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| | L'Eglise et la fin de vie | |
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| Sujet: L'Eglise et la fin de vie 19.08.11 12:05 | |
| 16/5/11 - 15 H 36 mis à jour le 16/5/11 - 15 H 36 16/5/11 - 15 h 36 LA CROIX - MONDE Les Églises protestantes d’Europe publient une première étude commune condamnant l’euthanasie La Communion des Églises protestantes en Europe (Cepe) a publié, lundi 16 mai, une étude intitulée Un temps pour vivre et un temps pour mourir . Résultat d’un processus de collaboration entre les 105 Églises membres de la Cepe dans 30 pays, ce texte est le premier document commun des Églises protestantes de toute l’Europe concernant l’euthanasie, le suicide assisté et l’acharnement thérapeutique. Dans l’étude, disponible uniquement en anglais, la Cepe s’oppose à toute justification théologique et éthique de l’euthanasie et de l’assistance au suicide. « Nous nous soucions profondément des personnes qui souffrent le martyre à la fin de leur vie, et nous sommes conscients que la réponse de la société, et parfois la réponse des chrétiens, n’est pas toujours adaptée. (…) Mais les Églises protestantes considèrent comme éthiquement problématique d’envisager l’euthanasie comme une solution au problème », peut-on lire.
L’euthanasie difficilement conciliable avec la notion chrétienne de dignité humaine Selon cette étude, l’euthanasie s’oppose à des convictions morales qui ne sont pas exclusivement chrétiennes : l’idée de ne pas tuer un innocent et le devoir de protéger la vie, spécialement celle des plus faibles. Elle est, par ailleurs, difficilement conciliable avec la tradition chrétienne qui proclame l’aspect inaliénable et fondamental de la dignité humaine. Cette dignité « ne dépend pas de la capacité humaine d’autodétermination et d’action, mais de l’amour créateur et justificateur de Dieu pour les hommes ». Par conséquent, explique le texte, « l’euthanasie n’est pas un problème de conscience individuel que l’État peut résoudre en légiférant. » L’étude souligne les risques d’une telle intervention de l’État : « Cela impliquerait une sorte de normalisation et à l’approbation de l’euthanasie comme un élément ordinaire de la pratique clinique et médicale. »
Les objections éthiques à l’euthanasie valent aussi pour le suicide assisté En revanche, elle n’exclut pas l’existence de vides juridiques. Dans certains cas rares et extrêmes, il n’est pas forcément souhaitable de poursuivre à tout prix les personnes responsables de l’euthanasie. L’étude de la Cepe pose le même diagnostic concernant le suicide assisté. Si la personne qui assiste au suicide n’est pas impliquée de la même manière que lors d’une euthanasie, le document souligne qu’en pratique, la ligne de démarcation est floue et que les objections éthiques à l’euthanasie valent aussi pour le suicide assisté. Face aux progrès des techniques médicales, les Églises protestantes d’Europe constatent que la mort relève de plus en plus souvent d’une décision médicale ou clinique. Se pose alors la question de la poursuite des soins et de l’acharnement thérapeutique.
L’engagement pour l’homme doit être au centre de l’action des Églises « Le devoir de protéger la vie n’implique pas l’obligation à tout prix tant que cela est médicalement possible », rappelle l’étude de la Cepe qui va plus loin : « Suspendre ou arrêter un traitement permettant de prolonger la vie est, dans certaines circonstances, non seulement permis mais recommandé dans un souci de compassion pour les patients atteints de maladies irrévocables ». L’étude rappelle enfin que l’engagement pour l’homme doit être au centre de l’action des Églises. Elle demande la protection de la vie et s’engage pour une vie et une mort dans la dignité dans les cliniques et les hôpitaux. Document : Étude de la Cepe sur l’euthanasie (en anglais)
Dernière édition par Admin le 15.08.13 14:30, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 22.08.11 10:11 | |
| Euthanasie, le docteur Nicolas Bonnemaison fait rebondir le débat
Evangile et Liberté, Lundi 15 Août 2011 à 11:30 - Société
Le journaliste de « Libération » Michel Henry introduit bien la question : Plus de 6 000 signatures à une pétition de soutien, plus de 4 000 personnes mobilisées via un groupe Facebook : le cas de l'urgentiste de l'hôpital de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) soupçonné d'avoir abrégé les souffrances d'au moins quatre patients relance le débat sur l'euthanasie. Interpellé mercredi, Nicolas Bonnemaison, 50 ans, a été mis en examen vendredi pour « empoisonnement » sur « des personnes particulièrement vulnérables ». Il a été laissé en liberté sous un contrôle judiciaire qui lui interdit d'exercer sa profession. Le parquet, qui avait requis son incarcération, a fait appel.
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| […] Mais le vice-procureur de Bayonne Marc Mariée rappelait vendredi à l'AFP que la loi Leonetti de 2005 sur les soins palliatifs fixe un cadre strict, et notamment deux conditions : « Celle du consentement de la personne ou de sa famille et celle de la collégialité », qui requiert les avis de plusieurs médecins. Les personnes décédées « étaient certes âgées, certes en fin de vie, mais une fin de vie peut durer plusieurs heures ou plusieurs jours » , soulignait le magistrat. Pour lui, « même s'il y avait eu accord des familles, cela n'aurait pas justifié les actes [...] d'une extrême gravité et totalement prohibés par la loi ». Justement, argumente Me Dupin, si son geste est illégal, c'est que « jamais le législateur n'est allé au fond des choses ». « L’utilisation du curare est quotidienne dans les hôpitaux français. C'est une réalité que personne n'ose s'avouer », soutient l'avocat, pour qui il faut sortir de « l' omerta ». « Les politiques vont devoir un jour prendre leurs responsabilités, légiférer, pour que l'on arrête de se réfugier derrière les soins palliatifs. Plutôt que de refermer la porte, mon client, lui, a pris le problème à bras-le-corps. »
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Gilles Castelnau,pasteur de l'Eglise Réformée de France
La vie que donne le Dieu de la Vie est tout entière centrée, comme Jésus le montre bien dans son ministère, comme une vie épanouie, apaisée ; vie du paralysé guéri, de la prostituée réhabilitée etc. Jamais comme une vie purement physiologique ou biologique donnée et reprise (Jésus ne fait jamais mourir). Il ne faut pas être matérialiste : l'homme n'est pas que vie physique mais vie spirituelle aussi. Toute vie n'a pas la même valeur. Dieu n'est pas une entité lointaine comme Jupiter donnant et retirant la vie à qui lui plait. Dieu est intérieur à l'homme (on dit le saint Esprit). Il lui donne sa valeur, sa transcendance qui est plus que physique. Jésus souligne cette présence aimante : « Ne vend-on pas deux moineaux pour un sou ? Cependant, il n'en tombe pas un à terre sans votre Père. Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés. » Matthieu 10.29 Certains traducteurs ont compris que c'était Dieu qui faisait tomber les cheveux des chauves et mourir les oiseaux : ils ont ajouté dans le texte le mot que Jésus n'avait justement pas prononcé : sans la « volonté » de votre Père. Mais Jésus disait « seulement » que Dieu est le père aimant qui accompagne même les moineaux dans leur chute. Les médecins refusant l'euthanasie au nom de leur serment d'Hippocrate s'enracinent dans la philosophie païenne (Hippocrate était païen). Celle-ci disait justement que Dieu décide la vie et la mort, le bien et le mal, comme un despote oriental. Aucun rapport avec la passion et l'amour du Dieu de la Bible défini uniquement comme Dieu de la vie. Le fait que les médecins français (dans les pays protestants il n'en va pas de même) se focalisent sur la vie physiologique est un paganisme, une idolâtrie : il n'y a pas si longtemps on refusait le contrôle des naissances, l'IVG, comme aujourd'hui l'euthanasie, au nom de cette idolâtrie de la vie physique : on sauvait l'enfant dans un accouchement difficile et on laissait mourir la mère. Or la vie de la mère a plus de valeur que celle du bébé car elle est entourée d'amour, de relations avec son mari, ses parents etc.
Personne ne peut décider seul de l'euthanasie : même pas les médecins ou les infirmières que nous ne devons pas laisser dans leur solitude à ce sujet. (D'autant plus que certains médecins se laissent parfois enfermer dans l'application un peu fondamentaliste du Serment d'Hippocrate qui identifie faussement la vie physique avec la vie humaine. Idéologie païenne du 4e siècle av. JC marqué par l'idéologie du respect absolu de la vie biologique donnée par Jupiter seul Maître du Destin ! Il y a longtemps que les pays protestants, l'Angleterre, la Hollande, l'Allemagne, la Suisse, les pays scandinaves - y compris d'ailleurs la Belgique et le Luxembourg - ont mis en place des structures de dialogue, de concertation respectueuses des uns et des autres, en général dans la société et notamment dans le monde hospitalier. En Hollande, par exemple, la concertation est prévue par la loi entre la famille, le médecin, et des autorités morales extérieures (pasteurs, prêtres, juges, avocats, professeurs etc.). Le médecin, ni la famille, ni le pasteur ou le prêtre, ne se voit autorisé à prendre seul le pouvoir de décision. Personne n'est pape ni roi absolu. Personne ne détient à lui seul l'idéologie universelle qui serait applicable sans discussion à toute situation. Le problème est clair. Il se pose pareillement dans bien d'autres cas : les IVG, les dons d'organes, etc. Il nous faut organiser des structures de dialogue obligatoire, comme aux Pays-Bas. Nous devons rendre au peuple de France sa liberté de penser et de décider ce qui est bien, au cas par cas, car chaque cas, chaque famille, chaque situation est différente des autres. Et il faut absolument empêcher l'autoritarisme des décisions solitaires, y compris celle des médecins, des infirmières ou... des mères. Et ne pas oublier, naturellement, que bien des demandes d'euthanasie disparaissent dès lors que les soins palliatifs sont disponibles : si le gouvernement acceptait d'augmenter les crédits qui leur sont nécessaires, ceux-ci seraient moins rares et la possibili!té d'y trouver une place pour nos proches moins exceptionnelle. Là encore l'exemple de bien des pays étrangers pourrait nous inciter à nous réveiller de notre léthargie. La morphine notamment que les médecins français administrent moins qu'ils le devraient (ne dit-on pas que les Anglais utilisent proportionnellement dix fois plus de morphine pour calmer la douleur de leurs patients que les Français... ?) est un puissant moyen de réduire les demandes d'euthanasie : lorsqu'un malade ne souffre plus, ou sait qu'on ne le laissera pas souffrir, il demande moins la mort. Mais il faudrait que disparaisse réellement de nos hôpitaux la conception selon laquelle la souffrance est « naturelle », voire même dans certains cas « rédemptrice ». Mais nous ne sommes pas encore délivrés de cette fausse idéologie qui est encore pour certains une véritable « spiritualité » !
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 05.11.11 22:29 | |
| La fin de la vie est souvent difficile. Lorsqu’elle s’accompagne de grandes souffrances, elle oppose partisans et adversaires de l’euthanasie. Gilles Castelnau apporte un éclairage théologique sur ce sujet éthique controversé.Aider à mourir Des exemples récents tragiques soulèvent une fois encore dans notre pays la question de l’euthanasie et la presse s’en fait régulièrement l’écho. La Loi Léonetti de 2006 s’oppose toujours à l’euthanasie. Il est certain qu’il faudrait entrer dans un large débat sur cette terrible question. D’autant plus que les protestants n’ont généralement pas la même approche de la nature de la vie que nos partenaires catholiques et que bien souvent le corps médical. La vision protestante La tradition catholique considère que toute vie est un don de Dieu, dès sa conception et que lui seul peut la reprendre. Il faut donc laisser faire la Nature. C’est pourquoi de nombreux catholiques s’opposent aux techniques de contraception non « naturelles », aux fécondations artificielles, à l’IVG, ainsi qu’à l’euthanasie. Le corps médical a longtemps partagé cette position et nombreux sont ceux qui en demeurent aujourd’hui encore largement imprégnés au nom de leur serment d’Hippocrate qui s’enracine dans la philosophie païenne grecque (Hippocrate était païen). Celle-ci disait justement que Dieu décide de la vie et de la mort comme Zeus brandissant la foudre et qu’on ne devait pas aller contre l’ordre (divin) de la Nature : on sauvait l’enfant lors d’un accouchement difficile même si cela mettait en danger la vie de la mère. Les pays protestants n’ont jamais partagé ce point de vue. Il y a longtemps, les femmes françaises se rendaient dans les pays d’accueil traditionnels, en Angleterre, aux Pays-Bas et en Suisse pour des IVG et pour y acheter ou en faire venir les moyens anticonceptionnels gérés par le Planning Familial. Les Pays-Bas, la Suisse, la Suède, la Grande-Bretagne ont déjà légalisé ou admis l’euthanasie active ou le suicide assisté. Alors que les pays catholiques, Pologne, Bosnie, Croatie, République tchèque la considèrent comme une sorte d’assassinat. Le monde protestant, attaché à la lecture de la Bible, y trouve plutôt l’idée que la vie que donne Dieu n’est pas purement physiologique ou biologique. Elle est tissée d’amour et de la chaleur de relations humaines, comme le ministère de Jésus le montre bien : vie épanouie, apaisée et digne. C’est la vie du paralysé guéri, de la prostituée réhabilitée. Devant Dieu, l’homme ne se réduit pas à une vie physique mais à la vie renouvelée et portée par la présence intérieure du saint Esprit. On ne peut pas dire que seul Dieu peut reprendre à sa guise la vie qu’il a donnée : Jésus ne fait jamais mourir. Compassion ou respect absolu de la vie ? Jésus souligne cette présence aimante : « Ne vendon pas deux moineaux pour un sou ? Cependant, il n’en tombe pas un à terre sans votre Père. Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés. » (Mt 10,29) Certains traducteurs ont compris que c’était Dieu qui faisait tomber les cheveux des chauves et mourir les oiseaux : ils ont ajouté dans le texte le mot que Jésus n’avait justement pas prononcé : sans la « volonté » de votre Père. Mais Jésus disait « seulement » que Dieu est le père aimant qui accompagne même les moineaux dans leur chute. C’est donc avec compassion que les protestants considèrent la vie humaine dans son réseau de relations humaines et c’est à la « moindre souffrance » qu’ils aspirent. Celle-ci peut fort bien être dans une IVG ou une euthanasie, de même qu’elle est parfois dans un divorce. C’est ainsi qu’au nom de leur foi, de leur espérance et de leur amour, les protestants, s’opposent avec énergie à tout respect inconditionnel, théorique et absolu de la vie physique que peuvent chercher à imposer les Évangile et liberté • Mai 2009 21 autorités sous l’influence des conservateurs catholiques et de certains évangéliques, plus proches sur ce point du catholicisme que du protestantisme. C’est ainsi qu’en décembre 2006 les autorités catholiques ont exercé des pressions tendant à empêcher en Italie une euthanasie. La présidente de l’Église réformée (vaudoise) d’Italie, le pasteur Maria Bonafede a déclaré : « Nous sommes soulagés que ce monsieur ait fini de souffrir et de subir la violence de l’acharnement thérapeutique et d’une législation qui ne reconnaît pas le droit à la dignité de la personne jusque dans sa mort. Comme modératrice de l’Église et comme citoyenne italienne, cette affaire m’encourage à promouvoir un débat éthique, culturel et politique sur le testament biologique. En même temps que de la tristesse pour la fin de cet homme, il faut réaffirmer l’importance du caractère laïc de l’État : il doit promulguer ses lois dans l’intérêt général de ses citoyens et non des autorités d’une confession religieuse particulière. » Albert Schweitzer a écrit : « Le principe du respect de la vie, appliqué à la vie de l’homme, ne signifie pas seulement respect du simple fait de l’existence et attention aux souffrances, comme lorsqu’il s’agit des êtres vivants en général, mais il signifie encore respect pour les valeurs et les buts que cet être, le plus élevé de tous, introduit dans le monde. Je ne peux reconnaître la valeur de son existence et sa justification que si je l’élève à son plus haut niveau, en recherchant un accomplissement moral et spirituel. » (Humanisme et mystique : cf. http://castelg.club.fr/gillescastelnau- spiritualite/gc40.htm ) Les protestants n’ont pas non plus l’habitude de s’en remettre à des autorités supérieures qui décideraient à leur place. Il y a longtemps que les pays protestants, l’Angleterre, la Hollande, l’Allemagne, les pays scandinaves ont mis en place des structures de dialogue concernant l’euthanasie. En Hollande, par exemple, la concertation est prévue par la loi entre la famille, le médecin, et des autorités morales extérieures (pasteurs, prêtres, juges, avocats, professeurs, etc.). Le médecin, ni la famille, ni le pasteur ou le prêtre, ne se voit autorisé à prendre seul la décision. L’importance des soins palliatifs Il ne faut pas oublier, naturellement, que bien des demandes d’euthanasie disparaissent dès lors que les soins palliatifs sont disponibles : si le gouvernement acceptait d’augmenter les crédits qui leur sont nécessaires, ceux-ci seraient moins rares et la possibilité d’y trouver une place pour nos proches moins exceptionnelle. Là encore l’exemple de bien des pays étrangers pourrait nous inciter à nous éveiller de notre léthargie. La morphine notamment que les médecins français administrent moins qu’ils le devraient (ne dit-on pas que les Anglais utilisent proportionnellement dix fois plus de morphine pour calmer la douleur de leurs patients que les Français... ?) est un puissant moyen de réduire les demandes d’euthanasie : lorsqu’un malade ne souffre plus, ou sait qu’on ne le laissera pas souffrir, il demande moins la mort. Mais il faudrait que disparaisse réellement de nos hôpitaux la conception selon laquelle la souffrance est « naturelle », voire dans certains cas « rédemptrice ». Nous ne sommes pas encore délivrés de cette idéologie que nous récusons ! Gilles Castelnau Pasteur |
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| Sujet: Pourquoi combattre l'euthanasie? 20.01.12 14:11 | |
| Pourquoi combattre l’euthanasie Ce dont les handicapés ont besoin, c’est d’une véritable compassion, et non d’une mort anticipée, soutient Michèle Boulva, directrice de COLF. Au cours de cet entretien, Michèle Boulva s’est ouvert à ZENIT au sujet de la pression croissante en faveur de l’extension de l’euthanasie qui se fait sentir actuellement au Canada. Question : Depuis maintenant un certain temps, un mouvement a fait jour dans votre pays en faveur de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Est-ce que ce mouvement se développe et a-t-il beaucoup d’impact sur l’opinion publique ? Boulva : Ces questions très préoccupantes font la une des nouvelles canadiennes depuis environ 15 ans, chaque fois que les médias font état de situations dramatiques ou qu’un projet de loi est proposé. Il faut dire que le vieillissement de la population lié à l’amélioration des soins de santé fournit une recette parfaite pour la promotion de l’euthanasie et du suicide assisté. Les instigateurs de ces pratiques, indignes d’une société civilisée, déclarent que nous devrions tous avoir le droit de choisir la manière de notre propre mort et son moment. Ils soulignent la thèse selon laquelle la société n’a pas le droit de nous imposer des souffrances supplémentaires en nous forçant à vivre contre notre volonté. Les enquêtes d’opinion les plus sérieuses montrent, en outre, que la population canadienne est divisée en parts égales à ce sujet. Néanmoins, une prudence s’impose dans l’interprétation de ces sondages car il règne une grande confusion au sein de la population. Certains, par exemple, déclarent être en faveur de suicide assisté alors qu’en réalité ils veulent affirmer leur rejet de l’acharnement thérapeutique. Q : Les évêques du Canada ont pris une position tranchée contre ce plan et invitent sans cesse les fidèles à faire de même. Leur organisation en faveur de la vie et de la famille est engagée dans une bataille globale. Pouvez-vous nous faire une récapitulation historique des principaux moments du combat mené par l’Eglise ? Boulva : Au delà de son action éducative et pastorale relative au respect inconditionnel envers la vie et la dignité humaine, les évêques interviennent en public chaque fois que l’actualité le réclame. Plusieurs cas ont captivé l’attention du public au Canada au cours des ans, entre d’autres celui de Sue Rodriguez, une femme de 41 ans affectée d’une sclérose latérale amyotrophique, appelée également maladie de Lou Gehrig, et qui a lutté de 1991 à 1994 pour le droit de mourir. Les juges de la cour suprême ont rejeté la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté à une faible majorité, 5 contre 4, si bien que Mme Rodriguez s’est suicidée en 1994 avec l’aide d’un docteur demeuré inconnu. En 1993, un fermier du Saskatchewan a été condamné à une peine de prison pour avoir tué sa fille âgée de 12 ans, qui souffrait de paralysie cérébrale. Robert Latimer déclara avoir agi par amour, incapable de supporter plus longtemps la douleur de sa fille. Au Québec, en 2004, Marielle Houle a aidé son fils, Charles Fariala, âgé de 36 ans, qui souffrait de la sclérose en plaques, à se suicider. Mme Houle a également déclaré avoir agi par amour. Au vu de son âge et de son état de santé, elle a été condamnée à trois ans avec sursis plutôt que de prison ferme. Par ailleurs, en juin 1995, la commission spéciale du sénat sur l’euthanasie et le suicide assisté a publié un rapport intitulé "De la vie et de la mort." Cette commission n’est jamais parvenue à un consensus sur l’euthanasie ou le suicide assisté, mais a fait des recommandations unanimes concernant les soins palliatifs. Cinq ans plus tard, une sous-commission du sénat a observé que la mise en œuvre de ces recommandations demeurait incomplète et a fait 14 nouvelles propositions au sujet des soins palliatifs. Beaucoup reste à faire dans ce domaine, bien que les hôpitaux et les centres consacrés à cette mission effectuent déjà un travail formidable, très apprécié des familles. Q : La raison la plus souvent invoquée par les personnes qui souhaitent ouvrir la porte à la pratique de l’euthanasie et du suicide assisté est le désir de soulager les souffrances de la personne. N’est-ce pas étrange d’entendre parler de ces gestes en termes de compassion envers la personne qui souffre. Quelle réponse y apportez-vous ? Boulva : C’est une conception incorrecte de la compassion, qui tôt ou tard menace les citoyens, en particulier les personnes les plus vulnérables, malades et handicapées. Prétendre alléger la souffrance en éliminant le patient est une absurdité. Parmi ces derniers d’ailleurs, ceux qui demandent la mort ne le font pas toujours ainsi en raison de leurs souffrances. Pour beaucoup, c’est un appel à l’aide face à la solitude et face au sentiment d’être un fardeau pour autrui. La réponse à leur cri réside en une présence attentive emplie de chaleur et d’amour humain. Ils ont besoin d’attention, d’être entendus, de l’affection de leurs proches et du personnel soignant afin de pouvoir « supporter leur douleur dans la dignité. » En ce qui concerne les familles, elles ont besoin de l’appui de l’Etat et de la société pour assumer leurs responsabilités envers leurs malades vieillissants et mourants. Selon les partisans de l’euthanasie et du suicide assisté, une vie de douleur ne vaut pas la peine d’être vécue tandis que la dignité de la personne diminue dans la mesure où la maladie et la douleur désagrègent le corps. Considérons un instant l’envers de la médaille. N’est-il pas envisageable qu’une vie condamnée à la souffrance vaille néanmoins la peine d’être vécue ? Qu’elle pourrait être une invitation à croître sur les plans moral et spirituel ? Et si la dignité de l’homme persistait en dépit de la maladie qui ronge son corps ? Et si c’était le simple fait d’être un être d’humain et d’avoir été créé à l’image de Dieu qui assure notre dignité, plutôt que notre capacité d’autonomie, notre santé ou notre utilité sociale ? Et si toutes les personnes qui souffrent nous appelaient à plus de solidarité humaine ? Ce dont les malades, les mourants et les handicapés ont besoin, n’est pas une mort prématurée mais davantage d’attention et d’une véritable compassion. Q : Certaines personnes revendiquent le droit de mourir au nom de la liberté. Que doit-on en penser ? Boulva : Dans notre culture, l’autonomie personnelle est presque devenue un absolu. Chaque choix est jugé valide aussi longtemps qu’il ne nuit pas à autrui. Appliqué à l’euthanasie et au suicide assisté, cette attitude individualiste menace le bien commun de la société parce qu’elle a des conséquences non seulement pour la personne qui choisit de mourir, mais pour la société tout entière. Ainsi que l’écrit Margaret Sommerville, experte canadienne renommée en matière d’éthique : « la légalisation de l’euthanasie nuirait aux valeurs et aux symboles importants de la société, qui sont fondés sur le respect de la vie humaine. » Notre perception de la valeur et de la dignité de chaque vie humaine changerait. Comme produit de consommation, la vie humaine perdrait sa valeur dès lors qu’on s’approcherait de la « date limite de consommation ». La confiance de base que nous plaçons dans les médecins, dans le personnel soignant, dans les avocats, sachant qu’ils sont opposés à l’élimination de toute personne, disparaîtrait. De plus, il serait également très difficile d’empêcher l’abus. Dans notre société qui vieillit, qui doit faire face à l’augmentation des coûts de santé, on courrait bien vite le risque de voir le prétendu droit de mourir devenir un « devoir de mourir. » Selon la tradition chrétienne, Dieu accorde aux êtres humains un certain degré d’autonomie : notre intelligence et notre volonté nous permettent de prendre nos propres décisions. Cependant, nous ne sommes pas le propriétaire du don de la vie ; nous n’en sommes que l’intendant. La liberté véritable nous mène non seulement à choisir mais à choisir le bien véritable que Dieu nous a révélé pour notre bonheur éternel. Chaque fois que nous faisons usage de notre liberté, ou que nous posons un acte d’auto-détermination qui contredit le plan que Dieu a formulé pour chacun de nous, que ce soit en qualité d’individus ou d’être sociaux, tout cela est contraire à la liberté véritable. Q : À l’occasion de la Journée Mondiale des Malades, vous avez publié un feuillet intitulé « Vie, souffrance et mort... Pour quoi faire ? » A qui ceci est-il adressé ? Boulva : Bien que cette publication soit adressée en principe aux catholiques, elle sera également d’intérêt pour toute personne à la recherche du bonheur et de la signification de l’existence et de la souffrance. Nous l’avons conçue dans le contexte d’une société déchristianisée, confrontée au besoin de redécouvrir ses racines. Le temps est venu pour proposer à nouveau l’espérance chrétienne. Le Christ vient pour donner une signification inattendue à notre vie. Beaucoup trouvent en lui la source de leur persévérance, de leur espoir, mais aussi de leur joie face à l’adversité. Cette réflexion invite le lecteur à contempler un des grands mystères de la vie : la douleur et la souffrance. Elle leur révèle leur signification chrétienne profonde et leur inspire un sentiment renouvelé d’espérance, de courage et de paix. Q : Sur quels points insistez-vous en particulier ? Boulva : Nous rappelons le plan formidable de Dieu, qui est son amour pour chacun de ses enfants sur terre, son désir d’entrer dans un rapport d’amitié avec chacun de nous, son rêve de nous voir collaborent librement avec lui pour construire un monde plus juste et plus humain, et comment tout ceci se produit dans la vie ordinaire et quotidienne. C’est là que nous pouvons faire l’expérience d’une rencontre extraordinaire avec Dieu : tout simplement au travail et au sein de la vie de famille, dans notre temps libre et à l’occasion d’engagements sociaux, de parler à Dieu et de tout lui offrir par amour. Car le Christ a voulu donner une signification divine à nos vies. Nos croix, grandes et petites, unies à la sienne, trouvent toute leur signification dans l’Eucharistie. C’est là que le Christ les prend et les offre en même temps que sa propre croix, de telle sorte que nous devenions co-rédempteurs avec lui. Peut-on imaginer une plus grande dignité ? Finalement, nous traitons de la question de la solidarité, des soins palliatifs et de l’appel à une véritable compassion que le Christ nous adresse, et qui se manifeste chez la personne seule, handicapée, angoissée et laissée pour compte. En même temps, chacun de nous est appelé à servir le Christ souffrant, à être le Christ serviteur, qui soutient autrui en ses moments de souffrance de sorte qu’il garde courage jusqu’au terme naturel de sa vie. C’est cela que signifie pour un chrétien l’accompagnement des mourants : aider autrui jusqu’à l’arrivée naturelle du moment le plus important d’une vie, le passage à la vie éternelle et la rencontre avec Dieu en tête à tête. |
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| Sujet: Euthanasie,le suicide d'une société ? 12.02.12 15:20 | |
| Euthanasie : le suicide d’une société ? Date de mise en ligne : 19 juin 2006
"La pitié est souvent un sentiment de nos propres maux dans les maux d’autrui. C’est une habile prévoyance des malheurs où nous pouvons tomber". La Rochefoucauld - "Mémoires" Euthanasie, acharnement thérapeutique, droit de disposer librement de sa vie, eugénisme : jamais le débat sur ces thèmes n’a été aussi brûlant. L’actualité récente, les débats et les dérives législatives des pays occidentaux alimentent la polémique. Le respect de la vie humaine doit toujours demeurer la principale préoccupation de l’homme et a fortiori de son garant : le juriste. C’est donc essentiellement l’aspect juridique de la question qui retient ici notre attention. Après avoir rappelé l’état actuel du droit positif français face à l’euthanasie et clarifié certaines notions, nous nous attarderons sur les conséquences qui résulteraient pour notre société d’une modification de la législation en ce domaine. Il convient tout d’abord d’envisager quel est le statut juridique de l’euthanasie dans notre pays. Nous nous attacherons ensuite à distinguer et à définir certaines notions fondamentales qu’il faut éclaircir afin de mieux appréhender ce sujet complexe. Euthanasie : une notion ambiguë et dépourvue de définition légale 1 - Le vide juridique de l’euthanasie En droit français, le respect de la règle "tu ne tueras point" reste encore le principe fondamental. La mise à mort d’un être humain, fut-il un "monstre", constitue une atteinte volontaire à la vie. Deux courants doctrinaux s’affrontent aujour-d’hui sur l’euthanasie en droit français. Les uns considèrent cet acte comme étant un meurtre ou un assassinat (c’est-à-dire exécuté avec préméditation), les autres estiment qu’il constitue une circonstance légalement atténuante. Cependant, le droit positif français ignore le terme d’euthanasie. Il n’existe aucune disposition particulière sur ce sujet dans la loi. Le Code pénal qualifie de meurtre tout homicide volontaire qu’il s’agisse d’un crime "ordinaire" ou d’un acte inspiré par la "pitié". Dans le Code pénal de 1804, en vigueur jusqu’au 1er mars 1994, l’euthanasie relevait de l’article 295 [1]. L’homicide sur demande n’est pas soumis à un régime spécial. Il relève donc du régime général : le meurtre. L’euthanasie est considérée comme un homicide volontaire à part entière, aggravé de surcroît par une préméditation qu’il est difficile de nier. Certains pensent qu’il serait souhaitable de faire de l’euthanasie un délit en soi en le dissociant de l’assassinat "ordinaire". L’avant-projet de révision du Code pénal de 1980 avait retenu la possibilité de créer une infraction spécifique d’euthanasie (infraction punie de dix ans de prison et 500.000 f. d’amende). Elle n’a pas été maintenue dans le projet de loi qui punit toujours de la réclusion criminelle à perpétuité le meurtre commis sur une personne particulièrement vulnérable en raison de son âge, d’une maladie, d’une infirmité ou d’une déficience physique ou psychique [2] [3]. Depuis le 1er mars 1994 [4], l’euthanasie est assimilée à une atteinte volontaire à la vie [5]. Sa pratique demeure sanctionnée par des peines criminelles relevant de la Cour d’assise. Le motif du mobile dicté par la "compassion", la "charité", ne constitue pas en soi une excuse absolutoire. Un tel acte ne tient pas compte du mobile qui a pu inspirer l’exécutant, quel que soit son auteur (membre de la famille, personnel médical). Le consentement de la victime ne fera pas disparaître l’infraction. La loi, au travers du Code pénal, reste donc ferme. Cependant la jurisprudence (ensemble des décisions de justice émanant des juridictions) admet que les circonstances atténuantes jouent pour l’auteur d’un tel crime un rôle modérateur (particulièrement dans le cas où l’auteur apporte la preuve qu’il a reçu de la victime l’ordre de lui donner la mort) [6]. Il existe souvent dans ce domaine un divorce entre la rigueur de la loi et le laxisme de son application. Ce paradoxe s’explique par le fait que les Cours d’assise sont composées en majorité de jurés non professionnels. Le jugement est soumis à l’appréciation d’hommes et de femmes qui ne sont pas juristes et qui restent à tort ou à raison perméables aux sentiments de "compassion", de "charité" plaidés par la défense leur démontrant le "pitoyable" avenir que l’accusé a évité à la victime qui n’était plus "digne" de "survivre" en lui "ôtant" la vie. Cette démonstration devient alors péremptoire pour les jurés lorsque la défense associe à une plaidoirie talentueuse la projection d’images troublantes et dérangeantes, démontrant ainsi que la vie dans de telles conditions ne "mérite plus d’être vécue". D’une manière générale, cette juridiction populaire, reflet de l’opinion dominante, acquitte assez souvent les auteurs d’actes euthanasiques émus par un sentiment de "pitié" et de "compassion charitable" [7]. Lorsqu’une peine est malgré tout prononcée, il s’agit le plus souvent d’une condamnation de principe couvrant la détention préventive, ou assortie de sursis. Il faut enfin noter que légiférer, dans ce domaine, serait aller à l’encontre des textes fondamentaux qui régissent notre droit [8]. En effet, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948 proclame le "droit à la vie pour tout individu", ce qui avait été omis dans la Déclaration de l’Homme et du Citoyen de 1789. Cependant l’article 4 de ce dernier texte précise : "la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui". Or, n’y a-t-il rien de plus nuisible que de donner la mort ? La Convention Européenne des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales, ratifiée le 4 novembre 1950, affirme dans son article 2 : "le droit à la vie de toute personne est protégé par la loi. La mort ne peut être infligée intentionnellement sauf en exécution d’une sentence capitale prononcée par un tribunal au cas où le délit est puni de cette peine par la loi". Sera-t-on obligé bientôt de rendre les grands malades responsables de leur souffrance et de les condamner ainsi à mort ? Le 26 juin 1999, le Conseil de l’Europe, à une très large majorité, a d’ailleurs adopté une recommandation sur "la protection des droits de l’homme et de la dignité des malades incurables et des mourants", qui condamne très fermement la pratique de l’euthanasie. Tout en se prononçant également contre l’acharnement thérapeutique, l’Assemblée prononce un vigoureux plaidoyer en faveur des soins palliatifs, en condamnant les dispositions législatives visant à dépénaliser l’euthanasie comme aux Pays-Bas [9]. Il convient à présent de nous intéresser quelques instants à l’ambiguïté du terme d’euthanasie, que ses défenseurs désignent souvent à tort sous des dénominations diverses. 