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 Dr Claire Fourcade

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MessageSujet: Dr Claire Fourcade   Dr Claire Fourcade Icon_minitime12.01.23 23:57

Fin de vie : « Je ne peux pas être celle qui te fera mourir », l’émouvante lettre de Claire Fourcade
tribune
Dr Claire Fourcade
Médecin de soins palliatifs à Narbonne et présidente de la SFAP (Société française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs)
Opposée à une légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, Claire Fourcade, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, a lu cette lettre devant la Convention citoyenne pour la fin de vie. La Croix la reproduit intégralement.

Docteur Claire Fourcade, le 11/01/2023 à 10:59
Lecture en 3 min.
Fin de vie : « Je ne peux pas être celle qui te fera mourir », l’émouvante lettre de Claire Fourcade
Photo prise le 7 janvier 2023 à Paris, lors d’un reportage pendant la Convention citoyenne sur la fin de vie au CESE, avec Claire Fourcade, présidente de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs.
NICOLAS LASCOURRÈGES POUR LA CROIX

Il m’est arrivé d’hésiter devant la porte de ta chambre et quelquefois il m’a fallu bien du courage pour entrer parce que je savais que ce serait dur. Pour toi comme pour moi.

Je me suis assise, toujours, pour que nous puissions nous regarder les yeux dans les yeux.

Tu m’as dit tes peurs, tes peines et ta douleur. J’ai entendu ta colère et tes cris de rage ou de désespoir mais aussi tes espoirs, tes moments de joie et de soulagement.

Je t’ai écouté me dire que tu ne pouvais pas vivre cette vie-là mais aussi que tu voulais vivre. Je t’ai écouté quand tu as crié que tu voulais mourir mais aussi que tu ne voulais pas mourir.

À lire aussiFin de vie en France : ce que dit la loi française « Claeys-Leonetti »
J’ai essayé d’entendre au-delà des mots.

J’ai touché ton corps blessé, malmené, meurtri, abîmé par la maladie.

J’ai partagé avec toi ce que je savais. J’ai essayé de trouver des mots simples pour dire des choses tellement compliquées. J’ai écouté tes questions et tenté d’y répondre.

Je n’ai pas eu peur de dire « je ne sais pas » quand je ne savais pas et nous avons fait face ensemble à l’incertitude qui est souvent le plus difficile à vivre.

À lire aussiFin de vie : la Convention s’oriente « en tendance » vers une modification du cadre légal
Nous avons cherché des solutions : ce que je pouvais proposer et ce que tu pouvais accepter. Ce qui me semblait utile et ce qui te semblait possible. Nous avons bricolé, inventé pour ne faire que du sur-mesure.

J’ai tenté sans relâche de te soulager, t’apaiser ou te réconforter. Je n’ai pas renoncé.

J’ai essayé de n’avoir jamais l’air fatiguée ou lasse car je sais combien les mots viennent durement pour dire ce qui fait mal et combien l’attention de l’autre importe.

Nous avons ri aussi parce qu’on peut rire de tout et parce que, parfois, il vaut mieux en rire que d’en pleurer.

Je connais ton père, ta mère, tes enfants et beaucoup de ceux qui t’aiment. Je connais un peu de ton histoire et de la leur. J’ai essuyé leurs larmes. Je les ai vus te sourire.

Parfois, je connais ta maison, ton jardin et ton chien qui est venu te voir dans notre service.

J’ai pensé à toi dans la voiture en rentrant chez moi. Tu m’as rappelé ma mère, mon fils ou une amie. Il m’est arrivé de rêver de toi et d’avoir envie de te dire que chez moi, ce n’est pas chez toi !

À lire aussi« Comme médecin catholique, il m’a semblé impossible de ne pas écouter les patients en demande d’euthanasie »
Je peux accepter que tu meures, parce que c’est la vie même quand elle est dure.

J’ai fait avec toi un bout de chemin, le bout de ton chemin et je suis revenue seule.

Puis je suis repartie avec un autre. Puis encore un autre.

