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| | L'Eglise et la fin de vie | |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 01.07.14 10:18 | |
| Son de cloche " catho intégriste " =
"« La plus haute juridiction administrative devait simplement dire si l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation artificielles de Vincent Lambert était légal, c’est-à-dire conforme à la loi dite « Léonetti » de 2005.
ELe Conseil d’Etat vient de trancher ce point de droit : « débrancher les fluides » de Vincent Lambert est bien un acte légal, conforme à la loi Léonetti qui confie au médecin la responsabilité de décider de l’arrêt d’un traitement qui témoignerait d’une « obstination déraisonnable ». La procédure collégiale a été bien respectée. Tout est fait dans la vertu républicaine. Nous sommes donc rassurés.
Pour Jean-Marie Le Méné, Président de la Fondation Jérôme Lejeune : « Cette décision du Conseil d’Etat n’est pas une surprise puisqu’elle confirme ce que la Fondation Jérôme Lejeune a été la première à dénoncer dès 2005, à savoir que la loi Léonetti permettait l’euthanasie en assimilant des soins, qui sont toujours dus aux malades, à des traitements qui peuvent être interrompus s’ils ne sont plus efficaces. Les propos de Jean Léonetti, ces derniers jours, qui n’hésite pas à soutenir qu’on peut donner la mort sans tuer, ne font pas mystère de sa position. Il en est ainsi de la mission qu’il vient d’accepter avec Alain Clayes (PS) qui aboutira, après une réflexion sans tabou (sauf celui du respect de la vie), à encadrer les dérives, c’est-à-dire à légaliser l’euthanasie. »
Le Conseil d’Etat aurait pu essayer de sauver la vie de Vincent Lambert. Il ne l’a pas fait mais a condamné une personne vivante, handicapée par un accident, à une mort délivrée par la médecine. Cette décision intervient le jour même où l’empoisonneur Bonnemaison fait l’objet d’un réquisitoire de sursis. Le médecin homicide pourrait être épargné alors que le malade a été condamné ? Il est de ces coïncidences de lieu, de temps et d’action dont on ferait bien l’économie.
Puisqu’il faut dorénavant le rappeler, la Fondation Jérôme Lejeune précise que donner la mort à une personne suppose qu’elle soit vivante. Vincent Lambert n’est pas en fin de vie. Il vit. La société n’a que le devoir de l’aider, lui et sa famille, pas de le condamner arbitrairement parce que sa vie ne mériterait pas d’être vécue. Si le législateur s’abstenait de faire des lois aussi déplorables, le juge ne serait pas tenter de prononcer ce genre de sentence, de sinistre mémoire, qui ouvre la voie à l’euthanasie pour tous. »
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 01.07.14 21:05 | |
| Débat sur l’euthanasie – Pour Mgr Ginoux, « il est impossible de nous taire » ARTICLE | 30/06/2014 | Par Antoine Pasquier
Mgr Ginoux ©P.GLORIEUX-CIRIC
Ancien aumônier d’hôpital de 1994 à 2000, l’évêque de Montauban a vivement réagi à la décision du Conseil d’État concernant Vincent Lambert et à l’acquittement du Dr Bonnemaison par la cour d’assises de Pau. Ces deux affaires ouvrent la porte, selon lui, à une légalisation prochaine de l’euthanasie.
Le Conseil d’État a ordonné le 24 juin l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert. Cette décision ne signe-t-elle pas une forme de renoncement, voire de violence, face à la vulnérabilité humaine ?
Cet arrêt constitue une forme inouïe de violence : au lieu d’accompagner humainement, on préfère voir mourir. Alors que l’on pouvait attendre de leur part un avis prudentiel, les juges amorcent une ouverture grave vers une décision de mort pour toute personne qui ne pourra pas se manifester comme communicante ou comme répondant à des appels de l’extérieur. L’interdit de tuer l’autre est franchi, et cette décision ouvrira à des cas semblables.
En tant qu’ancien aumônier d’hôpital, cette ordonnance du Conseil d’État m’a profondément peiné et révolté. Les personnes en état végétatif chronique vivent réellement, personne ne peut dire le contraire. Vincent Lambert vit, tout le monde l’a constaté, mais il ne peut pas être nourri naturellement. Comment peut-on dire que des soins excessifs sont pratiqués sur sa personne ? Répondre à la satisfaction du besoin premier de boire et de manger n’a rien d’anormal. On oublie trop souvent de rappeler que Vincent Lambert est avant tout un être humain, qui vit certes dans conditions exceptionnelles, mais qui n’est pas fin de vie et dont la pathologie ne conduit pas à la mort.
Là où est la vie humaine, le Seigneur est présent. Une relation mystérieuse perdure entre les personnes qui ne communiquent plus et Dieu, car Lui continue toujours de communiquer avec elles.
La cour d’assises de Pau a acquitté, le 25 juin, le Dr Bonnemaison poursuivi pour empoisonnement à l’encontre de sept de ses patients. Que vous inspire ce verdict ?
Le Dr Bonnemaison a totalement oublié sa mission première qui est de soigner, et non de tuer. Car si toutes les personnes en fin de vie peuvent être tuées de manière inconsidérée, la médecine deviendrait alors un danger public. Ce serait là le contraire de la confiance et de la proximité que doit donner un soignant. Les applaudissements entendus à la lecture du verdict sont ignobles et constituent une insulte envers les familles qui ont perdu un être cher. Quand une cour d’assises acquitte un médecin qui tue délibérément, la direction est donnée pour une loi légalisant l’euthanasie.
La décision des jurés ne reflète-t-elle pas l’état d’esprit de nos concitoyens sur la question de la fin de vie ?
Assurément. Notre société a peur de la mort et du vieillissement. Le jeunisme ambiant fait que tout ce qui se dégrade inquiète. Mon expérience d’aumônier d’hôpital m’a montré à quel point les réactions humaines devant la mort étaient à la fois étranges et émotionnelles. Face à une situation physique ou mentale qui se dégrade gravement, la famille désire que tout s’arrête pour garder une image sereine de la personne qui va disparaître.
Nos contemporains ne veulent plus voir la mort faire son œuvre. L’idéal du bien-mourir, c’est de mourir dans son sommeil, le plus discrètement possible et ne rien avoir à souffrir. On n’accepte plus l’idée du passage, cette naissance à une nouvelle vie avec toutes les difficultés que comporte, bien entendu, ce passage.
Cette vision de la mort est contraire à ce que les siècles de christianisme avaient donné à la civilisation occidentale, c’est-à-dire la mort entourée des siens. Cette conception du bien-mourir nous conduit à donner la mort par un phénomène prétendu de compassion, car l’image dégradée de la personne en fin de vie ou handicapée est devenue insupportable. Notre société n’est plus capable de voir en elle l’image de Dieu.
Comment en est-on arrivé là ?
Dans une société, où l’idée de progrès des sciences et des techniques est assimilée à ce qui est utile, performant et rentable, la mort est devenue incongrue. Il existe une sorte de quête éperdue d’une vie indéfinie de l’être humain, une vie sans fin. N’était-ce pas au fond le credo des positivistes du XIXe siècle ? Cette mentalité matérialiste ne donne plus de place à la vie spirituelle. Sa dimension transcendante a disparu. C’est la conséquence directe de la sécularisation croissante de notre société.
Curieusement, lorsque la mort devient inéluctable, plutôt que de l’affronter et de la dépasser, on la crée comme pour se donner l’impression de la dominer. Or, cette conception correspond à un individualisme profond de la société. Nous avons entendu, il y a trente ans : « Mon corps est à moi ». C’est toujours le même slogan qui est brandi de nos jours.
90% des Français se disent favorables à l’euthanasie. Comment résister à ce rouleau compresseur ?
Commençons par dire la vérité. Nous sommes marqués par le désir que tout acte médical fasse le mieux et au mieux. Alors, lorsqu’une personne accidentée ou foudroyée par un AVC est emmenée aux urgences, elle est réanimée, car c’est la logique médicale de faire triompher la vie sur la mort. Quels proches – lorsqu’ils sont présents ou arrivent à temps – diraient aux médecins : ne faites rien ? Personne. Or, souvent, les conséquences de cette réanimation s’avèrent tragiques. C’est à ce moment-là que tout commence. Cette réalité nouvelle de la personne nous contraint et nous oblige à l’humilité et à la prudence. Elle nous oblige à poser un regard différent sur l’être souffrant. Malgré sa faiblesse, cette vie blessée garde toujours un sens et, moi, chrétien, comme dans la parabole du Bon Samaritain, je dois m’en faire proche ; car dans chaque personne souffrante, dans chaque malade défiguré, je vois le visage du Christ torturé et abîmé par la Passion et la Croix.
Les chrétiens doivent donc prendre conscience – et c’est une nécessité – que leur devoir est d’être auprès de toutes ces personnes. Sans eux, ces malades ne pourront pas être reconnus comme portant l’image du Christ.
Le gouvernement a demandé à Jean Leonetti et Alain Claeys de travailler sur une modification de la loi du 22 avril 2005. À force de légiférer, ne risque-t-on pas de franchir le pas de trop vers la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie ?
Ne nous leurrons pas. L’objectif de cette mission parlementaire est de faire passer, à terme, la loi sur l’euthanasie. Nous le savons. Notre sens de chrétien – et d’homme avant tout – est de nous y opposer : on ne met pas fin à une vie, quelle que soit sa situation, car toute vie a un sens. L’être qui meurt est celui qui a vécu, aimé, et il a droit au respect inconditionnel jusqu’à son terme. C’est un fondement anthropologique. L’émotionnel et le sensible ne peuvent remplacer cette vérité de l’être. Personne n’a le droit de penser qu’une vie est inutile, qu’elle coûte cher ou qu’elle ne vaut plus la peine d’être vécue.
Les parlementaires saisis affirment qu’ils n’iront pas jusqu’à l’euthanasie. François Hollande lui-même semble y être très réticent.
Si nous regardons tout ce qui s’est fait depuis 1975, ce discours nous a été resservi à chaque nouvelle loi, et à chaque fois la transgression a été franchie. Je ne veux pas être complètement pessimiste. Des mobilisations comme celles de l’an dernier ralentiront le processus, mais comme le disait Bernadette Soubirous : « Je suis chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire ».
Même si l’issue ne fait guère de doute, il est impossible de nous taire. Et nous devons avoir bien en tête que nous sommes plongés dans un véritable combat de société où l’homme veut se faire maître de la vie et la mort. Il veut devenir son propre Dieu. Cette idéologie est fortement enracinée dans une opposition frontale à la foi chrétienne. C’est une évidence.
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 01.07.14 21:15 | |
| Priez si vous voulez, mais apprenez à vous taire, que diable blablabla blablabla blablabla pourquoi s'étonner que des gens restent sur le parvis des églises sans en franchir la porte ? A lire le délire virtuel des pro-vies,on n'a qu'une envie,vous fuir Oui,l'allergie ecclésiale existe.Je comprends mieux les athées maintenant. Vous êtes étouffants et vous vous dîtes pro-vie !
Je suis sérieuse, en plus. |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 02.07.14 13:57 | |
| Oui à la vie ! Communiqué de Mgr Marc Aillet du 26 juin 2014
Mgr Marc Aillet Eveque Du Diocese De Bayonne Lescar Et 936266 800x600
L’injection létale pourrait bien devenir légale. C’est ce que laisse entendre le message délivré par l’acquittement du docteur Nicolas Bonnemaison.
[Mise à jour]: Le site de la Conférence des Evêques de France reprend le communiqué de Mgr Aillet au lien suivant: Mgr Marc Aillet : « Oui à la vie ! »
Comment laisser passer un tel aveu de non-assistance à personne en danger ? Comment ne pas entendre la soif de mourir vivants et aimés ? Oui, il s’agit bien de cela : c’est notre société qui est en état pauci-relationnel et non les personnes comme Vincent Lambert qui attendent au contraire un sursaut d’amour.
Je m’adresse aux médecins, aux soignants, à tous ceux qui font partie de cette chaîne solidaire qui nous unit les uns aux autres, surtout au terme de notre existence. Soyez des témoins de la vie, évaluez avec prudence les limites de l’acharnement thérapeutique et procédez à la mise en place de justes soins palliatifs. La question de la mort ne se résout pas par la mort, mais par la vie !
Qu’as-tu fait de ton frère ? Telle est la question que nous pourrions entendre à notre tour au jour dernier…
Osons la solidarité ! Osons l’espérance ! Osons la compassion, la vraie, celle qui dit je t’aime en disant oui à la vie.
+ Marc Aillet,
évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, le 26 juin 2014.
LA VIE EST UN DON
Qu'est-donc cette idéologie qui cherche à amalgamer l'hydratation d'un frère souffrant à de l'acharnement ? Un trait de civilisation élémentaire n'est-il pas depuis toujours de prodiguer le verre d'eau à autrui, humecter ses lèvres, serait-il notre pire ennemi ? En quoi serait-il inconvenant de le faire à un proche en état « pauci-relationnel » ? Ce que l'on nomme « l'affaire Lambert » fait, hélas, dire de nombreuses aberrations. L'essentiel est d'être près de celui que l'on aime jusqu'au bout. Présence humble et aimante. Les mains vides en offrande d'une affection partagée. Le plus fragile serait-il devenu indigne d'être accompagné ? Le fait que les proches de Vincent se déchirent, le fait qu'une instance supérieure ne se suffise pas à en discerner et juger, tout cela doit rendre humble devant la complexité et la douleur. Ces limites humaines et institutionnelles attestent que la vie est toujours plus grande que ce que nous en disons. Elle est un don ! Ne vouloir ni acharnement, ni suicide assisté, consiste à choisir la voie étroite d'une fidélité palliative. Redisons-le avec la force de l'amour.
Mgr Bernard Podvin, porte-parole des évêques de France, le 26 juin 2014.
