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| Dr Claire Fourcade | |
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| Sujet: Dr Claire Fourcade 12.01.23 23:57 | |
| Fin de vie : « Je ne peux pas être celle qui te fera mourir », l’émouvante lettre de Claire Fourcade tribune Dr Claire Fourcade Médecin de soins palliatifs à Narbonne et présidente de la SFAP (Société française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs) Opposée à une légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, Claire Fourcade, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, a lu cette lettre devant la Convention citoyenne pour la fin de vie. La Croix la reproduit intégralement.
Docteur Claire Fourcade, le 11/01/2023 à 10:59 Lecture en 3 min. Fin de vie : « Je ne peux pas être celle qui te fera mourir », l’émouvante lettre de Claire Fourcade Photo prise le 7 janvier 2023 à Paris, lors d’un reportage pendant la Convention citoyenne sur la fin de vie au CESE, avec Claire Fourcade, présidente de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs. NICOLAS LASCOURRÈGES POUR LA CROIX
Il m’est arrivé d’hésiter devant la porte de ta chambre et quelquefois il m’a fallu bien du courage pour entrer parce que je savais que ce serait dur. Pour toi comme pour moi.
Je me suis assise, toujours, pour que nous puissions nous regarder les yeux dans les yeux.
Tu m’as dit tes peurs, tes peines et ta douleur. J’ai entendu ta colère et tes cris de rage ou de désespoir mais aussi tes espoirs, tes moments de joie et de soulagement.
Je t’ai écouté me dire que tu ne pouvais pas vivre cette vie-là mais aussi que tu voulais vivre. Je t’ai écouté quand tu as crié que tu voulais mourir mais aussi que tu ne voulais pas mourir.
À lire aussiFin de vie en France : ce que dit la loi française « Claeys-Leonetti » J’ai essayé d’entendre au-delà des mots.
J’ai touché ton corps blessé, malmené, meurtri, abîmé par la maladie.
J’ai partagé avec toi ce que je savais. J’ai essayé de trouver des mots simples pour dire des choses tellement compliquées. J’ai écouté tes questions et tenté d’y répondre.
Je n’ai pas eu peur de dire « je ne sais pas » quand je ne savais pas et nous avons fait face ensemble à l’incertitude qui est souvent le plus difficile à vivre.
À lire aussiFin de vie : la Convention s’oriente « en tendance » vers une modification du cadre légal Nous avons cherché des solutions : ce que je pouvais proposer et ce que tu pouvais accepter. Ce qui me semblait utile et ce qui te semblait possible. Nous avons bricolé, inventé pour ne faire que du sur-mesure.
J’ai tenté sans relâche de te soulager, t’apaiser ou te réconforter. Je n’ai pas renoncé.
J’ai essayé de n’avoir jamais l’air fatiguée ou lasse car je sais combien les mots viennent durement pour dire ce qui fait mal et combien l’attention de l’autre importe.
Nous avons ri aussi parce qu’on peut rire de tout et parce que, parfois, il vaut mieux en rire que d’en pleurer.
Je connais ton père, ta mère, tes enfants et beaucoup de ceux qui t’aiment. Je connais un peu de ton histoire et de la leur. J’ai essuyé leurs larmes. Je les ai vus te sourire.
Parfois, je connais ta maison, ton jardin et ton chien qui est venu te voir dans notre service.
J’ai pensé à toi dans la voiture en rentrant chez moi. Tu m’as rappelé ma mère, mon fils ou une amie. Il m’est arrivé de rêver de toi et d’avoir envie de te dire que chez moi, ce n’est pas chez toi !
À lire aussi« Comme médecin catholique, il m’a semblé impossible de ne pas écouter les patients en demande d’euthanasie » Je peux accepter que tu meures, parce que c’est la vie même quand elle est dure.
J’ai fait avec toi un bout de chemin, le bout de ton chemin et je suis revenue seule.
Puis je suis repartie avec un autre. Puis encore un autre.
Parce que je sais tout cela de toi, parce que nous avons partagé tout cela, parce que je sais ton nom et celui de tes enfants, parce que je t’ai promis que nous serions là jusqu’au bout quoi qu’il arrive, je ne peux pas t’abandonner pour protéger ma conscience mais je ne peux pas non plus être celle qui te fera mourir. Car alors une partie de moi mourrait avec toi. Je te verrais dans les yeux de mes enfants, je t’entendrais la nuit, tu ferais route avec moi. Je deviendrais un monument aux morts. Je resterais dans l’entre-deux de la vie et la mort et je ne pourrais plus, ensuite, prendre le risque de reprendre le chemin avec d’autres.
