contre elle. J'ai eu envie de retirer ma blouse blanche. Il faut que tout ce cirque s'arrête. Il faut dire que l'euthanasie se pratique dans tous les établissements de soins. Comment prétendre résoudre un problème quand on refuse d'abord de le reconnaître publiquement?» Alors elle raconte. Quinze ans de pratique infirmière en établissement public ou privé. Le malade à bout de souffrance, le vieillard qui ne supporte plus sa déchéance, le médecin qui prescrit le fameux «cocktail lytique» par quelques mots sibyllins ou quelque gribouillis et s'enfuit, laissant l'infirmière seule poser la perfusion et assister le mourant. «J'étais parfois d'accord, parfois non.» Elle décrit la nausée, le refus intérieur, le désir de poursuivre le médecin dans le couloir, de lui demander d'écrire lisiblement la prescription, de prendre la responsabilité de l'acte, de couvrir ses subalternes. «Je n'en veux à personne. C'est le système qui est pervers. Chaque soignant se débat dans l'illégalité. Je n'ai rencontré que des êtres humains qui pratiquaient une euthanasie de compassion pour procurer au malade une mort plus douce. Pas de meurtrier. Jamais. Ne me dites pas que cette fois-ci je suis tombée sur la criminelle du siècle, je n'y crois pas!» Pourtant, Béatrice Piccini, comme d'autres, s'est trompée d'héroïne. Quand faut-il commencer l'histoire de Christine Malèvre?
Quand, petite bonne femme accablée par son poids et désireuse de venir en aide aux plus déshérités, elle sort major de sa promotion d'infirmières et entre à l'hôpital de Mantes-la-Jolie, en 1995? Quand, en mars 1996, elle entend trois coups de feu dans son service, se précipite dans la chambre où un mari désespéré vient de tuer sa femme démente avant de se suicider? Quand elle «se trompe» en accélérant le débit d'une seringue de morphine? Quand on se moque d'elle dans le service parce qu'elle semble attirer les décès? Quand elle insiste auprès d'une consoeur pour commander du chlorure de potassium, une substance couramment utilisée en perfusion mais rapidement mortelle en cas de surdose massive? Quand elle reste assise près d'un mourant pour le soutenir? Quand elle pleure avec les familles? Quand deux de ses consoeurs, qui commencent à avoir de sérieux soupçons, éclatent d'un fou rire nerveux en la trouvant une fois de plus très affairée au chevet d'un cadavre? Ou enfin ce 4 mai 1998, quand le Dr Olivier Ille, chef du service de neurologie, alerté par certains membres du personnel soignant, convoque Christine Malèvre dans son bureau, lui demande abruptement si elle a euthanasié M. G., et, devant ses explications embrouillées, l'accompagne chez le directeur de l'hôpital? Henri Gosset suspend immédiatement l'infirmière de ses fonctions et saisit le parquet de Versailles. Dans la nuit, la jeune femme est hospitalisée en urgence pour tentative de suicide. Elle avait laissé une lettre à ses collègues: «A tous ceux qui m'ont appréciée et ceux qui m'ont toujours détestée... Je préfère partir de ce monde où l'on protège les salauds et où l'on accuse les innocents. [...] Je pars ailleurs. Réfléchissez bien et, à l'avenir, n'accusez pas sans savoir. Je ne veux que des gens sincères à mes obsèques.» A l'hôpital, dans le service, c'est l'effroi. De confidence en confidence, on s'aperçoit que les «interventions» de Christine Malèvre ont dû être nombreuses. Olivier Ille tombe des nues. Il ne nourrissait aucun soupçon. Personne, ni l'hôpital ni l'infirmière, n'a intérêt à ce que la presse se saisisse du dossier. Le Parisien révèle l'affaire le 25 juillet, trois semaines après la mise en examen de Christine Malèvre pour homicides volontaires. Tout de suite, c'est le nombre de personnes «euthanasiées» qui étonne. Au cours de sa garde à vue et lors de sa première comparution devant le juge Richard Pallain au tribunal de Versailles, Christine Malèvre reconnaît spontanément, avec un calme étonnant: «Je vous ai parlé d'environ 10 décès sur commande et d'une vingtaine de ma propre initiative. Ceci est un ordre d'idées. Je n'arrive pas à mettre un visage sur un nom.» Elle déclare d'abord que ses actes répondaient à la demande du patient ou de sa famille. Puis elle avoue que jamais une famille ne lui a demandé d'abréger la vie d'un proche. Ses avocats entrent alors en jeu. Elle se rétracte. Ne reconnaît bientôt plus que huit, puis quatre euthanasies. Elle cite des noms, elle dit des phrases étonnantes: «Celui-là, oui, c'est mon oeuvre...» Elle continue à se contredire, affirme que M. G. lui a demandé expressément de mourir, puis qu'il a simplement dit «J'en ai assez». On lui rétorque que M. G., aphasique, ne pouvait pas parler. Alors, elle se souvient: il lui a fait comprendre par signes son désir d'en finir. Pendant que procureur et juge commencent à se poser des questions, dans la presse le débat bat son plein.
