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 Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière

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MessageSujet: Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière   Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière Icon_minitime26.02.20 15:12

ABUS SEXUELS
Révélations sur la face cachée de Jean Vanier
Publié le 22/02/2020 à 08h45 - Modifié le 22/02/2020 à 11h01
Sophie Lebrun

Lefteris Pitarakis/AP/SIPA
Lefteris Pitarakis/AP/SIPA

Une enquête indépendante mandatée par l'Arche révèle le passé coupable de Jean Vanier. Non seulement il avait bien connaissance des abus perpétrés par son père spirituel, Thomas Philippe, dans les années 1950-1970, mais il a lui-même agressé sexuellement des femmes en accompagnement spirituel à cette époque et jusqu'en 2005.

À l’origine, il y a le père Thomas Philippe. Accompagnateur spirituel du fondateur de l’Arche, Jean Vanier, ce dominicain est une figure encombrante dans l’histoire de cette fédération de communautés accueillant des personnes porteuses d’un handicap. Avec son frère, Marie-Dominique Philippe, lui aussi dominicain, fondateur de la congrégation Saint-Jean, ils forment un duo au cœur de plusieurs scandales d'abus révélés dans l’Église catholique depuis une vingtaine d’années, de l’enquête de La Vie en 2001, « Des gourous dans les couvents », jusqu’à la diffusion l'an dernier sur Arte du documentaire Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église.

Depuis 2014, plusieurs témoignages sont ainsi parvenus à l’Arche, venant de femmes abusées sexuellement et spirituellement par Thomas Philippe. Des cas suffisamment graves pour que l’association, présente dans 38 pays, entreprenne un travail de vérité pour démêler les fils de son histoire. « Nous ne mettrons pas cette réalité sous le tapis », ont régulièrement martelé ses responsables. Plusieurs enquêtes indépendantes ont ainsi été initiées, et l’association a décidé d’en communiquer les premiers résultats.

Et les faits mis au jour sont effarants, profondément déstabilisants compte tenu du rayonnement de Jean Vanier au sein du monde catholique. Contrairement à ce qu'il a toujours affirmé, le fondateur de l’Arche avait bien connaissance de la condamnation par le Saint-Siège de Thomas Philippe, prononcée en 1956. Mais la réalité est bien pire, et de nature à sérieusement ternir l’image de cette personnalité essentielle de l’Église ces dernières décennies : il a lui-même reproduit, à l'époque et jusqu'en 2005, le comportement qu'il a « appris » de son « père spirituel ».

Aux sources de l’affaire
Le premier témoignage concernant directement Jean Vanier a en fait été reçu par l'Arche en mai 2016. Une femme décrit une relation sexuelle vécue dans le cadre d'un accompagnement spirituel, avec des discours religieux douteux de la part de Jean Vanier. Elle souligne en avoir gardé une souffrance, mais craint de faire du mal à l'Arche. « Jean a reconnu à l'époque ce qu'il voyait comme une relation réciproque », explique Stephan Posner, responsable international du mouvement, en présentant les résultats de l’enquête interne à plusieurs médias chrétiens, dont La Vie. « Il a expliqué ne pas avoir de souvenir d'une justification mystique. Il a demandé pardon à cette femme, qui lui en a été reconnaissante. »

L’affaire aurait pu en rester là, mais en mars 2019, quand une nouvelle femme se manifeste, « nous lançons immédiatement une réelle enquête », ajoute Stephan Posner. C’est d’autant plus délicat que Jean Vanier, 90 ans, affaibli depuis plusieurs mois par une attaque cardiaque, est à la fin de sa vie. Il sera hospitalisé un mois plus tard à la clinique Jeanne Garnier, à Paris. Néanmoins, avec discrétion, l’enquête démarre. Quatre autres femmes se font connaître durant celle-ci, confiée à un organisme britannique spécialisé dans le conseil pour la protection contre l'exploitation et l'abus sexuel. Un comité de surveillance indépendant, composé de deux anciens haut-fonctionnaires français, est chargé d'évaluer l'intégrité et la fiabilité de ce travail. Alors que les dominicains accordent l'accès à leurs archives aux responsables de l'Arche en juin 2019, ces derniers mandatent l'historien Antoine Mourges pour analyser la relation entre Jean Vanier et son père spirituel Thomas Philippe. Le chercheur peut également s'appuyer sur les correspondances entre les deux hommes, découverte à la mort de Jean Vanier, le 7 mai – près de 180 lettres de Thomas Philippe à destination du fondateur de l’Arche.

L'écart est si vertigineux entre l'homme que j'ai connu et celui que je découvre… je lutte pour accepter, alors même que je sais les faits indiscutables.
– Pierre Jacquand, responsable France de l'Arche

« Cela fait quelques mois que je connais les résultats des enquêtes, et à chaque fois que je les lis à haute voix, je suis abasourdi », confie, ému, Stéphane Posner en détaillant les conclusions des experts. À ses côtés, Pierre Jacquand, responsable France de l'Arche, ajoute : « L'écart est si vertigineux entre l'homme que j'ai connu et celui que je découvre… je lutte pour accepter, alors même que je sais les faits indiscutables. »

Pour tenter de comprendre, les deux actuels responsables de l’association insistent sur l'importance de commencer par « le début », la rencontre entre Thomas Philippe, théologien prometteur qui vient de fonder un centre spirituel réputé dans l'Église, l'Eau vive, et Jean Vanier, jeune Canadien qui sort de la marine après avoir vécu la Seconde Guerre mondiale et qui cherche un sens à sa vie. Ce dernier l'a toujours dit : le prêtre était son modèle et l'est resté, dans son esprit, jusqu'à la fin de sa vie. En 1952, ce « père spirituel » est poursuivi lors d'un procès canonique pour abus sexuels sur deux femmes qui ont contacté l'Église catholique. Il est condamné en 1956 à la peine de « déposition » : interdiction d'enseigner, d'exercer tout ministère et d'administrer tout sacrement. La raison de cette sanction, la plus haute avant le renvoi de l'état clérical : des théories qualifiées de « fausse mystique » qu'il déployait pour convaincre ses victimes d'avoir des rapports sexuels avec lui et justifier qu'il enfreigne son vœu de chasteté. L'information complète était sous le sceau du secret pontifical et n'a été exhumé qu'après une enquête canonique menée en 2015.

L'ombre du père Thomas Philippe

« Dès les années 1950, et contrairement à ce qu'il a pu nous dire à plusieurs reprises, Jean Vanier était informé » de tout, souligne encore Stephan Posner. Le fondateur avait réagit publiquement en mai 2015, se déclarant « bouleversé et choqué, ne comprenant absolument pas comment tout cela a pu se passer » et affirmant alors avoir été mis au courant « de certains faits » quelques années auparavant, mais être resté « totalement ignorant de leur gravité »... Face à notre stupéfaction, le responsable de l’Arche internationale martèle : « Oui, il a menti. »

En réalité, tout au long des années 1950 et 1960, Jean Vanier a fait partie d'un petit groupe de soutien au père Thomas Philippe. Les quelques femmes présentes dans ce groupe avaient des relations sexuelles teintées de délires mystico-religieux avec ce prêtre tout comme elles en avaient, dans les mêmes termes, avec Jean Vanier. C’est ce que laissent penser les lettres que certaines de ces femmes lui ont envoyées, ainsi que celles que Thomas Philippe faisait parvenir à « son fils spirituel » pour lui expliquer ce que, selon lui, la Sainte Vierge attendait de lui par ces pratiques, ou le félicitant d’avoir bien suivi ses recommandations. Les liens entre les deux hommes étaient connus des autorités ecclésiales, à tel point que le jugement du Saint-Office de 1956 stipulait que la volonté de devenir prêtre de Jean Vanier, si elle devait se concrétiser, ne pourrait pas se faire par dérogation, sans que celui-ci n’intègre d'abord un séminaire. Ce jugement interdisait également aux membres du groupe de se rassembler à nouveau, de fonder un lieu ensemble et même seulement d'avoir des contacts entre eux. Une mesure qu'ils n'ont jamais respectée, les courriers – transmis en secret – qu'ils échangeaient en attestent, et montrent « une forte influence de Thomas Philippe sur la pensée et le comportement de Jean Vanier », souligne le rapport d'enquête, que nous avons pu consulter.

