HANDICHRIST Pêle-mêle, tout et rien |
| | L'Eglise et la fin de vie | |
| | |
Auteur | Message |
---|
Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 08.10.22 13:07 | |
| Décidément les catholiques refusent de faire le ménage dans leurs paroisses au lieu de radoter sur la fin de vie... |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 15.10.22 0:44 | |
| [size=38]Chrétiens et fin de vie, relisons Vatican II [/size]
chronique
- [left]Isabelle De Gaulmynrédactrice en chef
De nouveau, avec le débat autour de l’euthanasie, les catholiques s’interrogent sur leur influence autour de questions sociétales où ils sont minoritaires. Faut-il s’opposer ? Comment ? C’est tout la question du rapport au monde des chrétiens, sur lequel il est sans doute bon de relire le concile Vatican II.Bizarre car sur internet çà pue Vatican I Admin- Isabelle de Gaulmyn,
- le 13/10/2022 à 13:03
|
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 18.10.22 17:08 | |
| Paroisses de merde, que faîtes-vous des S.P. les Sans Paroisse ? rien... et çà parle de fraternité !!! !!! !!! |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 25.10.22 15:03 | |
| citation du web Le Vatican considère l'euthanasie comme un "crime contre la vie humaine" et le suicide assisté comme un "grave péché", ceux ayant décidé d'y recourir ne pouvant recevoir les sacrements.
mon commentaire je ne pige pas car il est évident que déjà maintenant à l'hosto on fuit l'aumônerie (catho ou autre ). On ne va pas vous emmerder pour des sacrements si on obtient l'aide active à mourir !!! ( les protestants vont-ils en enfer parce qu'ils meurent sans sacrements ? ). C'est franchement ridicule, tout ceci ... !!!... si je ne meurs pas chez moi, ce sera dans un endroit strictement laïc sans cérémonie religieuse pour mon enterrement, je l'ai décidé ainsi depuis fev 2016 date de la dernière loi Léonetti. Admin |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 01.11.22 13:51 | |
| Fin de vie : l'archevêque Monseigneur Dominique Lebrun met en garde sur les "dérives" de l'aide active à mourir, "une ligne rouge" à ne pas franchir L'archevêque de Rouen estime qu'il faudrait mieux appliquer la loi Claeys-Leonetti avant de la modifier ou de la remplacer.
Article rédigé par
franceinfo Radio France Publié le 01/11/2022 08:12 Temps de lecture : 1 min. Monseigneur Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, en juillet 2015. (CLAUDE ESSERTEL / MAXPPP) Monseigneur Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, en juillet 2015. (CLAUDE ESSERTEL / MAXPPP) "Ce projet de loi ferait inscrire la mort comme quelque chose d'individuel, qui est à notre disposition, alors que c'est un évènement éminemment social", réagit mardi 1er novembre sur franceinfo Monseigneur Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, concernant le débat sur la fin de vie. Vendredi 28 octobre, dans une interview au Parisien, le président de la Conférence des évêques de France (CFE), Éric de Moulins-Beaufort, s'est prononcé pour une "amélioration" de la loi Claeys-Leonetti plutôt qu'une nouvelle loi autorisant l'aide active à mourir, évoquant "une ligne rouge".
Pour Monseigneur Dominique Lebrun, il y a même "trois lignes rouges", sa ligne rouge de "croyant", sa ligne rouge "de chrétien" et sa ligne rouge "de citoyen". Il considère que la mort est "un don de Jésus" et qu'il "ne faut pas introduire" l'aide active à mourir. "C'est le libéralisme qui va jusqu'au bout et qui crée de la souffrance, de l'inégalité et qui défait le lien social", explique-t-il, rappelant que la mort de quelqu'un "touche tout le monde autour".
Développer d'abord les soins palliatifs Monseigneur Dominique Lebrun appelle à mieux appliquer la loi Claeys-Leonetti, et à développer les soins palliatifs, qu'il qualifie "d'expression de la fraternité", dans le sens où "on se donne tous les moyens pour accompagner les personnes devant la mort". "Nous avons dépensé des milliards pendant la pandémie, pour maintenir les gens en vie, ça vaut le coup d'en dépenser un ou deux de plus pour développer les soins palliatifs, pour aider les personnes à lutter contre la douleur", poursuit-il. "Les soins palliatifs allient la performance médicale, le souci global de la personne et les liens sociaux, ils associent la famille, les proches, pour vivre ce moment de séparation, douloureux pour tous", affirme Monseigneur Dominique Lebrun.
Concernant la possibilité d'une évolution législative via un référendum, l'archevêque de Rouen n'a pas d'avis définitif. "Cela dépend comment la question est posée", indique Monseigneur Dominique Lebrun, qui met toutefois en garde sur les "dérives" d'ouvrir cette question, qui selon lui pourrait conduire à des questionnements dangereux sur la vie des personnes handicapées. "Ces dérives, je ne les souhaite pas à notre pays", conclut-il. |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 09.11.22 19:41 | |
| « Ô Mort, où est ta victoire ? », lettre pastorale des évêques de France aux fidèles catholiques Publié le 08 novembre 2022 Facebook Twitter Linkedin WhatsApp
Chers frères et sœurs,
« Ô Mort, où est ta victoire ? » Cette question vient du fond des âges. Elle surgit de l’élan de vie déposé en chaque être humain lorsqu’il se révolte devant la mort. Car celle-ci lui apparaît en quelque sorte inhumaine.
Pour le croyant, la question semble jaillir de Dieu lui-même ! En effet, Dieu, le Maître de la vie, ne peut pas laisser la mort engloutir la vie : « Dieu n’a pas fait la mort », lisons-nous dans les Écritures d’Israël [1].
Pour le chrétien, l’interrogation est comme une réponse à notre inquiétude, selon la catéchèse de l’apôtre saint Paul sur la résurrection. Elle confirme l’espérance des prophètes annonçant que la mort sera vaincue :
La mort a été engloutie dans la victoire. Ô mort, où est ta victoire ? Ô mort, où est-il, ton aiguillon ? (1 Co 15,54b-55).
L’énigme de la mort et de la souffrance La mort touche et interroge chacun d’entre nous. Mort d’un proche âgé s’éteignant doucement. Mort d’une personne enfin soulagée d’une grave maladie. Mort, tellement scandaleuse, d’un enfant, d’un jeune ou d’une personne très aimée, victime précoce d’une maladie, d’une épidémie ou d’un accident. Mort occasionnée par un attentat ou par la guerre. La mort est là, inévitable, avec souvent son cortège de souffrances. Spontanément, on peut dire qu’elle effraie. Oui, nous ne sommes pas faits pour la mort !
Les évêques du monde entier réunis au Concile Vatican II constataient : « C’est en face de la mort que l’énigme de la condition humaine atteint son sommet. L’homme n’est pas seulement tourmenté par la souffrance et la déchéance progressive de son corps, mais plus encore, par la peur d’une destruction définitive. Et c’est par une juste inspiration de son cœur qu’il rejette et refuse cette ruine totale et ce définitif échec de sa personne. Le germe d’éternité qu’il porte en lui, irréductible à la seule matière, s’insurge contre la mort [2]. »
Ces mêmes évêques affirmèrent aussi : « L’Église croit que le Christ, mort et ressuscité pour tous, offre à l’homme, par son Esprit, lumière et forces pour lui permettre de répondre à sa très haute vocation[3]. »
Ainsi, c’est en restant lucides sur notre propre peur tout en mettant notre foi en Jésus mort et ressuscité, que nous devons accueillir la question posée au sein de notre société : peut-on aider activement une personne à mourir ? Peut-on demander à quelqu’un d’aider activement à mourir ? En osant regarder la mort avec Jésus, le Christ, nous pouvons amorcer une réponse.
« Notre sœur la mort » Chaque année, le 2 novembre, la liturgie invite à commémorer les fidèles défunts. Tout au long du mois de novembre, nous prions plus intensément pour eux. Cette prière ravive parfois notre souffrance, elle redit aussi notre foi pleine d’espérance : la mort est un passage, le passage le plus important depuis notre venue à la vie.
Pourquoi prions-nous pour les morts sinon parce que nous croyons que la mort est un passage de la vie en ce monde à la vie éternelle avec Dieu ? Nous prions parce que nous voulons que nos défunts connaissent le bonheur éternel. Car, nous le savons, l’âme est « spirituelle et immortelle [4] » et « le désir du bonheur s’accomplit dans la vision et la béatitude de Dieu [5] ». Ce passage, nous le regardons comme l’ultime « pâque » de nos vies. Ce passage est éclairé par la Pâque de Jésus : Il est tout entier passé de la mort à la vie. Sa résurrection l’atteste pleinement. C’est pourquoi saint Paul peut affirmer : « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur » (1 Co 15, 17).
Saint François d’Assise termine son ode à la Création en osant chanter : « Loué sois-tu pour notre sœur la mort corporelle à qui nul homme vivant ne peut échapper. » Même si notre société cache la mort et la regarde peu en face, celle-ci est la compagne de nos vies et nous rappelle fraternellement son issue. En Jésus-Christ, « premier-né d’entre les morts » (Col 1,18 ; Ap 1,5), la mort devient bienheureuse. « Dans le Christ, tous recevront la vie », enseigne saint Paul (1 Co 15,22). Telle est la magnifique espérance chrétienne.