2 - L’ambiguïté du terme "euthanasie" Le terme euthanasie est couramment utilisé par ses partisans afin de créer la confusion au sein de l’opinion publique, en particulier par l’intermédiaire des médias. Il importe de noter que l’intention de soulager ou de tuer un homme est ici déterminante. Si dans l’esprit du soignant le but est de soulager une souffrance, alors il s’agit d’un acte thérapeutique, même si celui-ci peut entraîner des effets secondaires pouvant abréger la vie du malade. En revanche, l’euthanasie est un acte non médical [10] qui a pour but principal de provoquer la mort en vue d’apporter la "libération" du malade. L’utilisation abusive du terme "euthanasie" par ses défenseurs n’est pas neutre. L’objectif est de renverser le débat de manière subtile en masquant les dérives euthanasiques par de faux débats comme "l’acharnement thérapeutique" [11]. Ainsi, les partisans de la mort provoquée qualifient d’euthanasie "indirecte" un acte visant à soulager la souffrance du malade en administrant des antalgiques dont la conséquence seconde mais non recherchée est de hâter la mort du malade en lui administrant par exemple de fortes doses de morphine [12]. En réalité, il ne s’agit aucunement d’euthanasie mais simplement d’un traitement. L’esprit de l’acte n’est pas de provoquer la mort, mais de soulager, même si cela peut avoir pour effet secondaire de hâter le décès (qui n’est pas le but recherché). L’euthanasie "passive" est fréquemment employée pour définir "l’arrêt des soins" (refus ou arrêt d’un traitement nécessaire au maintien de la vie"). Mais encore une fois, il y a une ambiguïté malsaine dans cette définition. Si l’interruption des soins décidée par le médecin et son malade a pour objet de soulager ce dernier, il ne s’agit en aucune manière d’une euthanasie visant à provoquer une mort rapide et délibérée.Le devoir médical de prolonger la vie dépend de la relation médecin-malade, et la loi ne donne aucune précision à ce sujet. La conscience du médecin décide des moyens à employer en respectant à la fois la volonté du malade et son propre devoir de soigner en fonction des moyens techniques existant. Pour Jean-Marie Gomas [13], "chaque médecin sait parfaitement s’il est en train ou non de supprimer un patient : les définitions au quotidien sont bien plus subtiles que les définitions du législateur" [14]. Le véritable objectif poursuivi par le personnel hospitalier n’est pas de "tuer", mais d’apaiser les souffrances physiques et morales (toutes deux étant liées). C’est le devoir ultime des soignants lorsque les efforts en vue de la guérison ont échoué. Leur dernière mission est d’aider à mourir dans la dignité par un accompagnement humain. L’utilisation de "drogues" est alors considérée comme un moyen d’apaiser la douleur. Empêcher de souffrir, combattre la douleur est un devoir pour tout médecin et infirmière. Cela exclut la volonté de maintenir en vie un malade par tous les moyens. Par l’utilisation de termes et de définitions équivoques, les partisans de l’euthanasie cherchent à inverser les rôles. Ainsi ils introduisent une confusion entre le rôle du médecin qui est de soulager et d’accompagner et le fait de donner délibérément la mort. Le noble et courageux devoir de tout médecin ou infirmière est résumé par la règle immémoriale de la médecine, rappelée il y a plusieurs siècles par Ambroise Paré : "Guérir parfois, soulager toujours"... même si calmer la douleur d’un malade en phase terminale risque peut-être d’abréger sa vie. Nous venons de voir quel aspect revêt le droit positif français face au terme d’euthanasie. Attachons-nous à présent à d’autres notions contiguës qu’il est nécessaire de comprendre correctement. Aide, incitation et provocation au suicide : des notions voisines importantes à éclaircir Examinons brièvement l’état actuel de notre législation sur le suicide, avant d’étudier les aménagements opérés par la jurisprudence, et de terminer par les tentatives de prise en compte du vide juridique dans ce domaine par le Parlement. 1 - Etat et situation sur la législation concernant le suicide Notre droit pénal ignore la répression du "meurtre sur soi-même" (ou suicide). Il en déduit donc l’impunité du complice d’un suicide [15]. Tout simplement parce que la complicité en droit français doit être rattachée à un acte principal répréhensible. C’est sous la Révolution française de 1789 que l’on a décidé de supprimer la répression du suicide. La raison essentielle est que cet acte était considéré comme une manifestation suprême de la liberté individuelle. La société nouvelle ne pouvait que respecter un tel acte [16]. Dans l’exposé des motifs du projet de loi de modification de notre Code pénal en 1986, il était précisé : "Le Code pénal dont la vocation première est de protéger l’être humain, doit renforcer cette défense quand il s’agit des personnes les plus vulnérables". Pourtant, à ce jour, aucune incrimination n’est venue appréhender l’aide au suicide [17]. Il existe un véritable vide juridique dans ce domaine. 2 - Face à ce vide : une jurisprudence embarrassée Puisque le droit positif français ne se prononce pas sur le suicide, et a fortiori sur l’aide au suicide, il a bien fallu que la jurisprudence résolve des cas d’aide au suicide. Certaines juridictions ont commencé par affirmer que "peut être poursuivi pour homicide par imprudence [18] celui qui par sa faute provoque le suicide d’autrui" [19]. Cependant ce raisonnement ne permettait pas de résoudre l’ensemble des difficultés rencontrées par l’application de ce seul article. Pour cette raison, les magistrats ont fait appel à l’article 63, alinéa 2, de l’ancien Code pénal [20], incriminant la "non assistance à personne en danger". L’application de cet article corroborait le principe selon lequel "la personne qui omet de porter secours à un homme en danger, crée le péril" [21]. Le recours par les juges à ces textes afin de combler le vide juridique existant a fortement été critiqué par la doctrine. Certaines affaires particulières auraient pu permettre d’ouvrir le débat législatif sur ce thème. C’est le cas du "suicide à deux" par exemple. Il s’agit de l’hypothèse dans laquelle deux personnes décident ensemble de se donner la mort en s’aidant l’une l’autre. Lorsque l’une des deux personnes survit, c’est en principe le délit de "non assistance à personne en danger" qui aurait dû s’appliquer comme nous venons de le voir. Dans les faits, le survivant n’est pas condamné car les juges admettent l’"impossibilité morale ou mentale de porter secours" ainsi que la détresse de la personne. Par interprétation stricte de la loi, cette impossibilité de secourir enlève le caractère délictueux de l’abstention [22] [23]. En effet, malgré l’incrimination de non assistance à personne en danger qui n’est pas retenue dans ce cas, plusieurs juridictions ont apporté des nuances importantes. Ainsi le 9 août 1973, la Cour d’assise de la Seine précise : "Si l’homicide dans une telle situation n’est pas punissable, le fait de donner la mort à un tiers sur sa demande constitue en réalité un homicide volontaire. Bien sûr, il ne faut pas nier la tempérance que peut apporter le consentement du défunt si ce fait reste patent et indéniable. Toutefois, il s’avère que la délimitation juridique entre "suicide" et "homicide volontaire" est d’autant plus délicate que l’intervention d’un tiers est démontrée dans l’accomplissement de l’acte d’autodestruction, soit dans la décision, soit dans l’exécution de cet acte" [24]. Un exemple peut ici être donné. Un homme a profité de l’influence qu’il avait sur un autre pour demander à ce dernier de l’assassiner. Voulant se suicider Mr P. proposa 50.000 f. à Mr D. pour qu’il le suicide. L’homme est passé à l’acte et la Cour d’assise de Bourg-en-Bresse s’est prononcée le 19 octobre 1994. Mr D. a été condamné à cinq ans de prison dont deux avec sursis et trois ans de mise à l’épreuve. L’avocat de l’accusé a proposé aux jurés de retenir que Mr P. (la victime) est l’auteur principal du crime, et son client, Mr D., le complice [25]. 3 - Les tentatives de prise en compte du vide juridique par un législateur gêné a) Les faits Ce n’est qu’en avril 1982 que ce délicat sujet est ressorti. Claude Guillon et Yves le Bonniec, co-auteurs du livre "Suicide, mode d’emploi", ont eu le triste privilège d’entraîner un débat législatif sur ce problème de société [26]. Il faut noter que les responsables de cet ouvrage se sont inspirés d’une brochure intitulée "Autodélivrance", éditée par l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité [27]. Les auteurs de ce livre estimaient que "le suicide est un droit confisqué par la culture judéo-chrétienne". On pouvait trouver détaillées les différentes "techniques" permettant de se suicider en indiquant par exemple les doses létales de médicaments, les moyens de se les procurer et les "meilleures conditions" pour les absorber [28]. Très rapidement cet ouvrage bouleverse l’opinion publique. De plus, il existait en la matière un vide juridique. Il était impossible de poursuivre les auteurs sous aucune qualification. Les proches d’un suicidé près duquel ce livre a été retrouvé ont porté plainte. Le Tribunal correctionnel de Paris débouta les parents au motif que "le suicide, expression tragique d’une volonté individuelle et libre par principe quant au moment où intervient la décision fatale et aux moyens matériels de la réaliser, ne fait l’objet d’aucune incrimination légale". Le jugement ajoute : "l’imprimerie et la librairie sont libres dès lors que dans sa finalité ou son expression l’ouvrage ne constitue pas une apologie de crimes ou de délits" [29]. Cette fois le vide législatif en la matière sautait aux yeux. Il est à présent clairement dénoncé [30]. Le suicide n’étant pas un délit pénal, tout acte d’incitation ou d’aide au suicide échappait à la répression en application du principe du système juridique de "l’emprunt de criminalité" en matière de complicité. La complicité suppose l’existence d’un fait principal punissable. Le suicide n’étant pas sanctionné, le vide juridique était certain. Cette situation n’a pas duré, une loi allait être préparée. Cependant plusieurs étapes seront nécessaires à son élaboration. b) Les étapes d’une tentative d’incrimination En mai 1983, un groupe de parlementaires dépose une proposition de loi. Ce texte envisageait d’ériger en délit "l’incitation" ou "l’aide" apportée au suicide (qu’il soit consommé ou tenté) par autrui ainsi que "l’apologie ou la propagande en faveur du suicide faite par un moyen quelconque" [31]. Ce texte ne fut pas retenu. En mars 1985, la Commission des lois de l’Assemblée nationale rejette une proposition de loi du Sénat réprimant l’aide et l’incitation au suicide [32]. En février 1986, la Commission chargée de réviser le Code pénal examine la possibilité de condamner "la provocation directe au suicide des mineurs". En 1987, Monsieur Barrot présente une nouvelle proposition de loi visant à réprimer "l’incitation au suicide" [33]. La même année, la Commission de réforme du Code pénal prévoit la possibilité d’incriminer l’aide au suicide et sa provocation. Mais Monsieur Mamy, rapporteur du texte à l’Assemblée nationale, précise alors que le Parlement n’entend sanctionner que le fait d’un tiers qui affecterait l’autonomie d’une personne en abolissant sa liberté. Dans ce projet de loi, il est écrit que "la question de l’aide au suicide est proche d’une certaine forme d’euthanasie. D’un point de vue juridique, l’euthanasie est selon le cas, soit un meurtre [34], soit un assassinat [35]. Elle peut également être sanctionnée en application du principe de "non assistance à personne en danger" [36]. C’est le cas de l’euthanasie "passive" [37]. En l’espèce, certaines formes d’euthanasie pourraient être réprimées, de manière indirecte, en tant qu’aide au suicide tenté ou consommé. Monsieur J. Limouzy a estimé que le législateur devait faire preuve d’une grande prudence en évitant de mêler le problème de l’incitation au suicide à celui de l’euthanasie. Evoquant les termes de la proposition de loi, il a jugé qu’il était préférable, comme le suggère le rapporteur, de substituer à la notion "d’incitation" celle de "provocation" qui, figurant à d’autres titres dans le Code pénal, est déjà définie" [38]. En définitive, seule la notion de "provocation" a été retenue afin d’éviter tout débat relatif à l’euthanasie. Après discussion, la loi "Dailly-Barrot" du 31 décembre 1987 a été adoptée. Elle fait aujourd’hui l’objet de trois articles figurant dans le Code pénal [39]. L’article 223-13 du Code pénal ne réprime que la provocation qui a atteint un résultat (soit une tentative ou le suicide d’une personne). Cet article est donc en retrait par rapport à la proposition initiale de Monsieur Barrot qui prévoyait de réprimer ceux qui auraient "incité ou aidé autrui à se suicider, alors même que l’incitation ou l’aide n’auraient pas été suivies d’effet". L’article 223-14 du Code pénal n’exige pas que le décès de la victime soit entraîné par l’utilisation de produits, objets, méthodes comme moyens [40]. Enfin, l’article 223-15 du Code pénal incrimine le même délit commis par voie de presse. C’est ici la réponse directe à l’ouvrage "Suicide mode d’emploi" et aux autres abus éventuels. Tout débat relatif à "l’aide au suicide" a jusqu’à présent été exclu du débat parlementaire. Les deux chambres ne souhaitant pas aborder le problème de l’euthanasie. Dans notre droit, seule la provocation au suicide est réprimée. L’aide au suicide n’a toujours aucun statut juridique "légal". Ainsi décrit le droit positif français face à l’euthanasie et aux concepts voisins, voyons à présent quelles seraient les conséquences d’une dépénalisation de l’euthanasie pour la société. Les différentes affaires récentes relatives à l’euthanasie ne sont pas le fruit du hasard. Souvent, les partisans de la mort assistée ont recours à la moindre occasion à des "armes" qui ont déjà fait leurs preuves dans le passé. Leur stratégie est claire. Bien connaître les méthodes et les moyens employés afin qu’une telle législation soit adoptée et reconnue par l’opinion publique est donc nécessaire, de même qu’il convient de bien mesurer les conséquences que pourrait avoir la reconnaissance de ce droit sur l’ensemble de la société. Méthodes et moyens des partisans de l’euthanasie La plupart des législations occidentales condamnent encore l’euthanasie, au nom de l’intérêt général de la société et singulièrement des excès qui sanctionneraient inévitablement l’octroi à tout un chacun du droit de tuer son semblable dans un but "charitable". Quelle que soit la législation adoptée, la signification de la volonté de légiférer dans un tel domaine est toujours la même : reconnaître un droit au meurtre [41]. Aujourd’hui, le partisan le plus farouche de la légalisation de l’euthanasie reste Henri Caillavet. Pour lui, les conditions objectives permettant la pratique de l’euthanasie sont au nombre de trois. La victime doit être atteinte d’une maladie incurable et fatale ; la maladie doit provoquer des douleurs physiques intolérables et persistantes ; enfin, aucun moyen thérapeutique connu ne doit pouvoir atténuer ces douleurs [42]. Toujours pour Henri Caillavet, également membre du Comité National d’Ethique, "celui qui donne la vie a le droit de la retirer" [43]. Le 17 avril 1978, il présente une proposition de loi relative "au droit de vivre sa mort" [44]. Le texte est inutile : le médecin agit pour soulager la souffrance du malade. Il est dangereux car les meilleures intentions peuvent aboutir aux pires excès... Il est inapplicable. En effet, il est difficilement concevable que le malade demande par écrit au médecin des renseignements sur le caractère incurable de sa maladie [45]. L’ADMD a repris cette proposition lors d’un congrès tenu à Nice du 20 au 23 septembre 1984 [46]. Ce texte a été appelé "testament de vie" [47]. Afin d’imposer cette conception aux pouvoirs publics et à l’ensemble de la population, ces groupes de pression utilisent des procédés très variés. Le testament de vie (déclaration par laquelle tout individu peut donner ses directives sur les traitements dont il ne veut en aucun cas et éventuellement sur sa demande d’aide à mourir. Ce document n’a aucune valeur juridique en France, mais en a une dans beaucoup d’autres pays) par exemple est affiché comme étant un moyen très sûr, efficace. Il serait une sécurité pour la volonté du malade, un moyen de calmer ses angoisses, de mourir paisiblement. Mais il y a parfois des rémissions étonnantes, des reprises de conscience miraculeuses de certains patients courageux. De plus, l’avis du malade peut changer alors qu’il n’est plus toujours en état de l’exprimer... L’utilisation des sondages d’opinion est une pratique courante permettant aux lobbies de "manipuler" l’opinion publique. C’est une façon de faire pression sur les pouvoirs publics. A la demande de l’ADMD, la Sofres réalise en 1987 un premier sondage sur le thème : "Les Français et la mort volontaire" [48]. Il s’avéra que 85% des Français voudraient que l’on reconnaisse à un malade incurable atteint d’une souffrance insurmontable le "droit d’être aidé à mourir à sa demande" [49]. 63% estiment que cette aide comporte aussi une aide active à mourir, contre 55% en 1997 [50]. Pour 46% en 1987 (contre 33% en 1997), cette aide active à mourir doit être le fait du médecin traitant. Enfin, en 1987, 76% des Français auraient été favorables à une modification du Code pénal pour que les personnes qui aident à mourir certains malades ne soient plus poursuivies (en 1997, ils seraient 82%) [51]. Ces chiffres en faveur de l’euthanasie se veulent convaincants. Mais, comme le soulignent des spécialistes de la question (notamment François Gonzalvez, pénaliste), "aider à mourir" pour beaucoup de personnes interrogées dans ces sondages signifie "empêcher une souffrance intolérable" [52]. Bernadette Wouters, vice-présidente de l’Association européenne de soins palliatifs, membre du Comité consultatif de bioéthique en Belgique, commente très simplement ces sondages : "Et puis, il n’est pas difficile de comprendre les résultats de ces sondages qui donnent le choix entre une agonie longue et douloureuse et une mort rapide... L’avis du bien portant et du malade sont très différents" [53]. Il est courant d’utiliser et d’exploiter les sondages d’opinion en les interprétant de façon tendancieuse. Bien entendu ces moyens sont mis en oeuvre pour appuyer un "événement médiatique" afin d’en retirer un profit et de relancer le débat. Plus récemment, Monsieur Caillavet lançait un appel pour l’ouverture d’un véritable débat sur cette question [54]. Au même moment, le sénateur Pierre Biarnés, soutenu par 55 sénateurs, déposait une proposition de loi dans le même sens suivant une initiative identique du député Roger-Gérard Swartzenberg à l’Assemblée nationale [55]. Tous ces moyens sont mis en oeuvre afin de relayer l’"actualité" marquée par les affaires d’euthanasie. Le support d’une affaire médiatique est indispensable pour lancer une telle campagne. Elle est le moyen pour les partisans de "faire coller la loi à la réalité" [56]. Mais alors pourquoi ne pas adapter la loi à la consommation d’alcool, de drogues, ou en matière de vitesse sur route, ou encore en matière de proxénétisme, viol, pédophilie... qui sont malheureusement des réalités sociales ? Aujourd’hui le débat sur l’euthanasie se résume à prendre des situations tragiques, à les isoler de leur contexte pour en arriver à la conclusion que dans ces conditions, il serait "inhumain" de refuser la mort [57]. Pour Bernadette Wouters, "le discours pro-euthanasie met en scène des malades conscients, en fin de vie, souffrant de manière intolérable malgré les traitements et demandant en toute lucidité que l’on mette fin à leur vie. Ces cas sont très rares"... "Le discours pro-euthanasie utilise la peur de la mort et de la souffrance. Pire encore, il s’appuie sur la méfiance qui existe malheureusement de la part d’une partie de l’opinion envers le corps médical (en raison de l’acharnement thérapeutique qui n’existe quasiment plus)" [58]. Afin d’illustrer cette réalité, il suffit de reprendre les affaires d’euthanasie qui ont été exploitées par les groupes de pression au cours de ces derniers mois. Dans l’affaire de l’hôpital de Mantes-la-Jolie en juillet 1998, Christine Malèvre, infirmière martyr de l’inquisition sociale et judiciaire, avait "aidé à mourir quelques pauvres agonisants au nom du respect de leur personne". Cette victime a été reçue et soutenue par Monsieur Caillavet : Etienne Pion (président du Mouvement Europe et Laïcité) et l’ADMD lancent une vaste campagne de soutien pour être "moralement solidaires des défenseurs de Christine Malèvre" et s’insurgent que "pour des actes de compassion, Christine Malèvre soit mise en examen pour homicide volontaire" [59]. Mais cette infirmière qui revendiquait "le droit d’aider les patients en fin de vie à mourir" avait un peu vite servi de figure emblématique aux partisans de l’euthanasie [60]. Très rapidement une analyse statistique démontrait que la mortalité était trois fois plus fréquente lorsque l’infirmière était présente. "Ses propres déclarations en garde à vue ont ensuite sérieusement remis en question le rôle de simple exécutante compatissante qu’elle s’était attribuée" [61]. De plus, son livre "Mes aveux" [62] est de nature à inquièter comme le relèvent certains journalistes. La jeune infirmière tente d’expliquer ses gestes, mais elle dévoile inconsciemment l’aspect étrange de sa personnalité. "Ce ne sont pas ses malades qui occupent le devant de la scène, c’est elle-même, sa propre difficulté d’être, sa fascination pour la mort, la mégalomanie de sa vocation, l’ambiguïté de sa compassion" [63]. Au cours de ses auditions, elle finit par avouer avoir mis fin à plusieurs dizaines de vies. La justice (Procureur et juge d’instruction) sont de plus en plus méfiants, transformant en définitive la mise en examen pour "homicide volontaire" en "assassinat" (ce qui signifie la préméditation). Elle avouera avoir mis fin à leur vie sans leur consentement ni même celui de la famille. Au cours de sa garde à vue, un policier lui récitera la liste des malades décédés dans le service, elle dira posément : "celui-là, oui, c’est mon oeuvre" [64]... Malheureusement pour les défenseurs de l’euthanasie, il est quelquefois difficile d’exploiter certains évènements, surtout lorsque la vérité finit par être dévoilée. Le rapport des deux psychiatres qui ont examiné Christine Malèvre résume parfaitement la situation. Ils concluent leur expertise sur une mise en garde : "si une certaine médiatisation et l’attitude de Mlle Malèvre tendent à faire évoluer les faits qui lui sont reprochés vers un débat sur l’euthanasie, il nous semble qu’il ne s’agit ici aucunement de cette question, mais d’une personne souffrante et à la dérive qui tente de se sauver dans une sorte de mission" (64). Il est intéressant de constater que les défenseurs de l’euthanasie utilisent la même stratégie que pour d’autres combats engagés au nom de la "liberté" comme dans la bataille pour l’avortement. Les "affaires judiciaires" médiatisées en 1999 afin de sensibiliser l’opinion publique relèvent du même scenario [65]. Le parallèle entre les "deux combats" est simple à démontrer. Il suffit de reprendre les différentes propositions de loi relatives à l’euthanasie pour constater que les défenseurs de cette cause sont les mêmes que ceux qui ont revendiqué un "droit" à l’avortement [66]. Le 19 novembre 1979, le journal "Le Monde" éditait un article de Michel Landa [67] intitulé : "Un droit". Cet article est à l’origine de l’ADMD. Son auteur n’hésite pas à faire un parallèle avec la législation sur l’avortement : "Imaginons un instant une culture où la mort serait appréhendée comme la métamorphose qu’elle est réellement. Celle-ci serait ritualisée à l’instar de la naissance ou du mariage comme un changement d’état. Le droit de choisir l’instant de sa métamorphose serait accepté comme l’est devenu aujourd’hui (...) le droit pour la femme d’être maîtresse de sa fécondité" [68]. De plus, en analysant les différentes propositions de loi relatives à l’euthanasie, on trouve des références à la loi sur l’avortement. Ainsi dans la proposition de 1997 déposée au Sénat, il est indiqué dans l’exposé des motifs : "c’est la même problématique qu’en matière d’interruption volontaire de grossesse" [69]. Les mêmes termes que ceux de la loi de 1975 sont utilisés dans ces propositions [70]. Au cours d’une conférence, le 25 mai 1999 au Cercle Républicain, Henri Caillavet n’a pas hésité à préciser qu’il s’agit exactement du même débat. "Nous devons avoir la possibilité de ne pas accepter une vie grabataire au même titre que l’on peut renoncer à une vie embryonnaire". Il souligne que l’objet principal de ses propositions est de dépénaliser l’euthanasie en établissant un article premier établissant que la vie est le principe, ensuite qu’il existe des exceptions... [71]. Comme dans la loi du 10 janvier 1975, il est évident que le principe garantissant le respect de la vie deviendrait rapidement une exception [72]. Il peut arriver toutefois que des défenseurs farouches de l’euthanasie réfutent sans en être conscients les arguments de ceux qui militent en faveur d’un "droit" à l’avortement. Ainsi dans "Le Monde" du 9 mai 1997, Michel Thévoz (professeur à Lausanne) écrivait un plaidoyer pour l’euthanasie intitulé : "Le droit à une mort digne" : "alors même que notre société admet l’IVG, qui, après tout, concerne non seulement la femme mais la vie d’un autre être humain, elle pénalise le suicidaire qui lui n’engage que sa propre vie". L’utilisation des vocables ayant une connotation morale est une arme de sensibilisation des "pro-euthanasie". Nous pensons en particulier au terme de "dignité". Ainsi, comme le souligne l’Institut de Sciences pénales et de Criminologie de la faculté d’Aix-en-Provence dans un article : "l’association de Défense du Droit de Mourir dans la Dignité a identifié le terme dignité de la fin de vie et mort volontaire. Elle risque ainsi de renforcer ses membres (et l’opinion publique) dans la conviction qu’une vie de vieillard n’a pas de valeur, ni pour lui, ni pour autrui, que l’approche de la mort ne peut être que déchéance et d’attirer par là un désespoir et une colère chez ceux qui se sont confiés à elle". Certains spécialistes pensent que l’utilisation des termes pour sensibiliser l’opinion publique peut être mal fondée et devenir mensongère et dangereuse. Est-il encore question d’éthique et de dignité lorsque l’on prétend fonder son renouvellement sur la seule volonté d’arrêter le cours d’une vie pour laisser à autrui une belle image de soi ? L’acharnement thérapeutique est aussi assez souvent avancé par les défenseurs de l’euthanasie. C’est un moyen de se justifier, mais surtout d’éviter le véritable débat sur les soins palliatifs. Le professeur Bernard Debré affirme à ce sujet : "cet acharnement heureusement est exceptionnel. Evitons cependant de ne pas devenir simpliste : combien de personnes ayant fait un infarctus ont été sauvées par la réanimation et ont repris une vie quasiment normale" [73]. Enfin, la plupart des responsables de l’ADMD préconisent aujourd’hui d’associer euthanasie et soins palliatifs, les deux pouvant "être complémentaires". Pierre Biarnès n’hésite pas à dénoncer ce qu’il appelle "le macchabées business... La demande en soins palliatifs ne s’oppose d’ailleurs pas à une demande d’euthanasie. Certains patients, qui pourtant en bénéficient, expriment en ces instants ultimes de détresse le souhait d’une aide à mourir vite" [74]. Bernard Kouchner, alors Secrétaire d’Etat à la Santé, répond à cette affirmation de manière très simple : "La promotion des soins d’accompagnement devrait nous permettre de ne pas légiférer à marches forcées, de ne pas entrer dans un processus qui pourrait ressembler même en fin de vie à de l’eugénisme" [75]. Choisir sa mort apparaît à certains comme un droit et la donner comme un acte responsable. Après avoir régulé les naissances par la contraception ou même l’avortement, l’homme moderne est tenté, en quelque sorte, de réguler les décès. L’interruption volontaire de vieillesse pourrait alors être revendiquée au même titre que l’IVG par les personnes qui signent un testament de vie demandant à subir une euthanasie en cas de maladie incurable. Certains revendiquent le fait que l’"on prépare bien sa retraite, pourquoi ne préparerait-on pas sa mort ?" [76] (ou celle des autres). Les meilleures intentions peuvent aboutir aux pires excès... Les conséquences d’une banalisation de l’euthanasie sur la société Une dépénalisation de l’euthanasie ne pourrait qu’avoir des incidences importantes sur la société dans son ensemble et présenterait de graves dangers pour la famille, le corps médical et par voie de conséquence pour le malade. 1 - De l’homolâtrie à l’eugénisme Rappelons un principe essentiel : le respect de la vie et son corollaire pour tout être vivant qui est la dignité. "L’humain ne se mesure ni aux muscles, ni au squelette, ni à la peau : être un homme cela passe d’abord par l’esprit et le coeur". Cette citation est de Jean Rostand, le célèbre biologiste humaniste, mort en 1977. Pourtant aujourd’hui les excès de nos sociétés occidentales semblent avoir pris le dessus sur le garde-fou qu’est la dignité inhérente à toute personne. Principe de plus en plus transgressé au nom d’autres idéologies ou théories : le libéralisme, l’hédonisme, l’homolâtrie ou amour de sa propre personne. Dans le climat actuel, la venue au monde d’un petit être "mal formé", hors normes, si on nous permet ces expressions tristement employées, comme le maintien en vie d’une personne handicapée ou gravement malade, sont considérées par certains uniquement sous l’aspect de charges supportées par la collectivité. Ces "imperfections" qui avaient jadis été attribuées à un égarement de la nature ou à la volonté de Dieu, c’est-à-dire à des facteurs surhumains devant lesquels la société s’inclinait, semblent apparaître de plus en plus comme un scandale pour la raison (au même titre que la mort) [77]. L’euthanasie est le résultat d’une adhésion sans réserve aux idéaux d’une société industrielle, d’une religion de la science et de la technique qui sacralise celui qui "produit". Mais la confrontation avec la mort dérange ces certitudes [78]. Le professeur Bernard Debré semble partager ce sentiment : "Notre société est hypocrite et lâche ; nous voulons tous la beauté, la jouissance et le bonheur. Nous ne voulons plus la proximité de la mort et de la souffrance. Si nous tolérons encore la famine au Soudan, c’est parce que nous pouvons éteindre le poste et regarder un match de foot. Mais nous ne tolérons plus ni la mort, ni la déchéance de nos amis, de nos parents. Ils sont trop proches, alors nous réclamons le droit à l’euthanasie... La science va permettre de sélectionner les embryons les plus "performants" et éliminer ceux qui ne correspondent pas aux aspirations actuelles de la société. Associé à l’euthanasie, voici un monde réservé aux forts et aux puissants, à ceux qui gagnent..." [79]. Les déviances peuvent aussi être d’ordre économique. Pour certains, dont Bernard Debré, l’euthanasie serait un moyen d’alléger les coûts de santé (79). Bernardette Wouters, "spécialiste" des soins palliatifs en Belgique, soutient cette théorie : "Cette euthanasie qui se passe de l’avis du patient et de sa famille existe en France, en Belgique... les raisons régulièrement invoquées ou réelles sont le besoin d’un lit pour un autre malade, le fait ou l’idée que le patient est condamné" [80]. L’ADMD semble s’opposer "avec vigueur au recours à l’euthanasie pour raison politique, économique et sociale" [81]. Cependant dans plusieurs brochures de l’association, les soins palliatifs sont évoqués comme nécessitant de "considérables moyens financiers malgré tout insuffisants". Dans un autre document, destiné au public, il est écrit : "Nous ne pouvons supporter l’idée que, pour nous conserver une caricature de vie dont nous ne voulons plus, soient imposées aux nôtres une épreuve intolérable et à la société une charge insupportable" [82]. Il y a dans ces documents des contradictions évidentes qui sont une preuve des risques de dérive qu’entraînerait sans doute une telle législation. La "dérive" économique n’est pas une utopie. Il existe des pays où l’on n’opère plus les patients après un certain âge (70 ans)... Lors du congrès de la Fédération mondiale des associations pour le droit de mourir dans la dignité, à Nice en 1984, plusieurs pionniers des soins palliatifs en France avaient été choqués par les propos de membres de cette association. Robert Higgins, psychanaliste en milieu hospitalier, écrit à ce sujet : "l’intervention la plus applaudie a été celle de Peter Admiraal, anesthésiste hollandais, qui a longuement expliqué "les recettes" pour se suicider... Au lieu de réfléchir sur les moyens d’intégrer la vieillesse dans notre vie, les partisans de l’ADMD renforcent l’idée que les vieillards et les malades ne valent rien. Autant donc qu’ils disparaissent" [83]. Des médecins vont jusqu’à défendre l’euthanasie active. Les arguments avancés sont : "les chances du malade, les conditions psychologiques et financières de la famille, le temps réduit du médecin" [84]. Dans ces conditions, verra-t-on un jour l’euthanasie au programme de certains partis politiques ? On sait à quelles aberrations on en vient lorsque l’on commence à discuter de la valeur relative d’une vie. A partir du moment où le respect de la vie est remis en question, il n’y a plus de limite. La vie, nul ne peut en disposer à sa guise, ni les parents qui ne font que la transmettre, ni la société qui a pour vocation de la sauvegarder et de la développer dans les meilleures conditions possibles. Respecter la vie, c’est lui rendre hommage ; enfreindre ce domaine, c’est porter atteinte à ses droits souverains. La vie est le bien le plus précieux de notre société, il fait partie de son patrimoine. L’humanité entoure la vie de protection et de soins, d’attentions et d’interdits, qui en prouvent la valeur et en commandent le respect. Enfreindre la loi du respect de la vie, c’est pour les membres d’une société ne plus se comporter en hommes et prendre le risque de devenir des monstres. L’aboutissement de cette évolution est terrifiante : c’est l’eugénisme. En dépénalisant une telle pratique, la société prendrait le risque que ce "droit au meurtre", même limité, ne soit abusivement étendu avec le temps et ne devienne alors un véritable moyen d’extermination. Rappelons le sinistre décret du 1er septembre 1939 par lequel Hitler chargeait des médecins de "distinguer personnellement les personnes qui, dans les limites du jugement humain et à la suite d’un examen médical approfondi auront été déclarées incurables et ainsi leur accorder la délivrance de la mort". L’idée initiale, qui était au départ d’administrer la mort "douce" à des incurables, a dégénéré en une abominable extermination collective. L’Histoire nous a appris qu’eugénisme et euthanasie pouvaient s’associer naturellement [85]. D’une rédaction pondérée, même votée avec des intentions sincères, la légalisation de l’euthanasie pourrait offrir à un régime dépourvu de scrupules un moyen de se débarrasser de ses indésirables sans aucun rapport avec le but "charitable" poursuivi initialement par le législateur. Peut-on interpréter ces dernières lignes comme étant une fiction imaginée et obsessionnelle ? Cette hypothèse est plus réaliste qu’il n’y paraît. Pour s’en convaincre, il n’est besoin que de souligner les faits suivants : L’Association pour la Prévention de l’Enfance Handicapée a déposé en 1987 une proposition de loi sur l’élimination des nouveaux-nés handicapés, autorisant le médecin à ne pas réanimer les nouveaux-nés qui ne pourraient manifestement pas vivre d’une vie à peu près normale. A noter que cette association a été soutenue par de nombreux défenseurs actuels de l’euthanasie. L’association précise : "Notre idée est qu’il faut tout faire pour les handicapés, mais qu’il faut aussi tout faire pour qu’il y en ait le moins possible. Non seulement les handicapés sont une charge pour la nation, mais ils ne sont pas heureux eux-mêmes et ils rendent leur entourage malheureux. La médecine ne nous apporte que peu de secours ici, puisqu’elle tend à conserver des individus mal conformés contrairement à l’élimination naturelle. Cette proposition prévoit notamment qu’un médecin ne commettra ni un crime ni un délit en s’abstenant d’administrer à un enfant de moins de trois jours (proposition appelée "Jour plus trois") les soins nécessaires à sa vie quand il présentera une infirmité inguérissable et telle qu’on prévoit qu’il ne pourra jamais avoir une vie digne d’être vécue" [86] (notons encore une fois le flou des termes employés). Une telle abstention de soins ne pourrait être mise en oeuvre qu’avec l’accord des parents et moyennant un certificat d’invalidité explicite et détaillé, signé par deux médecins ayant chacun sept ans d’exercice, l’un d’eux devant obligatoirement être un spécialiste de pédiatrie ou de l’affection présentée par l’enfant [87]. Cette réalité est effrayante ; elle n’est pas isolée. Le docteur Anger, signataire de la pétition des 132 en faveur de l’euthanasie, affirme avoir pratiqué des euthanasies sur des bébés en tant que chirurgien et accoucheur. Bernard Baertschi, maître-assistant au département de philosophie de l’Université de Genève, enseignant à l’école d’infirmières de Genève et président de la Société suisse de philosophie de 1991 à 1993, dans une interview du mois de février 1996 pour la revue scientifique "La recherche" [88], fait part de son opinion concernant l’euthanasie. Compte tenu de ses responsabilités sociales, ses propos sont alarmants. D’après le philosophe, "le statut du foetus