De victime d'emprise par son père spirituel, Jean est passé à responsable.
– Stephan Posner, responsable de l’Arche internationale

En 1963, après un discret mais efficace lobbying de Jean Vanier, le prêtre en exil est autorisé à venir à Trosly-Breuil après avoir aidé son protégé à s'y installer. « Très vite, plusieurs des femmes du petit groupe le suivent dans sa démarche, participant à des degrés divers à la fondation de l'Arche », ajoute le rapport. Thomas Philippe y reprend progressivement ses activités de prêtre, confessant et proposant à nouveau des accompagnements spirituels. « Cela a rendu possible, de fait, la poursuite des abus sexuels [du dominicain] sur des femmes à l'Arche et lui a permis d'élargir son influence spirituelle sur les fondateurs ou membres d'autres communautés », assène encore le rapport.

Ce que ces femmes sont devenues, le rôle réel qu’a eu ce groupe dans la fondation de l'Arche, tout cela reste encore à déterminer, soulignent les responsables de l’association. « Il reste des “blancs” dans notre histoire, et nous allons continuer à prendre le temps de les remplir », assure Stephan Posner. « C'est peut-être la plus grave crise de l'histoire de l'Arche », enchaîne-t-il. Parce que « de victime d'emprise par son père spirituel, Jean est passé à responsable » d'abus lui-même.

L'autre Jean Vanier
« L'enquête a reçu les témoignages sincères et concordants portant sur la période 1970-2005 de six femmes adultes et non handicapées », sans lien avec celles des décennies précédentes, explique le rapport d'enquête. « Ces femmes font état de relations sexuelles que Jean Vanier a initiées avec elles, généralement dans le cadre d'un accompagnement spirituel, et dont certaines ont gardé de profondes blessures. Ces femmes, à qui Jean Vanier demandait de garder le secret, sans lien entre elles ni connaissance de leur histoire respective, rapportent des faits similaires associés à un discours supposément spirituel ou mystique destiné à les justifier. Ces agissements indiquent une emprise psychologique et spirituelle de Jean Vanier sur ces femmes et soulignent son adhésion à certaines des théories et pratiques déviantes du père Thomas Philippe qu'il reproduisit. »

Les renseignements concernant les victimes de ces abus sont confidentiels, « à leur demande », justifient les responsables de l'Arche. Mais « cela a duré pour chacune d'entre elles un certain temps, et nous parlons de faits qui ont eu lieu jusqu’en 2005 », assurent-ils. « Plusieurs étaient dans un état de vulnérabilité dont Jean Vanier avait connaissance ; elles étaient de tous les états de vie – célibataires, mariées, consacrées – et cela a bien été des relations sexuelles manipulatrices et contraintes en raison de l'autorité spirituelle qu'était Jean à leurs yeux », confirment-ils. « Toutes ont décrit comment ce comportement a eu, par la suite, un impact de longue durée et négatif sur leur vie personnelle et sur leurs relations interpersonnelles et conjugales. »

Il aurait dit à l’une d’elles : « Ce n'est pas nous, c'est Marie et Jésus. Tu es choisie, tu es spéciale, c'est un secret », ou encore, à une autre : « C'est Jésus qui t'aime à travers moi ».

Les extraits de leurs témoignages, cités dans le rapport d’enquête, rappellent douloureusement ceux des femmes abusées par Thomas Philippe. Comme pour elles, les attouchements sur tout le corps et les actes sexuels sont divers et nombreux. « C'était très intime, il a tout fait sauf la pénétration », détaille pudiquement l'une d'elles, mettant en mots ce que les autres ont aussi confiés. Les justifications de Jean Vanier font écho à celles du « dossier Thomas Philippe ». Le fondateur de l'Arche aurait par exemple dit à l’une d’entre elles : « Ce n'est pas nous, c'est Marie et Jésus. Tu es choisie, tu es spéciale, c'est un secret », ou encore, à une autre : « C'est Jésus qui t'aime à travers moi ». L'une d'elle raconte le basculement : « L'accompagnement spirituel s'est transformé en toucher sexuel. Cela a duré trois ou quatre ans, j'étais figée, j'étais incapable de distinguer ce qui était bien et ce qui était mal. (…) Il m'a dit que cela faisait partie de l'accompagnement. » Certaines de ces femmes, bien des années plus tard, sont revenues voir Jean Vanier pour lui partager leur souffrance. Dans leurs témoignages, elles confient qu'il n'a pas semblé comprendre… « Je pensais que c'était bon », répond-il ainsi à l'une d'entre elles.

Pierre Jacquand, le responsable France de l’Arche, se souvient également d'un échange particulier qu'il a eu avec Jean Vanier, quelques mois avant sa mort : « Au détour d'une rencontre, je lui demande comment il va. Il me répond : “Ça va, mais je suis angoissé parce que je suis encore le fils spirituel du père Thomas…” Sur le moment, je n'ai pas compris ce qu'il voulait dire. Aujourd'hui, je réalise qu'il a préféré nous mentir – toutes ces nombreuses fois où nous l'avons interrogé – plutôt que d'être infidèle aux théories du père Thomas. » Comme si remettre en cause cette figure représentait un « danger trop grand » à ses yeux, « comme si cela risquait de provoquer un effondrement en lui », complète Stephan Posner.

Anne-Marie Pelletier : « Un vrai combat spirituel est engagé dans ce présent »

Et l'Arche ? Qui savait en son sein ? Les membres du « premier groupe » n'auraient jamais vraiment révélé la nature de leurs relations antérieures. Ensuite, beaucoup de personnes sont arrivées d'un coup à l'Arche, et Jean Vanier a suivi spirituellement des centaines de personnes tout au long de sa vie, bien que lui-même n'ait jamais eu d'accompagnateur en particulier, sans compter tous ceux qui venaient régulièrement le consulter ou le rencontrer. Et si des alertes ont eu lieu, elles ne sont en tout cas jamais remontées. « Nous n'avons pas d'éléments pour dire que des membres de l'Arche ont su, compris et couvert. Jean a toujours reçu de nombreuses personnes, à toute heure », assure Stephan Posner, avant d’ajouter : « Nous n'avons pas d'éléments montrant une récurrence systémique qui se serait déployée dans l'Arche. Il semble que Jean n'ait pas cherché à faire des “disciples” ». « Enfin, insiste-t-il tout particulièrement, à notre connaissance, aucune personne en situation de handicap n'a eu à subir de tels comportements, ni de Thomas Philippe, ni de Jean Vanier. » Toutes les procédures concernant les alertes face à des abus de toutes sortes vont néanmoins refaire l'objet d'une évaluation, pour tous les membres de l’Arche – accompagnés et accompagnants.

« Le cœur brisé »
Le travail historique de l'Arche, quant à lui, ne fait que commencer, comme bien d’autres communautés fondées à cette époque qui ont vu ces dernières années remettre en cause leur figure centrale. « Notre histoire fondatrice vole en éclat, tout comme notre mythe fondateur. On vit avec des personnes cassées depuis 55 ans ; maintenant, nous avons une histoire cassée ! », s'exclame Stephan Posner, un triste sourire aux lèvres. Pierre Jacquand se livre à son tour : « Jean est mon ami. Il m'a fait du bien et je l'aime beaucoup. Je me sens dévasté. J'ai le cœur brisé. » Un sentiment de trahison encore à fleur de peau pour chacun d'eux.