Depuis Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la Santé, qui demande la compassion pour une jeune femme trop isolée, jusqu'à Mgr André Vingt-Trois, évêque auxiliaire de Paris, fustigeant la «liberté de mettre à mort». En passant par le sénateur Henri Caillavet, président de l'ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité), qui réclame une législation. Des membres isolés de la profession médicale prennent aussi fait et cause pour Christine Malèvre, demandant que l'hypocrisie cesse: oui, tous les jours, des «cocktails lytiques» sont administrés aux malades en fin de vie. Le milieu médical le sait. Le milieu médical se tait. Les rares enquêtes menées dans les services à ce sujet sont cependant révélatrices. Ainsi, l'une des plus récentes, effectuée dans un service hospitalier de Lyon-Sud en 1996 et intitulée «Infirmier et cocktail lytique», témoigne du malaise: 137 questionnaires envoyés, 67 rendus. Parmi les réponses, 68% des infirmiers déclarent utiliser ces mélanges de médicaments qui provoquent un coma puis la mort. La décision est prise par le médecin seul (14% des cas) ou après consultation systématique (20%) ou épisodique (66% des cas) de l'équipe soignante. Qui pratique l'injection? 9 fois sur 10, l'infirmier; près de 1 fois sur 10, le binôme; exceptionnellement, le médecin seul. D'où la révolte et l'indignation que soulève l'affaire Malèvre chez certains soignants. Beaucoup sont persuadés qu'elle a agi par compassion. D'autres se montrent d'emblée plus circonspects, comme Marie-Jeanne Ourth-Brelle, présidente du Syndicat des infirmières libérales: «D'une part, je trouve étrange que cette jeune femme ait déclaré agir à l'insu de tous, sans en parler avec l'équipe. D'autre part, je me range à l'avis de tous ceux qui sont responsables de soins palliatifs. Dans notre pratique, l'euthanasie est une mauvaise réponse à un vrai problème, qui est celui de la prise en charge des malades en fin de vie. Quand la souffrance est soulagée, la relation thérapeutique instaurée, je n'ai jamais entendu un malade réclamer la mort.»
Des milliers de lettres de soutien L'émotion suscitée par la mise en examen de Christine Malèvre ne se cantonne pas au milieu médical. Un sondage effectué dans le public montre que trois Français sur quatre sont favorables à l'euthanasie pour abréger la vie d'une personne qui souffre. On se méfie du pouvoir médical et de l'acharnement thérapeutique. Des milliers de lettres, des chèques viennent soutenir l'infirmière de Mantes-la-Jolie, si émouvante avec ses yeux tristes dans l'émission de Jean-Marie Cavada, La Marche du siècle, en septembre 1998.