La mort, nous l’évoquons souvent, à chaque fois que nous prions le Je vous salue Marie : « Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous […] maintenant et à l’heure de notre mort. » Les auteurs spirituels disent qu’il y a deux jours importants dans notre vie : l’aujourd’hui et celui de notre mort. À la lumière de l’Évangile, ces deux moments acquièrent une belle densité. Chaque matin, il est beau de dire au Seigneur « me voici », comme la bienheureuse Vierge Marie au jour de l’Annonciation : « Fiat, que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1,38). Chaque soir aussi, au seuil de la nuit comme au seuil de la mort, il est également beau de dire avec le vieillard Siméon, tout à la joie de la rencontre avec son Sauveur : « Maintenant, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix … » (Lc 2,29),
La science et la foi contre la douleur et la souffrance Déjà en 1965, le Concile Vatican II, confiant dans les progrès de la science, remarquait : « Toutes les tentatives de la technique, si utiles qu’elles soient, sont impuissantes à calmer l’anxiété de l’être humain : car le prolongement de la vie que la biologie procure ne peut satisfaire ce désir d’une vie ultérieure, invinciblement ancré dans son cœur [6]. »
Aujourd’hui, la science médicale a progressé. Non seulement, elle permet des avancées dans le soin, mais elle est aussi de plus en plus capable de soulager la douleur physique et, parfois, psychique. L’Église salue ces progrès lorsqu’« on veut simplement atténuer la douleur de manière efficace en recourant aux analgésiques, dont la médecine permet de disposer [7] ». Cela peut contribuer à atténuer des souffrances existentielles et même spirituelles.
Le développement des soins palliatifs est un gain important de notre époque. D’une manière très heureuse, ces soins allient compétence médicale, accompagnement humain grâce à une relation de qualité entre équipe soignante, patient et proches, et respect de la personne dans sa globalité avec son histoire et ses désirs, y compris spirituels. Grâce à ces soins, les familles peuvent mieux accompagner ceux qui, dans des circonstances douloureuses, s’approchent du grand passage de la mort. Nous encourageons la recherche et le développement des soins palliatifs afin que chaque personne en fin de vie puisse en bénéficier [8], aussi bien à son domicile que dans un EHPAD ou à l’hôpital. Chers frères et sœurs, il est bon que chacun de vous s’informe sur les soins palliatifs [9] pour bien accompagner l’un de vos proches qui en aurait besoin.
Dans certains cas cependant, la souffrance paraît insupportable, en particulier quand les traitements semblent impuissants. Il arrive aussi qu’une maladie incurable plonge la personne dans une angoisse ou un mal de vivre auxquels elle veut mettre fin. Notre foi est alors mise au défi de ces situations qui soulèvent des interrogations légitimes.
L’« aide active à mourir » permettrait évidemment de supprimer toute souffrance, mais elle franchirait l’interdit que l’humanité trouve au fond de son être et que confirme la Révélation de Dieu sur la montagne : « Tu ne tueras pas » (Ex 20,13 ; Dt 5,17). Donner la mort pour supprimer la souffrance n’est ni un soin ni un accompagnement : c’est au contraire supprimer la personne souffrante et interrompre toute relation. C’est « une grave violation de la Loi de Dieu [10] ». C’est une grave transgression d’un interdit qui structure notre vie sociale : nos sociétés se sont organisées en restreignant toute atteinte à la vie d’autrui. Pratiquer l’« aide active à mourir » est et sera la cause d’autres souffrances, en particulier celle du remords et de la culpabilité qui rongent insidieusement le cœur de l’être humain ayant consenti à faire mourir son semblable, jusqu’à ce qu’il rencontre la miséricorde du Dieu Vivant.
Le choix de la fraternité Notre foi nous convie à une autre attitude : par elle nous choisissons l’accompagnement, envers et contre tout. La fraternité du bon Samaritain qui prend soin de son frère « à demi-mort » nous inspire ce chemin (Lc 10,33-35). La fraternité invite à nous entraider pour garder la force d’accompagner avec délicatesse, fidélité et douceur.
En lien avec les équipes soignantes, nous pouvons vivre cet accompagnement avec patience. L’agonie, c’est-à-dire les derniers moments de la vie, peut être plus ou moins longue, plus ou moins apaisée, plus ou moins dramatique. La tradition chrétienne connaît des gestes variés pour l’accompagner de manière humaine, vraiment fraternelle : les psaumes, la prière commune, mais aussi le fait de rester près d’une personne en fin de vie, sans se lasser.
L’accompagnement, pour alléger la douleur, peut aller jusqu’à la sédation. Cette sédation est souvent intermittente et doit être proportionnée. De façon rare, l’équipe soignante peut estimer juste d’accueillir la demande d’un patient de recevoir une sédation continue jusqu’au décès ou bien de l’envisager avec les proches, lorsque le patient ne peut plus exprimer sa volonté [11]. Il ne s’agit pas alors de donner la mort mais d’apaiser la souffrance. Ces décisions, toujours collégiales, doivent être prises dans un échange délicat avec les proches, notamment pour laisser le temps de vrais adieux, autant que possible.
Il est alors beau « de « savoir demeurer », de veiller avec ceux qui souffrent de l’angoisse de mourir, de « consoler », c’est-à-dire d’être avec dans la solitude, d’être une présence partagée qui ouvre à l’espérance [12]. » Il est beau de préparer le malade à voir Dieu. La présence de l’aumônier est importante. Quand cela est possible et correspond à la situation religieuse du patient en fin de vie, la célébration des sacrements de la Réconciliation, de l’Onction des malades et de l’Eucharistie est une étape très belle. N’oublions pas la communion reçue en viatique, c’est-à-dire au moment du passage vers le Père : elle est plus que jamais « semence de vie éternelle et puissance de résurrection » [13]. Et en tous les cas, la prière auprès d’un mourant, même silencieuse, n’a pas de prix pour nous qui croyons en « la communion des saints ».
Le baptême, source de vie Frères et sœurs, mettre la main sur la durée de notre vie, choisir l’heure de notre mort, s’en faire le complice, c’est revenir sur l’engagement pris en notre saint Baptême. En lui, nous avons été plongés dans la mort et la résurrection de Jésus afin que, comme lui, nous vivions une « vie nouvelle » (cf. Rm 6,3-4). Par le Baptême, nous sommes purifiés et consacrés dans l’Esprit Saint pour offrir avec Jésus, chaque instant donné par Dieu durant notre vie sur la terre. La vie nouvelle des disciples de Jésus est celle de « l’amour » (cf. Rm 13,8-10), amour pour Dieu et pour notre prochain (cf. Mt 22,36-40). Se préparer à la mort, c’est, avec la grâce de Dieu, aimer et grandir dans l’amour pour Dieu et pour nos frères et sœurs. « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour », selon le mot de saint Jean de La Croix qu’aime répéter le pape François [14].
Ainsi, notre Baptême est la vraie source de nos « directives anticipées [15] », qu’elles soient écrites ou simplement transmises oralement à une « personne de confiance [16] ». Il est bon de nous entraider à vivre, de nous faire mutuellement confiance pour être encouragés à vivre jusqu’au bout dans la dignité des enfants de Dieu.
Nous nous engageons à réfléchir à nos directives anticipées personnelles pour que notre mort ne soit ni volée ni imposée à Dieu, et nous vous invitons à en faire de même. Nous voulons que notre mort soit, grâce à l’Esprit Saint, grâce à la présence des frères et sœurs, grâce à l’accompagnement de la médecine, un passage offert librement où nous remettrons avec gratitude à notre Père des cieux tout ce qu’il nous aura donné. Nous voulons avec son Fils, Jésus, participer à l’offrande du monde, encore souffrant, pour son salut et la gloire de Dieu, en lui offrant tout l’amour vécu ici-bas. Nous voulons qu’elle soit en esprit et en vérité l’ultime pâque à l’image et ressemblance de la Pâque de Jésus. Nous voulons qu’elle soit un acte de confiance en l’infinie miséricorde de notre Dieu plus grand que tout.
Pour cela, comprenons bien la place essentielle de « l’intention » dans les décisions médicales en fin de vie. L’intention est-elle de soulager la souffrance trop dure en ménageant les instants encore à vivre, même si cela peut abréger les jours du malade ? Ou bien l’intention est-elle d’anticiper la mort pour en finir avec la souffrance [17] ? Dieu dit : « Choisis la vie ! » (cf. Dt 30,19). Aidons-nous mutuellement, en écoutant l’avis des soignants, à discerner entre ce qui est soin, hydratation et nourriture dus au malade, même si la mort devient certaine, et ce qui pourrait être acharnement thérapeutique vain et source de souffrance inutile [18]. Oui, aidons-nous à discerner les choix de vie tout en consentant à la mort qui vient.
La solidarité humaine Légaliser le suicide assisté ou l’euthanasie, appelés par euphémisme « aide active à mourir », est une proposition récurrente face à la mort, ou plutôt au désir de mourir. Présentée comme une ouverture voire un progrès, elle a l’apparence d’une liberté plus grande de chaque personne qui, dit-on, a le droit de choisir sa mort en raison de son autonomie [19]. Elle ne nuirait en rien aux autres, est-il ajouté, puisque personne n’y serait obligé.
L’envisager ainsi, c’est oublier la dimension éminemment sociale de la mort, et la solidarité humaine qui en découle. Qu’on le veuille ou non, le choix individuel du suicide assisté ou de l’euthanasie engage la liberté d’autrui convoqué à réaliser cette « aide active à mourir ». Il brise de façon radicale l’accompagnement fraternel prodigué ; il transforme profondément la mission des soignants. Il ruine la fécondité du symbole du bon Samaritain qui inspire l’amour, socle d’une « société digne de ce nom [20] ».
Vivre la mort comme un choix individuel, à faire ou à ne pas faire, est inhumain. Nous sommes tous des êtres en relation, heureux de nous confier les uns aux autres. C’est dans la confiance en autrui que chacun peut envisager sa mort. Peut-on imaginer ce que vivraient profondément des enfants dont le père ou la mère déciderait que soit mis fin à sa vie ? Que signifierait pour un fils ou une fille de décider ce moment pour sa mère ou son père ne pouvant plus s’exprimer, ou même simplement y contribuer ou refuser d’y contribuer ? Face à la pression que susciterait la possibilité de choisir de mourir, quelle serait la liberté intérieure réelle d’une personne fragilisée par la maladie ? Par ailleurs, comment d’éventuels désaccords familiaux seraient-ils vécus ? Même si un dispositif réglementaire régulait le processus de décision pour choisir sa mort, des proches désunis pourraient-ils trouver la paix du cœur ?