Pour pouvoir continuer à vivre, aimer et soigner, je dois garder mes distances. Je ne peux pas mourir avec toi. Je ne peux pas être celle qui te fera mourir. |
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| Sujet: Re: Dr Claire Fourcade 02.10.23 21:00 | |
| "Une fois encore, ce sont les soignants qui décident" : la petite phrase qui ne passe pas pour les professionnels des soins palliatifs Par Marion Jort le 29-09-2023
Médecin dans l’équipe qui a accueilli les équipes de Marina Carrère d’Encausse pour son documentaire sur la fin de vie, et présidente de la Société française d’accompagnement et des soins palliatifs, la Dre Claire Fourcade a regretté dans une publication que leur intervention ait été réduite à 10 minutes en se concluant par “une fois encore, ce sont les soignants qui décident”.
C’est un documentaire qui a beaucoup fait réagir. Le 26 septembre dernier, France 5 diffusait “Fin de vie : pour que tu aies le choix”, réalisé par la Dre Marina Carrère d’Encausse. Pendant une heure, la généraliste de formation s’intéresse à la loi actuelle, évoque une possible évolution vers l’euthanasie et le suicide assisté. Elle y présente également son compagnon, Antoine, atteint de la maladie de Charcot et qui souhaite “choisir sa fin de vie”.
Deux jours plus tard, la Dre Claire Fourcarde, médecin dans le pôle de soins palliatifs de la Polyclinique Le Languedoc à Narbonne (Aude) et présidente de la Société française d’accompagnement et des soins palliatifs s’est fendue d’un communiqué, publié sur X (anciennement Twitter) où elle explique regretter la réalisation de ce documentaire.
“Au printemps dernier, son équipe est venue tourner chez nous, à Narbonne, une partie de ce reportage”, indique-t-elle d’abord, précisant que cela a mobilisé cinq personnes pendant deux journées complètes. “Un défi pour une petite équipe comme la nôtre : se rendre disponible, malgré un quotidien déjà bien rempli, pour essayer de faire comprendre notre travail, ses subtilités et sa complexité”, ajoute-t-elle ensuite.
La Dre Fourcade liste l’ensemble des obligations que cela a demandé à son équipe : “Ouvrir notre staff : deux longues heures de réflexion partagée pour essayer ensemble d’approcher au plus juste ce qui se vit, ce qui se parle et aussi ce qui ne peut pas se dire” mais également “prendre le temps de partager nos doutes, nos incertitudes et le cheminement long et parfois difficile qui permet de construire, avec chaque patient, un accompagnement singulier”. Elle confie également que l’un des cadres de santé venant de Belgique s’est confiée sur “l’impact persistant d’euthanasies pratiquées il y a plusieurs décennies”.
Fin de vie : le projet de loi ne sera remis au Parlement qu'en 2024 Mais “nous avons manifestement échoué”, écrit la médecin qui relève qu’au total, seules dix minutes de ces deux jours ont été conservées. Pire, souligne-t-elle, ces minutes se concluent “par ce qui est certainement le plus difficile à entendre” : “Une fois encore, ce sont les soignants qui décident”. “Une petite phrase qui rend si peu justice à ce que sont les soins palliatifs en général et ce que nous vivons : un lent et patient travail d’élaboration d’une relation respectueuse à l’autre, patient, famille, soignant”, juge la Dre Fourcade.