Devant son écran, Alain Le Maoût est triste lui aussi. Il a refusé de participer à l'émission: «Parce qu'on se trompait de débat. Illustrer le problème de l'euthanasie avec le cas Malèvre, pour moi, c'était indécent.» Première partie civile à porter plainte, il voudrait bien savoir ce qui s'est passé lors de la mort de sa femme, en novembre 1997. Une chose est sûre à ses yeux: Christine Malèvre ne faisait pas partie des infirmières qui s'occupaient habituellement de sa femme. Celle-ci était atteinte d'un cancer pulmonaire inopérable. Elle avait mal supporté sa première chimiothérapie, mais la seconde s'était «bien passée». Elle devait sortir ce week-end où Christine Malèvre était de garde. «Ma femme a commencé à se sentir mal le samedi. Elle avait une bizarre impression. Le dimanche, je préparais la maison pour son retour, une amie est venue me chercher. ? Viens, me dit-elle, Denise est très mal. ? Je suis arrivé pour voir ma femme mourir dans mes bras. En présence de Christine Malèvre.» Tout le monde a l'air un peu surpris d'un décès si rapide, mais, sous le choc, Alain Le Maoût ne se pose pas de question. Il envoie des petites cartes de remerciement aux infirmières. Au cimetière, Christine Malèvre assiste à l'enterrement. Plus tard, apprenant qu'il est imprimeur, elle viendra lui demander de fabriquer ses faire-part de mariage, car elle doit épouser en août 1998 un malade de son service, gravement atteint d'une sclérose en plaques. Quand l'affaire éclate dans la presse, Alain Le Maoût commence à s'interroger. «Un jour, brusquement, j'ai su où je l'avais déjà vue. L'année d'avant, à l'enterrement d'un de mes copains. C'était aussi un malade de Christine.»
Tension dans l'équipe Françoise Herpe, deuxième «famille» à porter plainte, peut rapporter une histoire similaire: un père souffrant d'une maladie rare et grave, mais dont le pronostic final n'était pas engagé à court terme. «Il devait sortir le lendemain en maison de retraite.» Encore un appel en catastrophe, encore Christine Malèvre pour l'accueillir, encore une certaine tension dans l'équipe. Françoise Herpe manifeste ses doutes et demande à rencontrer le patient qui partageait la chambre de son père. Elle n'obtiendra pas satisfaction. «Quand j'ai lu l'histoire dans les journaux, j'ai été persuadée que l'infirmière avait provoqué la mort de papa. Je suis sûre qu'il ne lui a rien demandé, car il ne souffrait pas. Quinze ans auparavant, il avait fait une crise très violente, gravissime. Si Christine Malèvre avait été là, aurait-elle décidé de lui ôter la vie?» L'avocat de la jeune infirmière, Me Olivier Fontibus, rappelle que sa cliente n'a jamais reconnu ni le meurtre de Mme Le Maoût ni celui de M. Herpe.
Christine Malèvre exercait depuis 1996 dans ce service de neuropneumologie. Très vite, les premiers soupçons naissent au sein de l'équipe. Parmi les quatre cas reconnus ultérieurement par Christine Malèvre, deux euthanasies, «à la demande expresse des patients», sont pratiquées cette année-là. En 1997, le malaise s'accentue. La jeune femme irrite. Certaines de ses anciennes camarades de promotion la trouvent étrange. Elle ne parle que de soins palliatifs et d'aide aux mourants, part en week-end de méditation en compagnie de gens étranges et peu communicatifs - «Une secte?» s'interroge l'une de ses compagnes. A d'autres, elle parle d'envoûtement, de marabout. Et puis elle se met en scène: «Elle jouait à l'infirmière modèle, faisait la leçon à tout le monde.» Elle tance ses collègues, déplore le laisser-aller, va au-devant des familles. Elle dit privilégier le «relationnel» et laisse aux autres le soin de renouveler les pansements pour se précipiter dans la chambre des patients en fin de vie, même quand ils ne font pas partie de «ses» lits. Après tout, pourquoi pas? Certaines consoeurs sont sans doute soulagées de se voir déchargées de relations stressantes, pénibles, accaparantes. Et personne ne nie que Christine ait de l' «écoute» et de la patience. Mais de petits dysfonctionnements inquiètent quelques membres du service. Beaucoup d' «erreurs», toujours dans le même sens: des doses de sédatifs trop fortes, une perfusion de morphine accélérée, des «lunettes» à oxygène retirées et posées sur le front d'un malade inconscient, juste après le passage de Christine dans la chambre.