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 02.07.14 14:11 | |
| Mais qui est donc cette idéologie qui cherche à amalgamer progressistes et conservateurs exclusivement aux deux extrémités de la vie, la naissance et la mort ??? Et qui défait sans aucune difficulté cet amalgame au cours de la vie ??? çà s'appelle en principe de l'hypocrisie ! et après vous allez jouer aux victimes... On a été suffisamment victime de vos magouilles depuis l'échec de l'ébauche de la loi de janvier 2011 Œil pour œil, dent pour dent Désolée.. |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 03.07.14 11:50 | |
| Note sur le cas de Monsieur Vincent Lambert par le Père Brice de Malherbe Publié le 23 06 2014 Dans la très délicate affaire Vincent Lambert, le Père Brice de Malherbe, prêtre du diocèse de Paris et spécialiste des questions de bioéthique nous livre quelques éléments de réflexion. 1. Les faits Vincent Lambert, âgé de 38 ans, a été victime d’un traumatisme crânien suite à un accident sur la voie publique. Il est depuis cinq ans dans un état stable correspondant aux caractéristiques de l’état pauci-relationnel (1), sans amélioration marquée. Début 2013, une réflexion collégiale de l’équipe qui le prend en charge à l’hôpital de Reims – réflexion à laquelle son épouse a été associée – a abouti à la décision de suspendre la nutrition par voie artificielle dont il bénéficiait. Suite à une saisine des parents de Vincent, le tribunal administratif de Reims a ordonné une reprise de la nutrition – trente jours après le début de sa suspension – au motif que tous les proches n’avaient pas été associés à la décision de suspension. Une nouvelle réflexion collégiale, incluant cette-fois les parents, a été entamée en septembre 2013 à l’hôpital. En janvier 2014, le médecin responsable, le docteur Kariger, décide de nouveau de suspendre la nutrition et l’hydratation artificielle, au motif qu’elles relevaient de l’obstination déraisonnable et que Vincent Lambert n’aurait pas souhaité vivre dans une telle situation. Aussitôt saisi par les parents de Vincent, le tribunal administratif de Reims a demandé de ne pas mettre en œuvre cette décision. L’affaire a été ensuite portée devant le Conseil d’État par l’épouse de Vincent Lambert, un de ses neveux, et le CHU de Reims. Le Conseil d’État a estimé devoir approfondir le dossier à l’aide de plusieurs expertises. Jugement attendu le 20 juin. 2. Les questions juridiques a) Le tribunal administratif de Reims a considéré dans son jugement du 16 janvier 2014 demandant de suspendre la décision d’arrêter la nutrition artificielle: - Que « l’alimentation et l’hydratation artificielles… nécessitent en l’espèce le recours à des techniques invasives en vue de leur administration » et donc « consistent en des traitements». Traitements auxquels un patient pourrait s’opposer ou que l’équipe médicale pourrait suspendre selon les termes de la loi de 2005. - Cependant, qu’en l’espèce, il n’était pas possible de savoir ce qu’aurait souhaité Vincent L. - Surtout, que l’alimentation et l’hydratation de Vincent L. ne constituaient pas une « obstination déraisonnable », ni ne représentaient un « maintien artificiel de la vie ». En effet, elles n’engendrent pas de souffrances particulières et permettent « la conservation d’un certain lien relationnel ». - Que l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation entraînerait la mort de Vincent L. à très bref délai. Ceci correspondant à une atteinte grave et manifestement illégale à son droit au respect à la vie rappelé notamment par l’article 2 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Par ailleurs, considérant que l’équipe médicale de Reims appliquerait la décision du tribunal, celui-ci a rejeté la demande des parents de transférer Vincent L. dans un autre établissement. La SFAP (2) s’est émue que le Tribunal administratif donne « une définition juridique et non pas médicale de l’obstination déraisonnable ». On voit bien le risque d’une intervention croissante de l’autorité judiciaire dans le domaine médical sous la pression des patients ou de leurs proches. Mais pourquoi reprocher aux juges de faire leur travail ? D’autant plus que la SFAP se réjouit que le même tribunal considère l’alimentation et l’hydratation artificielle comme un « traitement » b) Le Conseil d’État, dans sa décision du 14 février 2014 a considéré : - Que même si Vincent L. n’était pas en fin de vie, la loi de 2005 lui était applicable. - Que l’alimentation et l’hydratation par voie artificielle constituaient bien un traitement pouvant être suspendu dans les conditions posées par la Loi. - Qu’il avait besoin de l’avis d’experts pour juger s’il y avait lieu ou non de suspendre en l’espèce ce « traitement » en estimant le caractère irréversible des lésions de Vincent Lambert, sa capacité à communiquer, de quelques façons que ce soit avec son entourage, et la signification de ses réactions quant à la volonté de poursuivre les soins ou non. Certains juristes contestent le fait que la loi définisse l’alimentation et l’hydratation comme des traitements. En effet, ce n’est que dans l’exposé des motifs de la loi de 2005 (« loi Léonetti »), et non dans la loi elle-même que nous trouvons cette affirmation. Cette contestation me paraît difficilement défendable. c) Le rapporteur public du Conseil d’État, Rémi Keller, a préconisé le vendredi 20 juin 2014, de cesser l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert. Il s’est fondé pour cela sur « la dégradation de l’état de conscience » de Vincent Lambert et « l’irréversibilité de ses lésions ». Pourtant, les experts consultés depuis février ont soulignés « que dans une telle situation et en l’absence de directives anticipées et de personne de confiance, le degré de l’atteinte de la conscience ne saurait constituer le seul élément déterminant de la mise en route d’une réflexion concernant un éventuel arrêt de traitement ». Le jugement définitif du Conseil d’État devrait être rendu ce mardi 24 juin à 16h. 3. Les questions d’éthique médicale. Les personnes en état végétatif ou en état de conscience minimale sont des personnes « certes lourdement handicapées et totalement dépendantes mais non atteintes d’une maladie particulière évolutive ou en phase terminale » (3). Ils appellent une prise en charge spécifique qui ne relève pas des soins palliatifs. On peut donc s’étonner que Vincent L. soit « à l’unité d’hospitalisation de soins palliatifs du CHU de Reims, dans une sous-unité de soins de suite et de réadaptation, qui accueille des patients en état pauci-relationnel ». La confusion des deux types d’unité est sans doute source de difficultés dans l’accompagnement. Dans sa réponse à la saisine du Conseil d’État, l’Académie Nationale de Médecine (4) a d’ailleurs demandé que les Agences Régionales de Santé veillent à ce qu’il y ait suffisamment d’unités d’accueil à long terme adaptées aux patients en « état végétatif chronique » comme l’avait demandé une circulaire ministérielle de 2002. Le séjour dans ces unités dédiées n’est pas limité en durée et si la famille le souhaite un retour au domicile est possible avec le soutien requis. Pour ce qui est de l’alimentation et de l’hydratation par voies artificielles, nous pouvons certes considérer abusif leur classification dans la catégorie des « traitements » alors même qu’elles répondent à un besoin de base de tout être humain sans prétendre à une visée thérapeutique. Mais plus que la distinction entre traitement et soin, la question est de savoir si l’alimentation et l’hydratation répondent à l’objectif d’apporter un confort au patient ou non, voire si elles nuiraient à sa qualité de vie. Selon l’Association Professionnelle « France Traumatisme Crânien », si « L’EVC/EPR est une situation chronique où des limitations thérapeutiques peuvent être discutées en cas de complications médicales graves dans le cadre de la Loi Léonetti pour éviter tout acharnement thérapeutique », en revanche « l’alimentation et l’hydratation, comme les soins d’hygiène et de confort, font partie…des soins de base dus à tout patient dans cette situation de stabilité clinique (5) ». L’Académie Nationale de Médecine, quant à elle, a rappelé que le droit des patients d’accès à l’alimentation ne saurait être conditionné par leur capacité relationnelle (6). On ne peut déduire de la grande faiblesse de cette capacité que le soin porté à ces personnes relève du « maintien artificiel de la vie ». Ces recommandations rejoignent les conclusions formulées par des instances ecclésiales. Conclusions qui sont le fruit de plusieurs années de réflexion éthique fondée sur des travaux scientifiques internationaux. Nous pouvons citer les recommandations de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de 2007 et la déclaration commune juive/catholique signée par l’ Archevêque de Paris et le Grand Rabbin de Paris la même année. Sur ce point, si l’on juge nécessaire une adaptation de la loi Léonetti, celle-ci devrait aller dans le sens d’une plus grande clarification des situations pour lesquelles se posent la question de l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation et renvoyer aux règles de bonnes pratiques des sociétés savantes et associations professionnelles concernées. (1) Atteinte d’une lésion cérébrale grave traumatique, la personne en état pauci-relationnel ou état de conscience minimale présente des réactions comportementales minimales mais précises, lesquelles semblent témoigner de la conscience que le patient a de lui-même ou de l’environnement. Cet état est à distinguer d’un état végétatif permanent (Coma science groupe). (2) Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs (3) Cf. Réflexion de l’association professionnelle France Traumatisme Crânien à propos de l’affaire Vincent Lambert, 10 février 2014 (4) Document du 22 avril 2014 (5) Réflexion de France Traumatisme Crânien à propos de l’affaire Vincent Lambert, 10 février 2014. EVC : État Végétatif Chronique. EPR : État Pauci-Relationnel (6) Académie Nationale de Médecine, Réponse à la saisine du Conseil d’État, 22 avril 2014
Dernière édition par Admin le 07.07.14 10:35, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 07.07.14 10:29 | |
| SON DE CLOCHE "CATHO INTEGRISTE" On fait semblant de découvrir que la loi Leonetti permet l’euthanasie Le Salon Beige , le 1 juillet 2014 à 23:34 01 juillet 2014 On fait semblant de découvrir que la loi Leonetti permet l’euthanasie Jean-Marie Le Méné est interrogé dans Famille chrétienne à propos des affaires d’euthanasie. Sur la décision du Conseil d’Etat visant à achever Vincent Lambert, il déclare : - Citation :
- « Cette décision est conforme à une loi, portée par le député UMP Leonetti, qui date de 2005. On fait semblant de découvrir aujourd’hui qu’elle permet l’euthanasie. En 2005, la Fondation Jérôme-Lejeune a compté parmi les rares observateurs à déplorer que cette loi, dont tout le monde se félicitait, permette l’euthanasie, en assimilant arrêt de l’hydratation et de la nutrition à un refus d’acharnement thérapeutique, c’est-à-dire en confondant des soins qui sont toujours dus avec des traitements qui peuvent être suspendus. À l’époque, cette observation n’était pas politiquement correcte, mais elle était juste, on le voit aujourd’hui. S’il y a renoncement, il ne date donc pas d’aujourd’hui mais de 2005.
En revanche, je ne crois pas que la société, dans son ensemble, soit solidaire de ce renoncement. Si on lui explique mal, elle comprend mal et elle répond mal aux sondages qui nous diront invariablement que l’euthanasie est une demande sociale. En laissant croire à l’opinion, comme s’y emploient la majorité et l’opposition, que dans l’affaire Lambert, il n’est pas question d’euthanasie mais de refus de l’acharnement thérapeutique, on ment. L’effet de ce mensonge est qu’on peut désormais donner la mort sans tuer. En s’appliquant à des personnes lourdement handicapées, la loi Leonetti ne montre-t-elle pas ses limites ? La loi Leonetti ne montre pas ses limites aujourd’hui, elle avait des faiblesses congénitales. Elle a introduit des imprécisions et des confusions, alors que le code de déontologie médicale était suffisant. Ainsi elle ne donne pas de définition précise de l’euthanasie ; elle n’établit pas de distinction claire entre le refus d’un traitement disproportionné et l’euthanasie par omission, pas plus qu’entre soin et thérapie ; elle ne donne pas de définition des traitements, laissant entendre que l’alimentation peut être considérée comme un traitement. Dans la culture contemporaine qui évacue la souffrance et la mort parce qu’elle n’en comprend plus le sens, le juge hérite d’une marge d’interprétation réduite. C’est ce que montre le cas de Vincent Lambert qui n’est pas en fin de vie et dont personne ne dit qu’il est en proie à des souffrances intolérables. Vincent Lambert est devenu handicapé, avec un degré de conscience diminué, à la suite d’un accident. Il vit d’une vie qui n’est pas petite, mais qui est la sienne. La société, nous dit-on, n’est plus prête à poser son regard sur des vies qui, à ses yeux, ne valent pas la peine d’être vécues. » Et à propos de l’affaire Bonnemaison : - Citation :
- « Je ne pense pas que la décision des jurés reflète le fond du cœur des gens. Il faut bien voir que nous sommes tous plus ou moins victimes d’un terrorisme compassionnel permanent qui inhibe la faculté d’appréhender la vérité. On nous recommande abusivement de pratiquer une sorte d’irénisme en décalage avec la violence qui nous est imposée. Autant ces injonctions sont pertinentes s’agissant des personnes, autant elles sont dangereuses s’agissant des principes.
À l’évidence, il doit être dénoncé qu’un empoisonneur ait fait l’objet d’un soutien aussi obscène que celui de Bernard Kouchner et aussi pathétique que celui de Jean Leonetti. Si l’appréciation morale d’actes homicides n’est plus possible, n’est plus exprimée, n’est plus reçue, et cela au nom d’une pitié fallacieuse, comment voulez-vous que l’opinion s’y retrouve ? Elle obéit par peur et par commodité à la pensée dominante. Mais que nos contemporains soient en accord avec une justice qui, dans le même temps, condamne un malade et acquitte un homicide, cela, je ne puis l’imaginer. … Voir Jean Leonetti former un attelage avec Alain Claeys pour légiférer sur l’euthanasie nous donne une information très inquiétante sur les courants de pensée auxquels ils s’abreuvent l’un et l’autre. Nous arriverons avec eux à boucler le cycle révolutionnaire classique, dont l’avortement a été l’archétype, caractérisé par :
- les « illégalités fécondes » qui mettent en échec une loi morale (sur le modèle des « 343 ») ;
- la « réflexion sans tabou » qui évacue le principe du respect de la vie ;
- l’« encadrement des dérives » qui légalise une pratique criminelle ;
- le « lifting sémantique » qui fait disparaître le mot « euthanasie » pour dissimuler la chose… Ainsi le crime est parfait. »
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 18.07.14 20:35 | |
| Ce sujet est lu je pourrais le compléter davantage Je ne suis pas une Parole d'Evangile Ma situation est singulière et particulière.J'ai tous les éléments pour écrire un roman ! ! ! D'ailleurs,c'est bien ce que je fais ici, écrire ... pour être lue...écrire pour me faire réfléchir d'avantage et écrire pour que les lecteurs re-pensent ce qu'ils pensent. Foutre la zizanie,faire tomber toutes les idées pré-conçues, çà, çà me plaît.C'est comme une sorte de vocation ! d'ailleurs je suis douée pour foutre la zizanie ! Le plus dur étant de parler de moi sans rentrer dans les détails,discrétion oblige.Déjà que je suis suivie informatiquement parlant ... ...( nous le sommes tous ). Une certaine vérité se dégage de mes propos.Ma vérité, bien sûr.Mon point de vue n'est que minuscule dans l'océan de tous les points de vue. Ecrire est pour moi une sorte de cheminement.Le point final est de plus en plus illusoire ... |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 27.07.14 14:56 | |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 27.07.14 15:10 | |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 28.07.14 13:33 | |
| Il faudrait que je continue ici.Mais le moindre petit détail informatique qui déraille me perturbe.Je ne sais pourquoi j'attache trop d'importance à des petits détails sans valeur.On m'a toujours catalogué d'anxieuse et j'ajoute une bonne dose d'humour pour cacher cette anxiété.J'ai un ordinateur neuf et pourtant je ne connais pas les 2/3 de son contenu et malgré cela,je voudrais que ce soit parfait ici informatiquement parlant.Bourrée de contradictions, diraient certains.Complètement givrée,diraient les autres. Ma fin de vie sera le reflet de ma vie et de moi-même.Comment pourrait-il en être autrement ? |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 28.07.14 13:38 | |
| Je veux maîtriser l'ordinateur comme je veux maîtriser ma mort alors que je sais parfaitement que ni l'un ni l'autre ne se maîtrisent pas |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 11.08.14 14:58 | |
| "Les morts dont j’ai été témoin m’ont toujours paru être un moment d’accomplissement, celui où Dieu cueillait sa fleur."