“Peut-être y a-t-il là-dedans quelque chose d’indicible qui ne peut pas se partager et seulement se vivre?”, note enfin la praticienne. “Peut-être aussi cette équipe avait-elle davantage le projet de conforter son point de vue que de le remettre en question”, conclut-elle. |
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| Sujet: Re: Dr Claire Fourcade 16.12.23 18:09 | |
| [size=37]TRIBUNE. « Euthanasie : pour que le débat soit complet »Dans une tribune, la médecin Claire Fourcade, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, répond à l’artiste Line Renaud et au député Olivier Falorni, qui appelaient la semaine dernière à légaliser l’aide active à mourir.Claire Fourcade27/08/2022 à 20:30, Mis à jour le 27/01/2023 à 06:51[/size]
La maison médicale Jeanne Garnier à Paris, un établissement de soins palliatifs pour les patients en fin de vie. PFG/Sipa
Médecin et présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, Claire Fourcade répond à la tribune publiée la semaine dernière dans le JDD par le député Olivier Falorni et l’artiste Line Renaud sur la fin de vie. Ils y appelaient à légaliser l’aide active à mourir. Voici sa tribune : « Dans le JDD du 21 août, Line Renaud et Olivier Falorni réclament instamment la « légalisation d’une aide active à mourir ». Publiée au cœur de l’été, cette tribune n’apporte aucun élément nouveau à un débat déjà ancien mais comporte en revanche de nombreuses inexactitudes ou approximations. Il est important de les relever, car le débat public doit se fonder sur des données fiables et dénuées de toute instrumentalisation. Lire aussi - TRIBUNE. Line Renaud et Olivier Falorni : « Il est temps de légaliser l’aide active à mourir »
« Dès lors que l’arrêt de la nutrition et de l’hydratation du patient peut le placer dans une situation susceptible de durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines, peut-on sincèrement considérer cela comme humainement tolérable ? », s’interrogent les coauteurs. Or, l’arrêt de la nutrition ou de l’hydratation artificielles, quand il est nécessaire au confort du patient, s’accompagne systématiquement d’une sédation qui soulage la souffrance lorsque le décès est attendu dans les jours à venir. « De plus en plus de malades décident de se tourner vers la Belgique ou la Suisse pour mettre un terme à leur vie », est-il encore soutenu. Cette situation reste en réalité rarissime. Selon le dernier rapport officiel de la commission de contrôle belge, les euthanasies de patients étrangers s’élèvent à 45 sur deux ans. Il est donc faux de prétendre qu’un intense « tourisme de la mort » viendrait démontrer l’« hypocrisie » de la France dénoncée par les militants de l’euthanasie. Plus grave, nos deux auteurs affirment qu’« il n’est pas rare que des médecins français procèdent à des euthanasies clandestines pour mettre fin aux souffrances de leurs patients ». Si cette assertion se base sur des extrapolations fallacieuses, il est surtout extrêmement imprudent de faire dire aux médecins français ce qu’ils ne disent pas. Non, l’euthanasie clandestine n’est pas une pratique courante en France. En aucun cas les médecins ne s’y livrent pour contourner une loi prétendument prohibitive.
La suite après cette publicité Lire notre antisèche - Qu’est-ce que l’euthanasie ?À l’inverse, plus d’une dizaine de sociétés savantes et d’organisations professionnelles se sont exprimées récemment pour dire leur inquiétude face aux velléités de légalisation de l’euthanasie. Représentant près d’un million de soignants (médecins et infirmiers), elles ont la légitimité pour parler en leur nom et n’ont pas besoin que d’autres s’en chargent sans les consulter. - Citation :
- Nous souhaitons que le débat tienne compte des faits et de la complexité de décisions et d’actes qui engagent la vie et la mort, et pas seulement des opinions et des émotions
La tribune énonce aussi que « l’euthanasie n’a pas empêché l’instauration d’un système de soins palliatifs performants en Belgique ». Or, une étude de l’OMS (2020) montre au contraire une absence d’évolution des soins palliatifs depuis dix ans dans ce pays. Alors même que les auteurs assurent que « la légalisation de l’euthanasie en Belgique n’a pas entraîné de prolifération », les euthanasies en Belgique sont passées de 200 à 2 900 en vingt ans, soit une croissance de 16 % par an. À partir de quel chiffre peut-on parler de prolifération ? En outre, cet article ne dit pas un mot des soignants à qui, dans le « modèle belge » qui a la préférence des auteurs, il serait demandé d’administrer la mort aux patients. Les chiffres de la commission de contrôle belge montrent que moins de 3 % des médecins acceptent de participer à une injection létale. Les objections exprimées par ces médecins ne sont ni morales ni religieuses mais relèvent des blessures psychologiques et du stress émotionnel qu’un tel acte engendre, et qui ne peuvent manquer de rejaillir sur leur pratique quotidienne. Dans une enquête réalisée en 2021 auprès de l’ensemble des acteurs de soins palliatifs français, ceux-ci sont 96 % (98 % des médecins) à refuser cette pratique et à considérer que « donner la mort n’est pas un soin ». Entre autres craintes, ils s’alarment des pressions inévitables sur les patients, qu’elles soient sociales, médicales ou familiales, et de l’élargissement constant des euthanasies jusqu’à des patients dont le pronostic vital n’est pas engagé, comme cela se pratique en Belgique et comme le permet la proposition de loi d’Olivier Falorni. Enfin, il est curieux de parler d’ « absence de solution institutionnelle » à propos d’un droit français qui a fait l’objet de constantes évolutions, jusqu’à l’équilibre issu de la loi Claeys-Leonetti, encore insuffisamment connue. Nous ne contestons pas le mouvement important et légitime de notre société dans le sens d’un meilleur contrôle de la médecine mais nous souhaitons que le débat tienne compte des faits et de la complexité de décisions et d’actes qui engagent la vie et la mort, et pas seulement des opinions et des émotions. Nous souhaitons également redire fortement que les soignants n’ont pas vocation à administrer la mort. » |
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| Sujet: Re: Dr Claire Fourcade 06.02.24 22:46 | |
| FIN DE VIE : « LES SOIGNANTS N’ONT PAS ÉTÉ ÉCOUTÉS » CRITIQUE LE DR CLAIRE FOURCADE RCF, le 14 décembre 2023 - Modifié le 15 décembre 2023 L'Invité de la Matinale Avant-projet sur la fin de vie : les soignants "n'ont absolument pas été entendu" dénonce Claire Fourcade ÉCOUTER (10 MIN) VOIR LES ÉPISODES PARTAGER Les grandes lignes de l’avant-projet de loi sur la fin de vie ont fuité dans le Figaro ce jeudi. Ce document de travail franchit « un certain nombre de lignes rouges » estime le Dr Claire Fourcade, présidente de la société française d’accompagnement et de soins palliatifs.