humain permet des choses qu’on ne peut plus faire sur un nouveau-né, même si je ne pense pas non plus qu’un nouveau-né soit à proprement parler une personne : il n’exerce pas encore ses facultés mentales de base. Toutefois je pense qu’un bébé destiné à mourir plus ou moins rapidement, dont la qualité de vie est proche de zéro et qui souffre intensément pourrait être aidé à mourir". Le professeur Krick, prix Nobel britannique, admet également la théorie selon laquelle un nouveau-né peut ne pas être considéré comme un être humain s’il ne remplit pas certains critères (théorie de l’auto-conscience). Concernant les handicaps mentaux, Bernard Baertschi nuance des propos qui n’en sont pas moins scandaleux : "Dans le cas du mongolisme, l’euthanasie me paraît pouvoir être pratiquée sur un foetus, mais sur un bébé c’est plus problématique, la "qualité de vie" des mongoliens étant variable". Proposer et admettre de tels procédés, c’est méconnaître la résolution adoptée en novembre 1994 par l’Académie des Sciences Morales et Politiques. Cette dernière a voté le texte suivant : "L’Académie rejette formellement toutes les méthodes ayant pour dessein de provoquer la mort de sujets estimés monstrueux, malformés, déficients et incurables, parce que, entre autres raisons, toute doctrine médicale ou sociale qui ne respecte pas de façon systématique les principes mêmes de la vie aboutit fatalement à des abus criminels, et mène au sacrifice d’individus qui, malgré leurs infirmités physiques, peuvent, comme nous le montre l’Histoire, contribuer magnifiquement à l’édification permanente de notre civilisation". Enfin, un mouvement de pensée moderne ("utilitariste") préconise l’euthanasie en fonction des conséquences que peut avoir le déficient sur son entourage, mais aussi sur la société dans son ensemble. Le chef de file de ce courant est un Australien, Peter Singer. Il admet que l’on pourrait moralement justifier l’euthanasie contre le gré d’une personne. Par exemple, Singer imagine le cas dans lequel un patient éprouvera inévitablement dans un futur proche d’atroces souffrances qui, lorsqu’elles auront débuté seront impossibles à arrêter, le malade refusant naturellement d’admettre une telle éventualité... on le fera mourir [89]. Bien souvent ces pseudo scientifiques et théoriciens modernes ignorent que tous les petits, les faibles, les malformés, les déficients font partie de la famille humaine. Leur présence auprès de nous est indispensable. Ils sont pour nous autres "normaux" un rappel vivant et nécessaire de notre commune fragilité humaine. La tentation de l’extermination de ces petits êtres que nous devrions protéger est le signe que notre société est profondément malade. Les principaux militants de la cause "euthanasique" considèrent cet acte comme étant "culturel". Henri Caillavet estime que l’"acte de mort" n’est pas un acte médical, "il est un acte éthique et culturel", selon ses propres termes. La "culture de mort" est explicitement revendiquée... Les praticiens de l’euthanasie pratiquent des "rites macabres". Ainsi Michel Landa retranscrit ce que cela pourrait être dans l’article du "Monde" du 19 novembre 1979 (voir note 67) : "Chacun pourra donner à sa mort le cadre et le style qui lui conviennent... L’un convoquera toute sa famille un soir d’été à la campagne, au coin du feu, l’hiver, en écoutant Bach". Ce qui était fiction en 1979 est aujourd’hui réalité. Le docteur Anger, militant actif de la cause de l’euthanasie exprime ce qui le séduit aux Pays-Bas, où elle est admise : "Ils ont créé des rituels de mort au moment de l’acte euthanasique. La famille entourait la vieille dame. On jouait de la musique, on lisait des poèmes". Les Pays-Bas sont incontestablement un modèle de société déclinante. Les pires excès sont admis et sont en passe d’être légalisés. En 1993 et 1994, le Parlement néerlandais avait, sans légaliser stricto sensu l’euthanasie, adopté une législation qui, de facto, autorise les médecins à la mettre en oeuvre. Le principe est que l’euthanasie reste interdite (passible de poursuites), mais sa pratique est admise par la justice qui exerce un "contrôle". Les médecins ayant administré l’euthanasie doivent le déclarer au Procureur au moyen d’un formulaire. Un projet de loi, présenté par les Ministères de la Justice et de la Santé le 10 août 1999, prévoit de "légaliser" l’euthanasie. Ce projet de loi va même jusqu’à autoriser les mineurs d’au moins douze ans atteints d’une maladie incurable à demander une euthanasie sans accord parental. Quant aux enfants de moins de douze ans, ils pourront eux aussi demander la mort, une telle demande restant soumise à l’accord parental et médical. Le texte sera discuté à l’automne 1999 [90]. Bernadette Wouters dénonçait déjà les dérives néerlandaises en 1996 dans la revue médicale "Recherche" : "Aux Pays-Bas, il existe 1000 euthanasies non demandées... Nos pays "civilisés" se sont fait un devoir d’abolir la peine de mort. Quelle dérision ! Elle est appliquée tous les ans à des milliers de malades coupables de déranger !". Comme nous le prouve ce triste et abominable exemple, ce sont les plus petits, les plus fragiles qui seront éliminés par les puissants qui appliquent la loi du plus fort, signe du déclin d’une civilisation. La solution ? Elle est peut-être esquissée par le professeur Bernard Debré : "dans ce monde qui force l’homme à ne réfléchir que sur son bonheur immédiat, il faut, de temps en temps, un rappel à l’éthique et à la morale. Peut-être faut-il aussi un peu de spiritualité. Sinon, sans cette étincelle, il serait possible de tout faire" [91]. 2 - La relation malade, famille et corps médical : de la confiance à la défiance Une telle légalisation pourrait avoir des conséquences dramatiques sur les relations entre le "malade-victime" et ses proches. La "libération" d’un être cher pourrait ainsi être demandée par de nombreuses familles. Les demandes d’euthanasie sont souvent le fait de l’entourage (avant d’être le fait du malade) qui ne peut plus faire face à une situation lourde et difficile. Cette volonté d’en finir avec la vie d’un proche que l’on aime est la peur du désarroi devant la vie et le vieillissement, la déception d’un monde qui cherche à ignorer la souffrance et éviter la mort [92]. Ces "charitables" motivations peuvent également en masquer d’autres moins avouables : sombres perspectives d’un fardeau moral écrasant, incidences financières, amour propre blessé... Le meurtre de charité pourrait alors se transformer en crime de libération. La compassion deviendrait alors machiavélique et la pitié sournoise. La Rochefoucauld disait qu’"elle est souvent un sentiment de nos propres maux dans les maux d’autrui ; c’est une habile prévoyance des malheurs où nous pouvons tomber". Lorsque la mort sera demandée ou simplement appuyée par l’entourage, elle affectera de nombreux proches. Ainsi, la décision de mettre fin à la vie d’un être aimé sera portée jusqu’à la fin de leur existence par les membres de la famille, ravivée à chaque nouvelle découverte médicale ou récit de guérison inespérée (voir note 53). Laisser un proche solliciter la mort de l’un des siens risquerait de bouleverser sa vie après sa décision. Pourrait-il échapper à la culpabilité ? Comment pourra-t-il vivre son geste à long terme ? Comment son attitude serait-t-elle vécue par les autres proches ? La "pitié" peut se révéler dangereuse si elle devient loi. Les déviances juridiques seraient alors nombreuses. En effet, qui devrions-nous écouter : la famille ? Faudra-t-il régler tous les problèmes de succession avant de débuter l’injection ? Si l’un des proches s’y oppose, faudra-t-il un vote familial ? Y aura-t-il des procès pour euthanasie tardive ou refus d’euthanasie ? Ce noyau familial qui permet aux hommes d’être à l’abri des agressions externes, se transformerait-il en un lieu d’exécution ? Ces hypothèses macabres pourraient devenir réalité si une telle législation était votée. Des vieillards et des malades pensent trouver dans l’adhésion à l’acte d’euthanasie un apaisement à l’isolement qu’ils redoutent ou dont ils ont déjà l’expérience. Mais la solution euthanasique ne ferait que confirmer la "norme sociale" selon laquelle on ne voit dans l’existence que l’aspect de déchéance. Alors leur isolement n’en serait que plus grand. Les dangers d’une telle législation ne sont pas sans conséquences sur les relations entre le malade et le corps médical. Le médecin doit apaiser les souffrances. Il a le devoir de soigner et de soulager. Le code de déontologie est précis dans son article premier : "Le respect de la vie et de la personne humaines constitue en toute circonstance le devoir primordial du médecin". L’article 20 précise : "Le médecin doit s’efforcer d’apaiser les souffrances de son malade. Il n’a pas le droit d’en provoquer délibérément la mort". La mission du médecin est au service de la vie ; elle est d’aider les grands malades en leur atténuant au maximum l’angoisse et la souffrance. Il ne faudrait pas qu’un jour le malade puisse craindre que le médecin ou l’infirmier lui injectent un mélange mortel. Le principe premier de la médecine serait alors remis en cause. Le malade doit être convaincu que tout est entrepris pour l’empêcher de souffrir inutilement et pour supprimer les inconvénients liés à la maladie. Il ne faut pas que l’agonisant scrute un jour d’une pupille angoissée l’approche du médecin derrière lequel se camoufle un exterminateur potentiel. Les relations seraient alors chaotiques. Le professeur Bernard Debré parle de la "pire des déviances" si le médecin venait un jour à administrer la mort. Une autre question vient à l’esprit : l’euthanasie serait la solution permettant de traiter l’incompétence médicale ? Dans ce cas, elle marquerait alors définitivement l’échec et la fin de la médecine. Bernadette Wouters souligne que la plupart des décisions d’administrer la mort sont prises envers des malades qui dérangent, devant lesquels les soignants sont confrontés à l’impuissance de la médecine ou à l’incapacité de soulager la douleur. L’enseignement universitaire et médical est dans ce domaine déficitaire. Une démarche importante serait de remédier à cette incompétence en suivant l’exemple de certains pays comme la Grande-Bretagne. Le devoir du soignant, tout en connaissant ses limites thérapeutiques est d’assister son malade afin de lui éviter la douleur morale et physique (toutes deux liées). Mais en aucun cas il ne doit supprimer de façon délibérée une vie qu’il a mission de protéger [93]. Pour tout médecin "hippocratique", la vie de chaque patient est respectable non point parce qu’il est beau, jeune ou fort, mais parce qu’il est un être humain. Il existe entre le malade et son médecin une relation personnelle. Aucun texte de loi ne peut se substituer à cette relation ni envisager tous les problèmes dans leur complexité. Il est impossible pour le médecin, familiarisé avec les notions de santé et de contagion, de ne pas envisager les immenses dangers qui découleraient d’une législation du "meurtre de charité". Les juridictions professionnelles (Conseil national de l’Ordre des médecins par exemple) l’ont bien compris. A la compassion suscitée par la souffrance peut se mêler, plus ou moins consciemment, le désir d’y mettre fin par lassitude ou intérêt. Alors ce ne serait plus au nom de la "pitié" qu’on mettrait fin à une existence, mais pour des motifs strictement utilitaires. L’Episcopat français partage cette conception : "S’ils désiraient faire face à quelques situations exceptionnelles, vis-à-vis desquelles ils jugent que la loi doit faire silence, ils n’éviteraient pas des dérives allant beaucoup plus loin que ce qu’ils prévoyaient... La mort douce octroyée à certains pourrait devenir source d’angoisse pour beaucoup" [94]. Monsieur Malhuret aussi qui, alors Secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme, déclarait en août 1987 : "Il n’est pas question de légiférer... car c’est courir le risque d’encourager". C’est la barrière invisible entre la lutte contre la souffrance et le risque de hâter la mort qui fait la grandeur et la complexité de l’acte médical. Il est impossible de la confier à la loi. La médecine refuse la règle du tout ou rien. Or, la loi est aujourd’hui manichéenne. Soigner, c’est être présent auprès du malade au début comme à la fin [95]. Pour le professeur Doucet (voir note 85) également, légiférer dans ce domaine serait dangereux, l’euthanasie n’étant pas un problème de droit. Ainsi une décriminalisation créerait un système "bureaucratique qui ne favoriserait pas des morts plus humaines". Par exemple, aux Pays-Bas, la politique dans ce domaine est particulièrement libérale : trois médecins doivent intervenir dans le processus, remplir des formulaires et répondre à des exigences légales. D’après Monsieur Doucet, "cette bureaucratisation va à l’encontre de tout le mouvement sur les soins palliatifs qui a vu le jour durant les années 1970 pour humaniser la mort". Accepter de modifier la loi, c’est aussi dispenser les soignants des efforts indispensables à l’amélioration de leur art. Au moment où, dans les hôpitaux, des médecins parlent de la nécessité ou non de ne pas laisser naître un enfant dont on peut prévoir qu’il aura du diabète à quarante ans, de telles dispositions ne peuvent qu’encourager l’eugénisme et rendre encore plus difficile la tâche de ceux qui s’efforcent d’améliorer la qualité de vie des grands malades et de ceux qui vont mourir. Les soignants n’ont pas un droit de vie ou de mort sur leurs malades. Ce n’est pas une décision de justice ou un testament de vie qui pourront les délivrer de leur obligation primordiale qui est de réconforter jusqu’à la dernière minute leur patient. Légiférer serait soutenir les termes d’un médecin : "vous voyez dans le prétendu serment d’Hippocrate une éthique médicale immuable. Je veux dire au contraire que chaque éthique dépend de son temps, de la situation et de l’échelle des valeurs dans laquelle elle se situe". Ces propos sont ceux du docteur Gébhart, médecin personnel de Hitler [96]. Vers une solution humaine : les soins palliatifs La question des soins palliatifs sera abordée succinctement. C’est un sujet technique et délicat qu’il convient de confier aux seuls spécialistes [97]. La demande d’euthanasie est un appel au secours, l’expression d’une souffrance extrême. Identifier l’origine de la volonté de mourir du malade est fondamental. Il est de la sorte possible d’apporter une solution au moins partielle aux souffrances du malade. Dans la pratique, lorsque ces démarches sont correctement effectuées, on constate que ces demandes ne sont pas réitérées [98]. L’ancien Secrétaire d’Etat à la Santé, Bernard Kouchner, précisait que la bonne prise en charge de la douleur transforme et améliore les rapports médecins-malades [99]. Une telle prise en compte passe par une formation initiale et continue du personnel médical en y intégrant également la nécessité de prendre en charge la fin de la vie. Aujourd’hui, il est difficile d’admettre que les patients soient de simples numéros, que les décisions thérapeutiques leur échappent, qu’ils ne reçoivent pas les traitements permettant de les soulager. Il est aussi inacceptable que des examens et des traitements inutiles leur soient imposés. Les soins palliatifs sont une des réponses les plus dignes à notre égoïsme. Le vrai questionnement éthique ne pourra débuter que lorsque les conditions de compétence, de sécurité et de respect des malades seront assurées. Le débat concernant ce sujet périlleux est engagé depuis plusieurs années. Il ne fera que s’accentuer à l’avenir compte tenu des dérives législatives des pays occidentaux. Face à cette évolution, une exacte mesure des enjeux à venir était nécessaire. Reconnaître légalement le droit de supprimer un homme dès lors qu’il aurait perdu sa dignité, c’est admettre qu’un homme peut, de son vivant, devenir une chose. Rappelons pour terminer les propos de Cesara Beccaria, grand pénaliste italien du XVIIIème siècle : "Il n’y a plus de liberté dès lors que les lois permettent qu’en certaines circonstances l’homme cesse d’être une personne pour devenir une chose" [100] |
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| Sujet: Réaction de "Témoignage Chrétien" 16.06.12 17:48 | |
| Santé 16 juin 2012 L'euthanasie à nouveau sur la table Par Agnès Noël Le sénateur socialiste de l'Aude, Roland Courteau, a jeté un pavé dans la mare le 8 juin en déposant une nouvelle proposition de loi sur l'euthanasie entre les deux tours des élections législatives. Quelques jours après l'intervention du Premier ministre Jean-Marc Ayrault sur la question de l'euthanasie – durant laquelle il a botté en touche et affirmé que le but du gouvernement était de perfectionner la loi Leonetti (loi du 22 avril 2005 sur la fin de vie) – un sénateur, Roland Courteau, a déposé une proposition de loi « relative à l'assistance médicale pour mourir et à l'accès aux soins palliatifs » qui propose de reconnaître l'euthanasie. Si ce sénateur n'a jamais soutenu de projet de loi sur le sujet, il a cependant cosigné une des quelque dix propositions de loi visant à autoriser l'euthanasie qui ont été déposées au Parlement depuis 2006. Sa proposition est proche des termes de l'engagement 21 de François Hollande : « Je proposerai que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. » Pourtant, le projet ne semble pas émaner du gouvernement. Il viendrait plutôt d'un élu « réaffirmant ses convictions personnelles pour se manifester auprès de son électorat, de sa famille politique, et faire pression sur le gouvernement » estime Tugdual Derville, directeur général de l'alliance Vita. En pleines élections, on imagine mal le gouvernement s'attaquer à ce sujet sensible. Le projet Le projet stipule donc : « Toute personne, majeure non protégée, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, quelle qu'en soit l'origine, lui causant des souffrances physiques ou psychiques qui ne peuvent être apaisées ou qu'elle juge insupportables, peut demander à bénéficier, dans les conditions prévues au présent titre, d'une assistance médicale pour mourir. » Une définition qui peut être considérée comme assez vague, se basant en plus sur des mobiles invérifiables. En effet, comment estime-t-on des souffrances « jugées insupportables » ? Pour Emmanuel Hirsch, du collectif « plus digne la vie », « il n'y a rien de neuf dans cette loi, juste des habillages. La seule originalité est la référence aux soins palliatifs. On change un intitulé, on utilise des périphrases. Le but est de faire évoluer la loi Léonetti jusqu'à l'euthanasie ». En effet, pas une seule fois il n'est fait mention du terme euthanasie dans ce projet. On y préfère le terme d'assistance médicale pour mourir. Le ton est moins explicite qu'il y a quelques années (le projet de 2009 n'hésitait pas à utiliser le mot, une fois il est vrai). En fait, le projet reprend globalement la proposition de loi examinée au Sénat en janvier 2011. La procédure Selon la procédure proposée, le médecin qui reçoit la demande d'euthanasie devrait faire appel à deux autres docteurs pour l'instruire. Cela impliquerait de vérifier la situation médicale du demandeur et le caractère libre de sa demande. Ils devront ensuite remettre au « candidat » un rapport contenant leurs conclusions sur son état de santé dans les huit jours suivant la requête et l'informer sur les possibilités de soins palliatifs. Si celui-ci remplit les « conditions » et que la personne confirme sa demande en présence d'une personne de confiance, elle pourrait bénéficier d'une euthanasie, après un délai de huit jours (le délai pouvant être abrégé). Le médecin exécutant l'acte devrait alors envoyer un rapport sur les circonstances de l'opération à une commission régionale de contrôle, laquelle serait elle-même chapeautée par une commission nationale de contrôle des pratiques, inspirée de la législation belge. Pourtant, actuellement, cette dernière est sous le feu de la critique (1). Une personne inconsciente pourrait bénéficier d'une assistance médicalisée pour mourir à condition qu'elle ait rédigé des directives anticipées de fin de vie en ce sens. Il s'agit ensuite de la même procédure, à la différence que c'est une personne de confiance qui ferait la demande et qui devrait la confirmer en présence de deux témoins n'ayant aucun intérêt matériel ou moral au décès de la personne. Les nouveautés Pour la première fois dans un projet de loi sur l'euthanasie, la proposition fait référence à l'accompagnement médical de la fin de vie, demandant « un accès effectif aux soins palliatifs, davantage de moyens et un maillage du territoire ». Les médecins doivent informer le requérant des possibilités dans ce domaine qui lui sont offertes. L'organisation de ces soins est d'ailleurs précisée dans le projet : ils seraient gérés par les agences régionales de santé. L'amalgame fait néanmoins peur à l'alliance Vita : « On place dans le même texte l'euthanasie et les soins palliatifs, comme s'ils relevaient du même regard compassionnel, et que l'euthanasie était « l'ultime soin palliatif ». » Enfin, les précédents projets de loi prévoyaient que, dans le cas d'une personne dans le coma ou ne pouvant donner son avis, le médecin devait tenir compte des directives anticipées qu'elle aurait pu établir si celles-ci l'avaient été moins de trois ans avant l'état d'inconscience de la personne. La nouvelle proposition supprimerait la question des délais, précisée dans le formulaire de directives anticipées que l'on peut télécharger. Face à ce nouveau projet, le collectif « plus digne la vie » appelle à l'organisation d'un grand débat national sur le sujet, comme le prévoit la loi de bioéthique du 7 juillet 2011 : « Tout projet de réforme sur les problèmes éthiques (…) doit être précédé d'un débat public sous forme d'états généraux. Ceux-ci sont organisés à l'initiative du Comité consultatif national d'éthique. » (1) Un collectif de médecins belges a signé un manifeste sur le journal la Libre Belgique le 13 juin où il pointe les failles de la loi. Un questionnaire publié par plus digne la vie montre que la loi n'a supprimé ni les euthanasies sauvages ni l'acharnement thérapeutique. |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 16.06.12 17:55 | |
| Pour info,Témoignage Chrétien est un journal catholique de gauche,bien à gauche ! |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 16.06.12 18:09 | |
| Effectivement,ill y a un amalgame soins palliatifs et euthanasie
Je pense que le gouvernement en a raz-le-bol des pro et des anti et il veut contenter tout le monde,histoire "d'en finir"( ! ! ! ) avec ce problème éternel de la fin de vie... |
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| Sujet: Ni euthanasie,ni acharnement thérapeutique 22.06.12 13:25 | |
| Bioéthique - 08 octobre 2003 Ni euthanasie ni acharnement thérapeutique revenir au sommaire 14 présidence CEF par présidence CEF
Le drame de Vincent Humbert et de sa mère, et sa tragique issue, ont provoqué une grande émotion dans notre pays. Chacun pressent l'ampleur de leur épreuve, en cette situation marquée par de si lourds handicaps et une totale dépendance. Ni les circonstances particulières de ce drame ni l'aide qui aurait pu être apportée à ces personnes en détresse n'ont fait l'objet d'une grande attention, à la différence de la demande de mourir du jeune homme qui a été si largement commentée. Il y aurait aussi beaucoup à dire sur les répercussions de tout cela sur les personnes atteintes de handicaps semblables à ceux du jeune Vincent. Le débat public soulevé par ces événements s'est concentré sur la question d'une acceptation par la société de l'euthanasie. Une fois de plus, des voix s'élèvent pour demander que soient reconnues des exceptions à la loi qui réprouve toute forme d'homicide.
La position de l'Église catholique est constante à ce sujet : la valeur de l'interdit du meurtre demeure fondatrice. Le Conseil permanent des évêques de France le réaffirmait en 1991 : « L'homme n'a pas à provoquer délibérément la mort de son semblable ; cela dépasse son pouvoir. "Tu ne tueras pas" (Ex 20, 13) demeure une exigence morale inéluctable, et, pour le croyant, un commandement de Dieu. L'acceptation, plus même, la légitimation de l'euthanasie, ne seraient pas un progrès mais une grave régression pour notre société. »
Tout en demeurant clairement attachée à l'interdiction de toute forme d'homicide, l'Église catholique s'est également toujours prononcée pour un soin raisonnable et humain, qui n'implique aucunement l'obligation de maintenir la vie à tout prix. La déclaration du Conseil permanent de 1991 le rappelait en ces termes : « Tout homme a le droit et a le devoir, en cas de maladie grave, de recevoir les soins nécessaires pour conserver la vie et la santé. Mais un tel devoir n'implique pas pour lui le recours à des moyens thérapeutiques inutiles, disproportionnés ou imposant une charge qu'il jugerait extrême pour lui-même ou pour autrui. [...] Il est légitime de s'abstenir des traitements qui apporteraient peu de bénéfices au regard des désagréments, des contraintes, des effets nocifs ou des privations qu'ils entraîneraient. On pourra interrompre ces traitements lorsque les résultats en seront décevants. Un juste respect de la vie humaine n'exige pas davantage. »
Le pape Jean Paul II affirmait à son tour cette position en 1995 : « Le renoncement à des moyens extraordinaires ou disproportionnés n'est pas équivalent au suicide ou à l'euthanasie ; il traduit plutôt l'acceptation de la condition humaine devant la mort. »
Aujourd'hui la confusion entre mort délibérément provoquée et légitime interruption de traitement est extrême, y compris dans certains milieux médicaux. Cette confusion ne facilite pas le nécessaire discernement éthique. Il est par conséquent devenu capital pour notre société de s'interroger sur les fonctions de la médecine, de façon à donner aux médecins des indications suffisamment claires sur les limites de leur mission.
L'enjeu est de taille pour notre société. Il s'agit d'offrir à tous une médecine à visage humain et respectueuse de la volonté du malade tout en garantissant le respect intangible de l'interdit de l'homicide.
+ Jean-Pierre RICARD Archevêque de Bordeaux Président de la Conférence des évêques de France
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| Sujet: Mourir dans la dignité(copié-collé pour information) 22.06.12 13:38 | |
| Bioéthique - 21 juin 2012 Mourir dans la dignité c'est jouir d'une pleine considération et inspirer le respect revenir au sommaire Télécharger la déclaration de l'Académie catholique au format PDF.
L'académie catholique de France a vu le jour en 2008. Ce « comité des sages » est composé de personnalités catholiques de différentes disciplines, scientifiques, philosophiques théologiques, artistiques et juridiques, et dont l'œuvre est reconnue. Ses missions sont, notamment, de représenter l'excellence disciplinaire dans une instance de conviction catholique et de faire avancer la réflexion sur des thèmes choisis, d'actualité intellectuelle ou sociale. Elle a publié le 19 juin 2012, une déclaration sur la "Fin de vie". La « fin de vie » est une question angulaire de la vie sociale. Son traitement doit être à la mesure de l'enjeu supérieur qu'elle constitue pour l'avenir de l'humanité. La réponse qui lui est apportée concerne la société tout entière et ses fondations premières ; elle doit être digne de la personne et digne de l'humanité universelle dont celle-ci participe.
Les débats récents et plusieurs annonces publiques montrent l'urgente nécessité d'une parole de sagesse, audible, sur la fin de la vie humaine. De nombreuses idées réductrices, maints travestissements des faits circulent fréquemment dans certains médias, suggérant que la manière la plus efficace de lutter contre la souffrance serait de causer délibérément la mort. Il convient d'abord de relever la méprise dont est aujourd'hui l'objet l'expression « Mourir dans la dignité ». Non, mourir dans la dignité, ce n'est pas être supprimé par une piqûre létale mais c'est, que l'on soit ou non en état d'exprimer sa volonté, jouir d'une pleine considération, retenir l'attention, inspirer le respect, voir maintenue la relation avec ses proches, en recevoir l'affection, bénéficier d'amour et de soins jusque dans les ultimes moments ; c'est être le sujet, à domicile comme en institution, d'un accompagnement adapté aux situations d'angoisse et de souffrance intolérables.
Malheureusement, ainsi que plusieurs enquêtes récentes l'ont montré, la fin de vie est encore, dans notre pays, trop souvent maltraitée. La mise en place des soins palliatifs et l'exercice d'accompagnement exigent des efforts constants. Ils ont un coût élevé pour la société et demandent davantage de présence de la part des proches. Pourtant, celui qui accompagne dans ses dernières semaines une personne proche, parente ou amie, éprouve 'expérimentalement' l'imprescriptible dignité de chaque être humain. Celle-ci transcende l'état de santé du moment et la beauté du corps, la dépendance et l'absence d'espoir de guérison. Plus encore, en vertu de soins palliatifs appropriés, les derniers jours atteignent une valeur inestimable de communion humaine. Ainsi, dans la plupart des cas observés, les demandes d'euthanasie résultent de la méconnaissance par le patient en fin de vie ou par ses proches des possibilités de soulagement par les soins palliatifs, ou encore des insuffisances dans la prise en charge par l'institution médicale et par la famille. Il est remarquable que le nombre des demandes d'euthanasie diminue de facto aussitôt que les mesures d'accompagnement appropriées sont mises en œuvre.
Prenant le parti d'une approche globale de la personne et suivant l'intention de soulager les douleurs physiques autant que la souffrance psychologique, la loi dite « Léonetti », trop peu connue et appliquée, demande que soit favorisé l'accès aux soins palliatifs, tout en récusant l'acharnement thérapeutique. Jusqu'à une époque récente, le droit répugnait à régir trop étroitement ces questions, comme d'ailleurs celle de la définition de la mort, fondant la qualification juridique sur la seule appréciation médicale. Si cette retenue n'est désormais plus justifiable, il convient néanmoins de rappeler fermement que le droit n'a pas, par nature, la réponse à toutes les questions que pose la « fin de vie » et que le législateur est souvent confronté à de grandes difficultés pour traduire en termes juridiques les enjeux anthropologiques ici impliqués. D'autant que la question ne se pose pas exactement dans les mêmes termes selon que le patient se trouve ou non dans un état conscient
Face à un patient conscient, la question juridique peut paraître réglée par le principe de l'autonomie de la volonté : il suffirait seulement de concilier le droit des patients avec les obligations des médecins. Le droit est habitué à opérer des conciliations entre des principes en apparence opposés (par exemple liberté du travail et droit de grève). Mais il les résout en général par un recours au juge. Ici, par prudence, la loi Léonetti a voulu ajouter aux obligations des médecins celle de respecter l'avis d'un malade exactement informé. Nous ne pensons pas qu'il faille remettre en question un équilibre si délicat.
Concernant le patient inconscient, le droit ne peut que reconnaître la faiblesse des instruments juridiques habituels. Il est difficile de poser ici un principe absolu de respect des « dernières volontés » dès lors que ceux qui les expriment pourraient ne pas être informés sur les données exactes de la situation subie ; c'est pourquoi la loi Léonetti exige que les « directives anticipées » du patient datent de moins de trois ans. Il est également difficile de recourir à la notion de représentation (la charge pesant sur le représentant est alors quasi surhumaine) ; aussi la loi Léonetti donne-t-elle à la « personne de confiance » un rôle purement consultatif. Peut-on alors faire peser la charge de décision uniquement sur les médecins? On pourrait sans doute arguer que les protections posées à l'égard de cette prise de décision (collégialité et transparence) sont insuffisantes et imparfaites. Mais quels autres mécanismes le droit pourrait-il inventer?
Nous considérons ainsi fermement que l'autorisation par la loi civile de la pratique de l'euthanasie lèverait un interdit social et moral fondamental, pilier de toute société avancée : « Tu ne tueras pas », et pourrait engendrer de nombreuses dérives. Dans les pays qui ont fait le choix de la légalisation, on observe déjà de nombreux abus sur la liberté des personnes. En vérité, la légalisation de l'euthanasie constitue un moyen au rabais et trompeur de faire face aux difficultés ; si elle était adoptée dans notre pays, elle ne ferait que retarder la mise en place de mesures permettant d'améliorer de manière durable la fin de vie de nos concitoyens ; elle entraînerait, ici comme ailleurs, une moindre responsabilité des proches.
Notre société ne peut continuer à définir ses lignes d'action à partir d'une philosophie généralisée de la « maîtrise ». Elle ne saurait se mentir à elle-même face à la complexité irréductible de l'homme, de la vie et du monde. Elle ne saurait, sans dommage, partager l'illusion selon laquelle l'être humain peut vivre sans souffrir, et maîtriser son ultime destinée : mourir quand on veut, comme on veut. Prenant acte des effets catastrophiques qu'une telle philosophie a déjà entraînés sur les plans anthropologique et écologique, une saine réflexion doit plutôt traduire au plan juridique une position de prudence, refondatrice du rapport au monde. C'est donc pour des motifs puisés dans la raison et la sagesse que la société doit préserver, à même sa législation, le sens transcendant de la vie. C'est en effet devant un choix de civilisation que nous sommes placés.
Face à ces enjeux de la plus haute gravité, les intellectuels chrétiens veulent faire entendre des paroles de responsabilité, de courage et d'espérance. L'Académie catholique de France estime de son devoir d'encourager une réflexion ouverte, éclairée et audible sur le sens de la « fin de vie » ; elle souhaite, à l'écart des vaines rhétoriques et des instrumentalisations spectaculaires, voir ses considérations prises en compte et son argumentaire largement assumé.
Paris, le 19 juin 2012
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| Sujet: Faut quand même pas pousser ! 21.07.12 12:07 | |
| L’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), principale association à défendre le choix en faveur de l’euthanasie active, se demande quant à elle pourquoi François Hollande a choisi de demander une « énième mission ». « Aurait-on eu l’idée de demander une mission pour trancher la question du mariage homosexuel? », s’interroge Jean-Luc Romero, son président, joint par le Huffington Post. « Il y a déjà eu plusieurs missions, ce qu’il faut c’est prendre une décision », ajoute le président de l’ADMD. “Tu ne tueras point” La position de l’église catholique est depuis des centaines d’années à l’opposé: “L’homme n’a pas à provoquer délibérément la mort de son semblable; cela dépasse son pouvoir”, indiquait en 1991 le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France. Cette position n’a pas évoluée depuis, et a été rappelée en 2007 : « “Le commandement biblique: “Tu ne tueras point” exige de la famille et des soignants de ne pas chercher à hâter la mort du malade, et des malades de ne pas attenter à leurs jours, ni de demander l’aide d’autrui dans cet objectif. En nous appuyant sur ce commandement nous exprimons une opposition très ferme à toute forme d’assistance au suicide et à tout acte d’euthanasie”. Concilier l’inconciliable, telle est la mission du soldat Hollande. Anticipant une réaction côté catholique, le président a justement reçu dans la foulée de sa visite Mgr André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France. Lequel a, tout naturellement, réitéré la position de l’Église. Aux journalistes qui lui faisaient observer que le président Hollande s’interrogeait sur la possibilité d’aller « plus loin » que la loi Leonetti sur la fin de vie, Mgr Vingt-Trois a répondu: « Je trouve que c’est une bonne question. Mais ce n’est pas parce qu’on pose une question qu’on y répond positivement ». Il est vrai que l’enseignement de l’Eglise est très clair : « Par euthanasie au sens strict, on doit entendre une action ou une omission qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur. « L’euthanasie se situe donc au niveau des intentions et à celui des procédés employés » (…)
en conformité avec le Magistère de mes Prédécesseurs et en communion avec les Evêques de l’Eglise catholique, je confirme que l’euthanasie est une grave violation de la Loi de Dieu, en tant que meurtre délibéré moralement inacceptable d’une personne humaine. Cette doctrine est fondée sur la loi naturelle et sur la Parole de Dieu écrite; elle est transmise par la Tradition de l’Eglise et enseignée par le Magistère ordinaire et universel » (Jean-Paul II, Evangelium Vitae) ».