Parce que je sais tout cela de toi, parce que nous avons partagé tout cela, parce que je sais ton nom et celui de tes enfants, parce que je t’ai promis que nous serions là jusqu’au bout quoi qu’il arrive, je ne peux pas t’abandonner pour protéger ma conscience mais je ne peux pas non plus être celle qui te fera mourir. Car alors une partie de moi mourrait avec toi. Je te verrais dans les yeux de mes enfants, je t’entendrais la nuit, tu ferais route avec moi. Je deviendrais un monument aux morts. Je resterais dans l’entre-deux de la vie et la mort et je ne pourrais plus, ensuite, prendre le risque de reprendre le chemin avec d’autres.

Pour pouvoir continuer à vivre, aimer et soigner, je dois garder mes distances. Je ne peux pas mourir avec toi. Je ne peux pas être celle qui te fera mourir.
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MessageSujet: Re: Dr Claire Fourcade   Dr Claire Fourcade Icon_minitime02.10.23 21:00

"Une fois encore, ce sont les soignants qui décident" : la petite phrase qui ne passe pas pour les professionnels des soins palliatifs
Par Marion Jort le 29-09-2023

Médecin dans l’équipe qui a accueilli les équipes de Marina Carrère d’Encausse pour son documentaire sur la fin de vie, et présidente de la Société française d’accompagnement et des soins palliatifs, la Dre Claire Fourcade a regretté dans une publication que leur intervention ait été réduite à 10 minutes en se concluant par “une fois encore, ce sont les soignants qui décident”. 


C’est un documentaire qui a beaucoup fait réagir. Le 26 septembre dernier, France 5 diffusait “Fin de vie : pour que tu aies le choix”, réalisé par la Dre Marina Carrère d’Encausse. Pendant une heure, la généraliste de formation s’intéresse à la loi actuelle, évoque une possible évolution vers l’euthanasie et le suicide assisté. Elle y présente également son compagnon, Antoine, atteint de la maladie de Charcot et qui souhaite “choisir sa fin de vie”. 

Deux jours plus tard, la Dre Claire Fourcarde, médecin dans le pôle de soins palliatifs de la Polyclinique Le Languedoc à Narbonne (Aude) et présidente de la Société française d’accompagnement et des soins palliatifs s’est fendue d’un communiqué, publié sur X (anciennement Twitter) où elle explique regretter la réalisation de ce documentaire. 

“Au printemps dernier, son équipe est venue tourner chez nous, à Narbonne, une partie de ce reportage”, indique-t-elle d’abord, précisant que cela a mobilisé cinq personnes pendant deux journées complètes. “Un défi pour une petite équipe comme la nôtre : se rendre disponible, malgré un quotidien déjà bien rempli, pour essayer de faire comprendre notre travail, ses subtilités et sa complexité”, ajoute-t-elle ensuite. 

La Dre Fourcade liste l’ensemble des obligations que cela a demandé à son équipe : “Ouvrir notre staff : deux longues heures de réflexion partagée pour essayer ensemble d’approcher au plus juste ce qui se vit, ce qui se parle et aussi ce qui ne peut pas se dire” mais également “prendre le temps de partager nos doutes, nos incertitudes et le cheminement long et parfois difficile qui permet de construire, avec chaque patient, un accompagnement singulier”. Elle confie également que l’un des cadres de santé venant de Belgique s’est confiée sur “l’impact persistant d’euthanasies pratiquées il y a plusieurs décennies”. 

Fin de vie : le projet de loi ne sera remis au Parlement qu'en 2024
Mais “nous avons manifestement échoué”, écrit la médecin qui relève qu’au total, seules dix minutes de ces deux jours ont été conservées. Pire, souligne-t-elle, ces minutes se concluent “par ce qui est certainement le plus difficile à entendre” : “Une fois encore, ce sont les soignants qui décident”. “Une petite phrase qui rend si peu justice à ce que sont les soins palliatifs en général et ce que nous vivons : un lent et patient travail d’élaboration d’une relation respectueuse à l’autre, patient, famille, soignant”, juge la Dre Fourcade. 

“Peut-être y a-t-il là-dedans quelque chose d’indicible qui ne peut pas se partager et seulement se vivre?”, note enfin la praticienne. “Peut-être aussi cette équipe avait-elle davantage le projet de conforter son point de vue que de le remettre en question”, conclut-elle.
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