Crédit photo : RCF Crédit photo : RCF Peut-on parler d'euthanasie déguisée? Le texte de l’avant-projet de loi sur la fin de vie dévoilé par le Figaro ce jeudi comporte trois volets : les soins d’accompagnement, les droits des patients et l’aide à mourir. S’il n’y a aucune mention du mot euthanasie et de suicide assisté, ce troisième volet est, à ce stade, « inquiétant » souligne Claire Fourcade présidente de la société française d’accompagnement et de soins palliatifs sur RCF.
Nous avons l’impression de n’avoir absolument pas été entendus. C’est de l’inquiétude pour l’accompagnement des patients. Il était important de protéger cette relation de soin entre le patient et le-soignant. Or nous sommes impliqué dans le processus à toutes les étapes, c’est une euthanasie déguisée.
Un avant-projet de loi qui implique les soignants L’aide à mourir pourrait avoir lieu au domicile ou ailleurs, selon les souhaits du malade. Elle consisterait « en l’administration d’une substance létale » effectuée « par la personne elle-même ». Mais « un médecin, ou un infirmier » sera obligatoirement présent et pourrait intervenir lorsque le patient « n’est pas en mesure physiquement d’y procéder », indique le document consulté par le Figaro.
Un point de blocage rencontré C’est le principal point de blocage pour le Conseil national de l’Ordre des médecins et le collectif de treize organisations représentant 800 000 soignants. Une autre possibilité évoquée dans l’avant-projet suggère que ce rôle puisse être endossé par un proche. « Il faut être vigilant, on ne mesure pas l’impact psychologique que cela peut avoir pour les proches concernés » relève Claire Fourcade.
L'apparition d'une potentielle "clause de conscience" Le nouveau concept du « secourisme inversé », pour pouvoir intervenir en cas de problème lors de l’aide à mourir, est aussi considéré comme une inversion de la mission de soin par de nombreux soignants. Une clause de conscience pour les professionnels de santé est néanmoins prévue.
Une loi présentée devant le Conseil des ministres en février 2024 L’aide à mourir serait réservée aux Français majeurs, atteints d’une affection grave et incurable qui engage le pronostic vital à court ou moyen terme ou présentant une souffrance physique réfractaire ou insupportable. L’avant-projet de loi n’est toutefois qu’une version provisoire. La présentation de la future loi a été reportée en février 2024. |
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| Sujet: Re: Dr Claire Fourcade 18.02.24 18:58 | |
| EUTHANASIE : UNE PIQÛRE, DEUX MORTS... 25 janvier 2018 Dr. Claire Fourcade, Pôle de soins palliatifs. Polyclinique le Languedoc, Narbonne Dr. Claire Fourcade, Pôle de soins palliatifs.Polyclinique le Languedoc, Narbonne.
Comme une vague qui incessamment revient sur le rivage, trois nouveaux projets de loi sur l’euthanasie viennent de s’échouer sur les bureaux de l’Assemblée Nationale. L’encre des précédentes discussions sur ce sujet n’est pas sèche. Elles ont duré quatre longues années pour aboutir à une loi dont les recommandations d’application n’ont même pas encore été publiées et déjà l’on nous convoque pour réfléchir à la suivante.
Vendredi matin, un interviewer pugnace, d’aucuns diraient agressif, relançait le sujet : «Vous accompagnez les patients et, s’ils vous demandent d’aller jusqu’au bout, vous n’allez pas les laisser tomber. C’est votre travail de médecin, je ne vois pas où est le problème !» Il l’a répété plusieurs fois, il ne voyait vraiment pas.
Ce monsieur a-t-il déjà essayé de chloroformer ses chatons ?