Comment ne pas être très attentifs à la situation des personnes atteintes d’un mal incurable, sans être en fin de vie à court terme ? Se voir diminuer est parfois insupportable. D’aucuns réclament de mourir en exprimant le désir de ne pas devenir un poids pour leurs proches. Céder à leur désir peut être présenté comme un acte de fraternité, et en tous les cas, de respect individuel. Cependant, la demande suffit-elle à justifier la solution de la mort ? De plus, le désir de quelques-uns doit-il conduire notre société à proposer la mort à toutes les personnes incurables ? Que vivront-elles si, plus ou moins explicitement, leur est présentée la possibilité de demander à être aidées à mourir ? La dynamique entière du soin en serait gravement déviée.
Légiférer en ce sens signifierait imposer à tous de faire un choix individuel. Cela éloignerait de la véritable liberté qui grandit dans la relation et qui suppose d’assumer ce que nous sommes en vérité, des êtres mortels qui ne s’appartiennent pas. Le fait même de proposer un tel choix accentuerait le mal-être de notre société et enfoncerait un peu plus notre humanité dans l’individualisme mortifère. Pour nous, chrétiens, ce serait s’éloigner du dessein sauveur voulu par Dieu : « Rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52).
Nous le comprenons, notre foi et notre charité sont et seront sollicitées. Foi et charité éclairent notre chemin et guident nos pas face à la mort et à l’accompagnement dû aux mourants. Elles demandent aussi d’éviter les jugements incompatibles avec le respect dû à chaque personne humaine. Elles donnent le courage de recommencer sans cesse à construire une fraternité, avec la grâce de Dieu et l’aide de la communauté.
L’aide active à vivre Nos paroles seront peut-être de peu de poids face aux opinions apparemment dominantes. Pourtant, bon nombre de nos concitoyens s’interrogent devant la question radicale de la mort : « Ô mort, où est ta victoire ? » Ils voudraient tellement que la victoire soit à la vie ! Notre engagement à être ensemble serviteurs de la vie est la réponse à l’appel que Jésus nous adresse en proposant l’attitude du bon Samaritain : « Va, et, toi aussi, fais de même » (Lc 10,37).
Sans doute avons-nous à examiner les modalités de la prise en charge personnelle et collective des personnes âgées, afin de leur proposer les meilleures conditions d’une fin de vie digne et d’une bonne approche de la mort. Il serait bon de nous instruire les uns les autres, de nous aimer en vérité et, osons le dire, de nous préparer, sans crainte, à bien mourir.
Il convient que chacun se prépare à la maladie et à la mort. On ne le fait pas en s’angoissant, en imaginant le pire, mais en apprenant à profiter de chaque instant pour se rapprocher de Dieu et des autres. Demandons la grâce de comprendre qu’être dépendant n’est pas une déchéance : la condition humaine est belle dans le fait même que nous sommes dépendants les uns des autres. Il y a des moments dans la vie où chacun donne beaucoup, et d’autres où chacun a à recevoir avec reconnaissance.
Gratitude et espérance À ceux qui sont au service de la fin de vie de personnes fragilisées, que ce soit à court terme ou à moyen terme, qu’elles soient âgées ou non, qu’elles soient peut-être des jeunes ou des enfants, nous voulons redire les mots de saint Paul en conclusion de sa prédication sur la résurrection :
« Mes frères bien-aimés, soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas perdue » (1 Co 15,58).
Nous vous invitons à faire vôtre ce grand chapitre 15 de la Première Lettre aux Corinthiens sur la résurrection du Christ et sur la résurrection des morts. Nous vous invitons à le méditer en priant l’Esprit Saint de donner à notre société la joie de choisir la vie, de choisir l’aide active à vivre et à bien mourir. Nous vous confions cette Parole de Dieu « afin que vous débordiez d’espérance » (Rm 15,13).
« Rendons grâce à Dieu qui donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ » (1 Co 15,57), exhorte saint Paul. Nous rendons grâce pour les soignants, les aidants, les aumôniers des hôpitaux et des EPHAD, pour le personnel dévoué, les bénévoles et les visiteurs bienfaisants de nos parents et amis en établissements de santé, et pour les frères et sœurs qui tiennent la main de ceux qui nous quittent, souvent en leur demeurant proche dans le silence. Tous contribuent à la victoire de la paix ! Combien de témoins nous révèlent la fécondité de l’attention aux mourants pour que la paix advienne dans leur âme, et aussi dans le cœur de leurs proches !
Pour conclure Au cours de notre assemblée à Lourdes, nous prions le Seigneur des morts et des vivants pour qu’il accorde à tous et à chacun, à ses fils et ses filles bien-aimés unis par le Baptême à Jésus ressuscité, à tous nos frères et sœurs en humanité, un surcroît de sagesse et aussi la grâce d’une « bonne mort[21] ». « Pour un chrétien, dit le pape François, la bonne mort est une expérience de la miséricorde de Dieu, qui est proche de nous aussi dans ce dernier moment de notre vie. » Il ajoute : « Que saint Joseph nous aide à vivre le mystère de la mort de la meilleure manière possible [22]. »
Ici, nous prions le Seigneur pour vous et, plus spécialement, pour ceux qui sont confrontés à une fin de vie souffrante. Nous prions, conscients de ce que le grand débat sur la fin de vie peut faire résonner au plus profond de chacun de nous. Que la Vierge Marie obtienne pour tous le don caché de l’Esprit Saint qui fait discerner la beauté de la vie et la grandeur de la fraternité.
À Lourdes, le 8 novembre 2022, Les évêques de France.
[1] « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il les a tous créés pour qu’ils subsistent ; ce qui naît dans le monde est porteur de vie : on n’y trouve pas de poison qui fasse mourir. La puissance de la Mort ne règne pas sur la terre, car la justice est immortelle. » (Sg 1,13-15)
[2] Constitution sur l’Église dans le monde de ce temps, Gaudium et spes, 7 décembre 1965, n. 18 §1.
[3] Ibid., n. 10, §2.
[4] Cf. ibid., n. 14, §2.
[5] Cf. Catéchisme de l’Église Catholique, n. 2548.
[6] Ibid., n. 18, §1.
[7] Cf. Jean-Paul II, encyclique L’Évangile de la vie, 25 mars 1995, n. 65.
[8] La loi du 9 juin 1999 considère que c’est un droit pour chaque citoyen d’avoir accès aux soins palliatifs. Le dernier Avis du Comité consultatif national d’éthique reconnaît que ce n’est pas encore le cas pour tous les malades et met le développement des soins palliatifs en exigence préalable à l’éventuelle évolution législative (Avis 139, 30 juin 2022).
[9] Vous pouvez aller sur le site de la Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs (SFAP).
[10] Cf. Jean-Paul II, encyclique L’Évangile de la vie, 25 mars 1995, n. 65.
[11] Cela est prévu par la loi dite Clayes-Léonetti du 2 février 2016.
[12] Congrégation pour la doctrine de la foi, Lettre Samaritanus Bonus, V §1.
[13] Sacrements pour les malades, n. 144.
[14] Cf., par exemple, Bulle d’indiction, Misericordiae Vultus, n° 15. Voir la citation de saint Jean de la Croix (1542-1591), dans le Catéchisme de l’Église Catholique, n. 1022.
[15] Prévues par la loi du 22 avril 2005, article 7.
[16] Désignation de la « personne de confiance » prévue par la loi du 4 mars 2002 et précisée dans la loi du 22 avril 2005, article 8 : « L’avis de cette dernière, sauf urgence ou impossibilité, prévaut sur tout autre avis non médical, à l’exclusion des directives anticipées, dans les décisions d’investigation, d’intervention ou de traitement prises par le médecin. »
[17] L’intention est « un élément essentiel » pour discerner la bonté morale d’un acte humain (Catéchisme de l’Église Catholique, n. 1752). Jean-Paul II, au n. 65 de son encyclique L’Évangile de la vie, écrit : « Par euthanasie au sens strict, on doit entendre une action ou une omission qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur. L’euthanasie se situe donc au niveau des intentions et à celui des procédés employés. »
[18] Saint Jean-Paul II confirme la possibilité morale de refuser l’acharnement thérapeutique (L’Evangile de la vie, n. 65). La Congrégation pour la doctrine de la foi évoque « l’obligation morale d’exclure l’acharnement thérapeutique » (Lettre Samaritanus Bonus du 25 juin 2020, V § 2. La loi civile dite Léonetti du 22 avril 2005 l’interdit.
[19] Au sujet de l’autonomie, Jean-Paul II, au n. 64 de L’Évangile de la vie, écrit : « En refusant ou en oubliant son rapport fondamental avec Dieu, l’homme pense être pour lui-même critère et norme, et il estime aussi avoir le droit de demander à la société de lui garantir la possibilité et les moyens de décider de sa vie dans une pleine et totale autonomie. C’est en particulier l’homme des pays développés qui se comporte ainsi ; il se sent porté à cette attitude par les progrès constants de la médecine et de ses techniques toujours plus avancées. […] Dans ce contexte, la tentation de l’euthanasie se fait toujours plus forte, c’est-à-dire la tentation de se rendre maître de la mort en la provoquant par anticipation et en mettant fin ainsi « en douceur » à sa propre vie ou à la vie d’autrui. »
[20] Cf. Fratelli tutti, 3 octobre 2020, n. 71. Prenez le temps de lire l’admirable deuxième chapitre « Un étranger sur le chemin » de cette encyclique du pape François, Fratelli tutti.
[21] Cf. Missel romain (2021), Messe « pour demander la grâce d’une bonne mort », p. 1151.