Plus tard, les soupçons se cristallisent: le personnel constate qu'il y a davantage de morts quand Christine Malèvre est présente dans le service et que les malades meurent alors plus vite. D'abord sujet de plaisanterie, cette particularité finit par intriguer. En novembre 1997, plusieurs décès «un peu trop rapides», dont celui de Mme Le Maoût, alertent le personnel soignant. Mais celui de Dominique K., lui, est une véritable commotion pour les deux infirmières qui travaillent avec elle. Christine Malèvre, empressée, pénètre dans la chambre du malade alors que son épouse est auprès de lui. Elle va vers la perfusion, tripote la seringue de morphine: la dose prévue pour huit heures part d'un coup. Mme K. s'inquiète. Christine Malèvre fonce à la salle de soins pour remplir une seringue d'eau stérile et de tranquillisant afin de donner le change en la replaçant sur la perfusion. Mais une de ses collègues, déjà présente lors de la mort de Denise Le Maoût, voit la seringue vide en entrant dans la chambre du malade, cherche Christine... et comprend le stratagème: «C'est un accident, dit Christine, j'ai paniqué. - Il faut le dire au médecin. - Oh, non, non, j'ai peur de me faire engueuler.»
Personne ne dit rien. Le malade entre dans le coma et meurt douze heures plus tard. Sa femme tombera en pleurs dans les bras d'une aide-soignante: «Qu'a- t-elle fait? Ce n'est pas bien, elle a eu un geste incorrect.»
Cette fois, pour l'entourage de Christine, le voile s'est déchiré: elle a bien décidé, seule et en secret, de la mort d'un malade. La dénoncer? Certaines aides-soignantes sont révoltées. L'une d'elles menace de démissionner «au prochain décès». Mais sur quelles preuves tangibles fonder une telle accusation? Une autre décide d'écrire à Christine: «Je ne peux plus cautionner ton attitude. Que tu ne supportes plus la souffrance, je peux le concevoir. Mais que tu leur voles leur mort, je ne suis plus du tout d'accord. De quel pouvoir te sens-tu investie? Tu as besoin d'aide. Accepte de te remettre en cause.» Christine Malèvre ne répondra pas à la lettre et boudera pendant plusieurs semaines.
«Après, elle a modifié son comportement. On a pensé qu'elle avait compris», raconte une aide-soignante. Mais les «morts trop rapides, inattendues» continuent. En 1997 et 1998, les décès surviennent quatre fois et demie et trois fois plus souvent quand elle est présente dans le service (voir L'Express n° 2472). Une fréquence qui exclut le hasard. Quand elle prend un congé, les décès s'espacent... Les simples statistiques permettent d'envisager un nombre d'interventions de l'infirmière bien plus proche des 30 avouées au début de sa mise en examen que des quatre reconnues plus tard. Bienveillants et très compréhensifs au départ, juge et procureur semblent de plus en plus méfiants. Plusieurs fois, ils ont poussé la jeune femme dans ses retranchements et l'ont surprise à mentir. Ainsi, lors d'une récente reconstitution, elle s'est montrée incapable de répéter l' «erreur de manipulation qui lui a fait injecter d'un coup une dose prévue pour huit heures». Tout simplement parce que le geste, qui demande beaucoup de force, est impossible par inadvertance.
Quand on demande à la voir, Christine Malèvre décline poliment, d'un ton étrangement serein. Comme si elle récitait sa leçon. Comme si elle était parfaitement inconsciente de l'enjeu. Soutenue par un avocat déterminé et une soeur inconditionnelle qui l'encouragent dans un système de défense à haut risque (pour elle), l'ancienne major de promotion, celle qui se voulait Mère Teresa, a publié au printemps dernier un livre, Mes aveux (Fixot), en collaboration avec sa soeur Céline. Au grand dam de l'avocat des parties civiles, Me Olivier Morice, qui demanda en vain le retrait du livre pour violation du secret médical. Certains détails très péjoratifs concernant les patients ou leur famille blessaient des parties civiles (aujourd'hui cinq) bien oubliées du débat public. On y découvre surtout la naïveté accablante d'une infirmière dite irréprochable qui avoue: «J'ai si peur qu'à partir de cet incident sans gravité on découvre le reste.» L'incident sans gravité va plonger un homme dans le coma. Mais qu'y avait-il donc à cacher si soigneusement à l'équipe?