Au nom de quel principe le Président de la République Française doit-il obéir aux enseignements de l'Eglise Catholique ?
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 29.07.12 18:53 | |
| Voilà ce que j'ai trouvé sur un "forum chrétien"(il faut se méfier de certains pro-vie comme de la peste et du choléra)= CITATION= "« Je proposerai que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. ».
proposition 21 du programme présidentiel de François Hollande, 2012
« le Reichsleiter Buhler et le Dr Brandt sont chargés, sous leur responsabilité, d’élargir les compétences des médecins qu’il conviendra de désigner nommément, afin qu’il puisse être accordée une mort charitable aux malades jugés incurables à vue humaine, après un examen très critique de leur état de santé » .
Adolf Hitler, 1er Septembre 1939
Cette comparaison de la part de quelqu'un qui se dit chrétien est purement honteuse,scandaleuse,choquante Ce genre de post me donne envie de dégueuler..
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 07.08.12 10:11 | |
| Je rappelle que dans notre République Française,il n'y a pas que les catholiques,les agnostiques et les athées ! Il y a aussi un certain nombre de PROTESTANTSqui ont leur interprétation à la fois souple et digne de la fin de vie...
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| Sujet: Euthanasie,ETHIQUE DE LA TRANSGRESSION 12.08.12 16:16 | |
| Choisir 490, octobre 2000, p. 18-22 “Euthanasie : une éthique de la transgression” Denis Müller[1] www.contrepointphilosophique.ch Rubrique Ethique Novembre 2003 Professeur d'éthique à la Faculté de théologie protestante à l'Université de Lausanne Position du problème Le débat sur l'euthanasie entre dans une nouvelle période. D'un côté, la critique de l'acharnement thérapeutique et le développement des soins palliatifs ont donné place à une sensibilité très fine pour l'accompagnement des personnes en fin de vie, dans la globalité de leur expérience de vie, de leur désir et de leur spiritualité. Il en est résulté à bien des égards une approche du mourir beaucoup plus humaine. D'un autre côté, la demande d'euthanasie n'a cessé de croître, sinon chez la majorité des personnes concernées (malades, proches, médecins, soignants), du moins dans de larges franges de la population. Une certaine banalisation de cette demande semble se faire jour, avec du même coup la reconnaissance d'une humanisation du bien mourir. Il semble frappant de constater que les deux camps en présence visent des objectifs semblables par des moyens la plupart du temps très contrastés. Dans cet article, je me propose de présenter et de discuter les développements récents de la question de l'euthanasie active directe dans le monde francophone, à partir des propositions émises en Suisse et en France notamment, mais aussi, dans une moindre mesure, en Belgique. Dans une deuxième partie, je procéderai à quelques clarifications conceptuelles au sujet des notions de légalisation et de dépénalisation. Ma réflexion se concentrera enfin sur le thème de la transgression, un thème qui apparaît en général comme opposé à l'idée même de l'éthique, et notamment de l'éthique chrétienne. Je m'efforcerai de montrer au contraire que la transgression, dans son caractère exceptionnel, représente une possibilité à la fois très forte et tout à fait plausible du courage et de la véracité ; je présupposerai, sans le développer ici, que l'appel à ces deux valeurs éthiques peut se réclamer à bien des titres de l'esprit de l'Evangile. I. Trois propositions récentes en Suisse, en France et en Belgique Commençons par la Suisse. Le 29 avril 1999, le groupe de travail “ Assistance au décès ”, nommé en mars 1997 par le Département fédéral de justice et police, a rendu public son rapport. La majorité du groupe s'est ralliée à une proposition visant à permettre, sous certaines conditions draconiennes, l'impunité exceptionnelle de l'euthanasie active directe. Dans cette optique, le meurtre à la demande de la victime reste pleinement illicite, quelles qu'en soient les circonstances. L'alinéa 1 de l'article 114 de l'actuel code pénal garde toute sa validité. L'audace de la proposition consiste à ajouter un deuxième alinéa, touchant la situation exceptionnelle du meurtre par compassion dans un cas désespéré. Pour que l'Etat renonce à poursuivre un tel acte, des conditions strictes doivent être garanties : la maladie doit être avérée incurable, le décès doit être imminent, les souffrances se révéler insupportables. Le 5 juillet 2000, le Conseil fédéral a pris position sur le sujet[2]. Tout en suivant les experts en faveur d'une légalisation de l'euthanasie passive et de l'euthanasie active indirecte, il s'oppose à la solution préconisée par la majorité touchant l'euthanasie active directe. Il est intéressant de noter que le Conseil fédéral s'appuie, dans son argumentation, sur les valeurs chrétiennes qui sous-tendent la société suisse. Des politiciens de gauche, notamment l'ancien député socialiste Victor Ruffy (auteur d'un postulat à l'origine de la discussion) et le conseiller national Franco Cavalli, ont immédiatement fait savoir qu'ils étaient déçus de la position du Conseil fédéral et qu'ils comptaient relancer la question dans le cadre parlementaire. Mais on peut craindre que des esprits moins réalistes veuillent emprunter la voie de l'initiative populaire? En France, la question est débattue depuis de nombreuses années. Le débat a pris une nouvelle ampleur. Quelques mois après le groupe de travail helvétique, le Comité Consultatif National d'Ethique français a émis un avis qui semble aller à bien des égards dans la même direction[3] : on y reconnaît en effet la légitimité éthique exceptionnelle d'une transgression de l'interdit de tuer. Nous reprendrons la question plus en détail dans la suite de ce bref article. En Belgique, le Comité Consultatif de Bioéthique (CCB) a émis un avis en mai 1997 déjà[4]. Il y est notamment distingué quatre possibilités différentes de légiférer, allant de la dépénalisation pure et simple à l'interdiction sans ambages. La proposition 2 suit le modèle hollandais, en favorisant une régulation procédurale a posteriori. La proposition 3, soutenue par certains universitaires catholiques, préconise au contraire une régulation procédurale a priori, afin d'éviter les dérapages constatés aux Pays-Bas. On peut parier cependant que le front laïciste et libre-penseur, plus favorable à la proposition 1 (basée sur le libre choix de l'individu) et le front catholique traditionnel (hostile à toute légalisation) contribuent à durcir la discussion publique dans les mois à venir, malgré des indications faisant état d'un certain apaisement social au sujet de l'euthanasie. II. Clarifier un débat passionnel Le débat sur cette question est confus et passionnel. Peut-on y voir plus clair, sans rien nier des enjeux de société redoutables qui s'y jouent ? Deux questions doivent être ici distinguées : celle de la légalisation et celle de la dépénalisation éventuelle et partielle. L'expression même de légalisation est très ambiguë. Veut-on désigner par là la solution juridique d'une difficulté ou la légitimation d'une pratique censée devenir monnaie courante ? A mon avis, il faut clairement opter en faveur de la première possibilité. Or cela nous oriente bien plus en direction d'une forme de dépénalisation exceptionnelle. Il est en effet tout à fait normal que nos sociétés cherchent à délimiter le cadre juridique dans lequel certaines exceptions sont éventuellement acceptables. Avec cette manière de procéder, on reste dans la perspective de la limite et de la transgression. L'interdit de l'homicide volontaire demeure le cadre de référence éthique, la limite structurant toute activité humaine, y compris dans le domaine de la médecine. La marge de man?uvre se situe par rapport à la Loi morale, sans jamais prétendre en occulter l'exigence infinie. En Suisse, le débat a été obscurci par l'ambivalence des positions représentées au sein de la majorité du groupe de travail (ce n'est pas pour rien que la récente prise de position du Conseil fédéral ménage la chèvre et le chou). Le groupe vaudois A propos, trop docile aux thèses ambiguës du docteur Jérôme Sobel, semble prêt à exercer des pressions et formule parfois des menaces, une manière bien peu adéquate de promouvoir un débat serein. De toute évidence, la proposition de compléter l'article 114 par un alinéa 2 ne représente pour ce groupe qu'un premier pas. L'objectif visé n'est pas la dépénalisation exceptionnelle de l'homicide par compassion, mais la légitimation globale de l'euthanasie active directe, dans toute circonstance. Les autres membres de la majorité du groupe de travail ont défendu des positions beaucoup plus modérées et responsables De ce point de vue, le cran d'arrêt marqué par le Conseil fédéral, le 5 juillet 2000, montre que les autorités n'ont pas été dupes des divisions intellectuelles et éthiques qui demeuraient présentes dans la position de la majorité. Peut-être cela augure-t-il d'une solution nouvelle, moins frileuse que le status quo mais dépourvue de toute démagogie ?[5] III. Le sens de la transgression Le débat sur l'euthanasie continue, ce qui précède l'atteste à l'évidence. Les théologiens, en particulier du côté catholique[6], participent activement à la discussion. Du côté protestant, on doit constater, au moins dans le monde francophone[7], une assez grande discrétion pour ce qui touche aux publications scientifiques ou ecclésiales. Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de notre part une attention soutenue à la problématique. Ainsi, l'éthicien strasbourgeois Jean-François Collange semble avoir joué un rôle assez déterminant dans la rédaction de l'avis du CCNE. Ce faisant, le protestantisme renoue avec l'une de ses stratégies privilégiées : accompagner l'exercice de la responsabilité des laïcs – médecins et soignants, en l'occurrence – plutôt que leur assigner de l'extérieur une attitude objective, fondée sur un magistère ou sur une loi naturelle massivement appliquée. C'est un fait, guère étonnant, qu'il existe un décalage à propos de l'euthanasie entre la situation catholique, balisée par des interventions répétées du magistère romain, et la situation protestante, où un certain vide normatif semble compensé par un constant accompagnement de la responsabilité. Sans oublier une seconde que cette dernière attitude se retrouve très fréquemment aussi du côté catholique et qu'elle n'a donc rien d'un quelconque apanage confessionnel. Cela étant, on doit saluer le courage par lequel le CCNE, pour appuyer sa proposition juridique d'une ? exception d'euthanasie ? (p. 12), en vient à écrire ces mots : ? La mort donnée reste, quelles que soient les circonstances et les justifications, une transgression ? (ibid.). La suite du texte nous montre que cette transgression relève d'un profond paradoxe, puisque la transgression, pour demeurer éthique du début à la fin, n'est jamais que la transgression ? de ce qui doit être considéré comme intransgressable ? (ibid.). Que signifie cette transgression de l'intransgressable, sinon un passage à la limite, un courage ultime s'assumant sans justification dernière, et dont le caractère éthique, le document le souligne, ne relève en rien d'une évidence claire ? Certains bioéthiciens, comme le dominicain français Bruno Cadoré[8], reprochent à l'avis du CCNE de confondre le domaine éthique avec le domaine juridique. On peut en effet se demander si l'exception d'euthanasie, loin de devoir s'inscrire dans une logique de légalisation juridique, ne devrait pas demeurer une exception strictement éthique, basée sur la seule hypothèse existentielle de la transgression de l'intransgressable. Aussi le juge ou l'instance appelés ne pas punir l'acte d'un médecin ou d'un soignant ne devraient pouvoir le faire qu'en reconnaissant la présence d'une brèche éthique au c?ur de l'ordre juridique. Jamais l'aval donné à cette brèche ne devrait prendre la forme d'une pseudo-évidence juridique, qui ne ferait à son tour que masquer le caractère singulier, exceptionnel, responsable et fondamentalement non évident du courage éthique de transgresser l'intransgressable. Tel est bien, en effet, le paradoxe auquel nous conduit tout véritable réflexion éthique sur la question de l'euthanasie active directe: une légalisation pure et simple, même assortie de conditions très restrictives, fait le lit de la confusion de l'éthique avec le droit. Une dépénalisation, de son côté, ne peut se justifier que si un point de vue éthique, celui de la licéité morale de la transgression, l'emporte sur la rigueur du droit. Le rapport suisse (désavoué sur ce point précis par le Conseil fédéral) est demeuré à cet égard trop timide : en ratifiant la perspective du droit pénal, il a renoncé à la radicalité du paradoxe éthique. Mais il faut bien reconnaître, à l'inverse, que cette radicalité éthique fait imploser la logique juridique. C'est à se demander, en fin de compte, s'il ne faudra pas renoncer à toute légalisation et à toute dépénalisation par la voie du droit. Ne pas légiférer, ni dans un sens permissif, ni dans un sens restrictif, ne serait-ce pas admettre que la permission morale de la transgression n'est susceptible d'aucune prévision juridique, mais qu'elle doit peser à tout jamais et dans chaque situation sur la fragilité d'une conscience confronté à l'indécidable ? On peut objecter à cette solution purement éthique qu'elle fait peser une charge morale trop lourde sur la conscience des médecins et des soignants. Mais n'est-ce pas le prix à payer pour une authentique solution éthique du ?problème? de l'euthanasie ? Ne faut-il pas accepter que la grandeur de l'éthique doive se conquérir, dans les cas – limites, sur un vide juridique ? C'est en tout cas une problématique qu'il vaudra la peine d'approfondir, avant de se jeter corps perdu dans la bataille juridique, parlementaire et politique. © Denis Müller www.contrepointphilosophique.ch Rubrique Ethique Novembre 2003 |
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| Sujet: F.Hollande relance un débat douloureux 17.10.12 9:57 | |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 17.10.12 10:01 | |
| J'ai trouvé cet article par hasard c'est FAUX,car l'Eglise Catholique est POUR L'EUTHANASIE PASSIVE(loi Léonetti) mais CONTRE L'EUTHANASIE ACTIVE. |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 17.10.12 10:18 | |
| Tout çà,c'est du blablabla...
A mon avis,la seule question qui se pose pour un docteur est de savoir jusqu'où on soigne,à partir de quel moment on arrête de soigner,quand on décide de pîquer,et qui on pîque...
Selon moi,voilà l'unique problème. |
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| Sujet: L'Eglise et l'euthanasie 31.10.12 11:45 | |
| "Ni acharnement thérapeutique, ni euthanasie" pour les évêques de France
Créé le 31-10-2012 à 09h31 - Mis à jour à 10h50
PARIS (Sipa) -- "Ni acharnement thérapeutique, ni euthanasie". C'est en clair la position de la Conférence des évêques de France, alors qu'une commission gouvernementale examine actuellement une proposition du candidat Hollande d'autoriser "une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité" et que se tient vendredi la 5e journée mondiale du Droit à mourir dans la dignité.
Selon le porte-parole de la Conférence des évêques de France interrogé par Sipa, Mgr Bernard Podvin, la communauté catholique en France se positionne clairement contre l'euthanasie et aussi contre l'acharnement thérapeutique et refuse "d'ouvrir une brèche" dans la loi actuelle.
"La loi Léonetti, n'est pas parfaite. Mais elle a le mérite d'avoir été votée à l'unanimité par les parlementaires. C'est une base éthique importante. Très peu de lois sociétales ont été votées à l'unanimité. Pour nous, il ne faut pas y toucher ".
Alors que la mission gouvernementale du Pr Sicard mène actuellement une réflexion sur la fin de vie et le recours à l'euthanasie active, Mgr Podvin ne "souhaite pas ouvrir de brèche" au cadre législatif actuel. "Nous refusons d'ouvrir des exceptions à la loi", souligne l'ecclésiastique qui réclame que "la commission Sicard écoute toutes les positions", notamment celle de l'Église.
La Conférence des évêques de France milite pour "l'accompagnement palliatif", et dénonce un "nombre de lits insuffisant pour les soins palliatifs". "Trop de Français pensent que les soins palliatifs ne sont pas pour eux. Or les Agences régionales de santé (ARS) doivent soutenir les lits palliatifs ainsi que les lits palliatifs à domicile", déclare Mgr Podvin.
"Nous prêchons le palliatif pour tous, la voie humaine, aux côtés des malades pour atténuer le plus possible leur souffrances", a encore indiqué Mgr Bernard Podvin.
cm/sbo/vvd/ |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 31.10.12 11:50 | |
| Il faudrait une déclaration officielle de l'Eglise Luthérienne et de l'Eglise Réformée de France... ... ...
On peut s'adresser à la Fédération Protestante de France... éventuellement... |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 31.10.12 12:31 | |
| Il suffit de passer un coup de fil à plusieurs pasteurs...
et on entend un tout autre son de cloche !
Il est temps que ce son de cloche soit rendu public,je crois
Non pas pour se faire la guerre sur le dos des mourants... ... ...
Chacun de nous est concerné,notre avenir,c'est la fin de vie,pour tous,athées,agnostiques,croyants... |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 31.10.12 13:48 | |
| citation="nous refusons d'ouvrir des exceptions à la loi"
Ah bon ??? la miséricorde et la compassion n'existent donc plus ???
Il semblerait que les intégristes soient passés par là... ... |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 31.10.12 14:07 | |
| Faudrait savoir...
Quand F.H.était candidat,l'Eglise catholique jouait sur les mots"euthanasie,état nazi"...
F.H.maintenant Président de la République,l'Eglise catholique ne tolèrerait aucune exception à la règle???
Bizarre,étrange,incohérent....
Loi Léonetti =euthanasie passive...
L'agonie rédemptrice a disparu depuis le 22avril2005...(pied de nez aux intégristes)
Maintenant,il s'agit de l'enterrement de l'agonie comateuse du laissez mourir |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 02.11.12 17:05 | |
| Du point de vue chrétien,mon âme,mon esprit,mon corps sont à Dieu.
Mais Dieu m'a faite libre.
Logique élémentaire qu'on trouve dans n'importe quel catéchisme.
Donc j'ai la liberté de choisir le genre de ma fin de vie..
On fait trop souvent une confusion entre pouvoir religieux,pouvoir médical et pouvoir divin... ... ... |
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| Sujet: Euthanasie et intégrisme.. 02.12.12 18:41 | |
| L’euthanasie économiqueArticle rédigé par Pierre-Olivier Arduin, le 19 avril 2012Dans une lettre en date du 2 avril adressée au président du Comité consultatif national d’éthique qui a demandé à tous les candidats à la présidentielle de s’expliquer sur leur vision des enjeux bioéthiques futurs, François Hollande a confirmé sa volonté de légaliser l’euthanasie s’il était élu à la magistrature suprême : « Je souhaite que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Le candidat socialiste s’est par ailleurs engagé à ce que le Parlement adopte ce « nouveau cadre juridique » avant le printemps 2013. Applaudissant à la proposition de François Hollande, le philosophe André Comte-Sponville qui est l’un des maîtres à penser du lobby pro-euthanasie ADMD (Association pour le droit de mourir à la dignité) signe cette semaine un éditorial qui lève un coin du voile sur le projet socialiste : « La réforme (…) ne coûterait pas un centime à l’Etat. Elle pourrait même (quoique ce ne soit pas son but) permettre des économies à la Sécurité sociale ». Aveu d’autant plus effrayant qu’il est publié dans l’hebdomadaire économique Challenges [1]. Arrière-penséesLorsque nous avions pris connaissance du projet présidentiel de François Hollande en janvier dernier, nous avions envisagé l’hypothèse d’arrière-pensées « financières » inavouables : « La gauche espère-t-elle engranger de substantielles économies en ces temps de crise budgétaire en précipitant la mort des malades en fin de vie ? Il est vrai qu’une injection mortelle de chlorure de potassium coûte moins d’un euro tandis qu’une journée d’hospitalisation en réanimation dépasse les 1500 euros [2]». Les langues commenceraient-elles à se délier chez les partisans de la légalisation de l’euthanasie depuis que leur favori est en passe d’accéder à la présidence de la République ? Toujours est-il qu’il n’est pas anodin qu’André Comte-Sponville évoque pour la première fois depuis le début de la campagne les économies d’argent attendues de la légalisation du « meurtre anticipé ». A n’en pas douter, l’euthanasie est dans l’esprit de certains en passe de devenir une possible variable d’ajustement économique. La logique socialisteD’ailleurs, dès 1981, Jacques Attali n’annonçait-il pas que l’euthanasie serait « l’un des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de figure » ( Avenir de la Vie, Edition Seghers) ? L’ancien conseiller de François Mitterrand voyait deux raisons à cette évolution inéluctable. D’une part, en raison de la signification même du socialisme car « la logique socialiste, c’est la liberté, et la liberté fondamentale, c’est le suicide : en conséquence, le droit au suicide direct ou indirect est une valeur absolue dans ce type de société ». Il n’est donc guère surprenant que François Hollande veuille, 30 ans après, adosser le droit de mourir dans la dignité au nouveau principe d’autodisposition de l’individu. D’autre part, en raison du « logiciel » interne à nos sociétés utilitaristes dont l’unique credo semble être la rentabilité : « Dans une société capitaliste, des machines à tuer, des prothèses qui permettront d’éliminer la vie lorsqu’elle sera insupportable [un terme que ne fait que reprendre Hollande dans son projet] ou économiquement trop coûteuse, verront le jour et seront de pratique courante. Je pense donc que l’euthanasie, qu’elle soit une valeur de liberté ou une marchandise, sera une des règles de la société future ». L’euthanasie instrument de gouvernementDans un autre ouvrage intitulé L’homme nomade (Editions le Livre de Poche, 2005), Jacques Attali convoque de nouveau des critères économiques pour justifier l’institution d’une euthanasie d’Etat : « Dès qu’il dépasse 60/65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte cher à la société : il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement, plutôt qu’elle ne se détériore progressivement (…). On pourrait accepter l’idée d’allongement de l’espérance de vie à condition de rendre les vieux solvables et de créer ainsi un marché (…). Je crois que dans la logique même du système industriel dans lequel nous nous trouvons, l’allongement de la durée de la vie n’est plus un objectif souhaité par la logique du pouvoir ». Dans la nouvelle société relativiste, individualiste et technocratique, Attali pronostique que l’euthanasie sera « un instrument essentiel de gouvernement ». Dans l’éventualité de la victoire du candidat socialiste le 6 mai prochain, cette « prophétie » pourrait rapidement devenir réalité. |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 02.12.12 18:43 | |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 02.12.12 18:55 | |
| Euthanasie : gare à la manipulationArticle rédigé par Pierre-Olivier Arduin, le 31 août 2012 « Peut-on aller plus loin dans les cas exceptionnels où l’abstention thérapeutique ne suffit pas à soulager les patients aux prises avec une douleur irréversible et qui appelle un acte médical assumé au terme d’une décision partagée et réfléchie ? » a demandé François Hollande lors de son déplacement à Rueil-Malmaison le 17 juillet dernier, à la maison Notre-Dame du Lac qui est la deuxième structure nationale en termes d’offre de soins palliatifs. Le mot d’euthanasie n’est toujours pas prononcé mais aucun commentateur n’est dupe sur les intentions du chef de l’Etat et de sa majorité : il s’agit bien d’autoriser dans les mois qui viennent l’assistance médicale à mourir à la demande du malade, quitte à avancer « prudemment » sur un dossier brûlant où les oppositions demeurent très fortes, en particulier dans le milieu de la réanimation ou des soins palliatifs. Dans son discours, le chef de l’Etat a choisi de ne pas présenter une éventuelle légalisation de l’euthanasie comme une rupture par rapport à la loi Leonetti mais plutôt comme son prolongement. Un stratagème qui permettrait de ne pas heurter de front une profession médicale majoritairement réfractaire à toute remise en cause de l’interdit de tuer. Perfectionner la loi sur la fin de vie ?Fidèle à sa réputation d’homme de « consensus » et de « dialogue » aux dires de ses amis, François Hollande a exclu d’apporter lui-même une réponse trop catégorique à sa propre question, confiant le soin au professeur Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d’éthique, de conduire une mission de réflexion chargée de lui faire des propositions avant la fin de l’année sur le sujet. Nous voudrions appeler à la vigilance sur cette stratégie du Président et de son gouvernement de désamorcer par avance toute controverse en présentant une éventuelle évolution en matière de fin de vie non en termes de rupture mais comme un prolongement « naturel » de la loi du 22 avril 2005. Jean-Marc Ayrault n’avait pas dit autre chose en expliquant début juin à l’antenne d’une radio catholique que le gouvernement envisageait de « perfectionner la loi Leonetti ». Il fallait mal connaître le dossier pour penser qu’il s’agissait là d’un recul dans la volonté de la gauche d’instaurer « une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité » selon l’engagement n. 21 du programme présidentiel. Les socialistes n’ignorent pas que la loi du 22 avril 2005 adoptée à l’unanimité par le Parlement est considérée par tous les spécialistes de la question comme l’une des grandes lois françaises de ces dernières années, étudiée avec intérêt par les pays étrangers dont certains n’hésitent pas à s’inspirer pour écrire leur propre législation. Tout en promouvant l’accès aux soins palliatifs et le traitement de la douleur, la loi proscrit l’acharnement thérapeutique dans le respect de la volonté du malade et au terme d’une procédure collégiale transparente [1]. François Hollande n’a pu que rendre hommage à la législation actuelle dans son discours de Rueil-Malmaison avant de demander s’il ne fallait pas prolonger le dispositif par la permission d’un « acte médical » assumé collégialement dans certains cas exceptionnels, autrement dit un geste directement létal anticipant la mort du malade. Pour mieux rallier les uns et les autres à l’idée d’une évolution de la loi Leonetti, la gauche en propose une nouvelle interprétation qui permet de jeter la confusion dans les esprits. Dans un éditorial révélateur, Le Monde a d’ailleurs parfaitement traduit ce qui se trame dans cette guerre sémantique : « La loi Leonetti autorise les médecins à laisser mourir les patients en stoppant tout traitement actif. Cette forme d’euthanasie passive (…) ne répond pas à tous les cas complexes, notamment de certains malades graves et/ou chroniques qui réclament la mort par un geste actif de la part des soignants [2]». Confusion entre euthanasie passive et arrêt de traitementAutrement dit, il s’agit de faire croire que les limitations et arrêts de traitements autorisés depuis 2005 par la loi Leonetti relèvent de l’euthanasie passive, dernière marche avant une éventuelle dépénalisation de l’euthanasie active par injection mortelle. Il n’y aurait de fait qu’une différence de degré entre la législation en vigueur et le projet socialiste d’exception d’euthanasie. Il est donc primordial de savoir ce que dit exactement la loi Leonetti pour ne pas tomber dans le piège tendu. Celle-ci a modifié le Code de la santé publique pour autoriser les limitations ou arrêts de traitements en les insérant dans un cadre éthique extrêmement rigoureux. La loi française précise que « les actes médicaux ne doivent pas être poursuivis par une obstination déraisonnable. Lorsqu’ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, ils peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris [3]». Les mots n’ont pas été choisis au hasard. Seule l’intention d’éviter de tomber dans une « obstination déraisonnable », anciennement appelée « acharnement thérapeutique », autorise un médecin à ne pas débuter ou stopper un traitement devenu inutile ou disproportionné. Dans ce cas, la cause de la mort qui peut en découler est la pathologie sous-jacente. Le malade, s’il décède, ne meurt pas du fait du médecin mais du libre cours de sa maladie dont il devient déraisonnable d’empêcher l’issue fatale. Selon la définition classique reconnue par les professionnels de santé, l’euthanasie est une action ou une omission perpétrée avec l’intention de donner la mort à un malade pour supprimer sa souffrance ou sa douleur. Il est essentiel de comprendre que l’euthanasie dite passive, c’est-à-dire l’abstention (ou la suspension) d’un traitement bénéfique et proportionné à l’état d’un malade dans le but de précipiter son décès, demeure strictement interdite par la loi. Le Code de la santé publique et le Code de déontologie médicale sont formels : « Le médecin n’a pas le droit de provoquer délibérément la mort » (article R. 4127-38). Ne pas administrer de l’insuline à un patient qui décompense son diabète avec l’intention de précipiter sa mort ou injecter à ce même malade une dose de curare sont deux « actions » qui semblent a priori très différentes l’une de l’autre pour un observateur extérieur. Elles relèvent en fait de la même appréciation criminelle et sont donc rigoureusement prohibées par la loi. L’omission ou l’abstention peuvent être des actes criminels, l’inaction étant une forme d’action, comme ne pas prévenir d’un danger mortel, ne pas empêcher celui qui recule de tomber dans le vide. Si l’euthanasie est la plupart du temps de commission, elle peut aussi être d’omission. La distinction entre omettre et commettre n’a pas de pertinence éthique quand l’intention est bien celle de tuer le malade. Entretenir la confusion pour piéger le débat ?La Société de réanimation de langue française a été parfaitement claire sur ce point : « Il ne faut pas comprendre sous le terme d’euthanasie passive la limitation ou l’arrêt des traitements relevant, non pas de l’intention de donner la mort, mais du renoncement à l’acharnement thérapeutique, qui intervient lorsque l’on constate que la mise en œuvre d’un traitement ou sa poursuite relève de l’obstination déraisonnable. Toutes les formes d’administration intentionnelle de la mort, directes ou indirectes, sont interdites par la législation française. Le Code de déontologie médicale rappelle cette interdiction dans son article 38 (…). Les décisions de limitation ou d’arrêt des traitements doivent donc être distinguées de l’euthanasie « active » et de l’euthanasie « passive ». Elles en diffèrent radicalement par leur intention : intention de provoquer ou d’accélérer la mort dans le cas de l’euthanasie, intention d’éviter des traitements et des souffrances inutiles dans le cas du renoncement à l’acharnement thérapeutique [4]». On remarquera que l’enseignement magistériel de l’Eglise ne dit pas autre chose comme l’a confirmé le bienheureux Jean-Paul II au n. 65 d’ Evangeliumvitae : « Il faut distinguer de l'euthanasie la décision de renoncer à ce qu'on appelle l'« acharnement thérapeutique », c'est-à-dire à certaines interventions médicales qui ne conviennent plus à la situation réelle du malade, parce qu'elles sont désormais disproportionnées par rapport aux résultats que l'on pourrait espérer ou encore parce qu'elles sont trop lourdes pour lui et pour sa famille (…). Le renoncement à des moyens extraordinaires ou disproportionnés n'est pas équivalent au suicide ou à l'euthanasie; il traduit plutôt l'acceptation de la condition humaine devant la mort ». Dernier point extrêmement important pour comprendre l’esprit de loi française, la décision de retrait des thérapeutiques prise après discussion collégiale au sein de l’équipe soignante devrait entraîner obligatoirement le passage du temps curatif au temps palliatif. La France est d’ailleurs l’un des premiers Etats au monde à avoir créé un « droit individuel aux soins palliatifs pour les personnes qui le nécessitent » ainsi que l’a reconnu explicitement le Conseil d’Etat en 2009 [5]. Ne pas entreprendre ou arrêter un traitement inutile ou disproportionné n’équivaut donc pas à « laisser mourir » le malade comme on nous le répète aujourd’hui, mais au contraire oblige à l’accompagner en lui dispensant les soins palliatifs les plus appropriés si nécessaire. Dire que la loi du 22 avril 2005 est une forme d’ euthanasiepassive et de laissermourir permet de la présenter comme la dernière étape avant la légalisation de l’euthanasie active. La manipulation ne relève pas seulement de l’ignorance de nos responsables politiques, elle constitue une ressource stratégique savamment entretenue dans le but d’obscurcir le débat sur la fin de vie pour mieux parvenir à ses fins. Autrement dit, toute autorisation d’euthanasie, fût-elle exceptionnelle, constituerait une rupture éthique majeure avec la législation actuellement en vigueur. [1] Dans le cadre de cet article, nous n’aborderons pas la question du retrait de l’alimentation artificielle chez les personnes en état végétatif chronique permis par la loi Leonetti qui équivaut à une véritable euthanasie. Malgré la transgression que cette pratique constitue en elle-même et qui ne saurait donc être acceptée en aucun cas, le jugement que l’on est en droit de porter sur la loi française demeure globalement positif. [2] Editorial, « Euthanasie et fin de vie : qui peut décider ? », Le Monde, 18 juillet 2012. [3] Article L. 1110-5 du CSP, Loi n. 2005-370 du 22 avril 2005, article 1, Journal officiel 23 avril 2005. [4] Société de réanimation de langue française, « Limitation et arrêt des traitements en réanimation adulte », Réanim (2010) ; 19 : 679-698. Cf. aussi S. Grosbuis, F. Nicolas, S. Rameix, O. Pourrat, F. Kossman-Michon, Y. Ravaud, F. Blin, P. Edde, « Bases de réflexion pour la limitation et l’arrêt des traitements en réanimation chez l’adulte », Réanim Urgences (2000) ; 9 : 11-25. [5] Conseil d’Etat, La révision des lois de bioéthique, La documentation française, 2009, p. 111. |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 02.12.12 18:59 | |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 27.01.13 14:49 | |
| Plus sérieusement,chez les catholiques et les orthodoxes,l'Eglise est le Corps du Christ.Chacun est un petit Christ.On ne peut pas tuer le Christ. Mais même à l'intérieur de l'Eglise catholique par exemple,chacun a un vécu,une relation au Christ différente(c'est la christologie=d'une part,il y a le Christ,d'autre part nos interprétations théologiques ou individuelles selon notre vécu du Christ.C'est inévitable puisque chacun est différent même si nous sommes le Corps du Christ.Chacun a une histoire différente,et une relation au Christ différente et personnelle qui s'inscrit dans cette histoire parfois singulière,toujours particulière.L'Incarnation se prolonge d'une certaine manière,la mort et la résurrection aussi par conséquent.Le conflit ne serait-il pas entre l'imposition d'un" dogme" communautaire et le respect de la particularité sacrée de l'histoire sacrée de chaque personne,de toute personne? |
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| Sujet: Copié-collé(très ancien texte) 20.02.13 17:30 | |
| Un compromis impossible
Communiqué de presse
Le Comité consultatif national d'éthique vient de publier un rapport intitulé « Fin de vie, arrêt de vie, euthanasie ». Je souscris à de nombreux éléments de ce texte, en particulier à tout ce qui touche le respect de l'homme proche de sa mort. Je me réjouis de l'accord désormais obtenu dans notre pays, et rappelé par le Comité, au sujet de l'accompagnement des malades en fin de vie, des soins palliatifs, comme de la réprobation de ce qui est couramment appelé « acharnement thérapeutique ». Comme le Comité, on ne peut qu'être d'accord avec tout ce qui permet à chaque personne de « se réapproprier sa mort », avec tout ce qui va dans le sens du « respect des patients, jusqu'à leurs ultimes instants », dans le sens du service véritable que les personnels soignants ont à rendre.