La part de vie de l'héritage de Jean, c'est que la relation avec les personnes en situation de handicap transforme. Je crois qu'il était sincère dans cette démarche, et elle est inchangée à mes yeux.
– Pierre Jacquand, responsable France de l'Arche

Dans la lettre envoyée à toutes ses communautés, la Fédération de l'Arche veut aussi, dès maintenant, appeler à penser « l'après » : « L'Arche n'aura pas d'avenir si elle ne sait pas considérer son passé avec lucidité. (…) Comme responsables de l'Arche, notre rôle n'est pas de nous protéger contre des vérités qui nous blessent, mais d'être fidèles aux principes qui nous animent et d'affirmer “la valeur unique de chaque personne” – phrase importante des statuts de la communauté. » Pierre Jacquand commente : « La part de vie de l'héritage de Jean, c'est que la relation avec les personnes en situation de handicap transforme. Je crois qu'il était sincère dans cette démarche, et elle est inchangée à mes yeux. Car l'Arche n'est ni une idéologie, ni une spiritualité, c'est une expérience. Elle demeure intacte. »

La fragilité au centre

Moins d’un an après le décès de Jean Vanier, les 154 communautés réparties dans 38 pays vont maintenant prendre le temps d'un second deuil, celui de la figure de leur fondateur. Des espaces de dialogue vont s'ouvrir dans chacune d'elles. À la veille de rendre public ce travail de vérité, les responsables de l'Arche ont prévenu leurs partenaires réguliers, notamment religieux, de l'évêque de Canterbury aux responsables des Conférences des évêques de France, du Canada et des États-Unis. Tous les ont assurés de leur soutien, jusqu'au pape François qui les a reçus début février et les a encouragés à « faire toute la vérité ». « Nous sommes dans la sidération, il faut passer le temps de l'émotion avant d'aller sur la réflexion », conclut Stephan Posner. Le processus mondial de réécriture de la charte de l'Arche a été, lui, lancé en 2019. Cette démarche aura pour but de trouver de nouveaux mots pour dire « ce qu’est l'Arche » ; une première pierre de reconstruction depuis le départ de Jean Vanier, lui qui, interrogé sur la place du fondateur dans une institution d'inspiration chrétienne, disait : « Pour qu'une fondation vive et grandisse, il faut que le fondateur meure. »
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MessageSujet: Re: Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière   Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière Icon_minitime26.02.20 17:37

Abus sexuels : une enquête accable Jean Vanier, fondateur de l'Arche
Le Canadien, mort en 2019, est accusé d'abus sexuels sur plusieurs femmes entre 1970 et 2005 au sein de l'organisation engagée auprès des handicapés mentaux. Source AFP
Publié le 22/02/2020 à 18:21 | Le Point.fr
Jean Vanier, fondateur de l'Arche, est mort en 2019.
Jean Vanier, fondateur de l'Arche, est mort en 2019.

Un sentiment de malaise s'empare ce samedi de l'Arche. L'organisation, qui accueille des personnes ayant une déficience intellectuelle aux quatre coins du globe, révèle une enquête interne aux conclusions accablantes pour son fondateur, Jean Vanier, mort en 2019. Il est accusé d'abus sexuels sur plusieurs femmes sur la base de témoignages « sincères et concordants portant sur la période 1970-2005 » de six femmes adultes, non handicapées. Avec ces victimes, Jean Vanier « a entrepris des relations sexuelles, généralement dans le cadre d'un accompagnement spirituel, et dont certaines ont gardé de profondes blessures », explique l'Arche internationale dans un communiqué.

Lire aussi Le Français Jean Vanier couronné par le prix Templeton

Les investigations, menées par un organisme indépendant, n'ont pas identifié de personnes handicapées parmi les victimes, est-il précisé. « Ces agissements indiquent une emprise psychologique et spirituelle de Jean Vanier sur ces femmes et soulignent son adhésion à certaines des théories et pratiques déviantes du père Thomas Philippe », ajoute l'Arche. Le dominicain Thomas Philippe, père spirituel de Jean Vanier et figure encombrante de l'Arche, a été soupçonné d'agressions sexuelles sur des femmes.

La Conférence des évêques de France stupéfaite
« Nous sommes bouleversés par ces découvertes et nous condamnons sans réserve ces agissements en totale contradiction avec les valeurs que Jean Vanier revendiquait par ailleurs », ont écrit les responsables de l'Arche internationale, Stephan Posner et Stacy Cates Carney, dans une lettre adressée aux membres de l'organisation. « Nous voulons dire aussi notre gratitude aux femmes qui, il y a quelques années, ont brisé ce silence au sujet du père Thomas Philippe et ont ainsi aidé d'autres à se libérer d'un fardeau injuste de honte et de peine », ont-ils ajouté, leur demandant « pardon ».

La Conférence des évêques de France a fait part de sa « stupeur » et de sa « douleur » devant ces révélations, assurant de sa « compassion les femmes qui ont été ainsi abusées », ainsi que de sa « détermination à agir pour que la lumière soit faite ». L'Arche, dont le siège international est à Paris, est une fédération d'associations qui anime 154 lieux dans 38 pays où des personnes handicapées mentales vivent – spécificité de ces communautés – avec leurs accompagnants, salariés ou volontaires.
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MessageSujet: Re: Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière   Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière Icon_minitime26.02.20 19:31

Jean Vanier ou deux poids deux mesures
La déflagration qui frappe le petit monde catholique depuis la révélation par l’Arche internationale des abus commis par le fondateur Jean Vanier produit d’étranges réactions.

Christine Pedotti
Publié le 24 février 2020
par Christine Pedotti
Photo : Sharon Mollerus (CC BY 2.0)
Ah, comme on voudrait lui pardonner au motif que chacun a une part d’ombre : d’une certaine façon le personnage n’en serait que plus romanesque et notre désir de héros serait intact. Bizarrement, ce raisonnement semble moins approprié lorsqu’il s’agit de Marcial Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ. Là, beaucoup s’étonnent que la Légion n’ait pas été purement et simplement dissoute.

C’est que Jean Vanier, non seulement est notre Mère Teresa, mais il fait notre admiration pour son attention fraternelle et bienveillante à l’égard des handicapés mentaux, dont peu d’entre nous seraient capables. En l’admirant, nous exprimons notre mauvaise conscience et son dévouement en quelque sorte nous rachète…

Sauf que voilà que l’homme est dévoilé : menteur et abuseur. Menteur car il savait très exactement depuis 1952, comme le révèle rapport de l’Arche, qui était Thomas Philippe, son directeur spirituel.

La sanction du Saint-Office qui tombe en 1956 vise non seulement Thomas Philippe, mais aussi tous ceux qui, à l’époque faisaient partie de la communauté de l’Eau vive, et en tout premier lieu, Jean Vanier à qui Thomas Philippe avait remis les rênes. La condamnation du Saint-Office est grave, non parce qu’il y a abus sur des femmes, mais parce que ces abus sont commis au nom d’une doctrine spirituelle à caractère sexuel qui fait de l’union sexuelle une image de l’union mystique de Jésus et de Marie. L’Eau vive est considérée alors comme une sorte de secte d’initiés à cette doctrine. La monition du Saint-Office est claire. Déposition pour Thomas Philippe qui ne peut plus exercer aucun ministère de prêtre – sanction qui n’a jamais été levée – et dispersion pour les membres qui ont interdiction de reformer leur groupe. Quant à Jean Vanier, qui semble-t-il était tout prêt d’être ordonné prêtre, il est précisé que pour ce faire, il devra aller se former sérieusement plusieurs années dans un séminaire.

Et pourtant, le petit groupe se reforme : Jean Vanier n’a jamais laissé tomber Thomas Philippe, et c’est ensemble qu’ils fondent une nouvelle communauté, ce sera l’Arche de Trosly. Nous sommes en 1963-1964, et visiblement, manque de suivi ou oubli, les autorités catholiques, tant les dominicains que Rome ne semblent pas se rendre compte de ce qui se passe. On notera en passant que c’est la même doctrine spirituelle pourrie que l’autre frère Philippe, Marie-Dominique, exporte chez les fils et filles de Saint Jean, lesquels ont reconnu le caractère pervers de leur fondateur et le fait que ses pratiques avaient essaimé dans la communauté.

Les frères Philippe ont donc des disciples, des affidés… et Jean Vanier est l’un d’eux depuis l’origine. C’est cela l’horrible vérité dévoilée par le rapport de l’Arche.

Jean Vanier ne se cachait pas du lien profond qui l’unissait à Thomas Philippe : il déclarait par exemple : « La théologie du père Thomas m’a donné des principes solides et forts. Je n’en ai jamais vraiment cherché ailleurs. Si des gens trouvent que je suis très libre dans ma vie intellectuelle, même dans une interprétation de l’évangile de Saint-Jean et dans le développement d’une anthropologie qui colle à la réalité humaine et spirituelle, c’est bien parce que je suis pétri de la pensée et de la méthode du père Thomas ».

Les responsables actuels de l’Arche font tout ce qu’ils peuvent pour tenter de sauver l’organisation. Ils ont choisi la vérité dans ce qu’elle a de plus nue et de plus terrible. Nous pouvons les en remercier et espérer que leur détermination ne fléchira pas.