Une meurtrière perverse? Dans les journaux, le ton a bien changé ces derniers jours, depuis la mise en examen de l'infirmière pour assassinat - ce qui implique la préméditation. On ne parle plus de la «Madone de l'euthanasie», mais d'une serial killer. Ne serait-elle donc qu'une meurtrière perverse? Le portrait que donnent d'elle ses anciennes collègues ne semble pas coller parfaitement à ce schéma. Certes, «elle se faisait mousser auprès des familles, éclipsait ses collègues. Elle aimait être celle qui avait vu le dernier geste, entendu la dernière parole». Mais beaucoup témoignent aussi de ses larmes après la mort d'un malade. On l'a vue entrer seule dans une chambre et en ressortir une demi-heure après en s'effondrant: «C'est fini.» On l'a retrouvée un jour au chevet d'un mort, dont elle tenait la main, figée, les yeux perdus dans le vide. Comme après une crise. Dans le couloir, elle éclatera en sanglots. Elle pleure beaucoup, Christine Malèvre. Souvent, partout, même en essayant sa robe de mariée. Sur qui pleure-t-elle? Les deux psychiatres qui l'ont examinée décrivent une «incapacité à la pitié, à nouer une relation avec l'autre, une volonté d'immobiliser l'autre». Ils concluent leur expertise sur une mise en garde: «Si une certaine médiatisation et l'attitude de Mlle Malèvre tendent à faire évoluer les faits qui lui sont reprochés vers un débat sur l'euthanasie, il nous semble qu'il ne s'agit ici aucunement de cette question, mais d'une personne souffrante et à la dérive qui tente de se sauver dans une sorte de mission.»
Le vrai problème que pose Christine Malèvre à la société n'est pas celui de l'euthanasie, mais celui de la formation et de l'encadrement de jeunes infirmières fraîchement débarquées dans un service lourd, au milieu d'une pénurie de personnel et de moyens. Il faudra bien un jour se demander pourquoi l'équipe a mis tant de temps à réagir, pourquoi les infirmières ou les aides-soignantes n'ont pas su ou pas pu faire part de leurs inquiétudes, pourquoi les chefs de service et l'infirmière générale n'ont pas repéré la corrélation étroite entre la présence de Christine et les décès du service. Pourquoi, au lieu de lui proposer un jour de changer de poste parce qu'elle «semble avoir des problèmes», ne lui a-t-on pas imposé un arrêt de travail et un suivi psychologique?
«C'est ce qui me révolte dans cette affaire, dit Béatrice Piccini. Je ne connais pas le fond du dossier. Je trouve inadmissible que l'hôpital se défausse. Christine s'est trouvée dans une situation où nous pouvons toutes, un jour, nous trouver. C'est pourquoi j'ai voulu la défendre.» Mais, antithèse de celui de Christine Malèvre, le livre de Béatrice Piccini réclame la transparence, la responsabilité des uns et des autres, le dialogue, la décision collégiale. Elle avoue sainement: «Quand une agonie s'annonce, on se dit: pourvu que ça ne tombe pas sur moi.» Christine Malèvre, elle, se porte au-devant de ces situations terribles. Elle les attend: «Ça va être pour nous, ça va être pour nous!» Elle agit seule, «de sa propre initiative». Elle refuse de parler de ses problèmes à ses collègues. Et quand, au cours de sa garde à vue, un policier lui récitera la liste des malades décédés dans le service, elle dira posément: «Celui-là, oui, c'est mon oeuvre.» |
| | | | Christine Malèvre | |
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