Car moi je vois bien déjà une partie du problème.
Pour chacun de mes patients parler de sa souffrance, de son angoisse, de sa mort, c’est difficile. Très difficile. La parole vient lentement, durement. Elle se noie de larmes et s’étouffe de sanglots.
Alors j’écoute. Avec les oreilles bien sûr, mais aussi avec les yeux pour mieux entendre ce qui ne peut pas se dire, avec les mains pour toucher du doigt la douleur et le mal, avec ma voix pour relancer d’une question les mots qui s’étranglent, avec mon corps tendu qui jamais ne se relâche pour ne pas renvoyer à la solitude de ma lassitude celui qui me fait face et qui, au prix d’efforts que je ne peux qu’imaginer, exprime ses peurs les plus profondes.
Je dois à celui qui souffre et qui me fait confiance cette attention, cette tension.
De ces consultations je sors toujours épuisée.
Alors, si je devais ensuite en point final de ces conversations, même si on me le demandait, tuer celui qui m’a parlé: préparer la seringue, entrer dans la chambre, dire un mot (lequel d’ailleurs?), injecter les produits, recueillir le dernier soupir, consoler la famille et signer le certificat ; alors je crois que, moi aussi, je mourrais.
Le médecin en moi mourrait.
Car comment ensuite prendre à nouveau le risque d’écouter vraiment ?
Comment ne pas devenir alors un gigantesque cimetière, une nécropole de champs de bataille ? Je ne veux pas devenir un monument aux morts.
J’accompagne des vivants qui n’ont que faire d’un médecin qui serait mort à l’intérieur. |
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| Sujet: Re: Dr Claire Fourcade 31.05.24 2:51 | |
| Bonjour ou Bonsoir, Dr Claire Fourcade, je vous avais écrit par mail il y a longtemps à propos de Vincent Lambert en vous disant que la mort doit être comme la vie qu'on a personnellement, que si on vit dans la solitude et si on veut mourir aussi ds la solitude, on devrait pouvoir le faire.Vous m'avez répondu que vous étiez exclusivement pour la mort naturelle, que si je voulais uniquement la présence d'un médecin et d'une infirmière, il n'y aurait aucun souçi et vous m'avez remerciée pour ce contact entre nous deux ( si mes souvenirs sonts exacts ).Vous avez cru que j'étais un homme, dans cette adresse mail il n'y a que mes initiales ) et vous avez terminé en me remerciant pour ce contact. Je vous réponds maintenant ici: c'est quoi, la mort naturelle? et qu'avez-vous fait au sujet de la suppression ( voire de l'élimination ) des médicamants dits de confort, Myolastan par ex. ou le vieux Décontractyl... ???...Oui, je suis une droguée des benzo comme vous êtes sûrement une droguée du smartphone !!! Admin |
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| Sujet: Re: Dr Claire Fourcade 21.06.24 14:05 | |
| Dr Claire Fourcade : « L’euthanasie est une transgression et doit le rester » 8 novembre 2012 Le Dr Claire Fourcade a raconté dans 1001 vies en soins palliatifs ses douze ans d’expérience. Elle explique pourquoi une loi légalisant l’euthanasie serait une régression et plaide pour que la loi Leonetti, qui régit la fin de vie, soit mieux connue et mieux appliquée. Un entretien paru dans La Lettre des Semaines sociales de France n°68 d’octobre 2012.
Par sa proposition 21, François Hollande a promis de légaliser « une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Ce qui reviendrait, même si le mot n’a jamais été prononcé, à autoriser l’euthanasie « sous certaines conditions ». Rouvrir ce débat vous paraît-il opportun et nécessaire ?
Pour le médecin que je suis, la réponse est non. Nous, soignants, n’avons pas besoin, dans notre pratique quotidienne, qui est de soulager et d’accompagner des personnes en fin de vie, d’une loi supplémentaire. La loi dite Leonetti, adoptée en 2005, fournit un cadre législatif amplement suffisant pour « régler » la très grande majorité des cas auxquels nous sommes confrontés. Cela répond-il, alors, à une demande des patients et de leurs familles ? Je ne le crois pas plus. Dans le service de soins palliatifs que je dirige, nous nous sommes occupés, en douze ans, de près de 5 000 patients. Beaucoup évoquent, un jour ou l’autre, avec le personnel médical, la possibilité d’abréger leur vie. Mais, les demandes soutenues, répétées d’euthanasie sont, au final, extrêmement rares. En fait, je n’ai eu à faire face qu’à deux cas en tout et pour tout. Ce n’est donc pas un débat médical, mais bien un débat de société. À titre personnel, par conviction de foi, je suis opposée à la légalisation de l’euthanasie et j’estime que l’Église et les chrétiens ont, sur cette question, une parole à défendre et à soutenir. Mais pour m’en tenir à des arguments professionnels, je pense qu’une loi légalisant l’euthanasie n’apporterait aucune amélioration, bien au contraire…
Pourtant, vous convenez vous-même que la loi Leonetti ne « règle » pas tous les cas ?