En revanche, pour Jean Vanier, force est de dire que c’est depuis sa jeunesse qu’il avait souscrit à la doctrine mystico-spirituelle perverse de son maître, qu’il n’a cessé de la soutenir et qu’il l’a fait en toute connaissance de cause et en toute désobéissance aux décisions de l’Église catholique.

En conséquence, évitons pour notre part les gloses spirituelles et émotionnelles.

Christine Pedotti
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MessageSujet: Re: Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière   Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière Icon_minitime29.02.20 12:15

Jean Vanier, le poison de la mystique sexuellePublié le 28 février 2020à 9h40

« Mystique sexuelle » : le diagnostic de l’Arche sur les abus sexuels de son fondateur Jean Vanier est sans appel. En cause, cette manière de justifier des agressions sexuelles sur des femmes par une sorte de salmigondis religieux et spirituel mêlant Jésus, Marie, la foi, dans un délire mystique et pervers. Sans entrer dans un jugement sur la personnalité sans doute totalement clivée de Jean Vanier, on est en droit d’éprouver sinon de la colère, au moins une grande consternation : comment, au XXIe siècle, peut-on encore relayer dans certaines sphères de l’Église catholique une telle vision perverse de la sexualité ? Comment des hommes et des femmes de notre époque ont-ils pu s’y fourvoyer ? De quoi donner raison à ceux qui, dans notre pays, ne voient dans le catholicisme qu’une sorte de secte obscurantiste et archaïque, obsédée par le sexe, avec des relations hommes-femmes datant du Moyen Âge.

« Dieu pervers »
Il faut de toute urgence relire Le Dieu pervers, du théologien Maurice Bellet, mort en 2018 (1). Dès 1978, il s’interrogeait pour savoir comment un Dieu qui est amour avait pu se transformer parfois en Dieu qui domine, écrase. Il faisait alors le lien entre « un système hanté par la nostalgie de la perfection », et la culpabilisation de la sexualité, avec toutes les dérives qui s’ensuivent. Tout y est…

Que l’Église ne soit pas au clair avec la sexualité, les récents scandales le montrent bien. Qu’elle n’ait jamais pris le temps de l’être est navrant, quand on sait le nombre de pages écrites par des responsables catholiques en matière de morale sexuelle. L’Église a pourtant su, grâce aux travaux d’exégètes, depuis le début du XXe siècle, réviser sa manière de lire les textes bibliques. Elle n’a pas fait le même effort pour la morale sexuelle, continuant trop souvent à raisonner en termes d’interdit et de permis. Une sorte de tabou a longtemps pesé sur le discours autour de la sexualité, comme si remettre en cause certains enseignements risquait de faire tomber tout l’édifice. On oscille entre une culpabilisation des relations sexuelles – la chasteté donnée en modèle – et une sacralisation souvent très naïve de la conjugalité, avec une idéalisation du couple, dans un modèle à vrai dire difficile à atteindre pour toute personne normalement constituée. Sans parler de l’égalité des sexes, et de toute une littérature sur Marie parfois assez mal ajustée…

soupe mystico-gazeuse
Il ne suffit pas de réviser les programmes des séminaires en ajoutant quelques heures de cours sur la sexualité pour les futurs prêtres. Il faut de toute urgence revoir cette vision de la sexualité que l’Église transmet au quotidien ! Ne pas avoir peur de s’y confronter, ne pas préférer se taire sur ce que l’on devine comme failles, troubles, ombres, que ce soit dans le célibat, la chasteté, le rapport homme-femme. Ou l’homosexualité, qui, on le sait, concerne une partie du clergé et dont le rejet officiel amène à des contorsions hypocrites. C’est même d’autant plus nécessaire dans une société hypersexualisée comme la nôtre. La Bible pourtant, et notamment l’Ancien Testament, regorge d’histoires particulièrement terribles d’adultères, d’incestes, de vengeances. Assez pour montrer que la sexualité peut être à la fois le pire et le meilleur. Que le problème n’est pas la sexualité elle-même, mais ce que nous en faisons. Que nous sommes tous traversés par nos désirs, y compris dans notre vie spirituelle. Il est temps d’avoir un discours adulte et non une soupe mystico-gazeuse qui conduit aux pires dérives. Faute de quoi nous risquons de continuer à être envahis par les « affaires sexuelles », ce qui finit par jeter le discrédit sur toute l’institution.

(1) Le Dieu pervers, de Maurice Bellet, DDB, 396 p., 9,90 €.
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MessageSujet: Re: Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière   Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière Icon_minitime03.03.20 19:39

site le Monde des Religions
ABUS SEXUELS
Jean Vanier ou la face cachée d’un géant
Par Loïc Druenne - publié le 02/03/2020

Jean Vanier, fondateur de l’association catholique L’Arche, a profité de son aura spirituelle pour abuser sexuellement de six femmes. C’est ce que révèle une enquête interne de l’association, rendue publique le 22 février.

C’est un véritable tremblement de terre dans le monde de l’accompagnement chrétien aux personnes handicapées qu’a provoqué une lettre, envoyée par la direction de l’Arche Internationale à ses membres et datée du 22 février dernier.

Une enquête indépendante, commandée par l’Arche peu de temps avant le décès de son fondateur, Jean Vanier, en 2019, met en lumière un aspect particulièrement sordide de sa personnalité. Pendant des décennies, révèle ce rapport accablant, Jean Vanier a usé de son autorité spirituelle afin d’abuser sexuellement d’au moins six femmes, adultes et non handicapées, dont les témoignages présentent d’indéniables concordances.

Qu’est-ce que l’Arche ?

Fondée en France en 1964 par Jean Vanier, un Canadien né en Suisse, accompagné notamment de son guide spirituel, le père Thomas Philippe, l’Arche est une organisation d’accompagnement et d’assistance aux personnes handicapées établie dans pas moins de trente-huit pays à travers le monde. Plus de dix mille membres, porteurs d’un handicap mental ou physique, vivent et travaillent ensemble, dans un esprit chrétien, au sein de 154 communautés.

Des antécédents inquiétants

Longtemps auréolée d’une réputation d’impeccabilité, L’Arche connaît ses premiers déboires dès 2014 lorsque les témoignages de deux femmes accusent le père Thomas Philippe, décédé en 1993, d’abus sexuels semblables à ceux désormais reprochés à son disciple Jean Vanier. Ce n’est qu’en 2015, à la suite d’une première enquête, qu’il est révélé publiquement pour la première fois que Thomas Philippe avait été condamné par l’Église catholique en 1956 pour « ses théories qualifiées de “fausse mystique” et des pratiques sexuelles qui en découlaient ». Il est alors recommandé à Jean Vanier, qui a affirmé jusqu’à sa mort avoir tout ignoré des agissements de son père spirituel, de se distancier de ce dernier. Jean Vanier lui reste cependant fidèle et élabore L’Arche avec lui, ainsi que d’autres personnes ayant probablement eu connaissance des actes de l’un et de l’autre.

Il apparaît que Jean Vanier a aussi hérité du père Thomas Philippe sa «mystique» et certaines de ses pratiques sexuelles.

Une enquête approfondie

En juin 2019, L’Arche Internationale annonce dans une lettre à ses membres son intention de «procéder à une enquête approfondie et indépendante qui nous permettra de mieux comprendre notre histoire, de parfaire notre travail de prévention des abus et donc d’améliorer nos propres politiques et pratiques actuelles». En juillet de la même année, il est annoncé qu’une entreprise britannique du nom de GCPS se chargerait de l’enquête, à la fois en raison du rôle central de Jean Vanier dans L’Arche, et de manière à assurer l’objectivité des résultats attendus. Spécialisée dans l’identification des risques à l’égard des groupes vulnérables au sein d’organisations de grande ampleur, l’entreprise avait déjà fait ses preuves auprès d’organismes tels que la Croix-Rouge britannique, GirlsNotBrides, Handicap International ou encore la Fédération luthérienne mondiale.

Pour les besoins de l’enquête, outre de nombreux entretiens avec des figures clés de L’Arche, des archives inédites de l’ordre des dominicains, auquel appartenait le père Thomas Philippe, ont été mises au jour, ainsi que de nombreux échanges épistolaires entre les deux hommes.