Abbé Pierre |
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| Sujet: vidéo 11.08.14 16:40 | |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 11.08.14 16:49 | |
| Je répondrais au père Dominique Thiry que la loi Léonetti autorise l'euthanasie passive. Quand on est sur le point de mourir,on ne peut que mourir de toute façon Pourquoi ne pas passer de l'euthanasie passive à l'euthanasie active juste avant ou pendant l'agonie si le patient en est informé et s'il le souhaite ? |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 13.08.14 9:44 | |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 13.08.14 9:48 | |
| Bref ...on aurait parfois envie d'être...athée..., débaptisé ... |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 15.08.14 11:40 | |
| Lu sur le web = "50 000 catholiques coréens ont assité à la messe de l'Assomption dans le stade de Daejon. Une fois encore, le pape les a mis en garde contre la culture de mort de nos sociétés matérialistes et capitalistes".
Depuis quelques mois, j'ai envie d'écrire au Pape François...pour justifier ma position. Je me retiens car je n'ai pas du tout envie que ma boîte aux lettres soit remplie d'appels aux dons pour les œuvres et les associations d'obédience chrétienne...étant donné que je fais un "jeûne des dons" tant qu'il n'y aura pas de nouvelle loi en France à propos de la fin de vie ... Je pourrais éventuellement lui écrire sans lui mettre mes coordonnées mais ma lettre aura moins d'importance Je pourrais lui écrire en lui demandant de garder secrètement mes coordonnées,mais on se doute bien que ce n'est pas lui qui ouvre les enveloppes. |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 18.08.14 16:26 | |
| «Je veux soutenir Exit et ceux qui font le choix de mourir» Témoignage — Dans ses « Dispositions de fin de vie », Sœur Marie-Rose, une ursuline de Sion, envisage, selon les circonstances, le recours à une potion létale. Par Stéphanie Germanier. Mis à jour le 29.06.2014 34 Commentaires Pour ses amis religieux, le suicide assisté, c’est une «non entrée en matière». Sœur Marie-Rose pense pourtant que Dieu est moins intransigeant qu’on le laisse croire. Pour ses amis religieux, le suicide assisté, c’est une «non entrée en matière». Sœur Marie-Rose pense pourtant que Dieu est moins intransigeant qu’on le laisse croire. Image: Christophe Chammartin/Rezo Mots-clés Exit Dignitas Sa famille l’a approuvée. Son médecin l’a félicitée. Un choix pas facile, surtout pour des croyants. Elle a décidé aujourd’hui de dire son soutien à Exit et à ceux qui choisissent de mourir. La religieuse aborde sans tabou la grave question de la liberté de choix concernant la fin de vie. Sœur Marie-Rose a beaucoup réfléchi et a longuement mûri cette inattendue position. Depuis presque vingt ans, elle compile les articles de presse, de loi, suit des conférences, recueille les témoignages de familles qui souffrent des départs violents de maris, enfants, parents qui se sont donné la mort pour se délivrer de leurs douleurs physiques ou morales. Aujourd’hui, elle veut leur dire que tous les choix sont dignes et que Dieu n’est pas seulement là pour choisir le début et la fin de notre vie, mais pour éclairer notre liberté de sa conscience. Une prise de position courageuse publiée dans des courriers de lecteurs et qui lui a valu des réactions plutôt positives. Des autres plus contrastées dans le monde religieux. «Des amis religieux m’ont fait part de leur stupéfaction. Pour eux, le suicide assisté c’est une non entrée en matière», raconte ce petit bout de femme. http://www.lematin.ch/societe/veux-soutenir-exit-choix-mourir/story/31297089 |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 19.08.14 14:30 | |
| Jacques Pohier
Revue Panoramique N° 21 – 1995
29 avril 2012
En dépit de l'opposition acharnée du pape Jean-Paul II à l'euthanasie, 67 % des catholiques pratiquants réguliers français (et 87 % des catholiques pratiquants occasionnels) souhaitent que les personnes malades incurables qui le demandent puissent recevoir une aide active à mourir (sondage Sofres-ADMD, 1987). Des sondages similaires, faits dans des pays à majorité ou à forte minorité catholique romaine, ont donné des réponses analogues.
La hiérarchie catholique romaine attribuerait certainement cette attitude à la désobéissance des fidèles et à ta tiédeur de leur foi. Peut-être valable pour le « tout-venant » des catholiques, cette explication ne l'est certainement pas pour un si grand nombre de catholiques pratiquants réguliers. Ces derniers justifient, en effet, cette opposition à leur hiérarchie en la fondant sur une autre conception de l'euthanasie et surtout sur une autre conception de Dieu, ce qui bien loin d'atténuer la différence entre la hiérarchie et eux, la radicalise et la rend quasi insurmontable.
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La hiérarchie catholique romaine ne distingue pas l'euthanasie de l'homicide et les condamne au même titre sans tenir compte du fait que l'euthanasie aurait été demandée ou non par la personne concernée.
Or, beaucoup de catholiques pratiquants réguliers ne situent pas l'euthanasie dans le rapport entre l'agent de l'euthanasie et l'acte euthanasique qu'il accomplit, mais dans le rapport entre l'être humain qui décide et demande pour lui l'euthanasie, et l'acte euthanasique qu'il peut soit effectuer lui-même au moins partiellement (suicide médicalement assisté), soit demander à quelqu'un d'effectuer pour lui en son nom (euthanasie volontaire).
Une autre conception de l'euthanasie
Il s'agit là d'un changement capital de perspective : dans cette problématique, il n'y a à proprement parler d'euthanasie que volontaire et il ne faudrait pas parler d'euthanasie quand il ne s'agit pas d'une demande de la personne concernée. Les partisans de l'euthanasie volontaire pensent donc, comme la hiérarchie catholique romaine, que l'euthanasie sans demande par la personne concernée est un homicide, même si cet homicide peut comme bien d'autres bénéficier de circonstances atténuantes, voire d'acquittement.
Les conséquences de ce changement de perspectives sont considérables. La hiérarchie catholique romaine considère, pour le refuser, le droit de pratiquer cet homicide qu'est l'euthanasie sur une tierce personne. Dans la perspective de l'euthanasie volontaire, il s'agit au contraire de se demander si un être humain a sur sa propre mort des droits qui l'autorisent à demander une aide active à mourir et à la recevoir. Dans la problématique de la hiérarchie, le sujet considéré est l'agent qui exécute l'euthanasie-homicide. Dans la deuxième problématique, le sujet considéré est celui qui décide pour lui de l'euthanasie et la demande.
L’euthanasie devient alors non pas un problème de droit médical mais un problème de société : une société reconnaît-elle ou non à ses membres des droits sur la fin de leur vie et une responsabilité sur leur vie et sur leur mort ? La question des droits et des devoirs du médecin devient seconde par rapport à celle des droits et des devoirs de chaque citoyen.
Une situation où la maîtrise sur la mort est reconnue par la hiérarchie catholique romaine
L'idée que les êtres humains ont à exercer leur responsabilité sur leur propre vie est un élément essentiel de la conception catholique de l'être humain, ainsi qu'un élément essentiel de la conception catholique de Dieu dans sa relation de Création et d'Alliance avec les êtres humains. Dans un domaine différent, mais non sans rapport avec l'euthanasie, à savoir celui de l'acharnement thérapeutique ou de l'emploi de thérapeutiques intensives et exceptionnelles pour un patient condamné par une maladie incurable, la hiérarchie catholique romaine considère que cette responsabilité de l'être humain sur sa vie peut aller jusqu'à décider de l'heure de sa mort, sans pour autant porter atteinte aux prérogatives de Dieu et sans être infidèle à sa condition de catholique romain.
Il faut rappeler, car les catholiques eux-mêmes ont tendance à l'oublier, que la hiérarchie catholique insiste sur le principe que c'est le malade et non le médecin ou la famille, qui est le premier responsable en ces matières. Dès 1957, le pape Pie XII l'avait vigoureusement affirmé :
« Les droits et les devoirs du médecin sont corrélatifs à ceux du patient. Le médecin, en effet, n'a pas à l'égard du patient de droits séparés ou indépendants : en général, il ne peut agir que si le patient l'y autorise explicitement (directement ou indirectement)... Les droits et les devoirs de la famille, en général, dépendent de la volonté présumée du patient inconscient, s'il est majeur ou sui juris » (Pie XII, Discours à des médecins et anesthésistes, 22 novembre 1957).
Cette autonomie du malade l'autorise soit à accepter des traitements intensifs, soit à les refuser. Il faut citer ici la Déclaration de la Congrégation de la Doctrine de la Foi sur l'euthanasie du 5 mai 1980 qui reste la référence officielle en ce domaine car les conséquences en sont considérables.
« S'il n'y a pas d'autres remèdes suffisants, il est permis de recourir avec l'accord du malade, aux moyens que procure la technique médicale la plus avancée, même s'ils en sont encore au stade expérimental et ne vont pas sans quelque risque. Le malade, en les acceptant, pourra même faire preuve de générosité au service de l'humanité. Il est aussi permis d'interrompre l'application de ces moyens lorsque les résultats sont décevants. Mais pour une telle décision, on tiendra compte du désir raisonnable du malade et de sa famille, ainsi que de l'avis des médecins particulièrement compétents ; ceux-ci pourraient estimer notamment que l'investissement en instruments et en personnel est disproportionné aux résultats prévisibles, et que les techniques mises en œuvre imposent au patient des contraintes ou des souffrances hors de proportion avec les bénéfices qu'il peut en recevoir. Dans l'imminence d'une mort inévitable malgré les moyens employés, il est permis de prendre la décision de renoncer à des traitements qui ne procureraient qu'un sursis précaire et pénible, sans interrompre pour autant les soins normaux dus au malade en pareil cas. Le médecin ne pourrait alors se reprocher la non-assistance à personne en danger. »
C'est donc bien le malade qui décide du moment de sa mort, soit en demandant des soins intensifs et prolongés, soit en les refusant. La hiérarchie catholique romaine ne dit pas que le malade catholique romain outrepasse ses droits en décidant ainsi de l'heure de sa mort, ni qu'il porte atteinte aux droits de Dieu qui serait le seul à pouvoir décider du jour et de l'heure. Dieu, dans cette situation, laisse à la liberté de l'être humain le soin de décider de la durée de sa survie et de l'heure de sa mort. La responsabilité ainsi reconnue - en cette situation - à l'être humain sur sa mort est donc dans la ligne de la conception catholique de la responsabilité que Dieu confère à l'être humain sur sa vie et de la conception catholique de Dieu dans sa relation de Création et d'Alliance avec les êtres humains.
Une autre conception de Dieu
Paradoxalement, la hiérarchie catholique romaine, lorsqu'il s'agit de l'euthanasie, refuse radicalement ce qu'elle accepte à propos du refus ou de l’acceptation de l'acharnement thérapeutique ou des soins intensifs et exceptionnels. Pourquoi ?
D'une part parce qu'elle met l'accent sur le rapport de l'agent de l'euthanasie avec l'acte homicide et non sur les rapports du sujet malade avec sa vie et sa mort.
D'autre part, certains aspects de sa foi en Dieu lui semblent exclure sans discussion l'euthanasie, alors qu'elle ne croit pas devoir les invoquer à propos du refus des soins intensifs. Or, ces divers aspects de la foi catholique romaine en Dieu, les catholiques pratiquants réguliers favorables à l'euthanasie volontaire y croient tout autant que leur hiérarchie. Mais ils en tirent des conclusions radicalement différentes.
Trois de ces aspects sont communs aux trois grandes religions monothéistes et les conséquences à en tirer débordent largement le cadre du christianisme et concernent les autres religions monothéistes : Judaïsme et islam.
Premier argument : Dieu est la source de toute vie, donc il en est le seul maître
C'est une telle évidence pour la hiérarchie catholique romaine qu'elle se contente de la formuler sans jamais la démontrer. Les catholiques pratiquants réguliers favorables à l'euthanasie volontaire croient eux aussi que Dieu est la source de toute vie. Mais ils constatent que la tradition chrétienne la plus authentique n'en a jamais déduit que Dieu - sous prétexte qu'il est le Créateur - est le seul maître de toute forme de vie. Jamais la tradition chrétienne n'a interdit aux humains d'exercer leur maîtrise sur la matière, sur les végétaux et sur les animaux, sous prétexte que Dieu était la source de tout ce qui existe et de tout ce qui est vivant.
En affirmant que le Dieu-Créateur est la source de toute vie, la tradition chrétienne ne refuse pas à l'être humain la maîtrise sur la vie et sur la mort des vivants, au contraire elle l'invite à exercer cette maîtrise : « Remplissez la terre et dominez-la » (Genèse, ch. 1 v. 28). Quand la hiérarchie catholique romaine limite cette maîtrise dès qu'il s'agit pour l'homme de décider de sa vie et de sa mort, elle fait sortir sans justification la vie humaine de l'économie de la Création.
Deuxième argument : Pour Dieu l'importance de la vie des humains est si grande que Lui seul peut avoir la maîtrise sur la mort
Bien sûr, les catholiques pratiquants réguliers favorables à l'euthanasie volontaire partagent avec la hiérarchie catholique romaine la conviction que la vie des humains est plus précieuse à Dieu que l'existence de la matière inanimée et la vie végétale et animale. C'est d'ailleurs là une conviction commune aux trois religions monothéistes. Mais la hiérarchie présente comme une évidence que plus une réalité est importante pour Dieu, plus il s'en réserve la maîtrise pour lui seul.