A propos de l'euthanasie, le Comité commence par énoncer deux positions répandues en France : le respect jusqu'au bout de toute vie humaine, le droit à l'euthanasie sur demande personnelle. Constatant leur opposition irréductible et un décalage important entre le droit et certaines pratiques, il propose ce qui lui apparaît comme une voie de conciliation : ne pas dépénaliser, mais inscrire dans la loi, au nom de la « solidarité humaine et de la compassion », une « exception d'euthanasie », pour des cas supposés rares et exceptionnels. Comment ne pas voir que le compromis proposé, contrairement à ce qui est affirmé, modifierait profondément nos règles juridiques et représenterait une véritable acceptation sociale de l'euthanasie ?
Le Comité reconnaît que dans toute société « la valeur de l'interdit du meurtre demeure fondatrice ». Telle est aussi la ferme conviction de l'Église catholique, maintes fois réaffirmée : «Tu ne tueras pas » est un commandement de Dieu. C'est aussi le fondement de toute vie sociale respectueuse d'autrui, spécialement des plus faibles et de ceux qui en viennent à douter de la valeur de leur propre vie, surtout s'ils estiment représenter une charge pour leur entourage. Il est de la plus haute importance de ne pas affaiblir la force d'un tel repère. Le droit d'une société ne peut, sans se ruiner lui-même, faire place à toute forme d'arrangement. Une exception juridiquement reconnue conduirait rapidement à l'oubli progressif d'un principe jugé cependant fondateur.
Les évêques de France savent qu'il existe pour les malades en fin de vie des situations très éprouvantes. Ces situations appellent à la solidarité humaine et à la compassion. Encore faut-il s'entendre sur les termes. La véritable compassion ne craint pas la souffrance née de la proximité avec l'épreuve d'autrui, elle s'efforce d'atténuer cette épreuve en s'ingéniant à trouver des moyens appropriés, elle reconnaît jusqu'au bout la grandeur et la dignité de toute personne.
C'est cette reconnaissance, et non pas la mise à mort délibérée d'une personne, fût-ce sur sa propre demande, qui permet d'inscrire la mort – pour reprendre des expressions du texte du Comité – « au sein de la vie elle-même et de ne pas exclure d'un monde humanisé les derniers instants d'une existence ».
+ Louis-Marie BILLÉ Archevêque de Lyon Président de la Conférence des évêques de France
Paris, le 4 mars 2000 |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 24.02.13 13:53 | |
| Euthanasie et assistance aux mourants : éléments de réflexion Texte proposé par la Commission d' Éthique de la Fédération Protestante de FranceLa résolution sur "l' assistance aux mourants" proposée au Parlement européen a eu le mérite de soulever une question importante. Mais elle l' a posée dans des termes qui risquent de réduire le débat à une opposition simpliste entre approbation de l' euthanasie comme acte stoïque, ou réprobation de l' euthanasie comme meurtre camouflé. Sur une telle opposition, bien caractéristique d' un vieux clivage des mentalités françaises entre stoïcisme et catholicisme, aucune résolution de style juridique ne saurait être construite hâtivement. Il serait regrettable de clore un débat à peine commencé. 1. La mort enfin regardée, les soins palliatifs :Trop longtemps, la mort a été refoulée dans les marges de nos vies et de nos sociétés. On peut donc se réjouir de ce que la mort ne soit plus considérée comme l' échec d' une technique médicale, mais que l' on puisse en parler, comme d' une limite toute simple aux pouvoirs de la médecine. Ces pouvoirs existent, mais la mort n' est pas une maladie : les soins ici ne viseront pas à guérir, mais à pallier la vie qui défaille, à alléger les souffrances. Des unités de soins palliatifs se développent un peu partout, et font ce travail admirable de réinsérer le mourant dans le simple tissu de paroles et de gestes qui fait la vie humaine; encore un peu trop en marge des autres services, et sans avoir encore assez les moyens de développer ces soins à domicile (mais que faire quand les hôpitaux ni les familles n' y sont pas prêts ?), ces centres reçoivent des malades que l' on a renoncé à guérir. Avec les progrès de ]a neurochimie, et des neurosciences en général, la souffrance persistante devient l' exception (2 % environ). C' est là un usage des produits neurologiques que l' on ne saurait condamner, contrairement à ceux qui risquent de se développer dans une société déjà habituée à l' automédication, et où la double quête de la performance et de l' absence de gêne ne connaît plus de borne. Ici, il ne s' agit pas de satisfaire un fantasme: toute souffrance qui peut être évitée doit l' être. Cela ne veut pas dire que nous puissions espérer un jour "nier" la souffrance, mais que nous devons tout faire pour la combattre. Il y a donc le petit nombre de souffrances que l' on ne peut soulager, et qui ne sont pas toutes des souffrances physiques. C' est ici que le problème de l "'euthanasie" se greffe sur celui de l' assistance aux mourants: ]à où les soins palliatifs sont mis en échec. Là aussi où leur succès n' a pu mettre fin à l' irréductible douleur de l' angoisse. Encore faut-il qu' ils aient été tentés, et l' on sait que dans ces cas-là les demandes d' euthanasie sont plus rares. Elles existent néanmoins, et leur seule dénégation serait immorale. 2. L' euthanasie et la vie "digne" :La proposition de résolution soumise au Parlement européen présentait la demande d' euthanasie comme formulée par un malade, lorsqu' il a perdu le sentiment que sa vie est "digne" d' être vécue. Il n' est pas inutile toutefois de remarquer que toutes les souffrances morales ne sont pas concentrées sur le souci de "dignité", et que c' est souvent plutôt d' amour que les mourants ont soif. Restent ces situations où la personne ne sent pas sa vie comme "digne" d' être vécue. Cette question est une vraie question, qui de près ou de loin rejaillit sur l' entière condition humaine. Mais de quelle "dignité" s' agit-il? Aujourd'hui, on place trop cette dignité dans une image de l' Homme, qui est celle de l' individu moderne, assuré de sa forme physique et de sa formation professionnelle, de sa conscience, sujet maître de ses objets et mesure du monde. Jamais morale ne fut plus impérieuse et plus normative que celle-là ! Par exemple, il n' est pas possible de dire que c' est le niveau de conscience qui définit l' être humain. Comme si l' image de la dignité était toujours la même, à tous les âges, pour tous les types de maladies ou simplement d' existences! Là où cette image de la dignité se met à trembler, on découvre des dignités qui ne tiennent ni à une "conscience" ni à une "forme", mais qui attestent que tout "corps" peut aussi être sujet, et que nous n' en savons rien. Pour nous la dignité est d' être à l' image de Dieu. C' est pourquoi, cette dignité n' est à la libre disposition de personne, et nul ne peut en administrer le critère (pas même les Églises) ! Ainsi, aucune loi ni aucune instance morale ne peut prétendre supprimer la responsabilité éthique du patient, des médecins, et de l' entourage; ni en légalisant la pratique de l' euthanasie, ni en l' interprétant systématiquement comme un meurtre. Dans les deux cas d' ailleurs, de graves dérives seraient possibles. 3. Le refus d' une maîtrise de la mort :Ce que les protestants s' accordent probablement à trouver inquiétant, dans l' euthanasie, c'est la prétention à disposer totalement de soi, à être encore le sujet actif de sa vie jusque dans la mort, et de faire de celle-ci un acte, une décision (et non quelque chose que l' on subit ou que l' on reçoit). Cette euthanasie, derrière les apparences, correspond exactement à l' acharnement thérapeutique auquel elle s' oppose: c' est le même activisme par lequel les humains refusent leurs limites, et veulent rester les maîtres. 4. L' écoute d' une détresse interminable:Certains protestants, néanmoins, pensent qu' une demande doit être entendue, qui n' est pas la décision d' en finir, mais la supplication par laquelle le mourant demande que son temps ne soit plus rongé par le caractère interminable de sa douleur ou de sa déchéance. Or la loi, non plus que la morale ni aucune thérapeutique ne peut rien sur un désespéré; le vouloir-vivre ne se commande pas. Il ne nous appartient pas d' en juger. Il nous appartient d' autant moins d' en juger que par là le mourant ne juge rien, ne décide rien: il demande simplement la mort. Elle n' est pas pour lui un acte, mais le consentement à autre chose que soi, l' acceptation d' aimer soi-même comme un prochain. 5. Pluralité éthique et commune législation:On le voit, de même que la "dignité" est une notion équivoque et qu' il faut utiliser avec prudence et sollicitude, la notion d' "euthanasie", même si elle reste en elle-même fondamentalement ambiguë, recouvre des situations et des demandes très diverses. Entre la critique de toute prétention à justifier l' euthanasie, et la compréhension d' une demande du mourant qui ne peut être jugée, les protestants peuvent diverger. Et ils ont quelques raisons de le faire, car on ne voit pas comment trancher aisément ce débat qui est un vrai débat . C' est pourquoi il ne faut pas légiférer trop vite sur ces questions-là. A l' échelle européenne, en outre, on a parfois le sentiment que les contradictions qui nous scandalisent tiennent davantage à des questions de langage et de culture qu' à des questions de fond. C' est pourquoi nous souhaitons un certain souci de ]a diversité des traditions éthiques vivantes en Europe, avant que les groupes de pression correspondant aux sociétés et aux cultures dominantes n' aient trop marqué de leur empreinte la législation commune. Nous devons garder le sens de l' écart entre l' éthique et le droit. Nous retenons que:
Les soins palliatifs doivent être développés et encouragés;
A l' occasion des souffrances irréductibles par ces soins palliatifs, le débat sur la "vie digne" doit être l' occasion de remettre en cause l"'image de l' humain" que nos sociétés ont développée ;
Les protestants s' accordent généralement à penser qu' une certaine euthanasie est la réplique exacte de l' acharnement thérapeutique, la prétention humaine à rester les "maîtres" ;
Certains toutefois pensent qu' une demande du mourant, d' être délivré d' un vain combat, doit être écoutée et non jugée ;
Qu' elle soit laxiste ou restrictive, aucune loi ni instance morale ne saurait supprimer la responsabilité éthique du patient, des médecins, ni de l' entourage; dans tous les cas, il ne faut pas légiférer hâtivement et le droit européen ne se construira que s' il est porté par un vigoureux débat public.
Nous appelons les Églises à réfléchir en commun à ces questions, et à être les témoins de ce que le débat est vital pour toute communauté. Olivier Abel Juin 1991 |
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| Sujet: L'Eglise et l'euthanasie 24.02.13 13:57 | |
| "Certains toutefois pensent qu' une demande du mourant, d' être délivré d' un vain combat, doit être écoutée et non jugée ; " |
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| Sujet: L'Eglise et l'euthanasie 25.02.13 11:37 | |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 25.02.13 11:39 | |
| ERREUR D'INTERPRETATION...pour la vidéo çi-dessus... |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 26.02.13 10:55 | |
| ANCIEN TEXTE
Cardinal Barbarin : Autoriser l’euthanasie instaurerait un régime de peur
Réflexions du Cardinal Philippe Barbarin, Archevêque de Lyon et Primat des Gaules, en 2011
La loi sur la fin de vie ne reconnait aucun droit à donner la mort et propose de bons repères insistant sur les soins palliatifs et le refus des traitements disproportionnés. Pourtant, la commission sociale du Sénat vient de donner le feu vert à la discussion ouvrant la voie à l'euthanasie en cas de « souffrance physique ou psychique ne pouvant être apaisée ou jugée insupportable ». Invoquant des cas extrêmes, des parlementaires omettent de mettre en valeur le beau travail accompli dans les unités de soins palliatifs. On essaie d'introduire une idée uniformisée de mort douce, alors que l'euthanasie est loin d'être douce, pour les soignants comme pour le malade et sa famille. Je salue cette « exception française », par laquelle nos législateurs ont manifesté la permanente vocation de la douce France à prendre en charge les plus fragiles, jusqu'au terme de leur vie terrestre.
La légalisation de l'euthanasie briserait la confiance entre soignants et soignés. Mme Schnapper écrivait que « la société moderne repose sur la confiance objective entre les individus grâce aux relations politiques et économiques, le droit, l'argent, les institutions. Mais les relations directes entre les personnes ne sauraient être oubliées, qui demeurent au cœur de la vie humaine. » La médecine est un lieu où il serait terrible d'attenter à l'amitié entre les hommes, celle où le faible se dit : « Celui-ci veut mon bien, même en me défendant contre ma crainte d'affronter la situation présente ». Si l'euthanasie est légalisée, le patient aura peur même des interventions thérapeutiques légitimes.
La légalisation de l'euthanasie pousse à l'exclusion des personnes les plus vulnérables. Si un homme est seul, sans personne qui le protège, si le recours à la mort légale lui est offert, le voici en danger, à la merci des fluctuations de sa sensibilité. La demande de mourir est souvent un appel au secours : « Tout le monde me laisse tomber. Est-ce que j'ai encore du prix aux yeux de quelqu'un ? » La dignité d'un homme, c'est son droit à être aimé, toujours.
La légalisation de l'euthanasie est contradictoire avec le développement des soins palliatifs, qui permettent de répondre à la plupart des douleurs des grands malades. Pourquoi 80%, paraît-il, du budget des soins palliatifs ne leur est pas encore alloué ? Est-il vrai que le fait de renoncer aux opérations chirurgicales réalisées in extremis sans espoir de guérison, dégagerait une part de cet argent ? J'ai encore à l'esprit la fin de Jean-Paul II : en février 2005, on l'opère d'une trachéotomie pour qu'il puisse continuer de respirer. Mais quand, fin mars, on envisage une gastrectomie, il refuse. On continue de le nourrir et de l'hydrater, mais il n'est pas question de tenter une nouvelle opération, aussi douloureuse qu'inutile. Et le 2 avril au soir, il s'en va. « Avec la mort, la vie n'est pas détruite, elle est transformée ».
M. Badinter notait qu'un droit à la mort assistée revient à aider ceux qui prendraient la décision de se suicider. « J'aurais la crainte, disait-il, d'une forme d'incitation, je n'ose pas dire de provocation au suicide. L'être humain est fragile. L'angoisse de mort est présente. Chez certains, face à une épreuve, il y a une tentation de mort inhérente à la condition humaine ». Avec lui, je veux dire que la mort est une peine toujours injustifiable, pour un coupable, à plus forte raison pour un innocent.
Y voir la « dernière liberté » constitue un piège. Comme si cet acte était pleinement libre, alors que plus de la moitié des rescapés du suicide ne récidivent pas. Comme si le suicide ne touchait que celui qui y recourt. Sa violence traverse le corps social et sa mémoire reste vive dans le cœur des proches. Dans sa réclusion, Etty Hillesum recopie ces lignes de W. Rathenau à une femme tentée par le suicide : « J'ai moi-même envisagé cette éventualité, que je dois aujourd'hui rejeter. Je considère qu'une telle fin est une injustice, une offense à l'esprit. C'est un manque de confiance vis-à-vis du bien éternel, une infidélité à l'égard de notre devoir le plus intime : celui d'obéir à une loi universelle. Celui qui se tue est un meurtrier, non seulement de lui-même, mais aussi d'autrui. Une telle mort, j'en suis profondément convaincu, n'est pas une libération, comme peut l'être une mort naturelle et innocente. Toute violence commise en ce monde prolifère, comme chacun de nos actes. Nous sommes ici pour porter une partie de la souffrance du monde, en lui offrant notre cœur, non pour l'aggraver par un acte de violence. »
On objectera que la proposition de loi ne vise que des cas où la mort naturelle surviendrait en toute hypothèse, et dans de brefs délais. Si c'est le cas, tendons la main, comme les soignants des services de soins palliatifs qui font honneur à la médecine. En vérité dans les pays où elle est établie, l'euthanasie (qu'on voudrait permettre même aux mineurs) touche aussi des gens qui ne sont pas en situation de mort imminente, notamment des personnes dépressives.
L'Eglise catholique se voit souvent reprocher un prétendu dolorisme. Tels discours, telles attitudes peuvent accréditer ce soupçon. Il ne pèse pas bien lourd face au cortège des saints qui ont voulu correspondre aux attitudes du Christ envers les malades, à la parabole du Bon Samaritain, à Matthieu 25 : « J'étais malade et vous m'avez visité », à la figure de Mère Térésa penchée sur ceux qui mouraient sur les trottoirs de Calcutta. Certains, comme Vincent de Paul, ont donné forme institutionnelle à la charité du Christ. Il est vrai aussi, et fondateur pour la réflexion, que l'Eglise ne cesse de contempler son Seigneur mourant en croix. Cela empêche un cœur vraiment chrétien de se détourner de celui qui meurt, au contraire de notre société, où l'on voit les enfants absents des funérailles de leurs grands-parents... Jésus meurt seul, et pourtant à ses pieds Marie, le disciple bien aimé, Madeleine sont restés, dont la présence éclaire le débat qui nous occupe. Des amis lui sont restés fidèles jusqu'au bout.
« Le véritable amour chasse la crainte », dit la Bible. Bien des malades et des familles ont fait cette expérience : une maladie douloureuse a été traversée. L'amour, jour après jour, a permis de dépasser la peur. Comme homme ayant vécu la maladie, comme croyant, attentif à l'interdit fondateur de toute société : « Tu ne tueras pas », je veux dire aux sénateurs : Ne doutez pas de l'amour !
Source : Le Figaro, mardi 25 janvier 2011 |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 26.02.13 11:18 | |
| ANCIEN TEXTE Tuer en douceur ou la barbarie silencieuse, une nouvelle tentative pour légaliser l'euthanasie par Mgr Ginoux revenir au sommaire Mgr Bernard Ginoux La commission des Affaires sociales du Sénat a adopté un projet de loi visant à légaliser l'euthanasie. Ce projet va être présenté aux sénateurs et discuté ce mardi 25 janvier 2011. Il relance à nouveau le droit de demander la mort et de la donner, alors que la loi Léonetti de 2005 avait refusé cette possibilité. Cette loi votée le 22 avril 2005 ne mettait cependant pas un terme au débat. D'abord parce qu'elle laissait quelques points discutables comme celui de l'alimentation artificielle en fin de vie. Mais, plus encore, son auteur affirmait qu'il travaillait à la question de « l'exception d'euthanasie » (La Croix, 7 avril 2008), ce qui veut dire que dans certains cas le législateur pouvait autoriser à donner la mort. Dans le même temps l'ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) et son très influent président revenaient sur cette loi parce qu'ils en étaient insatisfaits. C'est ainsi qu'ils ont pu faire avancer un nouveau projet voté ce 18 janvier par la commission des Affaires sociales du Sénat. Que dit ce projet ? L'article premier le résume : « Toute personne capable majeure, en phase avancée ou terminale d'une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable, lui infligeant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu'elle juge insupportable, peut demander à bénéficier d'une assistance médicalisée permettant, par un acte délibéré, une mort rapide et sans douleur ». Il s'agit bien de procurer la mort volontairement, de tuer une personne. Bien entendu, dans la suite, les mots employés et les considérations avancées se veulent très « soft », laissant entendre qu'il s'agit de rechercher le bien des personnes malades et de leur éviter une fin tragique, prétendue indigne. On affirme ne prendre en compte que des situations extrêmes et le faire dans la compassion. L'appréciation des situations demeurera toujours subjective, surtout quand le texte parle de souffrances « psychiques ». Par ailleurs le discours est séduisant puisque la loi permettrait ainsi de « devenir maître de son parcours de fin de vie » ! Mais que pouvons-nous répondre à cette nouvelle tentative puisque, depuis bientôt trente ans (à l'époque avec le sénateur Caillavet, de Lot-et-Garonne, né en 1914, et aujourd'hui militant à l'association « Ultime Liberté » ), de manière récurrente, ce courant de pensée veut imposer à la société française une loi autorisant l'euthanasie. Pendant sept ans j'ai eu la charge des aumôneries d'hôpitaux et de la pastorale de la santé dans mon diocèse d'origine. Le nombre de personnes en fin de vie avec des pathologies lourdes (sida, cancer, etc.) que j'ai approchées - chrétiennes ou non - est important. J'ai vu des situations insoutenables. Je compte sur les doigts d'une main les personnes qui ont, à un moment, demandé vraiment la mort. J'ajoute que c'était la période où se mettaient en place - avec beaucoup d'oppositions et de difficultés - les soins palliatifs. Chaque fois que l'équipe des soins palliatifs pouvait intervenir, la personne retrouvait la paix. Malheureusement les efforts réalisés pour les soins palliatifs sont encore insuffisants. La demande de mort est un appel, l'expression d'une détresse, le besoin d'être accompagné. Si les soins palliatifs et l'entourage prennent en charge assez tôt cet accompagnement, la fin de la vie n'est plus une tragédie, même si mourir est toujours un passage angoissant. Au-delà de cette expérience personnelle rapidement évoquée, il y a les principes même du vivre ensemble que le droit de tuer remet de fait en question. La médecine La médecine est faite pour soigner. Comment lui demander de poser un acte de mort ? Quelle confiance pourrait avoir le patient devant la blouse blanche qui entre dans sa chambre ? Quelle perspective que de faire disparaître le malade qui est trop gênant ? Comment des « soignants » peuvent-ils devenir des « tueurs » (même en douceur !). Les tenants de l'euthanasie répondront que si le geste est légal les soignants n'auront pas d'états d'âme ou de scrupules de conscience. Une connaissance élémentaire de l'être humain nous apprend le contraire : un acte de mort reste toujours un poids pour celui qui le commet. La souffrance Comment apprécier le caractère « insupportable » d'un mal, sachant que la douleur physique doit être soulagée et peut l'être si le suivi palliatif est rigoureux. Comment juger des opinions très contradictoires de la personne malade et de son entourage ? Quelles pressions imaginer sur celle-ci ? Les psychologues, les études sur les réactions des malades en phase terminale montrent des variations très grandes, depuis le déni de la maladie jusqu'aux pensées suicidaires. Il n'est pas possible de tenir pour certaine une demande de mort. Ces dernières années l'un ou l'autre cas de situations extrêmes (affaires Humbert, Sébire ) exploitées médiatiquement où il y avait une demande publique d'aide à mourir ont montré, une fois l'émotion passée, l'ambiguïté de ces cas. Ils sont d'ailleurs très rares et aussitôt survalorisés parce que les militants de l'euthanasie en ont besoin pour justifier leur revendication. Le principe d'humanité Reprenant ce titre à un écrivain connu (Jean-Claude Guillebaud) je remarque que je n'ai pas besoin d'invoquer la foi chrétienne pour affirmer que donner la mort volontairement est contraire au principe d'humanité, au pacte social qui permet le vivre-ensemble. C'est, en effet, de l'être humain qu'il s'agit et de la solidarité humaine : lorsque la loi permet de tuer (au nom d'un bien mais quel bien ?) elle donne à des êtres humains pouvoir absolu sur d'autres. Le fait d'être une équipe, dans un hôpital, avec des « spécialistes » ne change rien à la réalité. La mort programmée d'une personne, que cette équipe va désigner comme « indigne » de vivre, en raison de son état d'anéantissement physique ou psychique (cf. le projet de loi), est un crime. Au nom de l'humanité, au nom du respect de toute vie humaine jusqu'à sa fin naturelle, au nom de la solidarité avec les plus faibles, nous devons proclamer la « dignité » intangible de chaque être humain. L'oublier c'est entrer dans la barbarie. Le 21 janvier 2011 (pour le Bulletin Catholique n° 2 du diocèse de Montauban du 26 janvier 2011) |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 26.02.13 11:33 | |
| Ah,au fait,on m'a balancé sur un forum que l'euthanasie était un billet d'entrée pour l'enfer...(en plus,la personne était au courant de mes problèmes !!! )... |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 26.02.13 11:35 | |
| L'Eglise Catholique a peur,elle perd pied.. |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 04.05.13 9:21 | |
| Lu l'article ci-dessous sur un site catho à la sauce intégriste... ... ... |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 04.05.13 9:22 | |
| Jeanne Smits
En France, l’euthanasie existe déjà !
Posted on 2 mai 2013 by Jeanne Smits in Divers Jeanne smits, En Une, Points non négociables avec 0 Commentaire
Un jeune homme se meurt, privé de nourriture…
Cela se passe aujourd’hui et maintenant, quelque part en France, en pleine légalité et par application de la loi Leonetti. Un jeune homme – appelons-le Hervé – dans le coma depuis plusieurs années après avoir été victime d’un accident de la route, a fait l’objet d’une décision d’« arrêt de soins ». Non pas des soins d’acharnement, d’interventions lourdes et pénibles. Non : on lui a supprimé la nourriture, et réduit de manière drastique la quantité de liquide administrée. De 3 litres en 24 heures, son hydratation a été ramenée à quelque 100 ml sur la même période.
Il n’y a qu’une issue possible, c’est l’issue recherchée : la mort.
En France, aujourd’hui, alors qu’on fait mine de débattre autour de l’euthanasie, le corps médical peut décider de faire mourir un malade de faim et de soif, et les proches n’y peuvent rien. Ils ne peuvent que le regarder partir, la mort dans l’âme, bouleversés de voir que cette mort est voulue et organisée pour elle-même. C’est la définition de l’euthanasie. « Euthanasie par omission », en l’occurrence. Mais euthanasie quand même.
Coma ? Le jeune homme était en effet dans un état de coma profond après son accident. Puis, doucement, il est remonté au palier du coma végétatif. Et aujourd’hui, il est au stade du coma pauci-relationnel : cela veut dire qu’il est incapable de réagir de manière suivie à des instructions simples mais qu’il possède la conscience de son environnement, cette conscience fût-elle minimale. En particulier, il suit ses visiteurs des yeux. Dans ce type de coma, on constate une interaction avec l’environnement et notamment des réponses aux stimulations verbales, surtout lorsque la voix entendue est celle d’un membre de la famille. Il a été démontré par plusieurs études publiées par Neurology que les patients en état de conscience minimale perçoivent les émotions et la douleur.
Cela ajoute à l’horreur de la situation. Les médecins qui ont pris la décision, depuis plusieurs jours déjà, de supprimer l’alimentation et une grande partie de l’hydratation de Hervé n’ont pas même l’excuse de se réfugier derrière l’inconscience, réelle ou supposée, d’un malade plongé dans un coma dépassé, d’un coma profond sans retour.
Et les proches le savent bien, qui voient Hervé perdre des forces de jour en jour – et pleurer lorsqu’il les entend entrer dans sa chambre d’hôpital.
Il pleure ? Mais c’est qu’il a de la conjonctivite, assurent les médecins.
Car il n’y a pas beaucoup de sympathie pour les proches de la part de ceux qui, « collégialement » comme le veut la loi Leonetti, ont pris la décision d’arrêter les « soins » de Hervé – soins qui ne sont pas extraordinaires, et que nul n’est obligé d’accepter ou de fournir, mais soins ordinaires : apporter le minimum pour le confort d’un patient, ce qu’on ne devrait refuser à aucun être humain qui souffre : un abri, de quoi s’alimenter, de quoi boire.
Peu importe que cette alimentation soit apportée autrement que par la bouche, dès lors que cela ne fait pas inutilement souffrir le patient – qui est par ailleurs en bonne santé.
Les proches… Dans ce cas précis, c’est l’épouse du jeune homme qui a approuvé, peut-être demandé que la vie de son mari s’arrête là. Les parents, la famille de Hervé n’ont pas été consultés (la loi Leonetti le prévoit pourtant). Ils ont été mis devant le fait accompli. Et ont appris fortuitement que le processus avait déjà été mis en place. C’est la colère, la tristesse, l’indignation. Ils ont eu beau le faire savoir, le corps médical est implacable. Leur voix ne compte pour rien.
Et un jeune homme se meurt de mort lente, délibérément tué dans un hôpital français.
On peut supposer que, catholique, il n’aurait pas voulu de cette fin et ses larmes le confirment. La loi demande que l’on recherche la volonté du patient, s’il pouvait l’exprimer. Mais cela n’oblige non plus à rien.
On s’accorde en général à dire que la loi Leonetti de 2005 est une loi d’« équilibre » et respectueuse de la vie. Très peu de voix médiatiques se sont élevées – hormis celles de Présent, d’Yves Daoudal – à l’époque de son adoption pour dénoncer la légalisation de l’euthanasie qui y est discrètement mais réellement présente.
Le cardinal Vingt-Trois s’était associé au Grand rabbin David Messas, en 2009, pour le mettre en lumière. C’était déjà tard mais c’était courageux et juste :
« Le fait de ne pas entreprendre (ou de ne pas maintenir) pour un malade déterminé, tel ou tel traitement médical, ne dispense pas du devoir de continuer à prendre soin de lui. Juifs et catholiques, nous jugeons qu’il est de la plus haute importance de chercher le moyen et la manière les plus adéquats d’alimenter le malade, en privilégiant dans toute la mesure du possible la voie naturelle, et en ne recourant aux voies artificielles qu’en cas de nécessité. Seules des raisons graves dûment reconnues (non assimilation des nutriments par l’organisme, souffrance disproportionnée entraînée par l’apport de ceux-ci, mise en danger du malade du fait de risques d’infection ou de régurgitation) peuvent conduire dans certains cas à limiter voire suspendre l’apport de nutriments. Une telle limitation ou abstention ne doit jamais devenir un moyen d’abréger la vie. »
Le cas de Hervé rappelle en de nombreux points celui de Terri Schiavo aux Etats-Unis, qu’on a laissée mourir de faim et de soif parce que son mari en avait obtenu le droit par voie judiciaire, contre la volonté de ses proches. Son calvaire et son décès, huit jours avant celui de Jean-Paul II, avaient profondément remué la société américaine. Le Vatican avait clairement dénoncé le processus comme une « euthanasie par omission », aussi répréhensible que n’importe quelle euthanasie dite « active ».
En France, c’est le silence qui est de mise – car on imagine que le cas de Hervé est loin d’être isolé. Et si j’ai choisi pour cet homme le prénom de Hervé, pour protéger son identité et celle de sa famille, c’est en pensant à Hervé Pierra, resté dans le coma après une tentative de suicide par pendaison : il est mort dans d’atroces souffrances après une semblable privation de nourriture. Ses parents et le lobby de l’euthanasie en tirent argument pour réclamer le « droit de mourir », de mourir vite.
Mais c’est la vie qui mérite d’être protégée et entourée des meilleurs soins possibles, sans quoi la société humaine devient barbare, décidant elle-même qui peut vivre et qui doit mourir.
Cet article a paru dans Présent.
***********SUITE*********** Euthanasie en France : référé gagné ! Vincent Lambert vivra… Mais il reste menacé
Extraordinaire victoire, samedi après-midi, pour le respect de la vie ! Devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, un référé-liberté plaidé en faveur de Vincent Lambert, 37 ans, a abouti à une ordonnance qui a reconnu le droit de ses parents et d’une partie de ses proches de s’opposer à ce qu’il soit tué lentement par l’arrêt de son alimentation.
Me Jérôme Triomphe venait de plaider avec passion contre la mise à mort volontaire du patient, au nom de ses parents, de sa sœur et de son demi-frère ; Me Jean Paillot avait exposé l’éthique biomédicale qui exige le respect de la vie. L’audience, chargée d’émotion, avait duré plus de deux heures. Ils ont été entendus et compris.
Vincent Lambert : oui, c’est le vrai nom de celui que jusqu’ici, dans un souci de discrétion visant à donner un maximum de chances aux démarches pour sauver sa vie, j’ai appelé « Hervé ».
C’est un jeune homme frappé il y a quatre ans et demi par un accident de voiture qui l’a laissé gravement handicapé. D’abord maintenu dans un coma artificiel, il est resté ensuite pendant deux ans dans un coma végétatif. Puis il est entré dans un coma pauci-relationnel, qui correspond chez lui à un état de « conscience minimale plus » où existe une interaction avec l’environnement : Vincent peut suivre des yeux, réagir aux voix familières, manifester la conscience de ses émotions. Il sourit. Ou plutôt : il souriait.
Depuis qu’une équipe médicale a décidé que, sa « qualité de vie » étant insuffisante, il convenait de lui couper l’alimentation et une bonne part de son hydratation en vue de le faire mourir, il pleure lorsque sa mère ou ses proches viennent le voir…
Cet arrêt de l’alimentation et la diminution drastique de son hydratation, réduite de 3 litres au total à 500 ml par 24 heures, ont été mis en place depuis le 10 avril dernier, avec le consentement de son épouse, mais malgré l’opposition expresse de ses parents et d’une partie de sa famille qui n’ont été d’aucune façon entendus à propos de cette décision médicale, qui n’est rien d’autre qu’un arrêt de mort par cessation des soins.
C’est très exactement une euthanasie par omission.
Le juge des référés, Mme Catherine Monbrun, a ordonné samedi après-midi à 16 h 45 que l’alimentation et l’hydratation normales de Vincent Lambert soient rétablies, annulant par ce fait la « décision collégiale » qui avait été prise le 8 avril par l’équipe médicale du CHU Sébastopol de Reims, de le faire mourir à petit feu au motif que ces soins apparaissent aujourd’hui comme « inutiles, disproportionnels et ayant comme seul effet le maintien artificiel de la vie ».
Elle a ainsi reconnu qu’il y avait une « atteinte grave et manifestement illégale » à une « liberté fondamentale » qu’il s’agissait de sauvegarder : la vie même de Vincent Lambert, menacée, et le droit de ses proches qui ne souhaitaient pas le voir tué. L’urgence étant caractérisée par l’affaiblissement déjà très avancé du patient du fait de ce refus de nourriture et d’eau.
Au nom du principe du « respect de la vie » affirmé par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, que doit respecter notamment « toute personne morale de droit public » tel un hôpital public, l’ordonnance de référé rappelle que le juge des référés peut prendre toutes les mesures de nature à faire cesser le danger « lorsque l’action ou la carence d’un tel établissement crée un danger caractérisé et imminent pour la vie d’un patient, portant ainsi une atteinte grave et manifestement illégale à cette liberté fondamentale ».
Vincent Lambert, à l’heure où j’écris ces lignes, est hors de danger. Par l’effet de l’ordonnance de référés, on a recommencé à lui administrer du glucose et son alimentation est rétablie avec toute la précaution et la progressivité que requiert son état. Sa vie est sauvée.
Mais pour combien de temps ? Le résultat du référé a provoqué la « rage » du chef de service de l’unité de soins palliatifs où Vincent est hospitalisé. Une colère que m’a décrite Me Triomphe : il l’a constatée sur place au CHU de Reims, samedi après-midi, où le médecin chargé de soigner Vincent Lambert a clamé qu’il ferait tout pour procéder quand même à l’arrêt de la nourriture et de l’essentiel de l’hydratation de Vincent Lambert, refusant son transfert dans un autre hôpital plus respectueux de la vie au motif qu’ils sont « responsables » du jeune homme, rejetant encore et encore la volonté expresse de ses parents et d’une partie de sa famille de ne pas le voir ainsi volontairement poussé vers la mort. L'idée ? Relancer la « procédure collégiale », dans les règles cette fois (manière de reconnaître que tout avait été fait dans l'illégalité), mais avec la volonté préméditée de passer outre à la volonté des parents de Vincent Lambert.