Des résultats accablants

Ce 22 janvier 2020, la direction de L’Arche Internationale dévoile les conclusions tant attendues de cette enquête. Le résultat est accablant : non seulement il est désormais avéré que Jean Vanier avait menti quant à sa méconnaissance des antécédents de son père spirituel, Thomas Philippe, mais il apparaît également que l’élève a lui aussi hérité du maître sa « mystique » et certaines de ses pratiques sexuelles. En témoignent pas moins de six femmes, adultes et non handicapées, qui, sans rapport entre elles, ont donné aux enquêteurs des détails pour le moins sordides sur les pratiques de Jean Vanier à leur égard entre 1970 et 2005, souvent justifiées par des propos «spirituels» ou « mystiques » s’apparentant fortement à ceux du père Thomas Philippe.

L’Arche n’avance ni doute, ni question quant à la véracité des témoignages.

Si aucune n’affirme avoir eu des rapports non consentis, le contexte de ces relations – généralement celui d’un accompagnement spirituel sur le contenu duquel il était entendu qu’elles devraient garder le silence – représente cependant bien, aux yeux des experts comme à ceux de la direction de L’Arche, une forme d’ « emprise psychologique et spirituelle de Jean Vanier sur ces femmes ».

Le choc

Pour les membres de L’Arche, les amis et admirateurs de Jean Vanier, et plus généralement la sphère catholique, la nouvelle est terrible. « Notre histoire fondatrice vole en éclats », affirme Stéphane Posner, responsable international de L’Arche. De nombreuses personnalités de l’organisation et du monde catholique ont tour à tour pris la parole, témoignant de leur profond désarroi en découvrant la face cachée d’un homme tant admiré et aimé. « Stupeur et douleur », se désole la Conférence des évêques de France ; « immense tristesse », complète la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF), prenant le pas de nombreuses autres associations et figures politiques et religieuses.

Les résultats de l’enquête, eux, sont avérés et indiscutables ; L’Arche, explique encore son responsable international au micro de KTO, n’avance ni doute, ni question quant à la véracité des témoignages. Pas question, par ailleurs, de garder le silence : « Il est impossible de garder une telle réalité dans un tiroir », explique-t-il, avant de rendre hommage au courage des témoins. Oblitérer ce douloureux passé « serait contraire aux principes fondamentaux de notre vie à L’Arche ».

Et maintenant ?

En présentant les conclusions accablantes de cette enquête, la direction de L’Arche Internationale est consciente de n’en être qu’au début d’une longue et profonde remise en question. Privée de sa figure de proue, l’organisation se trouve à l’orée d’une redéfinition de son histoire. En effaçant la désormais gênante figure de son fondateur ? Pas du tout. « Il faut distinguer le message du messager, explique encore Stéphane Posner. Si le bien considérable qu’il fit tout au long de son existence n’est pas mis en question, nous allons cependant devoir faire le deuil d’une certaine vision que nous pouvions avoir de lui ainsi que de nos origines. »

L’abbé Pierre lui-même révélait, quelques mois avant sa mort, avoir failli à la chasteté sacerdotale.

Pour l’heure, il s’agit donc avant tout de prendre acte du passé – aussi sombre et douloureux soit-il – pour bâtir un avenir plus sain. Des mesures de prévention des abus et de protection des personnes seront mises en place ou améliorées en vue de faciliter et de centraliser les éventuelles futures plaintes ou témoignages, et ce au sein des 154 communautés de L’Arche Internationale, dans un contexte de confiance et de confidentialité. Une partie du comité d’examination des plaintes sera par ailleurs constitué de membres extérieurs à l’Arche, pour assurer une meilleure impartialité.

Jean Vanier avait donc sa part d’ombre. Il était humain, et non saint. Tout comme d’autres figures érigées au rang d’icônes : Martin Luther King aurait participé à des orgies sexuelles, Gandhi s’adressait à Hitler en disant « cher ami » et s’adonnait à des pratiques d’ascèse sexuelle pour le moins surprenantes. L’abbé Pierre lui-même révélait, quelques mois avant sa mort, avoir failli à la chasteté sacerdotale.

De toutes ces personnalités émergent des actes admirables aussi bien que de plus sombres ; aussi condamnables puissent être certains de leurs comportements, attantion à ne pas « jeter le bébé avec l’eau du bain ». En d’autres termes, honorer les actes qui le méritent, plutôt que sanctifier leur auteur.

Une interview de Jean Vanier est présentée dans notre n°100, « Nos plus belles rencontres », daté de mars-avril 2020. Les révélations de L’Arche sur les abus sexuels commis par Jean Vanier ayant été rendues publiques le 22 février 2020, nous n'en avions pas connaissance au moment où nous avons bouclé ce numéro, fin janvier 2020 .
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MessageSujet: Re: Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière   Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière Icon_minitime04.03.20 13:22