Mais parce que, dans ce domaine, aucune loi ne peut traiter toutes les situations ! Chaque histoire est unique et nécessite du « sur mesure » de la part des équipes médicales. La loi Leonetti permet, en théorie, beaucoup de choses. Elle interdit l’acharnement thérapeutique ; elle donne au patient la possibilité de refuser tout traitement qui n’aurait pour seul effet que de le maintenir en vie ; elle fait obligation au médecin de soulager la douleur, de respecter la dignité du malade, d’accompagner ses proches… Le problème, c’est que cette loi est encore mal connue et mal appliquée. À mon sens, le vrai progrès consisterait à développer cette culture des soins palliatifs en France.
Certains affirment qu’il se pratique en France des euthanasies sans le dire et qu’il est temps de sortir de cette hypocrisie. Que penser de cet argument ?
Que des euthanasies soient pratiquées dans le secret médical est sans doute exact, mais cela se pratique surtout dans des services où la technique médicale, extrêmement pointue, peut avoir pour corollaire une obstination déraisonnable de la part des médecins. Je pense, par exemple, à certains services de réanimation où les patients, inconscients qu’ils sont, ne peuvent exprimer leur volonté, et où les familles ne sont pas ou guère consultées. Du coup, rien ne vient obliger le corps médical à s’interroger pour sortir de la logique de la toute puissance. Ces pratiques ne sont pas satisfaisantes : il faut mettre de la parole dans les équipes, de la collégialité, de la réflexion critique et faire de la place au patient et à ses proches. J’ai débattu avec beaucoup de militants pro-euthanasie. Nombreux sont ceux qui ont été en souffrance avec la médecine, d’où leur volonté de s’opposer à ce pouvoir médical qu’ils jugent excessif.
Un autre argument souvent avancé par les partisans de l’euthanasie est celui de la dignité. Une vie diminuée par la maladie, le handicap ou la souffrance ne vaudrait plus d’être vécue, estiment-ils. Que répondez-vous ?
Pour ma part, je n’ai jamais pensé que tel patient pouvait être moins digne qu’un autre. Mais c’est une conviction personnelle. Je ne prétends l’imposer à personne et encore moins avoir réponse à tout. Là encore, je partirai de mon expérience de médecin. Oui, la maladie, la décrépitude qu’elle entraîne parfois, sont toujours une épreuve. Mais je constate aussi que, dans l’écrasante majorité des cas, le dernier qui s’arrête d’espérer est le patient. Reste la souffrance de la famille. Accompagner une personne qui n’est plus que l’ombre d’elle-même est douloureux pour les proches. Voilà pourquoi, nous, soignants, avons tout un travail à faire pour aider l’entourage à accepter que ce temps de la fin de vie ne soit pas du temps perdu. Et je vois mal en quoi une loi sur l’euthanasie pourrait les aider. Je pense même qu’elle ne ferait qu’augmenter leur souffrance…
Comment cela ?
Si une loi autorisant l’euthanasie était votée, elle poserait forcément des conditions qui risquent de rendre son application compliquée, voire impossible. En juin dernier, un sénateur socialiste a déposé un projet de loi sur l’euthanasie. Selon ce texte, la commission de trois médecins sollicitée pour une demande d’euthanasie aurait 8 jours pour rendre son avis. Ce qui est proprement infaisable. Ouvrir un droit qui ne peut être appliqué suscitera une frustration qui ne peut que rajouter à la colère et à la souffrance des familles alors que nous avons besoin de bâtir avec eux une relation de confiance.
Tous les sondages montrent qu’une grande majorité des Français est plutôt favorable à l’euthanasie. Sont-ils mal informés ? Auraient-ils perdu le sens des valeurs ?
Je ne pense pas qu’ils aient perdu tout sens moral. Je le constate chaque jour : les familles peuvent être en souffrance et démunies, mais elles cherchent comment faire pour être efficaces, utiles. Elles veulent apporter de l’aide à leur proche, sont animées par la volonté de bien faire. Je les trouve, en général, profondément humaines, belles et admirables. En revanche, que les Français soient mal informés est une évidence. Souvenez-vous de Vincent Humbert, ce jeune tétraplégique, dont l’affaire a défrayé la chronique en 2003. Sa mort, provoquée, a entraîné la mise en place d’une commission parlementaire qui a permis de prendre conscience de la complexité des choses et qui a débouché sur la loi Leonetti, maintenant l’interdiction de l’euthanasie. Visiblement, nos compatriotes ont encore besoin d’être éclairés sur ces questions.