[22] Pape François, Catéchèse du 9 février 2022 : « Saint Joseph, patron de la bonne mort. » Dans cette catéchèse, le Pape rappelle la tradition selon laquelle saint Joseph mourut entre les bras de Jésus et de la Vierge Marie (Benoît XV, Motu proprio Bonum Sane, 25 juillet 1920). |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 13.11.22 10:05 | |
| Les responsables religieux français opposés à toute «aide active à mourir»Par [size=16]Jean-Marie GuénoisPublié le 11/11/2022 à 17:49, mis à jour le 11/11/2022 à 17:49Article payant [/size][center][left] Interrogés par Le Figaro, les responsables religieux français disent tous leur attention soutenue à «la souffrance des personnes en fin de vie». Thomas Louapre / DivergenceFOCUS - Les religions pourraient s’unir si le débat annoncé via la convention citoyenne ne tenait pas compte de leur point de vue.Sans s’exprimer d’une seule voix, les religions en France s’opposent à une éventuelle [size=18]«aide active à mourir», à laquelle le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a ouvert la porte mi-septembre. Et ce, même si cette «aide active» était encadrée par «certaines conditions strictes». Des représentants de cultes en France ont été consultés à ce sujet par le gouvernement et le président de la République. Pour l’heure, les religions n’envisagent pas de s’unir pour dire leur opposition. Mais elles pourraient le faire si le débat annoncé via la convention citoyenne ne tenait pas compte de leur point de vue.Quel est-il? Interrogés par Le Figaro, les responsables religieux français disent tous leur attention soutenue à «la souffrance des personnes en fin de vie». Ils estiment qu’une nouvelle loi n’est pas nécessaire dès lors que les deux lois existantes ne sont «pas suffisamment appliquées»: la loi Leonetti de 2005 contre l’obstination déraisonnable et la loi Claeys-Leonetti de 2016 permettant…[/size] Prière de ne pas violer notre conscience en nous volant notre idée de notre mort.Admin |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 30.11.22 12:43 | |
| Une société qui donne un droit à la mort? Christophe Jacon - Jean-Luc Gadreau - Sophie Crozier 19/11/2022 Prises de parole Prendre soin
Alors que le débat sur la fin de vie reprend une tournure officielle et devrait aboutir à des changements légaux, Jean-Luc Gadreau reçoit pour Solaé la neurologue et membre du CCNE Sophie Crozier et le pasteur Christophe Jacon, membre de la commission Éthique et société de la FPF.
Écouter l’émission Solaé Le rendez-vous protestant (30 octobre 2022, présentée par Jean-Luc Gadreau et réalisée par Delphine Lemer).
Jean-Luc Gadreau: Nous allons aborder ce matin une question difficile – douloureuse, même – qui est revenue dans l’actualité récemment: la prise en charge de la fin de vie. Nous en parlerons ce matin avec Sophie Crozier, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris et membre du CCNE, le Comité consultatif national d’éthique. Avec nous également, un pasteur, Christophe Jacon, qui exerce dans la paroisse de l’Église protestante unie à Périgueux et qui est membre de la commission Éthique et société de la Fédération protestante de France.
Dans la récente actualité est apparu cet avis 139 du CCNE (1) qui propose de renforcer dans un premier temps les mesures de santé publique dans le domaine des soins palliatifs mais qui prend aussi acte des limites de la loi Claeys-Leonetti estimant qu’il existe une voie pour une application éthique de l’aide active à mourir sous strictes conditions. Ce texte marque une rupture inédite avec les précédents avis du Comité qui, jusqu’ici, s’était toujours opposé à toute aide active à mourir. Précisons toutefois que 8 des 45 membres du Comité ont exprimé une réserve quant à une éventuelle évolution législative sur la fin de vie. Sophie Crozier, j’ai résumé en deux-trois phrases un document qui contient 63 pages! Peut-être pouvez-vous nous dire, pour commencer, ce qui vous semble important à retenir de cet avis?
«Pour les soignants, c’est peu compatible avec les valeurs du soin» Sophie Crozier: Je dirais qu’il y a deux grands axes dans cet avis: d’une part des constats et d’autre part des recommandations. Les constats, ce sont principalement ceux d’une insuffisance de la connaissance, de l’application et de l’évaluation des deux dispositifs législatifs en vigueur actuellement que sont la loi de 2005 dite loi Leonetti et la loi de 2016, deux lois sur le droit des patients et sur la fin de vie. Ces deux lois ont ouvert des droits et des devoirs pour les professionnels de santé afin de mieux accompagner les situations de fin de vie. Le deuxième constat, qui est aussi partagé par l’ensemble des membres du Comité consultatif national d’éthique, c’est qu’il y a une insuffisance d’accès aux soins palliatifs avec un manque de moyens en personnel, en lits, un manque de formation et de démarche de culture palliative dans nos activités soignantes. Ça, c’est un élément très important. Le troisième constat est que certaines situations, notamment de demandes de mort ne trouveraient pas de réponse dans les lois actuelles. Ces trois constats aboutissent à des recommandations qui sont, d’une part (c’était attendu) une intensification des mesures pour renforcer les soins palliatifs et, d’autre part, des repères éthiques en cas d’évolution législative vers une aide active à mourir.
Jean-Luc Gadreau: Et c’est là que c’est un peu plus difficile, peut-être?
Sophie Crozier: Voilà… De ce fait, un certain nombre de conditions (qu’on peut discuter) seraient nécessaires pour permettre une éventuelle ouverture législative: autonomie, décision libre et éclairée, argumentation médicale à la suite d’une procédure collégiale. Avec l’idée qu’on pourrait quand même trouver des repères éthiques. C’est sur ces points qu’il y a eu beaucoup de discussions au sein du CCNE.
Jean-Luc Gadreau: Oui, j’imagine. Je parlais d’une rupture inédite. Est-ce que c’est aussi votre sentiment, vous qui êtes membre de ce Comité? Est-ce que vous sentez que quelque chose a changé et si oui, pourquoi?
Sophie Crozier: Pour moi, oui, c’est une rupture importante, inédite, parce que c’est quand même la question de l’ouverture d’un droit à mourir, donc d’une aide active à mourir. Ça, pour les soignants, c’est quelque chose de radicalement différent de tout ce qu’on faisait avant. On avait depuis la loi Claeys-Leonetti la possibilité de traiter les souffrances réfractaires des patients qui sont en situation de détresse, notamment dans des situations de fin de vie, de maladies incurables, en proposant des traitements qui ont la visée de soulager la souffrance et qui peuvent conduire au décès du malade – y compris à la demande du patient. Là, on est dans quelque chose de complètement différent, avec des patients dans des situations qui ne sont pas des situations de toute fin de vie. Parce que c’est de ça dont on va parler: ce n’est pas du court terme, ce sont des patients qui sont dans des situations médicales difficiles et qui vont demander une aide active à mourir. Et cela, pour les soignants, c’est peu compatible avec les valeurs du soin que sont l’écoute, l’accompagnement, soulager les souffrances. Il y a eu une enquête de la Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs qui a quand même révélé que la majorité des soignants était opposée à une évolution législative parce qu’ils n’y retrouvent pas le sens de leur mission de soignant. C’est une chose qui, pour moi, est radicalement différente de ce qu’on avait jusqu’à présent comme dispositif législatif.
«Quatre principes forts» Jean-Luc Gadreau: Pasteur Christophe Jacon, la commission Éthique et Société de la Fédération protestante avait publié de son côté il y a déjà quelques temps, un texte intitulé Interpellations protestantes sur la prise en charge de la fin de vie: soins palliatifs, euthanasie et suicide assisté (2). Comment résumeriez-vous cette position de la commission avant cette évolution du CCNE?
Christophe Jacon: Oui, en 2019, la commission Éthique et société avait pris position sur la fin de vie. La commission, qui est composée de membres de confessions diverses, avait déclaré à ce moment-là quatre principes.
Jean-Luc Gadreau: Oui, il y a une grande diversité dans le protestantisme et on la retrouve dans les différentes commissions.
Christophe Jacon: Tout à fait. Au sein de cette commission diverse, on s’était entendu sur quatre principes forts:
Dieu est à l’origine de toute vie. Cette origine divine donne à chacune et à chacun quels que soient sa situation, ses fragilités, sa foi, ses faiblesses, son handicap, sa maladie, son degré d’autonomie, une dignité inconditionnelle et imméritée. C’est un point fondamental.
La vie est donnée et personne, absolument personne, ne se fait tout seul. La vie est dépendance, elle est donc marquée par la grâce et la grâce de l’autre, des autres, qui font que l’on est ce que l’on est. Et la grâce de cet autre nous donne, pour reprendre une expression de Paul Tillich, le «courage d’être». La vie donnée est donc une vie en interdépendance où chacun est à tour de rôle aidé et aidant.
Cette vie est marquée par la finitude. On ne peut pas en sortir. La vieillesse, la maladie, la fragilité, la vulnérabilité sont des marques de cette finitude tout autant que la mort. Vouloir nier cette finitude, c’est fuir notre véritable humanité, en somme. Il faut l’accepter, renoncer aux rêves idolâtres, tant de l’immortalité que nous promet le transhumanisme que de la toute-puissance dans laquelle parfois se trouve la médecine.
Cette vie est au service des plus petits, des plus fragiles, dont font partie les orphelins, les étrangers et les veuves, nous dit la Bible, donc les personnes âgées, seules et isolées. La vie au service se fait accompagnement de l’autre, écoute et paroles échangées mais aussi geste et regard si la communication est impossible, et c’est dans le regard de l’autre qu’on se sent aimé, nous dit Luther.
Voilà les principes forts qui ont été édictés par la commission Éthique et société. Mais, en dépit de principes similaires, il y a encore des positions qui sont irréconciliables. Il y a deux positions au sein de la Fédération: ceux qui, au nom de la liberté et de la responsabilité – notamment chères au protestantisme – plaident pour une dépénalisation, voire une légalisation de l’euthanasie, et puis ceux qui au nom de l’interdit du meurtre estiment que toute loi favorisant l’euthanasie active et le suicide assisté serait contraire à l’Évangile.