Marie-Hélène Mathieu : « Pour Jean Vanier chacun était un être unique appelé à une mission unique »
Marie-Hélène Mathieu avec Jean Vanier, co-fondateurs des communautés "Foi et Lumière" (Remise à Marie-Hélène Mathieu de la distinction du Commandeur de Légion d'honneur en juin 2008.)
Marzena Devoud | 10 mai 2019
Fondatrice de l’Office chrétien des personnes handicapées (OCH) et, avec Jean Vanier, co-fondatrice des communautés « Foi et Lumière », Marie-Hélène Mathieu s’est confiée à Aleteia au sujet du testament spirituel de son compagnon de route de toute une vie, mort le 7 mai 2019 à Paris.
En 1964 Jean Vanier s’installe avec deux personnes handicapées mentales dans une petite maison de l’Oise. Dans une même inspiration, Marie-Hélène Mathieu crée, pratiquement au même moment, « l’OCH, l’Office chrétien des personnes handicapées« . Dès 1968, et à sa demande, Jean Vanier prend la parole au cours d’une des soirées organisées par l’OCH, ce qu’il fera ensuite sans discontinuer jusqu’en 2017.
Marie-Hélène Mathieu
©OCH/Office chrétien des personnes handicapées/www.och.fr
Trois ans après cette première prise de parole du fondateur de L‘Arche, tous les deux décident de fonder ensemble les communautés Foi et Lumière. Leur projet, c’est celui d’apporter une source de consolation aux parents de personnes handicapées mentales qui souffrent du rejet de leur enfant. Main dans la main, ils se mettent au service des plus faibles en répétant sans cesse leur credo commun : les personnes handicapées ont « une place irremplaçable dans le cœur de Dieu et méritent d’être aimées ».
Lire aussi :
Frédérique Bedos sur Jean Vanier : « Quelle fiesta cela doit être au Ciel ! »
Au moment de la naissance de leur mission commune, qui aurait pu imaginer la dimension prophétique de l’Arche et des communautés de Foi et Lumière ? Marie-Hélène Mathieu nous parle de sa rencontre avec Jean Vanier, leur mission commune et du testament spirituel de ce géant de la tendresse de Dieu.
Aleteia : Jean Vanier était votre compagnon de route pendant plus de 50 ans. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Marie-Hélène Mathieu : C’est le 7 novembre 1966 que j’ai eu un premier contact avec le petit foyer de l’Arche à Trosly-Breuil. Trois ans plus tôt, j’avais fondé l’OCH et j’étais également présidente de l’Association chrétienne des éducateurs spécialisés (UNAEDE). J’arrivais, l’esprit plein de réserve à l’égard de son directeur, Jean Vanier. Son cursus était vraiment si bizarre ! Fils du gouverneur général du Canada, il avait été officier de marine avant de devenir professeur de philosophie et de théologie. C’était un profil inattendu pour se retrouver à la tête d’un mini centre pour des adultes handicapés mentaux. Pourtant, j’ai immédiatement été touchée par le climat de joie, de simplicité et d’accueil inconditionnel qui régnait autour de Jean. C’était une vraie famille. Dans son foyer, chacun s’investissait dans le service. Tout le monde s’y mettait pour faire la vaisselle. Plus expéditive que nickel, la plonge était assurée par Jean Vanier lui-même !
Lire aussi :
Jean Vanier, le colosse au grand cœur, nous a quittés
Avez-vous pensé tout de suite que c’était une grande rencontre dans votre vie et le début d’une mission commune ?
J’étais convaincue d’avoir découvert un trésor. La prière de l’Arche m’avait émue, surtout cette parole : « Voir en notre frère souffrant la présence de Jésus vivant. » Jean l’incarnait par son regard de bienveillance. Chacun était pour lui un être unique appelé à une mission unique, qu’il considérait au-delà de son visage, de ses limites intellectuelles, de ses blessures. C’était comme s’il avait dit : « Dieu t’aime tel que tu es. Je t’aime tel que tu es. » Dès lors, je l’ai invité à donner chaque année une conférence dans le cadre des conférences-rencontres de l’OCH. Sa parole était de plus en plus écoutée. Peu à peu, Jean est devenu un collaborateur habituel de la revue Ombres et Lumière (revue fondée par Marie-Hélène Mathieu, créée en 1968 par une équipe de parents d’enfants handicapés, ndlr). De son côté, Jean m’a demandé de m’engager dans l’Arche en tant que membre du conseil d’administration et plus tard vice-coordinatrice internationale.
En 1971, vous décidez de fonder ensemble le mouvement Foi et Lumière dont le rayonnement aujourd’hui est mondial…
Foi et Lumière, c’est la grande œuvre à laquelle nous avons été appelés ensemble. Nous ne l’avions nullement programmée. C’était vraiment l’œuvre de Dieu, qui continue aujourd’hui de nous émerveiller. Tout a commencé en 1968 par la confidence partagée avec Jean et moi d’un couple. Camille et Gérard avaient été écartés de tout pèlerinage à Lourdes en raison du handicap profond de leurs enfants. Ils étaient finalement venus séparément, un seul hôtel avait accepté de les accueillir, pourvu qu’on les voie le moins possible. Dans le sanctuaire même, les regards de pitié ou de rejet leur avait fait très mal. Ce témoignage nous a bouleversés. Une idée a jailli alors, sans doute inspirée par la Vierge Marie… N’avait-elle pas choisi la petite Bernadette, la plus méprisée de Lourdes, pour annoncer son message au monde entier ? Pourquoi ne pas organiser un pèlerinage avec les plus faibles, donc les plus chers à son cœur ? Ils seraient entourés de leurs parents, de leurs amis, surtout des jeunes. Cela nous a valu trois années de mobilisation intense.
Pour arriver à Lourdes le Vendredi saint 1971…
Nous étions 12.000 pèlerins de 15 pays dont 4.000 ayant un handicap mental, à se retrouver sur l’esplanade de Lourdes ! Dans leur souffrance, ils étaient entourés de tant d’amour… L’amour qui a permis ce miracle où la joie coexistait avec la souffrance… Nous avons vécu quatre jours d’alléluias! Tant de miracles des cœurs visibles ou invisibles, qui ont gagné toute la ville de Lourdes pourtant si craintive.
Lire aussi :
Tugdual Derville : « Jean Vanier savait se mettre à la hauteur des petits »
Et le lundi de Pâques vous avez lancé le mouvement Foi et Lumière…
Oui, c’était un lundi de Pâques. Un cri a jailli parmi nos pèlerins : « Nous voulons que Foi et Lumière vive ». Avec Jean Vanier, nous leur avons alors répondu : « Continuez de vous réunir en communautés de rencontre dans l’amitié, la prière, la fête. Que l’Esprit saint vous inspire. » Devant la grotte de la Vierge et de Bernadette, le pèlerinage était terminé mais le mouvement Foi et Lumière était né. Aujourd’hui, il rassemble 1.400 communautés dans 85 pays.
Quel est l’essentiel du testament spirituel de Jean Vanier selon vous ?
Certes, nous ne sommes pas tous appelés à nous engager dans L’Arche ou à faire partie d’une communauté Foi et Lumière mais il me semble qu’aujourd’hui, Jean Vanier nous appelle à mettre la main dans la main d’une personne faible : le voisin malvoyant, une grand-mère Alzheimer, le tout petit enfant dont on découvre le handicap dans le sein de sa maman… Jean, qui a été accueilli dans l’heureuse compagnie de ses pauvres, nous rappelle ce message essentiel de l’Évangile que c’est Jésus lui-même que nous accueillons en chacune de ces personnes faibles.
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MessageSujet: Re: Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière   Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière Icon_minitime05.03.20 13:44

Le père Christian Venard est prêtre au diocèse aux armées depuis 1997. Il tient un blog sans langue de bois  et revient ici sur les racines du scandale Jean Vanier.




« Nombre d’icônes du catholicisme français des années 1980-2000 sont en passe toutes, d’être déboulonnées du piédestal sur lequel les avaient placés ceux-là mêmes qui aujourd’hui pleurent leurs errances », écrivez-vous à la suite des révélations faites au sujet de Jean Vanier. Quelle est la cause de tous ces abus sexuels ? Est-ce le fruit de l’esprit de mai 68 dans l’Église comme le soulignait encore récemment Benoît XVI ?


C’est un propos que l’on prête à Benoît XVI, mais qui est en partie erroné. Certains de ses opposants n’ont voulu retenir que cela, alors que sa pensée est, bien sûr, plus complexe. La cause première de tous ces abus remonte d’abord au péché originel, qui inscrit le mal dans le cœur de l’homme. On n’a pas attendu mai 68 pour savoir que l’homme était pécheur et capable de telles monstruosités. En revanche, ce qui est nouveau, c’est le contexte de « libération » sexuelle des années 60 et 70 qui a décuplé les possibilités d’un tel mal, en le banalisant et en le relativisant. L’Église est incarnée et ne vit pas hors du monde, il était donc logique que les chrétiens subissent aussi l’influence délétère de la révolution intellectuelle, morale et spirituelle qui a touché tout l’Occident et déstabilisé l’Église à travers ses membres, clercs ou laïcs.



« Il faut bien se remettre dans le contexte des terribles années de l’après-Concile, quand il était plus important pour les supérieurs de pourchasser les prêtres en soutane ou en clergyman, les réfractaires au grand n’importe quoi liturgique qui tenait lieu de messe, que de soutenir les fidèles dans la foi catholique et de réprimer les prêtres, religieux et autres figures charismatiques aux mœurs déviantes », dites-vous encore. Quel lien entre la crise de l’Église et les scandales sexuels ?


C’est d’abord une crise de l’autorité et des autorités. Quelqu’un avait remarquablement vu cela à l’époque, c’était Jean Madiran : il a été caricaturé et ostracisé par la suite ; mais quand on relit ses pages, on admire sa clairvoyance. On pourrait d’ailleurs citer ici nombre des collaborateurs de sa revue La Pensée catholique.

Les institutions pourrissent d’abord par la tête et c’est quand les autorités n’exercent plus les responsabilités qui leur ont été confiées que les choses commencent à vaciller dans l’Église.

Les institutions pourrissent d’abord par la tête et c’est quand les autorités n’exercent plus les responsabilités qui leur ont été confiées que les choses commencent à vaciller dans l’Église. Rappelons-nous que dans les années 70-80, il fallait parfois faire des kilomètres pour trouver une messe qui ressemble, à peu près, à ce qui était prévu par les normes liturgiques réformées. Guillaume Cuchet a très bien analysé cette déchristianisation dans son ouvrage Comment le monde a cessé d’être chrétien. Il faut avoir le courage des mots : dans ces années-là, tout ce qui était hétérodoxe avait pignon sur rue et trouvait, sinon le soutien, à tout le moins la passivité des évêques. Qu’on se rappelle aussi les romans de Michel de Saint-Pierre, notamment Les nouveaux prêtres, pour comprendre le climat de l’époque…

Des voix se sont élevées, certains s’appuyant sur la tradition liturgique de l’ancien missel, d’autres sur l’adoration eucharistique, les charismes et la louange, d’autres encore, comme le père Gouze, sur le chant grégorien et la tradition musicale de l’Orient chrétien. Ainsi, se sont créés des îlots qui résistaient à la décomposition ambiante du catholicisme français. Ceci a généré des situations où des personnalités courageuses et atypiques ont suscité des communautés nouvelles avec un vrai dynamisme missionnaire, tout en étant souvent livrées à elles-mêmes, hors de tout contrôle de la hiérarchie ecclésiale. C’est dans ce contexte que les abus de toute sorte ont été rendus plus faciles.



Lire aussi : Benoît XVI – Robert Sarah, un plaidoyer pour l’absolu



À cela s’ajoute le rétrécissement sociologique du catholicisme français : le 1,5% de Français catholiques pratiquants sont aujourd’hui très marqués par un côté bourgeois, avec beaucoup d’entre-soi. De là naît à la fois une certaine mondanité, où l’on n’ose pas affirmer clairement la vérité, car elle remet en cause les liens sociaux tissés dans des petits cercles de respectabilité. On préfère alors la compromission en taisant les scandales. J’espère que cette époque est derrière nous, mais je rejoins le pape François, quand il dénonce la mondanité des clercs et des baptisés !