Or, tel n'est pas le principe général de la foi catholique, et jamais la hiérarchie catholique romaine n'invoque un tel principe pour affirmer que Dieu se réserve à lui seul la maîtrise de ce qui revêt à ses yeux une importance majeure. On pourrait en multiplier les exemples, deux suffiront.
Les quatre Evangiles sont d'une importance considérable. Or, à l'exception de quelques fondamentalistes, personne ne dit pour autant que Dieu seul peut en être l'auteur direct. Au contraire, toute l'exégèse des XIXe et XXe siècles s'emploie à décrire et à distinguer la façon dont les diverses communautés chrétiennes et leurs différents rédacteurs ont déterminé diverses couches littéraires et rédactionnelles repérables dans les Évangiles. On aurait même plutôt tendance à y voir un gage de leur validité en matière de révélation.
Un autre exemple montre de façon encore plus impressionnante qu'il n'est pas habituel, dans l'économie de la pensée chrétienne, de considérer que plus une réalité est importante pour Dieu, plus elle doit échapper à la maîtrise de l'être humain : c'est le cas de l'existence même de Jésus-Christ. La tradition catholique la plus attentive à la réalité littérale de la conception de Jésus par le Saint Esprit dans le sein de la Vierge Marie n'a jamais dit que l'exercice de la liberté humaine n'avait rien à voir dans la conception de Jésus ni dans son existence. Jamais elle n'a tiré argument de l'importance de Jésus pour Dieu en disant que Dieu devait en être le seul maître et que l'humanité ne devait y exercer aucun rôle. Au contraire, cette tradition catholique a toujours mis en lumière le rôle de Marie, à tel point qu'elle en est venue à la qualifier de génitrice de Dieu (theotokos), ce que les autres religions monothéistes considèrent d'ailleurs comme hérétique et blasphématoire. Cette tradition catholique a fait gloire à Marie d'avoir librement accepté cette tâche 122 et de s'y être librement engagée. Elle a fait de Marie la figure emblématique du peuple des croyantes et des croyants, et des modalités du rôle joué par le peuple de Dieu dans la réalisation du corps mystique du Christ qu'est l'Eglise.
Le Dieu des chrétiens est tel que ses rapports avec les êtres humains sont des rapports de liberté à libertés
Il est faux de considérer que plus une réalité est importante pour Dieu, et plus la tradition chrétienne considère qu'il doit s'en réserver la totale maîtrise. C'est la conception exactement opposée qui est traditionnelle en christianisme. Le Dieu du christianisme ne se réserve pas la maîtrise de l'origine des réalités à mesure qu'elles sont plus proches de lui et plus semblables à lui. Le Dieu des chrétiens n'engendre pas seul Jésus-Christ, il n'engendre pas seul l'Eglise, il n'écrit pas seul les Ecritures. Les êtres humains ne sont pas seulement des instruments passifs ou des exécutants de seconde zone. Le Dieu des chrétiens est tel que ses rapports avec les êtres humains sont des rapports de liberté à libertés. En termes bibliques, cela s'appelle l'Alliance.
Donc, si l'on veut dire que la vie et la mort des êtres humains sont des réalités tellement proches de Dieu et semblables à lui que Dieu s'en réserverait la complète maîtrise et en refuserait toute maîtrise aux êtres humains, il faut être conscient qu'en disant cela, on n'énonce pas une évidence, mais qu'on fait une exception à l'économie générale de la foi chrétienne. Or, la hiérarchie catholique romaine dissimule le fait qu'il s'agit là d'une exception en invoquant un troisième aspect de sa foi en Dieu.
Troisième argument : La façon dont Dieu donne
Il s'agit du privilège inouï de l'adoption par Dieu d'un être humain créé à son image et reçu comme son enfant. c'est la qualité exceptionnelle du donateur : Dieu, et .la qualité exceptionnelle de son don : la vie humaine, qui amènent la hiérarchie catholique romaine à énoncer comme une évidence que l'euthanasie est radicalement contradictoire avec Dieu et avec la nature de son don de la vie à l’être humain.
Les catholiques pratiquants réguliers favorables à l'euthanasie volontaire croient évidemment au caractère suréminent de Dieu et du don de la vie qu'il fait à l'être humain. Mais ils en tirent d'autres conclusions, comme l'ont fait avant eux des théologiens tels que Thomas d'Aquin. C’est l’économie du don qui est ici en jeu.
Imaginons qu'une personne exceptionnelle aime quelqu'un de façon exceptionnelle et pour cette raison lui fasse un don exceptionnel. Celle qui reçoit le don dira à celle qui le lui a fait combien elle trouve le donateur exceptionnel, combien elle le remercie de ce don exceptionnel et combien il lui sera cher. Mais la personne qui reçoit le don dirait-elle à celle qui le lui a fait : « Ce don est si exceptionnel et vous êtes tellement exceptionnel pour moi, que ce don n'est pas vraiment à moi : je veux bien le garder un peu et en jouir un peu, mais en vérité, il est à vous » ? Il est facile de deviner qu'une telle réaction serait profondément blessante pour le donateur, puisqu'elle méconnaîtrait la grandeur de son amour et la vérité de son don.
De même, le donateur dirait-il : « Je vous aime tellement que je vais vous donner quelque chose d'exceptionnel : mais ce que je vous donne est si exceptionnel que ce ne sera pas vraiment à vous, c'est si extraordinaire que cela reste nécessairement premièrement à moi » ? que penserions-nous de quiconque donnant de cette façon ? Il est vrai que c'est souvent ainsi que les humains font leurs dons en se les gardant un peu pour eux, en s'en considérant encore comme les propriétaires. Ce sont des prêts plutôt que des dons. Mais nous savons aussi que la perfection du don consiste à donner vraiment, en instaurant le récipiendaire du don, non pas dans une relation de dépendance à l'égard du donateur, mais dans une relation d'alliance et d'amitié où le geste du donateur et son don instaurent le récipiendaire dans son autonomie de sujet.
Compte tenu de cette économie du don, il faut s'interroger sur la position de la hiérarchie catholique romaine qui prête à Dieu des prérogatives contradictoires : il donne la vie - mais pas parfaitement, et donne au croyant une maîtrise sur sa vie - mais pas parfaitement. Il semble beaucoup plus conforme à la grandeur de Dieu de considérer qu’il en va autrement. Si Dieu est Dieu, il est le seul à être ce qu'il est, il donne nécessairement d'une façon parfaite, il est celui dont le don constituera par excellence le récipiendaire - c'est-à-dire l'être humain - dans son autonomie et sa liberté de personne.
Il faut s'interroger sur la position de la hiérarchie catholique romaine qui prête à Dieu des prérogatives contradictoires
Si Dieu est Dieu, il a moins besoin que quiconque de préserver le don qu’il fait en enfermant ceux à qui il le fait dans un réseau de conditions, d'interdictions et de limites, car il est plus capable que quiconque d'instaurer le récipiendaire du don dans sa liberté de sujet. Thomas d'Aquin, Docteur Commun de l'Église, pensait que Dieu avait fait l’être humain à son image dans la mesure où il l'avait fait principe et maître de ses actes, comme Dieu lui-même est principe et maître de ses actes.
On sous-estime l’excellence de Dieu comme donateur de la vie humaine et. On sous-estime la dignité de l'être humain lorsqu'on refuse à l'homme d’exercer une certaine maîtrise sur sa mort. Bien des catholiques pratiquants réguliers ne veulent plus - au nom de leur foi – sous-estimer ainsi Dieu et la dignité de la vie humaine, qu'il s'agisse de l'origine de cette vie (contraception et au pire interruption de grossesse) ou qu'il s'agisse de sa fin (euthanasie volontaire).
Ce n'est donc pas par tiédeur de leur foi que ces catholiques pratiquants réguliers conçoivent ainsi ce que peuvent être ou ne pas être leurs comportements chrétiens et c'est par estime pour leur hiérarchie qu'ils regrettent de la voir soutenir des positions qui leur semblent si contraires à des éléments essentiels de leur foi chrétienne.
Il n'y a donc aucune raison chrétiennement fondée pour que la hiérarchie catholique romaine n'étende pas à l'euthanasie et au suicide médicalement assisté ce qu'elle affirme déjà à propos du refus ou de l'acceptation de l'acharnement thérapeutique ou des soins intensifs et exceptionnels : c'est à la personne concernée et à elle seule (les médecins ou soignants et la famille ne pouvant être que les mandataires et les garants de ses volontés) de décider ce qu'il en sera des conditions de sa survie et de sa mort.
Bien entendu, en ce dernier cas comme dans tous les autres domaines où chacun doit prendre ses responsabilités, l'être humain pourra agir bien ou agir mal. D'un point de vue chrétien, il pourra y avoir ou non péché. Car il n'est pas question de faire de l'euthanasie volontaire un acte moralement neutre, ni d'un point de vue personnel ni d'un point de vue social. Il est seulement question d'admettre que si elle peut être dans certains cas une faute, l'euthanasie volontaire peut être reconnue par la société comme un droit de la personne humaine, et peut être reconnue par les Eglises comme un acte éventuellement vertueux et - osons les mots – « juste » ou « saint ».
S'étonnera-t-on que cela puisse être vrai de la maîtrise sur la mort ? Prenons conscience que cela est vrai de bien d'autres actes « naturels » de la vie : fonder un couple et une famille, mettre au monde un enfant, construire la cité, la science, l'art. La mort est un étape naturelle de la vie. L’être humain doit assumer toutes les étapes et toutes les œuvres de sa vie avec sa liberté, sa conscience, sa raison et son amour. Les chrétiens considèrent que Dieu trouve cela bon (« Et le Seigneur vit que cela était très bon », Genèse ch 1, v. 31) et que, pour le meilleur et pour le pire, Dieu choisit une relation d'alliance avec les humains pour l'essentiel de leur vie, et donc pour leur mort aussi.
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 19.08.14 19:59 | |
| "Dieu est Dieu,nom de Dieu'!
titre d'un livre de Maurice Clavel que je n'ai pas le temps de relire
Tout le problème viendrait ( selon moi et donc je peux me tromper ) à partir de l'éternel conflit entre la spiritualité et la religion |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 19.08.14 20:11 | |
| et même si l'euthanasie est un péché,tout chrétien est pécheur jusqu'au bout sauf que je peux pécher autant de fois que je le souhaite mais au nom de quoi j'entraînerais quelqu'un d'autre dans mon péché Or,pour qu'il y ait euthanasie, il faut être au moins deux, celui qui euthanasie et celui qui est euthanasié Bon,c'est ma réflexion instantanée qui vaut ce qu'elle vaut
L'euthanasie, un droit ? ou l'euthanasie, une compassion ?
au niveau spirituel, c'est très différent |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 19.08.14 20:29 | |
| Et là je rejoins ma problématique perso Les handicapés peuvent être chiants, voire délinquants ( ! ! ! ) comme les handi peuvent être tellement handicapés qu'ils sont victimes de tout .. Entre ces deux extrêmes, on trouve quand même plus ou moins un juste milieu ...
c'est encore le dilemme entre " gérer sa souffrance " et " offrir sa souffrance ".... ... ... Ah, mais on est sensé théoriquement ne plus souffrir avec la loi Léonetti .... ( ! ! ! ) |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 19.08.14 20:46 | |
| je comprends que çà puisse choquer, que des personnes dites " vulnérables" se sentent libres, surtout aux derniers instants de la vie |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 29.08.14 12:20 | |
| je choisis la version de ma Bible ( Louis Segond, Bible de Jérusalem, la TOB, etc ) je choisis ma radio chrétienne je choisis...ma paroisse ( si je peux me déplacer, si je veux éviter de retrouver mon voisinage réel par exemple, je choisis le curé qui n'endort pas avec ses homélies etc ) je choisis d'avoir un " coin oratoire " chez moi ou de ne pas en avoir je choisis mon style de prière et ses horaires Bref, je n'arrête pas de choisir dans la mesure de mes possibilités et si çà ne nuit pas à autrui. Ma mort, je ne peux pas la choisir.Je peux être écrasée par un camion tout à l'heure, je peux être victime d'une agression mortelle etc etc Par contre, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas choisir le déroulement de mon mourir à l'hosto Je choisis bien de consulter ou de ne pas consulter, de prendre tel médicament ou de ne pas le prendre, je peux même choisir de me laisser mourir de faim et de soif ( c'est extrêmement difficile au bout de trois jours ). Choisir son mourir alors que la mort arrive à l'improviste.Là est la difficulté. Choisir son mourir à l'hôpital ? si on réfléchit bien, jusqu'à présent les toubibs choisissent à notre place !
LES DOCTEURS n'ont jamais été, ne sont pas, et ne seront jamais DIEU. |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 30.08.14 15:38 | |
| L'euthanasie, un droit, ou l'euthanasie, une compassion ?
Evidemment, si l'euthanasie est une compassion, côté ecclésial, on avalera plus facilement "la pilule",il semblerait ... ...
Je me vois mal mendier de la compassion à un toubib.Par contre, s'il s'agit de faire valoir mes droits, je m'y prends astucieusement
Est-on libre dans la souffrance ?
A-t-on le droit d'être libre dans la souffrance ? |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 01.09.14 14:30 | |
| Je comprends que çà puisse choquer qu'une personne dépendante veuille choisir à mon avis il y a un problème interpersonnel irrésolvable, sans solution je rencontre souvent des gens qui font tout à ma place sans que je demande rien, des gens qui me posent la question si je veux être aidée ou pas, et des gens qui ne font rien et qui ne disent rien (sous-entendu : "démerde-toi", ou "je ne veux pas car je ne peux pas"). Il est vrai que selon l'attitude de la personne en face de moi, j'aime bien "jouer",dérouter la personne. C'est quelque part plus fort que moi ! Aucune loi ne pourra gérer ce genre de situation ! |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 01.09.14 17:19 | |
| Ecrit le 17/01/2013
Pascale Le Luron
On les oppose, ils sont l’objet de débats contradictoires. Que se cache-t-il sous ces mots et ces pratiques ? Il est essentiel pour beaucoup de prendre parti, comme s’il s’agissait de choisir, de classifier, d’afficher son appartenance à un courant… de quoi, d’ailleurs, on se le demande bien…
Les professionnels qui exercent en soins palliatifs, mais aussi les bénévoles sont montrés du doigt, quelquefois même selon certains âpres défenseurs de l’euthanasie ils seraient presque des « fanatiques » se rattachant à quelque croyance religieuse ou morale…
Je caricature à peine. Il faut s’opposer, il faut légiférer, avoir tort, avoir raison, polémiquer.
Que de temps, que de salive, que d’énergie gaspillée…
La mort étant encore ce spectre redoutable dont il est si difficile de parler, un évènement que l’on préfère oublier, extraire de nos pensées, il n’est pas étonnant que le débat qui s’agite autour de la fin de vie déchaîne les passions.