Ce que l'on constate chez ce médecin, c'est une pure volonté de tuer – et j’écris cela en pesant mes mots, sans craindre de me voir contredire – puisque tel est l’objectif unique de l’arrêt de la nourriture et de l’hydratation.
Ce médecin qui a pris en toute illégalité – c’est ce qu’établit l’ordonnance de référé – la décision de faire mourir Vincent Lambert de faim et de soif, entend donc maintenant refaire toute la procédure de manière respectueuse de la loi, cette fois, pour lui couper encore les vivres.
Comment peut-il prétendre cela ?
Un élément peut, selon la manière dont on interprète la loi, lui donner raison, et il faut que la France le connaisse, qu’elle sache qu’aujourd’hui la loi française peut permettre de tuer un patient en le précipitant vers sa fin de vie.
Un deuxième lui donne tort, absolument et d’emblée, nous allons voir comment.
1. La décision d’arrêter les traitements, même en l’absence de situation de maladie en phase terminale, est une possibilité offerte aux médecins dans le cadre de la loi Leonetti. Cela correspond à la volonté d’éviter qu’une « obstination médicale déraisonnable » n’impose d’inutiles souffrances au patient ; c’est le refus de l’« acharnement thérapeutique » qui permet de refuser les traitements « inutiles, disproportionné ou qui n’ont d’autre objet que le maintien artificiel de la vie ».
« Traitement » : le mot dit bien ce qu’il veut dire et ne désigne pas de lui-même les soins ordinaires dus à tout patient et d’ailleurs à tout homme dans la mesure du possible : un toit, l’hygiène, la nourriture et l’eau.
L’entourloupe de la loi Leonetti, qui apparaît dans ses travaux préparatoires et qui est confirmée dans le rapport d’évaluation de l’application de la loi par le même Jean Leonetti, consiste à classer le soins ordinaire qu’est la nourriture (même administrée par sonde) au nombre des « traitements médicaux ».
L’ordonnance de samedi prend acte de cette possibilité et suit non la lettre de la loi, mais ces éclairages plus que douteux du point de vue du droit, puisque la loi interdit au médecin tout acte de nature à provoquer la mort.
On peut craindre que le droit français ne finisse par entériner cette interprétation qui aboutit à donner aux médecins un pouvoir de vie et mort sur leurs patients, même des patients qui comme Vincent Lambert vivent comme tout être humain grâce à l’absorption de nourriture et d’eau et qui ne souffrent d’aucune maladie qu’il faudrait soigner.
La morale et le bon sens imposent cependant de noter que la nourriture et l’hydratation même administrées autrement que par la bouche ne sont pas des soins extraordinaires ni un traitement médical : la vie qui est maintenue ainsi n’est pas plus « artificielle » que celle d’un nourrisson que l’on nourrit ou d’un malade trachéotomisé qui reçoit sa « ration de survie » par sonde. Il ne s’agit pas de prolonger par des moyens techniques disproportionnés une vie qui ne tient plus qu’à un fil. La preuve : c’est le refus de nourriture qui va opérer la dégradation de la santé du patient et provoquer, lentement mais sûrement, une mort cruelle.
2. Mais cette décision de refuser la nourriture et l’essentiel de l’hydratation doit répondre à des règles strictes. Il faut tenir compte de la volonté du patient si elle peut s’exprimer. Sinon, l’équipe médicale doit tenir compte, le cas échéant, si elles existent, de ses directives anticipées, mais ne peut prendre sa décision de mort sans consulter la famille et les proches du patient.
Et s’il y a opposition, il faut aussi en tenir compte.
Dans le cas de Vincent Lambert, ainsi que le plaida Me Jérôme Triomphe et ainsi que les pièces produites devant le juge allaient l’établir, la décision de mettre fin à sa vie a été envisagée dès le mois de janvier, et que l’épouse du jeune homme y a été « associée » dès début février. Mais ses parents n’en ont pas été tenus informés : certes on a parlé à sa mère, le 5 avril, sans précisions, mais assez pour que celle-ci manifeste sa ferme opposition à toute éventualité d’une telle décision.
Elle a été prise pourtant le 8 avril et mise en œuvre le 10 avril.
Les médecins qui soignent Vincent Lambert assurent que sa famille a été régulièrement tenue au courant… à partir du 25 avril. En effet ! Mme Lambert a été alertée par certains de ses enfants que Vincent, à ce qu’ils avaient remarqué, n’était plus nourri, et c’est elle qui s’est précipitée à Reims pour aller dire aux médecins son refus absolu d’une telle procédure qui constitue une mise à mort volontaire !
C’est sur ce point de non-respect de la procédure prévue par l’article 2. 4127-37 du code la santé publique que le juge des référés a donné raison à M. et Mme Lambert.
L’ordonnance souligne le défaut d’information dont ont ils été victimes par rapport à la mise en œuvre de la procédure collégiale par laquelle un médecin, conforté par l’avis favorable d’un autre médecin étranger au cas, peut décider de couper les vivres à un patient pour le faire mourir. L’ordonnance dénonce aussi que le fait que les parents « n’ont pas été informés de la nature et des motifs de cette décision ». Plus important encore, le juge souligne que « la décision d’arrêter l’alimentation et de limiter l’hydratation n’a pas pris en compte les souhaits des parents de M. Vincent », et ce quand bien même une partie de ses frères et sœurs et son épouse se sont montrés d’accord avec elle.
Autrement dit, en cas d’opposition de la famille, en l’occurrence le père et la mère de la victime qui sont tout de même on ne peut plus proches, les médecins ont l’obligation d’en tenir compte.
C’est un frein réel à l’application mortifère de la loi Leonetti, et cette affaire a eu pour premier mérite de le mettre en évidence.
Lorsque le médecin de Reims prétend remettre en route une procédure collégiale, cette fois en respectant les conditions posées par la loi, non seulement il soulignent en creux la manière illégale dont ils ont agi, mais il méconnaît ce droit des parents qu'en tout état de cause il doit respecter en s'abstenant de prendre une décision de mise à mort.
Il n’est pas inutile de noter que les documents médicaux produits par le CHU de Reims en défense de sa décision démontrent l’état de conscience réel quoique apparemment très diminué et le fait qu’il ressent des émotions. Ni que la décision de faire cesser son alimentation et de limiter fortement son hydratation ont fait suite à ce que l’équipe médicale appelle des « signes d’opposition comportementale de la part de M. Lambert lors des actes de “nursing” a fait suspecter un refus de vivre et a suscité une réflexion éthique au sein de l’équipe médicale ».
En clair : il a montré son inconfort lors de la toilette, des soins de bouche…
Cela leur a suffi.
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 13.05.13 10:41 | |
| L'euthanasie et les religions,l'impossible mariage dans notre monde? II- Histoire sur le débat de l'euthanasie Publié le 17 Janvier 2013, 16:17pm A ) Origine du débat et Législation en vigueur1) Origines du débat.L'euthanasie a été admise dans de nombreuses sociétés. Dans la Grèce et la Rome antiques, il était permis dans certaines circonstances d'aider un individu à mourir. Plutarque a rapporté qu'à Sparte l'infanticide était pratiqué sur les enfants qui manquaient de santé et de vigueur. Socrate comme Platon approuvaient certaines formes d'euthanasie dans des cas particuliers. Platon préconisait : « On laissera mourir ceux dont le corps est mal constitué » .L'euthanasie volontaire pour les personnes âgées était une coutume approuvée dans plusieurs civilisations de l'Antiquité. Le débat sur l’euthanasie commença réellement au début du XXème siècle. En effet, en 1906, le Parlement de l’Ohio adopta le texte suivant : « Toute personne atteinte d’une maladie incurable, accompagnée de grandes douleurs, peut demander la réunion d’une commission composée d’au moins quatre personnes, qui statuera sur l’opportunité de mettre fin à cette vie douloureuse. »La loi fut rejetée par la juridiction supérieure. Vingt ans après, Le Code pénal russe de 1922 libérait de toute peine l’auteur d’un homicide par pitié s’il pouvait prouver avoir agi sur la demande de la victime. Cette disposition ne resta en vigueur que pendant quelques mois. En 1936, à Londres, l’Association pour une législation de l’euthanasie volontaire soutint le dépôt d’une proposition de loi reconnaissant le droit d’un adulte à demander la mort s’il était atteint d’une maladie mortelle et incurable accompagnée de douleurs sévères. La Chambre des Lords rejeta ce projet. Parallèlement, Le Parlement de l’État de New York repoussa une proposition analogue en 1947. De plus, le 1er septembre 1939, le régime nazi ordonna la "mort miséricordieuse" (Gnadentod) de 200.000 enfants mal "formés, débiles ou incurables". Le gazage fut employé pour tuer les malades mentaux allemands dans le cadre de l’opération « euthanasie » qui débuta à l’automne de 1939 et fit plus de 70.000 victimes. En juillet 1941, Monseigneur Galen, évêque de Münster, rappela dans un sermon, qu’en citoyen respectueux des lois il avait porté plainte par lettre recommandée auprès du procureur du Reich du tribunal régional de Münster et du préfet de police de la même ville contre le meurtre de malades mentaux. Donnant des détails sur ces meurtres, Mgr Galen soulignait comment le nazisme ne cessait de violer les commandements de Dieu. Des copies de ce sermon furent distribuées à travers l’Allemagne et sur le front. La demande de Bormann et de Himmler de « pendre l’évêque ou au moins l’envoyer dans un camp de concentration » n’eut pas de suite, Hitler craignant, avec Goebbels, qu’elle n’entraînât la perte de la Westphalie catholique. Les nazis pratiquèrent également une euthanasie eugénique en exterminant des populations jugées inférieures. 2) Les lois en vigueur en FranceEn France, l'euthanasie fait partie de ces sujets de société extrêmement sensibles sur lesquels il est difficile de trancher. Faut-il offrir un cadre juridique qui permette aux médecins de répondre à la demande de ceux qui veulent abréger leurs souffrances ou faut-il continuer à poser un interdit sur cette aide à donner la mort ? Selon le droit français, la mort donnée à un patient, est considérée comme un homicide, quel que soit son état et sa volonté. De même, ne pas traiter un patient est assimilé à un acte de non-assistance à personne en danger. Ce sont des crimes punissables d'une peine allant de 30 ans de prison, à la réclusion à perpétuité, ainsi que l'interdiction au médecin d'exercer sa profession. L'article 38 alinéa 2 du code de déontologie médical français interdit au médecin de provoquer délibérément la mort du malade : "le médecin doit accompagner le mourant jusqu'à ses derniers moments, assurer par des soins et mesures appropriés la qualité d'une vie qui prend fin, sauvegarder la vie du malade et réconforter son entourage. Il n'a pas le droit de provoquer délibérément la mort". Une évolution de la loi ? • En 2003, Jean Leonetti, médecin et député des Alpes-Maritimes, est chargé par le président Jacques Chirac d'une "mission parlementaire sur l'accompagnement de fin de vie". Le 12 avril 2005, le Sénat adopte son texte de proposition de loi. Cette loi, relative aux droits des malades et à la fin de vie, interdit principalement l'euthanasie active et l'acharnement thérapeutique (traitements lourds et difficiles à supporter alors que le patient n'a plus aucune chance de s'en sortir), prône le recours aux soins palliatifs et donne le droit au patient de refuser un traitement et pour les médecins de "laisser mourir". Cette décision doit être prise par plusieurs médecins, en concertation avec le patient ou sa famille. Cette loi contient aussi une nouveauté, qui permet à toute personne majeure de rédiger des directives sur les traitements qu'on lui feraient s'il en venait à être en état d'inconscience. -Le cadre actuel de la loi Leonetti correspond donc bien à ce que les religions ou enseignent et estiment devoir respecter. Elle permet cet équilibre entre deux exigences difficiles à concilier : le respect de la vie et le soulagement des souffrances. Il ne saurait donc être question de la modifier dans un sens ou dans l’autre, ce qui romprait ce fragile équilibre. « La loi Leonetti ne contredit pas l’éthique juive car elle permet d’utiliser un soulagement qui permettra au malade en fin de vie, de ne pas souffrir ; en revanche, le soulagement doit être donné par une dose qui soulage et qui ne hâte pas la vie. » En conclusion, le catholicisme rappelle que :« L'euthanasie est une fausse pitié et plus encore une inquiétante perversion de la pitié ; la vraie compassion rend solidaire de la souffrance d'autrui, mais elle ne supprime pas celui dont on ne peut supporter la souffrance. » • Discutée le 25 janvier 2011 en séance publique au Sénat, la proposition de loi visant à légaliser l'euthanasie en France a été rejetée. •Le rapport Sicard. Le Président de la République Francois Hollande a reçu ,ce 18 décembre 2012 ,le Professeur Didier Sicard qui lui a remis le rapport de la commission de réflexion sur la fin de vie qui lui avait été confiée en juillet dernier. Le Président a rappelé qu’il accordait une grande importance à ce que ce sujet soit abordé dans le respect des différents points de vue. Il a remercié vivement le Professeur Sicard et les membres de la mission de la qualité du travail accompli. Le Président a pris également acte du constat établi que malgré les apports indéniables de la loi Léonetti, la législation en vigueur ne permet pas de répondre à l’ensemble des préoccupations légitimes exprimées par des personnes atteintes de maladies graves et incurables. Voir:http://www.social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport-de-la-commission-de-reflexion-sur-la-fin-de-vie-en-France.pdf3) Lois en vigeur en Europe Carte de la légalisation de l'euthanasie en Europe. De nombreux Etats ont dû encadrer le traitement de la fin de vie. Les législations actuelles distinguent: les euthanasies actives, passives, et l’aide au suicide. •L’euthanasie encadrée, mais légale : la Belgique et les Pays-Bas autorisent depuis 2002 l’euthanasie dite active, c’est-à-dire l’acte volontaire d’abréger la vie du patient – sous conditions. • La loi belge parle de "souffrance psychique et physique constante et insupportable" ; • Les textes néerlandais précisent notamment que le patient doit avoir formulé une demande répétée, et que la maladie doit être incurable. Depuis 2004, l’euthanasie est également possible pour les enfants de moins de 12 ans. • L’Espagne est un cas particulier, qui se distingue par la priorité donnée au choix du patient. Depuis 2000, 13 des 17 régions hispaniques obligent les médecins à suivre les directives anticipées rédigées, le cas échéant, par le malade. Même si ce dernier doit en mourir. Tolérance envers l’euthanasie "passive" : l’arrêt des traitements curatifs, ou des instruments et produits maintenant le patient en vie, est toléré ou légalisé dans plusieurs pays européens. •En Finlande, Hongrie et Norvège, les législations autorisent l’euthanasie passive, uniquement sur demande du patient pour ces deux derniers pays. •L’Allemagne, la France, la Suède et la Suisse ont en quelque sorte dépénalisé cette pratique, qui reste donc entourée d’un flou juridique. • Ainsi en France, la loi du 22 Avril 2005 relative aux droits des malades en fin de vie (loi Leonetti) réaffirme la primauté des soins palliatifs, tout encadrant l’arrêt des traitements dans le but de respecter la dignité du mourant. • La Suisse et la Suède admettent le suicide assisté : un tiers peut donner la mort au mourant qui en exprime la volonté, sans être en mesure d’agir de lui même. •Grande-Bretagne, Grèce, Italie, Pologne et Portugal considèrent, légalement, que l’euthanasie est un crime. Mais les autorités judiciaires ou médicales vont parfois à l’encontre de cette doctrine. B) Débat actuel à toutes les échelles .1) L'euthanasie et nos politiciens :
- L'euthanasie vue par Nicolas Sarkozy :
Les différents élus de l’UMP n’ont pas tous la même opinion. Cependant, dans un entretien publié dans le Figaro Magazine diffusé le 9 février 2012, l'ex-président de la République se dit défavorable à un changement de législation sur l’euthanasie : “L’euthanasie légalisée risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux et serait contraire à nos conceptions de la dignité de l’être humain”. Il estime : ”La loi Leonetti est parfaitement équilibrée, elle fixe un principe, celui du respect de la vie.”
- L'euthanasie vue par François Hollande :
François Hollande souhaite que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique « insupportable » et qui ne peut être apaisée, puisse demander, « dans des conditions précises et strictes », à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité.
- L'euthanasie vue par Marine Le Pen :
La position du Front National apparaît moins tranchée sur la question qu’auparavant, mais le parti reste vigoureusement opposé à une loi légalisant l’euthanasie. Ainsi, la vice-présidente du FN chargée des Affaires Sociales, Marie-Christine Arnautu, craint qu’une telle autorisation amène des « dérives, comme se dire qu’il n’y a plus d’espoir, seulement pour des raisons matérielles et financières ». Elle a par ailleurs qualifié la proposition de loi de Janvier 2013 sur l’euthanasie de « législation de l’assassinat ».
- L'euthanasie vue par Eva Joly :
Dans une réponse à l’ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, engagée en faveur de l’euthanasie), Eva Joly a déclaré être « « favorable » à « l’aide active à mourir strictement encadrée » ainsi qu’au « renforcement des soins palliatifs et de l’accompagnement » car pour elle, « il n’y a pas de contradiction entre liberté et solidarité » en ce qui concerne la fin de vie, saluant au passage le « combat pour la liberté » mené en par l’ADMD (droit à mourir dans la dignité).
- L'euthanasie vue par Jean-Luc Mélenchon :
A titre personnel, Jean-Luc Mélenchon est favorable à l’euthanasie. Malgré tout, l’euthanasie est un sujet très sensible, c’est pourquoi il doit faire l’objet d’un débat public qui pourrait s’achever par un referendum. C’est aux français qu’appartiendra ce choix.
- L'euthanasie vue par François Bayrou :
Le MoDem juge sage de se limiter à la loi Léonetti de 2005, bon équilibre entre les écueils que constituent d’un côté l’acharnement thérapeutique et de l’autre le suicide assisté. Le porte-parole Yann Wehrling estime qu’ « un débat inspiré des pratiques réelles est raisonnable» et qu’« il ne faut pas se limiter aux enquêtes d’opinion ». 2) Un débat sur lequel de nombreux personnes s’interrogent... De nos jours, le débat de l'euthanasie ne cesse d'être remis en question. Nombreuses sont les personnes, qu'elles soient célèbres ou méconnues qui par quelconques actions donnent leurs points de vue. a) L'ex-président du Sénat hostile au texte sur l'euthanasie : L'ex-président du Sénat, Gérard Larcher, a déclaré : "Moi, personnellement, je ne voterai pas un tel texte, qui arrive alors que l'on n'a pas encore mis en œuvre la loi Leonetti sur les soins palliatifs". Il a fait valoir que, sur l'objectif de trois mille lits dévolus aux soins palliatifs fixé par la loi Leonetti de 2005, "on en est encore à un peu moins d'un tiers". Ce débat sur l'euthanasie "doit nous permettre d'accentuer l'évaluation de la loi", regrettant que "l'on ait tendance à changer la loi avant même d'évaluer l'impact" de la précédente. » Selon lui l'euthanasie est: « une proposition de loi cynique, dangereuse et indigne » b ) Le président de l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, Jean Luc Romero. Jean-Luc Romero est connu pour son engagement sur lesquestions de société. Elu de la région Ile de France, il est aussi le président de l’Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité. Et c’est précisément ce combat qui l’amène à sillonner la France, au gré de réunions publiques. Nous avons donc recueilli un interview au sujet de l’euthanasie qu’un journaliste lui a fait cette année. -Qu’est ce que le droit de mourir dans la dignité selon vous ? « La question de notre fin de de vie ne nous appartient souvent plus. On en fait une affaire médicale alors que c’est une affaire citoyenne, éthique, personnelle. Concrètement, c’est la possibilité de prendre un produit, de s’endormir sans souffrance après qu’un médecin ait prescrit ce produit si vous entrez dans les conditions. Notre combat n’est pas un combat pour un petit jeune qui a un chagrin d’amour ou une personne qui fait une dépression. Mais quand la vie s’en va, quand les souffrances sont insupportables, il faut pouvoir être entendu. Aucun principe dans une république laïque ne vous oblige à aller jusqu’au bout du bout. » -Qui peut prendre une telle décision ? Ce qu’on demande à l’ADMD, c’est de copier la loi qui existe en Belgique ou au Luxembourg. La condition première, c’est la volonté de la personne. C’est elle et elle seule qui doit décider. Ce ne sont ni les héritiers ni les médecins. -François Hollande a confié une mission au Professeur Sicard sur la question ? « Des missions, il y en a eu suffisamment, on sait tout sur cette question. On n’a pas besoin d’une mission supplémentaire mais d’une loi. Cette commission Sicard est composée exclusivement de soignants. L’ADMD a d’ailleurs été écartée. On fait tout pour que les Français ne s’emparent pas de cette question. » - Faites-vous confiance à François Hollande pour légaliser l'euthanasie ? « Je lui ai écrit un courrier où je m’inquiétais de la mission Sicard. Je sais qu’il entend mes messages. J’espère qu’il va enfin permettre à chacune et chacun d’entre nous d’avoir cette ultime liberté. Il faut qu’il tienne l’engagement qu’il a pris, la proposition 21 de son programme. Beaucoup de parlementaires à travers le pays ont été élus sur cette proposition. Il est temps de légiférer. » c) L'archevêque de Paris: Ce dernier a publié une tribune dans Le Figaro , à propos des lois bioéthiques et des projets de loi sur l'euthanasie : "Ce qui est en jeu, c’est le respect imprescriptible de la dignité humaine.Ne pas reconnaître cette dignité, par un manque de lucidité ou de sérieux, c’est immanquablement faire le jeu destructeur de la violence. [...] Des résultats sérieux semblent montrer que la recherche sur les cellules souches adultes ou reprogrammées est la voie des véritables découvertes thérapeutiques : notre pays ne devrait-il pas concentrer ses énergies sur ces recherches et devenir davantage une terre d’excellence dans ce domaine ? De même, la prise en charge médicale de la douleur a beaucoup progressé depuis quelques années et les soins palliatifs ont inauguré une nouvelle forme de rapport aux maladeset à leur environnement : quels sont les moyens à mettre en oeuvre aujourd’hui pour progresser aussi bien dans le traitement de la souffrance que dans l’accompagnement social des pathologies les plus lourdes et de la dépendance ? Se laisser aller à la tentation de l’eugénisme, en stigmatisant qui plus est la population déjà fragile des personnes trisomiques et de leurs familles, considérer la recherche sur l’embryon, avec les destructions qui l’accompagnent, comme normale, voire nécessaire, céder aux pressions financières et commerciales qui se cachent parfois sous le masque d’un scientisme naïf, ne rien offrir d’autre que la mort aux malades qui attendent de l’aide, serait à proprement parler suicidaire pour notre société. Pour nous catholiques [...] ne pas dénoncer cette tentation suicidaire serait de la non-assistance à société en danger." |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 13.05.13 18:39 | |
| Légalisation/dépénalisation de l’euthanasie : un regard européen
Bilan de la situation aux Pays-Bas
Gerard den HERTOG*
Il y a quelques années en Allemagne, et maintenant en France, on m’a interrogé sur la pratique de l’euthanasie aux Pays-Bas. Depuis vingt ans, en Hollande, les débats sur ce sujet ont été peu nombreux. Auparavant, de très vives discussions ont créé de profondes divisions dans la société. Mais, récemment, le débat s’est ranimé.
La situation aux Pays-Bas est très différente de celle des autres pays européens. Je vais la résumer en soulevant quelques points particuliers. Un esprit de libéralisme a prévalu aux Pays-Bas, et l’abandon des normes et des valeurs s’accélère. Ce tableau peut cependant être nuancé. Les pays européens peuvent certainement tirer des leçons de l’évolution de la situation aux Pays-Bas dans ce domaine. Cela s’impose d’autant plus que les sondages d’opinion et les discussions sur la législation montrent que l’évolution dans le sens d’un assouplissement n’est pas constante.
I. L’historique du débat sur l’euthanasie et ses motivations
Un historien américain, dont la mère et l’épouse sont d’origine hollandaise, J.C. Kennedy, a publié plusieurs livres sur les Pays-Bas de l’après-guerre, en particulier dans les années 1960, au cours desquelles l’Eglise catholique et l’Eglise réformée ont connu de profonds changements.
Pour ces deux Eglises, il existait un front bien établi de convictions solides qui ne se discutaient pas. A partir des années 1970, l’image est totalement différente, en tout cas pour les Eglises réformées. Dans son premier livre, Kennedy montre comment ces changements se sont opérés; et dans une étude publiée il y a trois ans, il décrit le développement du débat hollandais sur l’euthanasie à partir des années 1960, débat qui a été grandement influencé par les changements intervenus dans les Eglises.
Kennedy donne une explication de la sécularisation explosive qui est intervenue dans les années 1960 aux Pays-Bas. Il souligne que les responsables des Eglises catholique et réformée, je cite, « se sont à peine opposés aux bouleversements des valeurs et des normes de la population (et) en fait (…), ils en étaient même les partisans et les promoteurs sous le slogan à la mode: ‹Nous voulons du nouveau! »1 Il montre que la « révolution » des années 1960 n’a pas été suscitée par des groupes de pression. Elle a été rendue possible parce que les dirigeants du monde ecclésial, social et politique mettaient en doute un certain nombre de certitudes traditionnelles… En fait, dans les années 1960, ils se sont identifiés aux jeunes, parce qu’ils se posaient les mêmes questions que cette nouvelle génération. L’une des conséquences de cette attitude fut le manque d’esprit critique à l’égard de cette nouvelle culture ainsi que le désintérêt et l’abandon des richesses de la tradition chrétienne2. Suite à ce processus, la sécularisation et la déchristianisation se sont fortement développées. Selon Kennedy, telle est l’origine de la situation actuelle.
Un théologien réformé a incarné et stimulé plus qu’aucun autre cette évolution: H.M. Kuitert. Sa définition de l’euthanasie, en 1981, a été déterminante dans les débats des années suivantes: « L’euthanasie est une action volontaire (qui inclut aussi une passivité délibérée) d’une personne pour abréger la vie d’une autre personne qui le demande. »3
Il y a trois ans, Kennedy a publié une nouvelle étude annotée, dans laquelle il aborde le débat sur l’euthanasie aux Pays-Bas. L’intérêt de ce livre réside surtout dans la vue d’ensemble qu’il donne du débat. Pour moi, alors tout jeune étudiant, ce livre m’a permis de mieux comprendre les événements, de trouver des informations complémentaires et, enfin, de mieux saisir les grands thèmes du débat.
Son point de départ remonte, sans doute, à 1969, avec la parution du livre de J.H. van den Berg Pouvoir médical et éthique médicale4. Ce pamphlet d’une cinquantaine de pages était illustré par des photos saisissantes, comme, par exemple, celle d’un jeune homme amputé sous le diaphragme. Cette image choquante reflète le pouvoir de la médecine. La question qui vient immédiatement à l’esprit est la suivante: la médecine doit-elle mettre en œuvre tout ce qu’elle est en mesure d’accomplir? Une autre photo, sans commentaire, montrait une mère auprès du lit de son fils en état de mort cérébrale. Question: doit-on maintenir ce garçon en vie alors qu’il est réduit à une vie végétative?
Le livre de van den Berg a joué un rôle important et efficace dans le débat sur l’autorisation de l’euthanasie. L’auteur y rejette même la possibilité de distinguer clairement l’euthanasie « passive » de l’euthanasie « active ». Les exemples, illustrés par les photos, montrent que la médecine peut faire reculer considérablement la frontière de la mort. L’idée se répand alors que l’homme a pris la responsabilité de prolonger la vie et qu’il lui incombe donc de favoriser une mort digne. L’euthanasie est considérée comme, je cite, une « réponse nécessaire (…) à la crise provoquée par l’avancée de la technologie médicale »5.
Les théologiens des années 1960 ont renforcé cet argument en présentant une autre conception de Dieu. H.M. Kuitert considère l’homme comme un collaborateur de Dieu dans son œuvre créatrice et rédemptrice. Dans son livre Stellvertretung (substitution, remplacement) dont le sous-titre est: « Un chapitre de théologie après la mort de Dieu », la jeune théologienne allemande Dorothée Sölle affirme que Dieu a agi assez longtemps pour nous et que, désormais, c’est à nous d’agir pour lui!6 Par ces paroles énigmatiques, elle veut nous conduire à abandonner la « vieille » théologie « métaphysique » d’un Dieu grand et d’un homme petit, et à considérer Dieu et l’homme comme des partenaires. Dans la réconciliation, Jésus ne nous exclut pas, mais il garde notre place jusqu’à ce que nous soyons nous-mêmes capables d’accéder au rang de partenaires.
C’est ainsi que commence le débat sur l’euthanasie aux Pays-Bas dans les années 1970. L’éthicienne Heleen Dupuis affirme, en 1976, que « la distinction établie entre euthanasie active et passive repose sur une méconnaissance des possibilités médico-technologiques actuelles ». Elle n’est pas suivie immédiatement par tous. La Société royale néerlandaise pour la médecine (KNMG) maintient alors une distinction significative7.
Au début des années 1980, une majorité parlementaire se déclare pour la libéralisation de l’euthanasie, qui est, alors, rendue légale sous certaines conditions. Les protestants orthodoxes et les catholiques conservateurs réagissent négativement. Mais, à la différence du débat sur l’avortement – qui avait eu lieu auparavant et qui avait aussi abouti à une libéralisation de la législation -, la protestation reste faible et peu organisée. Comment cela peut-il s’expliquer? Trouve-t-on que l’acte de mettre activement fin à la vie est moins condamnable que l’avortement? Non, répond Kennedy, la société croit que l’évolution en cours est irréversible et, par conséquent, que la résistance n’a guère de sens8. Les partisans d’une libéralisation de l’euthanasie présentent leur cause comme « inévitable »: le pouvoir accru de la médecine et l’autonomie de l’homme ne permettent plus une autre attitude.
Kennedy fait remarquer que sur ce point les chrétiens ont des opinions divergentes, certains d’entre eux se rangeant parmi les opposants les plus déterminés à la législation sur l’euthanasie. Mais, par ailleurs, il suggère que « l’acceptation relativement facile de l’euthanasie aux Pays-Bas est rendue possible par la morale chrétienne ou religieuse, particulièrement forte dans les débats dans les années 1970 »9. Comment expliquer cela?
On l’a vu, c’est précisément à cette époque qu’un changement s’est opéré, notamment dans les Eglises réformées. Dans les années 1960, « la morale réformée »10 traditionnelle était perçue par beaucoup comme contraignante et arriérée; elle a donc été abandonnée. Dans la nouvelle théologie, la dimension « verticale » de la foi chrétienne, la relation à Dieu, coïncide avec la relation « horizontale », avec le prochain. Pendant ces années, on a découvert le tiers monde, la justice au niveau mondial et la solidarité avec l’homme souffrant. Avec le même zèle manifesté pour suivre le style de vie réformé, on s’est livré à une nouvelle approche éthique. Servir Dieu est revenu à servir l’homme, et les normes définies par la loi de Dieu ont été discrètement ou résolument mises de côté. Lorsque le service de Dieu se confond avec le service de l’homme, celui-ci pense pouvoir déterminer ses propres normes et décider de ce qui est bon pour lui ou non. Ces nouveaux réformés sont devenus de fervents avocats d’une autre législation sur l’euthanasie, en faisant appel à la notion biblique de compassion11.
Lors de cette première phase du débat, le vieillissement de la population a joué un certain rôle. On argumente en affirmant que la société ne pourra pas supporter longtemps les dépenses engendrées par le nombre croissant de personnes très âgées atteintes de sénilité. Les raisons socio-économiques jouent un rôle important et rappellent ce qui s’est passé en Allemagne nazie. Un reproche souvent adressé aux partisans de l’euthanasie aux Pays-Bas est « le manque de compassion et de solidarité qui est à la base de (…) leur acceptation de l’euthanasie »12, ce qui se comprend en fonction du débat sur le problème du vieillissement de la population. Les Hollandais gardent le sentiment que le danger de se débarrasser des personnes âgées est grand et, malgré toutes les tentatives, rien n’a réellement abouti à ce jour13. Les avocats de l’euthanasie ont compris, dès les années 1970, que cet argument entravait l’élargissement de la législation. A partir du début des années 1980, cet argument n’apparaît plus dans les débats. Cela permet de mieux comprendre que les motivations des partisans de l’euthanasie étaient d’ordre moral. Ils croyaient simplement qu’on ne pouvait pas commettre une erreur en agissant par « humanité », par compassion14.
Un autre argument important a été que l’homme doit être protégé des excès de la technologie. On affirme que la technologie ne peut pas contribuer au bien-être psychique ou social. L’enjeu pour l’homme est une existence digne d’être vécue. Si cette dignité est remise en cause, il ne faut pas maintenir en vie, à tout prix, à l’aide de la technologie15. La notion de « souffrance insoutenable » est alors l’un des critères déterminants. La difficulté vient de la définition même de ce critère. Quelqu’un peut jouir d’une bonne santé physique, mais souffrir sur le plan psychique. Peut-on, dans ce cas, parler de « souffrance insoutenable »? Vers la fin des années 1970, des voix s’élèvent pour défendre l’aide au suicide16. De nouveau, la compassion est un argument important: ne doit-on pas avoir pitié des conducteurs de train lorsque des gens se jettent sous les roues de la locomotive? Et ne doit-on pas préserver ceux qui ne veulent plus continuer à vivre de sauter dans le vide du haut d’un immeuble? Ces personnes n’ont-elles pas droit à une mort dans une atmosphère de chaleur et de sécurité?
Ces arguments ont pesé très lourd aux Pays-Bas jusque dans les années 1990, au point que l’on a hésité à créer des hospices. Cela était considéré comme une atteinte à la dignité humaine.
Le mot clé de la législation néerlandaise sur l’euthanasie est: libre disposition de soi-même. Cela n’est pas compris par rapport au seul patient, comme dans le monde anglo-saxon où, par exemple, un malade a le droit de refuser un traitement. Dans le débat néerlandais, l’homme est abordé avant tout comme partie intégrante d’un tissu social. Par conséquent, le décès d’une personne n’est pas considéré isolément, comme s’il ne concernait que cette seule personne, mais comme un événement plus large qui touche également son entourage. Cette approche propre aux Néerlandais a suscité un débat sur la relativisation du droit de disposer de soi-même17. L’accent est alors mis sur la concertation entre toutes les personnes concernées avant de pratiquer l’euthanasie. En tant qu’individu, j’ai le droit de disposer de moi-même, mais ce droit est restreint par la justification que je dois donner de mon choix à mon entourage18. Dans cette approche, il est clair que le médecin a aussi son mot à dire et qu’il a le droit de refuser l’application de l’euthanasie, s’il estime qu’il ne peut pas la justifier.
Tout cela a conduit à une législation qui repose sur le compromis. En résumé, l’euthanasie reste en principe condamnable, le médecin échappe aux poursuites pénales s’il se soumet à un certain nombre d’exigences, telles que la consultation d’un autre médecin et des membres de la famille, et l’accord d’une commission régionale.
