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| Sujet: Mgr E.de M-B. 04.09.19 20:35 | |
| Mgr Éric de Moulins-Beaufort : “Assumons de mener une vie différente”Publié le 04/09/2019 à 11h51 - Modifié le 04/09/2019 à 11h51Interview Marie-Lucile Kubacki et Aymeric ChristensenLe nouveau président de la Conférence des évêques de France (élu en avril, il a pris ses fonctions le 1er juillet) évoque les chantiers de l’année à venir, à commencer par la révision des lois de bioéthique. Rencontre.C’est dans un parfum de rentrée que nous reçoit jeudi 29 août Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims. Fin des vacances – quelques touristes gravitent encore autour de la cathédrale –, mais surtout rentrée politique, avec la révision des lois de bioéthique qui s’annonce à l’Assemblée. De façon très symbolique, à l’heure où nous franchissons la lourde porte de l’archevêché, des représentants des grandes religions sont auditionnés par les députés de la commission spéciale dédiée au projet de loi. Hasard du calendrier, le nouveau président de la Conférence des évêques de France rencontrait aussi le matin même à Paris le président de la République, avec le père Thierry Magnin, secrétaire général de la CEF. « C’était une visite de courtoisie, à ma demande, sans autre enjeu que de me présenter et de me laisser connaître » , tempère d’emblée l’homme d’Église, sans toutefois dissimuler que l’échange, qui a duré 1h30, lui a permis d’ « exprimer [nos] réflexions sur un certain nombre de sujets ». Comprendre : les fractures de la société, l’accueil des migrants ou encore la relation entre l’État et les religions, sans oublier évidemment la bioéthique. « Le Président était dans la continuité de son discours aux Bernardins en 2018, très attentif et respectueux de ce que nous avions à apporter. » Détendu et disponible, Mgr de Moulins-Beaufort a manifestement l’envie de développer ce thème. Ce qui ne l’empêchera pas d’évoquer avec nous plus largement l’Église catholique en France, après une année marquée par la crise des abus sexuels et spirituels. La nécessité d’en finir avec ce fléau a non seulement donné naissance à une commission indépendante, présidée par Jean-Marc Sauvé et chargée de dresser un état des lieux complet, mais n’est pas non plus étrangère au choix de l’ancien évêque auxiliaire de Paris par ses pairs. La tâche qui l’attend avec ses deux vice-présidents – Dominique Blanchet, évêque de Belfort-Montbéliard, et Olivier Leborgne, évêque d’Amiens – est importante, mais la nouvelle « voix » de l’épiscopat a des idées et de l’ambition. « Nous avons la chance d’être un trio qui travaille bien ensemble. C’est aussi un défi, car si nous ne réussissons pas, nous ne pourrons pas mettre cela sur le compte d’une mauvaise entente entre nous » , plaisante-t-il, peut-être seulement à demi. En attendant les grands chantiers qui l’attendent, en interne comme en externe, c’est au jardin, pour profiter d’un dernier rayon de vacances, qu’il fait donc sa rentrée. Éric de Moulins-Beaufort, nouvelle «tête » des évêques de France Certains estiment qu’aujourd’hui l’Église catholique est « dans une ornière », que sa parole a perdu toute crédibilité à cause des abus, a fortiori quand elle veut parler au nom du bien de l’enfant… La révélation des abus sexuels commis dans l’Église a heurté nos concitoyens. Certains sont confortés dans leur méfiance envers l’Église ; beaucoup sont atteints dans la confiance qu’ils pouvaient avoir en notre parole. Cela fait partie des dommages collatéraux de ces affaires et cela se comprend très bien. Mais je ne ressens pas pour autant de mépris dans mes échanges avec les pouvoirs publics – je ne l’ai pas senti lors de ma rencontre avec le président de la République. Car l’Église n’a pas failli en tous ses membres, même si elle a failli en trop de ses membres. Plus localement, lorsque Mgr Bruno Feillet, évêque auxiliaire de Reims et président de notre conseil famille et société, Mgr François Touvet, évêque de -Châlons-en-Champagne, et moi-même rencontrons les parlementaires de la Marne et des Ardennes et -discutons des lois de bioéthique, nous avons de bons échanges, même s’ils prennent ou non ce qui leur est dit. Je pense que nous avons toujours des efforts à faire pour porter notre parole de manière utile, crédible et audible. Sur un certain nombre de sujets, du reste, la parole de l’Église n’a pas à être uniquement portée par l’épiscopat. Il faut qu’elle le soit aussi par des catholiques, hommes et femmes, en tant que citoyens. Avez-vous le sentiment que les pouvoirs publics écoutent réellement la parole de l’Église ? De manière générale, sur le