Et pourtant, ne s’agit-il pas là d’un état des plus naturels que de passer de vie à « trépas » de même que nous sommes venus à la vie le jour de notre naissance ? Parlons-en… Nous savons aujourd’hui à quel point ce « passage » peut être violent pour le petit être qui arrive parmi nous.
Mais c’est sans compter avec les souffrances que l’on attribue à l’agonie, aux derniers moments de la vie, à ces manifestations physiques qui nous terrorisent et signent le départ d’un être cher que l’on aimerait garder parmi nous. Notre souffrance se mêle aux évènements et toute expression du mourant est perçue comme douloureuse. C’est bien entendu quelquefois le cas, et même souvent dans les services de grands malades, d’accidentés, de brûlés, etc. Mais ne reconnaît-on pas que nous avons une panoplie de solutions pour atténuer, endormir, ou éliminer la souffrance ? Face aux cas les plus graves on va jusqu’à plonger dans des comas artificiels.
Marie de Hennezel, la grande « prêtresse » des soins palliatifs a bien su nous expliquer de quoi il retourne. Une partie de sa vie dédiée aux services de soins palliatifs et au service des mourants. On lui attribue souvent un « parti pris » un engagement qui vaut militantisme et pourtant elle s’en défend bien. C’est sans véhémence et avec beaucoup d’humilité qu’elle parle des êtres humains qu’elle a rencontrés, qu’elle a assistés, des dizaines et des dizaines de témoignages de fin de vie attachants, déroutants quelquefois, émouvants toujours.
De la même façon que nous ne nous souvenons pas de notre naissance, notre future mort reste une grande inconnue. Notre manque de maîtrise face à cet évènement ultime de notre vie nous plonge dans une appréhension qui nous fait anticiper ce que pourrait être notre attitude à ce moment. N’est-ce pas préjuger de ce dont nous sommes capables, ou pas ? La vie pourtant nous sert chaque jour de grandes leçons sur des facultés que nous avons déployées dans bien des domaines de nos vies.
Alors, faut-il légiférer ?
Chaque être humain est unique (même les jumeaux). Nous avons cette fâcheuse tendance à vouloir tout formater, réguler, anticiper… C’est notre époque qui exige ça, c’est la « tendance ». Il faut absolument savoir ce qui est juste ou pas, ce qui est mal, ce qui est bien, ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Mais en la circonstance, nous ne détiendrons jamais de vérité et c’est ce qui fait notre richesse.
Si nous faisions davantage confiance aux êtres humains que nous sommes, si nous avions une plus haute idée de la vie et de la mort, je ne crois pas que ce débat serait sur « le tapis ».
Dans d’autres lieux à notre époque, dans d’autres époques en nos lieux, les mourants ont et avaient une juste place parmi les vivants. Une place de choix : veillés par la famille, les proches. Honorés, écoutés, respectés. Avons-nous à ce point oublié ?
Le cœur, le bon sens, l’amour, la tolérance, ne pourront pas être remplacés par des lois absurdes au sein d’un monde qui l’est tout autant.
Donner la mort ? La question que l’on doit se poser est : qui offrira ce cadeau fatal ? Une fois reçu, plus question de le reprendre même s’il ne convenait pas à celui à qui il était destiné, et ça, peut-on le savoir et comment ???
Reste aussi à définir ce qu’est réellement cette euthanasie dont on parle tant. Car pour moi, comme pour beaucoup d’entre nous, laisser partir quelqu’un en débranchant une machine, alors même que le corps de la personne ne dispose pas des fonctions minimums pour pouvoir se maintenir en vie, n’est pas à mon sens de l’euthanasie, c’est un acte de charité, ce n’est pas donner la mort, c’est respecter la vie.
L’acharnement thérapeutique n’a pas sa place dans un monde humanisé… Et il faut beaucoup d’hypocrisie pour accuser d’avoir donné la mort quand on se contente de respecter la vie, même si l’on doit pour cela apaiser la souffrance de la défaillance du corps en permettant une médication fatale. Mais voilà, on aime la polémique, déchaîner les passions autour d’un débat stérile qui n’apportera jamais la solution que l’on aimerait tant : vivre l’éternité en ce monde…
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 04.09.14 9:42 | |
| Père de Malherbe : « Même très diminuée, une personne ne devient ni un animal, ni un végétal »
ARTICLE | 21/05/2014 | Par Antoine Pasquier Famille Chrétienne
Prêtre du diocèse de Paris et spécialiste des questions bioéthiques, Le père Brice de Malherbe est codirecteur du département « éthique biomédicale » du Collège des Bernardins à Paris et auteur de Fin de vie : penser les enjeux, soigner les personnes.
Prêtre du diocèse de Paris et codirecteur du département « Éthique biomédicale » du Collège des Bernardins à Paris, le Père Brice de Malherbe a consacré une partie de sa thèse de doctorat sur l’accompagnement et le suivi des personnes en état végétatif chronique. Il revient sur les enjeux éthiques mis en lumière pour l’affaire Vincent Lambert. Entretien.
Avec l’affaire Vincent Lambert, on a beaucoup parlé des patients en état végétatif chronique ou en état pauci-relationnel. Qu’est-ce qui caractérise ces états ?
L’état végétatif chronique et l’état pauci-relationnel sont les états, après sortie de coma d’accidents graves, de traumatismes crâniens ou d’ischémies cérébrales (arrêt de l’apport de sang artériel dans le cerveau), qui comportent les lésions cérébrales les plus importantes. Ils ne sont pas, contrairement à ce que l’on dit souvent, des états de coma ; notamment parce que les soignants perçoivent, à travers des cycles de sommeil et de veille, ou à travers des signes plus difficilement perceptibles en état végétatif chronique, des états de tensions plus ou moins grandes en réaction à une douleur ou une détente de l’organisme. Ce peut être le cas par exemple après les soins d’hygiène prodigués par l’équipe médicale. Une présence avec une réactivité minimale existe chez ces personnes, sans que l’on puisse dire grand-chose de leur vie consciente.
Qu’est ce qui différencie ces deux états ?
Dans l’état pauci-relationnel, appelé aussi état de conscience minimale, il est possible de percevoir un minimum de réactions de la part du patient en corrélation à des essais de communication.
Ces patients ont-ils encore une conscience ?
Les professionnels, que ce soit à partir de l’étude clinique ou de l’imagerie cérébrale, sont très prudents sur ce que l’on peut dire de la conscience de ces personnes. Il y a très peu, voir pas du tout, de signes extérieurs de cette conscience. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il y a une absence totale de conscience.
Comment doivent-ils être traités ?
Ces patients sont à traiter comme tous les patients. Au bénéficie du doute et non au maléfice du doute. Ce sont des personnes très lourdement handicapées. Jean-Paul II, dans un discours du 20 mars 2004, avait fait la comparaison avec des personnes lourdement handicapées mentalement, tétraplégiques, ou souffrant de maladies neuro-dégénératives. Ces patients ne sont pas a priori en fin de vie, même s’ils le seront un jour.
Ces états sont-ils irréversibles ?
Ce n’est pas irrémédiable. Dans la première année, il y a une proportion importante de gens qui sortent de cet état. Au-delà d’un an, l’état végétatif est considéré comme chronique, et les sorties sont exceptionnelles. Elles ne sont pas nulles, mais extrêmement rares. Des personnes après deux, trois ou quatre ou dix ans sont sorties de cet état, quelques fois avec un retour à une vie quasi normale, d’autres fois avec des lourds handicaps.
Les patients en en état végétatif chronique ou en état pauci-relationnel entrent-ils dans le cadre de la loi Leonetti ?
Si l’on en croit l’intitulé de la loi – « relative aux droits des malades et à la fin de vie » –, alors oui. Et c’est à mon avis un défaut de cette législation qui, par ailleurs, présente beaucoup de qualités. En édictant des considérations générales sur la limitation et l’arrêt des traitements qui valent à la fois pour des patients en fin de vie et pour des personnes qui ne le sont pas, on risque d’apporter des réponses inadaptées et de confondre des situations très différentes. Une personne en état végétatif chronique n’est pas comparable à une personne en phase grave et incurable d’un cancer.
L’affaire Vincent Lambert repose sur la demande, d’une partie de la famille, d’arrêter l’alimentation et l’hydratation de cet infirmier de 38 ans. Quelle est la position de l’Église sur cet arrêt ?
Deux textes abordent cette question : une déclaration de la congrégation pour doctrine de la foi d’août 2007 en réponse à des questions posées par la conférence épiscopale américaine et la déclaration parisienne juifs-catholiques de 2007. Que disent-ils de l’alimentation et de l’hydratation ? Qu’ils répondent à un besoin de base des patients. Ces soins ne sont pas assimilables à une dialyse rénale ou à une ventilation artificielle par exemple. Pourquoi ? La dialyse artificielle vise à répondre à une déficience, à une situation pathologique. L’alimentation et l’hydratation, elles, ne sont pas une réponse à une pathologie mais à un besoin essentiel de la personne.
Mais certains s’appuient sur le fait que cette alimentation et cette hydratation soient artificielles pour les assimiler à un traitement disproportionné ou inutile. Est-ce le cas ?
Ce n’est pas l’alimentation ou l’hydratation qui sont artificielles, mais le moyen utilisé – une sonde gastrique ou une perfusion intraveineuse – qui l’est. S’il est certes artificiel, ce moyen n’est pas pour autant excessif. Il n’est pas compliqué à poser, ne présente pas d’inconfort particulier. Il est beaucoup moins invasif qu’une dialyse, qu’un soutien cardiaque ou qu’une ventilation. C’est un moyen qui n’est pas excessivement coûteux et qui ne demande pas une surveillance excessive. Il répond à mon sens aux critères de proportionnalité.
Retirer l’alimentation et l’hydratation artificielles aux personnes en état végétatif, c’est donc enlever un soin dû.
J’ai tourné cette question dans ma tête plusieurs fois. Il s’agit là d’une question difficile. Pour ces patients en état stable, ce n’est pas leur pathologie, mais l’arrêt de l’alimentation et l’hydratation qui serait la cause directe de leur mort au bout de quelques jours ou de quelques semaines. Du coup, tant que l'état de la personne n'évolue pas clairement vers une fin de vie, un tel arrêt équivaudrait à un refus de soin.
Est-il légitime d’arrêter l’alimentation et l’hydratation à des personnes en fin de vie ?
Pour les personnes arrivées au dernier stade de leur cancer par exemple, les besoins en hydratation et en nutrition ne sont pas les mêmes. Des études montrent que, dans des stades terminaux de cancer, le maintien ou non de l’alimentation n’a pas d’incidence sur la durée de vie de la personne. Au contraire, ce maintien peut parfois entraîner des risques d’infection, de fausse route. Ici, ce n’est pas l’arrêt éventuel qui conduirait le patient à la mort, mais bien l’évolution de sa maladie.
Comment interpréter la possibilité laissée par la loi Leonetti de stopper l’alimentation et l’hydratation ? Est-ce une faille de cette loi ?
Il n’est pas bon, à mon avis, qu’une loi soit trop précise. Une respiration éthique est nécessaire. Des codes de bonnes pratiques existent, des sociétés savantes veillent à leur application. Ces bonnes pratiques doivent être encouragées, sans que celles-ci ne se laissent influencer par des idéologies extérieures. La loi Leonetti permet à ceux qui veulent vraiment agir dans l’accompagnement de la personne, qu’elle soit en état gravement handicapé ou en fin de vie, de le faire jusqu’au bout.
Mais le monde des soins palliatifs n’est pas unanimement d’accord. Nous l’avons vu dans les réactions parfois trop passionnelles qu’a suscitée l’affaire Lambert. Certains considèrent que dans le cas de patient en état végétatif chronique, l’absence d’amélioration de la personne et la persistance de son état justifie l’arrêt de son alimentation et de son hydratation.
Peut-on juger la dignité d’une vie à l’aune de sa capacité relationnelle ?
La relation est évidemment source d’épanouissement pour la personne, un élément essentiel pour permettre le développement d’une personne, mais la relation n’est pas l’unique condition de la dignité de sa vie. Ce n’est pas la relation qui fait la personne. La relation reconnaît la personne, elle répond à la personne dans sa dignité, mais elle ne crée pas la dignité de la personne.
Que répondre aux familles qui estiment que la vie d’une proche « ne vaut plus la peine d’être vécue » ?
Ce genre de prise de position manifeste sans doute, et avant tout, la difficulté pour certaines familles d’avoir à accompagner un de leur proche. C’est une situation très lourde pour les familles de vivre aux côtés d’un proche dont la communication est réduite, voire presque inexistante. Ces familles ont besoin d’être soutenues par l’équipe médicale, par des bénévoles, voire par un accompagnement spirituel. Et leur proche malade doit être pris en charge par un service spécialisé. Pour les familles accueillant un patient chez elles, elles doivent s’accorder des temps de répit en confiant leur proche à une unité dédiée.
L’expression « sa vie ne mérite plus d’être vécue » est avant tout l’expression d’une souffrance de la famille, mais qui est-on pour décider à la place de quelqu’un d’autre ? Qui est-on pour mesurer sa qualité de vie ? Bien sûr, aucun de nous ne souhaite être dans un tel état. Mais les patients en état végétatif chronique ou en état pauci-relationnel sont des personnes à part entière, qui ne présentent aucun signe de grande souffrance et qui gardent toute leur dignité humaine intrinsèque. Même très diminué, un patient ne devient ni un animal, ni un végétal, soulignait Jean-Paul II. Il reste une personne qui a droit aux soins.
Est-ce que l’expression d’une volonté personnelle d’arrêter l’alimentation et l’hydratation peut légitimer un acte euthanasique ?
C’est très difficile de se projeter dans une situation donnée. Il faut faire très attention au regard que nous pouvons porter à partir de la situation d’autrui : « Moi, dans cette situation-là, je ne voudrais pas… ». Les soignants le disent d’ailleurs. On ne sait que trop qu’il existe un décalage entre ce que la personne a pu dire à un moment donné et ce qu’elle peut désirer ou vivre quand elle se trouve dans une situation de gravité.
Vis-à-vis des personnes qui portent un regard négatif sur elle-même, le devoir de l’entourage est avant tout de redonner confiance, de donner des raisons de vivre, plutôt que d’abonder dans la dévalorisation de la personne. Quelle que soit la dégradation de la qualité de vie de la personne, cela ne justifie jamais de provoquer volontairement la mort. La vraie réponse à la vulnérabilité, c’est le prendre soin et non pas l’abandon ou l’encouragement à en finir.