Jusqu’au début des années 1980, la situation du patient jouait une rôle décisif: est-elle terminale? Le malade a-t-il atteint la phase de la mort ou non? En 1985, le Haut Conseil décidait que l’aide au suicide d’un homme à la fin sur le plan mental, pas seulement physique, était permis. Ce qui est décisif, ce n’est pas la proximité de la mort, mais le désir de mourir.
La législation n’est pas restée figée depuis le début des années 1980. En 1994, le droit à l’assistance au suicide a été aussi reconnu, sans qu’il soit question de souffrance physique incurable. La différence entre la souffrance somatique et la souffrance psychique disparaît complètement19. « Aucune des définitions actuelles de l’euthanasie ne mentionne la situation de l’intéressé ou la gravité de sa souffrance. »20 En outre, un changement s’opère dans la réflexion sur l’euthanasie et l’assistance au suicide au sein du milieu médical, comme cela est ressorti il y a quelques années21. Depuis 1999, même le médecin qui assiste au suicide ne sera pas puni.
La situation actuelle est régie par la législation en vigueur depuis le 1er avril 2002, qui admet « la non-condamnation du médecin qui applique l’euthanasie sur requête ou qui prête assistance au suicide en satisfaisant à certaines mesures de précaution »22.L’euthanasie sur requête et l’assistance au suicide restent condamnables, mais une clause d’exception protège le médecin de poursuites judiciaires. L’euthanasie reste un acte médical anormal et, dans les débats, les partisans de l’euthanasie continuent à se plaindre que le médecin ait le droit de refuser de pratiquer cet acte23. Les chiffres récents montrent que 2,3% des décès sont directement liés à une euthanasie suite à une requête, tandis que dans 0,7% des décès, l’euthanasie a été appliquée sans que le patient ait exprimé ce souhait. Si nous considérons les demandes, pour autant que nous disposions des chiffres, il apparaît que le médecin répond favorablement à 30% des requêtes d’euthanasie. Mais dans 28% des cas, il refuse parce que la volonté du patient n’est pas suffisamment nette. Enfin, dans 28% des cas, le malade décède avant l’intervention du médecin24.
Parfois, des malades vont très loin. Il y a quelques années, une jeune adulte gravement handicapée a fait un procès au centre hospitalier universitaire de Leyde en affirmant: « Je n’aurais pas dû être là. » Elle reprochait aux médecins de ne pas avoir pratiqué l’euthanasie lorsqu’ils ont découvert son handicap. Mais le contraire arrive aussi. A la fin janvier 2005, la revue néerlandaise de médecine Tijdschift voor Geneeskunde a publié un article qui a fait grand bruit25. Cet article montrait, chiffres à l’appui, que l’on pratiquait l’euthanasie sur des bébés – par définition incapables de manifester une volonté – sans que cela donne lieu à des poursuites pénales. Les médecins semblent s’octroyer le droit de pratiquer l’euthanasie sur des bébés nés avec la maladie spina bifida, argumentant que ces enfants devaient endurer une vie de souffrance sans issue. Les vingt-deux cas mentionnés ont été déboutés par la justice. Olga de Wit (27 ans) a été très choquée et a réagi26. Elle est née avec cette maladie, elle a terminé ses études en neuropsychologie et est actuellement étudiante en médecine. On a l’impression que les médecins présentent aux parents un scénario catastrophique, sans mentionner que cet enfant, comme en témoigne Olga de Wit, peut vivre dans de bonnes conditions. Ils ne les mettent pas non plus en contact avec d’autres parents qui ont vécu la même expérience et qui ont choisi de garder leur enfant.
Si l’on tient compte de tous ces aspects, la législation néerlandaise s’est développée comme l’avaient craint les adversaires de l’euthanasie. Pendant toutes ces années, les protestations et les divers arguments, comme le vieillissement de la population, ont cessé d’alimenter le débat. Le plus grand problème réside dans le glissement observé entre euthanasie passive et active, qui a pris la forme concrète d’aide au suicide, sans recours au critère de « souffrance sans issue ».
II. La théologie protestante
1. H.M. Kuitert
Le théologien H.M. Kuitert, né en 1924, a largement contribué à faire accepter l’euthanasie dans les grandes Eglises protestantes. Dans les années 1960, il a introduit une interprétation de la révélation selon laquelle Dieu et l’homme sont considérés comme des partenaires; il applique également ce principe au domaine de l’éthique: l’homme peut prendre part à l’action créatrice et re-créatrice de Dieu.
Depuis le début des années 1970, il a abandonné le lien direct entre le règne de Dieu et l’action humaine, mais il maintient la pensée que l’homme contribue à la connaissance de Dieu. Il a désormais moins de certitude; aussi va-t-il de l’éthique sociale vers l’éthique personnelle. Dans le même temps, il accorde à la raison (ratio) un rôle croissant.
En 1981, il publie Une mort désirée avec, en sous-titre, « Euthanasie et disposition de soi, problème moral et religieux ». Dans cet ouvrage, il pose comme « principe de base de la morale et de l’éthique (…) que nous ne devons pas nuire à notre semblable et encore moins le tuer »27. Il affirme que l’euthanasie est un acte moralement autorisé « dans la mesure où il s’agit d’un bienfait demandé pour une mort douce, et parce que l’intéressé dépend des autres pour cet ultime bienfait »28. Pour la fin de vie, il plaide donc prudemment en faveur d’une pratique de l’euthanasie, à condition que certaines précautions soient observées. Il pense pouvoir agir ainsi, car les progrès de la médecine nous donnent une plus grande responsabilité.
Les discussions n’ont pas cessé dans notre pays sur ce sujet. Kuitert lui-même a évolué dans sa pensée; il a retravaillé en profondeur son livre de 1981. Douze ans plus tard, il a publié une nouvelle version de ce livre sous le titre Peut-on mettre fin à une fin amère? et, en sous-titre, « Euthanasie dans le contexte de l’accompagnement des mourants »29. Kuitert élabore une réflexion très rigoureuse; il s’appuie sur la raison humaine autonome, sur la base de principes moraux, le bien commun des gens qui pensent de façon raisonnable et il cite, enfin, la Bible. Mais, là encore, il raisonne de façon pragmatique. Il exclut les textes contradictoires et traite la Bible comme si elle n’était qu’une pensée humaine sur Dieu. Le plan du livre manifeste clairement que la Bible est prise en compte, certes, mais au même niveau que notre pensée et sans prétendre accorder la moindre autorité à Dieu. Ainsi, Dieu est délibérément tenu à l’écart des débats éthiques.
Si on compare ce livre avec le précédent, Une mort désirée, on ne peut pas vraiment déceler de changement dans la vision éthique de Kuitert. La suite des développements et des débats l’a conduit à réviser sa position sur la question de l’euthanasie sans demande expresse du patient. Il affirme désormais que cela est permis sous certaines conditions. Il introduit une nouvelle partie, « Religion et vision du monde », dans laquelle il traite, entre autres, des questions de foi en relation avec la fin de vie. Le point de départ de la pensée de Kuitert est toujours que Dieu se révèle uniquement dans nos recherches et nos projets humains.
Du point de vue éthique, cela signifie que nous ne pouvons pas faire appel directement à la loi de Dieu. Notre responsabilité éthique s’étend aussi loin que nos possibilités technologiques nous le permettent, car si nous osons prolonger des vies humaines, nous devons aussi accepter, dans certaines situations, d’intervenir activement pour mettre fin à la vie (chapitre 15)30. C’est pourquoi Kuitert parle du passage de l’arrêt des soins à l’intervention active de l’euthanasie comme d’un « glissement (…) où nous ne pouvons pas dire précisément quand nous avons franchi la frontière »31.
2. W.H. Velema et J. Douma
Du point de vue réformé, une forte opposition est venue des professeurs d’éthique J. Douma, né en 1931, et W.H. Velema, né en 1929. Ce dernier a toujours maintenu la différence entre euthanasie active et passive contre Kuitert. Chez lui, comme chez Douma32, la conviction que la vie est un don de Dieu et qu’elle demeure dans ses mains joue un rôle décisif. Selon lui, le plaidoyer pour l’euthanasie active doit être considéré lié à une science médicale qui prend la place de Dieu: « Je vois l’euthanasie active entre autres comme une espèce de revanche héroïque sur l’expérience de cette impuissance, dans un monde qui prétend avoir un pouvoir médical illimité. »33
Cela ne conduit pas Velema à passer à côté de la détresse du malade en phase terminale. « La détresse et la souffrance du patient exigent de l’aide. Cette aide peut consister à lui donner des médicaments qui abrègent la vie. Dans ce cas, je ne parlerai jamais d’euthanasie. Le médecin qui donne ces médicaments n’a pas en vue la mort, et moins encore la mort prématurée du patient. Il vise à aider le malade en soulageant sa souffrance. Cela me semble en toute circonstance le rôle du médecin. »34 Par conséquent, il ne veut pas, dans ce cas précis d’euthanasie passive, utiliser le terme euthanasie. « Car si l’on abrège la vie, on ne détermine pas le moment de la mort. »35
Velema ne veut pas seulement attirer l’attention sur une science médicale qui outrepasse ses limites, mais sur l’orientation de la société en général: « Si nous ne réussissons pas à développer une éthique médicale basée sur des principes, alors le patient se trouvera perdu dans la jungle des luttes d’intérêts, où règne le droit du plus fort. »36
III. Protestation de la société
1. Dans les années 1985
Après que, à la fin de 1984, le Haut Conseil ait décidé que l’euthanasie était « un acte justifié » si le médecin se trouvait dans « une situation de détresse », une première phase du débat sur l’euthanasie s’est achevée. On peut dire qu’à partir de ce moment-là, l’euthanasie active était légitimée en droit. Ceci, même si l’avis du Conseil d’Etat, « Euthanasie », de 1985, en vue de prendre des dispositions légales en faveur de l’euthanasie et de l’assistance au suicide n’est pas suivi, et que la proposition de loi de Mme E. Wessel-Tuinstra échoue, surtout grâce au parti CDA (Appel chrétien-démocrate).
En janvier 1986, la criminologue C.I. Dessaur écrit dans la revue Délit et délinquant un article enflammé intitulé « Euthanasie: le suicide sur malades et personnes âgées »37, dans lequel elle introduit le néologisme « euthanasiasme » pour désigner l’euthanasie active qu’elle perçoit dans la société. Elle-même, Juive rescapée de la Seconde Guerre mondiale, ne craint pas de faire un rapprochement direct avec le national-socialisme. En voici une citation éloquente: « Bien que les Pays-Bas se soient formellement libérés du joug allemand (…), il apparaît que le poison du national-socialisme a pénétré profondément dans notre conscience collective. Quarante ans après Hitler et son eugénisme, il n’est vraiment pas facile pour les opposants à l’avortement et à l’euthanasie active d’expliquer quelles sont leurs objections contre les faiseurs d’anges ou les « bienfaiteurs » qui, avec une seringue, ne désirent que trop délivrer leur prochain des souffrances de ce monde. »38
C.I. Dessaur attribue le changement intervenu dans la réflexion sur l’euthanasie à l’« hédonisme matérialiste et/ou au socialisme porteur de salut ».39 Sa crainte est que « si on donne libre cours aux actuels anges de la mort, les critères pour l’extermination (…) ne vont pas cesser de s’assouplir. A cause des basses pulsions égoïstes présentes dans chaque individu, une tentative d’euthanasie généralisée pourrait constituer l’aboutissement, nullement imaginaire, de ce qui, aujourd’hui, est encore présenté comme ‹une assistance médico-sociale salutaire pour pionniers courageux›. L’héritage spirituel du national-socialisme, emballé dans le drapeau rouge du salut du groupe ou dans le plastique de l’hédonisme individualiste, ne peut conduire à rien d’autre qu’à la barbarie totale, à lapeur de tous envers tous, à l’anéantissement de ce qui a été notre civilisation. »40 Une très vive discussion s’est ensuivie. Cela n’empêche pas la caravane euthanasie de poursuivre son chemin, laissant derrière elle C.I. Dessaur, une voix criant dans le désert.
Dans le même ouvrage, un autre criminologue, C.J.C. Rutenfrans, exprime également son opinion en mettant de grands points d’interrogation après le terme « volontaire/libre » de la demande d’euthanasie. La condition indispensable de l’euthanasie (« situation de détresse sans issue ») n’exclut-elle pas, en fait, que quelqu’un puisse encore agir librement?41 Ceci est d’autant plus préoccupant quand on voit comment sont traités les personnes âgées, les malades et les handicapés42. Une telle situation fait aussi que la personne ne peut guère offrir de résistance à la pression de la famille, des soignants et des médecins43.
Le seul fait qu’il y ait une « possibilité d’euthanasie librement consentie va à la longue miner sérieusement la disposition des familles, des soignants et des médecins à prendre soin des malades et des personnes âgées. Les patients qui demandent plus d’attention que la moyenne seront, du moins implicitement, accusés d’égoïsme. »44 Les objections faites à une « disposition de soi » effective trouvent un réel écho, mais ne parviennent pas à renverser le courant.
2. La mort pour la vie
En 1995, une nouvelle tentation surgit, aux Pays-Bas, dans le débat sur l’euthanasie. A ce moment-là, l’assistance au suicide est acceptée en fait, et cela sans que l’on en donne encore des raisons objectives. Les auteurs ne sont ni des orthodoxes protestants, ni des catholiques contestant à partir de leur foi. Le philosophe H.J. Achterhuis établit un lien entre la nouvelle pratique de l’euthanasie et la montée d’une pensée utopiste qu’il a étudiée en profondeur. A noter qu’il appartient à la génération qui s’est laissé inspirer par les révolutions de Mai 1968 et, par là, par une pensée utopique dont il se détourne maintenant parce qu’il réalise à quoi elle conduit. Dans notre culture occidentale, c’est « chez Tomas More et Francis Bacon, les deux grands utopistes des XVIe et XVIIe siècles – qui devancent, dans leur projet de nouvelle société, notre société moderne -, qu’il est, pour la première fois de l’histoire, question d’accepter l’euthanasie »45. Il renvoie à Philippe Ariès, qui a longuement approfondi et étudié le thème de la mort et du mourir dans notre culture et qui a montré que le médecin se retire lorsque la mort s’annonce46.
Comme C.I. Dessaur, mais de manière beaucoup plus argumentée, Achterhuis établit le lien avec la « compassion » comme fondement de la morale dans la pensée de J.-J. Rousseau. « Aux motivations personnelles les plus pures possibles se mêlent inévitablement des motivations moins pures, comme le désir de pouvoir et la folie de la grandeur. »47Il se rallie à l’analyse de Hannah Arendt qui signale, sur ce point, une différence fondamentale entre les révolutions en Europe et la révolution américaine. J.-J. Rousseau a exprimé un sentiment général lorsqu’il a parlé d’une « répulsion innée vis-à-vis de la souffrance d’une autre créature ». « Depuis, la passion de la compassion a animé et motivé les meilleurs hommes de toutes les révolutions. »48Déjà, lors de la Révolution française, la combinaison entre une pensée utopique – c’est-à-dire l’idée que l’homme est à même de créer un monde meilleur avec les forces intellectuelles et morales qui sont les siennes et que c’est là sa vocation – et la compassion a suscité une ligne de démarcation sociale entre le peuple digne de compassion et ceux qui, par leur pouvoir intellectuel et leurs « lumières », étaient à même de discerner et de mettre en œuvre l’« intérêt général ».
C’est ce même développement que H.J. Achterhuis et J.F. Good voient se dessiner dans le développement spécifique du débat sur l’euthanasie aux Pays-Bas. La justification de l’euthanasie active se trouve dans la responsabilité que nous devons prendre vis-à-vis de la personne en détresse. C’est ce qui explique que, dans le débat aux Pays-Bas, on néglige et même on nie la différence réelle entre euthanasie passive et euthanasie active; c’est là une pente glissante. Un journaliste, P. van der Eijk, a pointé du doigt des questions soumises au public, en 1985, par un institut de sondage reconnu (NIPO) et dans lesquelles l’administration de certaines substances létales à des parents ou à d’autres membres de la famille, par des non-médecins sans concertation avec quiconque, est appelée « euthanasie active », alors qu’elle n’est, en fait, rien d’autre qu’un meurtre49. Ce que Hannah Arendt a dit, en 1963, des révolutions modernes s’applique également au zèle avec lequel, aux Pays-Bas, on a forcé la réglementation légale sur l’euthanasie: « La compassion, comprise comme source de bonne morale, est apparue comme conduisant à une plus grande cruauté que la cruauté elle-même. »50
Conclusion
1. Aux Pays-Bas, les partisans de la législation de l’euthanasie se sont opposés avec indignation au parallèle fait entre le développement de l’euthanasie de ces dernières décennies et l’euthanasie pratiquée dans l’Allemagne nazie. Ils n’ont pas, cependant, perçu suffisamment le fond du problème et évalué sa relation avec l’évolution de la culture moderne. Récemment, H.W. de Knijff a parlé d’un « prêt à penser », entendant par là une « façon de penser imposée par la science et par la société »51, une « conception radicale de l’autonomie humaine ». Associée à la disponibilité de moyens technologiques croissants, elle (cette conception radicale de l’autonomie humaine) conduit, dans bien des domaines, à un comportement de grande exigence envers la vie, exigence qui ne connaît d’autre limite que celle de ce qui est techniquement impossible. Dans bien des cas, cela revient à ceci: susciter la vie et mettre fin à la vie quand et comme je le souhaite52.
Si le débat a pu se dérouler de cette manière aux Pays-Bas, c’est parce que l’on n’a pas vu et pas voulu voir qu’il existait un lien entre l’idée que l’homme est collaborateur de Dieu et celle qu’il agit à la place du « Dieu mort ». Karl Popper a dit que jusqu’à présent toutes les tentatives pour établir le ciel sur la terre n’ont fait que produire l’enfer. Il serait injuste d’attribuer les nombreux cas de meurtres par euthanasie effectués par des médecins ou des soignants à l’assouplissement de la loi sur l’euthanasie. Néanmoins, il est légitime de se poser la question de savoir si toutes ces situations où l’on représente et défend l’euthanasie comme un acte de compassion ne sont pas liées aux arguments qui sous-tendent le débat. Le sociologue des religions M.B. ter Borg, lui-même agnostique, affirme que ce qui caractérise l’homme d’aujourd’hui, c’est qu’il cherche « de plus en plus le paradis dans le présent »53, un plus grand bonheur et le recul de la frontière de la mort. La quête de la satisfaction immédiate, du plaisir, est devenue une religion; cela est lié à l’obsession de la mort et à la fascination qu’elle exerce, ainsi qu’au fait de considérer la médecine comme un recours en situation de détresse. Pourtant, et cela doit être bien clair pour nous, nous ne pouvons pas répondre à cet appel par l’euthanasie. Les images de la publicité sont perçues comme mensongères. Les feuilletons télévisés avec leur manque de normes ne convainquent pas. La confiance dans les médecins en tant que prêtres modernes s’arrête là où s’arrêtent leurs capacités, c’est-à-dire devant l’euthanasie.
Le débat sur l’euthanasie est lié à la volonté acharnée d’obtenir de la vie tout ce qu’on peut en tirer, et là où la vie se heurte à des limites, le désir de mourir est légitimé. M.B. ter Borg affirme que cela touche également le médecin, qui est conscient que les hommes attendent de lui leur bonheur; aussi lutte-t-il avec vigueur jusqu’à ce qu’il atteigne les limites de ses capacités. Il apporte alors son aide en mettant fin à la vie, pour ne pas être confronté lui-même à ses propres limites. Cette considération rejoint celle de W.H. Velema déjà évoquée ci-dessus54.
Il semble légitime de se demander s’il existe un lien entre ce qui s’est passé dans l’Allemagne nazie et ce qui caractérise notre culture moderne, telle que nous venons de l’évoquer. Le fait que les partisans de la pratique et de la législation sur l’euthanasie repoussent ce rapprochement avec indignation me convainc seulement que la question mérite d’être posée. Cela confirme donc la légitimité de la question, et aussi celle du débat, sans cesse remis sur la table, de l’euthanasie en cas d’incapacité de décision de la part du patient. C’est ce qui s’est produit, ces dernières semaines, suite à un rapport sur la pratique de l’euthanasie d’enfants atteints de spina bifida. Manifestement, on ne réalisait pas que les frontières qui ont été franchies sur ce point, dans l’Allemagne nazie, ne sont pas qu’un incident, mais qu’elles posent une question angoissante à notre culture.
2. Il faut ajouter que ce qui vient d’être dit est lié au fait que les avocats de l’euthanasie active – J.H. van den Berg et H.M. Kuitert – refusent catégoriquement toute distinction entre euthanasie passive et euthanasie active. C’est à juste titre que T.H.A. Boer affirme que « l’existence de cas limites et de caractéristiques communes » entre les deux formes d’euthanasie ne constitue pas une raison « pour affirmer que les principes moraux les distinguant clairement ne sont plus opérationnels »55. Il établit aussi un lien avec notre conception de Dieu. S’agit-il d’un Dieu personnel, tout-puissant, ou non?
Les défenseurs de l’euthanasie font aussi ce lien. C’est ainsi qu’en 1981 Kuitert a dit: « Je ne prétends pas que la croyance en l’au-delà soit le seul et le meilleur moyen pour préserver les gens de la panique, de la frustration ou d’une tension devant la mort, mais bien qu’ils peuvent en être délivrés par la croyance en une autre vie. »56
En d’autres termes, la croyance en une vie après la mort peut aider les gens à accepter l’euthanasie. Depuis, Kuitert a abandonné toute idée de vie après la mort, mais cela n’empêche pas que sa manière de formuler sa pensée, en 1981, mérite notre attention. Il ne parle pas de l’action de Dieu, mais de notre foi. Dans son approche, la croyance en un au-delà peut aider quelqu’un à ne pas paniquer devant la mort et à demander l’euthanasie. En considérant uniquement ce que la foi peut apporter à quelqu’un et au nom de l’action de Dieu, Kuitert rejoint la position de Boer. Qu’est-ce que la foi si elle ne consiste pas à tenir compte de l’action de Dieu?
Pour moi, un chrétien qui connaît la grâce imméritée de Dieu, sa providence dans la création et sa fidélité dans la rédemption – je cite le Catéchisme de Heidelberg – ce chrétien « met en Dieu seul sa confiance, n’attend que de lui tous les biens, en toute humilité et patience, et il l’aime de tout son cœur, le craint et l’honore et renonce à toutes les réalités créées plutôt que de faire la moindre chose contre sa volonté »57.
La foi n’est pas une caractéristique anthropologique primaire, mais elle dépend entièrement de la Parole et de la promesse de Dieu.
3. Cependant une question demeure: comment devons-nous agir? Nous ne pouvons pas simplement refuser l’euthanasie. C’est pourquoi il est important de promouvoir les soins palliatifs et de créer des structures d’accueil. La médecine a aussi rendu possibles les soins palliatifs dans des unités de soins, où les patients peuvent s’acheminer vers la fin de leur vie, entourés de l’affection de leurs proches. Il est significatif que, dans le contexte du débat sur l’euthanasie aux Pays-Bas, on ait longtemps tardé à créer ces centres de soins. Depuis, cela a changé. Il est aussi réjouissant de constater qu’après des années de progression constante, les chiffres actuels donnent l’impression que la pratique de l’euthanasie baisse58. Je le dis avec prudence, car on signale de nouveau le cas de médecins qui ne pratiquent pas une transparence totale et qui – pour éviter des problèmes – indiquent, sur l’acte de décès, une cause naturelle, même en cas d’une euthanasie active.
Il n’en est pas moins vrai que les possibilités d’action de la médecine engendrent aussi une plus grande responsabilité. Il est essentiel que nous réalisions que nous ne sommes pas les auteurs de notre vie et que nous tenions compte de Dieu. Dans la pratique pastorale, j’ai souvent eu l’expérience que des choix cruciaux concernant des opérations ou des souffrances extrêmes nous étaient épargnés. Si l’on soulage la souffrance sans savoir si le remède administré va peut-être avancer l’heure de la mort, on peut se souvenir de la parole de Luther, Caritatis est falli: l’amour peut ou est en droit de commettre des erreurs. Cette phrase souligne l’importance de la prise de responsabilité – dans responsabilité, il y a le mot « réponse » et même réponse à Dieu! – et cette prise de responsabilité qui consiste à soulager la souffrance doit être distinguée, avec la plus grande fermeté et une fois pour toutes, de l’assistance au suicide59. C’est là que se dessine la frontière entre, d’une part, accompagner les mourants et, d’autre part, prendre la place de Dieu. Nous ne pouvons ni ne devons prendre la responsabilité de la mort de notre semblable, même gravement atteint. Et cela ne nous est pas demandé non plus. Car nous pouvons nous confier dans les meilleures mains qui soient, celles de Dieu.
Dans notre société, nous avons imposé une tâche impossible aux médecins, et ils l’ont acceptée volontiers. Il est incompatible de s’engager pour la vie et, en même temps, de prendre des décisions d’euthanasie et de les exécuter. Un grand danger, dans notre société, est de franchir les limites de la compassion. Cela arrive, de temps en temps, lorsque des nouvelles choquantes nous parviennent sur l’euthanasie pratiquée par des médecins ou par le personnel soignant sur des personnes qui n’ont pas la « capacité de décision ». C’est pourquoi il est d’un grand intérêt que l’incompatibilité persiste sur le plan juridique, afin de maintenir une marge de sécurité et d’éviter le meurtre de patients sur initiative personnelle, que ce soit par compassion ou non. La lucidité nous oblige à reconnaître que nous vivons dans une société de plus en plus sécularisée, qui se focalise sur la « qualité de la vie » et aussi, de manière éhontée, sur l’intensité du plaisir.
Dans une telle société, le témoignage en actes de chrétiens, qui tiennent bon dans la souffrance parce qu’ils regardent à Jésus-Christ, est une invitation à se tourner vers Dieu et un signe d’espérance à l’approche de la mort. Alors, notre appréciation de la vie n’a pas le dernier mot, mais ce que Dieu nous donne dans la souffrance et ce pour quoi il l’utilise.
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 17.05.13 11:55 | |
| Fin de vie : la loi Leonetti est "excellente" selon Barbarin
Par Steven Belfils Publié le 17/05/2013 à 11:07 Invité du Talk Orange le Figaro, le cardinal Barbarin a abordé le sujet de la fin de vie. Il juge que la loi Leonetti est "excellente" et redoute des dérives électoralistes. © Tim Douet Invité du Talk Orange-le Figaro, le cardinal Barbarin s’est exprimé sur la fin de vie. "En France, on a cette maladie de vouloir tout régler jusqu’au moindre détail avec des lois. Et tant qu’on n’est pas contents, on attaque au conseil d’Etat, à la cour de cassation. Comparé avec la législation anglaise, ça n’a rien à voir. C’est un peu excessif", juge le Primat des Gaules qui salue la qualité de la loi Leonetti. "On a une loi qui a été votée en 2005, qui est une excellente loi, votée à l’unanimité du parlement français, donc je ne suis pas le seul à la trouver bonne. Ensuite on l’a remise sur le tapis parce qu’elle était contestée en 2008 et 2009. On ne l’a pas changée mais on a affiné certains décrets d’application en disant qu’elle n’était pas parfaitement connue. De toute façon, jamais une loi ne peut répondre à toutes les situations humaines. Une loi c’est un cadre, la vie c’est la vie". Mais le cardinal craint-il de voir évoluer ce cadre vers la légalisation de l’euthanasie en France ? Pas réellement. "Si je lis le programme de François Hollande, il a été extrêmement 'soft' pour cette perspective", relativise-t-il. Et de souligner que la loi actuelle avait déjà été revue en 2011. "Lors qu’est-ce que c’est une loi si ça dure trois semaines ?", lance l’archevêque de Lyon qui craint les dérives électoralistes que pourrai connaître une telle loi. "Ce qui est embêtant c’est que la loi est aussi faite pour satisfaire à des demandes d’électeurs. Et donc on se fait bien voir si on a fait une loi. Ça peut toucher tous les partis et c’est assez dangereux aussi".Et si l’hypothèse de la légalisation de l’euthanasie prenait corps, l’archevêque de Lyon affirme qu’il serait là pour s’y opposer : "Pas seulement moi. On est quand même une majorité des gens au service de la vie, jusqu’à son terme. C’est vrai que les soins palliatifs, c’est une merveille, ça se développe en France. Pas assez dit-on , peut-etre… Mais soigner et guérir ce n’est pas la même chose. Guérir on ne le peut pas forcément, soigner on le doit toujours !"cf le copié-collé ci-dessous=La fin de vie d'un jeune homme au cœur d'une bataille familialeLE MONDE | 17.05.2013 à 11h18 • Mis à jour le 17.05.2013 à 11h19 François Béguin et Laetitia Clavreul | Sur fond de déchirement familial, la décision du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne est tout à la fois inédite et poignante. Samedi 11 mai, le juge des référés a enjoint à l'hôpital de Reims de "rétablir l'alimentation et l'hydratation normales" d'un patient en état de conscience minimale. Elles avaient été respectivement arrêtée et limitée un mois plus tôt par l'équipe médicale.Le Monde.fr a le plaisir de vous offrir la lecture de cet article habituellement réservé aux abonnés du Monde.fr. Profitez de tous les articles réservés du Monde.fr en vous abonnant à partir de 1€ / mois | Découvrez l'édition abonnésSi ce processus de fin de vie avait été décidé avec son épouse, les parents du patient, qui ont saisi la juridiction avec deux de leurs enfants, estiment ne pas en avoir été "informés". Sans se prononcer sur le fond, c'est ce que reproche le juge à l'hôpital. "C'est la première fois qu'un tribunal est saisi en urgence pour empêcher la mort de quelqu'un, cette décision fera jurisprudence", se félicite Me Jérôme Triomphe, leur avocat, qui s'est fait connaître en défendant le mouvement intégriste Civitas. La décision, en urgence, du juge des référés sera cependant réexaminée au fond dans les prochaines semaines. Victime d'un accident de moto en 2008, Vincent Lambert, 37 ans, a été principalement hospitalisé à Reims depuis. Après une phase de coma profond, il se trouve depuis 2011 dans un coma dit "pauci-relationnel", un état végétatif chronique qui a peu de chances de s'améliorer selon les médecins. Il bouge les yeux, ressent la douleur, sans qu'il soit possible de savoir s'il comprend ce qu'on lui dit. Selon sa femme et son frère Joseph, il avait exprimé avant son accident son refus d'un maintien de vie artificielle. Depuis le début de l'année, l'équipe de soins palliatifs avait noté des comportements inhabituels d'opposition lors des soins, faisant "suspecter" un refus de vivre. A l'issue d'une procédure collégiale de réflexion, l'arrêt de son seul traitement, l'alimentation artificielle, a été décidé. "Cette décision n'a pas été prise à la légère, indique le docteur Eric Kariger, qui dirige l'unité de médecine palliative au centre hospitalier universitaire (CHU) de Reims. L'intention n'était pas de faire mourir Vincent mais de considérer que ses soins étaient devenus déraisonnables.""NOUS AURIONS DÛ CONTACTER LES PARENTS"L'équipe médicale a porté une attention particulière à l'épouse, qui était là tous les jours, alors que les parents, venant de loin, étaient peu présents. "Très tôt, nous avons vu que la mère de Vincent ne pourrait accepter une décision d'arrêt de soins, dit le docteur. Mais nous avons failli dans l'accompagnement d'une famille très compliquée. Nous aurions dû contacter les parents."La mère de Vincent se dit en effet "scandalisée par la décision du corps médical" et considère que sa belle-fille a été "manipulée" par les médecins. "Fallait-il qu'on soit des spectateurs de la mort lente de notre fils ?", demande Viviane Lambert. Même s'il reconnaît avoir lui aussi été "mis devant le fait accompli", Joseph, le frère de Vincent, juge "profondément inhumaine et égoïste" la décision de ses parents d' aller en justice. Ses trois demi-frères, une soeur, une demi-soeur et un neveu de Vincent soutiennent aussi le choix de l'épouse. Lire Fin de vie : pour le juge des référés, les médecins doivent consulter l'ensemble de la famille"J'ai l'impression que la volonté de mon frère est piétinée au nom de valeurs qui ne sont pas les siennes", ajoute Joseph, qui dénonce la "croisade idéologique" de sa mère. Avec sa soeur Marie, et François, le neveu de Vincent, il regrette "l'instrumentalisation" de sa mère par la Fraternité Saint-Pie X, un mouvement catholique intégriste dont plusieurs de ses enfants la disent proche. "On n'a pas besoin d'avoir des convictions religieuses pour défendre ses enfants", répond Viviane Lambert, qui se dit "meurtrie" par ces accusations. Un nouvel épisode du conflit se profile. Estimant que "la relation de confiance avec l'hôpital n'existe plus", les parents de Vincent souhaitent son transfert dans un service de gériatrie ou une maison d'accueil spécialisé. L'épouse de Vincent va, elle, "s'opposer totalement" à tout transfert, annonce son avocat, M e Francis Fossier. "L'heure doit être à l'apaisement", estime le docteur Kariger. Autrement dit, pas à la relance d'une procédure de consultation sur la fin de vie. "Je ne suis pas propriétaire du malade, mais mon devoir moral, à part si une décision est imposée, est de continuer à accompagner Vincent." Il considère cependant qu'un changement de structure serait "une grave erreur", son patient étant habitué "aux voix et à l'ambiance du service". Marie, la soeur de Vincent, aimerait, elle, "que justice et médecine s'entendent pour laisser Vincent partir, malgré la souffrance qu'on peut avoir à se séparer de lui." |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 23.06.13 23:03 | |
| FIN DE LA VIE HUMAINE DECLARATION COMMUNE DE L'EGLISE PROTESTANTE UNIE DE FRANCE LE 17 JUIN 2013
A la suite de la proposition n° 21 de M. François Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012 et du « rapport Sicard », et avant l’avis du Conseil consultatif national d’éthique attendu dans les prochains jours, l’Eglise protestante unie de France a souhaité s’exprimer à propos de la fin de la vie humaine.
Elle l’a fait par la voix de son synode national, assemblée de 180 personnes qui constitue son instance dirigeante, réuni du 8 au 12 mai derniers à Lyon.
Ce texte a été adressé le lundi 17 juin aux autorités politiques (exécutives et parlementaires), au président du Conseil consultatif national d’éthique, au président de l’Ordre des médecins et à des personnalités religieuses.
Il essaie d’éclairer les diverses compréhensions de la notion de dignité, il appelle de ses voeux une médecine plus accompagnante, il insiste sur la nécessité de développer les soins palliatifs, il examine sans exclusive l’éventualité d’une nouvelle étape législative, il s’achève sur un appel à l’accompagnement des personnes en fin de vie, de leur entourage et des équipes médicales. Soulignant que chaque situation vécue est unique, il déclare notamment : « l’action responsable constitue un risque libre, n’est justifiée par aucune loi, renonce à toute autojustification ».