«Une réelle rupture anthropologique» Jean-Luc Gadreau: Le président de la Fédération protestante, Christian Krieger, qui a rencontré tout récemment la ministre déléguée auprès du Ministre de la Santé et de la Prévention, a récemment déclaré:
«J’ai été invité par Madame la ministre Agnès Firmin-Le Bodo qui souhaitait amorcer une consultation avec les autorités religieuses pour évoquer la manière dont est envisagé le débat citoyen sur la fin de vie. Elle m’a expliqué que la Convention citoyenne relevait du ministre Olivier Véran et qu’elle-même s’occuperait plutôt du débat avec les autorités religieuses et la société civile. Pour elle, trois questions sont posées dans le cadre de ce débat. La première question est l’intensification et le développement de moyens pour soutenir le développement de l’offre de soins palliatifs dans notre pays. La deuxième question porte sur l’aide à mourir pour une situation très particulière: quand il y a des personnes réfractaires aux soins, qui souffrent et dont le diagnostic vital est engagé non pas à court terme mais à moyen terme. Et la troisième question qu’elle voudrait mettre dans ce débat citoyen c’est un droit opposable afin d’éviter les situations qu’on a connues durant la crise sanitaire de personnes isolées mourant seules dans les Ehpad ou dans les services hospitaliers.
La plupart des autorités religieuses – mais le protestantisme en particulier – va demander à ce que, dans un premier temps, une réelle analyse des moyens déployés pour les soins palliatifs et, surtout, l’insuffisante application et connaissance de la loi Claeys-Leonetti, puissent être appréciées avant de passer à une étape suivante qui représente une réelle rupture anthropologique, puisque là il s’agit pour la première fois de la question d’une aide ou d’une assistance à mourir. Pour le protestantisme, j’ai demandé à la commission Éthique et société de la Fédération de me faire un point d’étape pour savoir comment cette situation avait évolué depuis le texte qu’elle a produit en 2019. La pandémie a modifié notre rapport à la mort; on a un rapport peut-être plus inquiet à la mort puisque beaucoup de personnes sont décédées seules. Je leur ai donc demandé d’apprécier la situation sociologique et aussi la question posée par cet avis afin que nous puissions entrer de manière éclairée dans ce débat, en tant que protestants.»
«C’est difficile de se projeter dans cette question de la fin de vie» Jean-Luc Gadreau: Sophie Crozier, peut-être pourriez-vous revenir sur ces lois existantes et qui cadrent l’attitude médicale vis-à-vis des personnes en fin de vie?
Sophie Crozier: Il y a donc deux grandes lois sur la fin de vie en France:
La première loi est celle de 2005 dite loi Leonetti, relative aux droits des malades et à la fin de vie. C’est une loi qui, pour la première fois, a précisé l’obligation pour les médecins d’accepter un refus de traitement de la part des malades, donc c’est très important. Il y avait la loi de 2002 qui l’avait déjà évoquée mais, là, cela concerne en particulier les situations de fin de vie et l’obligation pour les médecins d’accepter ces demandes d’arrêt de traitement. On n’a pas le choix, on doit écouter la demande du patient (bien sûr, celle-ci doit être réitérée; il y a tout un cadre qui est précisé dans la loi). C’est aussi un droit pour les malades de ne pas subir ce qu’on appelait avant l’acharnement thérapeutique ou obstination déraisonnable. La non-obstination déraisonnable, c’est un droit pour les malades et un devoir pour les médecins d’acter le refus de traitement, même si cela conduit au décès du malade. Et le troisième point essentiel qu’il ne faut surtout pas oublier dans la loi Leonetti, c’est l’obligation de mettre en œuvre un accompagnement palliatif, c’est-à-dire un soulagement des souffrances pour le malade, un accompagnement de la famille. Pour nous, ces dispositions sont non seulement essentielles mais complètement conformes aux valeurs du soin, et je pense que la majorité des soignants (d’ailleurs c’est une loi qui avait été votée à l’unanimité) sont d’accord avec ça.
Le deuxième grand repère législatif, la deuxième grande loi, c’est la loi dite Claeys-Leonetti qui, comme la première, est arrivée dans un contexte particulier, avec des situations particulières, des contentieux: on était face à des personnes qui demandaient l’accès à un droit à mourir parce que se trouvant dans des situations qu’elles jugeaient vraiment insupportables pour elles. Il y a eu d’abord Vincent Humbert et puis Vincent Lambert. L’idée de la loi Claeys-Leonetti, c’était d’aller un peu plus loin parce qu’il y avait effectivement des personnes dans des situations de souffrance réfractaire qui demandaient l’accès à un droit à mourir. Ce qu’a permis la loi de 2016, c’est de donner accès à une sédation profonde et continue jusqu’au décès à des personnes en fin de vie avec un pronostic vital engagé à court terme. Tous les mots sont importants et c’est là où il y a pu avoir ambiguïté.
Cela a été vécu pour ceux qui étaient très pro-euthanasie et suicide assisté comme quelque chose d’insuffisant parce que, finalement, on n’a pas l’injection d’un produit léthal conduisant au décès de façon immédiate. Il y a beaucoup de questions qui sont intéressantes, d’ailleurs, sur la temporalité, le fait qu’il faut que ça aille vite. On pourra peut-être y revenir; je pense que c’est un sujet important. Et puis, de la part des soins palliatifs, il y a une forme d’hypocrisie à parler de sédation profonde et continue jusqu’au décès. À partir du moment où on met en place un médicament qui va endormir le malade et qu’on sait qu’on ne va pas le réveiller, ça peut quand même être considéré comme une forme d’euthanasie. Il est peut-être important de rappeler que la définition de l’euthanasie c’est une demande de mort sollicitée par le malade. Les médecins, le corps soignant, ne prennent pas la décision de mettre en place une sédation sans en avoir demandé l’avis au patient soit via des directives anticipées, soit directement. Ça, c’est le cadre principal. Il faut peut-être aussi ajouter que dans la loi de 2016, les droits du malade ont été renforcés à travers les directives anticipées. Avant, les directives anticipées n’étaient que consultatives et maintenant elles sont contraignantes, ce qui change un petit peu les choses. En sachant que les directives anticipées – probablement parce qu’elles ne sont abordées qu’à travers la question de la fin de vie – très peu de Français les rédigent. C’est difficile de se projeter dans cette question de la fin de vie.
Jean-Luc Gadreau: D’ailleurs, on nous donne ces papiers à la moindre opération et, généralement, on ne les remplit pas…
Sophie Crozier: Mais oui, et cela pourrait être pensé autrement! Il y a des pays anglo-saxons où ces questions-là sont beaucoup plus développées et où on parle de projets de soins anticipés. C’est beaucoup moins douloureux que de dire directives anticipées, qui réduit souvent la question à la toute fin de vie. Peut-être qu’au lieu de se demander ce que l’on voudrait pour sa fin de vie, on pourrait penser à ce qu’on voudrait comme projet de vie, notamment dans une situation de difficulté médicale, réfléchir à quel accompagnement, jusqu’où, etc. Il y a vraiment des expériences, notamment aux États-Unis, au Canada ou en Nouvelle-Zélande, où on a beaucoup travaillé sur des projets de soins anticipés et c’est tout à fait inspirant, intéressant.
Jean-Luc Gadreau: Christophe?…
Christophe Jacon: Je réagis à ce que vous venez de dire: il y a peut-être une autre loi, avant même celle de 2005, qui est aussi importante et que Christian Krieger a évoquée, c’est celle de 1999 sur les soins palliatifs. On a là une première loi très importante qui fait quasiment des soins palliatifs un droit opposable et on constate, après 23 ans d’élaboration, que cette loi n’est pas appliquée. C’est là une des grandes souffrances. Je rejoins tout à fait Sophie Crozier sur cette façon de penser la mort tout au long de la vie – puisque la mort fait partie de la vie. Il y aurait peut-être une solution, c’est de permettre au médecin traitant, au médecin généraliste, d’accompagner ces patients sur leur réflexion. Si on faisait une sorte de tarification de cet accompagnement (parce que pour l’instant, ces médecins ne peuvent pas prendre le temps de les accompagner), on pourrait envisager cette possibilité.
«L’être humain n’est qu’un souffle» Jean-Luc Gadreau: Dans Solaé, le rendez-vous protestant, un fil rouge relie chaque émission dans la diversité des angles abordés: c’est le texte biblique. La Bible parle de la vie mais elle évoque aussi de multiples façons la mort, la fin de vie, comme ici par exemple dans les quatre premiers versets du psaume 144:
«Béni soit le Seigneur, mon rocher, lui qui m’entraîne à la bataille et me prépare au combat. Il est mon allié et mon refuge, ma forteresse, mon libérateur, le bouclier qui m’abrite. C’est lui qui met des peuples à mes pieds. Pourtant, Seigneur, qu’est-ce qu’un être humain pour que tu t’intéresses à lui? Qu’est-t-il pour que tu tiennes compte de lui? L’être humain n’est qu’un souffle, sa vie n’est qu’une ombre qui passe.»
Christophe Jacon, pasteur théologien, comment réagissez-vous à ces mots?
Christophe Jacon: C’est un très joli texte. L’être humain, dit l’hébreu, est hevel, ce qui nous renvoie à la fragilité d’Abel, la buée, le souffle. Il aborde la question de la finitude qu’on a évoquée au début de cet entretien, une finitude qui doit être tant acceptée par l’homme avec l’abandon de ces rêves que nous promet le transhumanisme, que par le médecin. Je le disais tout à l’heure, c’est important que les deux puissent accepter cette question de la finitude. C’est l’acceptation de la non-puissance dont parlait Ellul, tant pour l’un que pour l’autre, et je pense que derrière ce texte biblique, il y a cette question: qu’est-ce qu’on fait quand la buée est irrespirable? Qu’est-ce qu’on fait quand on a le sentiment – et beaucoup de personnes ont ce sentiment à la fin de leur vie – que la situation est trop difficile? Baruch disait dans le livre de Jérémie que Dieu avait ajouté peine sur sa souffrance. Il y a parfois des situations où il faut prendre en compte le fait que cela devienne irrespirable et, personnellement – et là c’est un avis qui n’est pas celui de la commission – il y a des situations où je pense que le visage de l’autre m’oblige à envisager l’inenvisageable, pour reprendre une terminologie de Levinas.