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 14.09.14 16:12 | |
| Un médecin catholique qui pratique l’euthanasie témoigne
Corinne Van Oost, médecin catholique, responsable d’un réseau de soins palliatifs en Belgique, explique dans un livre (1) pourquoi elle accepte de pratiquer l’euthanasie.
14/9/14 - 15 H 24
Corinne Van Oost. Journal La Croix
C’est un livre-témoignage, le récit d’un cheminement intellectuel et personnel, du rejet de l’euthanasie à son acceptation. « Ce n’est pas un plaidoyer pour l’euthanasie, insiste d’emblée Corinne Van Oost en entretien. Le titre aurait pu être : ‘Le risque de l’euthanasie’. »
Pour l’auteure en effet, l’euthanasie n’est « ni un droit ni un’libre-choix’ ». C’est un « dernier recours », quand la médecine palliative a atteint ses limites : « L’euthanasie est toujours un échec et aucun médecin ne peut la pratiquer facilement, défend-elle. Mais quand on a tout tenté, sans être capable de soulager, que doit-on faire ? Abandonner l’autre à sa souffrance ? Ce n’est pas ma conviction de chrétienne ».
Trente ans d’expérience en soins palliatifs
Cette réflexion, l’auteure la tire de presque trente ans d’expérience en soins palliatifs. Elle l’illustre, dans son livre, de dizaines de récits de fins de vie. Celui-ci débute au milieu des années 1990, bien avant la légalisation, en 2002, de l’euthanasie en Belgique, avec l’histoire d’Albertine, patiente âgée atteinte de sclérose en plaque, « la première qui m’a obligée à confronter mes principes à la vie », écrit-elle.
Dans un premier temps, elle refuse la demande de la patiente, y voyant un « désir de tout maîtriser qui allait à l’encontre de ma façon de voir la mort, dans l’abandon et le lâcher-prise. Je lui ai redit que sa vie ne m’appartenait pas. » Puis les mois passent, la patiente dépérit, pleure énormément, ne dort plus et se nourrit à peine. « J’ai beaucoup espéré qu’elle meure naturellement. Mais était-ce humain de tabler là-dessus ? (…) J’avais tout fait pour alléger sa souffrance et cela ne suffisait manifestement pas. Qui étais-je pour lui refuser la mort ? », s’interroge Corinne Van Oost, qui finalement accède à sa demande.
> Voir aussi notre dossier Fin de vie
Pour elle, la sédation est un abandon
Formée à la fin des années 1980 à la maison médicale Jeanne-Garnier, à Paris, l’auteure, aujourd’hui responsable d’un réseau de soins palliatifs en Belgique, en est une militante convaincue. Dans la plupart des cas, ceux-ci permettent de faire disparaître peurs et douleurs et donc de repousser, voire d’annuler, la demande d’euthanasie.
Mais pour elle, on ne doit pas opposer les deux. Au contraire, ils sont complémentaires. « Écouter vraiment la demande d’euthanasie, c’est l’écouter en prenant au sérieux l’hypothèse de la pratiquer, écrit-elle. Si, ce faisant, j’arrive à trouver un chemin de sortie psychique, relationnel, spirituel, médicamenteux, j’aurai rempli ma mission. Dans le cas contraire, je ne peux pas me contenter de simplement me retirer. »
Elle rejette ainsi « l’entre-deux » français, qui autorise les médecins à endormir les patients pour les soulager, au risque de précipiter la survenue de la mort. « La sédation n’est pas ce que les gens veulent, explique-t-elle en entretien. Quel sens ça a ? Comment être sûr que le patient ne souffre pas ? Qu’il ne cauchemarde pas ? » Pour elle, la sédation est un abandon : « Le chemin de l’accompagnement humain nécessite nettement plus d’engagement, et d’investissement ».
« Je suis la première perdante. Comme médecin et comme chrétienne »
Corinne Van Oost ne passe pas pour autant sous silence la difficulté d’accomplir un geste létal. « Quand j’ai accepté de pratiquer l’euthanasie, le plus difficile pour moi a été d’exercer cette violence sur le corps. Injecter un produit létal à quelqu’un, même mourant, c’est combattre la vie », écrit-elle.
De même, l’euthanasie peut être « un échec absolu » quand il est pratiqué dans la précipitation, sans que la relation avec le médecin ait permis de mûrir la demande.
Enfin, reconnaît-elle, « pratiquer l’euthanasie, c’est risquer de s’y habituer. Je le fais avec moins de peur au fil des ans. Mais j’ai toujours conscience que je suis la première perdante. Comme médecin et comme chrétienne. »
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 14.09.14 16:57 | |
| Véronique Margron: «Sortir du débat binaire et très idéologique sur la fin de vie »
La religieuse dominicaine et théologienne Véronique Margron a préfacé le livre de Corinne Van Oost. Elle en explique les raisons et fait le point sur la situation en France. 14/9/14 - 15 H 30
ENTRETIEN Véronique Margron, théologienne moraliste, a préfacé le livre de Corinne Van Oost
« La Croix » : Qu’avez-vous pensé du livre de Corinne Van Oost ?
Véronique Margron : Quelles que soient nos convictions, il a le mérite de proposer un questionnement. Il peut permettre de sortir du débat trop binaire et parfois très idéologique sur la fin de vie qui durcit les positions en France, empêchant de prendre en compte la complexité du réel. Une complexité encore plus grande de par les progrès de la médecine, qui rendent les frontières très fines dans les soins de la fin de la vie.
Par ailleurs, n’oublions pas qu’en Belgique, sur les mêmes arguments et le même engagement croyant, certains médecins chrétiens ont conclu qu’ils ne pratiqueraient jamais l’euthanasie, d’autres qu’ils le feraient à titre exceptionnel, quitte à ce que cet acte les poursuive longtemps, moralement.
Pensez-vous qu’il faille faire évoluer la loi française ?
V.M. : En France, la première nécessité est d’appliquer la loi Leonetti sur l’ensemble du territoire, ce qui suppose des moyens et des soignants formés. Cette loi a fait un large consensus au moment de son adoption.
Comment savoir si oui ou non il faut la revoir, si elle a des “points aveugles”, si elle aboutit à des impasses répétées, tant qu’elle ne sert pas de cadre général à l’accueil et aux soins des personnes en fin de vie ? Ce n’est qu’en la vivant vraiment qu’on pourra l’évaluer dans plusieurs années et alors, peut-être, la modifier, l’améliorer.
La loi n’est pas là pour répondre à chaque détresse individuelle. Le soin singulier est toujours au lit du patient, pratiqué par des soignants encadrés par la loi, mais d’abord guidés par leurs compétences et leur humanité.
Quelle éthique doit guider la réflexion sur la fin de vie ?
V.M. : La question de l’éthique est toujours la même : “Quel est le souhaitable ?” La loi morale “tu ne tueras pas” est fondamentale. Mais encore faut-il savoir comment l’incarner dans le singulier d’une histoire. Et là encore se pose la question difficile de ce qui est souhaitable pour quelqu’un afin que son humanité soit honorée jusqu’à la fin.
Cela demande, outre la compétence médicale, la capacité à écouter patients et proches, mais encore à converser avec une équipe et avec des pairs. L’éthique est toujours lente à trouver la meilleure voie. Il nous faudrait consentir à cette lenteur et non nous précipiter sur la loi, comme si là était la solution à nos cas de conscience.
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 20.09.14 12:49 | |
| CITATION =
"La loi morale “tu ne tueras pas” est fondamentale. "
Mon commentaire= Eh bien non, justement, il faut évoluer. Après l'Ancien Testament, il y a le Nouveau Testament (dont les deux commandements principaux sont : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ta force,de toute ta pensée,de toute ton âme Tu aimeras ton prochain comme toi-même).
Par ailleurs, qu'Est-ce qu'il y a de plus important au niveau spirituel, l'action ou l'intention ? J'ai "tué" un de mes voisins qui me dérangeait car trop bruyant et il est toujours là ... Par ailleurs, on ne tue pas un mourant, le meurtre consiste à ôter la vie à quelqu'un contre son gré. |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 25.09.14 14:54 | |
| Je rappelle aux cathos de base qui passeraient par ici que
Alliance Vita et Cie,c'est du catho de droite, voire d'extrême-droite
Mais tout est mélangé...Qui ne connaît pas quelques cathos de gauche faisant référence à Alliance Vita et Cie...???...C'est facile à trouver sur internet...il suffit d'aller discrètement un peu partout et de faire soi-même les liens ...
On ne peut pas accuser un croyant de se sentir un jour un peu plus à droite, et le lendemain un peu plus à gauche Mais on peut, par contre, l'accuser de vouloir imposer ses idées aux autres alors que lui-même il ne sait pas trop où se situer |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 28.09.14 15:28 | |
| Mgr Georges Pontier a parlé du débat sur la fin de vie. Comment cela s’est-il passé ?Le président de la Conférence des évêques de France a rappelé l’importance de donner un message d’espérance et favorisant le lien entre les personnes. Et non pas déclarer que le suicide assisté était une bonne solution pour notre société. La réponse du Premier ministre a été, je le cite quasiment mot pour mot : « Cette question doit être traitée dans le dialogue et le respect de chacun avec une volonté d’apaisement. » Deux députés, Jean Leonetti (Alpes maritimes), auteur de la précédente loi, et Alain Claeys (Poitiers), ont été mandatés pour examiner cette question dans le cadre d’une commission d’enquête mise sur pied pour écouter, rencontrer les personnes. On ne sait pas comment ce débat aboutira. Mais je crois que l’Église catholique sera entendue à ce sujet. Notre idée est de procéder comme nous l’avions fait lors de la révision des lois de bioéthique. Réfléchir sérieusement et apporter notre contribution au débat. http://www.famillechretienne.fr/societe/politique/rechauffement-au-sommet-entre-l-eglise-et-l-etat-150195 |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 28.09.14 15:42 | |
| On peut espérer que ce sera du " donnant-donnant ". Le Gouvernement essaie de gérer la situation des chrétiens d'Irak... L'Eglise et la Droite en ont trop fait à propos du mariage homosexuel Que l'Eglise puisse lâcher du lest à propos de la fin de vie et de la mort (qui concerne tout le monde, pas seulement les chrétiens ) C'est tout ce qu'on peut souhaiter, le "personnage" François Hollande n'étant pas clair du tout avec lui-même à propos de la fin de vie et de la mort. |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 28.09.14 17:56 | |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 28.09.14 18:01 | |
| Blablabla blablabla blablabla
L'ACHARNEMENT PALLIATIF EXISTE !
Il faut voir en quoi il consiste ... ... ...
Crever de faim et de soif ? mourir dans l'inconscience ?
Elle est où çà, la dignité humaine ? |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 30.09.14 11:42 | |
| Euthanasie, de quoi parle-t-on ?posté par Isabelle de Gaulmyn le Dimanche 21 septembre 2014 P.RAZZO/CIRIC En cette rentrée, c’est par la Belgique que la question de l’euthanasie revient sur le devant de la scène. D’abord, par un livre où une femme médecin, belge, catholique, Corinne Van Oost témoigne comment, dans le cadre des soins palliatifs, elle pratique l’euthanasie (« médecin et catholique, je pratique l’euthanasie » aux Presses de la Renaissance). Ensuite par ce prisonnier, dans cette même Belgique, qui demande –et obtient-, le droit d’être euthanasié, car sujet à des souffrances psychiques insoutenables. Sortir des clivages simplistesLe rapprochement est troublant. Rien à voir, diront certains ? Certes, le livre de Corinne Van Oost pose avec courage ces cas où les médecins sont affrontés à une demande de malade qui ne veulent pas continuer à vivre du fait d’une souffrance intenable. Il oblige à sortir des clivages simplistes, du « pour ou contre » l’euthanasie. Il montre bien qu’on ne saurait s’en tenir à un classement en « principes négociables et non négociables » dans ce domaine, et refuser d’envisager parfois cette solution, sans risquer de se détourner de certaines détresses. donner la mortPourtant, le plaidoyer de Corinne van Oost va plus loin. Il se place dans le cadre de la loi belge sur l’euthanasie. Elle fait, dans son livre, de ce geste de donner la mort une « voie » possible. Une « voie » extrême, peu souhaitable, mais une voie tout de même, dans la panoplie des soins palliatifs. Le problème n’est pas de savoir qu’il existe des cas où le médecin peut être amené à aider à mourir, au nom de la conscience qu’il peut avoir de son métier. Mais que ces cas soient prévus par la loi, autorisés, et considérés comme un « droit ». une loi pour les exceptions?
Il y aura toujours des exceptions. Mais la loi est-elle faite pour les exceptions ? Que cette même loi belge puisse être désormais utilisée pour faire mourir, à leur demande, des prisonniers souffrant de graves troubles psychiques et de comportement, pose en tous les cas la question. On peut se demander si il s’agit là d’un détournement de la loi, ou bien de l’inévitable prolongement d’une terrible logique de mort déjà présente. Car ces « suicides demandés » par des personnes au banc de la société semblent désormais acceptés par une opinion publique indifférente, puisque déjà, on nous apprend qu’une quinzaine d’autres prisonniers seraient prêts à faire la même demande. Sans que personne ne s’en émeuve, l’Europe, qui avait rejeté la peine de mort de son territoire, vient donc d’inventer le droit de mort. L’euthanasie, étymologiquement, signifie « bien (eu en grec) mourir (thanos) ». Bien mourir est un droit. Mais faire mourir… |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 30.09.14 12:15 | |
| Mon commentaire ( à propos des patients "en fin de vie" ) = Je cite " Bien mourir est un droit ".Nous sommes tous des vivants potentiellement mourants ( sinon nous ne serions pas là en train de discuter de la fin de vie et de notre mort ! Je ne sais pas si bien mourir est un droit dans la mesure où tout à l'heure si un camion m'écrase, je vais mourir en souffrant le martyr ! Ma mort étant nécessairement dans mon avenir et non pas dans mon présent, peut-on parler d'un droit à la mort ( philosophiquement parlant ) ? "Bien mourir est un droit".(sous-entendu : mourir sans souffrir ) On a tous intégré l'idée d'une agonie sans souffrances physiques que la médecine peut nous donner. Serait-il aisé de passer de cette notion d'absence de souffrance à la notion de liberté du mourant ??? Faire mourir ou laisser mourir, que de connotations négatives et abjectes dans ces expressions... Aider à mourir tout simplement, comme on aide à bien vivre. |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 01.10.14 14:00 | |
| Je rappelle qu'il ne faut pas mélanger les soins palliatifs au cours de la vie ( traitements symptomatiques = traitements non curatifs ) et les "soins" "palliatifs" avant et pendant la mort. Car certains mélangent tout, inconsciemment ou volontairement ...