Dans la lettre qui accompagne l’envoi de ce texte, le pasteur Laurent Schlumberger, président du conseil national de l’Eglise protestante unie de France, écrit notamment :
« Les protestants ont une manière particulière d’aborder les questions éthiques. Ils n’entendent pas tracer les périmètres du licite et de l’illicite, ni poser des normes qui devraient s’imposer à tous. En référence à l’Evangile de Jésus-Christ et dans le respect de la laïcité à laquelle ils sont si attachés, ils tentent de contribuer au débat social en élaborant et en apportant des éléments de réflexion qui nourrissent et soutiennent la responsabilité de chacun dans la situation singulière qui est la sienne.
« Sur des questions aussi graves et sensibles que celles qui surgissent autour de la fin de la vie humaine, il ne saurait en effet y avoir de point de vue surplombant. Individuellement et collectivement, nous sommes tous en débat, en recherche, bien souvent tâtonnante. » |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 11.07.13 17:39 | |
| « Par euthanasie au sens strict, on doit entendre une action ou une omission qui, de soi et dans l'intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur. « L'euthanasie se situe donc au niveau des intentions et des procédés employés ».
Evangile de la Vie, lettre encyclique de Jean-Paul II, 1995, n.65 |
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| Sujet: la spiritualité et la fin de vie 06.08.13 11:27 | |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 08.08.13 14:47 | |
| Source=site "Paroles de Catholiques"(intéressant comparé au Salon Beige... ... ...) L’euthanasie ou la fausse compassion - Dossier lundi 3 septembre 2012 NB. un résumé de cet article est disponible sur ce site, en dépliant-argumentaire à télécharger D’autres ressources sur le web à ce sujet : Alliance Vita - Définitions - Historique - Sondages - 12 bonnes raisons de refuser l’euthanasie - L’ambigü concept de dignité - Le point de vue de l’Eglise - La stratégie du lobby pro-euthanasie - Et dans les autres pays ? - Les cas médiatiques - Bêtisier sur l’euthanasie L’euthanasie est un concept assez récent qui s’est développé depuis la fin du 19ème siècle. Pendant l’Antiquité gréco-romaine, on se supprimait volontiers quand on était déshonoré ou qu’on jugeait que la vie ‘’ne valait pas la peine d’être vécue’’. Plus tard, on fit de même dans le Japon des samouraïs. Mais cette pratique relevait plus du suicide que de l’euthanasie. L’Occident chrétien ignora longtemps le concept-même d’euthanasie, évidemment incompatible avec la parole divine. La mort est un moment important de la vie, voire le plus important, il est donc impensable d’y toucher. Ce n’est qu’avec la déchristianisation de la société et la remise en question de tous les principes chrétiens qu’apparaît l’idée de supprimer certaines vies ‘’inutiles’’ et, avec elle, les concepts d’eugénisme et d’euthanasie. Définitions Euthanasie : action de causer volontairement la mort d’une personne par administration d’une substance ou par abstention délibérée des soins indispensables à la vie. Soins palliatifs : soins délivrés à une personne sans espoir de guérison et visant à soulager les symptômes, les douleurs physiques et les souffrances psychologiques, sociales et spirituelles. Acharnement thérapeutique : soins disproportionnés au regard du bénéfice attendu et causant plus de mal que de bien. Eugénisme : Théorie et méthodes (fondées souvent sur la sélection des gènes) visant à choisir les qualités de la population humaine en sélectionnant les êtres humains. Historique Guerre 39-45 : Les premiers qui passèrent du concept à l’action furent les Nazis. Leur opération ‘’Aktion T4 Euthanasia’’ élimina environ 200 000 personnes ‘’jugées incurables par un examen médical’’, dont des enfants. Le mouvement pro-euthanasie, qui était virulent avant-guerre, s’est tû dès la défaite allemande. Le concept fut remisé pour un temps : l’étiquette nazie lui était trop attachée. Les revendications pro-avortement prirent le relais. Lorsque la mémoire collective eut oublié le côté nazi de l’euthanasie, celle-ci repris le combat. 1981 : abolition de la peine de mort 1987 : répression de la provocation au suicide et de toute publicité en sa faveur Années 1980 : développement des soins palliatifs. Revendications pour l’euthanasie. 1991 : avis négatif sur une résolution européenne pour l’emploi de l’euthanasie dans les centres de soins palliatifs. 1999 : loi sur le droit d’accès aux soins palliatifs. 2000 : avis positif pour une exception d’euthanasie. 2002 : loi relative au droit des malades. 2005 : loi relative à la fin de vie (dite Leonetti, cf plus bas). Sondages • 94 % des Français se déclarent favorables à une loi sur l’euthanasie (IFOP-ADMD Octobre 2010). Sondage à prendre avec prudence : il émane de l’ADMD, principal lobby pro-euthanasie. • 60 % des Français préfèrent le développement des soins palliatifs à la légalisation de l’euthanasie (Opinion Way – SFAP, janvier 2011). • 52 % des Français soulignent le risque de dérives lié à la légalisation de l’euthanasie (id). • 63 % des Français préfèrent qu’un de leurs proches bénéficie de soins palliatifs plutôt que de subir une injection mortelle (id). • 68 % des Français ne savent pas qu’il existe une loi interdisant l’acharnement thérapeutique (id) http://www.sfap.org/• 83 % des personnes de + de 75 ans refusent de donner des directives anticipées sur leur fin de vie. Elles considèrent que c’est inutile et dangereux. 40 % d’entre elles ne veulent pas s’exprimer sur l’euthanasie. 40% de celles qui s’expriment sur ce sujet sont contre l’euthanasie. (Etude réalisée par le Centre d’Ethique Clinique de l’Hôpital Cochin et dirigée par le Dr Véronique Fournier à partir de 200 entretiens de personnes de + de 75 ans hospitalisées ou en bonne santé – Octobre 2011 – Vu sur le Figaro.fr le 16 octobre 2011). • 40 % des demandes d’euthanasie ne sont pas formulées par le malade lui-même ! (European Journal of Cancer – étude d’octobre 2011 réalisée auprès de 789 équipes de soins palliatifs). • La douleur incontrôlée est rarement un motif exprimé (3,7 % des cas) (idem) 12 bonnes raisons de refuser l’euthanasie (inspiré de bonnes raisons de refuser l’euthanasie publié sur le blog Koz Toujours) 1- L’euthanasie suppose une rupture légale avec l’interdit de donner la mort. Le crime de sang est sanctionné dans toutes les sociétés et à toutes les époques. Faire sauter le verrou de l’interdit du meurtre est extrêmement dangereux et suicidaire pour une société. Cet interdit fondamental ne peut pas faire l’objet d’aménagements sans repousser toujours plus loin les limites de la transgression. Notre perception de la vie humaine en serait changée. Il y aurait ceux qui méritent de vivre et les autres. La vie humaine deviendrait un produit de consommation comme un autre qui perdrait de la valeur dès qu’on s’approcherait de la ‘’date limite de consommation’’. 2- L’euthanasie est une démission collective L’euthanasie est la solution de facilité d’une société matérialiste, égoïste et déshumanisée. Notre société ne veut voir que la beauté, la jeunesse, la gaité. Le handicap et la mort lui font horreur. Plutôt que de les affronter, elle choisit l’ultime option, celle de supprimer les gêneurs. Par ce choix, elle se déshumanise toujours plus, au détriment des plus faibles, les vieillards, les enfants, les personnes handicapées. Une société qui a abandonné l’ambition de prendre en charge les plus fragiles, est-ce toujours bien une communauté humaine ? L’exemple du formidable exploit réalisé par les athlètes handicapés des jeux paralympiques devrait nous permettre de voir les choses différemment. 3- La demande d’euthanasie cache autre chose Lorsqu’un malade demande la mort parce qu’il voit son corps ou son esprit se dégrader, parce qu’il souffre, que demande-t-il réellement ? Est-ce vraiment la mort ou est-ce la fin des souffrances ? Il n’est pas besoin d’être grand psychologue pour connaitre la réponse. De même qu’une personne qui commet une tentative de suicide lance un appel au secours, un malade qui réclame la mort lance aussi, en vérité, un appel au secours. On n’achève pas un suicidé qui s’est raté. On le soigne. On lui redonne espoir. On essaie de résoudre ses difficultés. Les grands malades aussi appellent à l’aide. Un appel à plus de soin, de considération, d’amour. Changer d’antidouleur, faire quelques séances de kinésithérapie, avoir des visites de la famille suffit souvent à chasser les demandes d’euthanasie et à reprendre espoir. L’instinct de conservation est toujours le plus fort. 4- La vraie demande de mort est extrêmement minoritaire Les professionnels des soins palliatifs assurent qu’un malade bien accompagné ne demande jamais l’euthanasie. Avec Emmanuel Hirsch, président de l’Espace Ethique de l’AP-HP et de l’ARSla, le docteur Catherine Kiefer rappelle qu’en 10 ans d’exercice, elle n’a connu qu’une demande d’euthanasie. Sabine Voisin-Saltiel, oncologue (spécialiste en cancérologie), rapporte à Rue89 qu’en 25 ans d’exercice, elle n’a pas connu de demande d’euthanasie qui dure. Michèle Boulva, directrice de la COLF canadienne (Catholic Organization for Life and Family), explique que ce dont les malades ont besoin, c’est surtout l’appui de leurs proches et que les proches, eux, ont besoin du soutien de l’Etat. Les débats artificiellement entretenus et renouvelés par certains parasitent la réflexion. Faut-il bouleverser un fondement de notre vie sociale pour des cas peu fréquents, et que l’on peut grandement gérer ? http://www.koztoujours.fr/?p=2340http://www.rue89.com/2008/04/01/soi...5- L’euthanasie est surtout un choix de …bien-portants ! On l’a déjà dit, la demande des malades est minoritaire. Les personnes qui se prononcent dans les sondages sont plutôt des bien-portants qui ne veulent pas avoir à prendre en charge un parent malade. Aucun sondage n’a été établi auprès de ceux directement concernés, les grands malades incurables. Même ceux qui affirment ‘’plus tard, je préfèrerais mourir plutôt que de vivre comme un légume’’ ne peuvent pas présager de ce qu’ils voudront réellement ce jour-là. 6- Il existe une vraie alternative à l’euthanasie, ce sont les soins palliatifs Les soins palliatifs consistent à administrer des traitements en adéquation avec le bénéfice attendu, des antidouleurs, de la nourriture et à hydrater le patient, dans l’attente de la mort naturelle. Quand la qualité de vie est très amoindrie, il faut plus de soins et d’attention. Quand la douleur est trop forte, il faut plus d’antidouleurs. Mais, en aucun cas la mort ne peut apparaître comme une solution acceptable. Il existe bien des antidouleurs à la disposition des médecins, même si certains ont un effet létal à plus ou moins long terme. Le Pape Jean-Paul II s’est exprimé à ce sujet dans son encyclique Evangelium vitae : il est légitime d’administrer un antidouleur à un patient même si cet antidouleur est si puissant qu’il peut raccourcir la durée de vie du patient. Cela est très éloigné de l’injection létale qui n’a pas pour but de soulager les douleurs, mais de tuer. http://news.catholique.org/analyses...Certes, les soins palliatifs coûtent chers et sont une charge pour la société. Les thérapies pour dépressifs, les structures de réinsertion pour les chômeurs, les prisons pour les délinquants, tout cela coûte cher aussi. Pour autant, est-ce-que notre société supprime ses dépressifs, ses chômeurs, ses délinquants ? Non, nous les assumons. Nous devons assumer les malades en phase terminale aussi. 7- La loi sur l’euthanasie existe déjà ! Les Français ignorent largement la loi. Il existe une loi, dite Leonetti, du 22 avril 2005, qui interdit l’acharnement thérapeutique. L’article L.1110-5 du Code de la Santé Publique prévoit que les actes médicaux « ne doivent pas être poursuivis par une obstination déraisonnable » et que « lorsqu’ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, ils peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris ». Ce même article prévoit que « dans ce cas, le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa vie en dispensant les soins visés à l’article L. 1110-10 » - c’est-à-dire les soins palliatifs – ou encore que « les professionnels de santé mettent en œuvre tous les moyens à leur disposition pour assurer à chacun une vie digne jusqu’à la mort ». Plus explicitement encore, l’article L. 1111-10 du Code de la Santé Publique dispose que « lorsqu’une personne, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, décide de limiter ou d’arrêter tout traitement, le médecin respecte sa volonté après l’avoir informée des conséquences de son choix ». Dans ce cas, l’article 1111-10 prévoit que « le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa fin de vie en dispensant les soins visés à l’article L.1110-10 », lesquels « visent à soulager la douleur, à apaiser la souffrance psychique, à sauvegarder la dignité de la personne malade et à soutenir son entourage ». Au titre de ces soins, comme le décrit le guide « droit des malades et fin de vie »4, le médecin peut administrer une sédation, faisant perdre conscience au malade. Les Français ignorent la loi, en partie par manque de volonté politique, comme le déplore lui-même M Leonetti dans son rapport de 2005 relatif aux droits des malades et à la fin de vie. http://www.assemblee-nationale.fr/1...8- L’euthanasie portera un coup fatal au développement des soins palliatifs Le développement des soins palliatifs est réclamé avec insistance par les praticiens (parmi lesquels Didier Sicard, ancien président du CCNE). Mais ces soins demandent du temps, du personnel et de l’argent. L’euthanasie ne demande qu’une injection. Penser que les deux pratiques puissent coexister en toute harmonie relève de l’utopie la plus poussée. 9- L’euthanasie, c’est le contraire de mourir dans la dignité Mourir dans la dignité, c’est ne pas être achevé comme un chien. Tout être humain est digne par nature. On ne devient pas indigne parce qu’on est malade. La dignité ne dépend pas de l’apparence physique ou des capacités intellectuelles. Selon ces seuls critères, un bébé, qui s’urine dessus et ne sait pas parler, serait indigne ? Non. La dignité est une donnée fondamentale de l’homme. Cf plus bas. 10- L’euthanasie ne restera pas une loi d’exception On l’a très bien vu avec l’avortement. En 1974, quand il fut légalisé, il devait rester destiné aux seules femmes en détresse. La vérité de l’avortement aujourd’hui, c’est qu’il est devenu un acte de convenance réclamé par des femmes mariées, déjà mères et n’ayant aucun problème financier. Il est un droit, un dû, non plus une réponse exceptionnelle à une situation particulière. Il est évident qu’il en sera de même avec l’euthanasie. Rendre légale la possibilité de tuer un malade ou un handicapé repoussera encore plus loin les frontières de ce qui est interdit. Solidement encadrée au début, l’euthanasie verra son champ de compétences s’élargir toujours plus. Des pratiques qui paraissent aujourd’hui inacceptables se banaliseront et, l’appréciation de chaque cas étant subjective, de proche en proche, la pratique de l’euthanasie sera étendue. Insensiblement. Sans qu’on s’en rende vraiment compte. Elle concernera toujours plus de gens, à des stades de maladie ‘’incurables’’ toujours moins établis. Il arrivera fatalement un moment où l’on se passera même du consentement des patients : les comateux, les inconscients, les personnes atteintes d’un locked-in syndrome seront exécutées sur simple avis de la famille. Puis, pourquoi pas les malades d’Alzheimer ? Les déments ? Les dépressifs ? Puis, il arrivera un stade où l’on se passera même de l’avis de la famille. En effet, pourquoi ne pas euthanasier les personnes qui ne sont pas vraiment malades, mais qui sont seules au monde et dont personne ne se soucie ? Libérer ainsi quelques lits d’hôpital serait tellement facile ! Car il est évident que les impératifs économiques et financiers ne seraient pas absents de ces calculs. Il faudrait être naïf pour croire le contraire. Notre société vieillit, les coûts de santé augmentent. Le ‘’droit’’ de mourir deviendrait bientôt un ‘’devoir’’ de mourir. En donnant un véritable ‘’permis de tuer’’, on fait sauter un verrou indispensable au maintien de l’intégrité de notre société. La défense de la vie doit rester le postulat de base, intangible. Lire à ce sujet l’article de l’Alliance VITA sur les dérives en Belgique, pays qui a légalisé l’euthanasie. 11- La mort est un moment à vivre Marie de Hennezel, pionnière des soins palliatifs en France l’illustre pleinement dans La mort intime, par la mort de Jean, la mort de Marcelle ou celle de Marie-France. La mort n’est pas qu’une épreuve. Elle est aussi pour certains ce passage invraisemblable durant lequel le mourant se met en paix, se réconcilie avec un enfant, s’accepte enfin comme il est, retrouve une vie spirituelle ou résout une question métaphysique. Aussi insensé que cela puisse paraître, il faut ménager le temps de mourir. La mort ne doit pas être hâtée. http://livre.fnac.com/a1877730/Mari...12- Un jour, c’est peut-être vous que votre entourage voudra euthanasier alors que vous voulez vivre ! N’est-ce pas la meilleure raison ? L’ambigü concept de dignité Les partisans du lobby pro-euthanasie justifient leurs revendications au nom de la dignité humaine. L’euthanasie serait le moyen (le seul ?) de mourir dans la dignité. Ils se sont tellement accaparé cette expression et ce concept de dignité que non seulement leurs adversaires n’osent plus l’utiliser, mais aussi ont cessé de réfléchir sur ce qu’est vraiment la dignité humaine. En vérité, la notion de dignité humaine a des dimensions multiples, philosophiques, religieuses, et juridiques. Utilisée en particulier dans le champ de la bioéthique, elle fait référence à une qualité qui serait liée à l’essence même de chaque homme, ce qui expliquerait qu’elle soit la même pour tous et qu’elle n’admette pas de degré. Selon le philosophe Paul Ricœur, cette notion renvoie à l’idée que « quelque chose est dû à l’être humain du fait qu’il est humain ». Prise en ce sens, cela signifie que tout homme mérite un respect inconditionnel, quel que soit l’âge, le sexe, la santé physique ou mentale, la religion, la condition sociale ou l’origine ethnique de l’individu en question. Cependant, le concept de dignité reste très équivoque et permet à des personnes d’avis divergents d’y faire référence. Schématiquement, on peut distinguer deux conceptions dominantes de la dignité humaine. L’une qui en fait l’égal attribut de toute vie humaine (positions stoïcienne et chrétienne), l’autre qui insiste davantage sur l’autonomie de la volonté, sur la raison en tant que seuls éléments véritablement dignes (position kantienne). Ainsi, selon que l’on est adepte de l’une ou l’autre définition, on adopte des positions antagonistes au nom de la même dignité. Un chrétien condamnera la pornographie, la débauche sexuelle et l’euthanasie au nom du respect dû à la vie et du respect dû à soi-même qui en découle. Le kantien les autorisera au nom de l’autonomie et de la liberté de conscience. N’en déplaise à nos philosophes, il semble cependant aujourd’hui que ce soit la position chrétienne de la dignité qui ait été retenue par le droit international. La Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) reconnaît que tous les membres de la famille humaine possèdent une « dignité inhérente » (Préambule). La Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme de l’UNESCO (1997), la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme de l’UNESCO (2005), la Convention sur les droits de l’homme et la biomédecine du Conseil de l’Europe (1997) et la Charte européenne des droits fondamentaux (2000) s’inspirent aussi directement du principe de respect de la dignité humaine, notamment sur les questions relatives au droit à la vie et à l’intégrité de la personne. En France, la dignité est aussi considérée comme partie intégrante des droits de la personne. Elle est donc inaliénable. (cf le débat sur le lancer de nains, arrêt du Conseil d’Etat du 27 octobre 1995). Ainsi, la position des partisans du lobby pro-euthanasie est minoritaire. Le malade, même dégradé, même souffrant, même dément reste digne. http://fr.wikipedia.org/wiki/Dignit...Le point de vue de l’Eglise Le catéchisme de l’Eglise Catholique affirme : ‘’La dignité de la personne humaine s’enracine dans sa création à l’image et à la ressemblance de Dieu’’ (article 1700). ‘’Créés à l’image du Dieu unique, dotés d’une même âme, tous les hommes ont même nature et même origine. Rachetés par le sacrifice du Christ, tous sont appelés à participer à la même béatitude divine : tous jouissent donc d’une égale dignité’’ (Article 1934). Tout homme étant digne par essence, la maladie ou le handicap ne peuvent pas supprimer cette qualité. L’homme ne peut donc pas tuer son prochain au motif qu’il aurait cessé d’être digne. De même, tout homme doit se respecter lui-même car il respecte en lui la créature de Dieu. L’homme ne peut donc pas se suicider. http://www.vatican.va/archive/FRA00...La stratégie du lobby pro-euthanasie Dès septembre 1984, la bio-éthicienne australienne Helga Kube, lors de la 5e Conférence mondiale des associations pour le droit de mourir dans la dignité, avait ouvertement dévoilé la stratégie à tenir pour légaliser l’euthanasie dans les pays culturellement réticents. Il s’agissait, selon elle, d’obtenir des législateurs le retrait de tout traitement et soin, particulièrement de la nutrition et de l’hydratation. Les gens verraient alors quel chemin douloureux c’est de mourir et se prononceraient automatiquement, pour le bien du malade, en faveur de l’euthanasie. C’est à peine croyable, mais c’est un fait. Quelques jours après le non-lieu de l’affaire Humbert, le docteur Chaussoy, un des protagonistes, expliquait dans Le Monde que la seule façon légale de tuer Vincent était de le laisser mourir de faim, ce qui était autorisé par la loi Léonetti. Mais que cela était tellement horrible qu’on ne pouvait qu’être pour l’euthanasie. Paradoxe. Il s’avère en effet que la loi Léonetti, qui avait à l’origine pour vocation de développer les soins palliatifs et de protéger les malades des ‘’actes d’amour’’ de la part de leur famille, considère la nutrition et l’hydratation comme des traitements médicaux et non des soins. Cette même loi interdit l’acharnement thérapeutique. Elle autorise donc l’interruption volontaire des traitements inutiles, parmi lesquels…l’alimentation ! Il est donc possible, dans le cadre légal de la loi Léonetti, de laisser mourir de faim un malade. On comprend aisément que les partisans de l’euthanasie se soient engouffrés dans cette brèche. On comprend aussi désormais l’enjeu crucial qui se cache derrière la question, en apparence anodine, ‘’L’alimentation est-elle un soin ?’’ Au moment du vote de la loi Léonetti, certains législateurs ne s’y étaient pas trompés et la terminologie avait déclenché des débats passionnés. Jean Léonetti lui-même était d’avis de qualifier l’alimentation de ‘’traitement’’. Son avis, hélas, l’emporta. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi a rédigé en 2007 un texte qui a été approuvé par Benoît XVI et qui affirme que ‘’l’administration d’eau et de nourriture, même par des voies artificielles, représente toujours un moyen naturel de conservation de la vie et non un traitement thérapeutique. Son emploi devra donc être considéré comme ordinaire et proportionné’’. La nutrition et l’hydratation sont donc des soins qui sont moralement obligatoires. En ce qui concerne les malades en état végétatif, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi est très claire :’’Un patient en "état végétatif permanent" est une personne, avec sa dignité humaine fondamentale, à laquelle on doit donc procurer les soins ordinaires et proportionnés, qui comprennent, en règle générale, l’administration d’eau et de nourriture, même par voies artificielles’’. Cependant, le texte est modéré par l’objection suivante :’’ Par ailleurs, on n’exclut pas que, en cas de complications, le patient ne réussisse pas à assimiler la nourriture et la boisson ; leur administration devient alors totalement inutile’’. De même, la nutrition et l’hydratation peuvent être interrompues dans les cas, extrêmement rares, où elles peuvent ‘’comporter pour le patient une excessive pénibilité ou une privation grave au plan physique lié, par exemple, à des complications dans l’emploi d’instruments’’. http://news.catholique.org/analyses...http://news.catholique.org/analyses... Et dans les autres pays ? http://www.koztoujours.fr/?p=655 Les cas médiatiques Problème de « l’émotionnel » : http://www.koztoujours.fr/?p=2263Bêtisier sur l’euthanasie 1 - L’euthanasie, c’est pour éviter de souffrir Il est humain et tout à fait naturel de ne pas vouloir souffrir. Il n’en reste pas moins que l’euthanasie, c’est pour tuer. Pour éviter de souffrir, il y a les antidouleurs. Le principe qui consiste à vouloir éliminer la souffrance en éliminant le patient est effrayant. C’est la souffrance qu’il faut éliminer et il existe bien des antidouleurs à la disposition des médecins pour cela, même si certains peuvent avoir une influence sur la durée de vie. La congrégation pour la Doctrine de la Foi s’est clairement exprimée à ce sujet : il est légitime d’administrer un antidouleur à un patient même si cet antidouleur est si puissant qu’il peut raccourcir la durée de vie du patient. Cela est très éloigné de l’injection létale qui n’a pas pour but de soulager les douleurs, mais seulement de tuer. En outre, vivre sans souffrir est assez illusoire. Mourir sans souffrir aussi. Et puis, on n’est pas sûr que l’euthanasie soit une manière agréable de mourir 2- L’euthanasie, c’est l’alternative à l’acharnement thérapeutique Présenter l’euthanasie comme la seule alternative à l’acharnement thérapeutique relève d’un choix truqué. La vraie alternative à l’acharnement thérapeutique (et à l’euthanasie !), ce sont les soins palliatifs. Le patient doit être accompagné et aidé et non exécuté. De même qu’une personne qui commet une tentative de suicide lance un appel au secours, un malade qui réclame la mort lance aussi, en vérité, un appel au secours. On n’achève pas un suicidé qui s’est raté. On lui redonne espoir. Les grands malades aussi appellent à l’aide. Non un appel à plus de traitements qui sont souvent pénibles, mais un appel à des soins proportionnés, à de la considération, de l’amour. Changer d’antidouleur, faire quelques séances de kinésithérapie, avoir des visites de la famille, c’est cela les soins palliatifs. Ils suffisent souvent à chasser les demandes d’euthanasie. 3 - L’euthanasie, c’est le complément des soins palliatifs Faux. Comme leur nom l’indique, les soins palliatifs ont pour but de soigner. L’euthanasie n’a qu’un but : tuer. Ils sont donc nécessairement incompatibles. 4 - L’euthanasie, c’est une mort douce Ah bon ? Personne n’en est revenu pour nous le confirmer. Il serait plus légitime de penser que c’est une mort rapide et violente. 5 - L’euthanasie, c’est une aide médicale pour mourir Faux. La vocation de la médecine, c’est de soigner. D’emblée, l’euthanasie est donc contraire à l’éthique médicale. De plus, la relation soigné/soignant est basée sur la confiance. Quand vous serez atteint d’une maladie incurable, pourrez-vous avoir pleinement confiance en votre médecin si vous savez qu’il pratique l’euthanasie ? Comment serez-vous sûr qu’il met en œuvre tous les moyens à sa portée pour vous soigner ? Peut-être a-t-il déjà jugé votre cas désespéré et a-t-il abandonné de vous soigner sérieusement… 6 - L’euthanasie, c’est pour éviter de maintenir des gens artificiellement en vie Faux. Pour éviter de maintenir artificiellement des gens en vie, on a interdit l’acharnement thérapeutique. Cependant, il y a un abîme entre laisser mourir tout en administrant des soins de confort et tuer brutalement, volontairement. 7 - L’euthanasie, c’est quand la vie ne vaut pas la peine d’être vécue Nous avons vite fait de juger de l’intérêt d’une vie en fonction de critères purement productifs, utilitaires ou hédonistes, et de plus c’est très subjectif ! Mais que vit réellement le malade ? La personne handicapée ? Les dimensions relationnelle, spirituelle et religieuse ne sont pas à sous-estimer. Il est peut-être simplement heureux d’être là, d’avoir du temps pour Dieu, pour la réflexion, de pouvoir côtoyer sa famille, ses amis, d’entendre une musique ou de manger un mets qu’il aime. Cela ne se quantifie pas. Il ne nous appartient pas à nous, bien-portants, de juger de ce qu’une personne malade ou handicapée juge ‘’valable d’être vécu’’. Chacun juge pour lui-même et, en général, l’instinct de survie domine. C’est pourquoi les demandes sérieuses d’euthanasie sont extrêmement rares. Un prêtre catholique tétraplégique, Luis de Moya, nous explique : ‘’ Les handicapés, en général, possèdent des convictions très mûres à propos de la vie et de son sens. Les campagnes [en faveur de l’euthanasie] n’ont pas d’influence sur eux. Mais je suis préoccupé par l’influence qu’elles ont sur la société en général : sur la grande majorité des citoyens qui, repoussés par la douleur d’une vie en phase terminale, martelés par de fausses idées, concluent que « dans certains cas », c’est la chose la plus raisonnable à faire’’. 8 - L’euthanasie, c’est un droit comme celui de se suicider Il n’existe pas de droit au suicide. Si c’était le cas, le suicide serait proposé par l’Etat, comme n’importe quel service public. On se suicide si on y arrive. Et si on se rate, votre entourage essaie en général de vous sauver, pas de vous achever. De manière générale, la vie est considérée comme un bien dont on est redevable. Dans cette optique, il ne peut pas exister de ‘’droit à la mort’’. A propos de l’euthanasie, Jean-Paul II a rappelé, dans « Evangelium vitae » que Dieu seul a le pouvoir de faire vivre et de faire mourir (Dt 32,39 ; 2R 5,7 ; 1 S 2,6). Nous ne sommes pas les propriétaires de notre propre vie, mais seulement les dépositaires. De plus donner la mort n’est pas un geste anodin, encore moins un geste médical. On ne peut demander à personne de prendre cette responsabilité qui est trop grave. 9 - L’euthanasie, c’est un acte d’amour A notre époque, l’amour a un sens très spécifique et restreint. C’est l’amour humain, pratiqué avec sentiment et plaisir. L’amour et la souffrance sont vus comme incompatibles. Plutôt que d’aider une personne à supporter la vie, ce qui serait le véritable acte d’amour, on préfère lui ôter une vie qu’on juge soi-même insupportable. C’est une conception de l’amour tout à fait incorrecte qui, à terme, menace les plus fragiles de notre société, malades, personnes handicapées, personnes âgées. 10 - L’euthanasie, c’est l’ultime liberté Quand on sait que la plupart des demandes sont pour autrui, il apparaît surtout que l’euthanasie est l’ultime liberté…de se débarrasser d’un proche encombrant ! Quant au raisonnement qui consiste à dire ‘’plus tard, je préfèrerai mourir que vivre ainsi’’, c’est une position intellectuelle et spéculative, voire purement philosophique, qui a toutes les chances de ne pas résister à la réalité de la mise en situation. Dans le doute, la défense de la vie doit rester le postulat de base, intangible. SOURCES http://news.catholique.org/analyses... http://qe.catholique.org/363-euthanasie/ http://www.sacristains.fr/2010/11/0... |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 22.08.13 21:03 | |
| Radio Vatican L'Osservatore Romano et la fin de vie en France
Le médecin italien Ferdinando Cancelli recommande, dans L’Osservatore Romano, une lecture attentive de l’avis sur l'euthanasie rendu par le Comité consultatif national d’éthique français (CCNE) le 1er juillet dernier. Selon Ferdinando Cancelli, le document permet de comprendre les possibles "dérives" qu’entraînerait une ouverture législative en matière d’aide à la fin de vie, souligne-t-il dans le quotidien du Vatican du 21 août 2013.
Aux yeux du médecin italien, en lisant les quelque 70 pages de l'avis n°121, "on comprendra mieux pourquoi le Comité n’a pas reconnu à la personne en fin de vie un droit 'à avoir accès à un acte médical visant à accélérer son décès', c'est-à-dire à l’euthanasie ou au suicide assisté". On trouve selon lui dans ce document des informations importantes qui justifient la crainte que des ouvertures législatives à la "mort douce" puissent donner lieu à des dérives dangereuses.
Cet expert en soins palliatifs cite une série d’abus énumérés par l’avis dans les pays où l’euthanasie et le suicide assisté sont légalisés, de la Suisse aux Pays-Bas, en passant par la Belgique. Dans l'article de L’Osservatore Romano, le docteur Cancelli se demande quel est le rôle des soins palliatifs dans le panorama actuel. "Il est notoire que ceux qui défendent la possibilité d’abréger la vie…affirment souvent que la médecine palliative et les logiques d’euthanasie peuvent coexister". Le médecin estime que le document du CCNE démontre le contraire.
Favoriser les soins palliatifs
Là où l’euthanasie est légale, poursuit le docteur Cancelli, le rapport souligne le risque que certains patients, qui auraient pu retrouver le goût de vivre, ne reçoivent pas les soins auxquels ils ont droit. Par ailleurs, l’euthanasie ne serait demandée à des médecins spécialisés en soins palliatifs que dans 10% des cas.
Les différents éléments du document publié par le CCNE devraient donc servir de base pour développer une ample réflexion sur le thème de la fin de vie, en espérant que "les expériences des autres aident à éviter de prendre les mauvais chemins déjà parcourus".
François Hollande avait lancé un débat sur le thème "Fin de vie, autonomie de la personne, volonté de mourir". Le CCNE a alors rendu son avis, refusant le droit à l’euthanasie et au suicide assisté, mais reconnaissant celui d'être "endormi". Prenant acte du rapport, le président français avait assuré qu’il entendait légiférer sur la fin de vie d’ici la fin de l’année afin de compléter et d’améliorer la loi Leonetti de 2005. (Apic/Imedia) |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 22.08.13 21:18 | |
| RAPPEL=ds la proposition 21,aucune allusion à la loi Léonetti.On attend du Chef de l'Etat qu'il respecte ses engagements à la lettre,de A jusqu'à Z |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 24.08.13 21:23 | |
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| Sujet: REFLEXION INTELLIGENTE ? ! 11.09.13 12:05 | |
| Mgr d'Ornellas à propos de la recherche sur l'embryon : réflexions valables aussi pour l'euthanasie et autre sédation terminale• Je ne sais pas si (le gouvernement) a eu peur du débat, le minimum qu'on puisse dire, c'est qu'il a fait preuve d'aveuglement, c'est-à-dire : ne pas voir que le débat est nécessaire et que ce débat est un débat de société, c'est vraiment un aveuglement étonnant, puisque le législateur de 2011 a précisé dans la loi que tout changement concernant la bioéthique devait être précédé d'un débat sous forme d'états généraux. Que le gouvernement ne veuille pas ce débat de société par la société, ne l'organise pas, c'est au moins un aveuglement, au pire une peur. Entre les deux, je ne sais pas. (...)• Je suis très triste de voir que le gouvernement et ce pseudo débat à l'Assemblée fassent fi des consciences humaines. C'est comme s'il y avait quelque part une espèce de mépris pour ceux qui ont une conscience humaine dans la société (...)(...) C'est-à-dire que le politique se démet de sa responsabilité et livre tout à des techniciens. Ce sont des techniciens qui vont donner l'autorisation pour s'occuper de la personne humaine potentielle, comme dit le Comité consultatif national d'ethique, de l'être humain, de celui qui doit être respecté comme une personne humaine, qui a la dignité d'une personne humaine. Il me semble que c'est comme si nous assistions à la naissance de l'Homo technicus qui prend la place de l'Homo sapiens.Source : Radio Vatican |
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