«Les demandes de mort sont des demandes extrêmement complexes» Jean-Luc Gadreau: Pour terminer, je vais vous poser la même question à tous les deux: comment appréhendez-vous les mois qui viennent, ce débat qui s’ouvre (parce que, d’après ce que l’on entend, il semblerait que le débat s’ouvre vraiment sur la question)? Quels sont les points de vigilance que vous relevez? Sophie?…
Sophie Crozier: Je pense qu’il faudrait déjà qu’on ait le temps de pouvoir réexpliquer ce qui existe comme dispositif législatif, qu’il y ait une prise de conscience de l’importance de renforcer les mesures dans les soins palliatifs, que ce soit dans les unités soins palliatifs ou au-delà. Je pense que le point de vigilance est là. On l’a rappelé, il existe depuis 1999 un droit d’accès aux soins palliatifs, mais ce droit n’est malheureusement pas accessible et il y a de grandes inégalités territoriales. Avant d’envisager une évolution législative, il me semble que c’est l’impératif absolu.
Et il est important de rappeler que derrière toutes ces situations il y a des personnes, des situations individuelles pour lesquelles chaque option doit pouvoir être envisagée et discutée, et que cela demande du temps. Ce que je crains c’est que justement ce manque de temps nous conduise parfois à prendre des décisions qui ne soient pas assez réfléchies. Les demandes de mort sont des demandes extrêmement complexes, extrêmement ambivalentes; elles doivent être questionnées. Pour moi, la loi ne règlera pas ce qu’on appelle – mal, d’ailleurs – le mal-mourir et ce n’est pas une loi qui va faire que les conditions de la fin de vie s’améliorent mais des pratiques soignantes d’écoute et de compréhension de l’autre, d’attention à la vulnérabilité, à la situation particulière. Personnellement je ne suis pas opposée au fait d’accompagner quelqu’un jusqu’au bout, y compris si cela doit accélérer le décès. En revanche, je pense que de l’inscrire dans une loi est quelque chose de dangereux. Qu’est-ce que c’est qu’une société qui donne un droit à la mort? Qu’est-ce que cela renvoie comme image pour les patients, pour les personnes les plus vulnérables, pour les personnes en situations de handicap? Cela interroge des choses très importantes, sur la valeur de la vie, etc.
Pour ces raisons-là, je ne suis pas du tout pour une évolution rapide vers une autorisation d’un droit à mourir. À titre personnel, je suis très impliquée depuis 2005 sur la question du développement de la démarche palliative. Je me suis occupée de cela dans mon hôpital pendant plus de 10 ans en tant que présidente du comité local soins palliatifs. L’objectif était vraiment d’essayer de promouvoir la démarche palliative dans tous nos services, quelles que soient les spécialités. Il y a une volonté des soignants mais il faut leur donner le temps de pouvoir accompagner les personnes en fin de vie et aujourd’hui ce temps-là manque cruellement. On va donc aussi imaginer une loi dans ce contexte de crise hospitalière. En ce qui me concerne, je suis très inquiète et j’espère pouvoir participer à tous ces débats.
Jean-Luc Gadreau: Christophe, un mot de conclusion?
Christophe Jacon: Je partage tout à fait l’inquiétude concernant la loi. Un point, peut-être: on a peu parlé de l’accompagnement, or, le CCNE dans son avis 121 (3) imaginait un service public de l’accompagnement pour développer cela, pour remplacer cette envie de mourir par un goût de vivre.
Jean-Luc Gadreau: Merci beaucoup et bon courage dans vos engagements respectifs à tous les deux.
Illustration: extrait de la carte interactive des unités de soins palliatifs sur l’Annuaire géolocalisé des structures de soins palliatifs et d’accompagnement de fin de vie (site public Fin de vie Soins palliatifs).
(1) Questions éthiques relatives aux situations de fin de vie: autonomie et solidarité, avis 139 du CCNE, 13 septembre 2022. Voir aussi le communiqué de presse du même jour.
(2) Commission Éthique et société de la FPF, Interpellations protestantes sur la prise en charge de la fin de vie: soins palliatifs, euthanasie et suicide assisté, 26 janvier 2019.
(3) Fin de vie, autonomie de la personne, volonté de mourir, avis 121 du CCNE, 30 juin 2013. |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 13.12.22 18:41 | |
| «En prenant part au débat sur la fin de vie, les chrétiens menacent-ils vraiment la laïcité ?» Par Erwan Le Morhedec Publié hier à 17:06, mis à jour hier à 21:55 «Les chrétiens sont ici des témoins de ces actes humbles mais multiples qui font tenir la société, témoins de la fraternité - chrétienne et républicaine.» «Les chrétiens sont ici des témoins de ces actes humbles mais multiples qui font tenir la société, témoins de la fraternité - chrétienne et républicaine.» Adobe Stock FIGAROVOX/TRIBUNE - Certains partisans de l'euthanasie discréditent les oppositions en rejetant du débat démocratique ceux qui par ailleurs auraient des convictions religieuses, analyse Erwan Le Morhedec. L'avocat se désole de voir le débat sur la fin de vie posé de manière aussi manichéenne.
Ma mère ne s'en est pas remise. J'ai eu beau mettre les formes pour l'en informer, découvrir sur le tard, que son propre fils « menace les institutions » est une désillusion autant qu'une surprise, tant il lui semblait jusqu'alors que la République tenait ferme sur ses fondations. C'est pourtant ce qui ressort d'une tribune publiée le 7 décembre 2022 dans L'Express et signée à la fois par Élisabeth Badinter, Raphaël Enthoven, les dirigeants du lobby pro-euthanasie ADMD et une demi-douzaine de grands maîtres des principales obédiences maçonniques. À l'ouverture de ce « débat apaisé », les signataires célèbrent à six reprises le « combat » qu'ils mènent, désignent un ennemi, dénoncent ce qu'il représente. « Qu'ils expriment la position de leur Église dans notre démocratie pluraliste est leur droit le plus légitime, mais qu'ils se prévalent de leurs croyances pour tenter d'empêcher ce débat, d'interdire l'échange à coups d'anathèmes et de menacer nos institutions au nom de leur foi, est inacceptable ». L'accusation pourrait n'être que grotesque et ne mériter que l'ironie. Qui peut soutenir de bonne foi que les croyants aient tenté d'empêcher le débat auquel ils participent, agité des anathèmes ? Qui peut imaginer que les placides interventions dans la presse des représentants des cultes aient fait trembler la République ? Qui peut croire que l'Église ici dénoncée, dans le triste état qui est le sien, puisse attenter aux institutions si, par extraordinaire, elle en nourrissait jamais l'intention ? Mais cette accusation est un lourd avertissement. Il n'est pas anodin de désigner des citoyens français comme représentant une menace pour les institutions. Car on réserve ordinairement ce qualificatif aux séditieux.
À lire aussi«Fin de vie: le grand malentendu»
Ce texte d'une rare agressivité est loin de pouvoir se prévaloir des principes républicains et se parer de la laïcité revendiquée. Son objectif est transparent : il s'agit de discréditer par avance les oppositions en rejetant des citoyens hors du corps social. Comment ceux-ci peuvent-ils seulement débattre si, lors même qu'ils s'efforcent de participer au débat public selon ses usages laïcs, ils en sont congédiés parce qu'ils nourrissent, aussi, des convictions religieuses ? La réalité, dont je peux témoigner, est celle d'une mise en cause permanente à raison de ces convictions. Ce que ces signataires prennent pour de la laïcité n'est en vérité que discrimination à raison des convictions religieuses. On ne fait guère moins républicain.
Quiconque lira cette tribune pourra encore faire cet autre constat : la personne en fin de vie y fait office de figurante. Pire, elle est l'otage d'un conflit centenaire, celui des tenants d'une laïcité agressive contre ceux des citoyens qui ont le malheur de « croireau Ciel ». Leur agonie n'y est que l'extension du domaine de la lutte pour l'éradication complète de l'influence, pourtant si résiduelle, de l'Église catholique en France. Les signataires s'évertuent à raviver les braises froides d'un affrontement bien étranger aux enjeux concrets pour les malades.
Dans les unités de soins palliatifs que j'ai visitées, j'ai rencontré parmi les soignants et les bénévoles en soins palliatifs bien des agnostiques, des athées et jusqu'à des bouffeurs de curés, souvent tout aussi opposés à l'euthanasie.
Erwan Le Morhedec Car non, légaliser l'euthanasie ne sera pas une loi de liberté. La liberté, ça s'institue. N'en déplaise aux libertaires, c'est bien souvent l'interdit qui la garantit. Dans le cours ordinaire de la vie, c'est lui qui protège la liberté du salarié, lui qui sauvegarde celle du consommateur. En fin de vie, c'est l'interdit qui a restauré la liberté de ce patient atteint de SLA que son médecin de soins palliatifs a logiquement refusé d'euthanasier, tout en puisant dans son engagement les ressources de créativité médicale nécessaires pour lui offrir dix-huit mois d'une fin de vie apaisée. À l'inverse, au Canada, Jennyfer Hatch est morte euthanasiée le 23 octobre dernier. Personne ne pourra dire que ce n'était pas son choix, mais qui peut prétendre que c'était sa liberté ? En juin dernier, elle témoignait avoir cherché en vain pendant dix ans à bénéficier de soins appropriés, pour finir par s'interroger ainsi : « si je ne peux pas accéder aux soins de santé, puis-je accéder aux soins de la mort ? » Après tant d'années d'inaction, le système de santé y a fait droit, en quelques semaines. Toujours au Canada, Les Landry, 65 ans, a vu ces jours-ci sa demande d'euthanasie approuvée alors qu'elle est principalement motivée par sa peur de se retrouver sans abri depuis qu'une maigre pension de retraite a remplacé sa pension d'invalidité. En Belgique, un médecin témoignait auprès de moi de la mort d'une femme de 90 ans, ayant perdu la vue, terrifiée à l'idée d'aller en maison de repos. De notre côté, avons-nous déjà oublié le scandale Orpea ? Demain, sans conteste, des personnes demanderont à mourir pour ne pas vivre la vie qu'on leur réserve encore. Ce sera leur choix. Mais qui peut se lever et soutenir que ce sera une liberté, que cette loi sera une loi d'égalité ? De fraternité ?