Je rappelle que si certains font rimer euthanasie avec nazi, l'Eglise joue avec la peur ( on peut lire sur le web que l'euthanasie est un billet d'entrée pour l'enfer )
Les mots et les maux .... ... ... |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 01.10.14 14:40 | |
| On se doute bien aussi qu'on pourra jouer avec certains sigles ( T.S. et S.A. par ex. )
Quelque soit la loi, toutes les interprétations possibles de cette loi sont inévitables.
C'est la vie ! |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 02.10.14 9:57 | |
| La Croix 1/10/2014 article avec abonnement
Mgr Pontier : « Renforcer le droit individuel à choisir sa mort constitue une dérive dangereuse » |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 02.10.14 16:44 | |
| À l’Assemblée, les représentants des cultes réaffirment leur opposition à l’euthanasie
1/10/14 - 16 H 26
Auditionnés mercredi 1er octobre par les députés Jean Leonetti et Alain Claeys, chargés par Matignon d’une mission sur la fin de vie, les responsables religieux ont redit leur opposition unanime à une légalisation de l’euthanasie ou du suicide assistée. (article avec abonnement) (ma remarque : on paie internet tous les mois) |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 02.10.14 16:47 | |
| Mon commentaire :
Le contraire serait étonnant. Mais n'êtes-vous pas capables de vous taire dans cette République Française ? |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 02.10.14 17:11 | |
| Sur le web, on peut lire des messages de certains pro-vie, du style "les soignants ne veulent pas tuer, mais les patients peuvent toujours se suicider "... ... |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 02.10.14 17:17 | |
| Alors entre " l' euthanasie,un billet pour l'enfer " et la possibilité de se suicider en prenant soi-même ses responsabilités et "en stockant ses médicaments comme des grands", on ne sait plus sur quel pied danser
c'est pour cela que je vous invite à vous taire ! |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 02.10.14 18:37 | |
| « Supprimer une vie est toujours une violence », par Mgr d’Ornellas Publié le 02 octobre 2014 Dans le cadre d’une future révision de la loi sur la fin de vie, M gr Pierre d’Ornellas a été auditionné le 1 er octobre par les députés Jean Leonetti et Alain Claeys. Parler de la fin de vie, c’est inévitablement évoquer notre regard sur l’homme et sa finitude, sur sa commune fragilité face à la mort. Regard d’autant plus aiguisé qu’il se porte sur des personnes en situation de vulnérabilité et de souffrance, situation qui appelle une empathie guidée par la sagesse et la bienveillance. Regard d’autant plus averti que la personne en fin de vie et la personne soignante, comme le législateur et le prêtre, ont en commun d’être situées face à la mort, et plus précisément face à leur propre mort. Une fraternité lie les hommes dans leur commune humanité marquée par la finitude. En commençant, je tiens à rendre hommage à tous ceux et toutes celles qui accompagnent leurs frères et sœurs en humanité, fragilisés et en fin de vie, de telle sorte qu’ils soient « dans le confort ». Les situations qu’ils rencontrent les tiennent de façon modeste face et avec ces personnes en fin de vie. L’accompagnement qu’ils réussissent à mener en équipe les renforce dans leur conviction que leur tâche est belle et qu’il vaut la peine qu’elle soit davantage connue et reconnue. A – Trois considérations générales1 – Choisir entre violence et douceur Face à l’être humain, l’humanité a progressivement laissé émerger une attitude qui s’exprime par « tu ne tueras pas ». Celle-ci est présente dans le serment d’Hippocrate. Supprimer une vie, dans le seul but de donner la mort au frère en humanité, est toujours une violence et engendre de la violence, quelle que soit la manière dont l’acte est commis et dont la conscience s’en justifie, précisément pour en masquer la violence. Violence sourde, d’autant plus nocive parce qu’elle est difficile à repérer. De quel guide ont besoin les techniques médicales pour que la relation aux personnes en fin de vie ne devienne pas un propagateur silencieux de violence et de peur dans notre société ? « Tu ne tueras pas » est un interdit fondateur (Levinas). Il indique la ligne en dessous de laquelle la dignité humaine est toujours violée, et la fraternité inhérente à la condition humaine, blessée. Cet interdit est parfois lourd à porter car la « fraternité » est trop onéreuse à vivre dans des situations d’extrême vulnérabilité. Quel guide allègera le fardeau afin que nul ne soit tenté de le transgresser, et donc d’être violent avec lui-même ou sur autrui ? Penser la loi, c’est édifier le guide qui éduque à la juste manière de respecter le vivant humain lorsqu’il s’en va, fragilement, vers son dernier instant sur terre, lui qui est toujours une personne singulière, unique et digne, et qui est toujours un « frère ». Devant la fragilité de l’être humain, l’humanité s’est forgé une autre attitude qui s’exprime par « tu aimeras ». Cette attitude est la réponse positive à l’interdit du meurtre. Si celui-ci trace une ligne au-dessous de laquelle ne pas aller, l’impératif « tu aimeras » ouvre largement l’espace de l’action à la hauteur de la dignité humaine et de la fraternité qui lie les humains. Aimer est ici une attitude qui tout à la fois respecte, aide, accompagne et protège la personne vulnérable. Cette attitude génère douceur et sérénité. Elle est un impératif en toute conscience humaine, car tous, nous qui sommes des « êtres en relation », nous ne vivons bien qu’en étant personnellement aimés, jusqu’au bout. La technique est performante dans l’art de l’accompagnement des personnes en fin de vie. Elle ne supprimera jamais que le sujet de l’accompagnement est une personne humaine ou un groupe de personnes humaines (monde soignant, famille, personne de confiance, etc.). Aimer avec justesse n’est possible que par la qualité du regard porté par une personne sur la personne fragile. Cette qualité vient tout autant d’une manière de faire que d’une expérience partagée et guidée, dans un cercle collégial. Cette qualité du regard sur la personne se traduit dans l’art médical de l’accompagnement des personnes en fin de vie. Un tel art engendre de la douceur dans notre société. L’expérience le montre. Expérience qui a besoin d’être propagée et transmise. Cet art a besoin d’être appris. C’est pourquoi, il est nécessaire de l’enseigner largement. 2 – Le déni ou la relation juste Toute fragilité, et celle de notre condition mortelle en particulier, provoque d’abord le déni pour éviter de la regarder en face. Quand cette fragilité est posée devant nous parce que nous sommes face à la personne en fin de vie, celle-ci nous révèle notre propre fragilité et nous sommes tentés de l’esquiver. Cette tentation est compréhensible ; elle signifie que nul n’habite complètement l’humanité qui est pleinement sienne en étant celle de tout être humain. Cependant, ce déni, par la peur qu’il sous-entend, conduit à des gestes inadéquats car il s’agira toujours de se masquer la finitude qu’on ne veut ni ne peut voir. Le déni empêche d’écouter la personne en situation de fragilité, de la voir en vérité comme une personne, de poser sur elle un regard qui la respecte, qui prend du temps, et qui la comprend grâce à ce qu’elle exprime ou voudrait exprimer. Il est possible de se situer dans une relation de personne à personne, si l’on connait l’attitude juste qui aide la personne en fragilité, parfois extrême. La méconnaissance de cette attitude juste favorise le déni et engendre la tentation du refus de voir la fragilité. C’est pourquoi l’enseignement de l’attitude soignante adéquate pour le bien d’une personne en fin de vie est essentiel. Le savoir-faire, qui est aussi un savoir-être, est la condition nécessaire pour ne pas demeurer dans le déni qui engendre violence, alors que l’attitude juste est source de douceur et de paix. L’enseignement de la médecine palliative est donc indispensable. Il devrait être dispensé pendant les études de médecine à tous les étudiants et non pas être seulement réservé comme une spécialité pour quelques-uns. Cette médecine n’est pas le parent pauvre de la médecine curative à qui seraient réservés les exploits de la guérison. Elle n’est pas non plus celle à qui on laisserait enfin la place au moment où la médecine curative avouerait son échec. Prendre soin de la personne malade, l’accompagner dans la globalité de son être commence dès qu’un soin est donné pour lutter contre la maladie. C’est d’ailleurs l’attention au prendre soin qui ouvre au discernement sur le soin qui n’est plus alors exposé à la routine de se poursuivre indéfiniment en allant toujours plus loin. Le prendre soin inclut le soin. Le Rapport Penser solidairement la fin de vie, rédigé sous la conduite du Professeur Sicard, en a bien montré l’importance. Quand le moment vient où la médecine curative cesse, il reste alors la continuité du prendre soin qui a déjà commencé bien avant ce moment, et qui n’a pas de raison d’être arrêté. 3 – Faire émerger une culture palliative Dans la continuité de la loi du 22 avril 2005 qui fut à l’unanimité reconnue comme un bien pour notre société, et dans la continuité des progrès qui ont été faits depuis, cet enseignement doit encore se propager. Il ne se contente pas de situer le personnel médical face aux maladies diagnostiquées pour trouver les remèdes, même de façon raisonnable et proportionnée, mais il dispense un savoir qui situe le professionnel de santé face à la personne, qui est malade, et en « alliance thérapeutique » avec elle dans le respect de sa juste autonomie. Cet enseignement permet à la médecine d’accomplir sa vocation où soigner et prendre soin s’interpénètrent. Il est nécessairement pluridisciplinaire afin de prendre en compte toutes les dimensions de la personne, y compris religieuse. Cet enseignement est à diffuser dans la société car la mort et la fin de vie ne sont pas seulement des problèmes médicaux mais des faits sociaux et personnels, qui alimentent des œuvres d’art et la réflexion des plus grands philosophes comme celle des plus humbles. Il s’agit de promouvoir une culture du prendre soin global de la personne, de telle sorte que les artistes finissent par s’en inspirer, témoignant ainsi qu’elle serait devenue un bien commun et une évidence. Une telle culture est génératrice de paix et de douceur. Nous avons tous besoin d’apprendre que le juste soin existe : il est celui qui soulage la douleur et l’angoisse, qui propose écoute, dialogue, accompagnement humain et spirituel, qui sait accueillir et comprendre les expressions de la finitude humaine. L’activisme médical, quand la guérison n’est plus l’horizon, ne respecte pas la personne qui s’en va. Nous avons tous besoin d’apprendre à résister à la tyrannie de l’émotionnel et à la pression sociale en en comprenant les ressorts non-dits qui sont souvent ceux de l’ignorance. Combien de Français savent-ils que l’obstination déraisonnable est interdite, que toute souffrance peut légitimement être apaisée, et que la volonté du patient sera écoutée ? Respecter la personne en fin de vie – ce que tout Français souhaite –, c’est en aucun cas demander ou pratiquer des soins disproportionnés, ni mettre intentionnellement fin à ses jours, c’est accéder au discernement de raison avec l’empathie pour le « frère » en grande vulnérabilité. Nous avons tous besoin d’apprendre que la mort « naturelle » est le dernier instant normal de vie sur notre terre, qui survient parce que l’organisme humain est parvenu au bout de son chemin, sans obstination déraisonnable, ni précipitation délibérée du décès. Ce moment nous est confié en raison même de la fragilité de la personne qui le vit. Celle-ci se confie en toute confiance si elle se sent respectée, écoutée, aimée et accompagnée. Nous avons tous besoin d’apprendre qu’il n’y a pas de « mort sociale ». Par cette expression, on prétend qu’il existe, à côté de la mort cérébrale, une autre forme de mort quand la personne est tellement diminuée qu’elle ne peut plus participer à la vie sociale. Cette seule idée est une violence inouïe exercée à l’égard des personnes âgées, handicapées, et, plus généralement, à l’égard de celles dont les capacités cognitives et relationnelles sont atteintes. Le témoignage de Mme Maryannick Pavageau, qui se fait l’écho de tant d’autres, mérite d’être reçu. Nous avons tous besoin d’apprendre ce qui se cache derrière les demandes de « bonne mort », souvent identifiée avec la liberté d’en finir. « Mais, s’interroge le Rapport Sicard, s’agit-il vraiment du souhait d’une « bonne mort » ? Ne s’agit-il pas plutôt du refus de l’éventualité d’une vie insupportable, en fin de vie ? » Nous avons tous besoin d’apprendre à attendre la mort, à respecter le temps encore à vivre, à ne pas être désarmé face à l’imminence de la mort. Apprendre à ne pas voler ce temps parce qu’il n’est pas stérile et qu’il est parfois une étape décisive dans une vie d’homme ou de femme. Apprendre aussi l’accompagnement de la famille ou des proches pendant ce temps qui leur est douloureux, et qui peut susciter chez eux de l’impatience devant cette durée jugée inutile et génératrice d’angoisse. Nous avons tous besoin d’apprendre que l’utilitarisme n’appartient pas à la grammaire du respect de la personne fragile. Le désir de supprimer le temps de la fin de la vie est souvent l’indice que la valeur utile de la personne est considérée, et non la personne elle-même. Ce désir rejoint la tendance au déni par lequel on esquive la mort. La personne en vulnérabilité, quand elle s’approche du terme de sa vie, est cependant « utile » dans la mesure où elle fait appel à des ressources d’humanité que notre société ignorerait sans elle. Paradoxalement, si on sait accueillir pour elle-même une personne fragile en fin de vie, alors la société devient moins dure et plus douce. B – Trois points particuliers 1 – L’intention au cœur des soins palliatifs Un tel enseignement et une telle culture réduiraient l’ignorance et le déni qui sont vraisemblablement à l’origine d’une montée de la demande de légalisation de l’euthanasie. Il s’agit d’apprendre les conditions de la fin de vie et du dispositif législatif actuel. Il s’agit aussi de donner davantage de moyens aux soignants et à leur formation pour que le respect et l’accompagnement de la personne soient toujours davantage l’âme de la médecine. Lorsque la demande d’euthanasie apparaît comme réfléchie, elle indique d’abord le vœu de ne pas être livré à ce que le rapport Sicard appelle « une médecine sans âme ». L’euthanasie, qui est toujours un acte de mort, est une transgression lourde. Elle ne laisse pas la conscience indemne, même si on peut finir par « s’habituer » à un tel geste lorsque le législateur « protège » par des procédures cette transgression de l’acte de soin. Elle brise la confiance dans la relation de soin, confiance qui est essentielle à la paix d’une société. Le débat n’oppose pas les partisans des soins palliatifs et ceux de l’euthanasie. Il sépare ceux qui considèrent que l’euthanasie « complète » les soins palliatifs et ceux qui estiment au contraire, qu’elle les contredit et les ruine de l’intérieur puisqu’elle devient une « option » parmi d’autres, proposée « légalement ». Au cœur des soins