Justement, le gouvernement a décidé d’organiser des États-généraux sur la fin de vie. Qu’en attendez-vous ?
Ces États-généraux peuvent être l’occasion de mesurer les enjeux, de faire passer des messages, d’essayer d’expliquer en quoi une légalisation de l’euthanasie serait une régression. Mais je crains que la promesse du candidat Hollande n’oblige le président.
Vous avez dit avoir été confrontée à des demandes d’euthanasie. Comment avez-vous réagi ?
Je me souviens d’un patient dont la maladie avait des conséquences très lourdes et qui souhaitait vraiment mourir. J’ai pris le temps de l’écouter et nous nous sommes donné 15 jours pour réfléchir, voir comment son état allait évoluer. Il est décédé avant ce délai. Je dois avouer que j’ai été soulagée de ne pas avoir à trancher ce cas de conscience…
Vous auriez pu accéder à sa demande ?
Je n’en sais rien. Je ne savais vraiment pas quoi faire. Je n’ai qu’une certitude : l’euthanasie est une transgression et doit le rester. Je n’attends pas que la société la légalise pour me donner bonne conscience au cas où, un jour, j’aurais à prendre une telle décision.
Et si la loi était votée, que feriez-vous ?
Je pense que le législateur prévoira, dans ce cadre, une clause de conscience qui permette aux médecins qui le souhaitent de refuser de pratiquer l’euthanasie. En tout cas, moi, je ne m’imagine pas prendre ce pouvoir sur mes patients. Ce serait entièrement contraire à ma pratique et à ma philosophie de la vie. • Propos recueillis par Antoine d’Abbundo |
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| Sujet: Re: Dr Claire Fourcade 21.06.24 14:13 | |
| ***LA REPUBLIQUE FRANCAISE EST LAIQUE
***Le Dr Jean Léonetti a ouvert la boîte de Pandore avec la légalisation de l'euthanasie passive indirecte depuis plus de QUINZE ANS ... |
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| Sujet: Re: Dr Claire Fourcade 21.09.24 0:03 | |
| Tribune Par Claire Fourcade Publié le 18/09/2024 à 15:16 [/size] Dans une tribune pour « Marianne », la présidente de la SFAP (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs) Claire Fourcade, médecin en soins palliatifs, appelle à cesser d’utiliser la fin de vie comme un marqueur politique. Elle enjoint également ministres et députés à trouver une coalition alors que des unités en soins palliatifs continuent de fermer, dans un contexte de division de l'Assemblée nationale, de menace de crise budgétaire et d’une crise du service publique sans précédent.2022. La nécessité de rallier des voix de gauche entre les deux tours de l’élection présidentielle puis un contexte de majorité relative conduisent à mettre en avant le projet de loi sur la fin de vie, c’est-à-dire la perspective d’une légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté.Rapport du CCNE (Comité consultatif national d'éthique), Convention citoyenne, groupes transpartisans : tout est organisé pour faire de ce sujet un double marqueur pour le gouvernement. En démontrant d’abord sa capacité à résoudre des clivages profonds dans la société en « dépliant » les problèmes, le pari est d’aboutir à un « en même temps », preuve de sagesse et de mesure sur ces sujets délicats. Puis, en « allant chercher de nouveaux progrès », la séquence fin de vie offre également l’avantage précieux d’offrir à certains élus un motif de satisfaction qui les rattache à l’ex-majorité.À LIRE AUSSI : Claire Fourcade : "Sur la fin de vie, on ne manque pas de lois, mais de moyens"De consultations en conventions, de rapports en réunions et d’hésitations en tergiversations, le sujet s’éternise pourtant, jusqu’à ce qu’à l’aube de la campagne pour les élections européennes, la séquence fin de vie soit réactivée. S’engage alors la procédure parlementaire proprement dite qui donne lieu à des débats difficiles, marqués par la perte immédiate de « l’équilibre » qui avait été postulé par le gouvernement. La volonté de certains d’ouvrir un droit nouveau, accessible sans entrave au plus grand nombre conduit alors, en quelques séances, à la suppression de la quasi-totalité des garde-fous.La faible mobilisation des élus – moins de 100 parlementaires en séance publique, parfois moins de 30 – illustre néanmoins la relative indifférence vis-à-vis du sujet et son faible impact politique et médiatique. Lorsque le président décide la dissolution, ce sont deux années de travail intense et relativement discret qui finissent dans les archives de l’Assemblée nationale.[size=31]UN TEXTE SUSCEPTIBLE DE RASSEMBLER UNE COALITION ?