Déjà, saint Paul devait lutter contre ces tendances, certains s’écriant « Je suis de Paul », d’autres « Je suis d’Apollos »… Et l’Apôtre de rappeler qu’il n’y a plus ni juifs, ni païens, ni esclaves, ni maîtres dans la Foi en Jésus !

Sur ce terreau naît l’idolâtrie qui transforme rapidement quelqu’un en gourou aux yeux des fidèles. C’est une forme de paresse intellectuelle, de mondanité pusillanime, que de s’en remettre exclusivement à un homme, évêque, prêtre ou laïc, en canonisant ses écrits et en idolâtrant sa personne. Ce n’est pas faire preuve d’intelligence ou d’obéissance, c’est juste développer un esprit de chapelle, de clan, contraire à l’esprit de communauté chrétienne. Déjà, saint Paul devait lutter contre ces tendances, certains s’écriant « Je suis de Paul », d’autres « Je suis d’Apollos »… Et l’Apôtre de rappeler qu’il n’y a plus ni juifs, ni païens, ni esclaves, ni maîtres dans la Foi en Jésus !



Lire aussi : Pédophilie : catholiques, sortez de votre bulle



Vous dites aussi : « Ce n’est pas la trop grande sacralisation du clerc qui a été la source de ces déviances ; mais bien au contraire sa désacralisation, qui dérivait à la fois de la perte du sens du sacré dans le trésor le plus précieux de l’Église, sa sainte liturgie, et des mouvements idéologiques qui traversaient la société occidentale tout entière ». Pouvez-vous expliciter cela ?



La figure du prêtre a été désacralisée. Or, le peuple de Dieu a besoin de voir dans le prêtre, le signe de la présence vivante du Christ. Il y a dans le cœur des hommes une attente de cet ordre. Le prêtre sait bien lui-même qu’il est pécheur et qu’il sera toujours une image imparfaite du Christ. C’est une tension permanente, mais qui existe aussi pour chaque baptisé.

Lorsque l’on diminue la portée transcendante du témoignage que le prêtre doit porter du Royaume à venir, on ne voit plus la nécessité pour lui du célibat sacerdotal et l’on trouve normal qu’il ait une vie sexuelle.

À partir des années 50, on a voulu faire du prêtre – du baptisé aussi – un homme comme tout le monde, alors qu’il est mis à part pour conduire les hommes à Dieu. Lorsqu’on amoindrit la figure du prêtre, lorsque l’on diminue la portée transcendante du témoignage qu’il doit porter du Royaume à venir, on ne voit plus la nécessité pour lui du célibat sacerdotal et l’on trouve normal qu’il ait une vie sexuelle. C’est du relativisme ! Le fait de vouloir ouvrir le sacerdoce aux hommes mariés témoigne d’un manque de foi dans la beauté du sacerdoce. Je ne porte bien sûr aucun jugement sur la foi de ceux qui prônent une telle mesure, mais j’affirme que c’est un manque de confiance dans l’Unique Berger qui appelle toujours des âmes sacerdotales à Le suivre, dans un don radical de leur être.

De même, pendant des siècles, les curés étaient inamovibles, on ne pouvait les muter sans leur consentement, ce qui permettait au prêtre de se sentir vraiment responsable devant Dieu des paroissiens qui lui étaient confiés, comme le montre l’exemple du curé d’Ars. En fonctionnarisant les prêtres et en les mutant fréquemment, on a fait disparaître quelque chose de la beauté de cette relation, qui s’en est trouvée amoindrie. Cela a cassé quelque chose dans ce lien vertical entre Dieu, les prêtres et les paroissiens, même si cela n’empêche nullement de saints prêtres d’exercer un très beau ministère aujourd’hui encore.



Vous parlez enfin de la persistance d’un certain cléricalisme dans l’Église…



Il ne s’agit plus du cléricalisme ancien, par lequel le prêtre voulait régir la vie sociale des fidèles, et donnait son avis sur tous les sujets de société, du cinéma à la politique. Une telle époque est, heureusement, révolue. En revanche, j’appelle cléricalisme l’état d’esprit qui envisage les charges dans l’Église comme un pouvoir, non pas un service d’autorité mais une potestas que l’on s’arroge, dont on abuse et dont on fait sentir les effets sur les autres. Ceci est valable à tous les niveaux de la hiérarchie, de la Curie romaine, à l’évêque diocésain, à la responsable diocésaine de la pastorale ou celle qui fait les bouquets de fleurs dans l’église…

Ce qui devrait caractériser toute forme de responsabilité dans l’Église, c’est l’auctoritas, dont découlent des vertus.

Une telle situation, conjuguée à la désacralisation du clerc, peut conduire à des abus de pouvoir. Ce qui devrait caractériser toute forme de responsabilité dans l’Église, c’est l’auctoritas, dont découlent des vertus : le devoir d’exemplarité, la magnanimité paternelle, une certaine force qu’on appelle virilité (dont les hommes n’ont pas l’apanage), etc.

J’appelle à mes vœux une restauration de l’intelligence catholique (en commençant par un catéchisme digne de ce nom), afin de rétablir l’autonomie de la conscience, qui n’a pas à se soumettre sans discernement à n’importe qui, ou n’importe quoi, même et surtout, dans l’Église. Dans la crise de gouvernance que traverse aujourd’hui l’Église, nous aurions beaucoup à apprendre des communautés et ordres religieux anciens, dont les règles ont fait leur preuve pendant des siècles. Cela pourrait nous conduire à la vraie décléricalisation du pouvoir ecclésial et ce serait une forme de sagesse !
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MessageSujet: Re: Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière   Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière Icon_minitime05.03.20 13:56

copié-collé sur le web

" L’Arche de Jean Vanier a été une autre source d’inspiration. On oublie souvent que l’œuvre de Jean Vanier (canadien) présente de grandes ressemblances avec les Béatitudes : « La troisième grande approche [de la guérison psycho-spirituelle en affectivité] est représentée par le Père Thomas Philippe, fondateur de l’Arche de Jean Vannier, et les Béatitudes (Lion de Juda), qui se sont spécialisés dans la guérison psychospirituelle par l’affectivité liée à la grâce. »

mon commentaire
ce genre d'approche doit être facile pour des personnes en situation de handicap mental mais est-ce une raison valable pour les manipuler ainsi ?
( d'ailleurs, qui manipule qui ? ).
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MessageSujet: Re: Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière   Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière Icon_minitime06.03.20 8:47

Jean Vanier, le scandale mystico-sexuel

Christine Pedotti
Publié le 5 mars 2020
par Christine Pedotti

Le dévoilement des turpitudes de Jean Vanier nous a jetés dans le désarroi ; nous admirions cet homme pour son attention fraternelle et bienveillante à l’égard des handicapés mentaux, une sollicitude dont peu d’entre nous seraient capables, et nous lui aurions donné la sainteté sans barguigner et sans confession. Or, il se trouve que, précisément, il ne s’est pas confessé de ses méfaits, pas même au seuil de la mort, et ceci pour la très bonne et terrible raison qu’il ne les regrettait pas. Les abus sexuels – sur des femmes majeures – dont il s’est rendu coupable ne ressortissent pas de « la part d’ombre de chacun », comme certains commentateurs voudraient le croire, mais d’une doctrine spirituelle assumée, qu’il tenait du directeur de conscience qu’il n’avait jamais abandonné, Thomas Philippe.

Thomas Philippe, dominicain, et maître en théologie, a pourtant été lourdement sanctionné par le Saint-Office dès 1956, à la suite de quatre années de procès. Il est alors convaincu de professer une doctrine fausse et perverse à propos de l’union mystique de Jésus et de Marie. Ce « maximalisme » marial le conduit à vouloir se conformer à cette union par des gestes sexuels – mais sans pénétration, par respect pour la virginité mariale. On comprend que le Saint-Office ait toussé.

L’Eau vive, structure créée par Thomas Philippe et dont Jean Vanier avait repris les rênes, est considérée par le jugement comme une sorte de secte d’initiés à cette doctrine. Thomas Philippe est déposé : il ne peut plus exercer aucun ministère de prêtre et reçoit une obligation de soins en hôpital psychiatrique. L’Eau vive est dissoute, ses membres sont dispersés avec interdiction de reformer leur groupe.