terrain, la collaboration est excellente – j’en fais l’expérience à Reims et dans les Ardennes. Certes, il y a des bémols : nous trouvons, à l’échelle nationale, que les aumôneries ne sont pas très bien accueillies dans les universités, et nous voudrions en parler avec la ministre. Mais globalement, le rôle des catholiques à travers les associations et les mouvements pour la paix sociale ou le service des plus pauvres me semble plutôt bien reconnu. En ce qui concerne l’entretien des bâtiments et la sécurité, nous travaillons aussi dans un climat de respect et d’écoute. Cependant, sur les grandes questions fondamentales, ce n’est pas l’Église qui dirige les esprits, et c’est là qu’il faut se faire entendre et discuter. Comment rejoindre nos contemporains, quand une part croissante n’a jamais mis les pieds dans une église ? Il faut que nous sortions, que nous nous montrions davantage. La France est riche d’un patrimoine considérable… Encore faut-il montrer qu’il s’y passe quelque chose ! Beaucoup voient les églises comme des musées. Nous devons faire entendre notre voix face aux choix de société, mais notre souci doit être moins de nous lamenter de l’état des mœurs actuelles que de vivre pleinement la beauté de ce qui nous est donné. Il faut que des gens rencontrent cela et que nous les convainquions que ce n’est pas réservé à un club. Chez nos contemporains, il y a une forme de désespérance. Parce que l’on ose plus espérer la grande Espérance, on se contente d’espérer de petites réalisations, des petits bonheurs. Il faut croire que nous sommes faits pour la joie véritable, pas pour un bonheur circonscrit. Les chrétiens, s’ils prennent Laudato si’ au sérieux, pourraient par exemple prendre des modes de vie et des engagements plus visiblement en rupture Manquons-nous d’ambition spirituelle ? Oui. Toute une partie de la société de consommation est faite pour nous en détourner, occuper notre esprit en agitant continuellement des choses à acheter et à posséder, en nous persuadant qu’elles méritent notre attention. Et si, par bonheur, on nous encourage à méditer, c’est pour que nous soyons plus performants pour l’entreprise ! Nous, chrétiens, devons assumer de mener une vie différente. Peut-être faut-il que cela se traduise par des choix de vie plus explicites, des choix auxquels la contrainte écologique pourrait nous amener. Les chrétiens, s’ils prennent Laudato si’ au sérieux, pourraient par exemple prendre des modes de vie et des engagements plus visiblement en rupture, mais qui seront attrayants, comme dans les tout -premiers temps du christianisme. En pleine révision des lois de bioéthique, de quelle manière l’Église veut-elle faire entendre sa voix ? Beaucoup de choses ont déjà été faites, et il faudrait être sourd pour ne pas l’avoir entendu ! Lors des États généraux, de nombreux croyants ont pris la parole comme citoyens ; nous, évêques, nous avons fait des documents, des livres, que nous avons envoyés aux parlementaires. Une véritable réflexion, assez large, s’est développée sur ces sujets, comme sur la fin de vie, notamment grâce à l’expérience de catholiques engagés dans les services de soins palliatifs comme professionnels et bénévoles. Et puis nous ne sommes pas seuls à émettre des réserves : des non-catholiques ont également exprimé très rationnellement les dangers sociétaux et sociaux de l’extension de la PMA et de la tentation de l’euthanasie. La figure la plus emblématique est Sylviane Agacinski, mais il y en a d’autres. Pourtant cela n’a pas changé grand-chose à l’avis émis par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) ni au projet de loi… C’était pareil lors de la révision précédente des lois de bioéthique, et ce sera encore le cas à la suivante ! Mais cela ne saurait empêcher que nous disions ce que nous avons à dire. Jusqu’à manifester ? Pourquoi pas, si des gens estiment pouvoir et devoir faire ce choix citoyen. Aujourd’hui le débat est parlementaire. Qu’est-ce qui peut convaincre les parlementaires de prêter attention... |
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| Sujet: Re: Mgr E.de M-B. 04.09.19 20:50 | |
| et rebolote je ne suis plus, j'en ai assez ! Paix et tranquillité impossibles ? la solution: fuir, fuir, fuir FUIR, finalement je n'avais pas tort (en ce qui me concerne personnellement ). Je me comprends mieux en regardant ds mon rétroviseur; pourquoi parle-t-on de querelles de clocher ? Grenouille de bénitier ou pilier de paroisse, ce n'était pas mon truc et çà l'est encore moins "la paix du Christ" aux lecteurs et aux lectrices Ironiser, c'est permis ? ! ! ! |
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