[/size]Au cours de ces 24 mois de débat, nous avons connu des moments intéressants, où la conversation publique donna lieu à de saines controverses, à des désaccords, mais aussi à des consensus et à des constats partagés, notamment sur l’extrême faiblesse de notre système de prise en charge des personnes en fin de vie et la nécessité d’une véritable politique publique de développement des soins palliatifs. Mais plus loin du VIIe arrondissement, sur le terrain des soignants, dans les unités de soins palliatifs, au sein des équipes de gériatrie, d’hospitalisation à domicile, chez les infirmières, les psychiatres, les aides-soignantes, ces 24 mois ont surtout été vécus comme une interminable épreuve.Épreuve d’assister à des débats abstraits sur un sujet qui est notre quotidien. Épreuve de voir une réflexion engagée sur la base de quelques cas, lorsqu’au quotidien, des milliers de personnes finissent leur vie insuffisamment soignées, soulagées, accompagnées et reconnues. Épreuve enfin de voir la parole de nombreux soignants, mais aussi de nombreux patients souvent invisibilisés, comme si en matière de soin l’idéologie pouvait l’emporter sur le réel, et in fine la liberté l’emporter sur la fraternité, sans que jamais la question de la liberté concrète d’être soigné soit réellement posée.À LIRE AUSSI : La toute première proposition de loi de la nouvelle Assemblée concerne… la fin de vieAujourd’hui, la confusion politique est grande. Sous la menace d’une crise budgétaire historique et d’une crise du service publique sans précédent notamment dans le monde de la Santé, une Assemblée nationale divisée s’apprête à porter la responsabilité de tenir les rênes de notre pays. C’est dans ce contexte qu’à nouveau, des voix s’élèvent pour réclamer le retour de la séquence fin de vie au motif que cette loi serait un des seuls textes susceptibles de rassembler une coalition.Il suffit pourtant de visionner les débats parlementaires de juin dernier pour comprendre qu’elle a donné lieu à de douloureux conflits, loin de l’unanimité qui a souvent prévalu en matière de bioéthique. Elle serait aussi, nous dit-on, une priorité, alors même que le dernier sondage Harris Interactive ne la classe qu’en quinzième position des préoccupations des Français.[size=31]FERMETURE D'UNITÉS DE SOINS PALLIATIFS[/size]Alors, aujourd’hui, où est l’urgence ? Soignants de soins palliatifs, nous demandons à nos représentants politiques d’en finir avec la séquence fin de vie. Notre travail n’est pas une séquence. La prise en charge de nos concitoyens à l’approche de la mort n’est pas une séquence. Les lois bioéthiques ne sont pas des outils politiques destinés à servir des configurations électorales impossibles.À LIRE AUSSI : Fin de vie : un texte adopté en commission qui va plus loin que souhaité par le gouvernementMais, soignants de soins palliatifs, nous savons aussi que 150 000 personnes seulement chaque année ont accès à nos services quand 300 000 en auraient besoin, comme l’a confirmé récemment la Cour des comptes. Loin des promesses récentes, des unités de soins palliatifs continuent de fermer en France. Au quotidien et sur les réseaux sociaux, chacun voit les urgences saturées, le manque de médecins et les Ehpad délaissés. Débat des lecteurs
18 débatteurs en ligne Peut-on encore parler de “majorité présidentielle” à l’Assemblée nationale ?
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Non
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[size=16]Angèle De Troie NonÀ trop considérer que la démocratie n’est qu’une formalité, on en vient à la déprécier, à la vider de sa substance, à l’égarer dans des chemins de tra... Lire plus
[/size] « Nous devons, et nous allons davantage agir que parler, pour trouver les solutions qui marchent », déclarait le Premier ministre lors de la passation de pouvoir. Mesdames et messieurs les députés et les ministres, trouvez une coalition pour que chaque personne nécessitant des soins puisse y avoir enfin accès. Nous ne soignons pas avec des mots ou avec des lois. Nous demandons que le service public de la santé tienne sa promesse de non-abandon auprès de tous les citoyens et que les soins palliatifs soient enfin accessibles partout et pour tous. |
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| Sujet: Re: Dr Claire Fourcade 23.10.24 12:06 | |
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| Sujet: Re: Dr Claire Fourcade 23.10.24 12:15 | |
| les rats des villes n'en ont rien à foutre des rats des champs... |
| | | | Dr Claire Fourcade | |
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