Pourtant, en 1963-1964, Jean Vanier retrouve Thomas Philippe, avec lequel il n’a jamais rompu, à Trosly, et ensemble ils fondent une nouvelle communauté. Ce sera L’Arche. Manque de suivi ou oubli des autorités catholiques, tant de la part des dominicains que de Rome ? Une enquête pourrait le dire.

On notera en passant que c’est la même doctrine spirituelle pourrie que l’autre frère Philippe, Marie-Dominique, exporte chez les fils et filles de Saint-Jean, lesquels ont reconnu le caractère pervers de leur fondateur et le fait que ses pratiques avaient essaimé dans la communauté. Pas moins de vingt-sept frères sont convaincus d’abus sexuels. Les frères Philippe ont donc des disciples, des affidés… et Jean Vanier est l’un d’eux depuis l’origine. Il ne se cachait d’ailleurs pas du lien profond qui l’unissait à Thomas Philippe et déclarait : « La théologie du père Thomas m’a donné des principes solides et forts. Je n’en ai jamais vraiment cherché ailleurs. […] Je suis pétri de la pensée et de la méthode du père Thomas. »

Cette fidélité, Jean Vanier l’a maintenue en toute connaissance de cause et en toute désobéissance aux décisions de l’Église catholique.

Reste à envisager le pire : combien de disciples les frères Philippe ont-ils faits ? Où sont-ils ? Une enquête approfondie et sérieuse est désormais impérative… qu’on pourrait confier à la commission Sauvé…

Christine Pedotti
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MessageSujet: Re: Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière   Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière Icon_minitime06.03.20 9:32

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MessageSujet: Re: Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière   Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière Icon_minitime07.03.20 15:08

L’Arche Internationale publie les résultats de l’enquête sur son fondateur
Dans une lettre adressée le 22 février 2020 à l’ensemble de la Fédération présente dans 38 pays, les responsables de L’Arche International ont rendu publiques les conclusions de l’enquête qu’ils avaient confiée à un organisme indépendant. Cette enquête portait notamment sur des témoignages mettant en cause son fondateur, Jean Vanier, et son lien historique au père Thomas Philippe qu’il désignait comme son père spirituel.

Cette enquête a été conduite par GCPS Consulting, un groupe basé au Royaume-Uni spécialisé dans l’amélioration des dispositifs de signalement et de prévention des abus sexuels. De plus, L’Arche Internationale a mis en place un Comité de surveillance indépendant composé de deux anciens hauts fonctionnaires français pour évaluer l’intégrité et la fiabilité du processus de l’enquête et de ses conclusions.

L’Arche Internationale a remis le rapport final de GCPS, ainsi que le travail de recherche historique à la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE). Cette commission est chargée de faire la lumière sur les situations d’abus dans l’Église en France.

Au cours de cette enquête, des témoignages sincères et concordants portant sur la période 1970-2005 ont été reçus de six femmes adultes, non handicapées, et indiquent que Jean Vanier a initié des relations sexuelles, généralement dans le cadre d’un accompagnement spirituel, et dont certaines ont gardé de profondes blessures. Ces femmes, sans lien entre elles, rapportent des faits similaires, associés à un discours supposément spirituel ou mystique destiné à les justifier. Ces agissements indiquent une emprise psychologique et spirituelle de Jean Vanier sur ces femmes et soulignent son adhésion à certaines des théories et pratiques déviantes du père Thomas Philippe.

Rien dans l’enquête ne permet de penser que des personnes en situation de handicap ont été concernées.

L’enquête de GCPS a été complétée par un travail de recherche historique important initié par L’Arche Internationale à partir d’archives inédites auxquelles elle a eu accès pour la première fois. L’analyse des différentes archives ont permis de mettre à jour les racines anciennes de l’attitude de Jean Vanier à l’égard de ces femmes et soulignent son adhésion à certaines des théories et pratiques déviantes du père Thomas Philippe.

En effet, au terme de cette enquête et du travail historique, les informations recueillies indiquent que :

Dès les années 1950, une décennie avant la fondation de L’Arche, et contrairement à ce qu’il a déclaré publiquement, Jean Vanier était pour l’essentiel informé des motifs du procès canonique et de la condamnation par l’Église catholique en 1956 du père Thomas Philippe en raison de ses théories qualifiées de «?fausse mystique?» et des pratiques sexuelles qui en découlaient. Le père Thomas Philippe était celui que Jean Vanier reconnaissait comme son père spirituel.
Les travaux de recherches historiques nous apprennent que dans les années 1950, Jean Vanier aurait fait partie d’un petit groupe clandestin qui adhérait et participait à certaines des pratiques sexuelles déviantes du père Thomas Philippe enracinées dans des croyances dites «mystiques» ou «spirituelles» qui avaient été condamnées par l’Église catholique. Ce groupe était composé du père Thomas Philippe, de Jean Vanier et de quelques femmes.
Après avoir examiné le rapport, ils ont déclaré : «?nous n’avons pas de motif de mettre en doute la méthodologie de l’enquête et le sérieux avec lequel elle a été mise en œuvre. Nous considérons donc ces conclusions comme fondées?».

Les responsables de L’Arche Internationale, Stephan Posner et Stacy Cates Carney, écrivent dans une lettre adressée aux membres de L’Arche le 22 février 2020 :

«Nous sommes bouleversés par ces découvertes et nous condamnons sans réserve ces agissements en totale contradiction avec les valeurs que Jean Vanier revendiquait par ailleurs, incompatibles avec les règles élémentaires de respect et d’intégrité des personnes, et contraires aux principes fondamentaux de nos communautés.

…Nous reconnaissons le courage et la souffrance de ces femmes, et de celles aussi qui, peut-être aujourd’hui encore, resteraient dans le silence. Nous voulons dire aussi notre gratitude aux femmes qui, il y a quelques années, ont brisé ce silence au sujet du père Thomas Philippe et ont ainsi aidé d’autres à se libérer d’un fardeau injuste de honte et de peine. À toutes, pour ces faits qui se sont déroulés dans le contexte de L’Arche et dont certains ont été initiés par notre fondateur, nous demandons pardon?».

L’Arche est déterminée à ce que ses 154 communautés à travers le monde soient des lieux de sécurité et de croissance pour tous ses membres, avec ou sans handicap.

A travers la Fédération, L’Arche Internationale va entreprendre une évaluation approfondie et indépendante de ses mesures actuelles de prévention des abus et de protection des personnes. En complément de celles déjà existantes au niveau local, L’Arche Internationale a mis en place une procédure centralisée de signalement à laquelle tous ses membres peuvent avoir accès dans un cadre sûr et confidentiel. Les informations ou les signalements reçus sont traités par une Cellule Internationale Je Signale composée pour partie de personnes extérieures à L’Arche.

Dans cette même lettre, les deux Responsables Internationaux déclarent : «?Pour beaucoup d’entre nous, Jean (Vanier) a compté parmi les personnes que nous avons aimées et respectées le plus. Nous mesurons le trouble et la douleur que ces informations vont provoquer chez beaucoup d’entre nous, à l’intérieur de L’Arche, mais aussi à l’extérieur… tant il aura inspiré et réconforté de nombreuses personnes partout dans le monde. Si le bien considérable qu’il fit tout au long de son existence n’est pas mis en question, nous allons cependant devoir faire le deuil d’une certaine vision que nous pouvions avoir de lui ainsi que de nos origines. ».

Ils ajoutent : « Si les paroles de ceux qui ont témoigné mettent en lumière une partie troublée de notre histoire, leurs efforts donnent à L’Arche une chance de poursuivre son chemin, de prendre davantage conscience de notre histoire et, finalement, de mieux faire face aux défis de notre temps?».

Les lettres des Responsables Internationaux adressées aux membres de L’Arche relatives à cette enquête ainsi que le rapport de synthèse de cette enquête et des travaux de recherches historiques, sont disponibles ici :

Lettre des Responsables Internationaux – Février 2020
Rapport de synthèse – Février 2020
Repères chronologiques
Lettre des Responsables Internationaux – Juin 2019
Lettre des Responsables Internationaux – Juillet 2019
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Jean Vanier, l'Arche, Foi et Lumière
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