Les contempteurs des chrétiens dans ce débat ont raison sur un point : ces derniers sont nombreux à être engagés. Dans les unités de soins palliatifs que j'ai visitées, j'ai rencontré parmi les soignants et les bénévoles en soins palliatifs bien des agnostiques, des athées et jusqu'à des bouffeurs de curés, souvent tout aussi opposés à l'euthanasie. C'est heureux, car c'est avec toute la diversité de la société française que l'on répond le mieux aux attentes des personnes en fin de vie. Mais c'est aussi un fait : les chrétiens y sont en nombre. Depuis Cicely Saunders à Londres en passant par le Père Patrick Verspieren en France et jusqu'à aujourd'hui, ces pionniers se sont révoltés autant contre la souffrance, l'abandon que contre l'acharnement thérapeutique appliqué aux personnes en fin de vie. Pour une fois, sera-t-on tenté de dire, les chrétiens sont là où ils sont appelés à être, au plus près de la personne souffrante – comme on en trouve auprès du prisonnier, du sans-abri ou de l'étranger.
À VOIR AUSSI - Convention citoyenne sur la fin de vie : pour Élisabeth Borne, il y a un «long mourir» et un «mal mourir»
À lire aussiEuthanasie: «La composition très militante de la mission d'évaluation de la loi Claeys-Leonetti»
Alors, menace pour les institutions ? Je crois plutôt qu'ils sont ici des témoins de ces actes humbles mais multiples qui font tenir la société, témoins de la fraternité - chrétienne et républicaine. Une fraternité vraie, qui s'exerce sans administrer la mort à celui qui la reçoit. Ceux qui témoignent de la chaleur inattendue des soins palliatifs, du réconfort qu'ils ont pu y trouver dans les moments de plus grande angoisse, de l'apaisement de leur proche décédé, de l'attention reçue jusque dans les plus petits détails les ont croisés sans le savoir, car ils agissent dans le respect d'une laïcité cette fois bien comprise. Ils sont présents là où personne ne veut aller, dans ces lieux que nos concitoyens, pris dans le cours bouillonnant de leur vie bien-portante, ne veulent même pas connaître. Il est singulier alors qu'au lieu de recevoir une écoute ajustée à leur contribution, ils sont aujourd'hui discrédités, en raison de ce qu'ils croient, prétendument au nom de la République. |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 14.12.22 19:22 | |
| Le Comité protestant évangélique pour la dignité humaine (CPDH) remet en cause la mission parlementaire chargée d'évaluer la loi encadrant actuellement la fin de vie. Olivier Falorni, nommé à sa tête, est favorable à l'aide médicale à mourir. Evangéliques.info 5 Déc 2022 Partager: Le Comité protestant évangélique pour la dignité humaine (CPDH) se hérisse. Le député MoDem Olivier Falorni, pro-suicide assisté et euthanasie, a en effet été désigné le 29 novembre pour présider une mission parlementaire chargée d’évaluer la pertinence de la loi Claeys-Leonetti. Cette loi requiert, depuis 2016, le développement des soins palliatifs donnés aux patients mourants ou incurables, afin de prendre en charge leurs souffrances.
Deux co-rapporteurs ont les mêmes convictions
Le CPDH remet donc en cause l’impartialité de ce que sera cette mission. Au printemps 2021, le député avait déposé une proposition de loi pour légaliser l’aide médicale à mourir. Dans ce cadre, «peut-on croire à un travail sérieux et impartial?» interroge l’association dans un bulletin du 2 décembre.
Désignant les collègues de travail d’Olivier Falorni, elle renchérit: «Peut-on estimer que l’évaluation de la loi actuelle sera faite sans a priori lorsque les co-rapporteurs -Mme Caroline Fiat et M. Didier Martin- ont, pour la première, déposé une proposition de loi le 20 décembre 2017 sur l’aide active à mourir et pour le second toujours milité en faveur la dépénalisation de l’euthanasie?» Pour sa part, Olivier Falorni a assuré qu’il mettrait ses convictions «de côté».
La France est essentiellement catholique si on relit son histoire. Par ailleurs, c'est une République et les hôpitaux sont laïcs. Par conséquent, les autres religions devraient avoir la dignité de se taire à propos du débat de la fin de vie. " développement des soins palliatifs donnés aux patients mourants ou incurables " patients mourants ou incurables ( patients mourants et incurables ) cherchez l'erreur, la voici Admin |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 15.12.22 22:17 | |
| oh je viens d'avoir une surprise avec des clics sur internet il paraît que des paroisses catholiques organisent des cycles de conférences sur la fin de vie "bien loin du bruit médiatique" hello si vous passez ici ! désolée, j'ai pris un sérieux coup de vieux alors je fuis pour me protéger !
|
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 27.12.22 21:42 | |
| Fuir pour se protéger ( de quoi ? ) et malheureusement si on est cloué dans un lit ou dans un fauteuil, on ne peut que subir... ou alors on devient méchant ...( avec une douceur angélique ! ) |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 18.01.23 13:39 | |
| Paroisses, allez vous faire foutre ! pour moi, vous n'êtes que des clochers qui sonnent dans le vide car vous êtes du vide, alors il y a du vide autour de vous et je plains les voisins qui subissent vos sons de cloche |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 11.03.23 23:09 | |
| la culture du déchet est écologique ! alors pourquoi les cathos s'en indignent ? il y a bel et bien des cathos écolos ici et là... quant aux croyants des autres religions, je les emmerde à propos de la fin de vie la France a été chrétienne et elle est devenue une République... |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 09.05.23 23:51 | |
| [size=35] Les évêques s'opposent à l'évolution de la loi Leonetti[/size] [/size] Louise Sallé 13h31, le 28 mars 2023, modifié à 13h50, le 28 mars 2023Alors que la Convention citoyenne sur la fin de vie s’apprête, en fin de semaine, à présenter ses recommandations, la Conférence des évêques de France révèle à Europe 1 s'opposer à une évolution de la loi sur la fin de vie. Invités à la Conférence des évêques de France, qui démarre ce mardi à Lourdes, une centaine d'évêques cosignent un texte politique pour s'opposer à une nouvelle loi sur la fin de vie. Les conclusions de la Convention citoyenne, qui se penche sur ce sujet depuis quatre mois, seront dévoilées dimanche prochain. Europe 1 a eu accès au contenu du texte signé par les évêques. >> LIRE AUSSI - Fin de vie : la médecine palliative compte autant, voire plus, que la légalisation de l’euthanasie"Nous sommes pour la vie"Ce texte est une prise de position très franche en faveur "des malades et des handicapés dans ce lieu symbolique de la guérison qu'est Lourdes". L'Église se dit sensible à leur souffrance. Elle demande le développement des soins palliatifs sans céder "à la facilité légale et économique de l'aide active à mourir". Monseigneur Vincent Jordy est archevêque de Tours. Il est vice-président de la Conférence des évêques de France. Il explicite au micro d'Europe 1 la position des évêques de France : "Nous sommes dans une semaine un peu déterminante puisque le président de la République va recevoir le résultat de la Convention citoyenne. Autour de ce débat sur la fin de vie et le suicide assisté, il y a toute la question de la personne fragile, de la personne en pauvreté humainement ou relationnellement. Nous sommes pour la vie." >> LIRE AUSSI - Fin de vie : la convention citoyenne favorable à une «aide active à mourir»"Nous pensons que l'accompagnement des personnes du grand âge est une réalité extrêmement importante et nous avons besoin de le penser de cette manière-là", poursuit-il.Les évêques soutiennent ainsi les soignants qui disent que la main qui prend soin ne peut être celle qui donne la mort. Ils appellent également au respect de la valeur de la vie pour réfléchir à une aide active à vivre. Parce que JL ne fait pas mourir ??? Le SA légalisé entraîne la fin de vie des sanctuaires, Lourdes par ex. STOPdonSTOP !Admin du site HandichristAmen... |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 05.06.23 21:39 | |
| Lobbying : les cathos à l’assaut de la fin de vie Laure Daussy · Mis en ligne le 4 juin 2023 · Paru dans l'édition 1610 du 31 mai Les lobbies catholiques ne veulent pas mourir. Depuis plusieurs mois, ils s'organisent pour contrer un projet de loi sur l'euthanasie via la presse... et des influenceurs cathos.
Les lobbies cathos affûtent leurs armes pour empêcher une loi sur l’euthanasie. Après la convention citoyenne sur la fin de vie, qui s’est tenue de décembre 2022 à avril 2023, et alors qu’un projet de loi est annoncé d’ici à la fin de l’été, plusieurs organisations mènent un intense lobbying, avec des actions relayées par la presse – sans que celle-ci précise toujours l’obédience catho tradi des campagnes. Ainsi du collectif Soulager mais pas tuer, qui, en avril dernier, a lancé un appel et organisé des rassemblements dans quelques villes. Ce collectif est constitué de plusieurs associations, dont Alliance Vita, des ultraconservateurs connus pour leur opposition virulente à l’IVG. Ils s’étaient fédérés en collectif en novembre 2014, lorsque François Hollande avait relancé le débat sur la fin de vie.