palliatifs, il y a l’intention clairement et collégialement délibérée de soulager toute douleur, et de prendre les moyens appropriés pour y arriver. L’intention, pour être sincère, doit donc s’accompagner de l’acquisition de compétences dans les moyens mis en œuvre. Une telle intention du personnel soignant suffit pour agir de telle sorte que la personne en fin de vie ne souffre pas et vive le temps qu’elle a à vivre jusqu’à son décès. Nous avons tous besoin d’apprendre la juste valeur de l’intention qui est toujours intention de la fin discernée et voulue, avant d’être intention des moyens. En effet, « par euthanasie au sens strict, on doit entendre une action ou une omission qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur. L’euthanasie se situe donc au niveau des intentions et à celui des procédés employés ». (Jean-Paul II, Evangelium vitæ § 65). L’intention pour un juste accompagnement demeure la volonté de soulager la douleur même si la conséquence est connue – affaiblissement de l’organisme qui ira plus rapidement au terme de sa vie sous l’effet de la maladie – mais non voulue. On ne peut donc pas parler d’euthanasie lorsque le décès survient après l’administration de thérapeutiques dont l’intention droite était le soulagement de la douleur. Il s’agit alors d’une « sédation en phase terminale », et non d’une « sédation terminale ». Cette dernière expression est à bannir, car elle signifie une sédation dans l’intention d’en terminer rapidement avec la vie. Elle signifie donc un acte d’euthanasie. Cette sédation peut alors apparaître comme le masque acceptable d’une euthanasie inacceptable. Les mots ont leur importance. Ils disent la réalité. La confusion entretenue sur le vocabulaire brouille les repères et engendre de la peur. Refuser le réel en abdiquant le sens des mots participe à l’engendrement souterrain de la violence dans une société. Ce refus vient d’un déni non-dit. Quand le patient n’est pas en phase terminale, la sédation dans le but de « dormir » est-elle pour lui un droit ? Assurément non. Le médecin demeure l’allié du patient et non son otage ; il s’agit pour ce dernier de prendre une décision « avec » le professionnel de santé qui, en écoutant attentivement cette demande de sédation, est invité à trouver les moyens d’un surcroît d’accompagnement. Cela s’avère souvent difficile. En tout cas, la relation de soin, habitée par la confiance, demeure essentielle ; c’est peut-être dès le début que le sujet de la sédation pourrait être abordé en toute confiance entre le médecin et son patient. Dans certaines situations, n’est pas euthanasique, le fait de limiter ou d’arrêter des traitements dans la seule intention de faire cesser une obstination déraisonnable. La nature de l’intention du geste soignant en fin de vie est donc déterminante pour évaluer aussi bien sa valeur morale que son intérêt médical. L’idée qu’on ne doit juger un acte que par ses conséquences est donc insuffisante et erronée. L’intention, et les compétences qui y sont attachées, demeure porteuse de l’idée qu’on se fait de l’homme et de sa valeur éthique. Promouvoir la culture palliative dans notre société et interdire l’euthanasie, c’est promouvoir une certaine conception de l’éthique digne de l’homme, et de la fraternité qui nous relie les uns aux autres, c’est traduire les valeurs d’une société qui est guidée par une éthique de la vulnérabilité et de la solidarité, sans laquelle il ne peut y avoir d’éthique de l’autonomie, car nous sommes reliés par la fraternité. C’est contribuer à une culture du prendre soin global de la personne, culture de paix et de douceur. 2 – La question des directives anticipées Selon la loi actuelle, « les directives anticipées indiquent les souhaits de la personne relatifs à sa fin de vie concernant les conditions de la limitation ou l’arrêt de traitement. » Le corps médical doit simplement « en tenir compte ». Par respect pour la personne soignée et accompagnée, il est envisagé de les rendre plus contraignantes. Cela est juste. Mais de quelle manière ? En mettant en place une procédure collégiale qui oblige le corps médical à faire un acte d’interprétation qui tienne compte à la fois de ce qui est écrit dans la directive et de la situation médicale actuelle du patient. Qui participerait alors à cette délibération collégiale pour vérifier qu’il a effectivement été tenu pleinement compte de cette directive anticipée ? La personne de confiance, le médecin traitant, la famille ? Une personne dument formée à cet effet ? Pour élaborer la juste pratique juridique, il faut certainement tenir compte
- du droit du patient à être pleinement éclairé,
- du respect de sa volonté quand elle est exprimée,
- de sa liberté à changer d’avis quand il le souhaite,
- et de pouvoir le faire facilement sans en être entravé par la difficulté de la procédure.
Mais il est nécessaire aussi de considérer la personne soignante et le respect de sa compétence et de sa conscience.
Les directives anticipées devraient être rédigées dans un dialogue régulier avec le médecin traitant. Cela implique que ce dernier soit pleinement formé à la médecine et à la culture palliatives, et sache expliquer au patient qu’il existe une médecine avec âme : celle qui d’un côté ne verse pas dans l’acharnement thérapeutique disproportionné ni dans la dérive de l’euthanasie, et qui, d’un autre côté, sait calmer toute souffrance aussi bien par l’administration de produits que par l’accompagnement brisant la solitude et soutenant la confiance. Les directives anticipées ne devraient pas être « opposables », car elles pourraient transformer l’exercice médical en une exécution mécanique d’injonctions qui ne seraient pas nécessairement appropriées à la situation, ni même aux vœux exprimés par le patient. Les directives devenues « opposables » feraient courir le risque d’une multiplication des contentieux devant les tribunaux et pourraient ainsi accentuer la tendance, délétère pour la relation de soin, à transférer au juge la responsabilité de la décision médicale. À moins que ces directives opposables, devenues des « prescriptions » transformant le soignant en simple exécutant des volontés rédigées, exonèrent celui-ci de toute responsabilité dans l’appréciation de la situation. Vers quelle médecine irions-nous ? « Opposables », les directives ne briseraient-elles pas « l’alliance thérapeutique » entre patient et soignant, promue avec intelligence ces dernières années ? Ne serait-ce pas un retour en arrière en raison d’une compréhension erronée de l’autonomie ? Celle-ci ne se comprend bien qu’à l’intérieur de la fraternité qui est toujours à édifier avec patience. 3 – L’assistance médicale au suicide peut-elle être considérée comme un droit ? L’euthanasie n’est pas un geste de soin, mais un échec de l’accompagnement médical. Il en est de même pour l’assistance médicale au suicide : il transforme la fraternité, grâce à laquelle on accompagne dans la vie, en une solidarité pour la mort. Réclamer le suicide assisté, c’est engager l’autre dans une décision mortelle pour soi-même. C’est l’entraîner dans une complicité vers le choix de mort. C’est finalement rendre trouble le regard que ce « frère » porte sur l’homme et sur sa valeur, pour progressivement le rendre aveugle sur la vie humaine. C’est en définitive engendrer de la violence. La légalisation de l’assistance médicale au suicide serait un échec du législateur qui enverrait un message extrêmement troublant sur la valeur éthique de la vie humaine. Quelle valeur éducative et quel guide serait une loi civile qui, en fournissant une aide médicale à la personne qui veut se suicider et en demandant aux citoyens de financer cette aide, exprimerait publiquement que le suicide assisté est un bien pour la personne ? Et comment cette loi ne serait-elle pas discriminatoire ? En effet, elle préciserait les conditions pour lesquelles une personne pourrait être assistée dans son suicide. Mais alors toutes les personnes qui ne rempliraient pas ces conditions se verraient interdire cette assistance, alors même qu’elles souhaitent le suicide sans avoir la capacité de poser l’acte ? Une fois la porte ouverte, la loi élargirait nécessairement les conditions. La demande de suicide ne provient-elle pas le plus souvent d’un défaut d’accompagnement ? Celui-ci doit restituer une atmosphère familiale de telle sorte que la personne sente son appartenance à l’humanité et se sache aimée. Sans doute faut-il du temps pour que certaines psychologies finissent par trouver la paix et ne plus être taraudées par la tentation du suicide. Le témoignage des Petites Sœurs des Pauvres fondées près de Rennes est éloquent : dans leur nombreuses Maisons pour personnes âgées, souvent pauvres, parfois sans familles, où travaillent des professionnels de santé, elles n’entendent pas de demandes de suicide. Face aux demandes, la loi pourrait être un guide qui promeuve un accompagnement renforcé, voire spécialisé. En effet, la loi civile, pour être éducatrice de paix et de douceur dans notre société, se doit d’être cohérente. Comment se conjuguerait l’offre d’une assistance au suicide avec l’inquiétude exprimée dans le Rapport remis en octobre 2013 à la Ministre en charge des personnes âgées ? Ce rapport du Comité National pour la Bientraitance et les Droits des Personnes Âgées et des Personnes Handicapées (CNBD), intitulé Prévention du suicide chez les personnes âgées, proposait des mesures judicieuses pour lutter contre ce fléau. Comment dire dans le même temps que le suicide est un malheur qu’il convient de combattre, et que dans certaines circonstances il serait un bien et un droit ? Sur le suicide lui-même, le droit français s’abstient. Cette abstention n’est pas acquiescement. Car une société pleinement humaine ne saurait approuver le suicide, encore moins l’offrir à l’admiration publique, sans provoquer des dommages collatéraux pour les plus fragiles des siens. La société dans sa fausse bienveillance proposerait une étrange issue aux situations difficiles : la mise à disposition d’un poison mortel. Le suicide ne serait plus alors ce que les juristes appellent une « liberté personnelle », c’est-à-dire un acte non punissable, mais un droit opposable. Un abîme sépare une telle liberté et un tel droit ! Si tant est qu’il s’agit encore d’une liberté, car on ne se suicide point par choix mais parce que l’on n’aperçoit pas d’autre choix possible. La culture palliative, qui a besoin de moyens, fait émerger d’autres choix plus heureux tant pour la personne que pour la société, car ils sont générateurs de paix et de douceur pour tous. http://www.eglise.catholique.fr/actualites/383604-supprimer-la-vie-est-une-violence/ |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 02.10.14 19:14 | |
| article à relire ( rappel pour moi )
j'écrirai un commentaire ici je ne sais pas quand
je ne suis pas que virtuelle ! |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 08.10.14 17:31 | |
| Le médecin catholique et l’euthanasieposté par Bertrand Galichon le 28 septembre 2014 28 réactions RéagirCorinne Van Oost, médecin exerçant en Belgique, publie un livre* émouvant dont la plume n’est pas trempée dans l’émotionnel, mais dans ce dialogue entre Foi et humanité. Ce livre émonde, et nous dit toute notre responsabilité de chrétiens dans ce monde. Nous sommes ainsi invités à ouvrir notre réflexion tant humaine, médicale que spirituelle. Cette parution est certainement en cette fin d’année un évènement essentiel pour nos débats d’éthique. Tout son témoignage vient, in fine, poser une vraie question : Est-ce la vie ou la personne qui a le plus d’importance à nos yeux ? « J’ai compris qu’on ne pouvait pas se barricader à l’avance derrière des principes ». « Tuer n’est pas une réponse à la souffrance. Pourtant il y a un mal plus grand que l’euthanasie : c’est de ne pas écouter la supplique de l’autre ». « Quand on souffre, on est prêt à ce que tout s’arrête ». A partir des questions posées par ses malades Corinne Van Oost se voit contrainte de s’ouvrir à une éthique de l’interrogation et de la transgression. Pourquoi, comment dépasser cet interdit de l’euthanasie ? Les vraies questions sont celles qui sont frappées au coin de notre humanité la plus incarnée, la plus grave, celles qui viennent interroger l’Esprit de la Loi et non la lettre. Médecins et théologiens doivent ensemble confronter la grande complexité des situations rencontrées et sortir d’une confrontation binaire soins palliatifs versus euthanasie. Il y a danger à vouloir trouver la bonne réponse de façon intellectuelle. Comme le rappelle le Père Ringlet dans sa post-face : « la qualité d’une réponse éthique consiste à respecter la complexité ». Corinne Van Oost plaide avant tout pour les soins palliatifs en sachant écouter à temps, en acceptant d’accompagner jusqu’au bout sans démission ou fausses réponses et en toute humilité, « acceptant de se laisser blesser ». Beaucoup de demandes d’euthanasie cèdent par cette promesse d’accompagnement jusqu’au bout. L’euthanasie n’est pas un droit mais un dernier recours quand on ne peut plus donner de vie aux derniers jours. Moment que l’on redoute et qui fait dire à Corinne Van Oost que « chaque euthanasie est véritablement le lieu de Gethsémanie ». L’auteur affirme que l’euthanasie reste un acte transgressif qui blesse celui qui le pose. Le danger est de s’y habituer. L’exceptionnel vient confirmer la richesse de la réflexion éthique. Sa banalisation vient balayer toute limite et toute fragilité. Corinne Van Oost n’élude pas la question de la sédation terminable plus éthiquement acceptable pour le médecin. Elle plaide pour un accompagnement ajusté à la demande du patient, de sa famille posant clairement la question de l’intention. L’augmentation de notre savoir, les progrès de nos techniques médicales ne vont-ils pas augmenter le nombre de demandes d’euthanasie en reculant ce moment où se pose la question du sens des soins et l’initiation d’une démarche palliative ? La loi Léonetti nous oblige à nous poser cette question du sens et ouvrir un espace de liberté, de responsabilité. Mais avons-nous les moyens de nos ambitions ? En premier lieu l’augmentation de nos capacités de réflexion éthique est dépassée par la vitesse des progrès du savoir. De plus la place dévolue à cette réflexion se trouve restreinte par la gestion de nos institutions hospitalières. La fin de vie fait débat dans nos sociétés et le fera toujours plus. Notre volonté de puissance, de maîtrise sera toujours face à ce mur. Nous resterons toujours devant ce mystère qui nous dépasse et nous construit. L’essentiel pour Corinne Van Oost est de soigner le spirituel. Ainsi, le sacré se révèle au creux de la justesse d’une relation. * « Médecin catholique pourquoi je pratique l’euthanasie », Corinne Van Oost avec Joséphine Bataille, préface de Véronique Margron, Presses de la Renaissance, 231p. posté par Bertrand Galichon le 28 septembre 2014 28 réactions Réagir |
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| Sujet: Re: L'Eglise et la fin de vie 08.10.14 17:40 | |
| CITATION = " chaque euthanasie est véritablement le lieu de Gethsémanie "
Je ne sais pas, mais je sais qu'il existe d'autres lieux et d'autres moments de Gethsémanie... que j'ai peut-être vécu |
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