Plus tôt, en février, c’étaient 13 sociétés savantes et associations de médecins qui s’opposaient catégoriquement à l’euthanasie, dans un texte publié dans Le Figaro. À l’origine de cette prise de position, la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), société savante mais surtout militante, elle aussi trustée par des cathos conservateurs et qui a une influence considérable puisqu’elle forme une grande partie du personnel médical en soins palliatifs. La Sfap a lancé une vaste campagne, « Osons vivre », appuyée par un site Internet, des affiches dans le métro représentant une famille entourant un proche à l’hôpital et des messages à relayer sur les réseaux sociaux pour créer le buzz. |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 16.12.23 14:01 | |
| Fin de vie : le vice-président des évêques de France redoute « une rupture de digue » Lecture 1 min Accueil Santé Fin de vie : le vice-président des évêques de France redoute « une rupture de digue » Plusieurs fois repoussé, le projet de loi sur la fin de vie doit être présenté courant février. Crédit photo : AFP Par SudOuest.fr avec AFP Publié le 15/12/2023 à 12h02. Écouter Réagir Voir sur la carte Partager Alors qu’une ébauche du projet de loi sur l’aide active à mourir vient d’être rendue publique, le vice-président de la Conférence des évêques de France s’inquiète du changement qu’il pourrait provoquer Le vice-président de la Conférence des évêques de France (CEF) Vincent Jordy met en garde vendredi contre la « rupture de digue » que pourrait représenter le projet de loi sur la fin de vie attendu en février. « Une telle loi serait un bouleversement pour notre civilisation fondé sur un principe fondateur : « Tu ne tueras point », avertit l’archevêque de Tours dans une tribune au Figaro, en s’inquiétant d’une « rupture de digue dont les effets ne sont pas prévisibles ». SUR LE MÊME SUJET Fin de vie : Macron promet « une loi de liberté et de respect » sur le « droit de mourir dans la dignité » Fin de vie : Macron promet « une loi de liberté et de respect » sur le « droit de mourir dans la dignité » Le président de la République est revenu sur le projet de loi sur la fin de vie qu’il souhaite « faire cheminer dans les prochains mois » Déplorant « les carences importantes » des soins palliatifs, il s’interroge sur l’argument de « progrès ». « Nous savons, à la lumière de certains scandales sanitaires et financiers, ce que peut produire l’imprévision, voire le cynisme humain au nom du progrès », affirme-t-il. De plus, « les pays déjà engagés en faveur de l’euthanasie montrent que les limites posées pour maîtriser la fuite en avant n’ont pas tenu longtemps, que les contrôles sont largement insuffisants » et « qu’insidieusement une forme de culpabilisation s’insinue dans les consciences des plus fragiles », argumente Mgr Jordy. SUR LE MÊME SUJET Fin de vie : soins palliatifs, maisons d’accompagnement… Que contient le rapport remis au gouvernement ? Fin de vie : soins palliatifs, maisons d’accompagnement… Que contient le rapport remis au gouvernement ? Le projet de loi « sur le modèle français de la fin de vie », promesse d’Emmanuel Macron, sera « présenté courant février », après un plan décennal sur les soins palliatifs, a annoncé vendredi Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée aux Professions de santé Plusieurs fois repoussé, le projet de loin sur la fin de vie doit être présenté courant février. Mais les spéculations perdurent sur le contenu final du texte, alimentées par des fuites récurrentes dans la presse. Le Figaro a révélé jeudi une version provisoire, dont Le Monde s’était déjà fait l’écho mi-novembre, incluant la possibilité de recourir au suicide assisté, voire à l’euthanasie, quoique sous d’importantes conditions (patient majeur, capable de manifester sa volonté, pronostic vital engagé…) le milieu catho culpabilise, vu l'accueil des personnes handicapées dans les paroisses... Admin |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 25.05.24 21:20 | |
| Loi sur la fin de vie : un suicide assisté pour notre société – par monseigneur Matthieu Rougé Temps de lecture estimé : 5 minutes Publié le 24 mai 2024 à 11:32 Matthieu Rougé Matthieu Rougé 12/04/2023 Godeau Matthieu Rougé, Évêque de Nanterre - Sipa press La présentation par le président de la République du projet de loi « relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie » avait suscité de nombreuses inquiétudes. La directrice de la rédaction de La Croix avait qualifié les annonces présidentielles de « dévoiement de la valeur de fraternité ». Le moins que l’on puisse dire est que l’examen de ce projet par la Commission spéciale de l’Assemblée nationale a amplement confirmé ces inquiétudes.
Les critères d’éligibilité à la mort provoquée, d’emblée identifiés comme flous par de nombreux observateurs qualifiés, ont été considérablement élargis : en vue du recours au suicide assisté ou à l’euthanasie, pour appeler les choses par leur nom comme l’a recommandé le Conseil d’Etat, le critère du pronostic vital engagé à « court ou moyen terme » a été remplacé par celui d’une affection grave et incurable « en phase avancée ou terminale ». « Une affection grave en phase avancée » : voilà qui peut englober pratiquement toutes les pathologies, physiques comme psychiques.
A lire aussi: Agnès Firmin Le Bodo: «L’équilibre sur la fin de vie a été rompu» Un article a été ajouté au projet de loi, avec l’avis expressément favorable du gouvernement, pour créer un délit d’entrave à la mort provoquée : « Est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur l’aide à mourir par tout moyen, y compris par voie électronique ou en ligne, notamment par la diffusion ou la transmission d’allégations ou d’indications de nature à induire intentionnellement en erreur, dans un but dissuasif, sur les caractéristiques ou les conséquences médicales de l’aide à mourir ».
Interdiction. N’y a-t-il pas là une interdiction, proprement liberticide, de tout débat durable sur la légitimité et le bien-fondé de la mort provoquée ? Certains médecins se demandent déjà si le fait de prendre en charge et de réanimer une personne en détresse qui a tenté de mettre fin à ses jours ne risquerait pas de tomber un jour ou l’autre sous le coup de cette disposition pénale.
Il est impressionnant de voir le nombre de personnalités très qualifiées, aux parcours professionnels, politiques, philosophiques et spirituels variés, qui ont pris la parole ces derniers jours avec vigueur et inquiétude sur le débat en cours Il est impressionnant de voir le nombre de personnalités très qualifiées, aux parcours professionnels, politiques, philosophiques et spirituels variés, qui ont pris la parole ces derniers jours avec vigueur et inquiétude sur le débat en cours. Marie de Hennezel, pionnière des soins palliatifs, dont François Mitterrand a préfacé le premier livre, La mort intime, a publié dans Ouest France une lettre ouverte au président de la République, qui, dénonçant l’assimilation de la mort provoquée à un soin, s’achève par une interpellation particulièrement vibrante : « Vous rendez-vous compte de ce que cette perversion du concept de soin fera peser sur une profession déjà malmenée ? Comment ferez-vous pour restaurer cette confiance, pour protéger les plus vulnérables de notre société ? ».
A lire aussi: Olivier Falorni: «Le débat sur la fin de vie mérite de la hauteur» Jean-Marc Sauvé, ancien vice-président du Conseil d’Etat, avait interrogé dans Le Monde dès septembre 2023 : « Légaliser l’euthanasie, n’est-ce pas renoncer à la construction de notre projet collectif ? ». Il vient de persister et de signer dans Le Figaro : « Au nom d’un droit nouveau, l’autodétermination de la personne, nous allons vers une société qui va ajouter au désespoir individuel une forme d’impuissance collective. Quand tout se juge à l’aune de l’utilité individuelle et de l’apparence de liberté, on ne parvient plus à penser en termes d’interdépendance et de solidarité ».
Nous sommes tous désireux de lutter et contre la souffrance et contre l’obstination déraisonnable, dont il est d’ailleurs trop peu question dans les débats en cours. Mais la banalisation de la mort ne peut pas constituer une réponse juste à la souffrance humaine Humanisme. Beaucoup ont été saisis par le cri de Jeanne-Françoise Hutin dans Ouest France : « Si cette loi passe, je rends ma légion d’honneur ! ». Jeanne-Françoise Hutin est une grande personnalité de la pédagogie et de la construction européenne. En l’élevant au grade d’officier de la Légion d’Honneur il y a quelques années, le Président Macron avait déclaré : « Vous êtes de ces humanistes qui rendent fier notre pays, et par les combats que vous avez livrés aux côtés de votre époux, dans l’enseignement et pour l’Europe, vous avez été un formidable moteur de progrès et un formidable exemple ».
Qu’est-ce qui justifie le cri d’alarme de Jeanne-Françoise Hutin ? Un certain sens du progrès précisément, qui passe par une meilleure prise en compte de la fragilité humaine. « La solution pour les personnes qui souffrent et qui sont malheureuses, souvent désespérées, ce serait donc de les tuer ! C’est dramatique ! Ces personnes, elles cherchent avant tout à être comprises, à être aimées, à être estimées ».
A lire aussi: Fin de vie: l’opposition de gauche est-elle sous-estimée? La litanie est longue des lanceurs d’alerte de l’authentique dignité : Didier Sicard, ancien président du CCNE, Emmanuel Hirsch, fondateur de l’espace éthique de l’AP-HP, Jean Léonetti, principal rédacteur de la loi qui porte son nom, de nombreuses associations de soignants, les philosophes Agata Zielinski, Jacques Ricot ou Dominique Bourg, le professeur Laurent Lantieri, qui a mené à bien la première greffe de visage au monde, le député et chef de service à l’hôpital Georges Pompidou Philippe Juvin, inquiet de voir qu’on repousse d’un revers de la main le serment d’Hippocrate, expression symbolique par excellence de la déontologie médicale, des députés aux appartenances partisanes variées comme le communiste Pierre Darhéville ou le socialiste Philippe Potier, sans oublier François Bayrou et la revue d’idées centriste France Forum.
Lanceurs d’alerte. Ces lanceurs d’alerte, malgré leurs états de service, crient dans le désert et se heurtent à la porte close d’un Gouvernement semble-t-il dépassé par une machine infernale qui s’est emballée.
Nous sommes tous désireux de lutter et contre la souffrance et contre l’obstination déraisonnable, dont il est d’ailleurs trop peu question dans les débats en cours. Il est évidemment plus que légitime d’engager un travail renouvelé à propos des douleurs réfractaires et des dispositifs innovants à mette en œuvre pour mieux y faire front. Mais la banalisation de la mort ne peut pas constituer une réponse juste à la souffrance humaine.
Si toute vie ne mérite pas d’être vécue et respectée, alors la logique de mort risque de l’emporter, ainsi que l’atteste la violence croissante de notre société. Il y a comme une logique de suicide collectif dans la pente euthanasique actuelle, une peur de vivre en réalité, un refus d’aimer la vie et de la faire aimer. Qui rouvrira un chemin de vie pour notre société si profondément blessée ?
Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, membre du Conseil Permanent de la Conférence des évêques de France. |
| | | Admin
Messages : 24267
| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 22.08.24 19:43 | |
| Deux pauvres connards qui vivent ds le super grand luxe et qui empêchent les citoyens de finir leur vie à leur façon |
| | | | L'Eglise et la fin de vie | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|